II faut choisir : ça dure ou ça brûle ; le drame, c'est que ça ne puisse pas à la fois durer et brûler. Albert Camus
Derrière l’image d’Épinal d’une mère parfaite, aimante et bienveillante, Anne-Laure Buffet nous ramène vers la face sombre des mères qui blessent. Et de ce fait décomplexe les mères, découragées de ne pas se conformer à l’image sociétale de la mère idéale. Rassurons-nous, la mère parfaite n’existe pas. Anne-Laure Buffet, dans son livre Les mères qui blessent décomplexe les mères et d’ailleurs démontre que rechercher la perfection est un leurre dangereux...
On attribue à la mère toutes les vertus du monde. Cette image de mère exclut la femme, or n’est-on (et non pas naît-on, car cela est un autre sujet...) pas femme avant d’être mère ? Et même n’avons-nous pas été un enfant ? Or « L’amour maternel n’est qu’un sentiment humain, il est incertain, fragile et imparfait. Contrairement aux idées reçues, il n’est peut-être pas inscrit profondément dans la nature féminine » (Elisabeth Badinter). Les injonctions sociales sur la mère sont pléthores alors que sur la femme, moins…
La mère parfaite n’existe pas, sauf dans sa tête. Il y a une multiplicité de façons de blesser son enfant... Qui n'a jamais rencontré une mère sacrificielle, qui fait remarquer qu’elle a tout sauvé. Elle est parfaite dans la victimisation. La mère immature, quant à elle, ne veut pas savoir et ce n’est jamais de sa faute. La mère narcissique utilise son enfant comme un moyen, il est le prolongement d’elle-même.
« Une relation toxique permet la domination de l’un par l’autre, en instillant de façon régulière et répétitive des injonctions visant à réduire et même détruire celle ou celui qui supporte ces injonctions. » Les relations toxiques sont souvent traumatisantes et blessent l’enfant intérieur qui est en nous.
Comment faire alors le deuil d’une mère toxique ? Parler de deuil, c’est évoquer de nombreuses émotions qui se succèdent. Faire le deuil de la mère idéalisée... « Le pardon à soi-même nettoie la douleur et l’aigreur ». Car « La rancœur c’est un locataire qui occupe ton cerveau sans payer de loyer ». Jérôme Leroy.
Ce livre permet de décomplexer les mères qui souhaitent offrir le meilleur à leurs enfants et de rassurer « l’enfant intérieur » de ceux qui n’ont pas eu la chance d’avoir des mères aimantes.
Devenir mère demande d’accepter d’être blessée sans être effondrée.
Les mères qui blessent, Anne-Laure Buffet, 2018, Editions Eyrolles, 163 pages, 18 €
Anne-Laure Buffet est thérapeute, formatrice spécialisée dans l’accompagnement des victimes de violences psychologiques et conférencière. Elle a créé l’association Contre la violence psychologique.
La mère parfaite n’existe pas, sauf dans sa tête. Il y a une multiplicité de façons de blesser son enfant... Qui n'a jamais rencontré une mère sacrificielle, qui fait remarquer qu’elle a tout sauvé. Elle est parfaite dans la victimisation. La mère immature, quant à elle, ne veut pas savoir et ce n’est jamais de sa faute. La mère narcissique utilise son enfant comme un moyen, il est le prolongement d’elle-même.
« Une relation toxique permet la domination de l’un par l’autre, en instillant de façon régulière et répétitive des injonctions visant à réduire et même détruire celle ou celui qui supporte ces injonctions. » Les relations toxiques sont souvent traumatisantes et blessent l’enfant intérieur qui est en nous.
Comment faire alors le deuil d’une mère toxique ? Parler de deuil, c’est évoquer de nombreuses émotions qui se succèdent. Faire le deuil de la mère idéalisée... « Le pardon à soi-même nettoie la douleur et l’aigreur ». Car « La rancœur c’est un locataire qui occupe ton cerveau sans payer de loyer ». Jérôme Leroy.
Ce livre permet de décomplexer les mères qui souhaitent offrir le meilleur à leurs enfants et de rassurer « l’enfant intérieur » de ceux qui n’ont pas eu la chance d’avoir des mères aimantes.
Devenir mère demande d’accepter d’être blessée sans être effondrée.
Les mères qui blessent, Anne-Laure Buffet, 2018, Editions Eyrolles, 163 pages, 18 €
Anne-Laure Buffet est thérapeute, formatrice spécialisée dans l’accompagnement des victimes de violences psychologiques et conférencière. Elle a créé l’association Contre la violence psychologique.
Rédigé par Marjorie Rafécas le Dimanche 26 Mai 2019 à 09:35
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LIVRES PHILous
Dimanche 28 Avril 2019
Le bien-être est semble-t-il devenu une obsession dans nos sociétés occidentales, voire une injonction. Faut-il s’en inquiéter ou au contraire se réjouir de cette nouvelle norme qui cherche à faire augmenter notre taux de sérotonine ? Même les entreprises s’intéressent au bien-être de leurs salariés, en mettant en œuvre des mesures séduisantes de QVT (Qualité de vie au Travail).
Doit-on l’interpréter comme un changement de paradigme ? Ou au contraire comme un nouveau subterfuge du capitalisme, pour que les salariés se sentent aussi bien au travail que chez eux et qu’ils travaillent, au bout du compte, un peu plus…
Dans la comédie (in)humaine, livre co-écrit par Julia de Funès et Nicolas Bouzou, cette idéalisation du bien-être permettrait selon eux de masquer une défaillance du management. Un babyfoot ne peut pas se substituer à un management bienveillant. Le bien-être serait plutôt utilisé comme un gadget ou encore une rustine par les entreprises.
Dans l’obsession du bien-être, Benoît Heilbrunn oriente ses propos dans le même sens : « Cette doudouisation du monde nous rappelle que le principal mécanisme sur lequel le capitalisme s’appuie est l’infantilisation des adultes. »
Dès lors derrière cette « doudouisation » du monde, se cacherait le vilain capitalisme vorace, prêt à tout pour générer toujours plus de croissance. Même prêt à « transformer l’émotion en marchandise »… Le bien-être serait-il alors une nouvelle marchandise pour nous asservir davantage ?
On peut souscrire à cette interprétation. Néanmoins, elle n’est pas la seule. On peut discerner également dans ce phénomène du bien-être, une féminisation du monde du travail qui crée une rupture avec la décoration froide des bureaux trop carrés et monotones. Ce qui peut expliquer des environnements plus cocooning, plus rose, plus doux. C’était d’ailleurs la stratégie d’Apple au départ, de parier sur un design plus rond contre Microsoft, plus rigide et froid.
Nos auteurs décèlent dans cette quête perpétuelle du bien-être l’échec cuisant de l’idée du bonheur. Comme si nos sociétés avaient renoncé à l’idée du bonheur. Même si le bien-être n’est pas synonyme de bonheur, pourquoi serait-il l’opposé de ce dernier ?
Le bien-être n’est certes pas le bonheur, mais il y contribue...
Même si le bonheur est selon J. de Funès et N. Bouzou « indéfinissable », « instable » « dépendant », le bien-être n’est pas du « bonheurisme ». Le bien-être est une notion scientifique, contrairement au bonheur qui est une question philosophique. Une bonne gestion du stress, un « flow » serein, des émotions positives, génèrent du bien-être. Nous sommes alors bien dans notre corps. Pour autant, ce n’est pas le bonheur, mais un corps heureux ne prédispose-t-il pas à un meilleur bonheur ? La QVT permet de nous faciliter le quotidien, mais effectivement si notre travail est mortellement ennuyeux, cela n’y changera rien. Et si nous sommes harcelés par un manager, les effets de la QVT sont complètement annihilés. Le stress, véritable fléau des temps modernes, est le terreau idéal pour le business du bien-être. Selon l'OMS, le stress toucherait 53% des salariés et serait à l'origine de plus de 50% des arrêts de travail… L'économie du bien-être permet dès lors de mieux gérer son stress, mais n'agit pas sur les causes qui génèrent ce stress. Et c'est en cela que les auteurs de la comédie (in)humaine ont raison, les entreprises préfèrent agir sur les conséquences d'un management trop robotisé, plutôt que sur les causes de ce stress.
N'oublions pas comme le soulignent N. Bouzou et J. de Funès que la joie est la conséquence d’un travail accompli. C’est un travail passionnant qui peut créer les conditions idéales de bien-être, plutôt que des gadgets superficiels. « La joie est le signe dit Bergson que la vie a réussi ». Ou comme le pensait Spinoza, la joie nous révèle que nous sommes dans la bonne voie, que nous nous perfectionnons. L’entreprise doit favoriser l’accomplissement. Et pourquoi pas la passion ?
