RENE

26/06/2007

Savant : source, silence, alarme, astuce, vacarme, valeureux, amical, atelier, nouveau, naissance, tourment, tempête.
Jokers : une, jour, joie.






Invitation.

Son invitation amicale traduisait un « certain » humour. Sur le carton, on reconnaissait son visage souriant, astucieusement inséré par photo montage au poste de pilotage d’un véhicule d’un genre nouveau perché sur ses quatre roues d’engin tout terrain de taille démesurée. Vous avez peut-être vu de tels monstres faisant un show public en s’affairant à l’écrabouillement de quelques voitures automobiles réformées, cela, dans un vacarme forcément apocalyptique. Et, en bas de l’image -accrochez-vous- il y avait cette phrase :
« Pour mes 40 ans de fauteuil, je me f… des radars ! »

Son fauteuil, c’est bien sûr son fauteuil roulant de paraplégique. La source de cet état, c’est un accident automobile, son accident à elle, un de ces accidents banals qui fauchent des jeunes, un accident instantané qui laisse dans les annales moins de traces qu’une quelconque tempête, mais par contre combien de tourments irréparables !

Ceux de ses parents d’abord, qui, depuis le jour de sa naissance, l’avaient élevée avec amour, choyée, l’avaient vu grandir, s’épanouir, si pleine de joie de vivre, de perspectives professionnelles et d’attrait pour les jeune gens… Quand à elle, j’imagine à peine les alarmes qui ont du exploser dans son esprit. J’essaie de deviner ses combats valeureux, instant après instant, jour après jour, semaines, mois et années, pour subir, surmonter, ou composer avec les maux, les problèmes et difficultés de toutes sortes et de tout acabit. Je sais aussi qu’elle nourrit l’espoir -surtout pour d’autres- qu’un jour un savant parvienne enfin à raccommoder les nerfs cassés de la colonne vertébrale.

Je pense, qu’il lui appartiendrait -et à elle seule- d’écrire son histoire, si un jour elle voulait ouvrir cet atelier ! Mais, sachez qu’elle n’est pas du genre à garder le silence, ni à vivre seule dans son coin, ni à renoncer.

Je me rendrai à sa soirée et, avec ses amis, nous lui ferons fête.


René pour le 25 juin 2007.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 26/06/2007 à 19:05

RENE

26/06/2007

Lucane : lupin, liquide, urgent, ubiquité, cœur, clapotis, antenne, artiste, nuage, normal, éclair, espace.
Jokers : pluie, son, bleu.





Sortie en montagne

Nous suivons les indications du topo-guide : « en haut du village, emprunter à gauche la route qui plus loin se transforme en chemin carrossable jusqu’au pont sur le Palu. Poursuivre jusqu’à une intersection. etc. ». La ballade s’engage sous de bons auspices : il fait beau malgré quelques nuages qui témoignent de l’épisode orageux de la veille. Quand, j’y pense, je ne peux résister à une digression car le spectacle titanesque des éclairs jaillissant vers l’espace nocturne au dessus des sommets de trois mille mètres s’est imprimée dans ma mémoire. Aucun artiste, aucun metteur en scène ne saurait le réaliser, surtout lorsque la foudre, comme dotée d’un don d’ubiquité, produit simultanément ses feux.

Mais, revenons à nos chaussures. Elles foulent à présent un sentier ombragé qui monte rudement entre deux murets de pierre en longeant des prés aussi pentus que des toits d’église. Nos pas se raccourcissent et notre cœur s’accélère. Nous transpirons bien que nos vêtements chauds aient regagné le sac à dos. Durant ces efforts, je songe aux générations qui, pendant les siècles qui nous précèdent ont vécu dans cette montagne à la fois rude et belle, et qui ont su l’aménager.

Alors que la pente devient plus progressive, nos esprits ressentent bientôt une nécessité qui évolue vers l’urgence : la pose déjeuner. D’ailleurs, nous avons atteint le plateau qui s’étale aux environs de 1400 mètres d’altitude. Nous prenons place sur un petit éperon duquel la vue est sublime : vallées, gave, torrents, routes, villages, bois, prairies, granges, crêtes et pics… et en premier plan, un rocher colonisé par des pieds de joubarde fleurie, qui n’en ont cure.

