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PHOTOS 2006/2007
RENE
16/06/2006
Jeu : écrire à partir d’un objet.
Par René suivi de Chantal (en italique)
Le Bougeoir.
Elle posa sa valise sur le lit, l’ouvrit et commença à chercher une place pour chacune de ses affaires. Elle prenait ainsi possession de son nouveau logement, comme on reconstituerait un nid pour une nouvelle phase de vie. Heureusement, son interlocuteur à l’agence avait été compréhensif et discret, comme s’il devinait ce passé difficile, cette plaie encore trop douloureuse -combien c’était vrai- et lui portait secours.
Les quelques vêtements, les chaussures -qu’une paire- la trousse de toilette, trouvèrent naturellement leur place. Elle prit alors un paquet informe, enveloppé d’une serviette dont elle écarta les pans et elle en sortit le bougeoir de cuivre. En le découvrant, elle resta figée, comme subjuguée, puis délicatement, comme si elle en craignait un sursaut, elle le dressa sur son pied dans un équilibre un peu mouvant, en laissant la serviette intercalée sur le dessus de lit. Des jeux de traits et de tâches de lumière et d’ombres subtils, venaient, dans la légère pénombre de la pièce, se poser sur les surfaces convexes, concaves, cylindriques du bougeoir qui en devenait magique et sacré comme un objet de culte. Elle restait à le regarder tant il lui avait manqué durant ces longs mois d’expiation. Il n’avait pas été une journée absent de ses pensées jusqu’au jour de sa libération. Et signe d’un destin à présent propice, il lui était maintenant revenu.
Il avait été son porte-malheur ou, du moins, avait fait partie de ce pourquoi Juliette s’étaient retrouvée aux Baumettes pour deux « petites » années avait dit le juge, une éternité pour cette jeune femme. Ce n’était pourtant pas un crime que de vouloir retrouver des souvenirs d’enfance qui vous ont été injustement volés… Elle pensait avoir droit aux circonstances atténuantes quand elle avait expliqué au juge qu’elle s’était réappropriée ce qui avait été dérobé à ses parents et grands-parents après leur départ pour Dachau et jamais rendu. Elle en avait dressé la liste et tant bien que mal, elle en avait retrouvé quelques-uns. N’ayant pas le moindre sous d’avance pour les racheter à des propriétaires trop heureux de leurs affaires faites le plus légalement et le plus injustement du monde, Juliette n’avait plus que la ressource du « vol ». Ma foi, on pourrait dire qu’elle avait même du talent à ce genre d’exercice…Mais voilà, il lui avait été plus facile de dissimuler certains bijoux ou autres petits objets peu encombrants que de sortir ce bougeoir du magasin d’antiquités...
A partir de cet instant où l'antiquaire appela la police, tout s'enchaîna très vite et défila comme un véritable cauchemar: la garde à vue, le transfert chez le juge, le procès ou visiblement son histoire dérangeait, puis le verdict et la peine qui firent d'elle une voleuse "comme les autres".
Pendant sa détention elle avait malgré tout gardé en mémoire le regard maternel et bienveillant de la greffière qui , seule, avait semblé lui dire combien elle la comprenait. Elles n'avaient échangé que des regards furtifs pendant le procès mais quelle ne fut pas sa surprise de se retrouver face à ce regard , là, dans la rue ,dès sa sortie de prison... Cette femme douce l'invita à la suivre jusqu'à sa voiture ...C'est alors là qu'elle lui présenta un cabas d'où elle dégagea, emmitouflé dans une serviette brodée, le bougeoir que Juliette avait dérobé...Celle-ci resta pétrifiée et essaya de balbutier quelques mots d'incompréhension... Madame Hermann, puisque tel était son nom, lui expliqua qu'elle s'était sentie à la fois impuissante et tellement touchée par l'histoire de Juliette qu'elle se préoccupa aussitôt de connaître la destination de l'objet pour en faire immédiatement l'acquisition afin de réparer l'injustice dont Juliette avait été la victime. Madame Hermann fit promettre à la jeune femme de ne jamais rien en dire à personne .
Non elle n'en dirait rien, mais comme il était encore plus cher à son cœur ce petit bougeoir de cuivre....
René et Chantal le 15 mai 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 16/06/2006 à 00:02
RENE
31/05/2006
Mots à insérer :
Défier : dompter doré élucider envol fierté feu indécis illusion entretien enlacer retour rire
Joker : fleur rouge joie
Drôle d’équipe
Le premier en compte six, deux fois six font douze, plus trois remplaçants, cela fait un défi à seize (plutôt à se défiler).
Drôle d’équipe aux penchants centripètes qui ne vaut pas pipette. Le capitaine plein de fierté, au lieu de les dompter, doit s’envoler,. Avec son beau stylo doré, le petit dopé se tient prêt à les enlacer. Les indécis, sans conviction, s’entretiennent de leurs illusions. Le pince sans rire, sans savoir pourquoi, joue le rabat-joie. Le gardien fête son retour. Toujours crâneur, il a mis ses chaussures rouges et son maillot à fleur.