Autre signal faible dans les entreprises, cette fois-ci plus inquiétant : la glorification de travail collaboratif et de l’intelligence collective. Nous sommes tous convaincus que l’intelligence collective nous permet d’aller plus loin. Mais encore faudrait-il définir cette intelligence collective… Quand nous lisons un article ou un livre, nous sommes déjà dans l’intelligence collective, puisque l’on se confronte aux multiples expériences et pensées d’un auteur. Il ne faudrait pas que cette apologie du travail collaboratif masque une dictature larvée, celle de ne jamais permettre le débat...
L’obsession du travail collaboratif peut cacher une envie de broyer les individualités...
Les entreprises raffolent en ce moment de brainstormings, d’ateliers collaboratifs. Or le brainstorming évite la confrontation. Il faut dire « oui et » et pas « non mais » pour rebondir sur les propos d’un autre participant. Or la confrontation est nécessaire et n’est pas synonyme de conflit. « Les idées vraies sont celles qui dépassent les contradictions ». Les effets indirects de ces séances de brainstorming est de diluer l’individu, et surtout de nier l’expertise. Le capitalisme est fondé sur la compétition. Comment, alors cette compétition peut-elle se trouver subrepticement avalée par un travail collaboratif ? Cette idéalisation du « tout collectif » déstabilise inconsciemment l’individu et stoppe ses revendications. C’est dans cet excès d’injonction de travail collaboratif, que l’on peut deviner les débuts d’une aliénation, comme si on dévalorisait les individus qui pensaient par eux-mêmes.
Et effectivement, le bonheur n’est possible que si nous sommes libres. Le bien-être sans liberté c’est une prison dorée, qui nous endort et nous éloigne de notre être profond.
Cependant, le bien-être a au moins une vertu : celui de reconnaître l'importance du corps, ce qui crée une rupture avec la conception cartésienne qui oppose le corps à l'esprit. "Un esprit sain dans un corps sain", comme l'écrivait dans ses essais Montaigne. Il ne faut pas dédaigner son corps, en cela l'industrie du bien-être est une chance.
Méfions-nous néanmoins des mesures permanentes de satisfaction et de bien-être… La notation est une forme de dictature larvée.
Un bonheur ne se mesure pas.
La comédie (in)humaine, Julia de Funès et Nicolas Bouzou, 2018, Editions de l’Observatoire.
L’obsession du bien-être, Benoît Heilbrunn, 2019, Robert Laffont.
Dans l’obsession du bien-être, Benoît Heilbrunn oriente ses propos dans le même sens : « Cette doudouisation du monde nous rappelle que le principal mécanisme sur lequel le capitalisme s’appuie est l’infantilisation des adultes. »
Dès lors derrière cette « doudouisation » du monde, se cacherait le vilain capitalisme vorace, prêt à tout pour générer toujours plus de croissance. Même prêt à « transformer l’émotion en marchandise »… Le bien-être serait-il alors une nouvelle marchandise pour nous asservir davantage ?
On peut souscrire à cette interprétation. Néanmoins, elle n’est pas la seule. On peut discerner également dans ce phénomène du bien-être, une féminisation du monde du travail qui crée une rupture avec la décoration froide des bureaux trop carrés et monotones. Ce qui peut expliquer des environnements plus cocooning, plus rose, plus doux. C’était d’ailleurs la stratégie d’Apple au départ, de parier sur un design plus rond contre Microsoft, plus rigide et froid.
Nos auteurs décèlent dans cette quête perpétuelle du bien-être l’échec cuisant de l’idée du bonheur. Comme si nos sociétés avaient renoncé à l’idée du bonheur. Même si le bien-être n’est pas synonyme de bonheur, pourquoi serait-il l’opposé de ce dernier ?
Le bien-être n’est certes pas le bonheur, mais il y contribue...
Même si le bonheur est selon J. de Funès et N. Bouzou « indéfinissable », « instable » « dépendant », le bien-être n’est pas du « bonheurisme ». Le bien-être est une notion scientifique, contrairement au bonheur qui est une question philosophique. Une bonne gestion du stress, un « flow » serein, des émotions positives, génèrent du bien-être. Nous sommes alors bien dans notre corps. Pour autant, ce n’est pas le bonheur, mais un corps heureux ne prédispose-t-il pas à un meilleur bonheur ? La QVT permet de nous faciliter le quotidien, mais effectivement si notre travail est mortellement ennuyeux, cela n’y changera rien. Et si nous sommes harcelés par un manager, les effets de la QVT sont complètement annihilés. Le stress, véritable fléau des temps modernes, est le terreau idéal pour le business du bien-être. Selon l'OMS, le stress toucherait 53% des salariés et serait à l'origine de plus de 50% des arrêts de travail… L'économie du bien-être permet dès lors de mieux gérer son stress, mais n'agit pas sur les causes qui génèrent ce stress. Et c'est en cela que les auteurs de la comédie (in)humaine ont raison, les entreprises préfèrent agir sur les conséquences d'un management trop robotisé, plutôt que sur les causes de ce stress.
N'oublions pas comme le soulignent N. Bouzou et J. de Funès que la joie est la conséquence d’un travail accompli. C’est un travail passionnant qui peut créer les conditions idéales de bien-être, plutôt que des gadgets superficiels. « La joie est le signe dit Bergson que la vie a réussi ». Ou comme le pensait Spinoza, la joie nous révèle que nous sommes dans la bonne voie, que nous nous perfectionnons. L’entreprise doit favoriser l’accomplissement. Et pourquoi pas la passion ?
Autre signal faible dans les entreprises, cette fois-ci plus inquiétant : la glorification de travail collaboratif et de l’intelligence collective. Nous sommes tous convaincus que l’intelligence collective nous permet d’aller plus loin. Mais encore faudrait-il définir cette intelligence collective… Quand nous lisons un article ou un livre, nous sommes déjà dans l’intelligence collective, puisque l’on se confronte aux multiples expériences et pensées d’un auteur. Il ne faudrait pas que cette apologie du travail collaboratif masque une dictature larvée, celle de ne jamais permettre le débat...
L’obsession du travail collaboratif peut cacher une envie de broyer les individualités...
Les entreprises raffolent en ce moment de brainstormings, d’ateliers collaboratifs. Or le brainstorming évite la confrontation. Il faut dire « oui et » et pas « non mais » pour rebondir sur les propos d’un autre participant. Or la confrontation est nécessaire et n’est pas synonyme de conflit. « Les idées vraies sont celles qui dépassent les contradictions ». Les effets indirects de ces séances de brainstorming est de diluer l’individu, et surtout de nier l’expertise. Le capitalisme est fondé sur la compétition. Comment, alors cette compétition peut-elle se trouver subrepticement avalée par un travail collaboratif ? Cette idéalisation du « tout collectif » déstabilise inconsciemment l’individu et stoppe ses revendications. C’est dans cet excès d’injonction de travail collaboratif, que l’on peut deviner les débuts d’une aliénation, comme si on dévalorisait les individus qui pensaient par eux-mêmes.
Et effectivement, le bonheur n’est possible que si nous sommes libres. Le bien-être sans liberté c’est une prison dorée, qui nous endort et nous éloigne de notre être profond.
Cependant, le bien-être a au moins une vertu : celui de reconnaître l'importance du corps, ce qui crée une rupture avec la conception cartésienne qui oppose le corps à l'esprit. "Un esprit sain dans un corps sain", comme l'écrivait dans ses essais Montaigne. Il ne faut pas dédaigner son corps, en cela l'industrie du bien-être est une chance.
Méfions-nous néanmoins des mesures permanentes de satisfaction et de bien-être… La notation est une forme de dictature larvée.
Un bonheur ne se mesure pas.
La comédie (in)humaine, Julia de Funès et Nicolas Bouzou, 2018, Editions de l’Observatoire.
L’obsession du bien-être, Benoît Heilbrunn, 2019, Robert Laffont.
LIVRES PHILous
Lundi 28 Janvier 2019
Le coaching, notamment en entreprise, est souvent considéré comme légèrement suspect, dans la mesure où calquer un mode d’emploi sur tous les individus, sans les analyser en profondeur dans la durée, paraît superficiel. Le coaching global, contrairement au simple coaching, prend en compte l’ensemble de l’individu, de sa santé physique à sa spiritualité. Ce type du coaching est en phase avec la société d’aujourd’hui et son changement de paradigme. Comme nous l'explique Philippe Rosinski, l'auteur de Leadership & Coachin global, le monde est assurément complexe, il n’est plus possible de se contenter du modèle cartésien. Le corps ne peut être séparé de l’esprit. Ce mode de coaching s’imprègne du modèle holographique. Tout est interconnecté, chaque partie fait partie d’un tout et inversement. Ce qui évoque instantanément la conception spinoziste du monde. D’ailleurs, Spinoza y est cité plusieurs fois.
