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Quelques livres pour cette rentrée

Comme d’habitude j'aime consacrer des pages aux livres sur l'Inde que j'ai aimé. Voici ma liste d'autres livres à lire et à découvrir sur l'Inde, ils ne sont pas tous de cette année. .



Tous ces silences entre nous, par Thrity UMRIGAR

Quelques livres pour cette rentrée

Voici un beau roman sur les femmes Indiennes...tel que je les aime. Une vieille femme pauvre, vivant dans un bidonville, est femme de ménage dans un quartier riche. Sa patronne est de la même génération qu’elle. La vie n’a épargné aucune des deux et les liens qui se sont tissés entre elles sont complexes. Il y a des accents d’une autre époque dans ce très beau roman, de morceaux de vie...

Décrivant cette société où hindous, brahmanes ou parsis se côtoient, Thrity Umrigar s’attache également à mettre en mots les rêves et les aspirations de ces deux femmes, leurs désillusions, leurs révoltes intérieures.

Jusqu’à ce que le destin se charge, inexorablement, de les remettre à leur place.

Un très joli roman à découvrir.

Le Seigneur de Bombay, Vikram SHANDRA

Quelques livres pour cette rentrée

Voici un roman fleuve, "un pavé," comme on dit péjorativement, de 1000 pages ! . Mais chacune des mille pages du Seigneur de Bombay est un monde en soi à l’intérieur d’une galaxie infiniment riche : existences croisées, retours sur le passé politique de l’Inde, incursions métaphysiques dans l’hindouisme, autopsie d’une société écrasée sous les pesanteurs millénaires des castes, et rongée par la corruption… On ne s'ennuie pas et souvent on ne sent pas passer le nombre impressionnant de pages.
Mais peut-être, voudriez-vous avoir un résumé de ce roman foisonnant ? Le voici :

Une ville sous pression, un flic au bout du rouleau, un criminel que l’Inde entière recherche… Entre Le Parrain et Les Mille et Une nuits, voici une saga, un thriller tentaculaire.
Il y a d’abord le gangster : Ganesh Gaitonde, un roi de la pègre de Bombay. Ensuite le flic : Sartaj Singh, un petit inspecteur de police d’un commissariat de quartier. Ajoutons le suspense : si Sartaj ne découvre pas bientôt pourquoi Ganesh s’est suicidé au fond d’un bunker après avoir tué la femme qu’il aime, vingt-six millions de personnes vont mourir dans une explosion atomique. La violence, bien sûr : pour Ganesh, la vie n’a aucun prix. Il la méprise, l’écrase, la supprime avec l’aisance et la force d’un dieu du Mal. La sensualité enfin : elle est partout, dans les décors dorés de Bollywood comme dans les taudis infâmes de Navnagar, dans les temples hindous comme dans les bordels.

Au cœur de cette fresque immense sur l’Inde d’aujourd’hui où l’on se perd avec un frisson de volupté, il y a la ville : Bombay. Majestueuse et monstrueuse, cruelle aux misérables, douce aux dépravés, Bombay est le lieu de tous les possibles ; autour de Sartaj et Ganesh gravitent des personnages rongés par l’ambition : Jojo la maquerelle, Aadil le révolutionnaire désespéré, Parulkar le flic qui fait de la corruption un des beaux-arts de l’Inde, Paristosh Shah, un receleur milliardaire qui ne transige pas sur les traditions hindouistes… Tous rêvent d’être des seigneurs dans la ville.

Considéré, tel Salman Rushdie, comme l’un des grands narrateurs indiens de langue anglaise, Vikram Chandra a écrit un livre multiforme et exceptionnel. Véritable phénomène littéraire. Baigné de cultures diverses, amoureux fou de sa ville, fasciné par le cinéma de Bollywood, Chandra a multiplié ses sources d’inspiration. Chacune des mille pages du Seigneur de Bombay est un monde en soi à l’intérieur d’une galaxie infiniment riche : existences croisées, retours sur le passé politique de l’Inde, incursions métaphysiques dans l’hindouisme, autopsie d’une société écrasée sous les pesanteurs millénaires des castes, et rongée par la corruption… Vikram Chandra a écrit un livre multiforme et exceptionnel. Un véritable phénomène littéraire.

Un nom pour un autre, de Jhumpa LAHIRI

Quelques livres pour cette rentrée

GOGOL Ganguli. Drôle de nom pour un jeune Américain, né à Boston en 1968, en pleine époque du «Flower Power». Ses parents sont-ils des universitaires déjantés nourris de spiritualité orientale, et souhaitant donner à leur fils un nom détaché des contingences de l'Amérique de l'époque ? Non. Car si le père de Gogol est bien universitaire, il était lui-même indien ; sa femme aussi. Ashoke et Ashima Ganguli, tous deux bengalis, sont arrivés aux États-Unis peu après le mariage arrangé par leurs familles. C'est à Boston qu'ils ont appris à se connaître, tandis qu'Ashoke poursuivait ses études et qu'Ashima tentait de s'habituer à la vie américaine, et à l'éloignement des siens, bien loin, à Calcutta.

