II faut choisir : ça dure ou ça brûle ; le drame, c'est que ça ne puisse pas à la fois durer et brûler. Albert Camus
FLASH-INFO pour ne pas perdre le PHIL
Mardi 3 Juillet 2007Devinez où est-ce que j'ai bien pu dénicher une phrase pareille : "de la philo qui suscite l'envie, jamais l'ennui"…
Certainement pas dans les sujets du bac, et encore moins chez Heidegger (car ce dernier pensait que "se rendre intelligible est suicide pour la philosophie") !
En fait, j'ai repéré cette accroche dans le dernier numéro d'Atmosphères, "le féminin de l'air du temps" (p50)… Et oui pour être dans l'air du temps et "hype", encore faut-il avoir lu le dernier livre d'Alexandre Jollien, "La construction de soi", ainsi que….
…. la philosophie piquante de Muriel Barbery, à travers son roman "l'élégance du hérisson". Pour Muriel, le message est clair : point est la peine de se la jouer "grave et triste" ou "universitaire" pour écrire sur des choses profondes ou intelligentes.
Si vous souhaitez plus de beauté dans votre quotidien, c'est peut-être le livre à emporter sur le sable fin de vos vacances…
Rédigé par Marjorie Rafécas le Mardi 3 Juillet 2007 à 23:47
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Probablement parce que nous voulons le beurre et l'argent du beurre…
Mais pas que ça !
Enfin un livre qui vient nous expliquer la satanée loi de Murphy ! Celle contre qui je peste à chaque fois que je choisis la queue la plus embouteillée, que je rate le train à 1 seconde près, que je tombe à côté d'un voyageur peu scrupuleux, que le rétroprojecteur ne fonctionne pas le jour où je n'ai pas prévu de supports papier… etc. etc. Des cas comme ça, nous en connaissons tous ! Grâce à ce livre, on se rend compte que cette loi dite de Murphy est bien plus psychologique, que ne le laisse supposer son nom de "loi". Un livre craquant d'exemples des plus habituels aux plus tonitruants, et drôle, qui va probablement nous faire entrevoir la loi de Murphy avec bien plus d'humour que nos sempiternels rictus colériques…
Pour l'instant, je n'en suis qu'au début du livre… Promis, je vous tiens au courant, dès que je l'aurai digéré et intégré !
"Pourquoi la tartine tombe toujours du côté du beurre", La loi de Murphy expliquée à tous. Richard Robinson, Editions Dunod.
PHILI-FLASH back
Mardi 8 Mai 2007
En 1959, Simone de Beauvoir choque les institutions québécoises. Comparant le mariage routinier à une pseudo-prostitution, Simone de Beauvoir rivalise avec son compagnon Sartre, pour qui "tout anti-communiste est un chien".
Le couple inséparable et infernal de Saint Germain des Près intrigue le monde entier... Ecouter cette interview de 1959, en 2007, est un véritable bijou historique disponible sur http://archives.radio-canada.ca/IDC-0-72-366-2015-11/index_souvenirs/arts_culture/
Nous connaissons Simone de Beauvoir à travers ses livres, mais avouons que nous n'avons jamais eu trop l'occasion d'entendre sa voix, et son accent bourgeois un peu sec !
Simone, à travers cette vidéo, a l'air froide, mais sincère. Contrairement à Sartre, elle semble avoir des convictions et est plus concrète dans sa façon d'interpréter la scène internationale.
Les questions du journaliste québécois sont pertinentes, et ne manquent pas de temps en temps de la mettre mal à l'aise !
Notamment lorsqu'il la conduit sur le sujet de l'amour et de la jalousie... Il lui demande si elle trouve cela bien d'éprouver le sentiment de jalousie. Pas évident de répondre à cette question quand on est une fervente avocate de l'amour libre et contingent ! En bonne philosophe, Simone contourne la question, en prétextant qu'il existe différentes sortes de jalousie, dont certaines peuvent être très néfastes....
Ceci dit, avec Sartre, Simone avait-elle vraiment eu le choix ?
Mais, le journaliste ne poussera pas plus loin l'interview sur le plan sentimental. Il lui demandera simplement à quel moment elle aurait décidé de ne pas se marier et de ne pas avoir d'enfant.
Autre question anecdotique : y avait-il un quelconque rapport entre la jeunesse insouciante de Saint Germain des près (caves enfumées, jazz, légèreté...) et l'existentialisme ? L'existentialisme aurait-il libéré la jeunesse ? D'après Simone de Beauvoir, ce n'est qu'une simple coïncidence, il n'y a pas de rapport de causalité. L'existentialisme est une chose sérieuse !
Enfin, cette interview est surtout un document historique inédit. Ecouter Simone de Beauvoir s'exprimer sur la femme en Chine, la position de la femme américaine, le communisme... nous rappelle dans quel contexte les idées du Castor et de Sartre sont nées.
Remettre certains mots dans leur contexte historique est un exercice utile.
FLASH-INFO pour ne pas perdre le PHIL
Samedi 21 Avril 2007Connaissez-vous le paradoxe de Condorcet, ce mathématicien qui s'est intéressé à la représentativité des systèmes de vote ?
Nicolas de Condorcet a démontré que dans une élection, le candidat élu n'est pas toujours celui qui est le plus apprécié par les électeurs… Imaginons 3 candidats qui se présentent. Pour faire dans l'actualité, supposons que ces 3 candidats soient Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou. Partons alors de l'hypothèse suivante : Ségolène (A) est préféré à Bayrou (B), et Bayrou (B) est préféré à Sarkozy (C). La logique voudrait alors que Ségolène (A) soit préféré à Sarkozy (C), puisque A>B et B>C alors A>C…. et bien pas forcément ! Sarkozy (C) peut être préféré à Ségolène (A)…
Pour résumer ce paradoxe électoral, j'ai bien aimé la conclusion de Christian Godin dans "Philosophie pour les nuls" : "le paradoxe du vote : préférer celui que l'on aime le moins et éliminer celui que l'on préfère".
Nos dernières élections présidentielles de 2002 ont démontré par contre que : quand A est préféré à B et que C est préféré à B… A a alors toutes ses chances d'être élu contre B ! Surtout lorsque C est éliminé au 1er tour… C'est ainsi que Chirac a été élu à 80 %....
Nous verrons bien demain dans quelle configuration nous allons nous retrouver…
La philosophie se vend de mieux en mieux, et ce n'est manifestement pas un effet de mode. Alors que les ventes globales des éditeurs français ont tendance à baisser, les ouvrages en science humaine voient leur chiffre d'affaires augmenter. Après la success story du "Monde de Sophie", de Jostein Gaarder (1,5 million d'exemplaires vendus dans le monde), qui aurait cru que la révélation "philosophie" persisterait jusqu'en 2007 ?
La philosophie, longtemps boudée, correspond aujourd'hui à un réel besoin des citoyens en mal de repères. La société de consommation offre un bonheur instantané et fugace, mais ne propose rien en retour pour expliquer la mort et les accidents de parcours. Comme la religiosité est en recul, la philosophie vient combler ce vide laissé par le manque de transcendance. Tant que la vie sera absurde et qu'il manquera du "sens", la philosophie restera d'actualité.
