II faut choisir : ça dure ou ça brûle ; le drame, c'est que ça ne puisse pas à la fois durer et brûler. Albert Camus
Si 2023 nous a un peu chahutés, autant s’armer pour 2024 avec un esprit renaissant et créatif.
Deux livres me paraissent revigorants pour adopter un élan salvateur à l’occasion de cette nouvelle année : « Pourquoi la renaissance peut sauver le monde » de Karine Safa (2022), et «Réenchanter l’Occident» de Marie-Laure Colonna (2019). Le premier livre rejoint la thèse que nous avons défendue avec ma coauteure Ferial Furon dans l’ouvrage « La revanche du cerveau droit » : en finir avec le dualisme cartésien et épouser à nouveau la complexité du monde et le décloisonnement des disciplines, avec poésie et alchimie.
Marie-Laure Colonna, cette psychanalyste jungienne et philosophe, fait partie des 40 esprits libres et visionnaires interviewés dans notre livre « La revanche du cerveau droit » et soutient l’idée que notre société moderne, technique et cloisonnée est la métaphore du démembrement du dieu égyptien Osiris ou de la dualité grecque Apollon/ Dionysos.
N’oublions pas que « diable » signifie étymologiquement « diviser ». Ainsi cloisonner, segmenter, opposer, toutes les visions tranchées et manichéennes restent dangereuses. Pour enfin progresser, il faut atteindre la sagesse d’unifier ses opposés.
Notre monde est incertain. Mais ne l’a-t-il pas toujours été ? La nostalgie du passé peut nous faire croire le contraire, mais en réalité l’incertitude est l’alliée de la liberté. Peut-être que les êtres humains ont montré selon les époques plus de convictions et d’optimisme. A la Renaissance, l’incertitude était par exemple une source de vitalité, et non pas d’anxiété. L’incertitude, c’est aussi ce qui crée la souplesse, fait reculer les frontières du possible…
En 1500, le premier livre sur l’imagination voit le jour. C’est celui de Jean-François Pic de la Mirandole, nous rappelle Karine Safa. L’imagination ne sert pas qu’à la créativité. Elle est aussi un vecteur important de lien pour lutter contre les systèmes totalitaires. Selon Hannah Arendt, la barbarie politique a pu trouver un terreau dans cette inflation du scientifique et du technique, au détriment de notre insertion, sensible et symbolique dans le monde.
La pensée magique a remplacé les liens magiques de la Renaissance
La pensée magique est en vogue actuellement dans nos sociétés désenchantées, car la satisfaction du désir sans effort est devenue un paradigme marketing bien rôdé. Mais créer du lien, à la différence de l’illusion de la pensée magique, engendre de la vraie magie. Créer du lien entre des idées farfelues, entre des personnes différentes, entre des saveurs opposées, entre des disciplines hétéroclites… nous ouvre les portes d’un autre monde. Comme nos synapses !
Karine Safa démontre d’ailleurs qu’il existe un point commun entre le Big data et l’esprit de la Renaissance à travers la passion du croisement des connaissances et des idées, pour cocréer un savoir collaboratif. Les algorithmes relient des éléments qui n’ont a priori aucun lien et donnent du sens à ce magma, ce qui rejoint la production d’un mythe. Le lien est ce qui permet de retrouver l’unité profonde du monde par-delà le désordre apparent. Et quand on réfléchit au désir, il est comme une séparation qu’il s’agit de résoudre, mais pour cela, il vaut mieux créer une alchimie du lien, que de sombrer dans la facilité de la pensée magique.
La pensée magique est en vogue actuellement dans nos sociétés désenchantées, car la satisfaction du désir sans effort est devenue un paradigme marketing bien rôdé. Mais créer du lien, à la différence de l’illusion de la pensée magique, engendre de la vraie magie. Créer du lien entre des idées farfelues, entre des personnes différentes, entre des saveurs opposées, entre des disciplines hétéroclites… nous ouvre les portes d’un autre monde. Comme nos synapses !
Karine Safa démontre d’ailleurs qu’il existe un point commun entre le Big data et l’esprit de la Renaissance à travers la passion du croisement des connaissances et des idées, pour cocréer un savoir collaboratif. Les algorithmes relient des éléments qui n’ont a priori aucun lien et donnent du sens à ce magma, ce qui rejoint la production d’un mythe. Le lien est ce qui permet de retrouver l’unité profonde du monde par-delà le désordre apparent. Et quand on réfléchit au désir, il est comme une séparation qu’il s’agit de résoudre, mais pour cela, il vaut mieux créer une alchimie du lien, que de sombrer dans la facilité de la pensée magique.
Pourquoi le dualisme nuit à la créativité et à l’innovation ?
L’homme de la Renaissance aime se perdre dans le labyrinthe, image de la complexité du monde. L’alchimie à cette époque mariait science et poésie. « Allons chercher nos images dans l’œuvre de ceux qui ont longuement rêvé et valorisé la matière : adressons-nous aux alchimistes », écrivait Bachelard. La pierre philosophale est aussi la pierre du créateur et de l’innovateur. Les alchimistes ont eu l’audace de faire dialoguer différentes formes de rationalité. On trouve chez eux une union étonnante entre la technique et la mystique, entre la science et la poésie, domaines qui restent soigneusement séparés aujourd’hui. Jusqu’à la Renaissance, les frontières sont très poreuses entre la science authentique et la magie, qui est l’heure de comprendre les correspondances entre l’Homme et le Cosmos.
L’esprit de l’alchimie tente de tordre le dualisme trop rigide de Descartes ou la logique très formelle d’Aristote. Les alchimistes nous rappellent que la dichotomie qui a façonné la pensée occidentale n’est pas la plus propice à la créativité. Le dualisme est une pure illusion pour les alchimistes.
Les antagonismes qui sont à l’œuvre ne devraient pas être une force d’exclusion, mais de transformation et de création. Ce que prône également Jung, le célèbre psychanalyste suisse. Marie-Laure Colonna explique que pour Jung, à chaque fois qu’un homme, une femme, parvient à unifier en lui ou en elle les opposés, ils gagnent ainsi une sérénité de fond dans la tragédie de l’existence ; quelque chose mute alors dans la psyché collective et la libère d’une part de violence et d’aveuglement. Les sociologues pensent qu’il suffit que 20 % d’un groupe change d’état de conscience pour qu’à la génération d’après, tout le groupe ait évolué.
Les figures d’Isis et de Osiris nous ont légué en héritage ces images alternatives de la féminité et de la virilité où l’homme peut être introverti, inspiré, sensible, contemplatif, romantique et fécond, et la femme, lumineuse, aventureuse et créatrice, sans démériter pour autant de leur sexe.
On retrouve dans la dichotomie entre Apollon et Dionysos, l’opposition d’Osiris, Dieu, paisible, et civilisateur et son frère Seth, un dieu de l’excès, le fameux hybris des Grecs.
C’est Seth qui découpe Osiris en 14 morceaux. Cette métaphore est intéressante car elle rappelle l’origine étymologique de diable qui veut dire diviser. Notre société moderne technique et cloisonnée n’est-elle pas une métaphore de ce démembrement ? Une personnalité trop rationaliste peut être névrosée et voir le monde comme un film noir, un lieu de séparation et d’obstacles.
L’éducation classique nous enseigne à manifester plutôt le côté Apollon, lucide, solaire, rationnel, et à étouffer, notre versant, Dionysos, obscur, sensuel, émotionnel, introverti et poétique. Dionysos peut être comparé à Shiva, dieu ambigu et bisexuel de la création et de la destruction, de la sexualité et de la mystique.
Il existe vraiment une correspondance dans l’esprit de l’Antiquité entre les eaux marines qui, comme celle de l’âme, dissolvent les frontières et relient les mondes opposés, et le vin qui fait fondre les crispations de la conscience, transfigure la beauté du monde et porte au rire, au chant, à l’amour et à la contemplation poétique ou mystique. Marie-Laure Colonna évoque aussi dans son livre cet esprit de la Renaissance qui tente de réconcilier les deux pôles entre Apollon est Dionysos. Le Printemps de Botticelli est d’une beauté incommensurable car il réunit Apollon et Dionysos dans un même jardin paradisiaque.
L’homme de la Renaissance aime se perdre dans le labyrinthe, image de la complexité du monde. L’alchimie à cette époque mariait science et poésie. « Allons chercher nos images dans l’œuvre de ceux qui ont longuement rêvé et valorisé la matière : adressons-nous aux alchimistes », écrivait Bachelard. La pierre philosophale est aussi la pierre du créateur et de l’innovateur. Les alchimistes ont eu l’audace de faire dialoguer différentes formes de rationalité. On trouve chez eux une union étonnante entre la technique et la mystique, entre la science et la poésie, domaines qui restent soigneusement séparés aujourd’hui. Jusqu’à la Renaissance, les frontières sont très poreuses entre la science authentique et la magie, qui est l’heure de comprendre les correspondances entre l’Homme et le Cosmos.
L’esprit de l’alchimie tente de tordre le dualisme trop rigide de Descartes ou la logique très formelle d’Aristote. Les alchimistes nous rappellent que la dichotomie qui a façonné la pensée occidentale n’est pas la plus propice à la créativité. Le dualisme est une pure illusion pour les alchimistes.
Les antagonismes qui sont à l’œuvre ne devraient pas être une force d’exclusion, mais de transformation et de création. Ce que prône également Jung, le célèbre psychanalyste suisse. Marie-Laure Colonna explique que pour Jung, à chaque fois qu’un homme, une femme, parvient à unifier en lui ou en elle les opposés, ils gagnent ainsi une sérénité de fond dans la tragédie de l’existence ; quelque chose mute alors dans la psyché collective et la libère d’une part de violence et d’aveuglement. Les sociologues pensent qu’il suffit que 20 % d’un groupe change d’état de conscience pour qu’à la génération d’après, tout le groupe ait évolué.
Les figures d’Isis et de Osiris nous ont légué en héritage ces images alternatives de la féminité et de la virilité où l’homme peut être introverti, inspiré, sensible, contemplatif, romantique et fécond, et la femme, lumineuse, aventureuse et créatrice, sans démériter pour autant de leur sexe.
On retrouve dans la dichotomie entre Apollon et Dionysos, l’opposition d’Osiris, Dieu, paisible, et civilisateur et son frère Seth, un dieu de l’excès, le fameux hybris des Grecs.
C’est Seth qui découpe Osiris en 14 morceaux. Cette métaphore est intéressante car elle rappelle l’origine étymologique de diable qui veut dire diviser. Notre société moderne technique et cloisonnée n’est-elle pas une métaphore de ce démembrement ? Une personnalité trop rationaliste peut être névrosée et voir le monde comme un film noir, un lieu de séparation et d’obstacles.
L’éducation classique nous enseigne à manifester plutôt le côté Apollon, lucide, solaire, rationnel, et à étouffer, notre versant, Dionysos, obscur, sensuel, émotionnel, introverti et poétique. Dionysos peut être comparé à Shiva, dieu ambigu et bisexuel de la création et de la destruction, de la sexualité et de la mystique.
