FRANCOISE C.*

4 éléments à inclure dans un texte :
- lieu : un train,
- objet : une télécommande
- une personne : une femme prénommée Maria
- un moment ; c’est le début du printemps.



Campement


Comme elle aime être réveillée par un cahot plus brutal qui heurte le balancement rythmique de la roulotte. Enfouie sous les couvertures aux couleurs délavées, elle tend l'oreille. Tout le monde somnole encore. Seul papé est sorti, si proche pourtant, son ombre dédoublée par le cadre rigide qui tend la lourde bâche. C'est toujours lui qui harnache les deux chevaux et les attelle. Sans faire le moindre bruit, semble-t-il, ou alors des bruits si familiers qu'ils se fondent avec ceux qui enveloppent chaque nuit les craquements autour du campement, quand ils sont loin de toute agitation citadine. Elle écoute et elle a envie de sourire: rien à entendre? si, bien sûr; les respirations de chacun qu'elle saurait reconnaître entre mille à leurs petits chuintements si personnalisés, quelques soupirs innocents qui crèvent dans le sommeil de sa petite soeur comme une bulle. Là, tout près, de l'autre côté de la bâche qui ne laisse passer aucune couleur, à peine une douceur blanchâtre adoucie qui incite au réveil , elle devine l'asphalte de la route au bruit caractéristique du cercle de fer des roues.
Aujourd'hui, ils se rendent à la foire de Valence. Ils y séjourneront deux semaines comme tous les ans en novembre. Le retour dans l'école qui les a accueillis l'an dernier la remplit d'appréhension et de joie mélangées. Elle garde soigneusement dans un coffre les cahiers de l'an passé. Peut-être retrouvera-t-elle la petite fille aux tresses blondes qui avait accepté qu'elle s'assoie à côté d'elle? Elle a lu tout ce qu'elle a trouvé malgré les regards désapprobateurs de sa grand-mère. Pourquoi ce refus sans nuance des gadjo par les plus anciens? Elle vivra toujours dans une roulotte, épousera un des siens, reprendra le travail d'étamage puisqu'il n'y a pas de garçon dans sa famille. Mais ça non, ne pas exclure le commerce, parler, échanger, accepter les différences, partager le plaisir d'apprendre, échanger quelques herbes aromatiques et les recettes qui les font embaumer de la même façon au travers d'une fenêtre de cuisine ou d'une porte de roulotte.... Grand-mère est excessive, il faut vivre avec son temps. Elle le sait bien d'ailleurs; elle a accepté de peindre le couvercle du coffre à livres et cahiers. Elle était très embarrassée de n'avoir qu'un reste de vert plutôt doux et ce jaune pâle qui en semble une nuance atténuée. Elle a peint une euphorbe polychrome aux pétales si délicats, au feuillage si précis qu'il est bien certain qu'elle participait sans rien en dire à la mise à l'abri des trésors de la jeune fille. Comme elle était savante sur ces fleurs de jardin qu'elle ne posséderait jamais dans sa vie itinérante. Où avait-elle appris leurs noms? Impossible de le lui faire dire!
En fin de journée, les voilà arrivés. Les adultes installent le campement à l'emplacement réservé. Ici, il n'est pas loin du village. Lundi, elle partira avec les enfants du quartier, s'ils l'acceptent ou elle les suivra de loin avec un air d'assurance tranquille qu'elle espère garder quoi qu'il arrive. Sa mère sera déjà passée à l'école avec tous les papiers qu'elle ne sait pas lire mais qu'elle met un point d' honneur à présenter sans l'aide de sa fille, parfaitement complets, d'une présentation irréprochable.
Ce soir, c'est jour de fête, manèges en tous genres et feu d'artifice. Elle choisit une jupe longue fendue sur le côté et une blouse fleurie qui met en valeur ses épaules et sa gorge naissante; ni provocante, ni indécente - les parents et les cousins ne plaisantent pas - . Elle part rejoindre ses deux amies de la roulotte voisine et les voilà sur la place du village. Elles écarquillent les yeux devant le manège dernier cri qu'elles n'avaient jamais vu, même dans les catalogues les plus récents de la profession mais leur bourse est bien plate et la file d'attente bien longue.
Demain peut-être, arrivera-t-elle à convaincre une villageoise qu'elle lit les lignes de la main et qu'elle peut lui prédire un avenir heureux pour une pincée de piécettes. Ainsi le manège sera pour elle aussi.
L'heure du retour est fixée de trop de bonne heure pour toutes les jeunes filles du monde, mais il n'est question ni de discuter ni de désobéir. Elles ne restent pas longtemps devant l'estrade de l'orchestre aux éclats prometteurs, personne n'ose les inviter et elles ont vite épuisé le plaisir de danser ensemble dans un angle de la piste. Lundi, elle ira à l'école comme tous les jeunes qui tourbillonnent autour d'eux. Elle pourra croire qu'elle est comme eux, puis dans quinze jours, au moment du départ, malgré la nostalgie d'une vraie scolarité, elle repartira vers d'autres découvertes, pas eux.

