De toutes les figures du Panthéon, Héraklès est l’une
de celles qui a suscité le plus de légendes,
et ce dès l’époque mycénienne.
Raison pour laquelle les représentations graphiques
du héros sont si nombreuses.
L’une des œuvres les plus commentées de Lysippe de Sicyone (395-305)
est Héraklès Epitrapezios. Exécutée pour Alexandre dont Lysippe fut le
statuaire attitré, cette statuette était destinée à être placée sur la table,
d’où son épithète.
Héraklès prend part ou préside au festin, au banquet qui lui est offert.
Hercule Epitrapézios
Héraclès est identifiable à ses attributs : la massue et la peau du lion de
Némée recouvrant le rocher.
Ce type de représentation a pu être identifié grâce au témoignage de sources
anciennes. Deux poètes latins de la fin du Ier siècle après J.-C.,
Martial (Epigrammes, 9, 43 et 44) et Stace (Silvae, 4, 6), décrivent une petite statue
d'Héraclès en bronze dont la base porte la signature de Lysippe.
Cette statue, aujourd'hui perdue, était connue sous le nom d'Héraclès Epitrapézios
(du grec epi : sur, et trapeza : table). Elle aurait été faite par Lysippe,
avant 335 avant J.-C, pour orner la table d'Alexandre le Grand.
Némée recouvrant le rocher.
Ce type de représentation a pu être identifié grâce au témoignage de sources
anciennes. Deux poètes latins de la fin du Ier siècle après J.-C.,
Martial (Epigrammes, 9, 43 et 44) et Stace (Silvae, 4, 6), décrivent une petite statue
d'Héraclès en bronze dont la base porte la signature de Lysippe.
Cette statue, aujourd'hui perdue, était connue sous le nom d'Héraclès Epitrapézios
(du grec epi : sur, et trapeza : table). Elle aurait été faite par Lysippe,
avant 335 avant J.-C, pour orner la table d'Alexandre le Grand.
« Cependant le génie, le protecteur de notre table frugale était un Hercule
qui me plongea dans l'extase, et que mes yeux ne se lassèrent pas de contempler.
Le travail en était si beau ! il y avait tant de majesté contenue dans des bornes
si étroites ! Le dieu ! m'écriai je, voilà le dieu ! Certes, il posa devant toi, ô Lysippe,
lorsqu'il t'arriva de le représenter si petit et de le faire concevoir si grand.
Encore que ce chef-d'œuvre tienne dans la mesure d'un pied, on s'écrie naïvement :
cette poitrine étouffa le lion dévastateur de Némée;
ces bras portèrent la massue fatale, et brisèrent les rames des Argonautes.
Quelle illusion grandiose dans si peu d'espace ! Quelle précision dans la main !
Quel sentiment de l'art ne fallut-il pas à l'ouvrier? II avait à faire un bijou pour
une table, et il voulait réveiller dans l'esprit l'idée d'un colosse ». (Stace, Silves IV,6)
Pour Pline, « Lysippe donne à ses sculptures plus de sveltesse que ses devanciers ».
S’il fut plus vrai que ses devanciers c’est selon Pline le peintre Eupompe qui lui
aurait permis de se détacher de Polyclète.
Au peintre à qui il demandait quel maître il devait suivre, Eupompe lui montrant
les passants lui dit qu’il fallait imiter la nature même et non un artiste
(Félix Ravaisson, Héraklès Epitrapezios, Mémoires de l’Institut National de France, 1891).
« Chez Lysippe, les contrastes s’adoucissent, l’art se rapproche peu à peu de la nature
et devient de plus en plus semblable à ce que rencontrent partout nos yeux. » (id.)
Polyclète avait déterminé dans son Canon, les proportions de la figure humaine,
et au dire de Varron, « ses statues étaient carrées et comme faites d’un seul et
même type, sans aucun excès en aucun sens ».
La vie, la vie active et énergique, tel fut le caractère des ouvrages de Lysippe,
si l’on en croit Properce (III, 9, 9) : « Lysippe est célèbre pour donner la vie au marbre ».
Lysippe revisite le Canon de Polyclète, le corps ne faisant plus 7 mais 8 fois la tête.
Ses statues sont plus minces, plus élancées que celles de ses devanciers
avec des têtes de plus petite dimension relativement au corps.
L’Hercule de Farnèse offre elle la proportion de 10 longueurs de tête,
proportion qu’employa Michel-Ange.
La tête du demi-dieu penche sur la gauche, avec une expression de
mélancolique gravité. Appuyé sur sa massue, il tient dans sa main droite
les pommes d’or du Jardin des Hespérides,
symbole de félicité cueillies au prix de grands dangers.
Pour Fernand de Visscher, (l’Antiquité Classique, Année 1961)
« Dès la fin du Vème S, au héros simple et brutal va succéder le héros souffrant
et méritant… Il est l’homme juste et bon, l’incarnation du courage dans l’adversité.
C’est qu’un nouveau climat pèse sur la Grèce. Les désastres de la guerre du Péloponnèse
ont jeté le trouble et l’inquiétude et consommé l’évolution, et dès ce moment,
plus d’un Grec a pu se dire, comme Paul Valéry au lendemain de la première
guerre mondiale : « Nous savons à présent que nos civilisations sont mortelles ».
Les statues d’Héraklès que l’on peut sûrement attribuer à Lysippe
trahissent ce courant d’idées :
l’Hercule de Farnèse, lourdement appuyé sur sa massue,
est comme saisi d’une immense lassitude.
La styliste écossaise Pam Hogg, icône de la culture punk rock,
a plongé dans l’Antiquité pour faire défiler des femmes
provocantes et conquérantes vêtues de tulle et de latex.
Est ce pour cela que les hommes deviennent dociles
comme des toutous?...
Bernard Bouisset
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