Pendant que nous mangeons et buvons quelque liquide régénérateur -je ne vous en dirai pas plus pour ne pas vous mettre l’eau à la bouche- toute une faune s’active sous nos yeux. Il y a notamment des fourmis qui n’en perdent pas une miette, même plus grosse qu’elles. Pourtant, elle semblent avoir renoncé à la tête de lucane avec ses énormes mandibules, relief d’un destin déterministe, qui gît près de la pointe de mon bâton. Une fourmi énorme s’en vient, de son côté, explorer ma jambe. Je lui signifie mon désaccord. Elle se laisse alors tomber au sol pour repartir ailleurs comme si de rien n’était ! Puis je suis captivé par le manège d’un insecte volant bariolé, aux ailes multiples et aux antennes chercheuses qui vaque imperturbablement de plante en fleur en s’accommodant des tourbillons de brise !

Il nous faut repartir maintenant que le corps s’est ragaillardit et le pouls normalisé. Nous suivons un chemin qui dessert plusieurs granges réhabilitées en résidences secondaires. Puis traversant au flanc de grandes prairies de fauche, le sentier conduit vers le torrent. L’herbe est luxuriante et parsemée de fleurs Je ne m’étendrai pas sur l’infinie variété de cette flore, il faudrait être un botaniste averti. Cependant, je reconnais des touffes de lupin (à ne pas confondre avec le vulpin ni avec la luzerne lupuline) au milieu des graminées. Il ne m’étonne pas que la viande de ces petits ruminants laineux qui se nourrissent de ce fourrage soit si succulente. Justement voici un troupeau qui parait bien alangui. Quelques bêtes lézardent au soleil sur des rochers en terrasse et daignent à peine manifester que nous les importunons dans leur sieste ovine.

Nous traversons à gué les eaux torrentueuses et bruyantes. Ensuite nous suivons un canal d’irrigation encore en fonction qui gargouille et qui clapote allègrement. Au dessus, des bouleaux colonisent agréablement la pelouse. Des massifs de rhododendrons étalent généreusement leur floraison luxuriante. C’est à présent le retour. Nous arrivons sur une voie qui descend en lacets.

Nous n’allons pas vous infliger cette heure et demi de marche qui devient de plus en plus machinale et fastidieuse mais qui est nécessaire pour achever la sortie et pour que demeurent en nous la satisfaction et le bonheur de l’avoir accomplie. Et partagée.

René pour le 18 juin 2007.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 26/06/2007 à 19:04

RENE

Au moyen de textes et de photos, vous appuyant sur ces derniers, écrire un texte en laissant aller votre esprit vers les univers évoqués ( ou pas! Totale liberté)




Jeu du 11 juin 2007.
Jeu : texte inspiré du chant traditionnel « A Mama »


Traduction de ce Chant.

Ô Maman.

Ô Maman, que vous êtes heureuse
D’avoir une fille comme moi.
Moi je coupe, moi je couds,
Moi je fais tout comme vous.

Moi, je sais carder et filer,
Faire le pain et lessiver(1).

Je sais travailler le jardin,
Couper les herbes comme il faut.

Je suis toujours à galoper,
Je ne puis plus m’arrêter.

(1) au sens de laver le linge





Je me demande si le ou les auteurs de cette chanson, en insistant sur la vaillance et les qualités de la fille -si conformes à ce que peut attendre d’elle sa mère- ne tournent pas en dérision cette perfection, et par là même sa mère bien trop exigeante.
De la lessive à l’art d’étendre le linge, Marie en connaît un rayon, nous ayant gratifié il y à quelques instants d’un texte sur le sujet fort plaisant et qui n’est pas sans queue ni tête. Sa méthode me semble rationnelle et pleine d’avantages ( je m’exprime avec prudence sur ces sujets ).
Bref, si je rallonge un peu la sauce, c’est pour constater combien les parents sont soucieux de leurs enfants, que le « petit » ou la « petite » aient 5, 18, 30 ans ou plus.
Surtout pour déplorer que les savoir-faire et les savoir-vire élémentaires soient le dernier des soucis des jeunes qui les qualifient radicalement de « simples questions d’intendance », d’autant que linge, ménage, cuisine, débarrasser, ranger, se font tout seuls grâce aux parents ou à quelque bonne âme.
Il ne faut jamais désespérer, les choses ne sont pas intangibles quoique les variations suivant la personnalité soient grandes…
Rassurez-vous parents, vous serez forcément surpris de voir une évolution -positive- et même qu’on vienne quérir avis et conseil.
Interrogez-vous quand même sur la pertinence de l’Education que vous leur avez dispensée, dont vous étiez responsable. Je sais, vous avez fait tout ce qui était possible, vous n’aviez pas beaucoup de temps, il y a l’environnement social, l’école, etc.
Bref, on ne refait pas l’histoire. Maintenant que vous savez, peut-être pourrez-vous exercer votre influence pertinente sur vos petits enfants ! Mais, méfiance, ne tomberez-vous pas dans d’autres erreurs ?