Il s’agit également d’un coaching optimiste et responsabilisant. En effet, il ne revient pas qu’aux hommes politiques et aux dirigeants des multinationales de changer le sens de l’histoire, il faut que chacun se responsabilise. Le coaching global peut avoir de réels effets positifs. On oublie que dans la théorie d’Adam Smith, trop connu pour sa main invisible, la finalité est certes d’atteindre des richesses, mais également dans l’intérêt des pauvres. Il ne fait pas l’apologie de la « rapacité mesquine ». Il faut sortir de l’engrenage du libéralisme « simpliste ». Nous ne tirons jamais les leçons des crashs boursiers, 1929, 2008… Et continuons à nous endetter de façon suicidaire, comme s’il n’y avait pas d’autres issues possibles. L’économie de marché ne peut pas répondre à elle-seule à tous les défis. Il faut de l’éthique et un sens des responsabilités.
L’éditeur de Philippe Rozinski, a été coach lui-même pendant 20 ans. Son projet est d’aider à promouvoir les valeurs humanistes. Raison pour laquelle il n’a pas hésité à traduire le livre « Global Coaching » de P. Rozinski, reconnu pour le coaching multiculturel qui se confronte aux nouveaux bouleversements techniques, sociaux et écologiques. Son objectif ultime est : coacher pour un monde meilleur.
Contrairement à certains types de coaching, le coaching global ne se cantonne pas à une approche psychologique. Il doit également être complété par des visions stratégiques et également de solides connaissances en économie. Un peu comme l’intelligence collective, il essaie de créer le maximum de liens entre les différentes disciplines pour apprivoiser la complexité du monde.
Comme ce coaching intègre six perspectives, spirituelle, culturelle, politique, psychologique, managériale et physique, il est un peu mal accueilli en France à cause de la perspective spirituelle. Car nous sommes dans un pays où la laïcité est un principe très structurant. Et de surcroît, un pays très rationaliste. Les questions de « donner du sens à sa vie » ont été longtemps méprisées par l’entreprise, même s’il semblerait aujourd’hui que ce soit la nouvelle tendance d’après les réseaux sociaux. Il ne faut pas confondre spiritualité et religiosité. Mais notre culture cartésienne voit d’un œil suspect toute connotation spirituelle, et ce surtout dans l’entreprise.
Côté sport, la corrélation entre l’activité physique et le leadership est clairement établie. L’activité physique joue un rôle certain dans la gestion des émotions. Les émotions positives permettent de renforcer l’humanité et de réduire le stress, ce fameux taux de cortisol qui sur long terme est néfaste. Une vie pleine de vitalité et porteuse de sens est un chemin vers le bonheur car elle procure un bon « flow » (état de grâce), qui sur le plan des neurosciences est prouvé.
Paradoxalement, l’entreprise favorise les personnes dénuées d’émotions fortes, ces « psychopathes intelligents » qui ne sont pas inquiétés de leurs abus. Or ce manque de compassion ou d’amour empêchent ces « psychopathes » de s’interconnecter avec l’univers holographique, autrement dit de faire face à la nouvelle complexité de nos sociétés.
Pour les adeptes de Process Communication créé par le psychologue Taibi Kahler, l’auteur a relié les 6 profils de Process com aux archétypes de Pearson. Par exemple le rebelle est associé à l’explorateur-chercheur, le rêveur au sage, l’empathique le soignant, à l’amant… Mais attention, malgré la diversité des profils, l’auteur nous rappelle qu’il est nécessaire d’aspirer à la complétude.
Ce livre s’adresse aux coachs, aux responsables d’entreprise mais aussi à tous les individus qui se souhaitent se confronter à leur ombre, chère à Jung, pour dompter leurs démons et leurs faiblesses. Et ce, dans l’objectif de créer un monde meilleur…
Leadership & Coaching global, Philippe Rosinski, Valeurs d'Avenir, 385 pages.
L’éditeur de Philippe Rozinski, a été coach lui-même pendant 20 ans. Son projet est d’aider à promouvoir les valeurs humanistes. Raison pour laquelle il n’a pas hésité à traduire le livre « Global Coaching » de P. Rozinski, reconnu pour le coaching multiculturel qui se confronte aux nouveaux bouleversements techniques, sociaux et écologiques. Son objectif ultime est : coacher pour un monde meilleur.
Contrairement à certains types de coaching, le coaching global ne se cantonne pas à une approche psychologique. Il doit également être complété par des visions stratégiques et également de solides connaissances en économie. Un peu comme l’intelligence collective, il essaie de créer le maximum de liens entre les différentes disciplines pour apprivoiser la complexité du monde.
Comme ce coaching intègre six perspectives, spirituelle, culturelle, politique, psychologique, managériale et physique, il est un peu mal accueilli en France à cause de la perspective spirituelle. Car nous sommes dans un pays où la laïcité est un principe très structurant. Et de surcroît, un pays très rationaliste. Les questions de « donner du sens à sa vie » ont été longtemps méprisées par l’entreprise, même s’il semblerait aujourd’hui que ce soit la nouvelle tendance d’après les réseaux sociaux. Il ne faut pas confondre spiritualité et religiosité. Mais notre culture cartésienne voit d’un œil suspect toute connotation spirituelle, et ce surtout dans l’entreprise.
Côté sport, la corrélation entre l’activité physique et le leadership est clairement établie. L’activité physique joue un rôle certain dans la gestion des émotions. Les émotions positives permettent de renforcer l’humanité et de réduire le stress, ce fameux taux de cortisol qui sur long terme est néfaste. Une vie pleine de vitalité et porteuse de sens est un chemin vers le bonheur car elle procure un bon « flow » (état de grâce), qui sur le plan des neurosciences est prouvé.
Paradoxalement, l’entreprise favorise les personnes dénuées d’émotions fortes, ces « psychopathes intelligents » qui ne sont pas inquiétés de leurs abus. Or ce manque de compassion ou d’amour empêchent ces « psychopathes » de s’interconnecter avec l’univers holographique, autrement dit de faire face à la nouvelle complexité de nos sociétés.
Pour les adeptes de Process Communication créé par le psychologue Taibi Kahler, l’auteur a relié les 6 profils de Process com aux archétypes de Pearson. Par exemple le rebelle est associé à l’explorateur-chercheur, le rêveur au sage, l’empathique le soignant, à l’amant… Mais attention, malgré la diversité des profils, l’auteur nous rappelle qu’il est nécessaire d’aspirer à la complétude.
Ce livre s’adresse aux coachs, aux responsables d’entreprise mais aussi à tous les individus qui se souhaitent se confronter à leur ombre, chère à Jung, pour dompter leurs démons et leurs faiblesses. Et ce, dans l’objectif de créer un monde meilleur…
Leadership & Coaching global, Philippe Rosinski, Valeurs d'Avenir, 385 pages.
Voilà un livre dont j’aimerais vous faire part pour terminer l’année 2018. Et pour commencer 2019 avec une ferveur enthousiaste !
J’ai toujours été surprise par le peu d’entrain des philosophes à traiter du sujet de l’amour. En fait, définir l’amour est compliqué, c’est un peu comme essayer de définir le temps, il glisse, on croit l’avoir saisi et le voilà aussitôt engouffré dans le passé ou l’avenir. La passion, en revanche, les philosophes en sont friands, gare à la passion qui nous aliène, que l’on ne maîtrise pas. Seul Nietzsche n’en a pas peur avec son hymne de la volonté de puissance. Mais il faut être un surhomme pour ne pas y succomber. L’atteinte du sublime est une prise de risque.
Dans le livre « Philosopher ou faire l’amour » de Ruwen Ogien, on sent bien que la conception platonicienne de l’amour cloisonne l’amour érotique à une impasse. L’amour y est soit vulgaire, soit romantique, donc nécessairement naïf et illusoire. Seul l’amour moral et spirituel est glorifié. Si bien que l’auteur du livre s’interroge : l’amour est-il vraiment plus important que tout ? Notre intuition nous pousse à avoir une foi inébranlable dans l’amour, mais est-il aussi essentiel que la liberté et le bonheur ? L’amour est-il un affect intrinsèquement ou absolument bon quelle que soit la qualité de l’objet aimé ?
Autre débat philosophique : est-il préférable « d’aimer un tout petit peu tout le monde et personne à la folie, ou être indifférent à tout le monde et n’aimer qu’une personne à la folie ? »
Et une question fondamentale : l’amour qui ne dure pas est-il « un amour véritable » ?
Si l’on s’en réfère à Spinoza, l’amour qui rend joyeux est nécessairement une passion bonne. Quant à celui qui affaiblit, une passion mauvaise…
Je m’en tirerai donc par cette pirouette, définir le véritable amour par ses effets… Je vous souhaite une excellente fin d’année et une belle année 2019 avec des passions bonnes qui vous élèvent !
A très vite !
Philosopher ou faire l’amour, Ruwen Ogien.
