CHRISTIANE L. *

Vous ouvrez une boîte et vous y trouvez plusieurs objets, vous en choisissez un et vous l’amenez, considérez cet objet, où vous emporte-t-il ?, lieu, émotion, temps…




Lorsque j’ai ouvert cette vieille boîte rangée dans un coin du grenier, c’est comme si j’avais ouvert la boîte à souvenirs et parmi tous ces objets, c’est cette grande clé qui m’a le plus « parlé » Mais pourquoi l’avoir gardée ?
Lorsque nous avons quitté la maison de notre enfance, nous devions remettre la clé après avoir tout vidé et je la retrouve parmi ces souvenirs. Je crois comprendre que ce départ était un tel déchirement pour moi que j’avais emporté ce précieux sésame avec moi pour me dire que ce n’était pas définitif, que je reviendrai….
Et j’y suis revenue, dans mes rêves, il ne se passait pas une nuit où toutes les scènes que je vivais se situaient là-bas, dans cette maison au fond de la forêt ; les réveils étaient parfois difficiles, il fallait bien me remettre dans le temps présent, me situer dans ma nouvelle demeure que je n’arrivais pas à apprivoiser, à aimer. J’ai même reconstitué mon environnement à l’identique pour être moins dépaysée !
(changement d’objet, passage de celui de ma voisine)
Et c’est ainsi que j’ai mis en évidence un coquillage, pour me rappeler que j’étais près de la mer, oh, bien sûr je n’y allais pas souvent, les moyens de transport étaient difficiles, mais le bruit de cette mer, le soir, m’était familier surtout quand elle « grondait » et annonçait le mauvais temps, simplement parce que le vent venait de l’ouest et nous amenait les nuages et la pluie. Chaque signe avait son importance et guidait notre quotidien. C’était notre météo à nous avec ses imperfections mais aussi sa justesse.
Depuis, la sortie à la plage est devenue une banalité, mais j’apprécie toujours les grandes promenades au bord de l’océan surtout lorsque les vagues sont bien fortes et qu’elles claquent sur le sable.
Et je ne manque pas de ramasser les beaux coquillages, j’en ai toute une collection !


Christiane L. jeu du 19 novembre 2007




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 20/11/2007 à 20:16

LILY *

19/11/2007

MOTS A INSERER

ECRIRE : écarquiller, écoute, couleur, cadre, rien, route, indécent, innocent, retour, roulotte, euphorbe, exclusion.
JOKERS : ligne, fin, si.




Lettre à un innocent.

Si je t’écris c’est que, en regardant les infos à la télé, j'ai soudain sursauté et écarquillé les yeux en te reconnaissant. Alors j'écoute le reportage!
J’apprends que tu vis dans l'exclusion habitant une roulotte. Je suis ébahie, parce que je t’ai connu vivant dans l'opulence, du temps où nous avions 20 ans, chez tes parents ou rien ne t’était refusé, dans un cadre riche de couleur puisque exotique du sol au plafond avec des plantes, des fleurs de toute beauté comme les orchidées, les euphores etc...
Je me rappelle, il y avait même un perroquet tu te souviens ? Il ne disait que les paroles indécentes que tu lui apprenais ! Tes parents étaient furieux!

C'est vrai que tu étais un peu fou, intrépide, instable mais, on disait : il faut que jeunesse se passe, il s'assagira avec le temps... Le temps a passé, nous sommes perdus de vue.
Je comprends maintenant pourquoi tu as pris la route dans une roulotte, afin de vivre libre car j'ai compris que tu te sentais prisonnier chez tes parents.
Mais qu’as-tu fait de ta liberté ? Que se passe-t-il ? Que te reproche-t-on ?
Tu as quitté la ligne droite que t’ont montrée ton père et ta mère, tu en vois la fin avec le début des remords, les interrogatoires, les humiliations.
Il est dit que tu allais de ville en ville, attiré par les adolescents, les invitant dans ta roulotte… dans quel but ? Voilà ce n'est pas encore éclairci.
Si l'on me permet de te rencontrer je viendrai aussitôt. Tu me raconteras tout.
Je suis sûre que tu es innocent. Ces jeunes t’apportaient sans doute la gaîté, la joie, une franche camaraderie que tu recherchais, tout ce qui te manquait sûrement dans ta nouvelle vie.
Soit courageux mon ami, un bon avocat saura prouver ton innocence, j'y crois de toutes mes forces.
Les nuages gris dans le ciel bleu s'éloigneront, tu retrouveras un peu plus de sagesse et la sérénité pour suivre cette fois le bon chemin.
Sois certain que j'attends ton retour car je ne veux plus te perdre.

