Tous à vos plumes!
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PHOTOS 2006/2007
CHRISTIANE J.*****
17/12/2006
C’est l’hiver : imaginez que vous êtes un animal domestique ou sauvage, une fleur, un arbre…
Un animal ?, oui je veux bien être une tortue, une humble tortue qui hiberne.
Point à la ligne, ou même point final.
Chic, foin des fêtes enguirlandées, des festins, des pétards, des verres qui trinquent.
Allez, trêve de plaisanterie, encore que …
Une fleur ? Je suis un crocus qui pointe le bout de son nez pour colorer l’hiver, un modeste crocus jaune avec un copain tout aussi modeste, un crocus violet, dans cette grisaille, sous le ciel plombé qui met des idées noires.
Au moins je ne veux pas entendre que l’hiver s’éternise etc… Je me réjouis d’apporter de la couleur, un peu de bonheur, les uns et les autres se penchent sur moi, ravis : « tiens les crocus sortent, c’est bon signe ». Ils y voient déjà un signe annonciateur de la fin des frimas.
« Une hirondelle ne fait pas le printemps » mais un sol tapissé de crocus qui surgissent c’est un petit pied de nez à la froidure, à la nature endormie, aux feuilles mortes qui n’en finissent pas de pourrir sur le sol humide, aux branches des arbres décharnés, aux visages pâlichons.
Oui je me réjouis d’être un aimable crocus, un clin d’œil malicieux qui témoigne que la nature n’est pas morte, je parle de renouveau, d’arc en ciel et bientôt je laisserai la place au muguet, au lilas, aux iris, c’est dans l’ordre des choses.
En attendant je suis fier d’être le premier à vous saluer, à égayer les journées d’hiver, à vous dire « patience, tenez bon, la vie continue, tout simplement ».
Christiane J. jeu du 11 décembre 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 17/12/2006 à 23:21
CHRISTIANE J.*****
17/12/2006
Mots à insérer :
MUSIQUE : moment, miel, usure, urgent, silence, sol, infini, icône, qualité, quête, unité, urbain, évident, école.
JOKERS : jaune, feu, léger.
« Dans la chaleur d’un été »
Harmonie, unité de l’espace et du temps suspendu, moment de plénitude.
L’herbe est chaude, le soleil ardent m’enveloppe.
Bien loin du tourbillon urbain, cette superbe journée à la campagne m’alanguit.
Aucune tension, aucun bruit perturbateur ne trouble le silence, seul le bourdonnement des abeilles berce mon oreille, petite musique continue, témoignage d’une vie intense et féconde. Je les observe, elles sont affairées, leur quête est évidente et soutenue mais nulle urgence dans leurs allers et venues, elles butinent ça et là les fleurs et plantes sauvages qui parsèment le sol. Des giroflées couleur feu aux boutons jaune d’or, des fiers romarins aux thyms odorants, elles virevoltent, ouvrières infatigables et légères.
Leur collecte de nectar terminée, je les imagine rejoignant leur ruche pour déposer leur butin, tandis que la reine, icône vénérée de l’essaim entourée de faux-bourdons, pond des œufs par milliers.
Quel instinct de survie guide depuis des siècles ce petit monde laborieux et généreux !
Le chant de la cigale nous charme mais l’abeille nous fait don de son miel ambré ou doré aux saveurs subtilement variées et délicates, j’en ai l’eau à la bouche.
Christiane J. le 11 décembre 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 17/12/2006 à 23:18
CHRISTIANE L. *
16/12/2006
Mots à insérer :
LUNETTE, libre, loisir, uni, unique, nourriture, nœud, élégant, estime, turpitude, tulipe, théâtre, tampon, esthétique, envie.
Jokers : beau, dans, bleu
Ca y est, je l’ai enfin ce résultat de mes radios que j’attendais avec impatience mais aussi avec une certaine appréhension. Vite, mes lunettes pour voir ces clichés et le compte rendu du médecin !
Ho, là là ! ce n’est pas très réjouissant tout ça, je savais qu’il y avait des dégâts, mais à ce point, non, ce n’est pas possible, quelle catastrophe !