Capbreton, novembre 2007, Françoise C.





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 12/11/2007 à 18:40

PASCALE *****

12/11/2007

Mots à insérer

ECRIRE : écarquiller, écoute, couleur, cadre, rien, route, indécent, innocent, retour, roulotte, euphorbe, exclusion.
JOKERS : ligne, fin, si.


Il fait doux dans la maison. Les aiguilles de l’horloge battent doucement la cadence. Le temps s’étire sans fin et dans l’âtre les flammes lèchent la première bûche de l’année… Sur un foyer improvisé au moyen de quelques bouts de cagettes habilement agencés, quelques châtaignes vivent, en même temps que le bois, leurs dernières minutes, diffusant tout alentour leur parfum délicieux.

J’écris, les yeux écarquillés afin de lutter contre le sommeil, j’écoute le vent, je perçois même les couleurs de l’automne et le cadre idyllique d’autres lieux plus boisés. Rien ne me détourne de ma route principale : écrire jusqu’à plus envie, éparpillement parfois indécent de morceaux de vie, innocente recherche d’un bonheur illusoire et éphémère, retour à d’autres sources que celles auxquelles plus personne ne croit.
Puis j’emprunte une roulotte imaginaire, imposée par les mots sinon, vous pensez, pour aller d’ici à là, cueillant en chemin quelque euphorbe apprivoisée, exclue pourtant du carré parfait dont elle est issue et venue presque mourir sur le bord d’un talus public.

Les lignes s’allongent, se chevauchent, ne veulent plus rien dire puis reviennent et se battent entre elles jusqu’à ne plus pouvoir se démêler. Sens, contresens, lapsus, incongruités pour soudain rebondir, tracer le mot « fin » et se dire : « et si… »

Avec des « si » on peu imaginer n’importe quoi puisque la donnée première n’existe pas. Tout devient possible et réalité le temps d’un instant : celui de la lecture. Enfin « si » on s’y laisse prendre.

Une main avide s’empare d’un fruit cuit à point et le porte à une bouche goulue : mais ce n’est pas la mienne : rien que des mots grillés sur du papier glacé. Pourtant avec un peu d’imagination, je les sens presque ces châtaignes… Vivement.


Pascale pour le 12 novembre 2007.



Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 12/11/2007 à 18:36

CHRISTIANE L. *

12/11/2007


Mots à insérer

ECRIRE, écarquiller, écoute, couleur, cadre, rien, route, indécent, innocent, retour, roulotte, euphorbe, exclusion,
Jokers : ligne, fin, si.