Lily pour le 12 novembre 2007.







Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 19/11/2007 à 18:26

PASCALE *****

19/11/2007

Mots à insérer

JOURNEE : journal, jalousie, or, ouverture, unique, uniforme, rêve, raillerie, nuit, naturel, ébahie, élégant, étoile, euh.

JOKER : rire, facile, pur.


Journal...



Une journée. Vingt quatre heures si l’on compte la nuit. Jour. Nuit. Elle ne voit plus clair. N’a plus la notion du temps. Elle lutte. Contre les heures qui l’amènent plus près d’un désespoir pire encore. Contre l’étau qui enserre son cœur, son âme, son énergie, ficelés jusqu’à ne plus être. Le journal qui repose sur la table la nargue et la jalousie s’empare d’elle au point qu’elle ne sait plus si on est hier, aujourd’hui, demain ou tout à l’heure… depuis combien de temps est-elle là, figée comme une statue ? Elle l’ignore…
Or, si l’on considère les reliefs de son dernier repas, cela fait un sacré bout de temps !
Dès l’ouverture de la page centrale, l’unique idée qu’elle eut et qu’elle continue d’explorer fut (et cela demeure) d’aller « lui faire la peau ». Ce monstre en uniforme, elle ne pouvait l’avoir aimé un jour ! Elle rêvait. C’est cela. Elle cauchemardait même. Le sourire railleur, il semblait la narguer au-delà de l’objectif et du papier froissé. La nuit rendait naturellement les événements plus oppressants encore mais l’air ébahie et devant l’élégance innée de l’homme sur la photo, elle s’empara d’un gros marqueur et dessina un marteau qui vint vite s’écraser sur la tête du malotru. Au dessus elle dessina autant d’étoiles que de coups qu’elle aurait aimé lui porter. Puis elle partit d’un grand éclat de rire en voyant le résultat final. Euh, c’était facile finalement. Au moyen du feutre, elle gribouilla toute la surface de l’article et comme si cela ne suffisait pas, elle le termina aux ciseaux…
Elle exorcisa sa peine en découpant la page en mille morceaux puis en la brûlant précautionneusement dans l’évier, morceau par morceau regardant s’évanouir ses regrets, sa colère, ses idées de pureté aussi mais tant pis, dans de souveraines volutes de fumée grises.
Oui. C’était facile finalement. Les cendres disparurent en un clin d’œil dans le tourbillon d’une bonde d’évier elle-même survoltée. Fin de l’histoire. En route pour de nouvelles aventures…


Pascale Martin-Debève pour le 19 novembre 2007.






Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 19/11/2007 à 18:24

FRANCOISE C.*

19/11/2007

Mots à insérer

JOURNEE : journal, jalousie, or, ouverture, unique, uniforme, rêve, raillerie, nuit, naturel, ébahie, élégant, étoile, euh.

JOKER : rire, facile, pur.