Gogol est leur premier enfant. Au départ, il ne s'agissait que d'un prénom provisoire – hommage à l'auteur favori d'Ashoke –, en attendant que le prénom définitif, choisi par la grand-mère d'Ashima, arrive de par-delà les mers. Mais la lettre s'est perdue, la grand-mère est morte, et Gogol est resté Gogol. Jusqu'au jour de son entrée à la maternelle, quand ses parents décident de lui donner un faux prénom, Nikhil, uniquement destiné à l'extérieur. Mais Gogol veut rester Gogol, et exige que la maîtresse l'appelle ainsi. Ce n'est que bien plus tard, quand il sera étudiant en architecture, qu'il décidera de remplacer officiellement Gogol par Nikhil, qui suscite moins de questions. Mais on ne change pas si facilement les habitudes de vingt ans d'existence...

On connaissait Jhumpa Lahiri par son premier livre, L'Interprète des maladies, paru en 1999, couvert de lauriers (prix Pulitzer, PEN/Hemingway Award, New Yorker Debut of the Year Award), et immédiatement traduit en vingt-neuf langues ! Je vous en parlais d'ailleurs dans le tout premier numéro de Couleur Indienne. La romancière, née à Londres en 1967, et élevée à Rhode Island, faisait ainsi une apparition en fanfare sur la scène littéraire. Un nom pour un autre (The Namesake, 2003) est son premier roman.

Comme c'est le cas pour tout écrivain encensé à ses débuts, son deuxième livre était attendu avec une impatience mêlée de méfiance : serait-il à la hauteur du premier ? La barre était haut placée, tant les neuf longues nouvelles de L'Interprète des maladies avaient impressionné par leur maîtrise, leur densité, leur fluidité, la finesse et la pudeur avec laquelle la romancière évoquait les petits riens, le passage du temps, et l'écartèlement des Indiens de la diaspora entre deux civilisations, entre deux rapports au monde.

Mais la déception n'est pas au rendez-vous. En effet, Un nom pour un autre est un beau roman d'éducation et transforme l'essai. Mrs Lahiri parvient, durant près de quatre cents pages, à développer ici le thème qui était au coeur de ses nouvelles.

L'histoire : Entre 1968 et 2000, on suit Gogol, on le voit évoluer, prendre conscience de sa différence, de son indianité. Petit, il se sent un jeune Américain comme un autre, amateur de sports, de pop music (surtout les Beatles, dont on sait gré à Jhumpa Lahiri de si bien connaître le «double blanc»), fumant un joint de temps en temps, et faisant la fête avec ses copains. Mais, à l'université, il découvre que tous les jeunes Américains n'ont pas des parents comme les siens, ancrés dans les rites et les traditions de leur pays d'origine, et que sa jeunesse, avec les longs voyages, chaque année, dans un autre univers, pour voir la famille à Calcutta, n'a pas été celle de tout le monde. Qu'il vive avec une jeune éditrice new-yorkaise, et soit alors fasciné par l'élégance et l'aisance de sa riche famille bourgeoise, ou avec la fille d'amis de ses parents, bengalis comme lui, Gogol-Nikhil est toujours déchiré entre deux mondes, entre deux cultures, entre deux identités.

Un nom pour un autre est, je le répète, un beau roman d'éducation. Jhumpa Lahiri – dont on imagine que le parcours a été semblable à celui de son héros – parle de ce que c'est que d'être américain ET indien à la fois, de la difficulté à assimiler deux univers si différents, de la richesse intérieure qui, finalement, découle de leur alliance. Tout son livre est écrit au présent de l'indicatif, ce qui lui donne un ton comme détaché, factuel, mettant à distance tout pathos. Elle passe avec aisance de l'émotion – notamment lorsqu'elle évoque les rapports de Gogol et de son père – à l'humour : sa peinture des repas de jeunes yuppies new-yorkais de l'an 2000, mordante et hilarante.

Un nom pour un autre confirme un grand talent. Anglaise, Américaine, Indienne ? Peu importe. Jhumpa Lahiri est un des jeunes écrivains intéressants d'aujourd'hui.

Mira NAIR en a tiré un très beau film...