René jeu du 11 juin 2007.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 12/06/2007 à 19:10

RENE

12/06/2007

Plaisir : paradis, pompe, léger, liberté, assumer, apogée, ivresse, inouï, soupir, satin, indécis, inculte, rage, rire.
Jokers : rouge, bien, pour.



Billet commercial.


C’est mon jour de courses, chacun ses habitudes. Rituellement, je commence par le marché sous les halles, consacré au garnissage de mon panier. La rencontre de relations aussi pressées que moi donne lieu à de petits papotages intéressants. Puis, par facilité plus que par plaisir, j’ai pris l’habitude d’aller remplir mon caddy dans le magasin grande surface situé sur la zone commerciale implantée autour de la rocade. Ce n’est pas un paradis, mais je me gare aisément et à la pompe et le prix du carburant est un peu allégé.

Dans cette zone de « liberté » : libre accès, libre service et en principe libre arbitre, tout est conçu pour que chacun assume sa fonction consommatrice jusqu’à son apogée. Ici, tout est brillant, enluminé, sonorisé, animé, policé… Gagné par une ivresse indéfinissable, je m’engage dans le labyrinthe des rayons achalandés de pied en cap. Je déroge facilement à la liste prévisionnelle des commissions, notamment lorsque est promise une remise inouïe à valoir sur un prochain achat, ou lorsque je suppute que ça pourra servir... Il m’arrive d’échapper à la tentation, non sans un soupir de frustration! Pour compenser, je craque pour des pantoufles satinées. Je m’imagine déjà en position de relaxe devant la télévision… Plus avant, je retrouve mon indécision devant la pléthore de bouquins à laquelle je mesure mon inculture. Au rayon High-tech, j’enrage en constatant que mon appareil photo acheté récemment est déjà dépassé par un nouveau modèle…

Le périple s’achève à une heure bien avancée. Je m’octroie cependant un réconfort au bar de la galerie marchande, tout en consultant le journal. Tiens, les autorités délibèrent à propos de la circulation qui bouchonne la rocade. Elles comparent des solutions insatisfaisantes et le journaliste évoque un possible déplacement de l’enseigne ou je me trouve vers une nouvelle zone commerciale encore plus grande, plus complète, plus esthétique, encore mieux, ou l’on resterait encore plus longtemps… Sans doute beaucoup d’eau va-elle s’écouler dans la Midouze d’ici là ! Pourquoi n’irais-je pas voir le nouveau complexe commercial « modèle » ouvert récemment dans la ville voisine. Ce n’est pas si loin par la quatre voies. Sûr, je devrai prévoir la journée. Je me suis laissé dire qu’il comprend, entre-autres, une galerie marchande pharaonique. Enfoncés les constructeurs de cathédrale, encore que d’ici quelques centaines d’années, rira bien qui rira le dernier. Quant au centre ville de la cité, des boutiques péricliteraient. Encore du travail pour les édiles locaux…

Il est temps d’aller me restaurer à la cafétéria ? En tout cas, je ne passerai pas la nuit ici, ce n’est pas -encore- possible.


René pour le 11 juin 2007.


(nous saurons résister René, nous saurons hi hi )


Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 12/06/2007 à 19:08

RENE

04/06/2007


Vétille : vulnérable, valeur, élégant, épanoui, témoin, triste, incolore, inerte, luxe, larme, liste, louange, esprit, étoile.
Jokers : doux, vert, mais.





Soirée au Cercle.

L’extrémité de la salle faisait fonction de scène et quelques rangées de chaises étaient disposées jusqu’au fond de la pièce.