Médecin de campagne


Il est trop tôt pour le journal. Quand le téléphone a sonné pour la troisième fois en cette nuit de garde, un rêve l'agitait, si semblable à la scène de la semaine dernière que le temps se contracta et bascula plusieurs fois de l'imaginaire à la réalité en une spirale qui lui donna le tournis. Il y était question de jalousie. Martine les avait surpris, Nini et lui, et persiflait: « Tu n'es pas très élégant! cette fille dans votre lit de garde, portes ouvertes, je me suis arrêtée; qu'avait-il pu se passer? pas de voiture, la veilleuse tremblotante du fond du couloir visible de la route; quel appel avait pu te mobiliser ainsi, laissant le cabinet ouvert à tous vents? » Et sur un ton de raillerie mordante: « La voiture planquée, et vous, vous... n'importe qui aurait pu arriver à ma place! »
Vlan! elle flambe la porte pour la fermer avec le plus de violence possible.
Driiing! Ebahi, il ne sait plus ce qui le sonne.
La sonnerie insiste.
Il décroche en enfilant son unique pantoufle et tandis que son pied tâtonne à la recherche de l'autre.
-euh! Docteur Martin, j'écoute...
-.......
-oui, vous avez donc bien donné l'unique prise...
-........
-non, l'effet aurait du se faire sentir en une demi-journée....si, si vous avez fait ce matin tout ce que vous aviez à faire, or, les symptômes persistent, vous les décrivez très bien...l'attitude du petit, son inquiétude, la vôtre....j'arrive.
Les étoiles brillent encore dans le ciel apuré par la petite gelée de la nuit. Il fait si clair dans le douillet de la véranda. Toutes les ouvertures mettent le jardin à portée de main; derrière, les premiers contreforts des Corbières se détachent sombres et encore indifférenciés dans cette aube bleutée, si présents qu'il pourrait s'y croire immergé. Pourtant, rien d'uniforme dans ce décor qui organise sa vie. Jamais, il ne pourrait aller vivre ailleurs.
Il vérifie le contenu de sa trousse de médicaments, le répertoire des adresses des médecins hospitaliers ou spécialistes et divers secours d'urgence. Il n'oublie pas la liste des visites de la journée: celle, incontournable à James dont l'appareil respiratoire complexe doit être vérifié deux fois par jour, mamie Julienne et ses plaies variqueuses qui ne cicatrisent pas, le bébé des Camlat, en couveuse: il faut préparer son arrivée chez lui, la petite Isabelle et son taux d'insuline, chez Bétous, les résultats de Roger et la mise en place de soins plus lourds...un ami qui va mourir, une épouse aux aguets.... inquiétude camouflée sous les protocoles à expliquer.
Puisque la tournée le permet,il prendra son petit déjeuner à Terre Blanche avec Eric et Gisèle et commandera le « Vieux Parc » à amener à Dax, le mois prochain. Chez eux,un moment de détente et de rire...plus facile de repartir, énergie ressourcée.
Il met le contact, laisse chauffer la voiture et revient dans la véranda. du café réchauffé, c'est tout ce qu'il a le temps d'avaler; pur arabica peut-être, le café de micro-ondes ne vaut jamais grand chose. Il ne peut s'empêcher de sourire au souvenir de Nini lui préparant un vrai petit noir serré après leur nuit digne des époques estudiantines. Et comment apaiser Martine quand nul remord ne l'habite?
Il n'est pas temps de penser à cela; la première visite pourrait bien être difficile et la journée déjà chargée réclame toute son attention. Il ferme la porte du cabinet, enclenche la marche arrière et se concentre déjà sur les complications de la grave bronchiolite de son premier petit patient.


Françoise, Capbreton novembre 2007

Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 19/11/2007 à 18:22

FRANCOISE C.*

Se laisser aller à ses souvenirs devant deux petits tas d'épices distribués en deux temps (d'abord herbes de Provence puis Curry)