C'est tout d'abord Bernard-Henri Lévy, surnommé "BHL", qui fera entrer la philosophie dans les coulisses de l'actualité. Après, un peu comme un conte de fée pour enfants, "Le monde de Sophie" arrivera en 1995 pour expliquer l'histoire de la philosophie. C'est alors qu'un certain André Comte-Sponville fait son apparition avec son petit traité des grandes vertus. Son secret : un style intelligible et doux. La simplicité est clairement la vertu principale d'un philosophe ! Puis apparaît un philosophe, fougueux, iconoclaste et workaholic, Michel Onfray, qui aborde les philosophes par ce qu'ils mangent… "Le ventre des philosophes" nous apprend à nous méfier des écrivains qui ont une phobie des crustacées (comme Jean-Paul Sartre) et des philosophes-enfants, comme Rousseau, qui ne boivent que du lait caillé…. Mais, lorsqu'une boîte dans l'industrie l'appellera pour animer un séminaire sur les saveurs pour ses salariés, Michel Onfray comprit qu'il fallait arrêter d'écrire sur la gastronomie philosophique… Il se plongera alors dans un long traité d'athéologie. Enfin, le troisième mousquetaire de la philosophie accessible se trouve être l'ancien Ministre, Luc Ferry. Il se fera particulièrement remarqué par son essai "L'Homme-Dieu ou le sens de la vie" en 1996. Proche de l'UMP, il était la semaine dernière au Salon du Livre pour donner son point de vue sur le programme de Sarkozy.
André Comte-Sponville, Michel Onfray et Luc Ferry, le trio qui ravit les éditeurs car leurs livres se vendent à 100 000 exemplaires.
Mais ce trio laisse largement de la place à d'autres philosophes en herbe. Si l'on observe les meilleures ventes du mois de février (dans le magazine Lire), on voit arriver à la 19ème place, Alexandre Jollien, avec son livre "la construction de soi, Un usage de la philosophie".
Même les éditions First viennent de publier "la philosophie pour les nuls".
Sans compter, toutes les Unes de Magazine, surtout en été, qui se font en plaisir de remettre au goût du jour, les grands classiques de philo, du style "L'Amour vue par les grands PHILOSOPHES" (Le nouvel Observateur, Août 2006).
Seuls absents : les supports de la presse féminine ! En effet, la philosophie reste encore assez masculine, à la différence de la psychologie…
C'est tout d'abord Bernard-Henri Lévy, surnommé "BHL", qui fera entrer la philosophie dans les coulisses de l'actualité. Après, un peu comme un conte de fée pour enfants, "Le monde de Sophie" arrivera en 1995 pour expliquer l'histoire de la philosophie. C'est alors qu'un certain André Comte-Sponville fait son apparition avec son petit traité des grandes vertus. Son secret : un style intelligible et doux. La simplicité est clairement la vertu principale d'un philosophe ! Puis apparaît un philosophe, fougueux, iconoclaste et workaholic, Michel Onfray, qui aborde les philosophes par ce qu'ils mangent… "Le ventre des philosophes" nous apprend à nous méfier des écrivains qui ont une phobie des crustacées (comme Jean-Paul Sartre) et des philosophes-enfants, comme Rousseau, qui ne boivent que du lait caillé…. Mais, lorsqu'une boîte dans l'industrie l'appellera pour animer un séminaire sur les saveurs pour ses salariés, Michel Onfray comprit qu'il fallait arrêter d'écrire sur la gastronomie philosophique… Il se plongera alors dans un long traité d'athéologie. Enfin, le troisième mousquetaire de la philosophie accessible se trouve être l'ancien Ministre, Luc Ferry. Il se fera particulièrement remarqué par son essai "L'Homme-Dieu ou le sens de la vie" en 1996. Proche de l'UMP, il était la semaine dernière au Salon du Livre pour donner son point de vue sur le programme de Sarkozy.
André Comte-Sponville, Michel Onfray et Luc Ferry, le trio qui ravit les éditeurs car leurs livres se vendent à 100 000 exemplaires.
Mais ce trio laisse largement de la place à d'autres philosophes en herbe. Si l'on observe les meilleures ventes du mois de février (dans le magazine Lire), on voit arriver à la 19ème place, Alexandre Jollien, avec son livre "la construction de soi, Un usage de la philosophie".
Même les éditions First viennent de publier "la philosophie pour les nuls".
Sans compter, toutes les Unes de Magazine, surtout en été, qui se font en plaisir de remettre au goût du jour, les grands classiques de philo, du style "L'Amour vue par les grands PHILOSOPHES" (Le nouvel Observateur, Août 2006).
Seuls absents : les supports de la presse féminine ! En effet, la philosophie reste encore assez masculine, à la différence de la psychologie…
En 1996, Jean-Christophe Grellety ("voir son blog") m'a donné l'opportunité d'écrire un article sur Schopenhauer dans le magazine qu'il avait créé "Socrate&co", qui était pour l'époque un pari exceptionnel pour insuffler un nouveau souffle dans l'ère de la pensée unique… Malheureusement, faute d'avoir voulu rester indépendant, le magazine a disparu.
La rediffusion de cet article est donc un petit clin d'œil à ce magazine… Il avait été rédigé suite à la lecture du livre "les femmes ? De leur émancipation" (Marc Sautet, 1998, Editions JC Lattès, pour en savoir plus sur Marc Sautet "http://www.philos.org/marc.html", que je vous recommande.
"Connaître, c'est s'éclater vers, par là soi, vers ce qui n'est pas soi…"… Certes, mais notre for intérieur est parfois bien plus rusé que notre raison…
Schopenhauer, dans "les femmes ? De leur émancipation", est loin de s'arracher de son intimité pour connaître ce singe bizarre, qu'est la femme. Ecrire en toute impunité est une suprême liberté… Mais, cette liberté devrait-elle s'arrêter au moment où la pensée est capable de justifier le mal comme le mâle ?
On ne sait pas si Schopenhauer s'engage à démontrer l'infériorité de la femme ou s'il subit simplement la haine qu'il éprouve envers l'humanité. Il est obnubilé par une vision maligne de la femme. Dénigrant le culte de la beauté, il cherche à réduire la femme à un vulgaire animal dont le charme serait l'outil parfait de la torture.
En bref, sa finalité est de briser l'image du deuxième sexe. Cependant, la fin peut-elle justifier les moyens ?
La haine ne devrait pas en principe tuer la raison. Et pourtant, cher Arthur, votre philosophie ressemble parfois à de la subjectivité rationalisée.
Mettre du soi dans ses écrits, c'est se trahir. Et Schopenhauer excelle dans ce domaine, à sa grande perte peut-être… En fait, les défauts qu'il reproche aux femmes sont en fait les siens : manque de logique, compassion avec son propre malheur. Paradoxalement, ses arguments se retournent contre lui. Le mal semble être un éternel retour… Nous avons donc un effet boomerang, Schopenhauer est dévoilé.
Tout d'abord, Monsieur Schopenhauer, de quelle femme parlez-vous ? Avez-vous considéré la femmes in concreto ou in abstracto ?
Schopenhauer a une cible : sa mère, cette femme qui l'exaspère. La philosophie devient alors le siège de la rancune. La "dame en Europe" n'est en fait qu'inspirée du portrait hypocrite et égoïste de sa mère. Ainsi lorsqu'il oppose "l'homme intelligent et prudent" à la femme "arrogante", il ne fait que reproduire le couple disparate qu'étaient son père, un commerçant dépressif et sa mère, une femme frivole, dépensière, voleuse d'héritage. Cette irruption de détails autobiographiques vient troubler l'objectivité. S'agit-il alors d'œuvres philosophiques ou autobiographiques ?
