Avant tout un passionné des films Bollywood
Le scénario à l'eau de rose de Tandoori Love ne surprendra pas les mordus de Bollywood: Sonja est serveuse dans un restaurant de montagne en Suisse. Elle est fiancée à son patron. Son avenir est tout tracé. Mais l'arrivée d'une équipe indienne de tournage et de son cuisinier au charme irrésistible va venir tout chambouler. Sonja devra bientôt choisir entre sécurité et stabilité d'un côté et une vie d'aventure et de passion de l'autre. Des paysages de montagnes pittoresques aux relations amoureuses impossibles en passant par les incontournables scènes de chant et de danse, ce film suisse, présenté en avant-première à Zürich samedi dernier, réunis tous les ingrédients qui font la notoriété des studios de Bombay.
"Les productions de Bollywood sont certes hyper-commerciales mais elles m'ont toujours procuré plus d'émotions que les films européens", explique Oliver Paulus, le réalisateur suisse-allemand du film, au quotidien Indian Express. Conscient de l'allergie qui persiste, chez nombre d'Européens, au kitch du cinéma indien à succès, le cinéaste joue précisément sur ce choc des cultures dans Tandoori Love, pour à la fois souligner et casser les clichés. "Lorsque arrive la première scène de danse, par exemple, l'actrice principale paraît déconcertée par l'Indien qui se met subitement à chanter devant elle. C'est la réaction qu'aurait la plupart des Européens dans cette situation", explique t-il sur le site internet swissinfo.ch
Oliver Paulus refuse cependant l'étiquette "Bollywood" pour son film. "L'objectif est avant tout de rendre abordable l'univers de Bollywood à un public suisse", explique t-il à l'Indian Express. Pour cela, il a choisi une formule multi culturaliste: l'Allemande Lavinia Wilson partage le rôle principal avec l'acteur indien Vijay Raaz, remarqué pour sa prestation dans la comédie le Mariage des moussons, la musique indienne de la bande originale est réalisée par des compositeurs allemands et les chorégraphies imaginées par un brésilien résidant en Suisse. La version originale du film est en suisse-allemand, en hindi et en anglais
Cette interprétation bollywoodienne a beau être une première pour un réalisateur européen, le scénario du film fait écho à une tradition vieille de plusieurs décennies. Car l'équipe de tournage indienne dans Tandoori Love n'est pas la première à fouler les sommets enneigés des Alpes suisses. Dès les années 1960, les réalisateurs indiens Raj Kapoor et Shakti Samanta étaient venus en Suisse pour tourner les films An Evening in Paris et Sangam. Mais c'est surtout depuis la fin des années 1980 que la Suisse est devenue une destination prisée de Bollywood. L'intensification des violences au Cachemire, où les réalisateurs indiens avaient l'habitude de filmer leurs scènes de montagne, les a obligés à délocaliser les tournages dans les Alpes.
Pourquoi pas côté français? La Suisse a sans nul doute mieux su attirer le cinéma indien, réalisant l'attrait économique que cela représente. L'organisation Film Location Switzerland aide notamment les réalisateurs indiens à trouver les lieux de tournage et à obtenir les permis auprès des autorités locales. Plus d'une dizaine de films indiens y sont réalisés chaque année. Cet engouement de Bollywood pour la Suisse a largement contribué à l'arrivée croissante de touristes du sous-continent. Plus de 250 000 Indiens se rendent en Suisse chaque année, pour voir, en vrai, les paysages paradisiaques qu'ils ont aperçus à l'écran. I
En France, le très beau court-métrage DODIL, réalisé par Aatish BASANTA, montre que le cinéma populaire Indien peut aussi fonctionner dans des décors français et dans notre langue...et faire d'un sujet souvent rebattu au cinéma, l'amour impossible, quelque chose d'à part, avec un esthétisme très Bollywood. Voir l'article sur DODIL, dans la rubrique "film coup de coeur"