Senteurs blues

Origan, ouragan...Quel ouragan? Laisse, le voilà déjà cyclone et moi, pétrifiée dans le calme absolu de son oeil. Je crois ne plus pouvoir bouger pourtant les éclats verts dansent dans le tourbillon de la nuée, bronze, kaki mais aussi plus blancs ou presque bruns.
Je ne bouge plus mais mon odorat s'ouvre , s'aiguise,semble s'élever jusqu'aux éclats dansants, et revenir en piqué pour emplir totalement mon nez, descendre jusqu'au fond de ma gorge, remonter, envahir mon palais, agacer mes dents et presque brasiller jusqu'à mes yeux. Immobile et pourtant emportée.
Emportée par le souvenir de tes yeux, par les éclats changeants du vert de tes prunelles. Quelque autre les disait noisette mais confondre un fruit sec et la gamme subtile d'une épice, quelle pauvreté du regard, quel affadissement de la sensation. Tant mieux, la palette infinie de l'iris de tes yeux, plus sombres dans la colère, si clairs dans le soleil et la joie partagée, amande quand le désir les voile, pistache quand le le plaisir les rend éclatants, ne sera qu'à moi, à nous.
Safran, Azafràn, sur la route de Séville, les champs de crocus. Les ouvriers agricoles s'échinent sous un soleil si violent que la plaine entière semble mauve. Et toi, d'ordinaire si proche de tous les opprimés, prêt à brandir quelque bannière noire, ce n'est pas la jeune femme au fichu noir qui t'attire au détour du champ. Pourtant la sueur a marqué de sale son visage émacié. Comment réussit-elle à rester aussi immobile et à mimer appel et offre dans une même attitude qui nous invite, non, plutôt nous contraint à nous approcher d'elle? Tu dévores des yeux la poudre de ce jaune éteint tirant sur un brique sans rouge qui n'appartient qu'à elle. Elle forme une petite pyramide sur le jupon rapiécé. Cette poudre, tu la veux. La jeune femme prend soin de ne laisser échapper aucune parcelle de la précieuse poussière, elle sait la valeur inestimable de son butin. Tu acceptes sans sourciller le prix à payer pour les quelques grammes de safran.
Nous ne le ramènerons à personne. Le soir, tu verseras doucement la poussière jaune sous mon nombril et elle égarera ton visage pour ce moment de notre histoire dont je ne dirai rien.

Françoise, Jeu du 12 novembre 2007.

Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 18/11/2007 à 15:19

PASCALE *****


Devant quelques grammes d'épices (deux sortes distribuées à deux moments différents) laissez-vous aller aux souvenirs évoqués...




Quelques grains éparpillés ici ou là comme des grains de sable venus gripper une machine pourtant bien rodée et résistante. Miettes rassemblées du bout des doigts dans l’espoir de rassembler, du même coup, quelques idées cohérentes.
Mais rien n’y fait. Au moindre souffle, une simple respiration, un soupir un peu trop appuyé sur le papier, si je n’y prends garde, le petit tas se défera et se répandra de nouveau…
J’ai beau connaître la nature exacte de cette poussière et de ces brins d’herbe, ce sont toujours les mêmes images qui s’imposent à mon esprit. Je vois le sable. Je vois la mer. Je la sens. J’hume l’air du large. Puis je cueille une branche de thym qui traîne le long des dunes. J’avance tout en égrenant la fleur. La mer s’est retirée sans bruit. De mes pieds nus j’effleure la vase puis, avec autant de frissons de délices que de dégoût, je regarde le sable mouillé se faufiler entre mes doigts de pieds, tentant de s’emparer aussi de mon âme…
Je reviens aux herbes broyées. Dans ma main le thym se le dispute à la sauge, au laurier et je marche maintenant et avec précaution le long du chemin sablonneux mais parsemé de « piquants » qui m’amènera à la « mielle ». Mielle qui fut la nôtre. Un champ de carottes recouvert d’herbes sèches puis, au fil des années, un petit paradis boisé et si plein de l’écho de nos rires d’enfants.
La mer recule. Moi aussi. Je connais la dangerosité des petits récifs qui affleure à la surface de l’eau, jouant avec le soleil jusqu’à paraître inoffensifs. Je recule. Rejoint le temps, le lieu, l’instant, la pointe de mon stylo, les vôtres…
L’heure a sonné me semble-t-il. Je ramasse une poignée de sable. Il est à cet endroit plus ocre et plus fin aussi. Je compte le temps qu’il me reste.
Je le laisse filer entre mes doigts. Le sable ne sent rien. Mais il est si doux au toucher. Lorsqu’il est sec vous pouvez bien vous rouler dedans jusqu’à n’en plus pouvoir, vous ne vous salirez jamais…
De retour « au terrain » je sens l’odeur du bois qui brûle. Quelques grillons accompagnent mon cheminement se faisant naturellement plus discret lorsque mon désir de solitude devient plus vif. Papa prépare le barbecue. Je sens gronder mon estomac. A moins que ce ne soit mes larmes.
Aie. Une épine plus hardie que d’autres vient de titiller mon humeur. Voilà ce que c’est que d’avancer sans vraiment regarder ou l’on va, se moque ma conscience.
Je la fais taire elle aussi.
De la branche de thym il ne reste que la tige, triste et nue.
Je la jette au loin regrettant soudain mon acharnement contre elle. Elle aurait pu mourir de sa belle mort, allongée contre un délicieux rôti…
Je ne retrouve pas le portail. J’ai du rêver. Le terrain existe-il vraiment ? Encore ?