En cette fin d’octobre, nos 130 randonneurs landais se retrouvaient à Luë, petit village de la haute lande pour marcher sur les pas de Félix Arnaudin dans ses aires de chasse.
Ecrire un petit texte sur cet après-midi ensoleillé me permet de me plonger un peu dans les œuvres de cet auteur landais décédé en 1921, laissant de nombreux ouvrages et travaux retraçant la vie et ses traditions de la grande lande de Gascogne.
Si les paysages se sont modifiés depuis, le pignada est toujours là avec ses mystères et ses richesses que l’on découvre au détour d’un chemin, par exemple le chêne de Cantore au tronc impressionnant nous fait écarquiller les yeux avec ses plus de 7 mètres de circonférence et ses sept siècles d’existence.
Cette forêt semble silencieuse, il suffit pourtant de marcher sans un mot et se mettre à l’écoute, du murmure des cimes sous un léger vent, du craquement des branches ou d’une pigne qui tombe lâchée par un écureuil, un bruit furtif d’ailes venant d’un vol de palombes en migration.
Quant aux couleurs d’automne, les bruyères forment un tapis rose du plus bel effet contrastant avec le brun des fougères en fin de vie.
Après une petite descente, le cadre change totalement laissant place aux chênes et aux châtaigniers, un petit ruisseau se fraie un chemin sous les arbres laissant couler une eau limpide sur un lit de sable blanc, rien ne l’arrête, elle court en silence et si une branche la gêne elle se transforme en cascade et poursuit sa route pour se jeter dans un ruisseau plus important pour se fondre avec lui.
Il n’est pas indécent de prétendre que cette lande sèche possède une richesse dans ses cours d’eau qui naissent au milieu de la pinède, les chevreuils qui la peuplent connaissent bien ce milieu et en toute innocence se laissent parfois surprendre par un chasseur ou son chien.
De nombreuses sources sont dédiées à des saints et, superstition ou croyances, sont censées apporter du soulagement à de nombreux maux. Près du ruisseau de Canteloup, nous découvrons la source dédiée à Saint Michel pour soigner les maladies de peau, mais auparavant il faut passer par la « recommandeuse (recommandaïre) de LABOUHEYRE pour requérir une espèce d’ordonnance selon la tradition.
Sur le retour de notre randonnée, Nicole nous attendait dans son petit cabanon au milieu des bois avec café, chocolat, thé, de quoi nous réchauffer et prendre un instant de plaisir. Loin d’être une roulotte, sa demeure est aménagée avec goût et respect de l’ancien, notamment le four à pain, cet environnement représente pour elle une ligne de vie sans exclusion mêlant le passé et le présent, un havre de paix lui permettant de se retrouver comme le faisait Félix Arnaudin dans cette partie de Grande Lande.
Nous étions sur ses terres et ce chemin nous a permis de faire un saut dans le passé en nous disant qu’à travers la Haute Lande il est toujours d’actualité.


Christiane L. pour le 12 novembre 2007.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 12/11/2007 à 18:35

CHRISTIANE L. *


4 éléments à inclure dans un texte :
- lieu : un train,
- objet : une télécommande
- une personne : une femme prénommée Maria
- un moment ; c’est le début du printemps.


Maria est arrivée en ce début de printemps, elle avait pris le train de puis Paris pour passer quelques jours avec nous, se ressourcer m’avait-elle dit, les landes lui manquaient tellement.
Partie en effet travailler dans la capitale, elle n’avait eu que peu d’occasions de revenir. Maintenant que sa carrière professionnelle est sécurisée et sa famille stabilisée, elle peut enfin se détacher de ce quotidien si prenant et parfois infernal dans cette trépidante banlieue.
Ici, elle goûte à la qualité de la vie en phase avec la nature et c’est une chance qu’elle ait choisi le printemps avec l’épanouissement des arbres, des fleurs, le chant des oiseaux, tout l’environnement concourt à magnifier cet éveil, cette renaissance.
Le soleil aussi est au rendez-vous et malgré les fraîches matinées, nous pouvons faire de longues marches dans la forêt et le long du ruisseau. Nous avons tellement de choses à nous raconter que le temps passe très vite, sans nous apercevoir de la distance parcourue.
Le soir après le repas, notre conversation continue, la télécommande est oubliée, pas besoin d’image de l’extérieur pour nous distraire, les souvenirs émergent et nous comblent, ce sont de bons moments.