Mais, vous n'avez pas encore vu à quel point Schopenhauer peut être acerbe. Continuons donc à parcourir ses pensées. Il prive la femme de sa liberté en soutenant qu'elle est déterminée par sa nature. Selon lui, tous les défauts des femmes sont innés et toutes ses qualités inventées par la société. Mais n'aurait-il pas lui-même été déterminé par la nature ? Par ses gênes ? Atteint d'une sorte de symptômes dépressifs ? Ses oncles furent internés dans un hôpital psychiatrique et son père, rappelons-le, s'est suicidé. La mélancolie, le pessimisme, la dépression, seraient-ils héréditaires ?
Il se permet de juger aussi du QI des femmes, comme si d'ailleurs l'intellect pouvait servir de rempart à la bêtise humaine… Mais, amusons-nous nous-aussi à juger son sens de la logique, car ses arguments sont parfois de véritables calembredaines…
Voici l'énoncé posé par Schopenhauer… A vos stylos !
"l'homme peut sans peine engendrer en une années plus de 100 enfants, s'il a sa disposition un nombre égal de femmes, tandis qu'une femme, même avec un pareil nombre d'hommes ne pourrait toujours mettre au monde qu'un enfant dans l'année".
Cela pourrait ressembler de loin à un problème d'algèbre… Mais, c'est plutôt un argumentaire malhonnête. En effet, il part de l'hypothèse de 100 femmes. On en déduit corrélativement un nombre égal de 100 hommes. Si un seul d'entre eux féconde 100 femmes, alors les 99 restants sont alors inutiles… Dès lors la puissance des hommes reste subordonnée aux capacités des femmes. Les femmes rendent donc l'homme impuissant…
Pour Schopenhauer, l'homme est par définition un être rationnel et intelligent. Acceptons alors négligemment un tel principe. Deux contradictions surviennent encore :
- Première contradiction : "elles excitent constamment ce qu'il y a de moins noble en nous ; elles sont faites pour commercer avec notre faiblesse, notre folie, mais avec notre raison". Pourquoi l'homme si rationnel, n'arrive-t-il pas à maîtriser ses pulsions ? D'ailleurs, ne serait-ce pas quelques peu idéaliste, cartésien de dissocier le corps de la raison ? Il ose en plus énoncer qu'il "faut aux femmes sans cesse un tuteur". Mais, c'est l'homme l'incapable ! C'est lui qui n'a aucun pouvoir sur ses désirs. C'est donc lui qui a besoin d'être protégé par un tuteur contre lui-même. Schopenhauer, oserait-il imputer la faute aux femmes lorsqu'elles sont violées ?
- Seconde contradiction… "L'homme rationnel est victime de son éducation". Remarquons la mauvaise foi de Schopenhauer. Lorsque la femme dissimule, c'est inné, purement biologique. Elle est assimilable à une "sépia". Par contre, lorsque les hommes dissimulent, attention, NUANCE : c'est l'œuvre de l'éducation. Oui, mais voilà, l'homme a le privilège de pouvoir choisir entre sa véritable nature et son éducation. Et pourtant il se conduit en vrai lâche. "La femme a besoin d'un maître", et l'homme est esclave de son surmoi. Nous voilà, donc bien partis, à moins que la dialectique hégélienne vienne à notre secours…
Pour un maître du désespoir, Schopenhauer ne s'est pourtant pas totalement libéré de ses illusions, telles que la polygamie, le mythe de Don Juan, Iseult, la femme fidèle… Selon lui, l'homme a besoin de changement, or nous savons aujourd'hui que seule la femmes est sujette aux variations hormonales…
Pour Arthur, la femme doit satisfaire le désir primaire de l'homme. Elle est ainsi réduite à un produit de consommation. "Le génie de l'espèce est un industriel qui ne veut que produire".
On en revient alors au mythe de Rome, fusionné avec la pensée de Hobbes : la femme est une louve pour l'homme. Elle ne cherche que la perpétuation de l'espèce à travers sa coquetterie.
En fait, Schopenhauer hait la femme, le foyer de l'existence, parce qu'il hait la vie. "L'ascète sauve de la vie des générations entières; les femmes ne l'ont pas voulu; c'est pourquoi je les hais".
L'odeur de pessimisme qui s'en dégage est assez proche de la conception fataliste de la chrétienté du moyen âge : la vie est une souffrance et la mort sa délivrance. Il fait indirectement référence au péché originel.
Il reproche à la femme de susciter l'amour. "L'amour, c'est le mal". La femme n'est pourtant pas l'unique responsable de la reproduction de l'espèce.
Schopenhauer est donc aveuglé par ses sentiments de misanthrope invétéré. Mais pourquoi n'a-t-il pas nommé comme Flaubert, ses écrits torturés de désillusion "Mémoires d'un fou"…
A sa décharge, il a quand même reconnu qu'il existait "quelques individualités, et quelques exceptions", qui se démarquaient de la femme en général. Mais, fidèle à lui-même, il rajoutera que ceci ne changerait rien… Et bien, le temps, l'évolution, lui donneront tort.
"Deviens ce que tu es" ou "Connais-toi toi-même", ne l'ont décidément par marqué. Pourtant, mieux vaut encore suicider ses aspérités de caractère, que d'enterrer les autres dans un cercueil.
Et même si les femmes étaient comparables aux fleurs du mal, comme disait Baudelaire " La sensibilité de chacun, c'est son génie". Ne méprisons donc aucune sensibilité…
Pour cela, Arthur, nous respectons ta sensibilité et tes mauvaises pensées… et ce, sans rancune!
Schopenhauer, dans "les femmes ? De leur émancipation", est loin de s'arracher de son intimité pour connaître ce singe bizarre, qu'est la femme. Ecrire en toute impunité est une suprême liberté… Mais, cette liberté devrait-elle s'arrêter au moment où la pensée est capable de justifier le mal comme le mâle ?
On ne sait pas si Schopenhauer s'engage à démontrer l'infériorité de la femme ou s'il subit simplement la haine qu'il éprouve envers l'humanité. Il est obnubilé par une vision maligne de la femme. Dénigrant le culte de la beauté, il cherche à réduire la femme à un vulgaire animal dont le charme serait l'outil parfait de la torture.
En bref, sa finalité est de briser l'image du deuxième sexe. Cependant, la fin peut-elle justifier les moyens ?
La haine ne devrait pas en principe tuer la raison. Et pourtant, cher Arthur, votre philosophie ressemble parfois à de la subjectivité rationalisée.
Mettre du soi dans ses écrits, c'est se trahir. Et Schopenhauer excelle dans ce domaine, à sa grande perte peut-être… En fait, les défauts qu'il reproche aux femmes sont en fait les siens : manque de logique, compassion avec son propre malheur. Paradoxalement, ses arguments se retournent contre lui. Le mal semble être un éternel retour… Nous avons donc un effet boomerang, Schopenhauer est dévoilé.
Tout d'abord, Monsieur Schopenhauer, de quelle femme parlez-vous ? Avez-vous considéré la femmes in concreto ou in abstracto ?
Schopenhauer a une cible : sa mère, cette femme qui l'exaspère. La philosophie devient alors le siège de la rancune. La "dame en Europe" n'est en fait qu'inspirée du portrait hypocrite et égoïste de sa mère. Ainsi lorsqu'il oppose "l'homme intelligent et prudent" à la femme "arrogante", il ne fait que reproduire le couple disparate qu'étaient son père, un commerçant dépressif et sa mère, une femme frivole, dépensière, voleuse d'héritage. Cette irruption de détails autobiographiques vient troubler l'objectivité. S'agit-il alors d'œuvres philosophiques ou autobiographiques ?