A la fin, c’est malin, on mettra le feu pour élucider le jeu !
René pour le 29 mai 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 31/05/2006 à 22:22
RENE
26/05/2006
Écriture à partir d'un objet.
Cet objet est porteur d'une énigme. Si on l’observe avec suffisamment d'attention, il va révéler quelque chose de caché. Ce jeu se fera en deux temps.
1/ Premier temps : 15 minutes.
Chacun commence un texte : il écrit dans le but de prendre en compte cet objet, sans intention préconçue au départ, en lançant des pistes et sans se soucier de faire un texte abouti. Chacun écrit autour de cet objet, de ses usages, de rêveries, de supputations. Suspense en prime…
2/ Deuxième temps : idem
Au signal, transmettre son texte au voisin qui le poursuit pour résoudre énigme qui doit aboutir : il n’introduit plus de personnages, il resserre l’action et trouve la chute…
Pascale au départ (italique) et René à la fin .
Au début, cet oeil indiscret me faisait un peu peur. J’avais le sentiment qu’un étranger espionnait mon intérieur. Pourtant, il me fut offert par un proche. Nullement étranger. Bien au contraire. Je songeais, oui, Marie, à cet oeil de Moscou qui me permettait d'apprécier à sa juste valeur ma liberté d'expression et d'action. Je songeais à l’oeil de Dieu. Puisqu'il serait, dit-on, partout. Pourquoi pas là ? De lui, j’avais moins peur car je n’ignorais pas mes quelques défauts mais je savais aussi que je n'étais pas non plus l'enfant du diable.
Toutefois, même Dieu n'a pas besoin de tout savoir ! Enfin, je songeais que cet œil grand ouvert, même acheté dans un magasin bon marché, pouvait être celui de quelque marabout, voyant anonyme et indiscret, trouvant par ce biais l'occasion de nourrir ses soi-disant visions terrestres.
Mais je n'allais pas me laisser envahir par un banal objet de décoration. Je n'allais pas non plus m’en séparer, lui tourner le dos, car j'ai un gros défaut, je suis sentimentale et cet hologramme était chargé de beaucoup d'affection.
Il me fallait pourtant trouver une solution, une parade, afin que, sans l’ignorer, il ne me trouble plus. Ou moins en tout cas.
Je n'avais plus le temps de réfléchir plus avant ce jour-là. Dans trois minutes, j'avais rendez-vous avec des amis. Pour rien au monde je n'aurais failli à mon engagement. L'oeil attendra. Chargé de mystère, il pourra bien scruter ma pièce de vie : je file...
Pénélope était partie depuis près d’une demi-heure lorsque l’œil s’anima comme si un esprit l’animait et voulait s’échapper. La pupille se dilatait à en devenir grotesque, elle émettait un halo fluorescent d’intensité variable dont les couleurs glauques éclairaient la pièce d’ombres et de lumières de fin de monde. Ce devait être un esprit coléreux et même rageur car l’hologramme se mit à tressauter en entraînant des déplacements désordonnés.
De nouveau spasmes l’agitaient comme ceux d’un agonisant. Peu à peu, la fluorescence de l’œil décrut en virant au marron. Soudain, un sursaut le saisit qui le fit basculer sur le bord du meuble. L’esprit perçut subliminalement sa chute vertigineuse qui le fracassa sur le carrelage. Tout s’éteignit avec une dernière fumerolle de chandelle morte.
A deux mille kilomètre de là, le Marabout qui avait confectionné cet envoûtement –il avait été grassement rémunéré par Luisito, ex-amoureux débouté de Pénélope- ressentit un impact de flèche transperçant sa poitrine. IL sut que c’était la fin d’un de ses maléfices.
En rentrant chez moi -vers un heure du matin, Bulle m’accueillit en se frottant voluptueusement à mes jambes et en ronronnant bruyamment. Je me remémorai cette soirée un peu singulière marquée par la rencontre avec l’un de mes ex. . Pourquoi m’a-t-il entraînée un peu à l’écart pour me faire part de ses remords, s’excuser de son comportement et solliciter mon pardon. Je le lui ait accordé sans trop comprendre, je ne suis pas rancunière, puis nous avons repris place dans le groupe.
Tiens, ces morceaux de verre éparpillés, mais, qu’est-il advenu à mon hologramme ? Je n’ai pas ressenti de secousse tellurique, ce ne peut-être qu’une bêtise de plus de Bulle. Trois coups de balayette, pelle puis poubelle, affaire réglée. Qu’elle coincidence, c’était, j’y pense, un cadeau de Luisito. Pourquoi ais-je la sensation que ce soir une page se tourne ?
Comme l’air est vivifiant ! Je pense que je vais bien dormir en rêvant à des lendemains qui chantent. Bulle, comme épuisée par ses épanchement sommeille déjà sereinement lovée au coin du lit.
René et Pascale le 15 mai 2006.