Il existe vraiment une correspondance dans l’esprit de l’Antiquité entre les eaux marines qui, comme celle de l’âme, dissolvent les frontières et relient les mondes opposés, et le vin qui fait fondre les crispations de la conscience, transfigure la beauté du monde et porte au rire, au chant, à l’amour et à la contemplation poétique ou mystique. Marie-Laure Colonna évoque aussi dans son livre cet esprit de la Renaissance qui tente de réconcilier les deux pôles entre Apollon est Dionysos. Le Printemps de Botticelli est d’une beauté incommensurable car il réunit Apollon et Dionysos dans un même jardin paradisiaque.
Réconcilier l’âme et la science : une deuxième renaissance
La deuxième partie du livre Réenchanter l’Occident de Marie-Laure Colonna, « Réconcilier l’âme et la science : deuxième renaissance », résonne comme un écho anticipateur avec le livre de Karine Safa sur l’esprit de Renaissance publié postérieurement en 2022. Une société plus « individuée » serait une société dont le cerveau gauche et le cerveau droit se seraient mis à coopérer et où l’essor économique et scientifique serait équilibré par le respect de la nature et des valeurs éthiques et spirituelles. La physique quantique va ouvrir des nouvelles portes. Ainsi que le biomimétisme, d’après Karine Safa. Paracelse, le mage médecin, invente l’homéopathie en activant un système d’analogie entre le petit monde qui est l’Homme et le grand monde, qui est l’univers. Le biomimétisme consiste à s’inspirer de la nature pour innover. Léonard de Vinci crée par exemple l’ornithoptère une machine volante, en s’inspirant des oiseaux.
Nourrir son imagination par l’observation de la nature, suppose, un état d’esprit, fait de patience et d’humilité, qui contraste avec l’esprit d’urgence propre à notre postmodernité. Si on rompt l’équilibre entre l’intérieur et l’extérieur, nous nous mettons en danger. Pour les Alchimistes, la régénération spirituelle et matérielle, ne sont qu’une seule et même chose. Des grandes découvertes naîtront, grâce au remariage entre les sciences, l’art, la philosophie et la spiritualité.
La deuxième partie du livre Réenchanter l’Occident de Marie-Laure Colonna, « Réconcilier l’âme et la science : deuxième renaissance », résonne comme un écho anticipateur avec le livre de Karine Safa sur l’esprit de Renaissance publié postérieurement en 2022. Une société plus « individuée » serait une société dont le cerveau gauche et le cerveau droit se seraient mis à coopérer et où l’essor économique et scientifique serait équilibré par le respect de la nature et des valeurs éthiques et spirituelles. La physique quantique va ouvrir des nouvelles portes. Ainsi que le biomimétisme, d’après Karine Safa. Paracelse, le mage médecin, invente l’homéopathie en activant un système d’analogie entre le petit monde qui est l’Homme et le grand monde, qui est l’univers. Le biomimétisme consiste à s’inspirer de la nature pour innover. Léonard de Vinci crée par exemple l’ornithoptère une machine volante, en s’inspirant des oiseaux.
Nourrir son imagination par l’observation de la nature, suppose, un état d’esprit, fait de patience et d’humilité, qui contraste avec l’esprit d’urgence propre à notre postmodernité. Si on rompt l’équilibre entre l’intérieur et l’extérieur, nous nous mettons en danger. Pour les Alchimistes, la régénération spirituelle et matérielle, ne sont qu’une seule et même chose. Des grandes découvertes naîtront, grâce au remariage entre les sciences, l’art, la philosophie et la spiritualité.
Et si l’urgence était d’abord philosophique ?
« Et si l’urgence, c’était celle de réinventer notre rapport au temps et de récupérer l’idée si malmenée de progrès ? » suggère Karine Safa. Le progrès relève de l’idée de Pharmakon chez Platon, qui est autant le mal que le remède. Ce n’est pas la ciguë qui a tué Socrate, c’est le syllogisme, écrivait Paul Valéry.
Kepler incarne au contraire une démarche créatrice et pluridisciplinaire : astronomie, astrologie, géométrie, théologie, physique et métaphysique.
La philosophie est au carrefour de toutes les disciplines et permet d’être un pont pour renouer avec cet esprit de la Renaissance. Marie-Laure Colonna témoigne d’ailleurs dans son livre que la philosophie lui a servi de père, et que « la psychologie des profondeurs », l’analyse jungienne, lui a servi de mère.
Nous sommes tous à la recherche de notre Atlantide, symbole de l’âme réunifiée.
« Et si l’urgence, c’était celle de réinventer notre rapport au temps et de récupérer l’idée si malmenée de progrès ? » suggère Karine Safa. Le progrès relève de l’idée de Pharmakon chez Platon, qui est autant le mal que le remède. Ce n’est pas la ciguë qui a tué Socrate, c’est le syllogisme, écrivait Paul Valéry.
Kepler incarne au contraire une démarche créatrice et pluridisciplinaire : astronomie, astrologie, géométrie, théologie, physique et métaphysique.
La philosophie est au carrefour de toutes les disciplines et permet d’être un pont pour renouer avec cet esprit de la Renaissance. Marie-Laure Colonna témoigne d’ailleurs dans son livre que la philosophie lui a servi de père, et que « la psychologie des profondeurs », l’analyse jungienne, lui a servi de mère.
Nous sommes tous à la recherche de notre Atlantide, symbole de l’âme réunifiée.
Concernant l’Antiquité grecque, j’ai d’ailleurs vécu une jolie synchronicité avec le livre de Marie-Laure Colonna lorsqu’elle évoque le livre Des jours et des nuits de Gilbert Sinoué qui a été l’un de ses patients. Ce livre Des jours et des nuits m’avait profondément marquée à l’époque et je me souviens encore de l’étrange sensation qu’il m’avait provoquée… Je ne sais pourquoi cette histoire de rêve prémonitoire sur fond de mer Egée, de Cyclades, de catastrophe volcanique à Santorin, m’a perturbée…. Ce livre a été écrit après les séances de psychanalyse qu’a eu l’auteur, Gilbert Sinoué avec Marie-Laure Colonna. Elle lui montra d’ailleurs à la fin d’une séance la déesse mère des Cyclades qui hante ce livre (alors que Gilbert Sinoué n’avait pas vu cette déesse qui était dans la bibliothèque de son analyste depuis des années).
Coïncidence encore plus drôle, aujourd’hui, 31 décembre 2023, jour où j’écris cet article, je lisais sur le quai de la gare, Le petit livre des grandes coïncidences de G. Sinoué et tombe pile sur la page où Gilbert Sinoué évoque cette étrange synchronicité entre la figurine de pierre, symbole de la civilisation des Cyclades, que Marie-Laure Colonna lui montra après avoir lu Des jours et des nuits.
Les synchronicités créent, comme les algorithmes, des liens insoupçonnés et magiques, dont le sens se mérite. A nous de les décoder.
Coïncidence encore plus drôle, aujourd’hui, 31 décembre 2023, jour où j’écris cet article, je lisais sur le quai de la gare, Le petit livre des grandes coïncidences de G. Sinoué et tombe pile sur la page où Gilbert Sinoué évoque cette étrange synchronicité entre la figurine de pierre, symbole de la civilisation des Cyclades, que Marie-Laure Colonna lui montra après avoir lu Des jours et des nuits.
Les synchronicités créent, comme les algorithmes, des liens insoupçonnés et magiques, dont le sens se mérite. A nous de les décoder.
Pourquoi Nietzsche a-t-il échoué à unir Apollon et Dionysos ?
Nietzsche est le premier philosophe à mettre en évidence, Apollon et Dionysos, ces deux forces contradictoires dans La naissance de la tragédie. A travers son concept de la volonté de puissance, Nietzsche tente de résoudre cette opposition, pour être plus fort et créatif. « Mais, l’instinct en Nietzsche n’est pas suffisamment incarné dans la pâte de la vie vécue, horizontalement comme le travail, les relations, la sexualité et les gains financiers, pour lui permettre de supporter l’élan des intuitions qu’il aspirer verticalement. Sa fin de vie est symboliquement la crise qui devait l’emmener à l’asile et reflète cette dichotomie pathétique. » (Marie-Laure Colonna).
Dionysos a fait son retour dans la vague hippie, dans l’expérience des substances psychédéliques, dans le retour des vampires... Il est aussi un passeur entre les mondes, guérisseur et chaman. Mais il n’a pas encore réussi à s’allier à la tempérance d’Apollon.
Le Dauphin est le symbole de la résolution de la tension conflictuelle entre Apollon et Dionysos. Ce sont les dauphins qui les escortent tous deux et qui servent de symbole de médiateur.
Pic de la Mirandole, écrit dans son texte de La dignité de l’homme : « Tantôt, nous pourrons monter en rassemblant avec une force apollinienne, le multiple dans l’un, tantôt, nous pourrons descendre, en démembrant avec une force titanesque l’un dans le multiple, comme Osiris (et partir en éclats). »
Réconcilier en nous le logos et l’éros, l’instinct et la nature, nous permettrait de retrouver le paradis à l’état conscient. Alors, en 2024, pourquoi ne tenteriez-vous pas l’expérience d’une Renaissance ? Le Printemps de Botticelli et les dauphins vous tendent les bras…
Nietzsche est le premier philosophe à mettre en évidence, Apollon et Dionysos, ces deux forces contradictoires dans La naissance de la tragédie. A travers son concept de la volonté de puissance, Nietzsche tente de résoudre cette opposition, pour être plus fort et créatif. « Mais, l’instinct en Nietzsche n’est pas suffisamment incarné dans la pâte de la vie vécue, horizontalement comme le travail, les relations, la sexualité et les gains financiers, pour lui permettre de supporter l’élan des intuitions qu’il aspirer verticalement. Sa fin de vie est symboliquement la crise qui devait l’emmener à l’asile et reflète cette dichotomie pathétique. » (Marie-Laure Colonna).
Dionysos a fait son retour dans la vague hippie, dans l’expérience des substances psychédéliques, dans le retour des vampires... Il est aussi un passeur entre les mondes, guérisseur et chaman. Mais il n’a pas encore réussi à s’allier à la tempérance d’Apollon.
Le Dauphin est le symbole de la résolution de la tension conflictuelle entre Apollon et Dionysos. Ce sont les dauphins qui les escortent tous deux et qui servent de symbole de médiateur.
Pic de la Mirandole, écrit dans son texte de La dignité de l’homme : « Tantôt, nous pourrons monter en rassemblant avec une force apollinienne, le multiple dans l’un, tantôt, nous pourrons descendre, en démembrant avec une force titanesque l’un dans le multiple, comme Osiris (et partir en éclats). »
Réconcilier en nous le logos et l’éros, l’instinct et la nature, nous permettrait de retrouver le paradis à l’état conscient. Alors, en 2024, pourquoi ne tenteriez-vous pas l’expérience d’une Renaissance ? Le Printemps de Botticelli et les dauphins vous tendent les bras…
Livres à lire :
- Pourquoi la renaissance peut sauver le monde, de Karine Safa, Plon, 2022
- Réenchanter l’Occident, Vers un éveil de la conscience individuelle et collective, Marie-Laure Colonna, Entrelacs, 2019.