Mais, vous n'avez pas encore vu à quel point Schopenhauer peut être acerbe. Continuons donc à parcourir ses pensées. Il prive la femme de sa liberté en soutenant qu'elle est déterminée par sa nature. Selon lui, tous les défauts des femmes sont innés et toutes ses qualités inventées par la société. Mais n'aurait-il pas lui-même été déterminé par la nature ? Par ses gênes ? Atteint d'une sorte de symptômes dépressifs ? Ses oncles furent internés dans un hôpital psychiatrique et son père, rappelons-le, s'est suicidé. La mélancolie, le pessimisme, la dépression, seraient-ils héréditaires ?
Il se permet de juger aussi du QI des femmes, comme si d'ailleurs l'intellect pouvait servir de rempart à la bêtise humaine… Mais, amusons-nous nous-aussi à juger son sens de la logique, car ses arguments sont parfois de véritables calembredaines…
Voici l'énoncé posé par Schopenhauer… A vos stylos !
"l'homme peut sans peine engendrer en une années plus de 100 enfants, s'il a sa disposition un nombre égal de femmes, tandis qu'une femme, même avec un pareil nombre d'hommes ne pourrait toujours mettre au monde qu'un enfant dans l'année".
Cela pourrait ressembler de loin à un problème d'algèbre… Mais, c'est plutôt un argumentaire malhonnête. En effet, il part de l'hypothèse de 100 femmes. On en déduit corrélativement un nombre égal de 100 hommes. Si un seul d'entre eux féconde 100 femmes, alors les 99 restants sont alors inutiles… Dès lors la puissance des hommes reste subordonnée aux capacités des femmes. Les femmes rendent donc l'homme impuissant…
Pour Schopenhauer, l'homme est par définition un être rationnel et intelligent. Acceptons alors négligemment un tel principe. Deux contradictions surviennent encore :
- Première contradiction : "elles excitent constamment ce qu'il y a de moins noble en nous ; elles sont faites pour commercer avec notre faiblesse, notre folie, mais avec notre raison". Pourquoi l'homme si rationnel, n'arrive-t-il pas à maîtriser ses pulsions ? D'ailleurs, ne serait-ce pas quelques peu idéaliste, cartésien de dissocier le corps de la raison ? Il ose en plus énoncer qu'il "faut aux femmes sans cesse un tuteur". Mais, c'est l'homme l'incapable ! C'est lui qui n'a aucun pouvoir sur ses désirs. C'est donc lui qui a besoin d'être protégé par un tuteur contre lui-même. Schopenhauer, oserait-il imputer la faute aux femmes lorsqu'elles sont violées ?
- Seconde contradiction… "L'homme rationnel est victime de son éducation". Remarquons la mauvaise foi de Schopenhauer. Lorsque la femme dissimule, c'est inné, purement biologique. Elle est assimilable à une "sépia". Par contre, lorsque les hommes dissimulent, attention, NUANCE : c'est l'œuvre de l'éducation. Oui, mais voilà, l'homme a le privilège de pouvoir choisir entre sa véritable nature et son éducation. Et pourtant il se conduit en vrai lâche. "La femme a besoin d'un maître", et l'homme est esclave de son surmoi. Nous voilà, donc bien partis, à moins que la dialectique hégélienne vienne à notre secours…
Pour un maître du désespoir, Schopenhauer ne s'est pourtant pas totalement libéré de ses illusions, telles que la polygamie, le mythe de Don Juan, Iseult, la femme fidèle… Selon lui, l'homme a besoin de changement, or nous savons aujourd'hui que seule la femmes est sujette aux variations hormonales…
Pour Arthur, la femme doit satisfaire le désir primaire de l'homme. Elle est ainsi réduite à un produit de consommation. "Le génie de l'espèce est un industriel qui ne veut que produire".
On en revient alors au mythe de Rome, fusionné avec la pensée de Hobbes : la femme est une louve pour l'homme. Elle ne cherche que la perpétuation de l'espèce à travers sa coquetterie.
En fait, Schopenhauer hait la femme, le foyer de l'existence, parce qu'il hait la vie. "L'ascète sauve de la vie des générations entières; les femmes ne l'ont pas voulu; c'est pourquoi je les hais".
L'odeur de pessimisme qui s'en dégage est assez proche de la conception fataliste de la chrétienté du moyen âge : la vie est une souffrance et la mort sa délivrance. Il fait indirectement référence au péché originel.
Il reproche à la femme de susciter l'amour. "L'amour, c'est le mal". La femme n'est pourtant pas l'unique responsable de la reproduction de l'espèce.
Schopenhauer est donc aveuglé par ses sentiments de misanthrope invétéré. Mais pourquoi n'a-t-il pas nommé comme Flaubert, ses écrits torturés de désillusion "Mémoires d'un fou"…
A sa décharge, il a quand même reconnu qu'il existait "quelques individualités, et quelques exceptions", qui se démarquaient de la femme en général. Mais, fidèle à lui-même, il rajoutera que ceci ne changerait rien… Et bien, le temps, l'évolution, lui donneront tort.
"Deviens ce que tu es" ou "Connais-toi toi-même", ne l'ont décidément par marqué. Pourtant, mieux vaut encore suicider ses aspérités de caractère, que d'enterrer les autres dans un cercueil.
Et même si les femmes étaient comparables aux fleurs du mal, comme disait Baudelaire " La sensibilité de chacun, c'est son génie". Ne méprisons donc aucune sensibilité…
Pour cela, Arthur, nous respectons ta sensibilité et tes mauvaises pensées… et ce, sans rancune!
Lors du dernier salon du livre en 2006, une équipe jeune et dynamique présentait leur nouveau magazine : "Philosophie Magazine". On ne pouvait pas trouver plus descriptif comme nom de magazine… Mais pourquoi se priver d'appeler un chat un chat, lorsque le marché de la philosophie est aussi déserté dans le monde de la presse ?
Après le succès d'un "Magazine littéraire" ou de "Psychologies Magazine" (un des premiers mensuels féminins), n'était-il pas judicieux d'aller se glisser vers le créneau des amateurs de Platon&co ? Les faits l'ont prouvé ! Puisque aujourd'hui, le magazine vient de passer à une formule mensuelle !
Philosophie Magazine réussit là où avait malheureusement échoué le magazine "Socrate & co", qui était pourtant parti d'un concept intéressant : l'actualité vue par les philosophes. Philosophie Magazine, plus classique, a trouvé son électorat, avec une maquette trendy, des photos qui interpellent, et du texte très philosophiquement soutenu. Les rédacteurs de cette revue sont pour la plupart des professionnels de la philosophie : professeurs, docteurs, écrivains… Un véritable effort est mené sur le choix des sujets. Tous les sujets polémiques de notre société y sont abordés : génétique, islam, écologie, politique...
Un article que j'ai trouvé particulièrement original dans le numéro 5 est celui de "Socrate au pays de la pub". Des publicitaires d'EURO RSCG et Publicis se sont prêtés au jeu pour dénicher les accointances entre la publicité et la philosophie.
Quels points communs entre la publicité et la philosophie ? Les CONCEPTS ! Seulement, les publicitaires ne manient pas les concepts de la même façon que les philosophes. Au contraire de la philosophie, qui invente les concepts et se maintient dans une approche purement rationnelle, éloignée de l'emprise des désirs, la publicité capte les concepts et les met au service du désir. "La pub, c'est l'ironisation de nos désirs" (Paul-Henri Moinet) "elle glisse du terrain du savoir vers celui de nos désirs".