Les gens arrivaient peu à peu, du voisinage et de plus loin. Dans une atmosphère bon enfant, ils se saluaient, discutaient, allaient et venaient, s’arrêtaient au bar, et s’installaient. Au dehors, la pluie s’abattait dans la nuit. Des éclairs zébraient le ciel. A l’heure du spectacle, les quelques dizaines de courageux et de motivés qui avaient bravé les éléments finirent par occuper et par réchauffer convenablement les lieux. Le spectacle pourrait commencer.

Le groupe qui tenait l’affiche était louangé par les milieux d’initiés, mais il ne bénéficiait pas de ce type de notoriété qui déplace les foules banales. De fait, il se composait de Marilis (c’est son prénom de scène) et de Jean-luc, tous deux auteurs compositeurs interprètes.

Lorsque la lumière s’éteignit, ils apparurent sous l’éclairage des projecteurs. Elle, longiligne, vêtue sans luxe tapageur d’une élégante robe noire, sa longue chevelure de vahiné encadrant les traits fins de son visage de prêtresse inspirée. Lui, tranquille, grand, rassurant, instrument de musique aux bras, comme un barde moderne naturellement imbibé d’une potion magique de musique et de chant.

C’est elle, qui, avec esprit, présentait le spectacle à chaque étape. Elle disait leurs sources d’inspiration, souvent les choses ou des circonstances qui font la valeur de la vie. Dans la liste, il y avait leurs convictions, des histoires de bergers, un message aux personnes en soins palliatifs si vulnérables, un témoignage sur la vie d’une personne chère disparue, et aussi l’histoire d’une vétille qui devient étoile… Ils chantaient ensemble le plus souvent, sinon séparément. Lui assurait en même temps l’accompagnement musical. Il changeait d’instrument selon la chanson.

Il faut essayer de parler de leurs voix. La voix de Marilis, à nulle autre pareille, savait vous envoûter à la fois de son charme et de ses couleurs. Son chant interpellait, parfois, par des ornementations virtuoses quasi-primales. La voix de Jean-luc était chaleureuse et authentique comme sa vallée montagnarde, et, dans les chansons à capella, il la laissait s’épanouir avec mesure vers les sommets.

Dans l’intimité rustique de la salle, accentuée par les poutres apparentes du plafond et par les pierres brutes des murs, chacun captait pleinement la musique, les paroles et les expressions du visage des artistes. C’étaient des moments denses de communion, comme suspendus dans l’espace et le temps. Lorsque l’émotion ou bien la tristesse l’emportait, nul ne fera le compte de larmes discrètes s’avançant à la lisière des paupières. Le moment venu, les spectateurs exprimaient satisfaction, compliments et remerciements par des applaudissements nourris.

Après deux rappels, le spectacle s’acheva par une chanson partagée avec le public. Tout en bavardant encore un moment pour émerger de l’enchantement, il fallut repasser d’un état relatif d’inertie assise à celui de personne debout, puis encore s’arracher de ce Cercle accueillant. Il ne faisait aucun doute que nous avions échappé à une soirée incolore et sans saveur.



René pour le 4 juin 2007.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 04/06/2007 à 21:07

RENE

21/05/2007


Mots à insérer
Amitié : alibi, astre, miracle, milieu, intime, insouciant, total, timide, ivoire, ironie, évasion, ensemble.
Jokers : trois, rose, ciel.




Amitié,

Etait-ce de l’amitié ? Je vous laisse juge. En tout cas, nous étions bons copains et nous nous entendions bien. Nous avions le même âge. C’était une période de notre jeunesse, au début de notre vie professionnelle. Dans cette grande ville, nous nous étions retrouvés par hasard. N’étant ni des montagnes ni des astres, cette rencontre n’était peut-être pas complètement miraculeuse car sachez que nous étions des anciens d’une même promotion d’un établissement de formation professionnelle…

En tant que jeunes gens autonomes et indépendants, exerçant chacun dans un milieu professionnel distinct, nous nous retrouvions fréquemment pour nos loisirs. Pardonnez moi, je n’en ai pas tenu le journal, mais je remarque que nos centres d’intérêt étaient plus orientés vers les sorties que vers des activités culturelles. A la fois compagnons et confidents, nous partagions les bons moments comme ceux plus ordinaires, cela sans dépasser la limite de notre jardin intime.