- La revanche du cerveau droit, Une ouverture pour demain, de Ferial Furon, Marjorie Rafécas-Poeydomenge, Editions du Dauphin, 2022.
- Pourquoi la renaissance peut sauver le monde, de Karine Safa, Plon, 2022
- Réenchanter l’Occident, Vers un éveil de la conscience individuelle et collective, Marie-Laure Colonna, Entrelacs, 2019.
- La revanche du cerveau droit, Une ouverture pour demain, de Ferial Furon, Marjorie Rafécas-Poeydomenge, Editions du Dauphin, 2022.
Rédigé par Marjorie Rafécas le Dimanche 31 Décembre 2023 à 16:14
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Commentaires (0)
I phil good !
Dimanche 16 Juillet 2023
Frédéric Vayr, ophtalmologiste et artiste, hisse le braille en un art calligraphique et synesthésique, afin de rapprocher le monde du visible à celui de l'invisible et sensibiliser les personnes voyantes à une peinture tactile. Ce qui nous rappelle instantanément "la lettre du voyant" d'Arthur Rimbaud et "L'oeil et l'esprit" de Merleau-Ponty, ouvrage dans lequel le philosophe interroge le sens de la perception visuelle et la peinture.
« Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant.
Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. »
Arthur Rimbaud
Que signifie être voyant ?
L’art n’est-il pas le plus puissant prisme pour caresser la vraie réalité ?
(Initiales d'Arthur Rimbaud en braille, par F. Vayr)
Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. »
Arthur Rimbaud
Que signifie être voyant ?
L’art n’est-il pas le plus puissant prisme pour caresser la vraie réalité ?
(Initiales d'Arthur Rimbaud en braille, par F. Vayr)
Lorsque Merleau-Ponty écrit que la peinture n’évoque rien, et notamment pas le tactile, cela sonne faux au regard du travail artistique de Frédéric Vayr ophtalmologiste et artiste, hissant le braille en un art calligraphique et synesthésique. Frédéric Vayr se joue d’une peinture tactile et paradoxale pour offrir une autre perception aux personnes bien voyantes. La vision est un miroir. Et la lumière, une action, une action tactile qui nous effleure. Spécialisé dans les anomalies de la vision, Frédéric Vayr propose une écriture plastique conceptuelle autour de la perception visuelle. Il représente le code braille dans toutes les matières : verre, miroir, toile, cuir et papier. Un brin provocateur, F. Vayr appelle sa première exposition « A la lumière du braille ». Les aveugles, écrivait Descartes, voient des mains. Le modèle cartésien de la vision est le toucher. Merleau-Ponty défendait une perception du monde d’avant la connaissance : "un cartésien peut croire que le monde existant n'est pas visible, que la seule lumière est d'esprit", or, "un peintre ne peut consentir que notre ouverture au monde soit illusoire ou indirecte, que ce que nous voyons ne soit pas le monde même"(M. Merleau-Ponty, L'œil et l'esprit, Edition Folioplus, chapitre 4, p. 56.) .
Dès lors, qu’est-ce « voir » ?
Un acte apparemment banal mais qui est loin d’être exploré à sa juste valeur.
Dès lors, qu’est-ce « voir » ?
Un acte apparemment banal mais qui est loin d’être exploré à sa juste valeur.
L’énigme tient en ceci que notre corps est à la fois voyant et visible.
« Au-delà du sens philosophique de la notion de voir, il y a un autre aspect, plus scientifique, analysé, expérimenté et développé par Jules Romains (La vision extra-rétinienne et le sens paroptique, Jules Romains, Gallimard), c'est voir au travers de la peau !... Ce constat scientifique a été malheureusement inexploité ou si peu, nous explique F. Vayr. Tout ce qui touche à la lumière, détient une part de sublime, de magique, de mystique qui permet d'élever nos esprits au-delà de ce qui est vu ou pas dans notre espace visuel matériel, lui-même soumis au biais majeur de toute perception et de son interprétation. C'est un sujet sans limites 'visibles" qui nous rapproche au plus vite (300 000 km/s) de notre origine et qui nous propulse à la même vitesse vers notre futur, fini ou infini. »
Est-il possible de voir à travers la peau ?
La lumière reste dans tous les cas la clé, visuelle ou tactile qui permet à travers la création poétique d’ouvrir un dialogue entre le monde des voyants et des non-voyants. Ce qui rejoint un des concepts de Merleau-Ponty sur le visible et l’invisible selon lequel l'invisible est déjà présent dans le visible et que la perception ne peut pas être réduite à une simple captation visuelle. Il est nécessaire d’explorer les différentes couches de sens qui se déploient à travers notre perception globale.
« Au-delà du sens philosophique de la notion de voir, il y a un autre aspect, plus scientifique, analysé, expérimenté et développé par Jules Romains (La vision extra-rétinienne et le sens paroptique, Jules Romains, Gallimard), c'est voir au travers de la peau !... Ce constat scientifique a été malheureusement inexploité ou si peu, nous explique F. Vayr. Tout ce qui touche à la lumière, détient une part de sublime, de magique, de mystique qui permet d'élever nos esprits au-delà de ce qui est vu ou pas dans notre espace visuel matériel, lui-même soumis au biais majeur de toute perception et de son interprétation. C'est un sujet sans limites 'visibles" qui nous rapproche au plus vite (300 000 km/s) de notre origine et qui nous propulse à la même vitesse vers notre futur, fini ou infini. »
Est-il possible de voir à travers la peau ?
La lumière reste dans tous les cas la clé, visuelle ou tactile qui permet à travers la création poétique d’ouvrir un dialogue entre le monde des voyants et des non-voyants. Ce qui rejoint un des concepts de Merleau-Ponty sur le visible et l’invisible selon lequel l'invisible est déjà présent dans le visible et que la perception ne peut pas être réduite à une simple captation visuelle. Il est nécessaire d’explorer les différentes couches de sens qui se déploient à travers notre perception globale.
La nuance est une richesse
On a tendance à chiffrer l’acuité visuelle, mais est-elle mesurable ? Tout comme l’intelligence, peut-elle se réduire à une échelle chiffrable telle que le QI ? F. Vayr interroge cette notion de valeur à travers son œuvre, ça vaut de l’or. Dans les 6 nuances du lingot d’or, il défend l’idée que la vraie richesse est la nuance et sensibiliser les « voyants » sur la puissance des sens.
« Le braille n'est qu'une approche en 3D permettant de "voir" par un "chemin sensoriel détourné" ce que seul l'obscur nous délivre, cet or, qui serait la pépite d'une lumière originelle, elle-même enfin libérée des parasites visuels que la lumière artificielle extrinsèque, éducative, morale, sociétale, politique etc., nous impose de prendre, à tort, comme source lumineuse inspirante.» (F. Vayr)
L’intrication lumineuse reste un mystère. Car même la lumière qui nous paraît être un concept univoque et lumineux a en fait une double nature sur le plan scientifique : mi-onde électromagnétique (spectre éternel sans limite de propagation), mi-particule élémentaire physique (photon qui serait l'unité matérielle).
On a tendance à chiffrer l’acuité visuelle, mais est-elle mesurable ? Tout comme l’intelligence, peut-elle se réduire à une échelle chiffrable telle que le QI ? F. Vayr interroge cette notion de valeur à travers son œuvre, ça vaut de l’or. Dans les 6 nuances du lingot d’or, il défend l’idée que la vraie richesse est la nuance et sensibiliser les « voyants » sur la puissance des sens.
« Le braille n'est qu'une approche en 3D permettant de "voir" par un "chemin sensoriel détourné" ce que seul l'obscur nous délivre, cet or, qui serait la pépite d'une lumière originelle, elle-même enfin libérée des parasites visuels que la lumière artificielle extrinsèque, éducative, morale, sociétale, politique etc., nous impose de prendre, à tort, comme source lumineuse inspirante.» (F. Vayr)
L’intrication lumineuse reste un mystère. Car même la lumière qui nous paraît être un concept univoque et lumineux a en fait une double nature sur le plan scientifique : mi-onde électromagnétique (spectre éternel sans limite de propagation), mi-particule élémentaire physique (photon qui serait l'unité matérielle).
Le pouvoir de la synesthésie : les couleurs prennent forme
F. Vayr fait le pari de relier deux sensorialités innées et tactiles, et crée ainsi des œuvres synesthésiques. A travers des œuvres de code braille, il rend même hommage à des auteurs renommés du XIXème siècle comme Georges Sand, Emile Zola et Arthur Rimbaud. Rimbaud, qui a su justement mettre en lumière la synesthésie poétique à travers ses voyelles : « A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles, ….»
Rappelons que le mot synesthésie vient du grec Syn (union) et Aísthêsis (sensibilité) et veut dire : perception simultanée. Isaac Newton a d’ailleurs étudié l’existence d’une loi physique qui met en relation les sept couleurs du spectre de la lumière avec les sept intervalles musicaux dans le système d’octave. Ainsi tout serait relié.
Il semblerait que dans certains salons littéraires du XIXème siècle, des personnes non voyantes ont été capables de discerner les couleurs par le toucher, ce qui nous fait toucher du doigt la puissance de la perception tactile.
Dans cette quête synesthésique et de reliance, F. Vayr a l’idée d’associer les couleurs aux formes des couleurs issues du braille. C’est un concept original qu’il dépose à l’INPI en 2019. Matérialiser la couleur par une forme géométrique est une façon de la rendre visible même dans le noir.
F. Vayr fait le pari de relier deux sensorialités innées et tactiles, et crée ainsi des œuvres synesthésiques. A travers des œuvres de code braille, il rend même hommage à des auteurs renommés du XIXème siècle comme Georges Sand, Emile Zola et Arthur Rimbaud. Rimbaud, qui a su justement mettre en lumière la synesthésie poétique à travers ses voyelles : « A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles, ….»
Rappelons que le mot synesthésie vient du grec Syn (union) et Aísthêsis (sensibilité) et veut dire : perception simultanée. Isaac Newton a d’ailleurs étudié l’existence d’une loi physique qui met en relation les sept couleurs du spectre de la lumière avec les sept intervalles musicaux dans le système d’octave. Ainsi tout serait relié.
Il semblerait que dans certains salons littéraires du XIXème siècle, des personnes non voyantes ont été capables de discerner les couleurs par le toucher, ce qui nous fait toucher du doigt la puissance de la perception tactile.
Dans cette quête synesthésique et de reliance, F. Vayr a l’idée d’associer les couleurs aux formes des couleurs issues du braille. C’est un concept original qu’il dépose à l’INPI en 2019. Matérialiser la couleur par une forme géométrique est une façon de la rendre visible même dans le noir.