Ne nous y trompons pas : la publicité est l'enfant de la rhétorique ! Comme le souligne Gabriel Gaultier, directeur de l'agence LEG, "la publicité n'est finalement que le dernier avatar commercial de la rhétorique". "Le publicitaire serait donc cet être hybride, mi-socrate mi-Gorgias". Rappelons-nous : le sophisme est "l'ingénieur du consensus"…
Aussi, (si l'on cherche bien...), il existe un côté kantien dans la publicité. "Le branding dans ses incarnations les plus avancées, relève de la transcendance" (Naomi Klein, auteur de No logo). Le luxe en est un exemple criant : ce n'est pas un objet que les "fashion victim" achètent, mais la métaphysique qui émane de la marque.
Marx a d'ailleurs une façon bien à lui d'exprimer ce décalage entre la fonction du produit acheté et sa marque, qui est sa valeur virtuelle. La valeur d'échange d'un produit peut être parfois bien supérieure à sa valeur d'usage. La publicité crée ce "porte-valeur", qui permet d'accroître la valeur d'échange d'une marchandise.
Conclusion : La publicité est donc la métaphysique de l'économie, une construction mentale du désir, qui échappe à l'emprise des chiffres et de [l'utilitaire…]article:
Article cité : "Socrate au pays de la PUB", page 23, Philosophie Magazine n°5.
Philosophie Magazine réussit là où avait malheureusement échoué le magazine "Socrate & co", qui était pourtant parti d'un concept intéressant : l'actualité vue par les philosophes. Philosophie Magazine, plus classique, a trouvé son électorat, avec une maquette trendy, des photos qui interpellent, et du texte très philosophiquement soutenu. Les rédacteurs de cette revue sont pour la plupart des professionnels de la philosophie : professeurs, docteurs, écrivains… Un véritable effort est mené sur le choix des sujets. Tous les sujets polémiques de notre société y sont abordés : génétique, islam, écologie, politique...
Un article que j'ai trouvé particulièrement original dans le numéro 5 est celui de "Socrate au pays de la pub". Des publicitaires d'EURO RSCG et Publicis se sont prêtés au jeu pour dénicher les accointances entre la publicité et la philosophie.
Quels points communs entre la publicité et la philosophie ? Les CONCEPTS ! Seulement, les publicitaires ne manient pas les concepts de la même façon que les philosophes. Au contraire de la philosophie, qui invente les concepts et se maintient dans une approche purement rationnelle, éloignée de l'emprise des désirs, la publicité capte les concepts et les met au service du désir. "La pub, c'est l'ironisation de nos désirs" (Paul-Henri Moinet) "elle glisse du terrain du savoir vers celui de nos désirs".
Ne nous y trompons pas : la publicité est l'enfant de la rhétorique ! Comme le souligne Gabriel Gaultier, directeur de l'agence LEG, "la publicité n'est finalement que le dernier avatar commercial de la rhétorique". "Le publicitaire serait donc cet être hybride, mi-socrate mi-Gorgias". Rappelons-nous : le sophisme est "l'ingénieur du consensus"…
Aussi, (si l'on cherche bien...), il existe un côté kantien dans la publicité. "Le branding dans ses incarnations les plus avancées, relève de la transcendance" (Naomi Klein, auteur de No logo). Le luxe en est un exemple criant : ce n'est pas un objet que les "fashion victim" achètent, mais la métaphysique qui émane de la marque.
Marx a d'ailleurs une façon bien à lui d'exprimer ce décalage entre la fonction du produit acheté et sa marque, qui est sa valeur virtuelle. La valeur d'échange d'un produit peut être parfois bien supérieure à sa valeur d'usage. La publicité crée ce "porte-valeur", qui permet d'accroître la valeur d'échange d'une marchandise.
Conclusion : La publicité est donc la métaphysique de l'économie, une construction mentale du désir, qui échappe à l'emprise des chiffres et de [l'utilitaire…]article:
Article cité : "Socrate au pays de la PUB", page 23, Philosophie Magazine n°5.
A qui appartient le bonheur?
Dans le roman de 99frs (Grasset 2000), on apprend qu'il appartient à Nestlé...
Il n'est pas besoin de disserter sur la qualité littéraire de ce livre, ce qui compte c'est l'agitation qu'il suscite :
- Premièrement, on remarque que Platon a plus de succès sur les panneaux publicitaires que sur les bancs du lycée, car le mythe de la caverne n'est plus un mythe... Les concepts philosophiques (qui soulignons-le : ne coûtent rien!) servent aux slogans. Lacoste ne s'est pas gêné : le "deviens ce que tu es" de Nietzsche s'est vu avalé par un crocodile... Voilà une utilisation lucrative de la philosophie!!!
- Deuxièmement, le marketing en littérature fonctionne. Les titres de Beigbeder ne sont pas des titres ronflants, ils sont comme des slogans qui viennent intercepter le lecteur distrait. Faire d'un titre un slogan, la méthode de Beigbeder n'a pas failli. C'est intéressant...
Mais pour certains, la méthode "Beigbederienne" qui consiste à descendre le monde de la pub afin de gagner des millions, est culotté et a comme un côté de plumitif... En attendant, personne n'avait pensé à proposer une lecture à 99 frs, ou un amour qui dure 3 ans. Or, le public semble apprécier les chiffres multiples de trois!
On lui reproche de jouer au cynique mondain qui n'assume pas ses aigreurs. Mais serait-ce l'un des premiers écrivains qui écrit un livre pour "porter plainte?" (pour reprendre une expression dans "l'Amour dure trois ans") Seulement voilà, lorsque cette plainte permet de gagner quelques millions, la tirelire vire en délire puisque le livre n'est pas "authentifié" par la vie de l'écrivain. Cependant, depuis quand doit on vivre comme on écrit?
Pourtant, pour des personnes comme Marc Laimé qui a écrit "comment être millionnaire sans se fatiguer : l'affaire F. Beigbeder" (http://www.uzine.net), il semblerait que la fonction d'écrivain soit incompatible avec la richesse.
F.B aurait gagné des millions grâce à la start up de son frère.... Et alors???
Pourquoi les écrivains (ou autres plumitifs, si votre vision de l'écrivain correspond à un vieil idéal romantique...), devraient-ils demeurer pauvres?
Pourquoi cette idéologie fataliste, cette image de l'écrivain épuisé, parasite incompris etc... etc...??
Cela rappelle finalement une critique dédiée envers un autre écrivain (auquel on refuse d'ailleurs le titre de philosophe) : Voltaire, le spéculateur. Apparemment, on ne peut pas être dénonciateur et spéculateur. Non, être un "Zola Trader", c'est pas crédible... L'écrivain devrait être un HERO... Combien de fois n'a-t-on pas critiqué la philosophie de Sartre au motif que l'auteur n'était qu'un lâche... Ne confondons pas l'auteur et son oeuvre. Même si Beigbeder n'est pas au goût de l'Académie française, prenons ces livres comme des cafés bien serrés, qui nous secouent un peu. On a besoin de caféine littéraire, la littérature ne rime pas toujours avec des mots hautement soporifiques... Certes ce n'est pas des scénarios extraordinaires, certes les personnages sont prévisibles, certes le style est un peu facile, mais on aime bien!!! Parfois, le lecteur a juste besoin que l'on critique sa routine et qu'on l'aide à mépriser ce qui est méprisable...
