II faut choisir : ça dure ou ça brûle ; le drame, c'est que ça ne puisse pas à la fois durer et brûler. Albert Camus

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Dimanche 9 Février 2025

Ce concept de "sentiment océanique", qui donne la sensation de « faire corps avec le grand tout », a été décrit à l’origine par l’écrivain Romain Rolland. Cette sensation d'éternité, d'infini, peut rappeler la joie de Bergson ou de Spinoza, ou encore le numineux de Jung. Elle est cette émotion qui nous libère de la Caverne et nous met en communion avec le beau, l'âme du monde.


Avez-vous déjà été traversé par un "sentiment océanique" ?
Martin Legros dans un article récemment paru dans Philosophie Magazine rappelle que c’est dans une lettre à Sigmund Freud, du 5 décembre 1927, que Romain Rolland forge la notion de “sentiment océanique”. A la parution de L’Avenir d’une illusion de Freud, Romain Rolland lui écrit : « Votre analyse des religions est juste. Mais j’aurais aimé vous voir faire l’analyse du sentiment religieux spontané ou, plus exactement, de la sensation religieuse, qui est toute différente des religions proprement dites, et beaucoup plus durable. J’entends par là : – tout a fait indépendamment de tout dogme, de tout Credo, de toutes organisations d’Église, de tout Livre Saint, de toute espérance en une survie personnelle, etc. –, le fait simple et direct de la sensation de l’’éternel’ (qui peut très bien n’être pas éternel, mais simplement sans bornes perceptibles et comme océanique).”

Cela interpellera Freud. Mais il réduira ce sentiment océanique à un simple transport mystique, lui qui était totalement hermétique à la musique. Faut-il d'ailleurs se méfier au passage des personnes non mélomanes ? Leurs visions ne manquent-elles pas de fluidité ? Freud et Picasso se montraient fuyants face à cet art de l’ineffable.



Pourtant la musique tel l’océan, comme aussi mêler son corps à l’être aimé, peuvent faire jaillir cette sensation d’éternité.


Avez-vous déjà été traversé par un "sentiment océanique" ?
Romain Rolland a écrit de nombreux ouvrages sur les musiciens et les artistes. Dans son livre « Vie de Beethoven » (1903), l’on se sent submergé par cette « divine frénésie » que la musique ou la Nature savent faire jaillir, « le feu de l’esprit des hommes ». Beethoven écrivait « Il n’y a rien de plus beau que de s’approcher de la divinité, et d’en répandre les rayons sur la race humaine ».

Faut-il écouter Beethoven pour ressentir ce sentiment océanique ?



Entre Freud et Romain Rolland, vers où penche votre cœur ? Faut-il négliger ces transports mystiques ou au contraire les célébrer ?

Schopenhauer a déjà tranché...









Vie de Beethoven, Romain Rolland


Rédigé par Marjorie Rafécas le Dimanche 9 Février 2025 à 18:55 | Commentaires (0)

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Marjorie Rafécas
Marjorie Rafécas
Passionnée de philosophie et des sciences humaines, je publie régulièrement des articles sur mon blog Philing Good, l'anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade), ainsi que sur La Cause Littéraire (https://www.lacauselitteraire.fr). Je suis également l'auteur de La revanche du cerveau droit co-écrit avec Ferial Furon (Editions du Dauphin, 2022), ainsi que d'un ouvrage très décalé Descartes n'était pas Vierge (2011), qui décrit les philosophes par leur signe astrologique.




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