Ces formes géométriques nous invitent à nous interroger sur ce qu’est une couleur : une vitesse, un rythme, une réflexion ?
Sur le plan scientifique, les couleurs sont des ondes électromagnétiques. Chaque couleur correspond à une certaine plage de longueur d'onde. C’est le processus de réflexion ou de transmission des différentes longueurs d'onde qui nous permet de percevoir les couleurs.
Ainsi les couleurs que nous percevons dépendent de la manière avec laquelle elles interagissent avec les objets qui nous entourent. Les formes des couleurs représentées par le braille semblent illustrer de façon poétique leur trajectoire. La couleur est mouvement.
A la lumière unilatérale de l'esprit cartésien, Merleau-Ponty opposait d’ailleurs la force multicolore du monde. Le philosophe fera sienne l'expression de Paul Cézanne "la couleur est le lieu où notre cerveau et l'univers se rejoignent". Les couleurs créent une harmonie du chaos. A la différence de la science qui manipule la nature, la peinture nous permet d'habiter les choses.
C’est ce que semble aussi exprimer la forme des couleurs de F. Vayr.
Sur le plan scientifique, les couleurs sont des ondes électromagnétiques. Chaque couleur correspond à une certaine plage de longueur d'onde. C’est le processus de réflexion ou de transmission des différentes longueurs d'onde qui nous permet de percevoir les couleurs.
Ainsi les couleurs que nous percevons dépendent de la manière avec laquelle elles interagissent avec les objets qui nous entourent. Les formes des couleurs représentées par le braille semblent illustrer de façon poétique leur trajectoire. La couleur est mouvement.
A la lumière unilatérale de l'esprit cartésien, Merleau-Ponty opposait d’ailleurs la force multicolore du monde. Le philosophe fera sienne l'expression de Paul Cézanne "la couleur est le lieu où notre cerveau et l'univers se rejoignent". Les couleurs créent une harmonie du chaos. A la différence de la science qui manipule la nature, la peinture nous permet d'habiter les choses.
C’est ce que semble aussi exprimer la forme des couleurs de F. Vayr.
Secouer l’orthogonalité de Mondrian
F. Vayr a souhaité aussi secouer l’orthogonalité et les couleurs primaires du travail remarquable de Piet Mondrian. Il a souhaité y introduire plus de rondeur, d’humour, de l’acceptation de l’aléatoire. Et de la vie tout simplement. Eclaboussures, postillons, splashs…
F. Vayr revisite l’univers abstrait et universel de Mondrian qui considérait que les couleurs pures et les formes géométriques créent un équilibre et une harmonie qui transcendent la réalité matérielle. Son art a été nommé le néoplasticisme. Ce qui peut faire penser à une sorte de néoplatonisme…
F. Vayr a souhaité aussi secouer l’orthogonalité et les couleurs primaires du travail remarquable de Piet Mondrian. Il a souhaité y introduire plus de rondeur, d’humour, de l’acceptation de l’aléatoire. Et de la vie tout simplement. Eclaboussures, postillons, splashs…
F. Vayr revisite l’univers abstrait et universel de Mondrian qui considérait que les couleurs pures et les formes géométriques créent un équilibre et une harmonie qui transcendent la réalité matérielle. Son art a été nommé le néoplasticisme. Ce qui peut faire penser à une sorte de néoplatonisme…
Exemple d'un cercle vayrtueux qui représente le violet
Dans les Cercles Vayrtueux, F. Vayr interroge dans ses œuvres circulaires la notion de limite. Si ces cercles paraissent reprendre les bases structurelles (colorisées et géométriques) des œuvres de Mondrian, elles en sont en fait l’antithèse fondamentale, par le jeu de l’écriture braille en relief qui met en valeur les couleurs secondaires.
« Ainsi par ce jeu de contre-pied graphique et symbolique, ces œuvres valorisent le métissage à sa juste valeur, sans pour autant occulter les caractéristiques des éléments purs qui lui ont donné naissance ni surtout la dualité et le contact (la relation) qui conditionnent tant de choses dans notre univers et dans nos vies ».
Le hasard créatif
« Ainsi par ce jeu de contre-pied graphique et symbolique, ces œuvres valorisent le métissage à sa juste valeur, sans pour autant occulter les caractéristiques des éléments purs qui lui ont donné naissance ni surtout la dualité et le contact (la relation) qui conditionnent tant de choses dans notre univers et dans nos vies ».
Le hasard créatif
Dans chaque création artistique, il y a toujours une part de hasard. Cézanne s’est un jour demandé si l’originalité de ses œuvres ne provenait pas d’une défaillance oculaire. D’un accident de son corps…
F. Vayr a vécu une expérience similaire, malgré son orthogonalité scientifique. A travers une série de splashs aléatoires à l’encre de chine, F. Vayr a reconnu l’esquisse du visage de Louis Braille. Comme si Louis Braille était reconnaissant de tout ce travail artistique autour de son célèbre code !
Savoir bousculer les valeurs classiquement établies : « ça vaut de l’or ». Voilà un enseignement optimiste et lumineux de F. Vayr. Voir autrement un fond « noir », pour éclairer l’idée que si on décompose le mot « noir », on y trouve le « o » et le « r » de « or ». L’œuvre « De l’or dans le noir » nous rappelle que de l’obscur peut toujours surgir, à qui la chercherait, une lumière inattendue !
F. Vayr a vécu une expérience similaire, malgré son orthogonalité scientifique. A travers une série de splashs aléatoires à l’encre de chine, F. Vayr a reconnu l’esquisse du visage de Louis Braille. Comme si Louis Braille était reconnaissant de tout ce travail artistique autour de son célèbre code !
Savoir bousculer les valeurs classiquement établies : « ça vaut de l’or ». Voilà un enseignement optimiste et lumineux de F. Vayr. Voir autrement un fond « noir », pour éclairer l’idée que si on décompose le mot « noir », on y trouve le « o » et le « r » de « or ». L’œuvre « De l’or dans le noir » nous rappelle que de l’obscur peut toujours surgir, à qui la chercherait, une lumière inattendue !
Pour en savoir plus sur le travail artistique et philosophique de Frédéric Vayr :
Vidéos
2021
Conférence FOR mars 2021 YouTube
https://www.youtube.com/channel/UC_DPV5Jkcb-fgmmBOtAcnaw
2020
Envoyez la couleur / 2020
https://vimeo.com/429340258
2017
LOVE VIEW / 2017
https://vimeo.com/219902830
2016
A la lumière du braille / 2016
https://vimeo.com/197524450
Rétinal stimulation / 2016
https://vimeo.com/210859058
Articles Web
Janvier 2018
« J’attends » / Bleu
https://issuu.com/jattendslenumero1/docs/numero_47
« Acheter de l’Art » / hope
https://achetezdelart.com/frederic-vayr/
Presse
2020 juillet
Télérama Sortir Paris (TT). Bénédicte Philippe (12).
Connaissance des Arts (11)
2018 janvier
Cultur13 : Programme culturel janvier 2017Paris 13ème Arrdt. / Couverture
2017 décembre
Réalités Ophtalmologiques. "A la lumière du braille".
http://www.realites-ophtalmologiques.com/2017/11/27/a-lumiere-braille
Novembre
Le Quotidien du Médecin.
Chirurgien et plasticien. Frédéric Vayr expose à Montrouge. Renée Carton
https://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/ophtalmologie
Juillet
Télérama Sortir Paris (T). Bénédicte Philippe.
Expo in the city. « Les yeux fermés ». Cassandre L’Hermite (3)
Vidéos
2021
Conférence FOR mars 2021 YouTube
https://www.youtube.com/channel/UC_DPV5Jkcb-fgmmBOtAcnaw
2020
Envoyez la couleur / 2020
https://vimeo.com/429340258
2017
LOVE VIEW / 2017
https://vimeo.com/219902830
2016
A la lumière du braille / 2016
https://vimeo.com/197524450
Rétinal stimulation / 2016
https://vimeo.com/210859058
Articles Web
Janvier 2018
« J’attends » / Bleu
https://issuu.com/jattendslenumero1/docs/numero_47
« Acheter de l’Art » / hope
https://achetezdelart.com/frederic-vayr/
Presse
2020 juillet
Télérama Sortir Paris (TT). Bénédicte Philippe (12).
Connaissance des Arts (11)
2018 janvier
Cultur13 : Programme culturel janvier 2017Paris 13ème Arrdt. / Couverture
2017 décembre
Réalités Ophtalmologiques. "A la lumière du braille".
http://www.realites-ophtalmologiques.com/2017/11/27/a-lumiere-braille
Novembre
Le Quotidien du Médecin.
Chirurgien et plasticien. Frédéric Vayr expose à Montrouge. Renée Carton
https://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/ophtalmologie
Juillet
Télérama Sortir Paris (T). Bénédicte Philippe.
Expo in the city. « Les yeux fermés ». Cassandre L’Hermite (3)
A chaque séparation, l’être humain ressent la perte d’un petit bout de soi. Ces séparations qui sont autant de deuils de soi-même. Oui, mais de quel « moi » s’agit-il ? Les séparations ne font-elles pas partie d’un long processus d’accouchement de soi ? Notre première séparation, nous la vivons à notre naissance : on est arraché du ventre de notre mère. Et pourtant, cette séparation laisse place à la vie. La vie démarre bel et bien dans la séparation. Ce livre d’Anne-Laure Buffet tente de transformer notre regard sur ces moments compliqués de la vie, qui sont autant de ponts nécessaires pour s’accomplir. Notre vie est un tissage de liens et de séparations pour nous aider à grandir.
Cette première déchirure qu’est la naissance fait écho à un roman de cette rentrée littéraire (très ordinaire), La vie ordinaire d’Adèle Van Reeth :
« Je vais me séparer de toi. Toi qui n’as rien connu d’autre que l’intérieur de mon ventre, tu vas affronter l’air et l’espace. Tu vas sortir de moi ce sera le traumatisme initial ».
« Ta naissance sera une rupture ».
« De cette distance naîtra notre rencontre ».
C’est cette distance, cette rupture du cordon, qui permet à une mère de découvrir le visage de son bébé. Pas de rencontre sans séparation, telle est la vérité que nous avons du mal à accepter et que les poètes nous aident à surmonter. Comme l’écrit Laurence bouvet, « Être vivant c’est être séparé ».
Anne-Laure Buffet souhaite démontrer dans cet essai résolument optimiste et au ton spinoziste que toutes les séparations, de quelque nature que ce soit, rupture amoureuse, déménagement, changement d’emploi etc., sont autant de renaissances. La séparation, bien que vécue comme une amputation de soi et une condamnation, ouvre la voie vers une plus grande liberté, celle d’être soi. L’auteur rend d’ailleurs un hommage aux poètes qui ont le talent et la lucidité pour transmettre ce qu’il y a de plus indicible dans une séparation.