Ce soir nous irons dîner chez l’indien. Pour fêter le non événement.

Je suis jalouse. Jalouse d’un futur que je ne connaîtrais pas. D’autres enfants que les nôtres joueront bientôt dans la cabane perchée en haut du plus gros des sapins.

Puis je m’en réjouis enfin : car personne ne pourra jamais nous ravir nos souvenirs.

Pascale Martin-Debève jeu du 12 novembre 2007.





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 18/11/2007 à 15:12

M-FRANCE *****

13/11/2007


Mots à insérer

PLAISIR : paix, pourtant, lagune, louange,arme , actuel, ici, île, saveur, sœur, irisé, immense, rouge, rapide.
Jokers : joie, goût, habitude


Titre

Il ne faut jurer de rien

C’est décidé, c’est pour aujourd’hui, 20h45. Vais-je y prendre du plaisir ? j’en doute. Ce soir, mon salon ne sera plus ce havre de paix où je me réfugie, apaisée par une douce musique. Moi qui voulais écouter « Hymne à la joie »
Ma sœur et ses amis sont arrivés à leur fin. Leurs arguments tour à tour moqueurs, persuasifs ou enjôleurs, avancés d’une voix suave, m’ont presque convaincue que pour ne pas mourir idiote, je devais m’associer à la frénésie actuelle et consacrer ma soirée au dernier match de la coupe du monde de rugby. C’est donc dans mes canapés et fauteuils qu’une bande d’excités viendra hurler après trente malheureux garçons qui se disputent un ballon même pas rond.
En ce moment, il est difficile d’échapper à l’ambiance rugby. Les rugbymen sont au goût du jour, ils font la une des journaux, pourtant il me semble qu’il y a des sujets d’actualité plus brûlante. Après une victoire ce sont des Dieux, on les couvre de louanges ; Demain, ils perdront. et ne vaudront plus rien. On oublie que ce ne sont que des hommes. Des hommes dont le visage, après les coups reçus dans les mêlées n’a rien de séduisant. Leurs oreilles rouges et déformées, leurs yeux, pas épargnés non plus qui au fil des jours montreront des paupières irisées, n’ont rien pour me plaire. Quelle saveur trouve-t-il à ce sang qui coule de leur nez éclaté jusque dans leur bouche ?
Pour apprécier un match, peut-être faut-il oublier les hommes, et ne voir que des machines à gagner. Dans leur immense désir de plaire à leurs supporters et de remporter la victoire, ils se transforment en arme de destruction pour leurs adversaires.
Assez philosophé. Je vais enfiler mon tee-shirt bleu lagune et m’intéresser au jeu. Le suit-on mieux d’ici, dans mon salon que dans les tribunes ?
Qui l’aurait cru, je me passionne pour les passes rapides, les drops réussis ; c’est moi qui crie le plus fort pour un essai marqué et transformé par les Bleus… Comme quoi, il ne faut jurer de rien.


Marie France pour le 8 octobre 2007.