Au début, cet oeil indiscret me faisait un peu peur. J’avais le sentiment qu’un étranger espionnait mon intérieur. Pourtant, il me fut offert par un proche. Nullement étranger. Bien au contraire. Je songeais, oui, Marie, à cet oeil de Moscou qui me permettait d'apprécier à sa juste valeur ma liberté d'expression et d'action. Je songeais à l’oeil de Dieu. Puisqu'il serait, dit-on, partout. Pourquoi pas là ? De lui, j’avais moins peur car je n’ignorais pas mes quelques défauts mais je savais aussi que je n'étais pas non plus l'enfant du diable.
Toutefois, même Dieu n'a pas besoin de tout savoir ! Enfin, je songeais que cet œil grand ouvert, même acheté dans un magasin bon marché, pouvait être celui de quelque marabout, voyant anonyme et indiscret, trouvant par ce biais l'occasion de nourrir ses soi-disant visions terrestres.
Mais je n'allais pas me laisser envahir par un banal objet de décoration. Je n'allais pas non plus m’en séparer, lui tourner le dos, car j'ai un gros défaut, je suis sentimentale et cet hologramme était chargé de beaucoup d'affection.
Il me fallait pourtant trouver une solution, une parade, afin que, sans l’ignorer, il ne me trouble plus. Ou moins en tout cas.
Je n'avais plus le temps de réfléchir plus avant ce jour-là. Dans trois minutes, j'avais rendez-vous avec des amis. Pour rien au monde je n'aurais failli à mon engagement. L'oeil attendra. Chargé de mystère, il pourra bien scruter ma pièce de vie : je file...
Pénélope était partie depuis près d’une demi-heure lorsque l’œil s’anima comme si un esprit l’animait et voulait s’échapper. La pupille se dilatait à en devenir grotesque, elle émettait un halo fluorescent d’intensité variable dont les couleurs glauques éclairaient la pièce d’ombres et de lumières de fin de monde. Ce devait être un esprit coléreux et même rageur car l’hologramme se mit à tressauter en entraînant des déplacements désordonnés.
De nouveau spasmes l’agitaient comme ceux d’un agonisant. Peu à peu, la fluorescence de l’œil décrut en virant au marron. Soudain, un sursaut le saisit qui le fit basculer sur le bord du meuble. L’esprit perçut subliminalement sa chute vertigineuse qui le fracassa sur le carrelage. Tout s’éteignit avec une dernière fumerolle de chandelle morte.
A deux mille kilomètre de là, le Marabout qui avait confectionné cet envoûtement –il avait été grassement rémunéré par Luisito, ex-amoureux débouté de Pénélope- ressentit un impact de flèche transperçant sa poitrine. IL sut que c’était la fin d’un de ses maléfices.
En rentrant chez moi -vers un heure du matin, Bulle m’accueillit en se frottant voluptueusement à mes jambes et en ronronnant bruyamment. Je me remémorai cette soirée un peu singulière marquée par la rencontre avec l’un de mes ex. . Pourquoi m’a-t-il entraînée un peu à l’écart pour me faire part de ses remords, s’excuser de son comportement et solliciter mon pardon. Je le lui ait accordé sans trop comprendre, je ne suis pas rancunière, puis nous avons repris place dans le groupe.
Tiens, ces morceaux de verre éparpillés, mais, qu’est-il advenu à mon hologramme ? Je n’ai pas ressenti de secousse tellurique, ce ne peut-être qu’une bêtise de plus de Bulle. Trois coups de balayette, pelle puis poubelle, affaire réglée. Qu’elle coincidence, c’était, j’y pense, un cadeau de Luisito. Pourquoi ais-je la sensation que ce soir une page se tourne ?
Comme l’air est vivifiant ! Je pense que je vais bien dormir en rêvant à des lendemains qui chantent. Bulle, comme épuisée par ses épanchement sommeille déjà sereinement lovée au coin du lit.
René et Pascale le 15 mai 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 26/05/2006 à 19:06
RENE
25/05/2006
Mots à insérer :
Cadeaux : chemin cuistre amnésie avantage dormir déesse (dantesque) enchanter éther alibi arrangement ultime unique
Jokers : doux ciel amour
J’allais mon chemin, le sac en bandoulière, toute guillerette dans ma toilette estivale, cadeau que je venais de me consentir. J’étais enchantée de ces achats : un pantalon fantaisie rehaussé de surpiqûres de fil rouge, avec un haut en tissus léger et très doux genre mousseline dans des tons rosés, imprimé de fleurs stylisées ; de sous le corsage plus clair et uni, partaient deux rubans qui venaient se nouer dans le dos. Coupe de cheveux réussie, chaussures printanières, dans l’ensemble, l’arrangement m’avantageait sans toutefois me transformer en déesse. Providentiellement, mes soucis d’ordre morphologique étaient oubliés (amnésie certes provisoire). Je savourais cet instant unique dans un éther de bien être.