Autre débat philosophique : est-il préférable « d’aimer un tout petit peu tout le monde et personne à la folie, ou être indifférent à tout le monde et n’aimer qu’une personne à la folie ? »
Et une question fondamentale : l’amour qui ne dure pas est-il « un amour véritable » ?
Si l’on s’en réfère à Spinoza, l’amour qui rend joyeux est nécessairement une passion bonne. Quant à celui qui affaiblit, une passion mauvaise…
Je m’en tirerai donc par cette pirouette, définir le véritable amour par ses effets… Je vous souhaite une excellente fin d’année et une belle année 2019 avec des passions bonnes qui vous élèvent !
A très vite !
Philosopher ou faire l’amour, Ruwen Ogien.
Récemment, j’ai pris plaisir à me plonger dans deux livres a priori diamétralement opposés : Remèdes à la mélancolie (2016) d’Eva Bester et Le pouvoir de l’optimisme (2018) de Christelle Crosnier. La mélancolie peut sembler une force antagoniste à l’optimisme, mais la bile noire est peut-être juste le signe que nous ne sommes pas dans la bonne direction. Ce jet noir attend alors d’être transformé.
La mélancolie est peut-être le préambule nécessaire à l’optimisme. Tout dépend comment est surmontée l’épreuve de la mélancolie. Comme l’écrit Eva Bester « Nous avons à chaque seconde la possibilité de nous diriger vers la construction, l’effort, la création, ou vers l’inclination naturelle de l’homme : la passivité, le chaos, la destruction. Se diriger vers la joie est un labeur ». Tout est question de persévérance.
Alors, au travail !
Tout d’abord, constatons qu’il existe une différence notable entre le sens littéraire de la mélancolie et sa définition médicale. Pour les médecins, la mélancolie est une maladie maniaco-dépressive, sans aucune connotation poétique. En littérature, il s’agit plutôt d’une tristesse légère, une nostalgie inspirante comme une douce saudade (sens Brésilien). C’est le vague à l’âme qui pousse à la réflexion ou à la créativité. Les poètes maudits en sont les fers de lance. Pour Baudelaire, la joie était tout simplement vulgaire. Il y a du mystère dans la mélancolie nonchalante et grise. « Le bonheur d’être triste », comme dirait Victor Hugo. C’est aussi un sens de l’esthétique, comme le soulignait Kant, la mélancolie peut aider à atteindre le sentiment du sublime.
Mais derrière ce beau tableau esthétique de la mélancolie, il n’en reste pas moins que le spleen comporte une grande part de narcissisme. Ce peut être le symptôme d’un trop plein de soi. Dans La culture du narcissisme, Christopher Lasch alerte sur le fait que la mélancolie est souvent le signe d’un excès de soi. « C’est de trop s’intéresser à soi-même » qui provoque la mélancolie, comme le rappelle Geneviève Brisac dans l’émission d’Eva Bester. Travailler permet de s’ouvrir aux autres et de s’éloigner de soi-même. Avoir des passions « bonnes » est aussi un bouclier efficace contre les pentes descendantes de la mélancolie.
On pourrait penser que l’intérêt que l’on porte actuellement à la découverte de soi-même, au développement personnel, représente un repliement sur soi dangereux. Certains raillent le succès de la psychologie positive. Or cette dernière nous pousse à avoir confiance dans les autres pour avoir confiance en soi. L’optimisme est une ouverture vers les autres. C’est le contraire du repli sur soi. Pour être optimiste, il faut reconnaître la force du présent, la beauté de l’existence, être dans la gratitude. L’action nous sort de soi.
La mélancolie est plutôt associée à un état de contemplation. Tout ce qui est régressif permet de lutter contre la mélancolie car l’enfance vit dans l’instant présent. Alors que le mélancolique est souvent tourné vers le passé ou l’avenir.
Pour Nietzsche, il y a aussi le rire, le rire des hommes supérieurs. Nietzsche est le plus cité dans l’émission. Car il est l’un des philosophes qui connaît le mieux nos parts d’ombres et nous invite à les dépasser, à éjecter le ressentiment, à refuser la tentation nihiliste. Il nous propose 3 boucliers contre la mélancolie : le rire, l’art et la connaissance.
Vivre dans le surréalisme peut également nous aider à nous extraire d’un quotidien trop lourd, comme le suggère Eric Naulleau. Le hasard des rencontres peut changer votre vie : la poésie peut affleurer partout. Etre ouvert au hasard, repérer les synchronicités, nous aident à développer notre 6ème sens du bonheur.
Alors comment lutter en synthèse contre la mélancolie ? La potion est assez simple. Quelques ingrédients pour démarrer : être dans l’instant présent, s’ouvrir aux autres, remercier la beauté, s’ouvrir au hasard, rire et travailler.
Puis, faites comme Robin S. Sharma : devenez un « paranoïaque inversé », c’est-à-dire quelqu’un qui imagine que le monde conspire à faire de belles choses pour vous…
Pour en savoir plus :
- Remèdes à la mélancolie, Eva Bester, 2016, Autrement
- Le pouvoir de l’optimisme, Christelle Crosnier, 2018.
Mais derrière ce beau tableau esthétique de la mélancolie, il n’en reste pas moins que le spleen comporte une grande part de narcissisme. Ce peut être le symptôme d’un trop plein de soi. Dans La culture du narcissisme, Christopher Lasch alerte sur le fait que la mélancolie est souvent le signe d’un excès de soi. « C’est de trop s’intéresser à soi-même » qui provoque la mélancolie, comme le rappelle Geneviève Brisac dans l’émission d’Eva Bester. Travailler permet de s’ouvrir aux autres et de s’éloigner de soi-même. Avoir des passions « bonnes » est aussi un bouclier efficace contre les pentes descendantes de la mélancolie.
On pourrait penser que l’intérêt que l’on porte actuellement à la découverte de soi-même, au développement personnel, représente un repliement sur soi dangereux. Certains raillent le succès de la psychologie positive. Or cette dernière nous pousse à avoir confiance dans les autres pour avoir confiance en soi. L’optimisme est une ouverture vers les autres. C’est le contraire du repli sur soi. Pour être optimiste, il faut reconnaître la force du présent, la beauté de l’existence, être dans la gratitude. L’action nous sort de soi.
La mélancolie est plutôt associée à un état de contemplation. Tout ce qui est régressif permet de lutter contre la mélancolie car l’enfance vit dans l’instant présent. Alors que le mélancolique est souvent tourné vers le passé ou l’avenir.
Pour Nietzsche, il y a aussi le rire, le rire des hommes supérieurs. Nietzsche est le plus cité dans l’émission. Car il est l’un des philosophes qui connaît le mieux nos parts d’ombres et nous invite à les dépasser, à éjecter le ressentiment, à refuser la tentation nihiliste. Il nous propose 3 boucliers contre la mélancolie : le rire, l’art et la connaissance.
Vivre dans le surréalisme peut également nous aider à nous extraire d’un quotidien trop lourd, comme le suggère Eric Naulleau. Le hasard des rencontres peut changer votre vie : la poésie peut affleurer partout. Etre ouvert au hasard, repérer les synchronicités, nous aident à développer notre 6ème sens du bonheur.
Alors comment lutter en synthèse contre la mélancolie ? La potion est assez simple. Quelques ingrédients pour démarrer : être dans l’instant présent, s’ouvrir aux autres, remercier la beauté, s’ouvrir au hasard, rire et travailler.
Puis, faites comme Robin S. Sharma : devenez un « paranoïaque inversé », c’est-à-dire quelqu’un qui imagine que le monde conspire à faire de belles choses pour vous…
Pour en savoir plus :
- Remèdes à la mélancolie, Eva Bester, 2016, Autrement
- Le pouvoir de l’optimisme, Christelle Crosnier, 2018.
Le titre du livre, Guérir de nos dépendances, peut paraître angoissant, voire culpabilisant. Mais, ce serait dommage de s’arrêter à cet a priori car il s’agit là d’un livre véritablement bienveillant qui explique les mécanismes de l’addiction en toute simplicité et révèle cette part d’ombre que l’on cherche tant à cacher. Les auteures, Pascale Senk et Frédérique de Gravelaine ont un style vivant et rassurant qui nous prend immédiatement par la main. Elles nous invitent à renouer avec nous-même, notre être profond que nos petites addictions maltraitent.
La dépendance humaine repose sur un curieux paradoxe : « Je dépends d’un autre pour devenir moi-même…, mon autonomie dépend de son état mental ». Dépendre pour être libre, telle est la situation de départ d’un enfant. On ne naît pas indépendant. Les dépendances sont souvent liées à des attachements fragiles de l’enfance.
Plus on est confronté à la tyrannie d’un moi idéal, plus on cherche de l’aide dans des remèdes extérieurs. Or ces « colmatages » accentuent la perte de l’estime de soi et conduisent à un cercle vicieux.