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 13/11/2007 à 20:00

M-FRANCE *****

13/11/2007

Mots à insérer

Ecrire, écarquiller, écoute, couleur, cadre, rien route, indécent, innocent, retour, roulotte, euphorbe, exclusion
Jokers : ligne, fin , si



La maîtresse est grande ; elle sait écrire. Emerveillés les bambins regardent ce bâton blanc qui dans les doigts de Mademoiselle laisse présager des merveilles. Les yeux écarquillés, les petits suivent sur le tableau noir ces traces mystérieuses, ils les connaissent en tant que dessins, mais aujourd’hui, la maîtresse les appelle des lettres. Les enfants écoutent, passionnés, rien ne leur échappe. Ces signes servent donc à former les mots qu’ils utilisent tous les jours ? Quel plaisir d’être aussi savant, sans le savoir. La maîtresse et son aide, Martine, s’amusent discrètement de l’innocence des enfants, ce serait indécent de se moquer d’eux. La classe s’agite, tout le monde parle en même temps, aucune exclusion dans le groupe.
Pour le retour au calme, Mademoiselle propose de raconter une histoire, une histoire de gitans. Les petits élèves ne vont pas rester passifs pour autant. Martine apporte une grande image encadrée qui servira de support au conte. Déjà un enfant se précipite pour pointer du doigt la roulotte à l’arrêt près d’un fossé bordé d’euphorbes, un autre s’inquiète du cheval de couleur baie qui galope vers la route, et ainsi de dessin en dessin la classe enfantine accompagne dans son voyage cette famille de nomades.
Les petits aimeraient bien, eux aussi, cette vie « , mais comment on ferait pour l’école ? et pour apprendre à écrire et à lire ? maîtresse tu viendrais avec nous ? » . La jeune femme sourit devant la réaction des enfants. Elle est heureuse d’avoir éveillé leur intérêt tant pour la curiosité du monde extérieur que pour la connaissance des mots. Dans les jours qui suivront, les élèves, le crayon à la main, revivront cette histoire. Ils dessineront ce qui les a marqués, mais aussi ils apprendront à reconnaître les mots du texte et un peu plus tard, ils s’exerceront à les écrire. C’est ainsi que peu à peu ils intègreront le monde des « grands » de ceux qui savent lire et écrire. Mais peut-être que quand viendra l’heure des devoirs, certains regretteront ce temps où pour eux, l’essentiel était le jeu.


Marie France pour le 12 novembre 2007.








Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 13/11/2007 à 08:10

FRANCOISE C.*

12/11/2007


Mots à insérer :

ECRIRE: écarquiller,écoute- couleur, cadre- rien, route- indécent, innocent- retour, roulotte- euphorbe, exclusion (ou mot de la famille)
jokers: ligne- fin- si






Écrire


Écarquiller les yeux sur le monde environnant, les couleurs. Les sons, oui aussi... les odeurs, le toucher. Rien n'est innocent pour oser les mots, écouter leur sonorité, accepter ce qu'ils disent de nous.
Et puis retour en soi, au plus secret, au plus méconnu de nous-mêmes.
Voilà le premier mot écrit, puis un autre, une idée... Pas tout à fait la même, elle a déjà bougé. En route pour un texte, aucun thème indécent. Mais se poser un cadre, savoir ce qu'on veut dire et à qui l'adresser: dira-t-on l'importance de ce premier lecteur imaginaire et symbolique qui oblige à changer la voiture en roulotte, vous transforme en poète, en tribun, en jardinier spécialiste d'euphorbe.
Écrire tant de lignes qu'on se croit inspiré et puis, soudain, ce mot qui n'est jamais le juste, qui déforme votre expression ou exclu ce qu'il y a à dire, là, sur le bout de la langue. Qui serait lumineux mais qu'on n'écrira plus.

Françoise, Capbreton, novembre 2007







Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 12/11/2007 à 18:42

FRANCOISE C.*

Choisir une photo :
Pourquoi cette photo, quelles sont les émotions, odeurs, souvenirs liés à cette photo.