La rupture, la voie de la transformation
Refuser les séparations, cela revient à entretenir des relations de dépendance avec les autres. Et une relation distante avec soi-même. Être dépendant affectivement symbolise un refus de grandir. Ce lien entre dépendance et refus d’être soi rappelle le livre Guérir de nos dépendances, précédemment chroniqué dans La Cause Littéraire (2018) : les addictions sont souvent le refus de quitter le cocon maternel. La dépendance humaine repose sur un curieux paradoxe : « Je dépends d’un autre pour devenir moi-même…, mon autonomie dépend de son état mental » (Guérir de nos dépendances, Pascale Senk et Frédérique de Gravelaine). Dépendre pour être libre, telle est la situation de départ d’un enfant. On ne naît pas indépendant.
D’ailleurs, comme le souligne Anne-Laure Buffet, plus on est confronté à la tyrannie d’un moi idéal, plus on cherche de l’aide dans des remèdes extérieurs. Or ces « colmatages », ces petites dépendances, accentuent la perte de l’estime de soi et conduisent à un cercle vicieux.
Aimer, une manière de combler ses manques réciproques ?
Le vécu de la première séparation est assez déterminant… La première séparation avec sa mère détermine notre capacité à accepter les suivantes. Le schéma des répétitions amoureuses est souvent une conséquence d’un lien primaire mal enclenché. Une rencontre, ce sont deux inconscients qui se reconnaissent. On se choisit pour combler ses manques réciproques. Nous prenons alors des risques limités. Nous cherchons parfois à réparer le couple de nos parents que nous cherchons paradoxalement à fuir.
Nous refusons souvent les séparations car nous sommes sous l’emprise de la société, du regard de notre famille. Il est nécessaire de prendre de la distance avec la stigmatisation de certains comportements et développer son esprit critique.
Pour aimer de façon authentique sans reproduire nos liens primaires, il faut accepter l’imperfection. Le wabi-sabi, art japonais, consiste à célébrer la beauté des choses imparfaites. Oui, on peut être content, en se « contentant » de ce que l’on a. Savoir « se contenter » est une vertu, n’en déplaisent aux ambitieux égotiques. C’est une forme de bienveillance envers soi-même et envers les autres, du narcissisme « altruiste » (petit clin d’œil à Auguste Comte qui a inventé cette notion).
En acceptant les séparations et notre « moi » encore inachevé et en devenir, il nous est alors possible de devenir ce que l’on est et de se préparer à des amours qui nous grandissent.
La séparation semblable à l’angoisse de la mort
« Tout notre mal vient de ne pouvoir rester seuls » (Labruyère)
La vie est construction de liens et lorsqu’ils se dénouent, l’angoisse de se retrouver seul nous confronte à l’idée de mort. Or comme le rappelle pertinemment l’auteur, il faut discerner la peur, de l’angoisse et de l’anxiété. Selon Heidegger, l’angoisse n’a pas d’objet. Elle se raccroche au non sens de l’existence, au vide. Il s’agit d’une perte de repère qui nous aliène. La peur est au contraire précise et a un objet, à la différence de l’angoisse qui est indéterminée. « L’angoisse nous rend étranger à nous même ». Ce vide existentiel peut s’exprimer de différentes façons : une quête de sens ou s’affirmer dans des formes très primaires comme la recherche du pouvoir, avec sa version la moins subtile qui est celle de gagner beaucoup d’argent. Se séparer revient alors à savoir gérer cette angoisse de la mort. Trouver du sens, ne pas céder à la satisfaction facile d’un désir éphémère, peuvent aussi nous mener vers la joie profonde que prône Spinoza. Eprouver la joie d’être soi affaiblit nos angoisses.
Comme nous le conseille Anne-Laure Buffet, pour affronter les séparations et mieux les accepter, rien de tel qu’aiguiser son esprit critique pour ne pas subir d’aliénations avec son vrai « moi ».
L’aliénation reste la pire forme des séparations…
Ces séparations qui nous font grandir, Anne-Laure Buffet, 2020, 170 pages, 18 €
« Je vais me séparer de toi. Toi qui n’as rien connu d’autre que l’intérieur de mon ventre, tu vas affronter l’air et l’espace. Tu vas sortir de moi ce sera le traumatisme initial ».
« Ta naissance sera une rupture ».
« De cette distance naîtra notre rencontre ».
C’est cette distance, cette rupture du cordon, qui permet à une mère de découvrir le visage de son bébé. Pas de rencontre sans séparation, telle est la vérité que nous avons du mal à accepter et que les poètes nous aident à surmonter. Comme l’écrit Laurence bouvet, « Être vivant c’est être séparé ».
Anne-Laure Buffet souhaite démontrer dans cet essai résolument optimiste et au ton spinoziste que toutes les séparations, de quelque nature que ce soit, rupture amoureuse, déménagement, changement d’emploi etc., sont autant de renaissances. La séparation, bien que vécue comme une amputation de soi et une condamnation, ouvre la voie vers une plus grande liberté, celle d’être soi. L’auteur rend d’ailleurs un hommage aux poètes qui ont le talent et la lucidité pour transmettre ce qu’il y a de plus indicible dans une séparation.
La rupture, la voie de la transformation
Refuser les séparations, cela revient à entretenir des relations de dépendance avec les autres. Et une relation distante avec soi-même. Être dépendant affectivement symbolise un refus de grandir. Ce lien entre dépendance et refus d’être soi rappelle le livre Guérir de nos dépendances, précédemment chroniqué dans La Cause Littéraire (2018) : les addictions sont souvent le refus de quitter le cocon maternel. La dépendance humaine repose sur un curieux paradoxe : « Je dépends d’un autre pour devenir moi-même…, mon autonomie dépend de son état mental » (Guérir de nos dépendances, Pascale Senk et Frédérique de Gravelaine). Dépendre pour être libre, telle est la situation de départ d’un enfant. On ne naît pas indépendant.
D’ailleurs, comme le souligne Anne-Laure Buffet, plus on est confronté à la tyrannie d’un moi idéal, plus on cherche de l’aide dans des remèdes extérieurs. Or ces « colmatages », ces petites dépendances, accentuent la perte de l’estime de soi et conduisent à un cercle vicieux.
Aimer, une manière de combler ses manques réciproques ?
Le vécu de la première séparation est assez déterminant… La première séparation avec sa mère détermine notre capacité à accepter les suivantes. Le schéma des répétitions amoureuses est souvent une conséquence d’un lien primaire mal enclenché. Une rencontre, ce sont deux inconscients qui se reconnaissent. On se choisit pour combler ses manques réciproques. Nous prenons alors des risques limités. Nous cherchons parfois à réparer le couple de nos parents que nous cherchons paradoxalement à fuir.
Nous refusons souvent les séparations car nous sommes sous l’emprise de la société, du regard de notre famille. Il est nécessaire de prendre de la distance avec la stigmatisation de certains comportements et développer son esprit critique.
Pour aimer de façon authentique sans reproduire nos liens primaires, il faut accepter l’imperfection. Le wabi-sabi, art japonais, consiste à célébrer la beauté des choses imparfaites. Oui, on peut être content, en se « contentant » de ce que l’on a. Savoir « se contenter » est une vertu, n’en déplaisent aux ambitieux égotiques. C’est une forme de bienveillance envers soi-même et envers les autres, du narcissisme « altruiste » (petit clin d’œil à Auguste Comte qui a inventé cette notion).
En acceptant les séparations et notre « moi » encore inachevé et en devenir, il nous est alors possible de devenir ce que l’on est et de se préparer à des amours qui nous grandissent.
La séparation semblable à l’angoisse de la mort
« Tout notre mal vient de ne pouvoir rester seuls » (Labruyère)
La vie est construction de liens et lorsqu’ils se dénouent, l’angoisse de se retrouver seul nous confronte à l’idée de mort. Or comme le rappelle pertinemment l’auteur, il faut discerner la peur, de l’angoisse et de l’anxiété. Selon Heidegger, l’angoisse n’a pas d’objet. Elle se raccroche au non sens de l’existence, au vide. Il s’agit d’une perte de repère qui nous aliène. La peur est au contraire précise et a un objet, à la différence de l’angoisse qui est indéterminée. « L’angoisse nous rend étranger à nous même ». Ce vide existentiel peut s’exprimer de différentes façons : une quête de sens ou s’affirmer dans des formes très primaires comme la recherche du pouvoir, avec sa version la moins subtile qui est celle de gagner beaucoup d’argent. Se séparer revient alors à savoir gérer cette angoisse de la mort. Trouver du sens, ne pas céder à la satisfaction facile d’un désir éphémère, peuvent aussi nous mener vers la joie profonde que prône Spinoza. Eprouver la joie d’être soi affaiblit nos angoisses.
Comme nous le conseille Anne-Laure Buffet, pour affronter les séparations et mieux les accepter, rien de tel qu’aiguiser son esprit critique pour ne pas subir d’aliénations avec son vrai « moi ».
L’aliénation reste la pire forme des séparations…
Ces séparations qui nous font grandir, Anne-Laure Buffet, 2020, 170 pages, 18 €
Pendant le confinement, cette sorte de trêve dans l’urgence de nos sociétés modernes, j’ai pris plaisir à découvrir la pensée novatrice de Carl Gustav Jung et l’appétence de Victor Hugo pour le monde invisible. Peut-être que le point commun entre Victor Hugo et Jung ne saute pas aux yeux instantanément… Pourtant le jeu d’ombre et lumière dans les poèmes de V. Hugo évoque la part d’ombre chère à Jung qu’il nous faut affronter. Ou encore notre contradiction entre l’anima et l’animus, cette dialectique du moi. Nous sommes contradiction. Notre cheminement doit s’évertuer à la dépasser et à atteindre enfin la réconciliation entre notre inconscient et notre conscience. Atteindre cette force du surhomme ou encore la joie spinoziste.
Alors que la psychanalyse subit actuellement des critiques acerbes de la part de certains scientifiques ou autres intellectuels athées, elle demeure cette formidable théorie qui accepte notre part d’ombre, ce mystère d’un inconscient qui constitue notre identité mais qui vit caché. La psychanalyse a toujours dérangé les rationalistes. C’est un affront à leur envie de tout maîtriser. Jung écrit dans son Essai d’exploration de l’inconscient : « La psychologie est une science des plus jeunes et parce qu’elle s’efforce d’élucider ce qui se passe dans l’inconscient, elle se heurte à une forme extrême de misonéisme ». Le misonéisme est une peur profonde de la nouveauté. Ce misonéisme, même en 2020, est encore très prégnant. Nous sommes en 2020 sur le point de prendre un virage pour un nouveau monde moins matérialiste et nous sentons des résistances de toutes parts. L’ancrage dans une pensée rationaliste est difficile à assouplir.