Pourtant, les neurosciences nous apprennent que notre meilleure addiction est notre cerveau : ce dernier est le « premier producteur de drogue au monde » ! Chacun de nous fabrique des endorphines, une trentaine de substances euphorisantes et anesthésiantes. Contrairement à nos croyances, notre cerveau est capable de produire des effets plus rapides et efficaces que les drogues. L’intestin contient d’ailleurs 200 millions de neurones, pour ceux qui n’auraient pas lu Les secrets de l’intestin… Mais, alors pourquoi, avec tout ce potentiel du corps humain, des addictions artificielles se créent malgré tout ?
Toutes les phases critiques de la vie comme l’adolescence sont vulnérables aux addictions, dans la mesure où l’on n’arrive plus à trouver des réserves en soi. Paradoxalement les comportements d’autodestruction redonnent un sentiment de puissance. « L’hypersensibilité, combinée à un appétit de vivre et un manque de confiance en soi sont des terreaux pour les addictions » (Philippe Jeammet). Les vilains petits canards incompris par leur entourage sont les proies idéales.
Comment travailler alors sur ses addictions ?
La force de ce livre est qu’il est résolument optimiste, rien n’est une fatalité. La gratitude peut permettre de lutter contre les dépendances : si on fait le compte de ce nous avons, plutôt que de ce qui nous manque, nous sommes moins vulnérables. La pratique de la psychologie positive apporte des boucliers de bien-être.
La créativité et l’humour sont aussi de parfaits alliés pour briser la rigidité des addictions. Ils aident à se « décentrer de soi » et à ne pas perdre de vue l’aspect ludique de la vie. Jouer avec des enfants, observer la course des nuages, sentir un bouquet de fleurs, les joies simples sont des petits pas qui nous éloignent progressivement de la voracité de la dépendance. Même la pratique du Haïku (voir le livre L’effet Haïku de la coauteure Pascale Senk), qui est un petit format poétique, permet de s’émerveiller au quotidien. « Dans la vie, peu importe ce qu’on fait, ce qui compte c’est de la manière dont on le fait ».
Se connaître est aussi indispensable pour ne pas sombrer dans nos « ombres ». « Travailler l’ombre signifie faire venir à la lumière ce qui est caché ». N’oublions pas que « chaque ombre est une lumière refoulée » (E. Durkheim). Le perfectionnisme peut être une ombre qui nous freine, car le moi idéal n’est souvent pas en phase avec le moi profond. « Le premier dragon qui barre la porte au processus créatif est le perfectionnisme ». En lâchant le désir de toute puissance et de contrôle, « on devient prêt à recevoir l’inattendu, l’imprévisible, qui permettent de traverser les manques avec joie et de faire de l’existence une aventure passionnante ». L’art est un antidote à la peur, la routine et le contrôle.
La vie tout entière peut être conçue comme une œuvre d’art. Réinventer son destin jour après jour est une forme de liberté. La dépendance est allergique à toute forme de créativité. La neuro-esthétique nous apprend à apprécier le beau et l’excellence.
La beauté du monde n’est pas futile. Au contraire, elle nous tire de nos rêves creux et nous fait habiter le monde en poésie. Le présent en toute constance, loin de nos dépendances…
Guérir de nos dépendances, P. Senk et F. de Gravelaine, éditions Leduc.s Pratique, avril 2018, 333 pages, 18 €
Plus on est confronté à la tyrannie d’un moi idéal, plus on cherche de l’aide dans des remèdes extérieurs. Or ces « colmatages » accentuent la perte de l’estime de soi et conduisent à un cercle vicieux.
Pourtant, les neurosciences nous apprennent que notre meilleure addiction est notre cerveau : ce dernier est le « premier producteur de drogue au monde » ! Chacun de nous fabrique des endorphines, une trentaine de substances euphorisantes et anesthésiantes. Contrairement à nos croyances, notre cerveau est capable de produire des effets plus rapides et efficaces que les drogues. L’intestin contient d’ailleurs 200 millions de neurones, pour ceux qui n’auraient pas lu Les secrets de l’intestin… Mais, alors pourquoi, avec tout ce potentiel du corps humain, des addictions artificielles se créent malgré tout ?
Toutes les phases critiques de la vie comme l’adolescence sont vulnérables aux addictions, dans la mesure où l’on n’arrive plus à trouver des réserves en soi. Paradoxalement les comportements d’autodestruction redonnent un sentiment de puissance. « L’hypersensibilité, combinée à un appétit de vivre et un manque de confiance en soi sont des terreaux pour les addictions » (Philippe Jeammet). Les vilains petits canards incompris par leur entourage sont les proies idéales.
Comment travailler alors sur ses addictions ?
La force de ce livre est qu’il est résolument optimiste, rien n’est une fatalité. La gratitude peut permettre de lutter contre les dépendances : si on fait le compte de ce nous avons, plutôt que de ce qui nous manque, nous sommes moins vulnérables. La pratique de la psychologie positive apporte des boucliers de bien-être.
La créativité et l’humour sont aussi de parfaits alliés pour briser la rigidité des addictions. Ils aident à se « décentrer de soi » et à ne pas perdre de vue l’aspect ludique de la vie. Jouer avec des enfants, observer la course des nuages, sentir un bouquet de fleurs, les joies simples sont des petits pas qui nous éloignent progressivement de la voracité de la dépendance. Même la pratique du Haïku (voir le livre L’effet Haïku de la coauteure Pascale Senk), qui est un petit format poétique, permet de s’émerveiller au quotidien. « Dans la vie, peu importe ce qu’on fait, ce qui compte c’est de la manière dont on le fait ».
Se connaître est aussi indispensable pour ne pas sombrer dans nos « ombres ». « Travailler l’ombre signifie faire venir à la lumière ce qui est caché ». N’oublions pas que « chaque ombre est une lumière refoulée » (E. Durkheim). Le perfectionnisme peut être une ombre qui nous freine, car le moi idéal n’est souvent pas en phase avec le moi profond. « Le premier dragon qui barre la porte au processus créatif est le perfectionnisme ». En lâchant le désir de toute puissance et de contrôle, « on devient prêt à recevoir l’inattendu, l’imprévisible, qui permettent de traverser les manques avec joie et de faire de l’existence une aventure passionnante ». L’art est un antidote à la peur, la routine et le contrôle.
La vie tout entière peut être conçue comme une œuvre d’art. Réinventer son destin jour après jour est une forme de liberté. La dépendance est allergique à toute forme de créativité. La neuro-esthétique nous apprend à apprécier le beau et l’excellence.
La beauté du monde n’est pas futile. Au contraire, elle nous tire de nos rêves creux et nous fait habiter le monde en poésie. Le présent en toute constance, loin de nos dépendances…
Guérir de nos dépendances, P. Senk et F. de Gravelaine, éditions Leduc.s Pratique, avril 2018, 333 pages, 18 €
PHIL-ANALYSE
Mercredi 5 Septembre 2018
Ces derniers temps, l'engouement pour Spinoza peut surprendre : sa philosophie, pourtant loin d'être accessible, suscite un enthousiasme digne d'une rock star.
Autant on peut comprendre que les aphorismes de Nietzsche puissent séduire n'importe quel âme romantique, que le Banquet de Platon se lise aisément après 3 verres de vin ou que le pessimisme tranchant d'un Schopenhauer abreuve des adolescents en pleine révolte... Mais comment L'éthique de Spinoza, écrit au XVIIème siècle sous forme d'axiomes, peut aujourd'hui séduire nos cerveaux perpétuellement connectés aux réseaux sociaux et à l'adrénaline des "likes" ?
C'est ce qu'a tenté d'expliquer mon amie Férial Furon dans son article "Pourquoi Spinoza suscite tant de "passions" ? présenté ci-dessous. Je la remercie d'ailleurs d'avoir cité mon livre "Descartes n'était pas Vierge", où je décris Spinoza par son signe astrologique Sagittaire... Ce qui est tout à fait philosophiquement incorrect, mais peut-être les prémices d'un acte spinoziste ? A vous d'en juger...
« Spinoza est en train de devenir un « héros » people. Du coup il fait l’objet d’images réductrices et se voit mis en vedette dans des revues littéraires voire philosophiques. « Pourquoi on se l’arrache aujourd’hui. Comment il bouleversa le XVIIe siècle », sous-titre le Spécial Spinoza du Magazine Littéraire de novembre 2017. Qui se l’arrache et pourquoi faire ? Pour le replanter où ? Comment aurait-il pu « bouleverser le XVIIe siècle » étant donné qu’il n’y était connu que de quelques dizaines d’amis et d’ennemis ? Spinoza est devenu une sorte de hochet (ou de pense-bête) qu’on brandit en toute occasion, pour avoir l’air cultivé ou même « pénétré » par cette grande pensée. Est-ce un bien ou un mal ? Les deux ! Ni l’un ni l’autre, dirait-il, car la vaine gloire (et son double, l’opprobre méchante) ne l’intéressait en rien. »
Cette introduction n’est pas de moi mais de Michel Juffé, philosophe et spécialiste de Spinoza. C’est par ce ton un tantinet dédaigneux que ce « grand connaisseur » du génie d’Amsterdam, déplore l’engouement populaire que suscite Spinoza aujourd’hui. Dans sa contribution parue sur le site i-philo, il distribue des bons points et des mauvais points sur les auteurs qui comme lui ont fait l’effort de transmettre la pensée révolutionnaire de Spinoza en les classant en « vrais amis », « vrai, faux ami » et « faux amis ».