Christiane L. jeu du 15 octobre 2007.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 12/11/2007 à 18:33

CHRISTIANE L. *


Choisir une photo : le Mont Saint Michel
Pourquoi cette photo, quelles sont les émotions, odeurs, souvenirs liés à cette photo.




Le Mont Saint Michel me rappelle cette randonnée de juillet qui nous a conduit à ses pieds au moment de la marée basse pour mieux admirer son assise. Nous sommes bien petits devant cet édifice, seul au milieu de l’océan qui, retiré, laisse place à une immense plage de sable.
Nous partons à la découverte de cette construction du Moyen-Age à travers des ruelles, des escaliers pour atteindre divers niveaux où chaque espace nous donne une vue différente de l’horizon, tantôt le vent du large nous envoie son souffle violent chargé d’iode, tantôt le soleil ardent nous empêche de découvrir les terres où se mêlent les cultures et les élevages un peu perdus dans cette brume de chaleur.
Nous voilà enfin au cœur du monument : l’abbaye, nous attendons notre tout pour une visite guidée et commentée et patientons en admirant ce magnifique ouvrage de pierre.
C’est à ce moment que mon portable sonne, avec difficulté, tant le bruit est intense dans ce lieu si fréquenté, j’entends un appel au secours, Simon vient de faire un malaise, que dois-je faire, Maman, où es-tu ? J’essaie de m’isoler pour mieux comprendre et rassurer ma fille pour qu’elle ne panique pas, je lui donne mes conseils, l’encourage à rester calme, les secours viendront, elle sera entourée, épaulée. Ce n’est pas grave, c’est déjà arrivé, ne t’en fais pas, reste confiante.
Je raccroche et c’est juste le moment où mon groupe est invité à entrer. La visite est très captivante, le guide très érudit nous oblige à replonger dans notre livre d’histoire ; à travers le cloître et les diverses salles, nous imaginons la vie au cours des siècles passés.
J’ai quand même du mal à suivre, ce coup de fil m’a perturbé, j’ai beau faire confiance à Carole, je ne cesse de penser au pire. Et bien que cette visite soit très intéressante, il me tarde qu’elle se finisse pour avoir des nouvelles. C’est un peu dommage, ce lieu est tellement prenant que je n’en profite pas suffisamment, à mon grand regret.
Mais le fait d’avoir pu répondre à cet appel de détresse de ma fille au bon moment fait passer au second plan ma déconvenue.
Plus tard, j’ai eu des nouvelles rassurantes qui m’ont comblée. Je garde un très bon souvenir de ce mont sur lequel veille la statut de Saint Michel qui, ce jour-là m’a fait un signe…


Christiane L. jeu du 22 octobre 2007.

Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 12/11/2007 à 18:32

PASCALE *****


Jeu du jour : choisir une photo chez soi.

Le jour J tenter de répondre à ces questions :

1/ pourquoi cette photo ?
2/ émotions, odeurs, souvenirs liés à cette photo.

Mais comme d’ordinaire tout est permis bien sûr !




jeu du 22 octobre 2007...


Après avoir longuement hésité, manipulant hâtivement souvenirs amers et gais, le coeur tantôt chaviré, tantôt battant une agréable chamade, elle s’aperçut que le passé n'avait pourtant plus du tout prise sur ses états d’âme. Elle se le répétait avec insistance en tous cas. Elle vivait au présent. Point final, le nom de l'auteur...
Des photos éparpillées sur le lit, elle fit un gros tas qu’elle redistribua sans plus de procès dans des boîtes à traumatismes révolus.
Décidément et tant pis pour les répétitions, une seule photo donnerait un sens à son inspiration et à sa démarche : un portrait de sa fille bien aimée.
Elle ne mit qu’un instant pour la choisir parmi tant d’autres. Elles deux, joue contre joue, lèvres entrouvertes, les yeux pétillants de malice à moins qu’elle ne s’abuse et que ce ne soit que la réverbération menteuse du flash de l'appareil...
Le sourire de la plus jeune éclatant de santé. Le sien, plus figé tant justement elle était peu désireuse de fixer ses traits sur le papier glacé. Glacé. Elle ignorait encore à quel point.
Elle s’appliquait à réveiller les souvenirs : l'instant. Une fête des mamans. Un restaurant de bord de mer. Un paquet soigneusement enrubanné. L'album de son mariage, condensé d'un mois de juillet 2006 mouvementé. Son hésitation bien naturelle en tournant quelques pages. L’effeuillage du temps, du jour, des heures. Elle, la mère, n’ignorait pas qu’elle allait devoir affronter en souriant l'image de son père à elle, grand-père trop brutalement disparu.
Elle regarde sans toujours bien comprendre, les yeux écarquillés. Tourne maladroitement la page qu'elle contemplera plus longuement mais plus tard. Elle sourit… D'inertie. Dit merci. Mange sans savoir. En reprend. Ça console. Le ton redevient léger. Les autres n'ont rien vu. Rien senti. Elle s'applique à rire. Puis sourit vraiment.