Ne croyez pas que nous nagions dans l’insouciance, car la réalisation de nos aspirations apparaissait bien lointaine ou même totalement inaccessible. L’avenir était ponctué de points d’interrogation. Avec le recul, je pense même que nous l’envisagions avec trop de timidité !

Lorsque je décidai de m’expatrier en Côte d’Ivoire pour mon travail, lui, de son côté, venait être affecté à une autre usine. Toujours est-il que nous nous sommes alors perdus de vue, ce que je me reproche encore. Depuis, je ne cherche pas d’excuse ou un alibi, je n’ai jamais essayé de le retrouver.

Les années et la vie se sont écoulées. Dieu seul sait ce que nous réserve encore l’ironie du destin et de la nature humaine. Toutefois, ce soir, je me suis évadé dans des souvenirs : nous étions ensemble, moi et un ami.

René pour le 21 mai 2007.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 21/05/2007 à 18:56

RENE


si vous étiez ... (imaginez)



Lorsque j’étais un semis de carottes, j’ai eu du mal à supporter cette terre sur mon dos. Puisque le jardinier m’a placé ainsi, après avoir bien enrichi le sol, j’ai senti cette chaleur qui m’entourait et cette énergie qui se développait en moi ; un petit bourgeon est né, faisant craquer la pellicule, la vie naissait dans ma graine, il me fallait sortir et respirer au grand air, la sécheresse m’envahissait et le jardinier prévenant arrosait tous les soir le sillon où je me trouvais ; le soleil du lendemain me donnait la force de transpercer la croûte et je suis apparue petite tige frêle blanche dans cette immensité, c’est ainsi que j’ai vu le jour après avoir passé une semaine en terre.

J’ai vite reconnu mes consoeurs à leur chevelure frisée que nous nous plaisons à exposer toute la journée aux rayons du soleil. Un certain nombre de plantes parasites s’étaient mis dans la tête de prendre notre place et notre lumière. C’était des pestes et plusieurs s’étaient même associées pour nous chatouiller la plante du pied. Après les premiers rires aux larmes, cela devint une véritable torture et je périclitais.
Heureusement, notre père jardinier s’aperçut que notre pronostic vital était en cause. Il sut nous débarrasser de ces importuns. Dès lors, nous laissions libre cours à notre développement en atteignant des croissances journalières record. Nous nous appliquions au mieux dans notre fonction chlorophyllienne et notre racine tout en grossissant se gorgeait de carotène dont vous savez qu’il permet de synthétiser la vitamine A.
Heureusement, nous ignorions tout à ce moment-là du sort qui nous attendait et j’aurais été la première surprise d’apprendre que notre consommation était recommandée par le corps médical, les diététiciens et les psychologues qui, pour fortifier les muqueuses, qui, pour voir plus clair, qui, pour rendre gentil.




Il ne faut pas oublier que certains et surtout certaines se forcent à me manger en grande quantité, à satiété et même plus pendant des mois lorsque j’ai atteint ma taille adulte pour « avoir les cuisses roses » ou un bronzage plus prononcé et régulier. Mais avant de servir de nourriture, que de souffrances j’ai dû endurer encore après les attaques, l’arrachage de mon entourage pour me permettre de grossir davantage ce qui me laissait en partie l’air, vient ensuite mon tour d’être extraite du sol. Le passage sous l’eau froide du robinet, la coupe de ma chevelure suivit le supplice à vif de l’éplucheur de légumes, celui-là l’économe qu’il s’appelle j’ai entendu. D’une main experte se faire ôter la peau, le plus finement possible pour ne rien perdre, encore un bain froid et ça n’est pas fini, voilà venir un autre couteau pour se faire découper en rondelles avant de passer à la chaleur ou alors cette machine infernale qui fait tant de bruit en me râpant ma chair déjà à nue. Ce n’est pas parce que je ne saigne pas que je ne sens rien mais franchement à quoi bon me semer pour me faire autant souffrir. Jusqu’où va la gourmandise ou plutôt la voracité des personnes, mangent-elle les racines des arbres ? non, alors pourquoi moi ? Voilà à quoi ça mène la tendresse…