Devant une porte, un groupe d’hommes, encore jeunes, m’apostropha. Je ne perçu pas sur le champ leurs propos plutôt crus et suggestifs. Leur cuistrerie me donna, paradoxalement, le sentiment d’exister aux yeux des autres. Mais, de là à en dégoter « un » de potable et un peu aimant ! En m’éloignant, je consentis un ultime sourire.
Je fus soudainement tirée de mon sommeil par l’orage dantesque qui venait d’éclater. Le ciel se déchaînait. Dans l’état un peu comateux qui suivit, j’eu du mal à me retrouver dans cette histoire à dormir debout. Etait-ce le rêve dont le souvenir s’estompait, l’orage dont le grondement s’éloignait ou bien un alibi pour écrire un papier ?
René pour le 22 mai 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 25/05/2006 à 15:09
RENE
18/05/2006
Mots à insérer :
Muguet : malaise manger urgent utile garage gai univers unisson élan ébloui timide tentation
Joker : blanc chant soleil
Tour de vélo
Après le repas –ils avaient mangé assez tard- ils tombèrent d’accord pour aller faire un tour de vélo. Depuis quelques jours, chaque fois que l’un ou l’autre vaquait au garage, il voyait sa propre monture à la peinture rutilante et au fin design sportif qui attendait son bon vouloir. Aujourd’hui, ils pourraient céder à la tentation car il n’était pas convenable en ce jour férié de s’atteler à quelque tâche dont l’urgence et l’utilité étaient relatives. Puis l’atmosphère extérieure invitait à l’évasion. Pas de temps maussade, juste le petit nuage blanc de service. L’ on sentait la douceur de l’air réchauffé par un soleil impatient. Pour sa part, la végétation qui, il n’y à pas si longtemps dépliait de petites feuilles froissées et timides, affichait un décor luxuriant égayé des chants d’oiseaux et rehaussé de fleurs chatoyantes.
Ils enfourchèrent leur vélo d’un même élan. Chacun pédalait selon son tempérament : son coup de pédale à elle était plus impulsif, lui moulinait un peu pour s’échauffer, il ne risquerait pas le malaise cardiaque. L’effort des muscles, un peu raides au départ, se fluidifia pour produire un petit train dynamique. Les rayons des roues jouaient leur kaléidoscope tandis que ceux du soleil défilaient leur cinéma, sans éblouir quiconque, au travers des frondaisons qui bordent la piste.
Il semblerait bien que les éléments de cet univers spatio-temporel se soient mis à l’unisson pour donner ces quelques moments, insignifiants à l’échelle cosmique, de détente et de plaisirs simples.
Si on cherchait un peu, il apparaîtrait aussi que le bouquet de muguet offert par N. y était pour quelque chose.
René.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 18/05/2006 à 18:52
RENE
26/04/2006
mots à insérer :
Vacances : vie voyage arrivée alentour caresse chemin actuel averse nature nougat corvée cousine estival espoir silence sentier
Jokers : cœur fleur rire rose
Moments perdus
Boire le dernier mazagran de café de la journée partagé avec sa compagne, qui, rituellement lui portait une friandise -c’était un nougat car les calissons étaient achevés depuis trois jours- lui ouvrait ces moments de vacance de la soirée, adossé à bonne distance du foyer pour capter sur ses reins les chaudes caresses des flammes et des charbons ardents, qu’il devrait garder avivés jusqu’au moment du coucher, en rassemblant du bout des pincettes les morceaux de bois à demi consumés qui s’écartaient, en rajoutant des bûches, en donnant du soufflet, et en attisant le feu par jeu dans un jaillissement rougeoyant d’étincelles.
Sous la température quasiment estivale, qui avait vite succédé à une courte averse matinale, la journée avait été rude, consacrée à couper et à débiter des troncs et des branches de chêne, de noisetier, de prunellier, d’aubépine, qui s’étaient établis d’année en année aux alentours de la ligne de téléphone, irrésistiblement attirés par la trouée de lumière du chemin. A cause de la fatigue et en dépit de sa curiosité naturelle pour l’actualité locale, la lecture du journal ne le retint qu’un instant, son esprit se fixant de manière obsessionnelle sur ses préoccupations du moment : ce voyage à organiser pour lequel aucune date ne convenait, ce travail -que personne ne lui avait demandé- bloqué par des problèmes de reprographie, cette histoire dans laquelle il s’était un peu naïvement engagé, les fleurs des potées à planter et le jardin qui attendait, etc.
Il pensait qu’il aurait pu s’épargner, avec un peu de discernement, voire un minimum de duplicité, beaucoup de ces corvées ou de ces complications, mais que c’était sans doute dans sa nature, sa façon d’être, peut-être en cohérence à ce qu’il se croyait si ce n’était simplement par bêtise ; il n’espérait guère évoluer malgré la satisfaction de choses -laborieusement- accomplies.
Arrivé à ce point, lassé de ses introspections, il prit, parmi les livres posés pêle-mêle sur la table ronde près de lui, le roman de Tim Morrison intitulé : « Le Cousin Indien » -qu’avait apporté sa fille- dont il suivit illico le héros « Chien Brun » sur un sentier du Michigan bordé de fourrés silencieux qui abritaient le nid d’un faucon rouge et une tanière d’ours.