-- ça va maman ?
-- oui. Très bien. Je suis heureuse…

Un air de ressemblance dans le bas du visage. Fragile et forte à la fois, la jeune femme qui enlace sa mère semble directive et protectrice à la fois. L’attitude seule des personnages évoque cette ambivalence.

-- mais si maman, viens. Laisse-toi photographier...

La petite caméra enregistre les instants de bonheur qui lui suffira de visionner pour redonner sens à sa quête si besoin.

Elle ne cherche pas plus loin. Décroche la photo de son cadre : celle-là. Je prends celle-là…

On verra bien ce qu’elle inspirera. Sa fille bien au chaud au creux de son cartable, elle imagine un jeu plein de surprise et s’endort l'esprit et le coeur léger.

C'était hier soir et je ne m'attendais pas à cela...

Pascale le 22 octobre 2007







Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 07/11/2007 à 13:25

FRANCOISE C.*


Ecrire un texte en s'appuyant sur une photographie choisie d'avance : pourquoi cette photo, odeurs, souvenirs... Qu'évoque-t-elle...




Au moulin

Des bouteilles, des assiettes et des verres rustiques, un cadre somptueux, un groupe d'amis que la vie a éloignés les uns des autres, que la mort a frappés. Comment chacun a-t-il puisé dans ces moments la force de rebondir? Dans la solitude, les réponses se tissent.
Savez-vous qu'un grand-père meunier vous donne des exigences de respect de la vie agricole, de nourrit ures saines, d'amour de l'eau, de la nature, du partage? Savez-vous que la rencontre de deux chroniqueurs taurins de renom vous permet d'aimer le spectacle de la corrida que les non-initiés traiteront de violente? Savez-vous que les hiérarchies sociales ne représentent plus rien quand il s'agit de vivre ensemble une semaine, de partager tâches ménagères, élaboration des menus, et tenue des fourneaux, puis départ joyeux pour la fête, farandoles, chants et comptoirs de bar en tous genres; et que dire de la douceur des levers de soleil sur les étangs, des lentes promenades en barque ou des joutes en canoë qui basculent à l'eau jeunes et moins jeunes? Savez-vous que le ciel étoilé de Renung, loin des lumières de la ville est constellé de millions d'étoiles que jamais ailleurs on ne soupçonne ni à Capbreton, Hendaye ou Carcassonne, ni à Agen, Tarbes ou Paris?
Ce jour là, Françoise est à la cuisine. La patouille est restée au fond du placard. Aujourd'hui, l'ensemble des amis offre le repas aux propriétaires du moulin. Jean est allé choisir les foies de canard avec Guy, le voisin, chez sa fille Nadine. Guy tâte leur fermeté, la gauloise maïs au coin des lèvres. Jean rit mais c'est lui qui découpera les tranches, assez épaisses, les salera, les poivrera. Françoise attendra qu'il ai le dos tourné pour frotter les tranches d'un des plats d'armagnac et les couvrira vite d'un torchon. Malgré le Ricard et la gauloise, il garde un nez redoutable.
Melons à la tranche luisante, odorants, cueillis mûrs à Lectoure par ceux d'Agen, accompagnés du jambon entamé pour l'occasion. Chacun, chacune est venu humer la graisse d'un blanc brillant, la chair souple du jambon conservé sous la cendre. Quelqu'un chipe la toute petite tranche du coup de couteau dérapé mais ne fera aucun commentaire.
La table est mise sous la terrasse, le grand saule traîne ses branches et bloque les canoës. Les places à table ne sont pas immuables: tourner le dos à l'étang est un crève-coeur mais demain, les convives changeront de place sur les bancs. Les assiettes ont été mises au chaud, on ne plaisante pas avec le service sous prétexte qu'il fait beau et que la terrasse est le meilleur endroit.
- Vous mangerez dès que l'assiette sera posée devant vous, on n'attend pas. répète Françoise depuis des années. Elle n'a pas enlevé le tablier qui drape la tenue festive.
- Je n'ai pas perdu la main, assure-t-elle en rendant à Jean-Pierre son regard satisfait. Mais l'an dernier, les cèpes du petit bois complétaient bien le plat!
Jean savoure, concentré sur son assiette. Remarquez comme il est attentif à ce qui s'échange, là, tout à côté de lui. Son regard est fixé sur son assiette, pourtant, ce qu'il voit, c'est son ami et son épouse tout à côté de lui. Il sait qu'elle va poser sa main droite sur son épaule à lui en un geste possessif et tranquille et que le sourire plein de gaieté adressé à Jean- Pierre se voilera, pour lui, de douceur et de connivence.
La paille du canotier s'est craquelée, les cheveux bruns ont blanchis et Jean ne mangera plus jamais dans l'assiette blanche mais la surface de l'étang reflète les grands arbres et le ciel d'un bleu estival ; ils donnent une idée d'immuable.