Bon, eh bien, maintenant, il faut que je la prenne cette décision, je ne peux plus reculer, si non dans six moins je ne serai plus là, je sais que je suis libre de choisir, mais je tiens encore à ma vie, il est bien trop tôt pour moi de quitter ce monde où je m’y sens si bien. Que feront mes proches sans moi, je ne peux les priver de loisirs, nous sommes tellement unis que mon absence leur paraîtrait insupportable ! Toujours gaie, je suis unique pour les faire rire et les amuser.
Et pour la cuisine, sans me jeter des fleurs, j’estime qu’ils sont bien nourris avec mes petits plats dont j’ai le secret et mes gâteaux au chocolat qu’ils me réclament si souvent !
Le dernier que j’ai confectionné, je l’ai emballé avec un beau papier glacé, ficelé et orné d’un nœud des plus élégants et j’ai porté ce magnifique paquet à mes copines pour fêter l’anniversaire de Marie. Toutes ont été ravies de ce cadeau et se sont régalées ; je porte beaucoup d’estime à ce petit atelier et à l’ambiance qui y règne.
Quand je pense à certaines personnes, dans des groupes, qui commettent des turpitudes, je me dis que j’ai de la chance d’être si bien entourée et gâtée, comme ce magnifique bouquet de tulipes offert pour ma fête, un geste sympathique qui m’a beaucoup touché.
Parfois, ces rencontres sont le théâtre de quelques empoignades mais rien de bien méchant, tout finit par une franche rigolade. Il m’arrive quand même de servir de tampon entre deux discussions trop animées, j’interviens gentiment pour éviter que l’ambiance ne dégénère.
Rien ne vaut une conversation sur les recettes de pâtisserie pour détendre l’atmosphère et chacune y va de son savoir-faire ; notre imagination galopante nous met l’eau à la bouche. Etant raisonnables, nous pensons à l’esthétique pour ne pas abuser de toutes ces pâtisseries que nous pourrions savourer. Pourtant ce n’est pas l’envie qui nous manque !
Je me sens si bien dans ces échanges que j’oublie mes ennuis de santé et je sais que je peux compter sur cet entourage pour m’épauler et tenir le coup. J’y arriverai, c’est sûr, je tiendrai bon, j’ai trop envie de vivre !
Christiane L. novembre 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 16/12/2006 à 19:00
CHANTAL
16/12/2006
Mots à insérer :
MUSIQUE : moment, miel, usure, urgence, silence, sol, infini, icône, qualité, quête, unité, urbain, évident, école
JOKERS : jaune, feu, léger.
JOKERS,
Vous, les « laisser pour compte », les « derniers recours », eh bien figurez-vous que j’ai envie aujourd’hui de vous donner un petit coup de pouce, de vous mettre en évidence et de vous propulser sous les feux de la rampe.
Comment ? Et bien asseyons nous à même le sol, comme au bon vieux temps autour d’un beau feu de camp jaune ambré et mettons nous à rêver ou à délirer en toute liberté sur ce qu’il est ce « feu ».
F-E-U trois petites lettres bien ordinaires, qu’un enfant de l’école maternelle pourrait même réduire à sa plus simple expression : « f »
Pourtant quelle histoire, quelle présence au cœur de l’homme et de ses origines. Les premiers spécimens se sont battus, bec et ongles pour l’obtenir dans une guerre fratricide qui porta par la suite son nom. Des tribus entières se mirent en quête du précieux trésor qui les fît passer de l’état de bêtes à celui d’êtres humains. Entretenu, vénéré tel une icône, puis convoité, caché, il a même voyagé…
Enfant de l’usure et du frottement de silex bien adaptés, il modifia définitivement la vie de la terre et de ses occupants. On peut présumer que la qualité des repas s’en trouva fortement modifiée… Lucy aurait peut-être pu en témoigner… Bon maintenant trêve de plaisanterie, l’affaire est sérieuse.
La symbolique du feu est partout : on peut la décliner à l’infini et sur tous les modes, il inspire force, spontanéité, énergie, beauté, convivialité.
Entretenir la flamme d’un cœur qui s’embrase et goûter avec délice aux feux de l’amour…
Vivre dans le sillage et l’aspiration d’une personne au tempérament de feu pour sortir d’un quotidien morose et terne…
S’autoriser à son tour à être tout feu tout flamme… Attention toute fois de ne pas se précipiter dans l’urgence et veiller à raison gardée pour que ce ne soit pas « feu de paille » ou « feu follet »…
Et comment ne pas parler des personnages publics, musiciens, comédiens ou sportifs (on gardera sous silence les politiques…) qui enflamment le cœur de leurs fans quand « ils mettent le feu » (comme le diraient mes minettes de filles) à la scène qui est la leur.