Ma question est donc la suivante : pourquoi la vulgarisation de l’Ethique suscite tant de « passions » chez les connaisseurs comme si elle devait être protégée par une chasse gardée et réservée qu’à une élite intellectuelle ?
Une partie de la réponse pourrait se situer dans ce que dit Bruno Giuliani en avant-propos de son livre le « Bonheur avec Spinoza – l’Ethique reformulée pour notre temps » que j’ai lu d’une traite avec délectation : « combien au final, ont réellement saisi son intuition majeure, l’immanence de Dieu ? Même ceux qui se disent « spinozistes » adoptent généralement des positions incompatibles avec sa philosophie, appelant par exemple à l’indignation ou au matérialisme alors que tout l’Ethique invite à se libérer de telles illusions ».
En toute humilité, je fais partie de cette vague d’enthousiasme populaire, composée de néophytes donc, à propos d’un philosophe qui est sans doute le plus difficile à lire et à comprendre.
Car lire Spinoza « pour lire Spinoza » est quasi-impossible.
J’ai fait l’effort d’acheter l’une des plus belles traductions de l’Ethique, celle de Robert Misrahi (1). J’ai avancé, non sans mal, dans les méandres de son introduction générale et lorsque je suis arrivée enfin à la première page de Spinoza « De Dieu » qui démarre par des définitions, des explications, des axiomes, des propositions, des démonstrations, des scolies…Là j’avoue qu’il m’a été difficile d’aller plus loin.
Car la forme « mathématique », plus précisément « géométrique » de l’Ethique est dure, très dure à s’approprier.
Les tournures de phrases aussi sont difficilement accessibles en raison d’un vocabulaire abscons : substance infinie, attributs, modes, cause de soi….
Heureusement et je dis merci à tous les pédagogues d’avoir persévéré pendant des années dans sa lecture pour nous permettre d’accéder plus facilement à ce que Spinoza a bien voulu nous transmettre.
Alors j’écris ces lignes, non pas « pour avoir l’air cultivé ou même « pénétrée » par cette grande pensée » mais en raison de la joie « active » que me procure cet exercice et aussi pour l’envie de partager avec d’autres néophytes ce que j’ai compris de Spinoza.
Pourquoi ce philosophe me touche tant ?
Avant de répondre à cette question, je vais plutôt commencer par celle-là : quelle fut donc ma première rencontre avec Spinoza ?
C’était il y a quelques années. Une amie avait écrit un livre sur l’approche des philosophes à travers leur signe astrologique (« Descartes n’était pas vierge »(2) de Marjorie Poeydomenge). Très intriguée par cette approche originale de la philosophie, je me suis vite demandée quel penseur pouvait bien être sagittaire comme moi (le plus beau signe du zodiac bien sûr et le plus joyeux !)…Et ce fut Spinoza !
Il est né un 24 novembre…et moi un 23 novembre…C’est sans doute d’une futilité confondante pour certains…Pour d’autres peut-être pas. En tout cas pour Marjorie Poeydomenge, certainement pas.
Que dit-elle sur la rationalité de sa démarche ? Je la cite : « j’ai été très étonnée de l’influence de la philosophie grecque sur l’astrologie que nous utilisons aujourd’hui. Ainsi concernant l’opposition entre rationnel et irrationnel, si l’on respecte vraiment l’histoire des idées philosophiques, on devrait connaître (et admettre) le rôle de la philosophie grecque dans la rationalisation de l’astrologie et sa propagation. La philosophie grecque et l’astrologie n’étaient pas à l’époque en opposition. C’est la philosophie grecque qui a contribué à l’idée que l’astrologie pouvait être une « science ». Même les maîtres des mathématiques et de la géométrie comme Pythagore lui ont accordé du crédit et ont favorisé son essor. C’est également Empédocle avec sa théorie des 4 éléments (eau, terre, feu et air) qui a influencé les 4 éléments utilisés en astrologie, et notamment ceux utilisés dans la médecine d’Hippocrate. Mieux encore, c’est Philippe d’Oponte, un disciple de Platon, qui a associé les planètes avec les noms des dieux de la mythologie. Enfin, autre point que j’ai découvert et qui m’a surprise : c’est sous l’influence des stoïciens que les planètes sont devenues des divinités, car l’astrologie allait dans le sens de leur conception de la rigidité du destin. Comment alors prétendre que l’astrologie est à l’origine irrationnelle ? Elle n’est peut-être pas scientifique, mais elle peut être tout à fait rationnelle. »
Une première rencontre bien affective et pas complètement « irrationnelle » donc …
Mais mon « illumination » se produira un peu plus tard…Cela se fit en octobre 2017, il y a un an précisément, il y a un siècle, il y a une éternité…C’est à ce moment-là que j’ai vraiment découvert Spinoza et ce à travers des exégètes ou plutôt des « vulgarisateurs ». Je veux parler de Balthazar Thomass (Etre heureux avec Spinoza (3), de Frederic Lenoir (Le Miracle Spinoza (4) et de Bruno Giuliani (Le bonheur avec Spinoza – l’Ethique reformulée pour notre temps (5).
J’avoue que c’est la version de Giuliani qui m’a le plus touchée. C’est sa sensibilité et compréhension du grand maître qui résonnent le plus en moi.
Avant d’être « envahie » par la pensée de Spinoza, j’ai éprouvé d’abord de l’empathie pour l’homme en raison des épreuves qu’il a traversées. D’ailleurs tous les connaisseurs disent « l’aimer » et parle de lui en des termes affectueux.
Car Spinoza m’émeut oui, vraiment.
Pourquoi ? Parce que je pense que c’est lui qui a touché au plus près « la Vérité » ! La vérité sur quoi ? Et bien, sur l’origine du monde, d’où nous venons, où nous allons…Et surtout comment se sentir bien dans son corps et dans son esprit, simultanément bien sûr, pour ne pas « trahir » Spinoza.
Depuis que je suis toute petite une question m’assomme : après la Terre, les étoiles, les planètes, la galaxie, l’univers, les multivers, il y a quoi ? En effet la représentation de l’infini me donne le vertige ou alors m’étouffe.
Ma compréhension de Spinoza est très intuitive. D’ailleurs, c’est ce qu’il se préconise lui-même lorsqu’il entre dans l’entreprise de l’œuvre de sa vie qui durera 15 ans.
C’est ce qu’il appelle « la connaissance intuitive ». C’est ce qu’il nomme le troisième genre de connaissance. Ce sont les pensées qui viennent de l’intuition.
Selon Spinoza, « c’est la connaissance directe de l’essence d’une chose par l’usage de la seule intelligence, comme on le voit dans les mathématiques. Par exemple, une idée évidente comme la nature du cercle. La connaissance intuitive n’est composée que d’idées vraies. »
Et que dit-il lorsqu’il se lance dans l’écriture de l’Ethique ? Je le cite : « j’ai donc trouvé la bonne méthode pour progresser vers la vérité et la sagesse : je dois abandonner toutes mes anciennes croyances fondées sur la perception vague du monde et reconstruire toutes mes pensées en ne raisonnant qu’à partir de mes intuitions ».
Les épreuves qu’a traversées Baruck Spinoza (1632-1677), dit aussi Benedictus d'Espinosa ont été effroyablement rudes.
Enfant surdoué, il est issu de parents d’origine espagnole marrane. Ses grands-parents ont fui le Portugal lors de l’inquisition et se sont exilés à Amsterdam pour se protéger de l’antisémitisme.
Il s’intéresse très tôt à la religion dont il est issu, le judaïsme. Il entreprend même des études de rabbinisme. Il dévore tous les textes sacrés. Il les décortique. Il se révolte par leurs incohérences. Il ne comprend plus rien. Il se torture l’esprit. Il veut comprendre. Il recherche « la Vérité ». A 23 ans, il est excommunié. Il subit le « Herem ». C’est l’opprobre suprême dans la communauté juive. Il est coupé de tous ses liens affectifs. Il perd sa mère, un frère et une sœur. Ils meurent tous de la tuberculose. Un mal qui finira par le ronger lui-même. Son père fait faillite. Spinoza perd tout. Il se retrouve dans un « péril extrême » comme il le dit lui-même.