René pour le 24 avril 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 26/04/2006 à 15:36
RENE
05/04/2006
Mots à insérer:
Pâques : parole pardon abandon abstrait quête qualité utile unisson essai escalier saveur saison
Joker : mer joie prière
Nantes le 3 avril 2006
Bonsoir V. B.
J’ai longtemps hésité à t’écrire, de crainte, pour tout te dire, de venir aviver le souvenir de peines de ta vie.
C’est que j’avais trop besoin de te « parler » alors qu’ approche un anniversaire qui n’est pas des plus joyeux : celui de ma première année d’hospitalisation. S’agissant d’anniversaire (celui du mois dernier), j’ai la joie de savourer chaque jour une des pastilles au cognac que tu m’avais offertes et ton petit mot d’accompagnement, que j’ai rangé dans le coin du tiroir, est mon meilleur compagnon.
J’ai changé quatre fois de Service, de Spécialiste, de personnel soignant et de traitement. Me voici à présent au dernier étage. J’ai fais connaissance de mes voisins et voisines avec leurs misères. Je peux vaquer dans le couloir, toutefois, l’escalier m’est défendu. Les aides soignantes me toilettent toujours à l’unisson, recto-verso comme un sou neuf. La qualité gustative de l’alimentation laisse encore à désirer, sauf celle des fruits de saison. Tu vois, ce n’est pas la mer à boire. Néanmoins, il m’arrive de fantasmer sur la tête de veau que tu aimais préparer, dans l’arrière bar, pour nos petites bouffes.
La grande nouvelle, c’est mon opération qui aura lieu après Pâques. Le docteur m’a expliqué, en tête à tête, qu’il s’agira d’une nouvelle technique d’emploi de thérapie génique. Son vocabulaire médical était pour moi bien abstrait. En fait, ce sera un essai. Je lui ai donné mon accord aussitôt, sans me faire prier. J’ai bien peu à perdre (et sans doute aussi, peu à gagner). Peut-être serais-je ainsi d’une petite utilité ?
Depuis que j’ai pris cette décision et signé les papiers -pour l’essentiel, une décharge de la responsabilité du docteur- je vis dans un état d’apaisement et de sérénité. Je crois que je me suis pardonné de ce que j’ai été, comme de ce que je n’ai su être. Ce n’est pas un abandon de l’envie de vivre, mais je suis libéré de ma quête existentielle. Non, je ne regrette rien.
Ma vielle branche, le vieux bois prêt à tomber te salue bien bas.
Petit supplément :
Nostalgie, nostalgie
Caboulot sans prétention
Miroir de nos déchéances
Des hommes sans condition
Le havre des complaisances.
René pour le 03 avril 2006
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 05/04/2006 à 10:03
RENE
28/03/2006
Mots à insérer : Changer : curiosité calice hantise humeur attention antérieur nuée nature goujat grelot garce envie écho retour rien
Joker : jaune sourire oiseau
Pour le 27 mars 2006
Changer : curiosité calice hantise humeur attention antérieur nuée nature goujat grelot garce envie écho retour rien
Joker : jaune sourire oiseau
Changer
Oh toi fier verbe changer
Digne de curiosité
Avance ton grand calice
Ses hosties à la hantise.
Contre qui est cette humeur
Amie faites attention
A ce futur antérieur
Attention à ces nuées.
Insondable Sa nature
Un génie triste goujat
La gardienne sans grelot
Une teigne cette garce.
Le choix parmi douze envies
En deviner les échos
Ce voyage sans retour
Qu’importe si pas pour rien.
Ce jour, pour couleur, le jaune
On vous voie un peu sourire
Couleur belle d’un oiseau
Si triste lorsqu’on soupire.
René pour le 27 mars 2006
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 28/03/2006 à 12:51
RENE
24/03/2006
Mots à insérer :
Volcans : velours vertige ouragan orage lumière lien cuir caprice antenne art nuit nirvana sensible silence. Joker : Peau douce an
Conte de Fées
Il était une fois, il y a plus de mille ans, un seigneur très puissant qui avait un bien mauvais caractère. Il s’appelait Arnaud de Monpalet (la graphie et la prononciation de l’époque ne sont pas garanties). Ses terres s’étendaient côté senestre du fleuve Garadour, jusqu’au grand Océan. A la frontière du Midi, se dressaient des volcans. Du plus haut d’entre eux, s’échappaient des fumées blanchâtres, tournoyant au gré de vents capricieux. On entendait de fort loin ses grondements d’orage et des laves sortaient du cratère en rougeoyant dans la nuit.
Arnaud avait auprès de lui un conseiller un peu bizarre qui s’appelait Sandurama. Il ne quittait jamais sa coiffe en tissu de velours, ornée de deux antennes noires qui s’enroulaient en colimaçon.
- Seigneur, quand tu deviendras assez sage, tu atteindras le nirvana – répétait-il souvent à son maître.
