Annonciateur de Dada, les grands artistes de l'art contemporain

semblent encore inspirés par son influence artistique : art minimal,

art conceptuel, body art, pop art témoignent de l'influence déterminante

de l’œuvre de Duchamp.

Le trublion de la mode Jeremy Scott injecte de l’humour

dans les vêtements Après avoir détourné ­Barbie, McDo et

Bob l’Éponge, le styliste du Missouri s’attaque aux emballages

en tout genre. On peut rire, trouver cela grotesque.

On peut aussi, simplement, se réjouir de voir ses mannequins parader,

coiffées d’abat-jour, de candélabres ou autre roue de vélo......

Quand on disait que Marcel Duchamp n'est pas loin !

Petite contrefaçon d'une action Contre Verrès... et cet épisode célèbre

où les esclaves d'Antiochus apportent à Verrès le magnifique candélabre.

Mais ici que faut-il admirer ? Le candélabre ou le support, et,

dans cette version, Verrès a choisi sans ambigüité !


Imperat suis servis ut eam mulierem in praetorium involutam
quam occultissime deferrent. ... Quo involucrisque rejectis constituerunt,
clamare iste coepit dignam rem esse dignam Capitolio. Et enim erat
tam splendore ..., ut intellegi posset ... ad pulcherrimi templi ornatum
esse factam. Cum satis jam perspexisse videretur, tollere incipiunt ut
referrent. Iste dicit se velle illam etiam atque etiam considerare, nequaquam
se esse satiatum. Sic illi tum inanes ad Antiochum revertuntur.

Il (Antiochus) ordonne à ses esclaves de porter cette femme au praetorium
le plus discrètement possible. Là dès qu'ils eurent ôté les voiles qui la
recouvraient, lui se mit à s'écrier qu'elle était un objet digne du Capitole.
Et c'est vrai qu'elle était d'une telle beauté qu'on pouvait comprendre
qu'elle avait été créée pour décorer le temple le plus beau.
Quand il parut l'avoir suffisamment admirée, les esclaves se mirent à la
reprendre pour la rapporter. Mais lui dit qu'il veut encore et encore la
contempler qu'il n'en est pas encore rassasié.
C'est ainsi que nos hommes retournèrent les mains vides auprès d'Antiochus.

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis...

(Charles Baudelaire, Les fleurs du mal.

Roue d'Ixion, manquent les serpents, roue de Duchamp

... et roue Moschino

Winckelmann fondateur de l'histoire de l'art, c'est

une théorie que les érudits français et italiens du XVIIIème

ont imposée mais que les historiens d'art remettent

fréquemment en question aujourd'hui.

Dès son premier ouvrage Les Réflexions, Winckelmann affirme

que l'art antique -et plus exactement l'art grec- est le modèle

que tous les artistes doivent imiter :

"L'unique moyen pour nous de devenir grands et, si possible,

inimitables, c'est d'imiter les anciens." (Réflexions, 95)

Mais depuis la Renaissance et Pétrarque, le retour à l'antiquité

est le maître mot d'ordre qui s'impose à tous les artistes.

Winckelmann s'éloigne de la tradition des généalogies d'artistes

pour instaurer le premier une périodisation des styles.

Il distingue d’abord un style ancien, rigidité des formes empruntées

à la nature, qui empêche tout réalisme. Ce style fait place au style

« noble », « élevé », celui de Phidias et de Polyclète, qui correspond à l'âge

de l’Athènes de Périclès, et qui se définit par un effort pour incarner l’idéal

de la beauté et de la grandeur, tout en se rapprochant de la nature.

Puis apparaît le style « beau », de Praxitèle à Lysippe, caractérisé par

la souplesse des contours et l’harmonie de toutes les parties habitées

de cette mystérieuse qualité la « grâce ».

Enfin arrivera le style de l’imitation qui n’est plus portée par l’inspiration

divine et qui coïncide avec la décadence, puis la destruction

du régime démocratique athénien.

(Revue Germanique internationale, Winckelmann :

l’art entre la norme et l’histoire, Édouard Pommier, 1994)

C'est à Winckelmann qu'on doit l'invention du beau antique

en marbre blanc, ignorant comme ses contemporains

qu’il était revêtu de polychromie.

Les artistes ainsi que le fait Praxitèle (La première femme nue, Christophe Bouquerel)

portent leur œuvre une fois achevée dans l'atelier des peintres.

Le IVème est dominé par le peintre Apelle. Son Aphrodite anadyomène est

son chef d’œuvre et les anecdotes à son sujet ne manquent pas.

Ainsi en est-il de cette favorite d'Alexandre, Campaspe.

C'est en faisant son portrait que le peintre en tomba amoureux,

et dans sa grandeur d'âme Alexandre accepta de la lui offrir.

Reprise de la tradition

apellienne

et historique

dans la présentation

de cette statue

polychromée.

Elle habite dans l’île d’Ééa, dans un palais situé au milieu d’une clairière,

entouré de loups et de lions, autrefois des hommes qu'elle a ensorcelés.

Les compagnons d'Ulysse n'échappent pas à son pouvoir et sont

métamorphosés en pourceaux.

Grâce à Hermès qui lui procure l'antidote au poison que Circé

veut lui faire boire, Ulysse triomphe de Circé, et sous la menace

de son poignard lui ordonne de redonner forme humaine à ses

compagnons.

Ulysse trouvera dans les bras de la belle Circé la récompense

de sa bravoure.

Le sculpteur français


Charles Gumery (1827-1871)


présente Façade sud de la


cour Carrée du Palais du


Louvre une Circé voluptueuse


et triomphante, les compagnons


d'Ulysse ont bu le breuvage maléfique,


Circé pose dédaigneusement son pied


droit sur la tête d'un porc.

Pour illustrer cette femme active, élégante et un brin désinvolte,

il lui fallait une tenue, glamour, sexy même, -n'oublions pas qu'elle

ne tient pas ses charmes que de sa magie- la maison Balmain

a participé à la magie du charme ensorcelant de Circé.

Il est heureux de constater qu'au moment où l'on enterre

la culture antique dans notre système éducatif, elle est la source

de la collection printemps été 2017, présentée à Londres,

par la styliste grecque Mary Katrantzou.

Une petite visite à la civilisation minoenne, avec l'adaptation d'une belle
reconstitution d'une fresque au musée d'Héraklion.

On pressent l'extase de Sir Arthur Evans à ce défilé,

lui si sensible à l'élégance aristocratique des ces femmes, comblé de voir

toutes ces éblouissantes beautés mises en scène par M. Katrantzou.

Il y a dans la magie de ses illusions d'optique tout ce qui fait le charme de cette

île femme, île des entrelacs, des volutes infinis tels que les a imaginés

l'anti Euclide, Dédale.

Que Praxitèle se montre accommodant...

Sa Phryné a dû subir une légère transformation :

son bras droit n'a pas le même angle, et se termine par une crispation

de la main qui tire fermement le bas de son tee shirt.

Que celle qui ne s'est jamais rêvée en Barbie Hawaï jette

la première pierre à Jeremy Scott !

Pour son défilé de prêt-à-porter Printemps-Eté 2015,

le styliste n'a eu d'yeux que pour la poupée Mattel !

Il adore le rouge, mais il se plaît aussi au vert.

Le grand couturier agenais Alexandre Vauthier offre cette création

dans une mise en abyme.