Samedi 4 septembre 2004
Jaipur la Rose s'étend aux pieds des Monts Aravelli. La vieille ville de la capitale du Rajasthan, ceinte par des remparts, est bâtie selon un plan d'urbanisme strict à la teinte uniformément rose...Je pars à la découverte de la Ville Rose… Effectivement, passées les superbes portes, tous les bâtiments sont roses et d’architecture identique, selon un plan très géométrique conçu par le Maharadja Jai Singh II, au début du XVIIIe siècle, un urbanisme dicté par l’astronomie. Les bazars sont de grandes avenues très encombrées (motos, vélos, rickshaws, voitures, éléphants, dromadaires tirant des charrettes, bœufs, vaches…), un sacré fourre-tout bordé d’échoppes et de petits marchés improvisés sur les trottoirs ! Je découvre finalement le Palais des Vents, «Hawa Mahal », immense façade un peu surréaliste qui, à l’époque, permettait aux femmes d’observer la rue sans être vues au travers des « jharokas » (balcons couverts) ou plus précisément des « jalis » (claustras de pierre). On compte pas moins de 61 jharokas sur tout le monument !
Je manque de temps et je ne me sens pas de croquer la façade impressionnante du monument, alors je me contente d'en croquer un bout, vue d'une des 61 jarokhas... qui sont autant d'ouvertures sur le monde extérieur pour les femmes du palais de l'époque !
Je visite ensuite le City Palace, juste derrière, avec ses belles façades roses et son musée où l’on découvre armes et costumes anciens.
Je croque une de ces dagues étonnantes que j’avais vues à Jodhpur dont certaines comportent deux lames qui s’écartent en s’enfonçant dans la chair de la victime… Sympa !
Je me rends ensuite au temple de Galta en cyclo-rickshaw. On quitte en un coup de pédale les avenues fatigantes pour se retrouver en pleine montagne ! Jaipur, même si elle est une capitale de 2,5 millions d’habitants, n’a rien à voir avec Delhi, car ici, la proximité des collines tout autour fait que l’on respire ! On gravit un chemin menant à un col où se trouvent temples et refuges de « sâdhu » pour découvrir la vallée de Galta en contrebas, avec d’autres temples et un « ashram » enserré dans des gorges étroites…
Cet après-midi, l’affluence y est énorme, mais ce sont les singes qui représentent le plus gros de la population ! Des macaques bien différents des entelles de Ranakpur…
En descendant vers les gorges, je me rends vraiment compte de la fréquentation… Des hommes et des femmes se baignent dans leurs bassins réservés, creusés entre les parois rocheuses.
Plus bas, j’arrive au temple et près de l’ashram où il règne une folle animation. De nombreux hommes en lungi safran et T-shirt orange transportent de l’eau sacrée à l’aide d’un balancier. Vraiment une chance de découvrir ce lieu aussi vivant ! Je dessine l’un d’eux et me retrouve aussitôt entouré d’une nuée de jeunes, de gamins et de femmes… Quelle pression ! Manque de bol, la procession ne peut attendre et le porteur doit partir…
Après la bénédiction du gourou, le cortège s’ébranle : plus de cinquante individus transportant l’eau, des femmes et une jeep remplie de musiciens (tam-tam, sarangi…)
Puis c’est le retour au trafic urbain, avec la sensation de revenir d’un autre monde !
Ce soir, je m’offre une toile au Raj Mandir, le cinéma le plus extravagant du pays ! Le cinéma indien, c’est quelque chose… Salle très moderne et très propre oùj’aurais préféré un film romantique vraiment typique de Bollywood, mais celui-ci - Doom - est plutôt un film d’action… une espèce de Taxi à l’indienne avec des motos et plutôt “hot” avec filles peu habillées dansant sous la pluie…. Le kitsch indien est bien au rendez-vous avec des bruitages et des ralentis à n’en plus finir, entre la comédie musicale et le clip vidéo, les gens criant et applaudissant dans la salle… Un régal !!
Pourtant, sur la fin, je m’endors... trois heures à ce régime-là, c’est trop pour moi !
En sortant du ciné, j’ai de nouveau l’impression de revenir d'une autre planète ou de remonter le temps, car la rue est un tel contraste avec ce que j’ai vu sur l’écran… C’est vraiment une autre Inde !
Pas de doute, la misère, comme en Afrique, ne se voit vraiment que dans les grandes villes… Les rickshaws, les dromadaires et ces gens qui dorment sur les étroites séparations entre les avenues, au milieu de la pollution et de la pétarade incessante… et tous ces rickshaw-wallah qui passent la nuit dans, au-dessous ou à côté de leur tricycle... même pas de quoi se payer un bout de trottoir sûrement... Et tout ça pour se réveiller le lendemain à l’aube et pédaler, toujours pédaler !