Chaud, chaud, le feu est là qui nous pousse à faire ce qui doit l’être et que nous avons négligemment mis de côté. Toutefois c’est avec le feu aux fesses que nous nous dépêchons de rédiger ce petit papier du lundi… et rien ne sert justement de crier au feu et de vous agiter dans tous les sens : il faudra bien un jour prendre l’habitude de partir à point… On connaît parfaitement la chanson : le travail, le trafic urbain, les embouteillages et aujourd’hui c’est quoi ?... « Voyage »… Y’a pas le feu une fois, diraient les amis belges auxquels vous venez de rendre visite !
Prenez-en de la graine, prenez le temps de goûter ce qui est beau, simple et tranquille comme ce bonheur d’être réunis autour de ce brasier… Délectez-vous de cette jolie flamme, chaude et douce comme un miel qui vous pénètre et vous fait chanter au coin du feu.
Oubliez par contre ceux qui ont trop pour habitude de se chauffer systématiquement près du feu et qui ne connaissent plus leurs amis pour n’approcher que ceux qui leur permettront de « réussir ».
Ne gardez du feu que sa luminescente couleur, sa vivifiante chaleur et le bonheur complètement archaïque de fixer la vie dans une flamme
Merci donc petits jokers légers de m’avoir pendant ces quelques minutes fait me poser auprès de ce brasier jaune orangé qui m’a complètement revigoré…
CHANTAL pour le 11 décembre 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 16/12/2006 à 18:51
LUCIENNE
13/12/2006
Consigne : Il ne suffit pas d’imaginer ( sauf si on a envie) on fait appel à la mémoire, aux sensations, aux perceptions –de soi, du monde alentour, aux souvenirs.
L’argent : ce qu’il achète- ou pas-(vous me devez…)
L’argent revêt une signification différente selon les personnes et leur vécu.
Lorsque j’étais jeune je n’attachais aucune importance à l’argent car je n’en ressentais pas la nécessité et n’avait pas la notion au sein de la famille de la difficulté d’être en règle avec la société, tout en en ayant suffisamment pour faire les courses. Etant la plus jeune, les grands travaillaient déjà et toute la maisonnée vivait en harmonie.
Les premiers rapport avec l’argent ont été subis et sérieux : dans la capitale, première paye, premières obligations : loyer, nourriture (plus de jardin, de volailles…),transport, vêtements, le réveil a été difficile. A ce moment là je me suis rendue compte de ce qui m’avait été épargné comme tracas.
Dans le travail j’avais le contact avec beaucoup d’argent en le manipulant et j’ai pris conscience très rapidement de sa valeur.
Nous ne sommes pas égaux devant cette perception surtout à l’heure actuelle avec la diversité des moyens de paiement. Alors que certains le dépensent pour des voyages, des bijoux, des sorties, d’autres tels des fourmis le déboursent à petites doses en privilégiant l’essentiel. Les besoins matériels sont une chose mais il n’y a pas que l’argent pour faire ou se faire plaisir.
Certaines situations m’ont appris que lorsque l’on paye et qu’on en fait profiter les autres nous avons beaucoup d’amis, seulement dans les moments difficiles, ceux là sont souvent absents ou très occupés. Les rencontres s’espacent tout naturellement, comme par enchantement leurs relations changent. Nous n’avons plus le même sens de la vie.
L’argent n’achète vraiment pas tout et n’est pas forcément un signe de richesse. Par contre il est souvent un signe de disputes dans les ménages, avec les enfants et voire plus.
Il n’y a pas si longtemps j’ai gardé mes petites filles et une conversation entre elles m’a bien amusée. L’ une venait de déménager pour une 2eme maison, elle demande à l’autre :
-et toi combien de fois as-tu déménagé
-ouf plusieurs fois !
-tu es très riches alors !
-ça je ne crois pas car la semaine dernière avec maman on cherchait des pièces dans toutes les poches pour aller acheter le pain
En réalité l’une venait d’emménager pour une nouvelle maison et l’autre pour un nouveau loyer.