Christiane L. (normal) René (italique) et Lucienne (gras)




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 19/05/2007 à 21:26

Lorsque j’étais…




Lorsque j’étais…


Lorsque j’étais un nénuphar sur ce bel étang, je ne m’ennuyais jamais. Les grenouilles venaient converser avec moi sur mes larges feuilles. Des libellules voletaient au-dessus de moi et venaient parfois se poser sur mes fleurs. De jolis poissons rouges jouaient à la ronde autour de moi et je m’amusais de voir leurs folles poursuites. Quand des promeneurs s’arrêtaient pour admirer ma splendeur épanouie, je me rengorgeais fièrement. Cela mécontentait d’ailleurs les roseaux qui croissaient sur les berges et qui laissaient tout le monde indifférent.
Hélas, un jour, quelqu’un décida de nettoyer l’étang.
On le vida de son eau,on ratissa le fond boueux où, avec mes congénères, nous essayions vainement de survivre. Et c’est ainsi que je m’apprêtais à terminer, dans la honte et la souffrance, ma glorieuse vie.

Mais qui dit que les nénuphars n’avaient qu’une vie ? Celui qui a décidé de nettoyer l’étang a eu une riche idée. La vase qui s’était accumulée au fond m’empêchait de me développer librement et de me nourrir correctement. De plus, cette eau devenait nauséabonde. Alors, le fond bien nettoyé, on remit l’eau du ruisseau qui amena des goujons et des ablettes ? Et, du fond de la terre, je revins à la surface m’épanouir plus largement encore. Les grenouilles sont revenues me rejoindre. Mes feuilles s’étaient tellement développées qu’elles pouvaient rester tranquillement dessus comme sur un radeau. De temps en temps, les libellules venaient les taquiner et les déranger. La vie de l’étang a repris son cours plus belle qu’avant…


Bien, tout est bien, mais je ne serai pas éternel. Je ne survivrai peut-être pas à un nouveau nettoyage de l’étang…Je peux à la rigueur me consoler en pensant que mes restes deviendront de la matière organique, qu’ils seront peut-être mangés et digérés par des lombrics, qu’ils fertiliseront finalement le sol d’un champ, d’un parc ou d’un jardin et qu’ainsi absorbés et assimilés, ils renaîtront peu à peu sous forme de céréales, d’arbres ou de légumes. Maigre consolation que tout cela et je ne vois pas ce que je pourrais léguer par testament. Le mieux à faire est d’essayer de réussir pleinement le reste de ma vie. D’ailleurs j’ai remarqué depuis quelque temps un nénuphar à l’allure gracile qui ne semble pas insensible à ma personne. J’en suis convaincu maintenant, mon choix est fait ; nous allons faire un bout de chemin ensemble en tenant une intéressante conversation.


Renée B., écriture normale
Christiane L., en italique
René, en gras


Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 16/05/2007 à 13:23

RENE

Jeu : commencer par « Lorsque j’étais un objet ou un animal » -à choisir librement- puis poursuivre et passer au rédacteur suivant.





Le stylo bille.

Lorsque j’étais un stylo bille, j’ai d’abord eu du mal à prendre conscience de mon identité. Progressivement, en exerçant mes sens, j’ai deviné que j’avais un passé ténébreux dans un container traversant les mers, avant d’aboutir, vaille que vaille, sur un rayon d’une librairie-papeterie, dûment accompagné de congénères de toutes formes et couleurs.
Les jours d’ouverture nous nous tenions cois sous la lumière des projecteurs. Mais, le reste du temps, c’était la foire, la fête, à qui raconterait sa vie et ses aventures. Je me remémore les amitiés de jeunesse -voire plus si affinités- que j’avais nouées et je m’amuse à imaginer ce que chacun est devenu et son état physique et psychologique actuels…
Jusqu’au jour où je fus choisi par une jeune lycéenne !