Mais il était bien avisé de ne point dire à Arnaud comment s’y prendre.
Arnaud, de plus en plus impatient se décida :
- Faites quérir toutes les fées de la contrée. Je donnerai un trésor d’or et d’émeraudes à celle qui saura me conduire au nirvana –
La fée Artémise se présenta en premier. Elle était belle: elle avait de longs cheveux dorés, un regard à donner le vertige, une peau aussi douce que sa robe de satin blanc, de petits pieds dans des chaussons de danse… Dans sa main droite, elle portait crayons, pinceaux, couleurs. Une lyre reposait sur son bras gauche, des oiseaux colorés voletaient autour de ses épaules en pépiant gaiement.
- Messire, vous allez commencer par le dessin, c’est le chemin - expliqua-t-elle à Arnaud.
Celui-ci se mit à crayonner , tout heureux de dessiner peu à peu le château au donjon crénelé de ses rêves.
Au dehors, un ouragan se déchaînait. Un éclair suivi d’un coup de tonnerre fit sursauter Arnaud. Sa main tremblante barbouilla involontairement son œuvre naissante. Fou de colère d’avoir montré sa crainte, il cria :
- Gardes, débarrassez-moi de cette incapable -
En moins de deux, la pauvre Artémise se vit prisonnière de liens de cuir, puis les gardes partirent vite la jeter dans les laves bouillonnantes du volcan. Elle disparut dans un jaillissement de lumières et de fumeroles d’un bel effet artistique. Adieu fée Artémise.
Il faut vous le dire, les liens de cuir sont les seuls capables d’entraver les fées, et quand Arnaud disait : « débarrassez…», vous l’avez compris, il voulait qu’on jette la personne dans le volcan.
Le lendemain, la fée Caramel se présenta à son tour affublée d’un tablier de cuisine qui moulait ses rondeurs.
- Vous allez déguster un de mes gâteaux qui vous mènera droit au nirvana – annonça-t-elle à Arnaud.
En deux coups de cuillère, elle confectionna le gâteau. Une véritable merveille, un mirage : c’était une Charlotte à l’ananas, mais en le regardant de côté , c’était un Délice meringué à la praline, en regardant au-dessus, une Forêt noire, en plissant les paupières, un Biscuit glacé à l’orange, en penchant la tête,… , et ainsi de suite. Arnaud se mit à manger, alternant une cuillerée de Charlotte, une de Délice, et une de Forêt,… Tant et si bien qu’au bout d’une heure son estomac se révolta. Dans un souffle on entendit :
- Gardes, débarrassez-moi de cette incapable -
Vous devinez la suite, la pauvre Caramel disparut dans les laves en dégageant une forte odeur de sucre caramélisé. Adieu fée Caramel.
Les nouvelles vont vite chez les fées, elles n’ont aucun besoin de téléphone. Plus aucune ne se laissa prendre au piège. Ma grand-mère m’a assuré, que depuis ces événements, elles se cachent toutes à la vue des hommes. Grand-mère m’a aussi confié un secret : une toute petite fée, discrète et très sensible, se cache encore dans un lieu paisible et silencieux : la source du village. Elle s’appellerait Fontenille. Mais ceci est une autre histoire…
Quant à Arnaud, plus personne ne sait ce qu’il advint de sa quête.
RENE
Il était une fois, il y a plus de mille ans, un seigneur très puissant qui avait un bien mauvais caractère. Il s’appelait Arnaud de Monpalet (la graphie et la prononciation de l’époque ne sont pas garanties). Ses terres s’étendaient côté senestre du fleuve Garadour, jusqu’au grand Océan. A la frontière du Midi, se dressaient des volcans. Du plus haut d’entre eux, s’échappaient des fumées blanchâtres, tournoyant au gré de vents capricieux. On entendait de fort loin ses grondements d’orage et des laves sortaient du cratère en rougeoyant dans la nuit.
Arnaud avait auprès de lui un conseiller un peu bizarre qui s’appelait Sandurama. Il ne quittait jamais sa coiffe en tissu de velours, ornée de deux antennes noires qui s’enroulaient en colimaçon.
- Seigneur, quand tu deviendras assez sage, tu atteindras le nirvana – répétait-il souvent à son maître.
Mais il était bien avisé de ne point dire à Arnaud comment s’y prendre.
Arnaud, de plus en plus impatient se décida :
- Faites quérir toutes les fées de la contrée. Je donnerai un trésor d’or et d’émeraudes à celle qui saura me conduire au nirvana –
La fée Artémise se présenta en premier. Elle était belle: elle avait de longs cheveux dorés, un regard à donner le vertige, une peau aussi douce que sa robe de satin blanc, de petits pieds dans des chaussons de danse… Dans sa main droite, elle portait crayons, pinceaux, couleurs. Une lyre reposait sur son bras gauche, des oiseaux colorés voletaient autour de ses épaules en pépiant gaiement.
- Messire, vous allez commencer par le dessin, c’est le chemin - expliqua-t-elle à Arnaud.
