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La Musique Carnatique

La Musique Carnatique

La "Musique carnatique", c'est la musique classique de l'Inde du sud, qui est différente de la musique hindoustanie, qui est la musique de l'Inde du Nord.
Comme vous le savez la musique indienne tire son origine des Vedas (4000 – 1000 avant J-C). Petit rappel : les védas, sont les textes les plus sacrés de l’Inde et contiennent un ensemble de poésies, d’invocations et de mythes sous la forme de chants adressés aux dieux (nous y avons fait souvent référence sur Couleur Indienne). C’est dans le Sama Veda que l’on retrouve les 7 notes qui forment l’octave, à l’intérieur de laquelle se trouvent les plus importants intervalles musicaux dans la musique indienne.

Au cours des siècles, grâce aux apports de savants tels que Bharata, Matanga, Sarangadeva et Venkatamakhi, cette musique continue à se perfectionner. Ensuite il y a eu une séparation géographique entre deux systèmes distincts, la musique de l’Inde du Sud (Carnatique) et celle du nord (Hindustani).

Cette séparation eut lieu suite aux invasions de l’Inde du Nord aux 12ème et 13ème siècles par les musulmans venus d’Asie Mineure afin de répandre l’Islam. La musique est, dès lors, dans cette région, très influencée par les styles persans et arabes, et devient ce qu'on appelle désormais la musique hindustani, comme nous l'avons vu dans l'article consacré à cette discipline.

Au Sud, la musique continue à se développer dans le sens de l’impulsion originale, sans aucune influence extérieure, et reste "musique carnatique" (ce qui signifie ancienne ou traditionnelle en tamoul). Bien que ces deux systèmes soient constitués des mêmes éléments fondamentaux, le style, l’approche et l’élaboration des formes donnent à chacune une couleur et des caractéristiques très distinctes.



Qu'est-ce que la Musique Carnatique


Après la période des Vedas (la période ancienne), l’histoire de la musique carnatique est suivie successivement par une période médiévale et une période moderne. Pendant la période médiévale, l’influence la plus déterminante vient du compositeur, Purandara Dasa (1484-1564),immortalisé par la tradition. Il contribue grandement au perfectionnement de la musique savante aussi bien qu’à celui de la musique sacrée. Par ailleurs, c’est grâce à lui qu’il existe aujourd’hui une approche systématique pour la formation des élèves de musique carnatique.

Le grand savant Venkatamakhi (17ème siècle) a vécu pendant la période moderne de la musique carnatique. Il est surtout célèbre pour sa contribution au perfectionnement du système de 72 échelles majeures (appelées mela karta) et de leurs dérivées (les janya ragas), d’ou viennent les milliers de ragas. L’âge d’or de la musique carnatique était sans aucun doute la période de la « trinité musicale » (sangeetha trimurti), avec les compositeurs Tyagaraja (1767-1847), Muttuswamy Dikshitar (1776-1827) et Shyama Sastri (1762-1827). Tous les trois sont nés à Tiruvarur, dans la région de Tanjore, berceau de la civilisation de l’Inde du Sud.

Formes de compositions et structure d’un concert carnatique


Le répertoire de la musique carnatique peut être divisé en plusieurs catégories : certaines formes sont réservées pour l’apprentissage et pour l’acquisition d’une maîtrise technique, alors que d’autres sont réservées pour les concerts. A l’origine, toutes ces compositions se concentraient sur la musique vocale et, par conséquent, elles comportent des textes qui sont pour la plupart dévotionnels. Par la suite, elles étaient jouées et interprétées sur divers instruments. Chaque composition est écrite dans un raga et correspond à un tala (voir l'article sur la musique indienne et la partie se rapportant au raga).

Un concert de musique carnatique commence très souvent par un varnam (sorte d'introduction), l’une des formes les plus importantes dans l’apprentissage de cette musique, car elle permet de démontrer la beauté du raga et elle peut également servir de guide dans les improvisations.

Après le varnam, le concertiste exécute plusieurs kritis. C’est grâce à Tyagaraja que cette forme de composition atteint le niveau de perfection connu aujourd’hui. Avant d’aborder le kriti, le musicien démarre souvent par un alapana (une improvisation libre sur le raga sans accompagnement rythmique); les kritis se prêtent également à d’autres techniques d’improvisations : le neraval (expansion et renouvellement d’une phrase tout en restant avec la même structure rythmique) et les kalpana-swaras (chaque passage de kalpana-swaras reprenant le même thème, souvent le début du kriti). Les kalpana swaras peuvent être d’une richesse et d’une complexité rythmique extraordinaire selon l’imagination de l’artiste.

L’Ensemble ragam, tanam, pallavi, exécuté en dernière partie du concert, demeure dans le domaine du manodharma (l’improvisation) car une seule phrase du pallavi est composée, le reste requiert une très grande maîtrise de la part du musicien. Le ragam est l’exposition détaillée du raga et le pallavi est l’élaboration dans des modes rythmiques d’une grande complexité. Dans le tanam, le musicien continue à improviser sans accompagnement rythmique mais il introduit un élément de pulsation. C’est dans cette partie du concert que l’artiste doit montrer tout ce qu’il possède dans les domaines de la créativité, de l’imagination, de la connaissance du raga pour arriver à faire ressortir la beauté et le sentiment particulier du raga ainsi que la maîtrise technique du tala.