Françoise, Capbreton, octobre 2007






Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 28/10/2007 à 12:08

FRANCOISE C.*

28/10/2007

Campement


Comme elle aime être réveillée par un cahot plus brutal qui heurte le balancement rythmique de la roulotte. Enfouie sous les couvertures aux couleurs délavées, elle tend l'oreille. Tout le monde somnole encore. Seul papé est sorti, si proche pourtant, son ombre dédoublée par le cadre rigide qui tend la lourde bâche. C'est toujours lui qui harnache les deux chevaux et les attelle. Sans faire le moindre bruit, semble-t-il, ou alors des bruits si familiers qu'ils se fondent avec ceux qui enveloppent chaque nuit les craquements autour du campement, quand ils sont loin de toute agitation citadine. Elle écoute et elle a envie de sourire: rien à entendre? si, bien sûr; les respirations de chacun qu'elle saurait reconnaître entre mille à leurs petits chuintements si personnalisés, quelques soupirs innocents qui crèvent dans le sommeil de sa petite soeur comme une bulle. Là, tout près, de l'autre côté de la bâche qui ne laisse passer aucune couleur, à peine une douceur blanchâtre adoucie qui incite au réveil , elle devine l'asphalte de la route au bruit caractéristique du cercle de fer des roues.
Aujourd'hui, ils se rendent à la foire de Valence. Ils y séjourneront deux semaines comme tous les ans en novembre. Le retour dans l'école qui les a accueillis l'an dernier la remplit d'appréhension et de joie mélangées. Elle garde soigneusement dans un coffre les cahiers de l'an passé. Peut-être retrouvera-t-elle la petite fille aux tresses blondes qui avait accepté qu'elle s'assoie à côté d'elle? Elle a lu tout ce qu'elle a trouvé malgré les regards désapprobateurs de sa grand-mère. Pourquoi ce refus sans nuance des gadjo par les plus anciens? Elle vivra toujours dans une roulotte, épousera un des siens, reprendra le travail d'étamage puisqu'il n'y a pas de garçon dans sa famille. Mais ça non, ne pas exclure le commerce, parler, échanger, accepter les différences, partager le plaisir d'apprendre, échanger quelques herbes aromatiques et les recettes qui les font embaumer de la même façon au travers d'une fenêtre de cuisine ou d'une porte de roulotte.... Grand-mère est excessive, il faut vivre avec son temps. Elle le sait bien d'ailleurs; elle a accepté de peindre le couvercle du coffre à livres et cahiers. Elle était très embarrassée de n'avoir qu'un reste de vert plutôt doux et ce jaune pâle qui en semble une nuance atténuée. Elle a peint une euphorbe polychrome aux pétales si délicats, au feuillage si précis qu'il est bien certain qu'elle participait sans rien en dire à la mise à l'abri des trésors de la jeune fille. Comme elle était savante sur ces fleurs de jardin qu'elle ne posséderait jamais dans sa vie itinérante. Où avait-elle appris leurs noms? Impossible de le lui faire dire!
En fin de journée, les voilà arrivés. Les adultes installent le campement à l'emplacement réservé. Ici, il n'est pas loin du village. Lundi, elle partira avec les enfants du quartier, s'ils l'acceptent ou elle les suivra de loin avec un air d'assurance tranquille qu'elle espère garder quoi qu'il arrive. Sa mère sera déjà passée à l'école avec tous les papiers qu'elle ne sait pas lire mais qu'elle met un point d' honneur à présenter sans l'aide de sa fille, parfaitement complets, d'une présentation irréprochable.