Dimanche 5 septembre 2004
Je prends un rickshaw à la journée pour aller à la Forteresse d’Amber, à 8 km de Jaipur, sur une petite route en lacet. En chemin, on passe devant un lac sur lequel semble flotter le Jal Mahal, un palais abandonné… Puis, on débouche sur une vue magnifique !
La Forteresse se dresse, superbe, sur une crête surplombant un autre lac au milieu duquel est aménagé un bassin… Au-dessus du monument, le Fort de Jaigarh complète les fortifications.
Comme nous sommes dimanche, les Indiens sont très nombreux et il y a aussi beaucoup de touristes. Certains d’entre eux se laissent porter par des éléphants tout le long de la rampe d’accès, mais les Indiens ne sont pas en reste, charmés eux aussi par les pachydermes nonchalants…
Les jali sont ici aussi, magnifiques !
Je me casse un peu la tête pour en croquer un… Les entrelacs géométriques me rappellent fortement ceux de l’Alhambra qui m’ont également donné du mal !
Vishal, un jeune Indien, tient à m'écrire un mot sur mon carnet. D'ordinaire, c'est moi qui demande aux gens de me laisser un témoignage, mais là c'est lui qui me le suggère... quel plaisir ! Je vous fait profiter de la traduction :
"Le peuple indien est honoré par votre appréciation de la culture indienne. Votre volonté d'être reconnu par votre plume est trés respectée par tout à chacun. Cela nous touche au plus profond de notre coeur. nous vous souhaitons plein de réussite dans votre vie."
Après la visite des appartements du Maharadja - rutilants de miroirs encastrés dans les murs et les plafonds - la sobriété des lieux réservés aux femmes contraste fortement. J’emprunte ensuite un dédale de pièces, d’escaliers et de cours… un vrai labyrinthe !
A défaut d’avoir dessiné l’extérieur du Fort Merenghart, je m’offre celui d’Amber…
Puis, une belle grimpette pour atteindre celui de Jaigarh. L’intérêt de la visite réside dans le point de vue spectaculaire que le site offre depuis les remparts sur la forteresse en contrebas et sur toute la vallée derrière le lac, le Jal Mahal et une partie de Jaïpur. Agréable cette balade en pleine nature…
Je retrouve mon chauffeur de rickshaw qui commençait à s’impatienter ; ça fait plus de six heures que je suis monté
Je me rends ensuite au Govin Dev, un temple dédié à Krishna. D’après le guide, c’est intéressant d’assister au « darshan », car c’est un moment d’affluence… Effectivement, il y a beaucoup de monde : des marchands à l’entrée qui vendent des fleurs, certaines en colliers et de la poudre colorée pour la « tika ». Ce temple est constitué d’un hall ouvert plutôt kitsch. Les fidèles attendent l’ouverture du rideau en chantant et en levant les mains en l’air, puis le tissu s’escamote laissant apparaître une scène délirante avec des idoles illuminées ! Les Indiens chantent et acclament leur dieu, d’autres se couchent sur le sol. Dehors, des musiciens jouent du tambour et d’une espèce de bombarde (une « shanaï », je pense…).
Tant de dévotion et de ferveur me laisse "baba"…
Je décide de me payer un resto réputé pour ses « tandoori ». Le poulet grillant sur le barbecue m’invite à entrer… Un excellent repas que je n’arrive pas à terminer ! Donc, poulet tandoori et « tikka » (petites brochettes marinées) accompagnées de sauce à la coriandre et au citron, « raita » de tomate et concombre avec beaucoup de cumin, riz et« romila » (sorte de grand « chapati »). Succulent !
Me revoilà à la gare de Jaïpur, quai 3, à attendre le train pour Agra. La « waiting list » a une fois de plus été confirmée et une place m’a été attribuée : S10-23. C’est amusant de voir son nom sur les listings informatiques affichés sur les wagons…
19 ème cette fois sur la liste d'attente, je decouvre que l'on sera deux à se partager une banquette de couloir, qui sont beaucoup moins longues que les autres... dur, dur !
Quelques bonnes adresses données par Philippe
DIGGI PALACE : Pour 200 rps mini, l'impression de dormir dans un palace, pelouse verte trés british, trés calme à deux pas des bazars animés... …
HANDI RESTAURANT: Excellent tandoori, sauce délicieuse...