On aura reconnu une version des propos du dévot hypocrite de Molière,

Tartuffe, et son refus de porter les yeux sur les appas de la femme.

A défaut de le dire, c'est sans doute ce qu'ont pensé les florentins

lorsqu'ils découvrirent le David de Michel Ange (1501-1504).

Cette impressionnante statue de plus de 5 mètres de haut traversa la ville de

Florence sous les huées d'une foule hostile choquée par la nudité

de cette œuvre gigantesque.

Polyclète n'est pas loin dans le déhanchement de David (Doryphore, Hermès portant Dionysos)

mais le David est moins trapu, plus élancé et nerveux.

Sculptée dans un seul bloc de marbre, cette statue qui pèse plusieurs tonnes,

présente des écarts par rapport aux canons anatomiques définis par Polyclète.

Le plus évident est cette jambe gauche plus longue que la jambe droite.

Une audace qui nous éloigne de l'exactitude anatomique, du réalisme.

L'art n'est pas une copie exacte de la réalité mais une réalité

que l'artiste recrée à l'image de son imagination.

Donatello, sculpteur florentin considéré comme le plus grand sculpteur de son époque exécute vers 1430-1440 cette sculpture en bronze d'une grande finesse, qui représente David nu, grandeur nature, au corps androgyne et sensuel, affichant un sourire ambigu. Le David de Michel-Ange abandonne cette ambiguïté évidente. Il s’agit d’un homme fait, éclatant de jeunesse et de virilité qui nous est proposé.

Si Kylie Minogue , Lady Gaga et d'autres célébrités font appel au jeune styliste anglais

Gareth Pugh, ce dernier sait aussi laisser libre cours à son talent dans le vestiaire masculin.

Sa collection de 2009, présente une inspiration virile faite de cuir et de colliers qui convient

parfaitement à notre David prêt à défier Goliath.

Dion Cassius (Histoire romaine, XLVIII, 38) avance qu'Auguste choisira Marcellus

comme successeur, plutôt qu'Agrippa ou Tibère.

L'un des plus anciens théâtres en pierre de Rome, situé sur le Champ de Mars,

dont la construction était déjà planifiée sous Jules César, lui fut dédié quelque

temps après son achèvement, en 11 av J. -C.

Afin de servir la propagande impériale, l'empereur Octave Auguste

s'est référé aux valeurs de la virtus romaine des débuts de la République,

ainsi qu'à l'Athènes du Ve siècle av.J.-C.

Le Louvre propose un portrait héroïsé de Marcellus.

Musculature athlétique, personnage de face,

jambe droite portant le poids du corps, la gauche légèrement fléchie.

Le Diadumène ou le Doryphore de Polyctète ne sont pas loin !

Marcellus réinventé avec les œuvres du grand couturier californien,

Jeremy Scott, pour son défilé de la maison Moschino,

Milan, Automne Hiver 2017-2018, Hommes,

Pour un général en marche, il fallait de robustes pataugas.

Les caligae, trop légères,

les spartiates trop connotées féminines,

mais rien ne convenait mieux que celles créées

par la maison turque Greyder.

Candaule, descendant d'Alcaios, fils d'Héraclès -un Héraclide donc-, était roi de Sardes.

Or, cet homme s'était épris de sa femme et, épris d'elle,

il pensait posséder de beaucoup la femme la plus belle du monde.

Cette beauté ni Hérodote ni Boccace ne la nomment.

Mais on sait par Ptolémée Chennos, grammairien et mythographe grec de l'Antiquité

-et Théophile Gautier l'atteste- que cette beauté répond au doux nom de Nyssia.

A tous, Candaule parlait de la beauté de sa femme, mais celui à qui

il faisait confidence de tout, le plus fidèle de ses gardes du corps,

son favori, était Gygès.

"Gygès, je pense que tu ne me crois pas quand je te parle de la beauté

de ma femme ; c'est que les oreilles des hommes sont plus incrédules

que leurs yeux; fais donc en sorte de la voir toute nue." (Hérodote, Livre l)

Bien entendu Gygès refuse cette curieuse proposition, mais ne

pouvant trouver d'échappatoire, il se laissa mener par Candaule

dans la chambre et, caché, regarda Nyssia pendant qu'elle posait ses vêtements.

Boccace (Décameron) nous dévoile alors un Gygès qui tombe follement amoureux

de la reine, rejoint en cela par T. Gautier qui nous indique combien il

était impossible de résister à "ces belles lignes serpentines, ces courbures

élégantes, ces seins à servir de moule à la coupe d'Hébé." (La mille et deuxième nuit)

"Mais la reine l'entrevit comme il sortait, et bien qu'elle s'aperçût de ce qu'avait fait

son mari, elle ne poussa pas des cris de honte et fit semblant de ne s'apercevoir de rien,

ayant l'intention de se venger de Candaule ; car chez les Lydiens, être vu nu, est chose qui

induit en grande honte." (Hérodote)

Nyssia, femme de caractère convoque dès le lendemain Gygès, lui déclare qu'elle l'a vu,

qu'elle ne peut plus rester avec le roi. Si Gygès refuse de le tuer,

lui-même mourra sur le champ; s'il le tue, Nyssia sera sienne.