A la différence de Freud qui considérait la religion comme un phénomène névrotique, Jung, tout comme Nietzsche, affirme que nous avons besoin d’illusions. La religion ne serait pas qu’une sublimation, mais une force au même titre que le désir sexuel. Ainsi, contrairement à Freud, Jung n’explique pas tout par le désir sexuel et c’est en cela que son éclairage est essentiel dans l’époque que nous vivons. La théorie de Jung, moins « matérialiste » et plus symbolique, peut faire prendre un virage très intéressant à la psychanalyse. La religion est selon Jung ce qui nous relie à l’universel, le sens de l’intrication universelle. Le concept du processus d’individuation de Jung consiste à créer une relation consciente avec notre inconscient.
Victor Hugo, comme Jung, était très ouvert aux différentes théories ésotériques. Les signes du ciel n’étaient pas des plaisanteries pour l’auteur des Misérables. Nous apprenons dans un livre écrit par Henri Gourdin sur sa fille Léopoldine que Victor Hugo avait créé sa propre religion, à la confluence de plusieurs obédiences, théories occultes, une sorte de « syncrétisme orageux ». Il « picorait dans toutes les traditions et les religions » : Tarot, Kabbale, arithmosophie (science occulte des nombres) et l’astrologie. Ce goût pour les nombres rappelle l’aspect sacré des chiffres des Pythagoriciens que Jung considérait. Le système cosmogonique de Victor Hugo naît en 1830 quand Léopoldine a 6 ans. Dans Odes et Ballades, V. Hugo souhaite « voir dans les choses plus que les choses ». Il cherche le monde invisible. Car dans l’invisible, V. Hugo y perçoit l’éternité. Mais attention, V. Hugo sait qu’entreprendre des voyages obscurs peut semer la tempête et nous rendre « pâle ». V. Hugo a créé sa propre religion, sans frontières. « La religion n’est autre chose que l’ombre portée de l’univers sur l’intelligence humaine ». « La forme de cette ombre varie selon les angles divers de la civilisation de l’homme ».
Notre société occidentale a certes voulu détruire les dieux et les démons de notre religion chrétienne… Mais les dieux et les démons de l’homme moderne n’ont pas du tout disparu, ils ont simplement changé de nom. Ce qui peut expliquer un déploiement important de névroses qui créent des addictions. Jung s’est toujours méfié de la puissance d’un Etat, du concept d’un homme « moyen » ou « statistique ». La société moderne nie les profondeurs individuelles et les collectives. Or il nous faut rester en contact avec les réalités archétypiques. Heureusement les rêves et notre intuition nous reconduisent à eux.
Dans l’univers des primitifs, les choses ne sont pas aussi séparées par des frontières que dans nos sociétés rationnelles. Nous vivons trop dans un monde « objectif ». Il y manque selon Jung « l’aspect coloré et fantastique ». La conquête de notre monde civilisé s’est construite au prix d’énormes pertes. Nous avons dépouillé toutes les choses de leur mystère et de leur « numinosité ». Coupé du monde psychique souterrain, le mot « matière » reste un concept « purement sec ». Le processus individuation permet grâce à l’interprétation des symboles de réconcilier les contraires dans la psyché.
Les « vrais » cartésiens ne sont pas forcément en antinomie avec la pensée Jungienne. Rappelons que Descartes eut lui-même une expérience mystique, un rêve qui lui révéla l’arbre de la science. D’ailleurs, étymologiquement, Inventer veut dire « trouver ». Rien n’est plus vulnérable qu’une théorie scientifique, car elle n’est qu’une tentative éphémère d’expliquer les faits…
Les pistes de décloisonnement que nous proposent à la fois Jung et Victor Hugo sont foisonnantes et passionnantes. Tout comme l’univers de la poésie. La poésie nous propose une ouverture sur le monde invisible. La poésie romantique ainsi que le mouvement surréaliste nous invitent à dépasser nos croyances limitées par une perception du monde trop objective. Le surréalisme a glorifié le hasard, ce hasard qui n’en est peut-être pas un et qui nous renvoie au concept des synchronicités de Jung. Comme le suggère Eric Naulleau, le hasard des rencontres peut changer votre vie : la poésie peut affleurer partout. Etre ouvert au hasard, repérer les synchronicités, nous aident à développer notre 6ème sens du bonheur. (cf. article sur la mélancolie https://www.wmaker.net/philobalade/La-melancolie-un-prelude-a-l-optimisme_a91.html)://
Le pire des confinements est celui qui consiste à nier notre profondeur et notre moi invisible…
A la différence de Freud qui considérait la religion comme un phénomène névrotique, Jung, tout comme Nietzsche, affirme que nous avons besoin d’illusions. La religion ne serait pas qu’une sublimation, mais une force au même titre que le désir sexuel. Ainsi, contrairement à Freud, Jung n’explique pas tout par le désir sexuel et c’est en cela que son éclairage est essentiel dans l’époque que nous vivons. La théorie de Jung, moins « matérialiste » et plus symbolique, peut faire prendre un virage très intéressant à la psychanalyse. La religion est selon Jung ce qui nous relie à l’universel, le sens de l’intrication universelle. Le concept du processus d’individuation de Jung consiste à créer une relation consciente avec notre inconscient.
Victor Hugo, comme Jung, était très ouvert aux différentes théories ésotériques. Les signes du ciel n’étaient pas des plaisanteries pour l’auteur des Misérables. Nous apprenons dans un livre écrit par Henri Gourdin sur sa fille Léopoldine que Victor Hugo avait créé sa propre religion, à la confluence de plusieurs obédiences, théories occultes, une sorte de « syncrétisme orageux ». Il « picorait dans toutes les traditions et les religions » : Tarot, Kabbale, arithmosophie (science occulte des nombres) et l’astrologie. Ce goût pour les nombres rappelle l’aspect sacré des chiffres des Pythagoriciens que Jung considérait. Le système cosmogonique de Victor Hugo naît en 1830 quand Léopoldine a 6 ans. Dans Odes et Ballades, V. Hugo souhaite « voir dans les choses plus que les choses ». Il cherche le monde invisible. Car dans l’invisible, V. Hugo y perçoit l’éternité. Mais attention, V. Hugo sait qu’entreprendre des voyages obscurs peut semer la tempête et nous rendre « pâle ». V. Hugo a créé sa propre religion, sans frontières. « La religion n’est autre chose que l’ombre portée de l’univers sur l’intelligence humaine ». « La forme de cette ombre varie selon les angles divers de la civilisation de l’homme ».
Notre société occidentale a certes voulu détruire les dieux et les démons de notre religion chrétienne… Mais les dieux et les démons de l’homme moderne n’ont pas du tout disparu, ils ont simplement changé de nom. Ce qui peut expliquer un déploiement important de névroses qui créent des addictions. Jung s’est toujours méfié de la puissance d’un Etat, du concept d’un homme « moyen » ou « statistique ». La société moderne nie les profondeurs individuelles et les collectives. Or il nous faut rester en contact avec les réalités archétypiques. Heureusement les rêves et notre intuition nous reconduisent à eux.
Dans l’univers des primitifs, les choses ne sont pas aussi séparées par des frontières que dans nos sociétés rationnelles. Nous vivons trop dans un monde « objectif ». Il y manque selon Jung « l’aspect coloré et fantastique ». La conquête de notre monde civilisé s’est construite au prix d’énormes pertes. Nous avons dépouillé toutes les choses de leur mystère et de leur « numinosité ». Coupé du monde psychique souterrain, le mot « matière » reste un concept « purement sec ». Le processus individuation permet grâce à l’interprétation des symboles de réconcilier les contraires dans la psyché.
Les « vrais » cartésiens ne sont pas forcément en antinomie avec la pensée Jungienne. Rappelons que Descartes eut lui-même une expérience mystique, un rêve qui lui révéla l’arbre de la science. D’ailleurs, étymologiquement, Inventer veut dire « trouver ». Rien n’est plus vulnérable qu’une théorie scientifique, car elle n’est qu’une tentative éphémère d’expliquer les faits…
Les pistes de décloisonnement que nous proposent à la fois Jung et Victor Hugo sont foisonnantes et passionnantes. Tout comme l’univers de la poésie. La poésie nous propose une ouverture sur le monde invisible. La poésie romantique ainsi que le mouvement surréaliste nous invitent à dépasser nos croyances limitées par une perception du monde trop objective. Le surréalisme a glorifié le hasard, ce hasard qui n’en est peut-être pas un et qui nous renvoie au concept des synchronicités de Jung. Comme le suggère Eric Naulleau, le hasard des rencontres peut changer votre vie : la poésie peut affleurer partout. Etre ouvert au hasard, repérer les synchronicités, nous aident à développer notre 6ème sens du bonheur. (cf. article sur la mélancolie https://www.wmaker.net/philobalade/La-melancolie-un-prelude-a-l-optimisme_a91.html)://
Le pire des confinements est celui qui consiste à nier notre profondeur et notre moi invisible…
Pour aller plus loin :
- Essai d’exploration de l’inconscient, C. G Jung
- Lépoldine, l’enfant muse de Victor Hugo, Henri Gourdin
- La religion nouvelle : pensée religieuse de Victor Hugo, François Renard
- Essai d’exploration de l’inconscient, C. G Jung
- Lépoldine, l’enfant muse de Victor Hugo, Henri Gourdin
- La religion nouvelle : pensée religieuse de Victor Hugo, François Renard
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jung victor Hugo
Derrière l’image d’Épinal d’une mère parfaite, aimante et bienveillante, Anne-Laure Buffet nous ramène vers la face sombre des mères qui blessent. Et de ce fait décomplexe les mères, découragées de ne pas se conformer à l’image sociétale de la mère idéale. Rassurons-nous, la mère parfaite n’existe pas. Anne-Laure Buffet, dans son livre Les mères qui blessent décomplexe les mères et d’ailleurs démontre que rechercher la perfection est un leurre dangereux...
On attribue à la mère toutes les vertus du monde. Cette image de mère exclut la femme, or n’est-on (et non pas naît-on, car cela est un autre sujet...) pas femme avant d’être mère ? Et même n’avons-nous pas été un enfant ? Or « L’amour maternel n’est qu’un sentiment humain, il est incertain, fragile et imparfait. Contrairement aux idées reçues, il n’est peut-être pas inscrit profondément dans la nature féminine » (Elisabeth Badinter). Les injonctions sociales sur la mère sont pléthores alors que sur la femme, moins…
La mère parfaite n’existe pas, sauf dans sa tête. Il y a une multiplicité de façons de blesser son enfant... Qui n'a jamais rencontré une mère sacrificielle, qui fait remarquer qu’elle a tout sauvé. Elle est parfaite dans la victimisation. La mère immature, quant à elle, ne veut pas savoir et ce n’est jamais de sa faute. La mère narcissique utilise son enfant comme un moyen, il est le prolongement d’elle-même.
« Une relation toxique permet la domination de l’un par l’autre, en instillant de façon régulière et répétitive des injonctions visant à réduire et même détruire celle ou celui qui supporte ces injonctions. » Les relations toxiques sont souvent traumatisantes et blessent l’enfant intérieur qui est en nous.
