Origine et légendes
Puissance du désir qui dévore les hommes, l'Atharva-Veda l'identifie à Agni le dieu du feu. D'après les Brâhmanes, il est à la source de la création de l'univers, car il aurait instillé à Brahmâ le désir de ne pas être seul.
À l'origine, Kâma était un être d'une irrésistible beauté, créé par les dieux afin d'obliger Shiva à sortir de son ascèse pour épouser Pârvatî. Il se rendit donc en compagnie du Printemps et de son épouse, sur le mont Kailāsa (Kailash) afin de distraire celui-ci. Il décocha au dieu une de ses flèches mais Shiva, furieux, ouvrit son troisième œil, celui de la destruction, et réduisit Kâma en cendres.
Cette destruction par Shiva, faisant de lui un dieu sans corps, lui fait parfois porter le nom d'Ananga, « sans corps ». L'épouse de Kâma ayant ému le dieu par ses pleurs, Shiva accorda à Kama le droit de renaître en tant que Pradyumna Kâma est vénéré par les yogis, car lui seul peut libérer du désir.
Iconographie du dieu Kama
Kâma est représenté comme un jeune homme à la peau noire, à deux ou huit bras, possédant un arc en canne à sucre dont la corde est une chaîne d'abeilles et cinq flèches de fleurs, lotus bleu, jasmin, fleur de manguier, champaka et shirîsha, qui représentent les cinq sens. Son vâhana ou véhicule est un perroquet et celui de son épouse, Ratî, un pigeon.
Kâma est le dieu de l’amour, du désir et de l’amour charnel. Pritî et Ratî, les déesses du désir et de la luxure, sont ses épouses. Le dieu du printemps, Vasanta, les Apsara et les Gandharva sont ses compagnons. Ils transportent son étendard sur lequel flotte son symbole, le makara.
Kâma utilise une tige de canne à sucre comme arc, et une ligne d’abeilles bourdonnantes comme corde de l’arc. Ses cinq flèches, composées de fleurs d’essences différentes, portent chacune un nom particulier.
Il chevauche un perroquet à travers les trois mondes. En décochant ses flèches faites de cinq fleurs alignées, il éveille les cinq sens, il charme et ensorcelle l’esprit avec des visions de beauté.
Mais l’on n’accorde pas de culte à Kâma. On l’identifie avec le principe du désir qui prend l’âme au piège du samsara. En fait, le Bouddhisme le nomme Mara, le démon, l’ennemi de tous les êtres illuminés.
Lorsque Kâma expédia son dard d’amour dans le cœur de Brahmâ, celui-ci fut si submergé de désir qu’il remua violemment les paisibles eaux cosmiques, mettant ainsi en branle le cycle de la vie.
Mais il commit la maladresse de décocher également son trait vers Shiva qui méditait continûment. Le trouble envahit le Grand Dieu qui s’enflamma de désir pour Pârvatî. Furieux d’avoir été interrompu dans sa méditation, Shiva réduisit Kâma en cendres par le seul pouvoir de son troisième œil.
C’est sans doute pourquoi on dit que Kâma ne possède pas de corps. Heureusement, l’épouse de Kâma, la belle Ratî, éperdue de douleur, vint implorer Shiva qui permit au dieu de l’amour de reprendre un autre corps.
Blessé par les traits de Kâma, l’homme gémit après les merveilles de l’existence, la beauté de la vie. Kâma excite l’artiste, inspire le poète. Il est le patron des Arts. Kâma aveugle les amoureux. Il conduit l’abeille à la fleur, l’homme à la femme, catalysant ainsi la création d’une nouvelle vie.
On le considère comme le fils de Lakshmî et de Vishnu. Fils de la déesse de l’opulence, il s’accompagne de la richesse et accorde lorsqu’il le veut bien, le luxe et le plaisir. Fils de Celui qui maintient le Monde, il fait que les gens sont attachés à la vie et totalement impliqués dans les affaires de ce monde.
D’autres légendes font renaître Kâma comme l’un des fils de Krishna, du nom de Pradyumna.
Le Rg Veda le dit supérieur aux autres dieux par la puissance. L’Atharva Veda l’assimile à Agni, le feu sacrificiel car le désir est aussi brûlant et dévorant que le feu. On le dit "né de Lui-même" (Swayambhu), mais dans le Taittiriya Brahmana, on précise qu’il est fils de Dharma (la Loi Cosmique) et de Shraddha (la Foi