Ce soir, c'est jour de fête, manèges en tous genres et feu d'artifice. Elle choisit une jupe longue fendue sur le côté et une blouse fleurie qui met en valeur ses épaules et sa gorge naissante; ni provocante, ni indécente - les parents et les cousins ne plaisantent pas - . Elle part rejoindre ses deux amies de la roulotte voisine et les voilà sur la place du village. Elles écarquillent les yeux devant le manège dernier cri qu'elles n'avaient jamais vu, même dans les catalogues les plus récents de la profession mais leur bourse est bien plate et la file d'attente bien longue.
Demain peut-être, arrivera-t-elle à convaincre une villageoise qu'elle lit les lignes de la main et qu'elle peut lui prédire un avenir heureux pour une pincée de piécettes. Ainsi le manège sera pour elle aussi.
L'heure du retour est fixée de trop de bonne heure pour toutes les jeunes filles du monde, mais il n'est question ni de discuter ni de désobéir. Elles ne restent pas longtemps devant l'estrade de l'orchestre aux éclats prometteurs, personne n'ose les inviter et elles ont vite épuisé le plaisir de danser ensemble dans un angle de la piste. Lundi, elle ira à l'école comme tous les jeunes qui tourbillonnent autour d'eux. Elle pourra croire qu'elle est comme eux, puis dans quinze jours, au moment du départ, malgré la nostalgie d'une vraie scolarité, elle repartira vers d'autres découvertes, pas eux.

Capbreton, novembre 2007, Françoise C.






Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 28/10/2007 à 12:07

PASCALE *****

22/10/2007

Mots à insérer

Plaisir: paix, pourtant, lagune, louange, arme, actuel, ici, île, saveur, sœur, irisé, immense, rouge, rapide.
Jokers: goût, joie, habitude.




PLAISIR...


Ce fut pourtant avec un plaisir immense que j’abordais cette île paradisiaque. Nous allions enfin pouvoir nous ravitailler. La goélette était presque trop rapide car les matelots, le cœur en joie, tiraient si vigoureusement les voiles que le corps du bateau semblait voler sur l’eau irisée de la lagune.
Moi qui n’avais plus goût à rien depuis que nous avions quitté les Marquises, les cales vides, voilà que je reprenais vie ! Avec force louanges, tant j’étais heureux, j’intimais aux marins de ralentir le bâtiment qui risquait tout simplement de s’échouer.
Il faut dire qu’ici, dès que l’on franchissait la barrière de corail, l’eau était peu profonde.
Même si actuellement les indigènes étaient plutôt coopérants, j’ordonnais le débarquement armes à la ceinture. Ma sœur était restée dans sa cabine et nous rejoindrait lorsque j’aurai « fait coutume » avec les petits chefs m’assurant ainsi leur accueil chaleureux.
Des saveurs inconnues chatouillaient agréablement mes narines.
J’avais l’habitude de négocier mais cette fois-là, je ne sais ce qui me prit, la fatigue, l’absence de nourriture, le nez un peu trop rouge de l’homme au faciès gras et au rictus agressif qui se prétendait maître de l’île mais en une demi seconde, il me sembla clair que nous ne sortirions pas vivant de cette aventure : un simple signe de reconnaissance et tous mes hommes se lancèrent à l’assaut. Les armes rudimentaires de nos adversaires firent beaucoup trop de victimes parmi les miens. Je frappais en aveugle, tout en reculant pas à pas en direction de la barque que deux de mes hommes avaient déjà mise à flot.
Nous en sortîmes … mais pas vainqueur : 10 de mes hommes avaient péri et nous repartions encore le ventre vide.