Mais au fond de lui, une force intérieure, le pousse à rentrer en résilience. Et que se dit-il lorsqu’il est au fond du gouffre ? Je le cite : « N’existe-t-il pas une autre vie possible ? N’est-il pas possible de faire sans peine et sans délai ce qui peut nous donner le plus grand bonheur ? N’existe-t-il pas un bien véritablement supérieur, dont la possession et la transmission pourraient faire de chacun de nous des personnes totalement heureuses ? Si un tel bien existe, il est de la plus extrême importance de le trouver et d’en faire profiter l’humanité, et c’est pourquoi rien ne me semble plus nécessaire, utile et urgent que de m’y consacrer à présent avec toute la force de mon esprit. Je sens naître en moi un grand enthousiasme pour me lancer dans la recherche des biens véritables. »
Tout au long de son entreprise, il sera « habité » par la recherche d’un bien impérissable, d’une joie permanente que rien ne pourra lui enlever.
Pour rentrer dans « le système Spinoza », il y a plusieurs voies d’accès : on peut être attiré par sa quête du bonheur et de la liberté ou alors par sa compréhension des affects qui asservissent l’Homme mais aussi par sa métaphysique.
C’est son ontologie qui me fascine le plus. Et c’est d’ailleurs ce choix qu’a fait Spinoza pour dérouler son fil d’Ariane et proposer un raisonnement ascensionnel qui le mènera vers les cimes de la compréhension du monde et de la nature humaine.
Pour comprendre et donc ressentir l’immanence de la philosophie de Spinoza (la divinité est en nous) ou plus précisément le monisme (le corps et l’esprit ne font qu’un, Dieu est Nature, Dieu est la Vie, tout est Dieu) qui s’oppose radicalement au dualisme de Descartes (la transcendance, Dieu a créé le monde, l’âme et le corps sont bien distincts, l’esprit commande le corps), il me semble qu’il faut y être préparé par un vécu personnel.
Ce vécu personnel, je le nomme « Eveil », éveil de conscience ou éveil spirituel. Il s’agit à mon sens d’une spiritualité laïque, universelle, au-dessus de toutes les religions monothéistes.
C’est le constat que je fais à l’instant t.
C’est le moment de ma vie dans lequel je me situe.
C’est la raison pour laquelle cette « vraie » rencontre avec Spinoza est si bouleversante.
Cet homme, ce génie, a vécu au XVIIème siècle ce que je ressens maintenant ici au XXIème siècle.
Et cet homme a réussi à conceptualiser tout ce que je ressens au plus profond de mon être pour pouvoir vivre heureuse et atteindre la sagesse dans un monde devenu fou. Un monde devenu égotique et matérialiste. Un monde qui chemine vers l’avènement de l’intelligence artificielle. Un monde dont l’humanité est menacée. Un monde enchainé par ses passions mauvaises qui le rongent de l’intérieur.
Comme beaucoup, je suis révoltée par l’obscurantisme qui sévit sur la surface du globe.
J’ai moi-même vécu une épreuve pour avoir voulu dire la vérité à des hommes et des femmes englués dans leurs croyances et certitudes. Et j’en ai subi « l’opprobre méchante ». La philosophie de Spinoza m’a aidée à ce moment-là. Elle m’a même fait un bien fou. Elle m’a aidée à maitriser mes passions. Ils n’ont pas eu ma haine. La philosophie pratique de Spinoza est unique. Elle est grandiose. Elle doit être pratiquée par tous. C’est pourquoi je plaide pour une vulgarisation large de sa pensée.
Ne croyant absolument pas au libre arbitre, Spinoza nous donne cependant les clés pour nous libérer de notre servitude aux passions ou « affects » en faisant appel à la raison ou « esprit ». Par affect, il entend émotion et sentiment (j’y reviendrai plus précisément dans un autre article consacré aux neurosciences et à la biologie).
Il balaie le concept de la morale au sens religieux, le bien et le mal, pour le remplacer par celui du bon et du mauvais pour soi.
Il affirme que « le désir est l’essence de l’homme ». L’homme est par nature une puissance d’exister. Le spinozisme est un mouvement pour persévérer dans l’être, c’est-à-dire pour exister encore et encore plus. Cet effort, il le nomme le conatus. Et cette force provient d’un seul affect, la joie. Mais une joie active et non passive, c’est-à-dire dont la cause provient de l’intérieur de l’être et non de l’extérieur.
Il dit que « les affections du corps qui augmentent ou diminuent, aident ou contrarient la puissance d’agir du corps et en même temps les idées de ces affections ». Il s’agit bien là d’une réalité psycho-physique puisqu’on a une modification corporelle qui est jointe à une idée de cette modification.
L’affect implique toujours une corrélation entre ce qu’il se passe dans l’esprit et dans le corps et donc penser les affects, c’est penser l’homme dans son unité (6).
Selon Spinoza, tout le problème vient de la part plus ou moins active que nous prenons à nos affects.
Selon que nous sommes causes totales ou partielles de nos émotions, selon qu’elles reflètent l’impact des causes extérieures qui nous modifient.
Le problème pour Spinoza est l’affect triste (la vengeance, la haine, la jalousie, la détestation de soi…). Par cet affect, il entend l’ensemble des affects qui nous font passer d’une grande à une moins grande perfection ou à une moindre réalité c’est-à-dire des affects qui réduisent notre capacité d’agir.
Ce sont ces affects-là qui sont centraux dans la thérapeutique de Spinoza puisque ceux-ci nous empêchent de développer « le conatus », c’est-à-dire notre effort pour persévérer dans notre être. Ils freinent notre effort, ils nous réduisent de telle sorte que notre pouvoir d’agir se réduise comme une peau de chagrin.
Dans la cinquième partie de l’Ethique, il va mettre en place une suite de remèdes aux affects, cinq exactement(6) :
Connaitre la cause véritable de ses affects
Opérer une séparation par rapport à la cause extérieure qui nous affecte
Prendre en considération le temps et la temporalité
Diversifier notre vie affective pour contrebalancer l’affect triste
Modifier l’ordre d’enchainement de nos affects
Il nous dit que « nous sommes esclaves de nos images mentales – la connaissance du premier genre – et de faits nous restons dominés par « nos passions illusoires » (affects passifs) et tout particulièrement la peur qui nous maintient dans la servitude et la soumission sur le plan politique autant que spirituel. »
Selon Conraad Van Beuningen, les derniers mots de Spinoza auraient été : « J’ai servi Dieu selon les lumières qu’il m’a données. Je l’aurais servi autrement s’il m’en avait donné d’autres ».
Spinoza est donc d’une actualité brûlante et s’il suscite de l’engouement aujourd’hui, si nous désirons qu’il nous éclaire encore de ses lumières, ce n’est sûrement pas anodin ni un hasard dont il ne croyait pas du tout l’existence !
Ferial Furon
Bibliographie :
« L’Ethique » - Spinoza – Traduction et édition de Robert Misrahi – juillet 2017
« Descartes n’était pas vierge » - Marjorie Poeydomenge – juin 2011
« Être heureux avec Spinoza » - Balthasar Thomass – Editions Eyrolles – juillet 2016
« Le miracle Spinoza » - Frédéric Lenoir – Editions Fayard – novembre 2017
« Le Bonheur avec Spinoza – L’Ethique reformulée pour notre temps » - Bruno Guiliani - Editions Almora – septembre 2017
Conférence de Chantal Jacquet lors du 7ème Congrès Européen de l’AEPEA co-organisé avec la Ligue Bruxelloise Francophone pour la Santé Mentale à Bruxelles les 8 - 9 & 10 mai 2014
Cette introduction n’est pas de moi mais de Michel Juffé, philosophe et spécialiste de Spinoza. C’est par ce ton un tantinet dédaigneux que ce « grand connaisseur » du génie d’Amsterdam, déplore l’engouement populaire que suscite Spinoza aujourd’hui. Dans sa contribution parue sur le site i-philo, il distribue des bons points et des mauvais points sur les auteurs qui comme lui ont fait l’effort de transmettre la pensée révolutionnaire de Spinoza en les classant en « vrais amis », « vrai, faux ami » et « faux amis ».
Ma question est donc la suivante : pourquoi la vulgarisation de l’Ethique suscite tant de « passions » chez les connaisseurs comme si elle devait être protégée par une chasse gardée et réservée qu’à une élite intellectuelle ?
Une partie de la réponse pourrait se situer dans ce que dit Bruno Giuliani en avant-propos de son livre le « Bonheur avec Spinoza – l’Ethique reformulée pour notre temps » que j’ai lu d’une traite avec délectation : « combien au final, ont réellement saisi son intuition majeure, l’immanence de Dieu ? Même ceux qui se disent « spinozistes » adoptent généralement des positions incompatibles avec sa philosophie, appelant par exemple à l’indignation ou au matérialisme alors que tout l’Ethique invite à se libérer de telles illusions ».
En toute humilité, je fais partie de cette vague d’enthousiasme populaire, composée de néophytes donc, à propos d’un philosophe qui est sans doute le plus difficile à lire et à comprendre.