Jeu du 22 octobre 2007...
Au moulin

Des bouteilles, des assiettes et des verres rustiques, un cadre somptueux, un groupe d'amis que la vie a éloignés les uns des autres, que la mort a frappés. Comment chacun a-t-il puisé dans ces moments la force de rebondir? Dans la solitude, les réponses se tissent.
Savez-vous qu'un grand-père meunier vous donne des exigences de respect de la vie agricole, de nourrit ures saines, d'amour de l'eau, de la nature, du partage? Savez-vous que la rencontre de deux chroniqueurs taurins de renom vous permet d'aimer le spectacle de la corrida que les non-initiés traiteront de violente? Savez-vous que les hiérarchies sociales ne représentent plus rien quand il s'agit de vivre ensemble une semaine, de partager tâches ménagères, élaboration des menus, et tenue des fourneaux, puis départ joyeux pour la fête, farandoles, chants et comptoirs de bar en tous genres; et que dire de la douceur des levers de soleil sur les étangs, des lentes promenades en barque ou des joutes en canoë qui basculent à l'eau jeunes et moins jeunes? Savez-vous que le ciel étoilé de Renung, loin des lumières de la ville est constellé de millions d'étoiles que jamais ailleurs on ne soupçonne ni à Capbreton, Hendaye ou Carcassonne, ni à Agen, Tarbes ou Paris?
Ce jour là, Françoise est à la cuisine. La patouille est restée au fond du placard. Aujourd'hui, l'ensemble des amis offre le repas aux propriétaires du moulin. Jean est allé choisir les foies de canard avec Guy, le voisin, chez sa fille Nadine. Guy tâte leur fermeté, la gauloise maïs au coin des lèvres. Jean rit mais c'est lui qui découpera les tranches, assez épaisses, les salera, les poivrera. Françoise attendra qu'il ai le dos tourné pour frotter les tranches d'un des plats d'armagnac et les couvrira vite d'un torchon. Malgré le Ricard et la gauloise, il garde un nez redoutable.
Melons à la tranche luisante, odorants, cueillis mûrs à Lectoure par ceux d'Agen, accompagnés du jambon entamé pour l'occasion. Chacun, chacune est venu humer la graisse d'un blanc brillant, la chair souple du jambon conservé sous la cendre. Quelqu'un chipe la toute petite tranche du coup de couteau dérapé mais ne fera aucun commentaire.
La table est mise sous la terrasse, le grand saule traîne ses branches et bloque les canoës. Les places à table ne sont pas immuables: tourner le dos à l'étang est un crève-coeur mais demain, les convives changeront de place sur les bancs. Les assiettes ont été mises au chaud, on ne plaisante pas avec le service sous prétexte qu'il fait beau et que la terrasse est le meilleur endroit.
- Vous mangerez dès que l'assiette sera posée devant vous, on n'attend pas. répète Françoise depuis des années. Elle n'a pas enlevé le tablier qui drape la tenue festive.
- Je n'ai pas perdu la main, assure-t-elle en rendant à Jean-Pierre son regard satisfait. Mais l'an dernier, les cèpes du petit bois complétaient bien le plat!
Jean savoure, concentré sur son assiette. Remarquez comme il est attentif à ce qui s'échange, là, tout à côté de lui. Son regard est fixé sur son assiette, pourtant, ce qu'il voit, c'est son ami et son épouse tout à côté de lui. Il sait qu'elle va poser sa main droite sur son épaule à lui en un geste possessif et tranquille et que le sourire plein de gaieté adressé à Jean- Pierre se voilera, pour lui, de douceur et de connivence.
La paille du canotier s'est craquelée, les cheveux bruns ont blanchis et Jean ne mangera plus jamais dans l'assiette blanche mais la surface de l'étang reflète les grands arbres et le ciel d'un bleu estival ; ils donnent une idée d'immuable.

Françoise, Capbreton, octobre 2007






Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 12/11/2007 à 18:41