- pas question de se laisser faire dis-je aux hommes abattus. Nous allons attendre la nuit et battrons du canon pour détourner l’attention. Nous attaquerons les réserves de nourriture. Et demain, foi de capitaine, nous ferons tous bombance autour d’un plat de roi.
- Ouaih, ouaih, vive le capitaine..

Mes hommes avaient retrouvé courage : j’étais bien moins sûr, moi, de la réussite de notre future escapade mais tout valait mieux en fait que de périr de faim…

- allez hop, les hommes de garde à leur poste et les autres en chambrée car la nuit sera courte.

Je me réveillais en sueur et le corps encore douloureux, l’estomac dans les talons. Je jetais un œil sur l’horloge : mon dieu, 7 heures du matin ! J’étais diablement en retard : quelle idée aussi d’avoir lu jusqu’à 3 heures du matin. Nouvelle Calédonie ou pas, me voilà dans de beaux draps.

Pascale pour le 22 octobre 2007.





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 22/10/2007 à 18:36

CHRISTIANE L. *

22/10/2007


PLAISIR: paix, pourtant, lagune, louange, arme, actuel, ici, île, saveur, sœur, iriser, immense, rouge, rapide ;

Jokers : joie, goût, habitude






Quel plaisir j’éprouve à regarder ces photos prises lors de notre voyage aux USA et quand j’ajoute un fond musical des grands canyons, une paix m’envahit surtout devant ces images de grands espaces et de plaines infinies.
Pourtant, une ville comme LAS VEGAS ne stresse un peu, le jeu et l’argent règne partout 24 heures sur 24, on peut y admirer tout de même cette reconstitution somptueuse des principales richesses monumentales des divers pays du monde.
Je passe vite pour revenir aux lagunes de Lake Powel d’un bleu profond devenant miroir des falaises de grès rouges et ocre qui les surplombent. Tous ces contrastes d’ombre et de couleur forment un oasis enchanteur que nous apprécions encore plus lors au cours de notre survol.
Pour terminer, j’adresse des louanges aux organisateurs qui ont pensé, étudié et testé dans les moindres détails ce déplacement pour nous montrer le plus beau, le plus spectaculaire et le plus curieux, le tout dans un grand confort et une parfaite harmonie.
De notre côté, nous avons apporté notre bonne humeur, notre gaîté et la meilleure arme pour vaincre la monotonie des longs déplacements était le chant, ce qui donnait une sacré ambiance dans le bus, les landais ne sont pas triste !
Actuellement, après deux semaines du retour, dans ma tête, c’est toujours le bonheur, j’ai beau être ici, quelque chose en moi est resté là-bas. Dans mon courrier, je reçois de nombres propositions de voyages pour passer l’hiver au soleil, notamment des séjours dans des îles paradisiaques ; rien n’accroche, je garde encore la saveur de ce vécu, tout nouveau pour moi, mais si intense. Je pense aussi à ma sœur qui n’a pu m’accompagner et qui regrette d’autant plus cet empêchement en découvrant ce reportage et mon enthousiasme, combien de fois a-t-elle entendu de ma bouche le mot «immense » et même plus « tout est XXL » !
Cette joie que je communique ne peut que donner le goût de repartir.

Christiane L. pour le 22 octobre 2007.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 22/10/2007 à 18:34