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PHOTOS 2006/2007
RENE
26/04/2006
mots à insérer :
Vacances : vie voyage arrivée alentour caresse chemin actuel averse nature nougat corvée cousine estival espoir silence sentier
Jokers : cœur fleur rire rose
Moments perdus
Boire le dernier mazagran de café de la journée partagé avec sa compagne, qui, rituellement lui portait une friandise -c’était un nougat car les calissons étaient achevés depuis trois jours- lui ouvrait ces moments de vacance de la soirée, adossé à bonne distance du foyer pour capter sur ses reins les chaudes caresses des flammes et des charbons ardents, qu’il devrait garder avivés jusqu’au moment du coucher, en rassemblant du bout des pincettes les morceaux de bois à demi consumés qui s’écartaient, en rajoutant des bûches, en donnant du soufflet, et en attisant le feu par jeu dans un jaillissement rougeoyant d’étincelles.
Sous la température quasiment estivale, qui avait vite succédé à une courte averse matinale, la journée avait été rude, consacrée à couper et à débiter des troncs et des branches de chêne, de noisetier, de prunellier, d’aubépine, qui s’étaient établis d’année en année aux alentours de la ligne de téléphone, irrésistiblement attirés par la trouée de lumière du chemin. A cause de la fatigue et en dépit de sa curiosité naturelle pour l’actualité locale, la lecture du journal ne le retint qu’un instant, son esprit se fixant de manière obsessionnelle sur ses préoccupations du moment : ce voyage à organiser pour lequel aucune date ne convenait, ce travail -que personne ne lui avait demandé- bloqué par des problèmes de reprographie, cette histoire dans laquelle il s’était un peu naïvement engagé, les fleurs des potées à planter et le jardin qui attendait, etc.
Il pensait qu’il aurait pu s’épargner, avec un peu de discernement, voire un minimum de duplicité, beaucoup de ces corvées ou de ces complications, mais que c’était sans doute dans sa nature, sa façon d’être, peut-être en cohérence à ce qu’il se croyait si ce n’était simplement par bêtise ; il n’espérait guère évoluer malgré la satisfaction de choses -laborieusement- accomplies.
Arrivé à ce point, lassé de ses introspections, il prit, parmi les livres posés pêle-mêle sur la table ronde près de lui, le roman de Tim Morrison intitulé : « Le Cousin Indien » -qu’avait apporté sa fille- dont il suivit illico le héros « Chien Brun » sur un sentier du Michigan bordé de fourrés silencieux qui abritaient le nid d’un faucon rouge et une tanière d’ours.
René pour le 24 avril 2006.
Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 26/04/2006 à 15:36