Lucienne jeu du 4 décembre 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 13/12/2006 à 20:45
LUCIENNE
13/12/2006
Mots à insérer : hirsute, hiver, otage, obstacle, nul, nouveau, nuage, nature, époque, écho, utile, unanime, rare, rivage.
Jokers : vent, le, air.
Quelle belle assemblée !
Nous étions rassemblés samedi pour fêter les 50 ans de mariage de mon frère et de ma belle sœur. Nul besoin de nous prendre en otage pour accepter l’invitation ! A l’unanimité nous avons répondu présent.
C’est ma belle sœur qui a tout organisé et tout cuisiné. Aucun obstacle n’a perturbé cette réunion de famille. Les souvenirs ont été le principal objet de conversation.
Quand elle a fait circuler la photo du mariage un vent de nostalgie s’est fait l’écho de nos pensées en revoyant les absents. Mais les nouveaux arrivés par rapport à l’époque ont apprécié.
Par contre c’était plutôt l’hiver en ce jour de novembre 1956 car nous avions tous les manteaux et des grosses vestes. Les coiffures et les tenues vestimentaires étaient bien différentes. Rares les robes longues en l’occurrence seule la mariée et la petite demoiselle d’honneur en portaient. Mais naturellement nous arborions tous l’œillet à la boutonnière.
Les absents de ce jour là mais parties intégrantes de la famille maintenant se sont moqué de notre air endimanché, par contre aucune coiffure hirsute ou colorée au contraire pas un cheveu en l’air tous crantés et gominés.
Seulement la route de la vie est longue et ses rivages souvent dangereux .Pour eux non plus le ciel n’a pas été sans nuages et aujourd’hui ils nous réunissent en écho de leur vécu. Ils représentent la souche familiale. Nul d’entre nous ne le conteste ! Aussi rendons nous « utiles » en répondant présents et apprécions ces bons moments. Faisons leur Honneur dans tous les sens du terme !
Lucienne pour le 4 décembre 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 13/12/2006 à 20:43
CHRISTIANE L. *
C’est l’hiver : imaginez que vous êtes un animal domestique ou sauvage, une fleur, un arbre…
Je suis une feuille d’automne, la sève ne me nourrit plus, je perds ma belle couleur verte de l’été, mais je me pare d’une palette de jaune, de brun, de feu, je me sens lumineuse. Le vent joue dans les branches, il siffle, souffle tantôt à droite, tantôt à gauche, je résiste à ces mouvements, mais il insiste, le courant est de plus en plus fort, alors je cède, je me détache et oh ! surprise, je vole, je suis toute légère, libre. Mais ce sacré vent ne me lâche pas, il me fait tournoyer, virevolter, et puis plus rien, je suis perdue et je me retrouve sur une branche, presque en déséquilibre.
Je sais que je dois mourir et finir en terre, alors il me faut descendre pour ne pas sécher là et comme si le vent devinait mes pensées, une rafale vient aussitôt me déloger et me voilà portée au-dessus de la forêt et poussée jusqu’à sa limite, puis abandonnée ; doucement je me pose dans l’herbe, ma dernière demeure. Je ne suis pas seule, nous formons un beau tapis les unes sur les autres. Nous ne mourrons pas, nous nous transformons, d’abord en nourriture pour la terre, cela prendra tout l’hiver, et au printemps nous renaîtrons, sous forme de bourgeons, pour nous épanouir durant l’été et nous reviendrons à la terre suivant le cycle immuable de notre condition végétale.
Le vent peut souffler comme il veut dans les branches, il peut même les casser s’il est sauvage, nous ne sommes plus là pour servir de jouet. D’ailleurs, il se révolte, il se met en tempête, j’entends les branches qui craquent, les troncs qui grincent, rien ne l’arrête, ah !si, voilà la pluie qui vient tout apaiser, le vent n’a plus de prise, il s’en va, laissant la forêt en pleurs, c’est l’hiver…
Christiane L. le 11 décembre 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 13/12/2006 à 20:41
CHRISTIANE L. *
13/12/2006
MUSIQUE, moment, miel, usure, urgent, infini, icône, qualité, quête, unité, urbain, évident, école.
