C’est l’hiver : imaginez que vous êtes un animal domestique ou sauvage, une fleur, un arbre…



Je suis une feuille d’automne, la sève ne me nourrit plus, je perds ma belle couleur verte de l’été, mais je me pare d’une palette de jaune, de brun, de feu, je me sens lumineuse. Le vent joue dans les branches, il siffle, souffle tantôt à droite, tantôt à gauche, je résiste à ces mouvements, mais il insiste, le courant est de plus en plus fort, alors je cède, je me détache et oh ! surprise, je vole, je suis toute légère, libre. Mais ce sacré vent ne me lâche pas, il me fait tournoyer, virevolter, et puis plus rien, je suis perdue et je me retrouve sur une branche, presque en déséquilibre.
Je sais que je dois mourir et finir en terre, alors il me faut descendre pour ne pas sécher là et comme si le vent devinait mes pensées, une rafale vient aussitôt me déloger et me voilà portée au-dessus de la forêt et poussée jusqu’à sa limite, puis abandonnée ; doucement je me pose dans l’herbe, ma dernière demeure. Je ne suis pas seule, nous formons un beau tapis les unes sur les autres. Nous ne mourrons pas, nous nous transformons, d’abord en nourriture pour la terre, cela prendra tout l’hiver, et au printemps nous renaîtrons, sous forme de bourgeons, pour nous épanouir durant l’été et nous reviendrons à la terre suivant le cycle immuable de notre condition végétale.
Le vent peut souffler comme il veut dans les branches, il peut même les casser s’il est sauvage, nous ne sommes plus là pour servir de jouet. D’ailleurs, il se révolte, il se met en tempête, j’entends les branches qui craquent, les troncs qui grincent, rien ne l’arrête, ah !si, voilà la pluie qui vient tout apaiser, le vent n’a plus de prise, il s’en va, laissant la forêt en pleurs, c’est l’hiver…

Christiane L. le 11 décembre 2006.





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 13/12/2006 à 20:41