Plus qu'une critique de l'argent, 99 frs dénonce le bonheur factice que véhicule la pub. La fabrication d'un bonheur industriel est un leurre. D'ailleurs, plus on est malheureux, plus on consomme, c'est l'instinct de survie compulsif! La publicité utilise des clichés qui nous séduisent, mais ce ne sont que les ombres, les plagiats d'un bonheur inconscient (voilà où l'on retrouve le mythe de la caverne...). La pub n'est pas que platonicienne, elle est aussi donjuanesque : elle prône le changement pour mieux déployer la force du consumérisme. Les gens qui ne changent pas, soit les nostalgiques, sont des ringards! Bien sûr, la nostalgie fait partie des clichés publicitaires : la confiture de l'enfance, ou le chocolat de Grand Mère, mais cela ressemble plus à la fable du corbeau et du renard, qu'à la véritable réminiscence de l'enfance... Bien sûr la pub peut beaucoup nous en apprendre sur nous, et servir de thérapie du désir... Mais pour cela, il ne faut pas être dupe.
Par conséquent, 99frs est un livre qui fait sourire. Seul reproche : il est clair qu'il est bourré de clichés faciles : des patrons bêtes et méchants, des femmes à problème un peu chosifiées, des Etats Unis drogués de vieux riches... Quant à la critique selon laquelle F.Beigbeder aurait imité le style de Bret Easton Ellis, personnellement je ne trouve pas. Bien sûr il y a du cynisme... Mais F.Beigbeder a plus un style de "publicitaire" empoigné de slogans, avec des phrases qui font l'effet d'onomatopée, des flashs de mots qui se renvoient la balle.
En tout cas, deux remarques qui restent à la lecture de ses livres :
- Notre société n'a pas intérêt à ce que l'on soit seul car "je suis seul donc je pense". Et plus on réfléchit, moins on consomme...
- Le concept du "prince charmant" est indétronable : la quête de l'absolu, même si ce concept n'a pas été créé par la pub, elle l'exploite sans vergogne...
Maintenant, à nous de voir quelle est la frontière entre le bonheur conceptuel et le bonheur consommable....
Quelques citations amusantes
"Pourquoi courons-nous après la beauté? Parce que ce monde est laid à mourir"
"Tout le monde a la même bouche" Cette phrase n'a à première vue aucune pertinence, mais vu sous l'angle de la chirurgie esthétique, il est clair que le consumérisme a comme un goût de clonage... Que le conventionnel dérive sur nos corps, et nous voilà très proches de remettre en cause la combinaison aléatoire des gênes, cette combinaison qui nous permet pourtant d'être unique...
Rire c'est comme "du mécanique plaqué sur du vivant" (Bergson) Les larmes c'est l'inverse : "du vivant plaqué sur du mécanique", "un robot qui tombe en panne, un dandy gagné par le naturel".
C'est vrai que l'artifice s'achève là où commencent les larmes...
"Ce qui est étonnant, ce n'est pas que notre vie soit une pièce de théâtre, c'est qu'elle comporte si peu de personnages"
Cette réalité contraste étonnamment avec le monde donjuanesque dans lequel la télé voudrait nous faire vivre. On ne vit pas dans un monde peuplé de gens, mais que de quelques noms...
(article publié en 2002)
l[]l
- Premièrement, on remarque que Platon a plus de succès sur les panneaux publicitaires que sur les bancs du lycée, car le mythe de la caverne n'est plus un mythe... Les concepts philosophiques (qui soulignons-le : ne coûtent rien!) servent aux slogans. Lacoste ne s'est pas gêné : le "deviens ce que tu es" de Nietzsche s'est vu avalé par un crocodile... Voilà une utilisation lucrative de la philosophie!!!
- Deuxièmement, le marketing en littérature fonctionne. Les titres de Beigbeder ne sont pas des titres ronflants, ils sont comme des slogans qui viennent intercepter le lecteur distrait. Faire d'un titre un slogan, la méthode de Beigbeder n'a pas failli. C'est intéressant...
Mais pour certains, la méthode "Beigbederienne" qui consiste à descendre le monde de la pub afin de gagner des millions, est culotté et a comme un côté de plumitif... En attendant, personne n'avait pensé à proposer une lecture à 99 frs, ou un amour qui dure 3 ans. Or, le public semble apprécier les chiffres multiples de trois!
On lui reproche de jouer au cynique mondain qui n'assume pas ses aigreurs. Mais serait-ce l'un des premiers écrivains qui écrit un livre pour "porter plainte?" (pour reprendre une expression dans "l'Amour dure trois ans") Seulement voilà, lorsque cette plainte permet de gagner quelques millions, la tirelire vire en délire puisque le livre n'est pas "authentifié" par la vie de l'écrivain. Cependant, depuis quand doit on vivre comme on écrit?
Pourtant, pour des personnes comme Marc Laimé qui a écrit "comment être millionnaire sans se fatiguer : l'affaire F. Beigbeder" (http://www.uzine.net), il semblerait que la fonction d'écrivain soit incompatible avec la richesse.
F.B aurait gagné des millions grâce à la start up de son frère.... Et alors???
Pourquoi les écrivains (ou autres plumitifs, si votre vision de l'écrivain correspond à un vieil idéal romantique...), devraient-ils demeurer pauvres?
Pourquoi cette idéologie fataliste, cette image de l'écrivain épuisé, parasite incompris etc... etc...??
Cela rappelle finalement une critique dédiée envers un autre écrivain (auquel on refuse d'ailleurs le titre de philosophe) : Voltaire, le spéculateur. Apparemment, on ne peut pas être dénonciateur et spéculateur. Non, être un "Zola Trader", c'est pas crédible... L'écrivain devrait être un HERO... Combien de fois n'a-t-on pas critiqué la philosophie de Sartre au motif que l'auteur n'était qu'un lâche... Ne confondons pas l'auteur et son oeuvre. Même si Beigbeder n'est pas au goût de l'Académie française, prenons ces livres comme des cafés bien serrés, qui nous secouent un peu. On a besoin de caféine littéraire, la littérature ne rime pas toujours avec des mots hautement soporifiques... Certes ce n'est pas des scénarios extraordinaires, certes les personnages sont prévisibles, certes le style est un peu facile, mais on aime bien!!! Parfois, le lecteur a juste besoin que l'on critique sa routine et qu'on l'aide à mépriser ce qui est méprisable...
Plus qu'une critique de l'argent, 99 frs dénonce le bonheur factice que véhicule la pub. La fabrication d'un bonheur industriel est un leurre. D'ailleurs, plus on est malheureux, plus on consomme, c'est l'instinct de survie compulsif! La publicité utilise des clichés qui nous séduisent, mais ce ne sont que les ombres, les plagiats d'un bonheur inconscient (voilà où l'on retrouve le mythe de la caverne...). La pub n'est pas que platonicienne, elle est aussi donjuanesque : elle prône le changement pour mieux déployer la force du consumérisme. Les gens qui ne changent pas, soit les nostalgiques, sont des ringards! Bien sûr, la nostalgie fait partie des clichés publicitaires : la confiture de l'enfance, ou le chocolat de Grand Mère, mais cela ressemble plus à la fable du corbeau et du renard, qu'à la véritable réminiscence de l'enfance... Bien sûr la pub peut beaucoup nous en apprendre sur nous, et servir de thérapie du désir... Mais pour cela, il ne faut pas être dupe.
Par conséquent, 99frs est un livre qui fait sourire. Seul reproche : il est clair qu'il est bourré de clichés faciles : des patrons bêtes et méchants, des femmes à problème un peu chosifiées, des Etats Unis drogués de vieux riches... Quant à la critique selon laquelle F.Beigbeder aurait imité le style de Bret Easton Ellis, personnellement je ne trouve pas. Bien sûr il y a du cynisme... Mais F.Beigbeder a plus un style de "publicitaire" empoigné de slogans, avec des phrases qui font l'effet d'onomatopée, des flashs de mots qui se renvoient la balle.