Comment faire alors le deuil d’une mère toxique ? Parler de deuil, c’est évoquer de nombreuses émotions qui se succèdent. Faire le deuil de la mère idéalisée... « Le pardon à soi-même nettoie la douleur et l’aigreur ». Car « La rancœur c’est un locataire qui occupe ton cerveau sans payer de loyer ». Jérôme Leroy.
Ce livre permet de décomplexer les mères qui souhaitent offrir le meilleur à leurs enfants et de rassurer « l’enfant intérieur » de ceux qui n’ont pas eu la chance d’avoir des mères aimantes.
Devenir mère demande d’accepter d’être blessée sans être effondrée.
Les mères qui blessent, Anne-Laure Buffet, 2018, Editions Eyrolles, 163 pages, 18 €
Anne-Laure Buffet est thérapeute, formatrice spécialisée dans l’accompagnement des victimes de violences psychologiques et conférencière. Elle a créé l’association Contre la violence psychologique.
La mère parfaite n’existe pas, sauf dans sa tête. Il y a une multiplicité de façons de blesser son enfant... Qui n'a jamais rencontré une mère sacrificielle, qui fait remarquer qu’elle a tout sauvé. Elle est parfaite dans la victimisation. La mère immature, quant à elle, ne veut pas savoir et ce n’est jamais de sa faute. La mère narcissique utilise son enfant comme un moyen, il est le prolongement d’elle-même.
« Une relation toxique permet la domination de l’un par l’autre, en instillant de façon régulière et répétitive des injonctions visant à réduire et même détruire celle ou celui qui supporte ces injonctions. » Les relations toxiques sont souvent traumatisantes et blessent l’enfant intérieur qui est en nous.
Comment faire alors le deuil d’une mère toxique ? Parler de deuil, c’est évoquer de nombreuses émotions qui se succèdent. Faire le deuil de la mère idéalisée... « Le pardon à soi-même nettoie la douleur et l’aigreur ». Car « La rancœur c’est un locataire qui occupe ton cerveau sans payer de loyer ». Jérôme Leroy.
Ce livre permet de décomplexer les mères qui souhaitent offrir le meilleur à leurs enfants et de rassurer « l’enfant intérieur » de ceux qui n’ont pas eu la chance d’avoir des mères aimantes.
Devenir mère demande d’accepter d’être blessée sans être effondrée.
Les mères qui blessent, Anne-Laure Buffet, 2018, Editions Eyrolles, 163 pages, 18 €
Anne-Laure Buffet est thérapeute, formatrice spécialisée dans l’accompagnement des victimes de violences psychologiques et conférencière. Elle a créé l’association Contre la violence psychologique.
Récemment, j’ai pris plaisir à me plonger dans deux livres a priori diamétralement opposés : Remèdes à la mélancolie (2016) d’Eva Bester et Le pouvoir de l’optimisme (2018) de Christelle Crosnier. La mélancolie peut sembler une force antagoniste à l’optimisme, mais la bile noire est peut-être juste le signe que nous ne sommes pas dans la bonne direction. Ce jet noir attend alors d’être transformé.
La mélancolie est peut-être le préambule nécessaire à l’optimisme. Tout dépend comment est surmontée l’épreuve de la mélancolie. Comme l’écrit Eva Bester « Nous avons à chaque seconde la possibilité de nous diriger vers la construction, l’effort, la création, ou vers l’inclination naturelle de l’homme : la passivité, le chaos, la destruction. Se diriger vers la joie est un labeur ». Tout est question de persévérance.
Alors, au travail !
Tout d’abord, constatons qu’il existe une différence notable entre le sens littéraire de la mélancolie et sa définition médicale. Pour les médecins, la mélancolie est une maladie maniaco-dépressive, sans aucune connotation poétique. En littérature, il s’agit plutôt d’une tristesse légère, une nostalgie inspirante comme une douce saudade (sens Brésilien). C’est le vague à l’âme qui pousse à la réflexion ou à la créativité. Les poètes maudits en sont les fers de lance. Pour Baudelaire, la joie était tout simplement vulgaire. Il y a du mystère dans la mélancolie nonchalante et grise. « Le bonheur d’être triste », comme dirait Victor Hugo. C’est aussi un sens de l’esthétique, comme le soulignait Kant, la mélancolie peut aider à atteindre le sentiment du sublime.
Mais derrière ce beau tableau esthétique de la mélancolie, il n’en reste pas moins que le spleen comporte une grande part de narcissisme. Ce peut être le symptôme d’un trop plein de soi. Dans La culture du narcissisme, Christopher Lasch alerte sur le fait que la mélancolie est souvent le signe d’un excès de soi. « C’est de trop s’intéresser à soi-même » qui provoque la mélancolie, comme le rappelle Geneviève Brisac dans l’émission d’Eva Bester. Travailler permet de s’ouvrir aux autres et de s’éloigner de soi-même. Avoir des passions « bonnes » est aussi un bouclier efficace contre les pentes descendantes de la mélancolie.
On pourrait penser que l’intérêt que l’on porte actuellement à la découverte de soi-même, au développement personnel, représente un repliement sur soi dangereux. Certains raillent le succès de la psychologie positive. Or cette dernière nous pousse à avoir confiance dans les autres pour avoir confiance en soi. L’optimisme est une ouverture vers les autres. C’est le contraire du repli sur soi. Pour être optimiste, il faut reconnaître la force du présent, la beauté de l’existence, être dans la gratitude. L’action nous sort de soi.
La mélancolie est plutôt associée à un état de contemplation. Tout ce qui est régressif permet de lutter contre la mélancolie car l’enfance vit dans l’instant présent. Alors que le mélancolique est souvent tourné vers le passé ou l’avenir.
Pour Nietzsche, il y a aussi le rire, le rire des hommes supérieurs. Nietzsche est le plus cité dans l’émission. Car il est l’un des philosophes qui connaît le mieux nos parts d’ombres et nous invite à les dépasser, à éjecter le ressentiment, à refuser la tentation nihiliste. Il nous propose 3 boucliers contre la mélancolie : le rire, l’art et la connaissance.
Vivre dans le surréalisme peut également nous aider à nous extraire d’un quotidien trop lourd, comme le suggère Eric Naulleau. Le hasard des rencontres peut changer votre vie : la poésie peut affleurer partout. Etre ouvert au hasard, repérer les synchronicités, nous aident à développer notre 6ème sens du bonheur.
Alors comment lutter en synthèse contre la mélancolie ? La potion est assez simple. Quelques ingrédients pour démarrer : être dans l’instant présent, s’ouvrir aux autres, remercier la beauté, s’ouvrir au hasard, rire et travailler.
Puis, faites comme Robin S. Sharma : devenez un « paranoïaque inversé », c’est-à-dire quelqu’un qui imagine que le monde conspire à faire de belles choses pour vous…
Pour en savoir plus :
- Remèdes à la mélancolie, Eva Bester, 2016, Autrement
- Le pouvoir de l’optimisme, Christelle Crosnier, 2018.
Mais derrière ce beau tableau esthétique de la mélancolie, il n’en reste pas moins que le spleen comporte une grande part de narcissisme. Ce peut être le symptôme d’un trop plein de soi. Dans La culture du narcissisme, Christopher Lasch alerte sur le fait que la mélancolie est souvent le signe d’un excès de soi. « C’est de trop s’intéresser à soi-même » qui provoque la mélancolie, comme le rappelle Geneviève Brisac dans l’émission d’Eva Bester. Travailler permet de s’ouvrir aux autres et de s’éloigner de soi-même. Avoir des passions « bonnes » est aussi un bouclier efficace contre les pentes descendantes de la mélancolie.
On pourrait penser que l’intérêt que l’on porte actuellement à la découverte de soi-même, au développement personnel, représente un repliement sur soi dangereux. Certains raillent le succès de la psychologie positive. Or cette dernière nous pousse à avoir confiance dans les autres pour avoir confiance en soi. L’optimisme est une ouverture vers les autres. C’est le contraire du repli sur soi. Pour être optimiste, il faut reconnaître la force du présent, la beauté de l’existence, être dans la gratitude. L’action nous sort de soi.
La mélancolie est plutôt associée à un état de contemplation. Tout ce qui est régressif permet de lutter contre la mélancolie car l’enfance vit dans l’instant présent. Alors que le mélancolique est souvent tourné vers le passé ou l’avenir.
Pour Nietzsche, il y a aussi le rire, le rire des hommes supérieurs. Nietzsche est le plus cité dans l’émission. Car il est l’un des philosophes qui connaît le mieux nos parts d’ombres et nous invite à les dépasser, à éjecter le ressentiment, à refuser la tentation nihiliste. Il nous propose 3 boucliers contre la mélancolie : le rire, l’art et la connaissance.
Vivre dans le surréalisme peut également nous aider à nous extraire d’un quotidien trop lourd, comme le suggère Eric Naulleau. Le hasard des rencontres peut changer votre vie : la poésie peut affleurer partout. Etre ouvert au hasard, repérer les synchronicités, nous aident à développer notre 6ème sens du bonheur.
Alors comment lutter en synthèse contre la mélancolie ? La potion est assez simple. Quelques ingrédients pour démarrer : être dans l’instant présent, s’ouvrir aux autres, remercier la beauté, s’ouvrir au hasard, rire et travailler.
Puis, faites comme Robin S. Sharma : devenez un « paranoïaque inversé », c’est-à-dire quelqu’un qui imagine que le monde conspire à faire de belles choses pour vous…
Pour en savoir plus :
- Remèdes à la mélancolie, Eva Bester, 2016, Autrement
- Le pouvoir de l’optimisme, Christelle Crosnier, 2018.
I phil good !
Mardi 17 Septembre 2013Ca y est, c'est la rentrée,l'automne sifflote et a balayé d'un revers de main la légèreté de l'été... Mais n'oublions pas si vite l'été et son charme naturel. L'été, c'est souvent l'occasion de renouer avec la nature, de contempler les beaux pins parasols, de humer les plantes aromatiques, d'essayer de "nommer" ces éléments de la nature que l'on néglige tellement dans nos vies trépidantes de citadins, malgré nos quelques virées dans les marchés bio. Il est vrai que renouer avec le potager devient une tendance montante. Est-ce que certaines tendances "bobo" de nos centre-villes proviendraient de notre nostalgie de la paysannerie ?
Je n'en avais pas conscience avant d'ouvrir une revue dénommée "Pan"(un magazine authentiquement "terroir" que je conseille) avec une interview fort intéressante de Michel Serres qui rappelle que l'évolution de la paysannerie reste le plus grand évènement historique de ces 50 dernières années, passée de plus de 50 % à 1900 à 1 % aujourd'hui. Cette évolution n'est pas neutre, même notre vocabulaire s'en est trouvé modifié. 2000 mots paysans ont disparu de notre paysage. Même si pour Michel Serres "la nostalgie du temps passé, c'est la caractéristique du vieux con", ce dernier tient à faire remarquer que cette fin de la paysannerie a mis tout de même fin au néolithique, soit une période de 10 000 ans ! Avant, le paysan était sédentaire pour labourer son champ. Maintenant les publicitaires ont inventé la notion de "nomade". L'invention de la péridurale irait d'ailleurs de pair avec la fin de la paysannerie, car elle a mis fin à la souffrance de l'enfantement de l'homo sapiens.