Je me rappelle t’avoir reçu avec une immense joie, en espérant de tout cœur que tu m’aiderais à faire moins de fautes en dictée. Pour moi, c’était un grand plaisir de te tenir entre mes doigts. En plus, tu ne fuyais pas sur mes phalanges comme mon stylo plume, en laissant des tâches disgracieuses. Tu m’as toujours été fidèle et tu étais très discret même dans mon petit sac à main. Je t’ai fait noter beaucoup de secrets sur mon journal intime et mes petits copains me félicitaient de ma belle écriture.
Les professeurs aussi étaient très satisfaits : j’ai gagné des points pour la propreté et la présentation.
Nous avons eu tous les deux une très bonne collaboration, et nous nous sommes très bien entendus. J’ai regretté de te mettre dans mon tiroir lorsque je n’ai plus trouvé de bille de rechange pour te nourrir.
Merci gentil stylo bille.



De temps à autre, j’ouvre le tiroir où tu gis. Tu es le contemporain de mes années de jeunesse. Je te regarde avec émotion. Je ferme les yeux et je revois le visage de mes professeurs, de mes camarades, tu as été un fidèle compagnon, complice et discret, je dirais même que tu m’as donné le goût des mots. Docile, tu glissais sur le papier avec aisance. Tu m’es si précieux qu’il me prend l’envie de continuer mon chemin avec toi.
Alors, je t’emmène faire le tour des papeteries. Je vais faire le siège jusqu’à ce que je trouve une « recharge » qui me permettra de partager avec toi ce qui est ma vie désormais. Non, ce ne sera plus des devoirs, encore moins des pages de mon journal intime, ce sont des signatures de chèques, des formulaires fastidieux à remplir, mais aussi quelques récréations : des cartes postales qui témoignent de mon affection à des êtres chers.
Tu vois, décidément tu resteras mon associé encore et toujours.


Début par René (normal), suivi de Lucienne (italique) puis de Christiane J (en gras).


Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 14/05/2007 à 23:00

RENE

14/05/2007


Mots à insérer

Libres : livre, lièvre, irriter, inquiet, béat, beurre, ravi, rare, extase, étonner, sourire, surprise.
Jokers : deux, air, oui.







Les oubliées de Juarez.

Ce film, suivi d’un débat avec Amnesty international, a été présenté récemment dans la salle de cinéma du chef-lieu du département. L’on ne sort pas de la séance avec le sourire béat du croqueur de pop corn. Aussi, le fait est rare, je vous livre mes commentaires bruts.

L’action se déroule à Juarez, ville frontière du Nord du Mexique de plus d’un million d’habitants, faisant face à la ville d’El Paso au Texas. A la faveur des traités de libre échange et autres zones exemptées de taxes, sont implantées plusieurs centaines d’usines d’assemblage à la chaîne, dans des domaines comme l’informatique, l’électroménager, l’automobile, toutes dépendant de sociétés que nous connaissons plutôt honorablement et qui font là leur beurre. L’on appelle ces usines les « maquiladoras », (ou « maquilas » dans d’autres pays de l’Amérique du sud). Une main-d’œuvre sous payée composée majoritairement des jeunes femmes et vivant dans des conditions difficiles en particulier dans des bidonvilles, y est recrutée et exploitée sans scrupules.
C’est dans ce contexte de misère et d’asservissement que des dizaines de jeunes femmes disparaissent chaque année, victimes de viols, de violences, de tortures. La découverte macabre de leur dépouille émergeant du sable du désert environnant, émaille l’actualité locale. L’ impunité des coupables est avérée compte tenu de l’influence des cartels de la drogue et de la corruption.
Le plus étonnant, c’est l’impuissance de l’Etat fédéral mexicain central face au pouvoir local de l’Etat du Chihuaha… Pourtant , au plan international comme pour les organisations humanitaires, le lièvre a été levé depuis longtemps. Mais, les impératifs économiques de la mondialisation sont manifestement prépondérants. Les affaires et la consommation continuent, libre à vous de vous inquiéter ou de vous irriter.
Dans le film, Jennifer Lopez incarne une journaliste américaine ambitieuse, qui, avec un collègue mexicain campé par Antonio Bandéras, enquête afin de découvrir et de dénoncer le ou les coupables des derniers meurtres. Après avoir exploré avec extase mais non sans surprise les milieux fortunés du pouvoir, notre journaliste se mue en vraie travailleuse à la chaîne et nous partageons ses affres lorsque elle est enlevée à son tour. Soyez ravis, elle réchappera de l’horreur, mais pas son collègue victime des balles des tueurs…

Fin.

René pour le 14 mai 2007.





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 14/05/2007 à 22:58