Jokers : jaune, feu, léger.
La musique est l’art de combiner les sons, si l’on ajoute des mots, on arrive à faire une chanson.
Pour le moment, je me contente de faire un texte.
Les mots doivent couler, en douceur, comme du miel, ils doivent chanter, glisser dans une musique, trouver leur place et se mettre en harmonie.
Mais il arrive de tomber sur une discordance, l’usure donne une note aiguë et l’urgent ne trouve pas sa place, la mélodie est interrompue et je fais une pause en silence.
Je ne retrouve pas la clé de sol, je m’accorde un instant de méditation et porte mon regard vers l’infini et ferme les yeux. Un icône se dessine dans l’obscurité, les contours se précisent, la qualité des traits donne une image toute de beauté. Je me mets en quête de cette représentation, une telle unité dans les traits me fascine, je m’imprègne de ce doux regard, une grande paix m’envahit.
J’avais oublié que j’étais en milieu urbain, le bruit de la rue me réveille et évidemment me rêve se termine et l’image s’envole.
Je dois retourner à l’école des mots et recommencer à les mettre en musique.
Christiane L. pour le 12 décembre 2006.
Et toujours dans l'ordre! Chapeau l'artiste...
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 13/12/2006 à 20:39
PASCALE *****
13/12/2006
Mots à insérer :
MUSIQUE : moment, miel, usure, urgent, silence, sol, infini, icône, qualité, quête, unité, urbain, évident, école.
JOKERS : jaune, feu, léger.
Réglée comme du papier à musique, c'est dans un moment de douce folie qu'elle avait recouvert le bois de son piano d'une fine couche de miel. L’usure du temps l'avait pourtant rendue presque aussi solide qu'une pâte de coings. Mais elle avait insisté. Frotté. Et gagné...
Il lui semblait alors tellement urgent de renoncer à ses terribles manies.
Le silence de la pièce, à peine rompu par le balancement de l'horloge, lui était devenu insupportable. Tic tac. Tic tac. Lui décomptant son temps bien trop vite...
Alors, peu à peu, elle avait instauré quelques rites. Vite devenus troublants, obsessionnels, irrésistibles. Toc toc lui chuchotait le sol en grinçant de toute la force de ses vieilles planches. Toc toc reprenait la pendule, aussi dérangée que le reste de la maisonnée.
À l'infini, à part quelques icônes à qui les pieuses qualités servaient de protection, à l'infini donc, ce n'était que vaines quêtes, récriminations en tous genres, désapprobation et elle sentait bien qu'elle flirtait dangereusement avec la folie.
Elle avait à peine 30 ans. Mais de la règle des trois unités, action, lieux et temps, il ne lui restait plus grand-chose, l'urbanisme ayant accompli son oeuvre jusqu'à ignorer ses propres enfants. Anonyme. Oubliée du monde.
Ce piano, c'était sa dernière richesse. Son dernier lien avec sa vie d’avant. Il lui était évidemment nécessaire. Vital même. De l'école de musique qu'elle fréquentait jadis, il ne lui restait que quelques feuillets épars et jaunis. Le reste, tout le reste, avait terminé sa course dans le feu de l’âtre. Elle avait brûlé ses souvenirs, un autre soir de douce folie. Aussi légère qu'une chrysalide vide, elle n'avait pas pu, pas su, qui peut le dire, déployer ses ailes. Elle s’était donc isolée, repliée puis recroquevillée...
Toc toc... Elle n’attendait personne. Toc toc...
Elle fit glisser ses pantoufles usées jusqu'à la porte, l'entrebâilla et sans même un regard pour le notaire, prit la lettre que l'homme souriant lui tendit :
-- Maitre Goupillon. Bonsoir Madame. Vous ne vous souvenez plus de moi ? Eh bien je vous confirme vous êtes bien l'unique héritière de feu votre grand oncle. C'est qu'il nous a fallu du temps pour vous retrouver... Vous voilà riche...
La jeune femme sourit vaguement. Du geste elle pria l'homme d'entrer. Puis elle indiqua un fauteuil usé que l'homme de loi refusa poliment. Elle s'approcha du piano. S’empara d’un chiffon doux. Et taquinant le silence, commença à caresser le dos de l’instrument pour y faire pénétrer l’onguent. Puis, toujours silencieusement, elle tira le tabouret, découvrit les dents blanches et noires et soudain, elle-même surprise, fit voler ses doigts sur le clavier. La pièce, comme par magie, devient soudain vivante, la femme transformée et le notaire abasourdi, assista au plus beau concert de sa vie.