Quid du fameux "bon sens paysan" ? Qu'est-il devenu ? Contrairement aux croyances, celui-ci n'est pas inné. Il est le fruit de l'expérience. Attendre d'avoir de l'expérience avant de croire que l'on sait... pourrait également nous aider à renouer avec l'esprit paysan.
Henri Combret, spécialiste du garbure et du terroir, invite également le consommateur actuel à s'indigner : "se contenter d'une assiette de salade en sachet avec quatre gambas congelées des œufs durs et quatre tomates inbouffables", c'est inadmissible. "Quand on lit "fait maison" sur la carte d'un restaurant, c'est de l'industriel à 70 %". Pourquoi ne pas s'en indigner ? Même les étoilés auraient intérêt à être interpellés plus souvent par les clients, mais ces derniers répondent toujours qu'ils sont satisfaits de peur de passer pour des cons d'avoir payé 100 euros...
Alors pour cette rentrée, essayons de retrouver en nous "notre bon sens paysan" et arrêtons de bouffer des surgelés (surtout au restaurant ! Sinon autant inviter notre ami "Picard" !)pour essayer de se remettre petit à petit de cette fin du néolithique si brutale...
Source :
Pan la revue de l'esprit paysan volume 1
www.espritpaysan.fr
Quid du fameux "bon sens paysan" ? Qu'est-il devenu ? Contrairement aux croyances, celui-ci n'est pas inné. Il est le fruit de l'expérience. Attendre d'avoir de l'expérience avant de croire que l'on sait... pourrait également nous aider à renouer avec l'esprit paysan.
Henri Combret, spécialiste du garbure et du terroir, invite également le consommateur actuel à s'indigner : "se contenter d'une assiette de salade en sachet avec quatre gambas congelées des œufs durs et quatre tomates inbouffables", c'est inadmissible. "Quand on lit "fait maison" sur la carte d'un restaurant, c'est de l'industriel à 70 %". Pourquoi ne pas s'en indigner ? Même les étoilés auraient intérêt à être interpellés plus souvent par les clients, mais ces derniers répondent toujours qu'ils sont satisfaits de peur de passer pour des cons d'avoir payé 100 euros...
Alors pour cette rentrée, essayons de retrouver en nous "notre bon sens paysan" et arrêtons de bouffer des surgelés (surtout au restaurant ! Sinon autant inviter notre ami "Picard" !)pour essayer de se remettre petit à petit de cette fin du néolithique si brutale...
Source :
Pan la revue de l'esprit paysan volume 1
www.espritpaysan.fr
La dernière fois, je vous avais promis que je vous proposerai un test pour savoir si vous êtes plus proche de Dionysos ou d'Apollon, au regard de la fameuse théorie de Nietzsche développée dans la Naissance de la tragédie. Histoire de faire plus ample connaissance avec vous-même et le philosophe inventeur du surhomme !
Seule contrainte pour faire le test : avoir un compte sur Facebook. En effet, le quizz a été programmé sur cette application.
Pour faire le test, copiez le lien suivant dans votre navigateur :
http://apps.facebook.com/d-couvrez-qu-faeejj/take?force=1
Si vous n'avez pas de compte, vous pouvez toujours en créer un très facilement sur facebook.
Dionysosement vôtre,
MR
Pour faire le test, copiez le lien suivant dans votre navigateur :
http://apps.facebook.com/d-couvrez-qu-faeejj/take?force=1
Si vous n'avez pas de compte, vous pouvez toujours en créer un très facilement sur facebook.
Dionysosement vôtre,
MR
Le Salon du livre est la plus grande librairie que l'on puisse trouver en France… Et pour cela, on y fait toujours des rencontres livresques intéressantes, voire surprenantes et drôles. J'y ai trouvé un guide tout à fait adapté pour mon cerveau féminin : "Le petit guide du Rugby pour LES FILLES".
Tout papillonnant de rose, d'illustrations déjantées, je me suis jetée sans hésitation sur cette acquisition fort utile, pour essayer de "démêler" les règles tortueuses du rugby… Grâce à Stéphania Franchitto, je comprends pourquoi il n'est pas facile de comprendre les règles ovales, car elles sont douloureuses… Un livre assurément drôle, où AOC signifie Appellation Ovale Contrôlée, et où les femmes peuvent choisir leur rugbyman selon leur position sur le terrain : talonneur, pilier, deuxième ligne… De quoi vous donner des ailiers pour les prochains matchs !
A quand le petit guide de la philosophie pour les filles ?!
Le petit guide du rugby pour les filles, Stephania Franchitto, Editions Mango, 2007, 8 euros.
Son blog : www.rugbypourlesfilles.blogspot.com
A quand le petit guide de la philosophie pour les filles ?!
Le petit guide du rugby pour les filles, Stephania Franchitto, Editions Mango, 2007, 8 euros.
Son blog : www.rugbypourlesfilles.blogspot.com
Le bonheur, en tant que marque, appartient peut-être à Nestlé (comme nous le rappelle cyniquement le roman 99 francs de Beigbeder). Mais, le vôtre, à qui appartient-il ?
Dans tous les cas, pas à Michel Houellebecq, qui préfère vous dissuader d'espérer "N'ayez pas peur du bonheur, il n'existe pas" ! Dans la lignée de Schopenhauer, certains écrivains estiment que la recherche du bonheur est une "mégalomanie galopante" (Roland Jaccard, Le cimetière de la morale). Faut-il alors renoncer au bonheur ?
Il est clair qu'il est préférable d'éviter l'engrenage que dénonce Pascal Bruckner dans L'euphorie perpétuelle, le bonheur n'est pas un devoir… La tyrannie des "ça va ?", la recherche du bien être, le refus de la frustration, l'utopie du fun, sont-ils les meilleurs moyens d'atteindre le bonheur ? Ce sont des bonheurs court-termistes. Christophe André les classe dans la catégorie "Bonheur d'action". Le danger de ce type de bonheur est de conduire à une certaine superficialité. C. André distingue dans Vivre heureux, quatre types de bonheur :
- le bonheur d'action, celui éprouvé lors d'une fête par exemple
- le bonheur de satisfaction, lorsque l'on a atteint un objectif après plusieurs années de dur labeur
- le bonheur de maîtrise, lorsque l'on excelle par exemple dans un domaine sportif
- le bonheur de sérénité, qui s'éprouve dans la contemplation
Ces quatre formes de bonheur sont aussi utiles les unes que les autres, le tout est de savoir bien les doser. A vous, de voir laquelle a été prépondérante en 2007…
Un point positif à noter : le bonheur est multiple. Il est finalement très vaste. Chaque philosophe a sa propre conception du bonheur. En voici, quelques unes pour vous permettre d'aborder l'année 2008 avec plus de recul…
Aristote : "Faisons toujours mieux" (Philips)
Le bonheur repose avant tout sur la vertu : une vie active conforme à la vie contemplative. Pour être libre, il faut s'élever et dépasser notre condition d'homme.
Epicure : "C'est avec l'esprit libre que l'on avance" (Gan)
Pour être serein, il faut échapper au manque. Halte à l'inflation du désir ! Eviter d'entretenir des désirs insatisfaits. Chasse aux désirs superflus. Gagnez en légèreté !
Freud : "Just do it" (Nike)
Le bonheur repose avant tout sur le principe du plaisir. C'est un bonheur fragile, car facilement frustrant…
Hume : "Nous, c'est le goût" (Quick)
Hume préconise un bonheur par l'esthétique. Les arts nous préparent à des émotions douces et tendres, au contraire de l'intérêt calculateur. Ils nous détournent de la précipitation des affaires. L'art, la lecture, sont des loisirs que nous pouvons maîtriser, et qui nous font ressentir la beauté de l'existence. Pas la peine de s'en priver…
Rousseau "Qui sème les fleurs récolte la tendresse" (Interflora)
Rousseau est un adepte de l'état de nature. Il ne recherche pas la modernité. Plus le temps est lent, plus nous touchons à des petits bonheurs très précieux. Le bonheur de vivre en respectant sa nature…
Voltaire "La vie n'est pas en noir et blanc, elle est en or "(Dior j'adore)
Voltaire est de ceux qui pensent que le raffinement augmente le bonheur des hommes. Le bonheur existe bel et bien sur terre. "Croyez moi, il n'y a de bonheur dans ce monde , pour notre corps, que d'avoir ses cinq sens en bon état et, pour notre âme, que d'avoir un ami, tout le reste n'est que chimères".
Camus "Restez rebelle." (Seat)
Chez Camus, on ne peut être réellement heureux que si l'on accepte l'idée de la mort. "Il n'y a pas d'amour de vivre, sans désespoir de vivre". Le bonheur est possible lorsque l'homme est en accord vrai avec l'existence qu'il mène. Coupé de ses illusions, l'homme est alors plus réceptif à la beauté. Pas de bonheur d'intérieur chez ce cœur révolté… Il ne faut pas avoir peur de ses contradictions. La vie est paradoxale.
Nietzsche "Be good. Be bad. Be you" (Calvin Klein)
N'écoutez pas les autres : devenez ce que vous êtes… Arrêtez de culpabiliser : le plus grand bonheur est dans l'oubli. Ne ruminez pas !
Kant "You can" (Canon)
Le bonheur ne doit pas être recherché, seule compte la morale. Soyez vertueux, le bonheur viendra après… Suivez l'impératif catégorique…
Pascal "C'est bon d'avoir les boules" (knackis ball)
Le bonheur dans le divertissement est une fuite en avant. Cela ne résout rien. Il faut apprendre à rester seul et calme. Trouver la foi qui est en soi…
Spinoza "Il y a certaines choses qui ne s'achètent pas" (Mastercard)
Spinoza, bien que défendeur de l'amour et de la joie, ne pousse pas à l'appétit grossier et sensuel. Il faut déjà savourer et se réjouir de ce qui existe. L'espérance ou la crainte éloignent du bonheur. Le désir ne doit pas être manque, mais puissance.
Conclusion : les gens heureux sont souvent ceux qui ont les attentes les plus faibles…
Mais, il ne faut jamais renoncer !
Meilleurs vœux de bonheur pour cette nouvelle année…
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Marjorie Rafécas
Passionnée de philosophie et des sciences humaines, je publie régulièrement des articles sur mon blog Philing Good, l'anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade), ainsi que sur La Cause Littéraire (https://www.lacauselitteraire.fr). Je suis également l'auteur de La revanche du cerveau droit co-écrit avec Ferial Furon (Editions du Dauphin, 2022), ainsi que d'un ouvrage très décalé Descartes n'était pas Vierge (2011), qui décrit les philosophes par leur signe astrologique.
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