D'ailleurs elle-même est éprise de ce séduisant bodygard !

C'est ainsi que d'après Boccace, elle se confie à sa servante :

"Mais te le dirai-je, ma chère Euphémie, j'estime, j'aime déjà, j'adore Gygès;

je sens qu'il faut que je meure ou que je l'épouse."

Et c'est là que Platon, reprend la main !...


Gygès, qui, dans La République (Livre ll, 359) est un berger,

est surpris par un violent orage.


Arrive un séisme, le sol se fend près de l'endroit où il faisait paître son troupeau.

"Il y descendit, et, entre autres merveilles, vit un cheval d'airain creux,

percé de petites portes ; s'étant penché vers l'intérieur, il y aperçut un cadavre

de taille plus grande que celle d'un homme, et qui avait à la main un anneau

d'or, dont il s'empara.

Puis il alla retrouver les autres bergers et tourna par hasard le chaton de la bague

vers l'intérieur de sa main ; aussitôt il devint invisible à ses voisins

qui parlèrent de lui comme s'il était parti.

Etonné, il mania de nouveau la bague en tâtonnant, tourna le chaton en dehors

et, ce faisant, redevint visible."

C'est grâce au pouvoir de cette bague magique qu'il s'approche du roi et le tue.

Il épouse Nyssia et devint roi, désigné par l'oracle de Delphes.

Il régna trente huit ans sans d'autre action d'importance

que l'envahissement de Milet et de Smyrne.

James Pradier, (1790 -1852),

Nyssia, 1848,

tête pensive,

chevelure abondante,

statue en marbre Pentélique,

Musée Fabre, Montpellier

Une œuvre qui a été très remarquée au Salon de 1848 et qui obtint la 1ère récompense

... et qui ne laisse pas indifférent !

Tel cet article de la Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 22. P.594

"Comme ses bras sont relevés par-dessus la tête pour rattacher sa longue chevelure, nul

obstacle ne vient s'interposer entre ses charmes

offerts sans voile à l’œil du spectateur. Il est fâcheux que ses formes

n'aient pas toute la perfection que l'enthousiasme du roi Candaule

devait faire supposer. La Nyssia de M. Pradier a la taille svelte et légère,

la mine coquette .

L'artiste a négligé de donner à ses membres les contours arrondis

et le riche embonpoint, à ses traits la parfaite régularité, en un mot

tous les attributs caractéristiques de la beauté orientale.


Quelques négligences : Le sein est pauvre et peu séduisant, la triple ligne

que présentent les muscles de l’abdomen tiraillés par les bras relevés sur la tête

est d’un effet qui peut être naturel, mais aussi fort déplaisant.

Quant à l'abondante chevelure, elle est plus longue que le manteau d'un roi".


A vous de juger !!!

L’œuvre de l'artiste peintre Jim Dine, célèbre pour ses peintures de cœur,

au titre évocateur There is Heat in this House 2017, (Il y a de la chaleur

dans cette maison) sert de toile de fond à cette nouvelle Nyssia

habillée par la maison The Blonds, défilé New York, printemps-été 2018.

À partir de la seconde moitié du Ve siècle av. J.-C.,

la représentation du satyre s'humanise,

les attributs animaliers disparaissent, même si l'aspect physique

des silènes est repoussant.

Un des exemples les plus connus est le satyre phrygien Marsyas.

Il aurait, d'après Pindare, récupéré l'instrument à vent, l'aulos,

dont Athéna se serait débarrassé sous prétexte qu'il lui déformait

le visage quand elle en jouait. Marsyas serait devenu si habile,

nouvel Orphée, que les auditeurs trouvaient qu'il en jouait mieux

que le dieu Apollon. Un concours aurait eu lieu, les Muses déclarent

Apollon vainqueur, Apollon qui se vengea cruellement de celui qui

avait osé le défier, en le faisant écorcher vif avant de clouer sa

peau à un pin.

Platon dans Le Banquet, n'hésite pas à comparer ce silène

horriblement laid à Socrate, et l'on comprend pourquoi.

Comme Marsyas, Socrate était d'une incroyable laideur,

qui ne l'empêchait pas, comme le silène, d'être d'un charme ensorceleur.

Le Satyre anapauomenos, c'est à dire "au repos", serait l'oeuvre

du sculpteur grec Praxitèle (360 av. J.-C.).

Le satyre est jeune, et porte en travers du torse la pardalide (peau de panthère) .

Et là, c'est au tour du styliste italien Fausto Puglisi de s'attaquer

au satyre capitolin.