Une terrasse sur le Gange de Pankaj MISHRA

Quelques livres pour cette rentrée

J'avais lu ce roman à sa sortie en 2002 en anglais. Son titre original était "The Romantics"...Je l'ai relu avec plaisir dans sa version française dont j'aime beaucoup le titre, plus évocateur et mieux choisi je pense que l'original. Le livre raconte un parcours, un itinéraire non seulement géographique mais surtout psychologique et spirituel.

L'histoire : Benarès, ville sainte sur les rives du Gange " dont le ciel immense est nimbé, au crépuscule, d'une lumière brumeuse et bleutée ". Samar, un jeune brahmane, y fait une halte pour se ressourcer. Ce sont moins ses propres racines qu'il y trouve que la révélation de l'Occident, car Bénarès agit comme un aimant sur des jeunes de toutes origines en quête de spiritualité et d'exotisme. Epris d'une Française, Samar fera l'expérience douloureuse du doute, de la remise en question de ses propres valeurs, et de l'impossibilité de s'aimer quand on ne se comprend pas l'un l'autre, et si peu soi-même. Au fil du temps, il apprendra que la sagesse et la sérénité ne s'acquièrent qu'au prix de certains renoncements.

Pankaj Mishra est né en Inde, en 1969. Ecrivain, critique littéraire (The Indian Review of Books, The New York Review of Books, The Times Literary Supplement, The New York Times...), éditeur chez HarperCollins, il a commencé à écrire dès l'âge de 17 ans et a connu le succès avec The Romantics, traduit en 11 langues européennes (Une terrasse sur le Gange, en français, chez Calmann-Lévy, en 2002). Dernier livre paru en France: La Fin de la souffrance. Le Bouddha dans le monde (Buchet-Chastel, 2006).

Nandita, aujourd'hui en Inde ( dans la collection le Journal d'un Enfant)

Quelques livres pour cette rentrée

Une fois n'est pas coutume, je vous propose de parler d'un livre pour enfant. Nandita, aujourd'hui en Inde ( dans la collection "le journal d'un enfant), Patrice FAVARO, Illustré par Charlotte Gastaut et Florent SILLORAY.

La collection 'le journal d'un enfant" , éditée par Gallimard, est très intéressante et instructive pour les enfants. C'est vraiment très bien fait. Cette collection, i aborde d'autres thèmes variés sous le même angle.

Dans cet ouvrage, sous la forme d'un journal de bord, Nandita, jeune Indienne de douze ans, habitant à Pondichéry raconte son quotidien dans cette ville mais aussi les multiples facettes de ses aventures dans l'Inde d'aujourd'hui et nous présente les paradoxes de ce pays et sa culture dans son ensemble.Un ouvrage très riche, qui est à la fois un album aux illustrations soignées et précises, un documentaire complet sur tous les aspects de l'Inde contemporaine et enfin un roman trépidant sur le quotidien d'une jeune indienne. Un joli livre pour enfant, écrit dans un style simple qui se présente de façon attrayante comme un carnet intime avec un rabat aimanté. Le contenu, très complet, permet de découvrir de façon structurée et ludique une mine d'informations. On suit avec intérêt et plaisir la vie animée de Nandita et ses aventures, qui lui font traverser habilement tous les aspects de la vie Indienne , de la condition des femmes , aux castes, en passant entre autres par les technologies. Le lecteur comprend qu'entre tradition et modernité, rien n'est impossible dans l'Inde d'aujourd'hui !

Shanti et le berceau de lune + CD (éditions Actes Sud junior) de Anne MONTANGE, illustré par Miles HYMAN

Quelques livres pour cette rentrée

Voici un conte d’Inde pour découvrir le son du tambura.

Les livres-CD de la collection "Les contes du musée de la musique" sont une invitation au voyage par les mots et par le son. Illustré en couleur, chaque volume se termine par un cahier documentaire pour découvrir l'instrument et son environnement culturel et artistique. A partir de 5 ans.

Arham, le joueur de Sitar, trouve un jour sur les bords du Gange une vieille cruche de terre. Une voix s’en échappe qui lui dit : « Je suis le ventre de la terre, je suis la nuit et je donne le jour. Ton enfant jouera d’un instrument qui fera parler l’air et le feu, la terre et l’eau, toutes les notes contenues dans l’univers. Pour cela, prépare un berceau qui soit comme la lune, mets dedans quatre de tes cheveux, un grain de grenade, et pose-le sur le fleuve. » Cette voix va changer le cours de sa vie… En fin d’ouvrage, un cahier documentaire présente le tambura, ses origines et ses caractéristiques. En coédition avec la Cité de la musique - Paris.

Conte écrit par Anne Montange. Musique : Anandi Roy, Michel Guay et Romain Mollard. Voix : Noëlle Barthelémy. Illustrations : Miles Hyman.

Lundi 11 Août 2008
Fabienne-Shanti DESJARDINS

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