Celui-ci se mit à crayonner , tout heureux de dessiner peu à peu le château au donjon crénelé de ses rêves.
Au dehors, un ouragan se déchaînait. Un éclair suivi d’un coup de tonnerre fit sursauter Arnaud. Sa main tremblante barbouilla involontairement son œuvre naissante. Fou de colère d’avoir montré sa crainte, il cria :
- Gardes, débarrassez-moi de cette incapable -
En moins de deux, la pauvre Artémise se vit prisonnière de liens de cuir, puis les gardes partirent vite la jeter dans les laves bouillonnantes du volcan. Elle disparut dans un jaillissement de lumières et de fumeroles d’un bel effet artistique. Adieu fée Artémise.
Il faut vous le dire, les liens de cuir sont les seuls capables d’entraver les fées, et quand Arnaud disait : « débarrassez…», vous l’avez compris, il voulait qu’on jette la personne dans le volcan.
Le lendemain, la fée Caramel se présenta à son tour affublée d’un tablier de cuisine qui moulait ses rondeurs.
- Vous allez déguster un de mes gâteaux qui vous mènera droit au nirvana – annonça-t-elle à Arnaud.
En deux coups de cuillère, elle confectionna le gâteau. Une véritable merveille, un mirage : c’était une Charlotte à l’ananas, mais en le regardant de côté , c’était un Délice meringué à la praline, en regardant au-dessus, une Forêt noire, en plissant les paupières, un Biscuit glacé à l’orange, en penchant la tête,… , et ainsi de suite. Arnaud se mit à manger, alternant une cuillerée de Charlotte, une de Délice, et une de Forêt,… Tant et si bien qu’au bout d’une heure son estomac se révolta. Dans un souffle on entendit :
- Gardes, débarrassez-moi de cette incapable -
Vous devinez la suite, la pauvre Caramel disparut dans les laves en dégageant une forte odeur de sucre caramélisé. Adieu fée Caramel.
Les nouvelles vont vite chez les fées, elles n’ont aucun besoin de téléphone. Plus aucune ne se laissa prendre au piège. Ma grand-mère m’a assuré, que depuis ces événements, elles se cachent toutes à la vue des hommes. Grand-mère m’a aussi confié un secret : une toute petite fée, discrète et très sensible, se cache encore dans un lieu paisible et silencieux : la source du village. Elle s’appellerait Fontenille. Mais ceci est une autre histoire…
Quant à Arnaud, plus personne ne sait ce qu’il advint de sa quête.
RENE
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 24/03/2006 à 08:08
RENE
16/03/2006
Mots à insérer :
VISITE : valise valeur irrésistible illico souci sommeil imagination insoumis tambour tisser érotisme électrique
JOKERS : jour terre jaune.
René (1961)
Souvenirs d’incorporation
Classe 61 1-A
Je pousse le bouton. La lumière électrique cède place à l’obscurité. C’est la dernière nuit de sommeil à la maison. Demain, c’est le lundi 2 janvier 1961. Le train est à huit heures trente. Nous devons nous lever avant le jour. Cette petite gare d’Orthez, au bout de son allée de platanes, dressée au bord du gave et un peu vieillotte, je ne la porte pas trop dans mon cœur, trop associée qu’elle est à la séparation avec ma terre natale et ma famille, passage quasiment obligé vers l’inconnu et l’avenir. Dire que mon père à du passer par là en 1917.
L’ordre d’incorporation attendu est arrivé depuis trois semaines pour le C.I. (centre d’instruction) du 24eme R.I.Ma. à Carcassonne. L’infanterie de marine, je saurai ainsi ce que c’est. L’Infanterie, je vois, mon père nous a un peu raconté : le fantassin en première ligne, avec son fusil, la baïonnette, la chair à canon. Mais pour la Marine, moi qui sais mal nager, c’est moins clair. En fait, je sais, c’est la valeureuse Colo, la Coloniale qui a accompli ses exploits irrésistibles en Afrique et en Indo et qui est aussi très réputée pour sa consommation de bibine.
Mais, pourquoi ce régiment ? Mon frère, lui, était dans l’artillerie. Avec mes binocles ce ne pouvait être les paras. Pendant les «trois jours » à Auch, l’on nous a soumis à toute une panoplie de test pour déterminer nos aptitudes… Pas évident de trouver illico la logique de séries de nombres, de dessins, de traits tissés, … On nous a même honorés d’équations de la forme : (a+b)2 = ? restées sans réponse. Et aux test des transmissions : trait-point-trait-point-point- …. catastrophe, pas bon pour être planqué dans les transmissions. Quant à l’aviation, les places sont chères. Je me souviens encore, lors de la visite du Conseil de révision -on ne peut rien y cacher- le major m’a trouvé un cœur de sportif… En conclusion : Bon pour le service armé.