En tout cas, deux remarques qui restent à la lecture de ses livres :
- Notre société n'a pas intérêt à ce que l'on soit seul car "je suis seul donc je pense". Et plus on réfléchit, moins on consomme...
- Le concept du "prince charmant" est indétronable : la quête de l'absolu, même si ce concept n'a pas été créé par la pub, elle l'exploite sans vergogne...
Maintenant, à nous de voir quelle est la frontière entre le bonheur conceptuel et le bonheur consommable....
Quelques citations amusantes
"Pourquoi courons-nous après la beauté? Parce que ce monde est laid à mourir"
"Tout le monde a la même bouche" Cette phrase n'a à première vue aucune pertinence, mais vu sous l'angle de la chirurgie esthétique, il est clair que le consumérisme a comme un goût de clonage... Que le conventionnel dérive sur nos corps, et nous voilà très proches de remettre en cause la combinaison aléatoire des gênes, cette combinaison qui nous permet pourtant d'être unique...
Rire c'est comme "du mécanique plaqué sur du vivant" (Bergson) Les larmes c'est l'inverse : "du vivant plaqué sur du mécanique", "un robot qui tombe en panne, un dandy gagné par le naturel".
C'est vrai que l'artifice s'achève là où commencent les larmes...
"Ce qui est étonnant, ce n'est pas que notre vie soit une pièce de théâtre, c'est qu'elle comporte si peu de personnages"
Cette réalité contraste étonnamment avec le monde donjuanesque dans lequel la télé voudrait nous faire vivre. On ne vit pas dans un monde peuplé de gens, mais que de quelques noms...
(article publié en 2002)
l[]l
Le journal de Bridget Jones (oeuvre de Helen Fielding), Miroir de la psychologie de la femme moderne??
Suivi du deuxième volume : the edge of reason.....
L’âge de raison, y aurait-il un rapport avec celui de Sartre?
photo du film le journal du Briget jones
Non! aucun! sa voix mêlée à la sonnerie du téléphone sous un faux air de bouddhiste zen, son nez fourré dans les guides pratiques dont aucun ne possède la recette miracle... Des mots comme enfoiré affectif, célibattante, marié et fier de l’être, des mots qui finalement jouent un rôle important dans la vie d’une femme!!!
Une Rebecca, au caractère et aux jambes imbuvables, insolente comme une juriste imbus d’elle même, bref la « pouf », qui court après un Marc qui lui a son cœur coté en bourse ! Et finalement, c’est la petite Bridget avec ses 59 kg, son chardonney plein le foie, et ses clopes plein le bec, qui l’emportent!!! Un peu comme dans ses séries américaines où les méchants superficiels sont punis, sauf que là... Notre héroïne se fait passé pour une fille légèrement idiote, certes courageuse, et délicieuse dans sa bêtise!
Mais derrière la trame de ce scénario, comment ne pas reconnaître l'incroyable "Cendrillon", une cendrillon certes modernisée, ayant transformé ces cendres en mégots de cigarettes, et ses vilaines soeurs en méchants patrons. Seule différence : Bridget a une mère et pas n'importe laquelle : elle roucoule de jaune...
Bridget est plus le prototype de la trentaine que de la vingtaine, mais cette classe d'âge se retrouve dans beaucoup d'autres romans anglo-saxons comme "Croqueuse de Céréales" de Joan Conway où la trame est similaire sauf que le récit n'est pas présenté sous une forme de journal intime.
Qu'apporte le psychologie de Bridget? En fait c'est un peu la célébration du côté compulsif, cyclothymique de la femme, se réfugiant derrière un hypothétique coup de téléphone, dans une vie en forme de rébus, avec beaucoup d'intuitions et de prémonitions... Préférant probablement ses rêves à la réalité. Mais, fantasmes ne signifient pas forcément passivité!!
(Marjorie Rafecas, marjorierff@hotmail.com )
Quelques citations amusantes :
" C’est ahurissant la manière dont le monde des dames de la bourgeoisie parvient à tout aplanir et à tout intégrer, à transformer la complexité et le chaos ambiants en quelque chose de charmant, d’inoffensif et d’aseptisé, un peu comme un détergent colore tout en rose dans la cuvette des WC."
"J’avais oublié ce sentiment que le monde se résume à une horrible histoire toujours recommencée : au départ on croit que les gens sont biens et ensuite ils se révèlent mauvais et pourris. "
(publié en 2002)
Tags :
bridget jones
Pourquoi ne pourrait-on pas avoir une femme "sainte" dans un corps de seins?
Couverture de Philosophie Magazine
Si j’ai cherché à décrire brièvement la nature masculine, c’est non pas pour la critiquer, mais juste pour mieux cerner la dialectique dans laquelle la nature féminine est emportée. L’homme a voulu satisfaire son désir de puissance en créant une nature féminine inoffensive. Il a refusé et refuse encore dans certains pays une nature immatérielle pour les femmes. Elle est soit blanche soit noire, mais jamais grise…
Dans l’inconscient collectif, il y a comme deux natures de femme qui se battent en duel : d’un côté la femme mère reliée à un foyer et à des gros gâteaux en chocolat… Et d’un autre côté, la femme objet, objet de désir, un peu plus lunaire. Si vous voulez en grossissant le cliché, c’est l’opposition entre une femme à l’allure "jupe écossaise", cheveux bien tirés par un serre tête et une diablesse, à la lingerie noire, rouge pulpeux, regard félin… Bien sur cette opposition est une fausse opposition, et l’objectif de cet essai serait de démontrer que ces deux femmes font partie de la même nature.
Beaucoup d’intellectuelles femmes critiquent celles qui sont plongées dans leurs pots de crème et maquillage… Elles ont le même réflexe masculin envers leurs semblables : "les femmes aiment trop les accessoires, la futilité, elles sont comme des fleurs végétatives…". Mais le leurre c’est de croire que l’apparence en soi est dénuée d’intérêt. Ce qui est néfaste c’est de ne vivre qu’à travers l’apparence, mais jouer avec l’apparence fait partie de la vie. La vie est apparence aussi. "la vie est femme" comme dirait Nietzsche.
Pour illustrer ce faux combat inspirons nous de la démarche marketing "Apple" : cette marque vient de sortir un nouveau design d’ordinateur plus rond, plus féminin, moins austère… On pourrait y voir à première vue l’opposition classique goût masculin (symbole de puissance et d’agressivité) et goût féminin plus sensuel. Mais une journaliste a cherché à être plus fine dans son analyse, elle pense que ce peut être aussi une rupture avec la tradition protestante ( toujours sombre et sobre par souci d’efficacité et de refus de futilité) pour un sens de l’esthétique plus latin.
Dès lors la futilité n’est pas qu’un attribut féminin, mais l’aboutissement d’un choix esthétique.
Par ailleurs tout en restant dans le domaine esthétique, pourquoi dans la haute couture, une mode filiforme, squelettique, plate s’est imposée à l’image de la femme. Comme si la mode cherchait à remplacer l’éthique des ascètes en sacralisant un état anorexique de la femme. Oui ce n’est qu’une mode, mais peut-être pas une mode sans signification…
Toute la confusion vient des seins…
La femme est la seule femelle du monde mammifère à avoir une glande permanente proéminente et supérieure. Par conséquent sa poitrine n’a pas qu’une fonction nourricière comme chez les autres femelles. Certains psychologues pensent que comme l’ étymologie du terme "sein", "sinus" en latin qui signifie le petit espace entre les seins, les seins pourraient aussi représenter une nidation externe. Mais retenons l’idée d’une multifonctionnalité du sein.