Alors, je pourrais vous le demander :
- Qui donc a dit que l’argent ne fait pas le bonheur ! (hi hi)
Pascale pour le 12 décembre 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 13/12/2006 à 19:13
PASCALE *****
13/12/2006
C’est l’hiver : imaginez que vous êtes un animal domestique ou sauvage, une fleur, un arbre…
La température descend d’heure en heure. Tout là-haut dans le ciel, les nuages semblent se rétracter sur eux-mêmes. Du blanc cotonneux qui les illuminait jusqu'alors il ne reste que de fines lanières. Puis leur coeur vire au gris sombre. Parfois même au noir intense. Enfin, les gouttes d'eau ne résistent plus, gelant sur place avant de se laisser tomber, étoiles légères livrées aux caprices du vent. Il neige…
Ce matin-là, je l'avais pressenti bien avant les autres. Cela faisait des jours et des jours que je préparais ma future retraite. Aucun doute : l’hiver serait long et rigoureux. D'ailleurs je n'avais pour m’en convaincre qu'à regarder les hommes couper énergiquement des tonnes et des tonnes de bûches.
Alors moi aussi je creusais mon trou. Et au rythme de leur han han, moi je faisais crisser la terre entre mes dents. Parfois, au moyen de mes deux pattes molles, je repoussais les petites buttes ainsi formées. Et petit à petit je construisais un confortable abri. J'avais accumulé pas mal de réserves pour affronter les premiers frimas, et cette graisse associée au poids de ma propre maison rendait ma démarche pataude et hésitante. Mais je mettais du coeur à l'ouvrage. Il faut dire qu'il en allait de ma survie. De ma Vie même, si jamais quelqu'âme malfaisante venait à me « découvrir » ces prochains mois. Pour m'entraîner, j’obligeais déjà mon coeur à ralentir son rythme. C'est que bientôt, j’hibernerai et que la seule façon de me réveiller au printemps, c’était d'abord de mettre en sommeil. Corps et âme. Alors, pour le moment, j’avais encore besoin de tous mes esprits. Mais mon coeur pouvait bien déjà apprivoiser sa future solitude.
Ce qui est bien avec l’hibernation, cela, il faut le savoir, c'est que lorsque je me réveille, je ne me souviens de rien ! Je n'ai pas perdu plus d'1/5 de mon poids, et d’ailleurs lorsque je dévore les bonnes salades de Thomas, le jardinier voisin, je me demande toujours comment je peux être aussi gourmande parfois et jeûner d’autres fois aussi longtemps ! Les mystères et miracles de la nature sans aucun doute.
Mais voyons un peu... Le ciel se couvre, l'air est vif, presque piquant.
- « ça sent la neige » crie Thomas tout en filtrant une dernière fois ce purin d’ortie qu'il n’ira plus vendre désormais au village voisin.(!)
En effet, me dis-je. Ça sent la neige. Inutile de courir cependant. Il faut partir à point…
C'est que, moi, Philomène, tortue de jardin, je marche aussi vite que me le permettent mes courtes pattes, et même si je le voulais, je ne pourrais jamais dépasser le 5 m à l’heure. Enfin, quand je suis en forme... À quoi bon se presser d'ailleurs : carapace oscillante sur le dos, je vais et suis mon bonhomme de chemin. Il est tout tracé. Je m'installe dans mon petit coin. Ma petite butte. Mes paupières sont déjà lourdes. Lourdes comme du plomb. Et je crois que... Je crois que...
- maman. Maman. Il neige ! Elle est où Philomène ? Elle va avoir froid...
- mais non mon chéri. Philomène hiberne. Viens, rentrons, je vais t’expliquer...
J’ouvre une demi paupière, un demi-oeil, une demi-dernière fois. J'entrevois la femme et l'enfant. Et je plonge dans un autre monde... Je songe... Je suis une tortue? Un être humain ? Une tortue ? Un être...
Pascale jeu du 11 décembre 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 13/12/2006 à 19:08