Les autres formes de compositions viennent souvent à la fin du concert: les padams (très savantes et très belles traitant souvent de l’amour de Dieu, marquées par une grande qualité musicale), les javalis (compositions plus légères traitant des rapports humains et de la sensualité), les tillanas (compositions courtes, brillantes et légères, très utilisés dans les représentations de danse), les Tirupukazh (louange du Seigneur), écrits en tamoul par le saint-poète hindou Arunagirinadhar.

Les Instruments de musique de l’Inde du Sud


Vous trouverez dans le glossaire une liste assez exhaustive des principaux instruments de la musique indienne.

Ils sont de deux catégories : ceux qui sont mélodiques et ceux à fonction rythmique, les percussions.

Dans la première catégorie, il existe trois familles : les instruments à cordes, les instruments à vent et les instruments à soufflet.


Les instruments à cordes

La Vina
La Vina

Les instruments à cordes sont eux-mêmes divisés entre ceux qui sont à cordes pincées et ceux à cordes frottées.

Le Tanpura (bourdon), la Vina ou Veena (ou Saraswati vina) et le Gottuvadyam (Chitra vina) sont les instruments à cordes pincées, le violon est le plus populaire des instruments à cordes frottées.

Le Tanpura est un élément essentiel dans tous les concerts de musique, (vocale et instrumentale) aussi bien dans le nord que dans le sud. La vina, est emblématique de la musique carnatique, bien qu’on l’entende relativement peu, même en Inde. Elle reste cependant un instrument de la plus haute noblesse et d’une certaine élite. Le violon au son continu, est l’accompagnement mélodique obligatoire dans tout concert vocal. Il est aussi, grâce au jeu des musiciens tels que Lalgudi Jayaraman et L. Subramaniam, l’un des instruments solistes les plus importants dans la musique carnatique.

Les instruments à cordes occidentaux introduits récemment dans la musique carnatique incluent la guitare et la mandoline.


Les instruments à vent


Dans cette catégorie se trouvent la flûte, le nagaswaram, l’ottu, la clarinette et le saxophone.
La flûte est certainement l’instrument à vent le plus ancien; celle qui est le plus souvent utilisée dans le sud est la flûte de bambou, un instrument naturel sans pièce détachable !

Le nagaswaram, appartient à la famille des hautbois, un instrument à anche double, qui de par son volume sonore est utilisé dans les temples, au cours des processions, dans les festivals et pour des évènements joyeux, tels que les mariages.

L’ottu est un instrument qui sert de bourdon pour le nagaswaram.

Les clarinette et saxophone font partie des instruments introduits dans la musique carnatique dans le 20ème siècle par des musiciens tels A.K.C. Natarajan et Kadri Gopalnath.

Les instruments à soufflet
L’harmonium et le sruti box sont les deux instruments à soufflet, le premier ressemble à un orgue portatif, cet instrument est beaucoup plus populaire dans l’Inde du nord. Le sruti box est utilisé plutôt pour des répétitions pour fournir le bourdon.

Le jalatarangam (vagues d’eau)

Cet instrument composé de dix huit bols de porcelaine de tailles différentes ne correspond à aucune des catégories ci-dessus. Le volume d’eau contenu dans chaque bol détermine la hauteur du ton. L’instrumentiste frappe les bols avec deux petites baguettes de bambou. .


Les instruments à percussion

Le mridangam
Le mridangam

Dans cette catégorie se trouvent le mridangam, le kanjira, le ghatam, le moorsing et le tavil.

Le mridangam, un tambour à deux faces, en forme de baril fait en bois, est utilisé pour accompagner des concerts vocaux et instrumentaux ainsi que les représentations de danse.

Le kanjira est l’un des plus anciens instruments à percussion, utilisé en concert en seconde position par rapport au mridangam. Il rappelle le tambourin occidental, et il est fait d’un cadre de bois circulaire. Non-accordé, il est utilisé pour toutes les gammes de son.

Fait d’argile cuite, le ghatam est un pot de terre, sa taille et sa hauteur correspondant au ton. Il est également joué en position secondaire.
Le moorsing est le pendant de la guimbarde occidentale.
Le tavil est l’instrument de percussion principal du nagaswaram. En forme de baril, fait d’un bloc de bois massif, c’est un tambour à double face. La face gauche du tambour et frappé avec un gros bâton, produisant ainsi un volume sonore important. En position assise, le tavil est placé comme le mridangam entre les genoux du musicien mais lors des processions, les musiciens le suspendent autour du cou à l’aide d’une courroie.

Dans le prochain numéro de Couleur Indienne, je vous parlerai de la musique hindoustanie et vous présenterai les différents instruments de cette musique du nord de l'Inde.


http://www.madhurya.org/
autres références trouvées dans des livres...

Mardi 11 Octobre 2011
Madhurya/Shanti

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