Un à quelques mois de Classes en métropole, c’est ça de pris avant d’aller « pacifier » en A.F.N. jusqu’à la fin des vingt-sept mois. Pourtant cela sera pour rien : le Général a annoncé l’autodétermination, l’indépendance de l’Algérie est inéluctable. Les infos à la radio parlent régulièrement d’embuscades, d’opérations, de morts, de blessés. J’ai parlé à des anciens d’A.F.N. La bonne étoile a ses limites, cela serait bien plus sûr pour sa peau de ne pas y aller. Mais, comment passer à côté ? Le sursis pour achever les études, le piston, ce n’est pas pour moi. La désertion, pour aller où sans argent et sans relations, ou se cacher au fond des bois comme en quarante, pour à la fin revenir entre deux gendarmes. L’insoumission : j’imagine la prison, les bataillons disciplinaires, BRRR !
Et la valise ? C’est bon, elle est prête, ce n’est pas un souci, l’on sera logé nourri. Certes, elle n’est pas toute fraîche avec son intérieur jauni Qu’importe. J’ai prévu un peu d’argent, le bloc et les enveloppes pour écrire à la maison -en fait correspondre avec Maman-.
La première permission ne sera pas avant un mois. Loin. Le dernier film à Salies, le bal de samedi, il n’y a pas de quoi nourrir des souvenirs érotiques transcendants. Et, qu’en sera-t-il des nouveaux camarades, de la découverte de la ville… ?
Nota : Demander la suite à Morphée qui a débarqué sans tambour ni trompette.
René pour le 13 février 2006.
Classe 61 1-A
Je pousse le bouton. La lumière électrique cède place à l’obscurité. C’est la dernière nuit de sommeil à la maison. Demain, c’est le lundi 2 janvier 1961. Le train est à huit heures trente. Nous devons nous lever avant le jour. Cette petite gare d’Orthez, au bout de son allée de platanes, dressée au bord du gave et un peu vieillotte, je ne la porte pas trop dans mon cœur, trop associée qu’elle est à la séparation avec ma terre natale et ma famille, passage quasiment obligé vers l’inconnu et l’avenir. Dire que mon père à du passer par là en 1917.
L’ordre d’incorporation attendu est arrivé depuis trois semaines pour le C.I. (centre d’instruction) du 24eme R.I.Ma. à Carcassonne. L’infanterie de marine, je saurai ainsi ce que c’est. L’Infanterie, je vois, mon père nous a un peu raconté : le fantassin en première ligne, avec son fusil, la baïonnette, la chair à canon. Mais pour la Marine, moi qui sais mal nager, c’est moins clair. En fait, je sais, c’est la valeureuse Colo, la Coloniale qui a accompli ses exploits irrésistibles en Afrique et en Indo et qui est aussi très réputée pour sa consommation de bibine.
Mais, pourquoi ce régiment ? Mon frère, lui, était dans l’artillerie. Avec mes binocles ce ne pouvait être les paras. Pendant les «trois jours » à Auch, l’on nous a soumis à toute une panoplie de test pour déterminer nos aptitudes… Pas évident de trouver illico la logique de séries de nombres, de dessins, de traits tissés, … On nous a même honorés d’équations de la forme : (a+b)2 = ? restées sans réponse. Et aux test des transmissions : trait-point-trait-point-point- …. catastrophe, pas bon pour être planqué dans les transmissions. Quant à l’aviation, les places sont chères. Je me souviens encore, lors de la visite du Conseil de révision -on ne peut rien y cacher- le major m’a trouvé un cœur de sportif… En conclusion : Bon pour le service armé.
Un à quelques mois de Classes en métropole, c’est ça de pris avant d’aller « pacifier » en A.F.N. jusqu’à la fin des vingt-sept mois. Pourtant cela sera pour rien : le Général a annoncé l’autodétermination, l’indépendance de l’Algérie est inéluctable. Les infos à la radio parlent régulièrement d’embuscades, d’opérations, de morts, de blessés. J’ai parlé à des anciens d’A.F.N. La bonne étoile a ses limites, cela serait bien plus sûr pour sa peau de ne pas y aller. Mais, comment passer à côté ? Le sursis pour achever les études, le piston, ce n’est pas pour moi. La désertion, pour aller où sans argent et sans relations, ou se cacher au fond des bois comme en quarante, pour à la fin revenir entre deux gendarmes. L’insoumission : j’imagine la prison, les bataillons disciplinaires, BRRR !
Et la valise ? C’est bon, elle est prête, ce n’est pas un souci, l’on sera logé nourri. Certes, elle n’est pas toute fraîche avec son intérieur jauni Qu’importe. J’ai prévu un peu d’argent, le bloc et les enveloppes pour écrire à la maison -en fait correspondre avec Maman-.
La première permission ne sera pas avant un mois. Loin. Le dernier film à Salies, le bal de samedi, il n’y a pas de quoi nourrir des souvenirs érotiques transcendants. Et, qu’en sera-t-il des nouveaux camarades, de la découverte de la ville… ?
Nota : Demander la suite à Morphée qui a débarqué sans tambour ni trompette.
René pour le 13 février 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 16/03/2006 à 00:24