Les seins reflètent le paradoxe féminin, à la fois connotés de lait maternel et de rondeur sensuelle, ils ne forment qu’une nature. Donc pourquoi les hommes cherchent-ils à diviser ces seins en des seins "saints" et des seins aussi dangereux que des pointes d’oursins.. Peut-être parce que les hommes ont peur de l’attrait qu’ils ont pour les femmes, et que la meilleure façon de briser une attirance ou de "rompre un charme" c’est de classer les femmes en les dénaturant, les bonnes et les mauvaises… J’ai même vu récemment un site anglophone virtuel créé par des "machos" ayant pour finalité de résister à la "sexploitation" de la femme"!
C’est le même paradoxe que l’on retrouve dans une oeuvre de Prospère Mérimée " Il y a deux vénus sous mon toit, l’une je l’ai trouvée dans la terre comme une truffe; l’autre descendue des cieux…". Cette méthode de classer chère à la démarche scientifique est comme une construction abstraite salvatrice qui permet d’échapper aux ruses de la nature.
Mais il est temps de prendre conscience qu’il n’existe pas de femmes pures ou femmes impures. Sein ou pas sein, la femme ne devrait pas changer de nature.
La femme n’a jamais vraiment eu une place privilégiée dans la métaphysique parce qu’elle a été jugée trop impure, trop charnelle, trop proche de la vie finalement. C’est d’ailleurs pour cela que Schopenhauer a écrit à ce sujet " l’ascète sauve de la vie. Les femmes ne l’ont pas voulu c’est pourquoi je les hais."
Nietzsche bien que misogyne, dans son combat contre la morale chrétienne, a conçu une philosophie qui dévoile un "dieu" plus féminin, plus proche de la terre. A-t-il vraiment tuer dieu ou le dieu des hommes pour le remplacer par Dionysos un dieu plus féminin?
Dionysos : une métaphysique au féminin?
Chez Nietzsche, on retrouve grossièrement une vénération de la beauté et une reconnaissance de la fertilité. La femme rassemble ces deux attributs en elle : belle et fertile. Dionysos, tout comme l’ivresse, est double. Le buveur est incapable de se libérer de cette dualité, entre le sublime et l’abîme. Il y a donc une dialectique dans l’ivresse dionysienne, une solidarité des contraires.
On retrouve paradoxalement dans Dionysos l’envie de terre, de vignes, de fertilité et en même temps une quête du sentiment d’apesanteur. L’ivresse cherche à nier les lois de la gravité tout en restant dans les limites d’un corps humain. Finalement avec Nietzsche on change de diable, pour lui le diable c’est la pesanteur, un monde bloqué dans l’espace et dans le temps. Il oppose à une vérité mécanique une vérité esthétique qui prône pour plus de futilité, d’apparence. Donc dans Dionysos il y a une volonté inlassable d’échapper à un monde abstrait où tout est prévisible.
Ainsi la femme n’est ni la vie, ni une beauté éternelle, elle est double. Elle est un rythme. On a trop demandé à la femme de s’immobiliser, de se sédentariser. A travers Isadora Duncan, cette danseuse passionnée par la culture grecque antique, on peut pressentir en elle une femme dionysiaque. Mais les hommes pourraient nous rétorquer qu’elle est morte de son trop plein de futilité: morte étranglée par sa propre écharpe si longue, qu’elle s’est accrochée à la roue de sa voiture… Mort tragique ou comique, cette défunte aura laissé les traces d’un rythme. A travers la musique, on pressent une "pulsation transparente du monde". La femme lorsqu’elle est enceinte a deux rythmes dans son corps : les battements de son cœur et ceux du bébé. Et Dionysos est une sorte de dieu du cœur.
Comme on n’imagine pas une ivresse carrée, on n’imagine pas le corps d’une femme carré, mais plutôt hyperbolique, souple. La conception du temps échappe aussi à la linéarisation du temps, il devient un retour à l’identique, un rythme renaissant sans cesse.
Donc s’il devait exister une métaphysique au féminin, je pense que ce serait à la fois cette quête de la vie à travers le rythme et cet amour de l’apparence qui embellit la vie. Il est clair que la métaphysique d’un ascète parait peu compatible avec une éthique dionysiaque. Il ne s’agit pourtant pas de détruire le dieu mathématique ou un dieu abstrait qui légifère, mais simplement de cohabiter avec une métaphysique du rythme et d’apparence.
Par ailleurs cette nature métaphysique n’est pas réductible à un corps de femme, les hommes peuvent aussi se complaire dans cette conception du monde, tels les poètes, les artistes en règle général. Tout comme les femmes, les poètes (exclus du monde platonicien) ont été ridiculisés.
Grâce à l’image de la femme, on pourrait enfin reconnaître le caractère essentiel d’une éthique de la création, qui s’opposerait au caractère nihiliste de l’instinct de domination. On ne devrait pas déprécier les littéraires ou les artistes par rapport aux scientifiques, les uns sont aussi nécessaires que les autres, bien qu’ils ne participent pas à la même métaphysique, ils se complètent, comme les femmes ont complété les hommes. Et j’insiste particulièrement sur le fait que la reconnaissance d’une nature féminine permettrait d’éviter un deuxième Hiroshima.
J’ai préféré insister sur le côté métaphysique et non sur le côté politique mais il a existé et existe encore une telle confusion entre la métaphysique et la politique, qu’en modifiant la conception immatérielle de la femme, on peut changer son rôle social. Je suis convaincue que le progrès d’une société dépend de l’émancipation de la femme, qui n’est autre que la reconnaissance de sa vraie nature.
Même si la beauté de la femme est un de ses attributs, elle n’est pas réductible à un objet et on ne peut pas lui dire comme Dalí :
"la moindre chose que l’on peut demander à une statue c’est de ne pas bouger".
De quel droit l’homme déprécierait la femme ou la répudierait lorsqu’elle s’avère trop vieille?!
On ne peut pas lui demander non plus un rôle d’esclave inintéressant à l’heure de la technique avancée, la femme ménagère est dorénavant remplacée par des petits robots.
Par ailleurs si ces arguments ne sont pas convaincants, on peut aussi rajouter que dans l’éducation de l’enfant, la mère a toujours eu un rôle important. Donc pour le bien de l’enfant, il est préférable d’avoir une mère cultivée, ouverte au monde, souple. C’était déjà l’argument invoqué par Stendhal au XIXème siècle "Comme mères elles donnent aux enfants males, la première éducation, et cette influence" à 4 ou 5 ans est assez déterminante. Donc quel intérêt l’humanité aurait-elle à dévaloriser la femme?
Après le paradis d’Eden, le paradis artificiel de Baudelaire ne serait-il pas la femme?
" je sais que je te dois la vie. Je sais ce qu’il t’en a coûté de labeur et de soleil sur les épaules. Tu m’as donné la vie, je t’en récompenserai (…) car j’éprouve une joie extraordinaire."
A la question de Virginia Woolf "pourquoi les hommes boivent-ils du vin et les femmes de l’eau?"
Baudelaire répond :
" un homme qui ne boit que de l‘eau a un secret à cacher à ses semblables"…
La femme a caché en effet pendant des siècles une belle nature source d’optimisme.
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Marjorie Rafécas
Passionnée de philosophie et des sciences humaines, je publie régulièrement des articles sur mon blog Philing Good, l'anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade), ainsi que sur La Cause Littéraire (https://www.lacauselitteraire.fr). Je suis également l'auteur de La revanche du cerveau droit co-écrit avec Ferial Furon (Editions du Dauphin, 2022), ainsi que d'un ouvrage très décalé Descartes n'était pas Vierge (2011), qui décrit les philosophes par leur signe astrologique.
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