Car lire Spinoza « pour lire Spinoza » est quasi-impossible.
J’ai fait l’effort d’acheter l’une des plus belles traductions de l’Ethique, celle de Robert Misrahi (1). J’ai avancé, non sans mal, dans les méandres de son introduction générale et lorsque je suis arrivée enfin à la première page de Spinoza « De Dieu » qui démarre par des définitions, des explications, des axiomes, des propositions, des démonstrations, des scolies…Là j’avoue qu’il m’a été difficile d’aller plus loin.
Car la forme « mathématique », plus précisément « géométrique » de l’Ethique est dure, très dure à s’approprier.
Les tournures de phrases aussi sont difficilement accessibles en raison d’un vocabulaire abscons : substance infinie, attributs, modes, cause de soi….
Heureusement et je dis merci à tous les pédagogues d’avoir persévéré pendant des années dans sa lecture pour nous permettre d’accéder plus facilement à ce que Spinoza a bien voulu nous transmettre.
Alors j’écris ces lignes, non pas « pour avoir l’air cultivé ou même « pénétrée » par cette grande pensée » mais en raison de la joie « active » que me procure cet exercice et aussi pour l’envie de partager avec d’autres néophytes ce que j’ai compris de Spinoza.
Pourquoi ce philosophe me touche tant ?
Avant de répondre à cette question, je vais plutôt commencer par celle-là : quelle fut donc ma première rencontre avec Spinoza ?
C’était il y a quelques années. Une amie avait écrit un livre sur l’approche des philosophes à travers leur signe astrologique (« Descartes n’était pas vierge »(2) de Marjorie Poeydomenge). Très intriguée par cette approche originale de la philosophie, je me suis vite demandée quel penseur pouvait bien être sagittaire comme moi (le plus beau signe du zodiac bien sûr et le plus joyeux !)…Et ce fut Spinoza !
Il est né un 24 novembre…et moi un 23 novembre…C’est sans doute d’une futilité confondante pour certains…Pour d’autres peut-être pas. En tout cas pour Marjorie Poeydomenge, certainement pas.
Que dit-elle sur la rationalité de sa démarche ? Je la cite : « j’ai été très étonnée de l’influence de la philosophie grecque sur l’astrologie que nous utilisons aujourd’hui. Ainsi concernant l’opposition entre rationnel et irrationnel, si l’on respecte vraiment l’histoire des idées philosophiques, on devrait connaître (et admettre) le rôle de la philosophie grecque dans la rationalisation de l’astrologie et sa propagation. La philosophie grecque et l’astrologie n’étaient pas à l’époque en opposition. C’est la philosophie grecque qui a contribué à l’idée que l’astrologie pouvait être une « science ». Même les maîtres des mathématiques et de la géométrie comme Pythagore lui ont accordé du crédit et ont favorisé son essor. C’est également Empédocle avec sa théorie des 4 éléments (eau, terre, feu et air) qui a influencé les 4 éléments utilisés en astrologie, et notamment ceux utilisés dans la médecine d’Hippocrate. Mieux encore, c’est Philippe d’Oponte, un disciple de Platon, qui a associé les planètes avec les noms des dieux de la mythologie. Enfin, autre point que j’ai découvert et qui m’a surprise : c’est sous l’influence des stoïciens que les planètes sont devenues des divinités, car l’astrologie allait dans le sens de leur conception de la rigidité du destin. Comment alors prétendre que l’astrologie est à l’origine irrationnelle ? Elle n’est peut-être pas scientifique, mais elle peut être tout à fait rationnelle. »
Une première rencontre bien affective et pas complètement « irrationnelle » donc …
Mais mon « illumination » se produira un peu plus tard…Cela se fit en octobre 2017, il y a un an précisément, il y a un siècle, il y a une éternité…C’est à ce moment-là que j’ai vraiment découvert Spinoza et ce à travers des exégètes ou plutôt des « vulgarisateurs ». Je veux parler de Balthazar Thomass (Etre heureux avec Spinoza (3), de Frederic Lenoir (Le Miracle Spinoza (4) et de Bruno Giuliani (Le bonheur avec Spinoza – l’Ethique reformulée pour notre temps (5).
J’avoue que c’est la version de Giuliani qui m’a le plus touchée. C’est sa sensibilité et compréhension du grand maître qui résonnent le plus en moi.
Avant d’être « envahie » par la pensée de Spinoza, j’ai éprouvé d’abord de l’empathie pour l’homme en raison des épreuves qu’il a traversées. D’ailleurs tous les connaisseurs disent « l’aimer » et parle de lui en des termes affectueux.
Car Spinoza m’émeut oui, vraiment.
Pourquoi ? Parce que je pense que c’est lui qui a touché au plus près « la Vérité » ! La vérité sur quoi ? Et bien, sur l’origine du monde, d’où nous venons, où nous allons…Et surtout comment se sentir bien dans son corps et dans son esprit, simultanément bien sûr, pour ne pas « trahir » Spinoza.
Depuis que je suis toute petite une question m’assomme : après la Terre, les étoiles, les planètes, la galaxie, l’univers, les multivers, il y a quoi ? En effet la représentation de l’infini me donne le vertige ou alors m’étouffe.
Ma compréhension de Spinoza est très intuitive. D’ailleurs, c’est ce qu’il se préconise lui-même lorsqu’il entre dans l’entreprise de l’œuvre de sa vie qui durera 15 ans.
C’est ce qu’il appelle « la connaissance intuitive ». C’est ce qu’il nomme le troisième genre de connaissance. Ce sont les pensées qui viennent de l’intuition.
Selon Spinoza, « c’est la connaissance directe de l’essence d’une chose par l’usage de la seule intelligence, comme on le voit dans les mathématiques. Par exemple, une idée évidente comme la nature du cercle. La connaissance intuitive n’est composée que d’idées vraies. »
Et que dit-il lorsqu’il se lance dans l’écriture de l’Ethique ? Je le cite : « j’ai donc trouvé la bonne méthode pour progresser vers la vérité et la sagesse : je dois abandonner toutes mes anciennes croyances fondées sur la perception vague du monde et reconstruire toutes mes pensées en ne raisonnant qu’à partir de mes intuitions ».
Les épreuves qu’a traversées Baruck Spinoza (1632-1677), dit aussi Benedictus d'Espinosa ont été effroyablement rudes.
Enfant surdoué, il est issu de parents d’origine espagnole marrane. Ses grands-parents ont fui le Portugal lors de l’inquisition et se sont exilés à Amsterdam pour se protéger de l’antisémitisme.
Il s’intéresse très tôt à la religion dont il est issu, le judaïsme. Il entreprend même des études de rabbinisme. Il dévore tous les textes sacrés. Il les décortique. Il se révolte par leurs incohérences. Il ne comprend plus rien. Il se torture l’esprit. Il veut comprendre. Il recherche « la Vérité ». A 23 ans, il est excommunié. Il subit le « Herem ». C’est l’opprobre suprême dans la communauté juive. Il est coupé de tous ses liens affectifs. Il perd sa mère, un frère et une sœur. Ils meurent tous de la tuberculose. Un mal qui finira par le ronger lui-même. Son père fait faillite. Spinoza perd tout. Il se retrouve dans un « péril extrême » comme il le dit lui-même.
Mais au fond de lui, une force intérieure, le pousse à rentrer en résilience. Et que se dit-il lorsqu’il est au fond du gouffre ? Je le cite : « N’existe-t-il pas une autre vie possible ? N’est-il pas possible de faire sans peine et sans délai ce qui peut nous donner le plus grand bonheur ? N’existe-t-il pas un bien véritablement supérieur, dont la possession et la transmission pourraient faire de chacun de nous des personnes totalement heureuses ? Si un tel bien existe, il est de la plus extrême importance de le trouver et d’en faire profiter l’humanité, et c’est pourquoi rien ne me semble plus nécessaire, utile et urgent que de m’y consacrer à présent avec toute la force de mon esprit. Je sens naître en moi un grand enthousiasme pour me lancer dans la recherche des biens véritables. »
Tout au long de son entreprise, il sera « habité » par la recherche d’un bien impérissable, d’une joie permanente que rien ne pourra lui enlever.
Pour rentrer dans « le système Spinoza », il y a plusieurs voies d’accès : on peut être attiré par sa quête du bonheur et de la liberté ou alors par sa compréhension des affects qui asservissent l’Homme mais aussi par sa métaphysique.
C’est son ontologie qui me fascine le plus. Et c’est d’ailleurs ce choix qu’a fait Spinoza pour dérouler son fil d’Ariane et proposer un raisonnement ascensionnel qui le mènera vers les cimes de la compréhension du monde et de la nature humaine.
Pour comprendre et donc ressentir l’immanence de la philosophie de Spinoza (la divinité est en nous) ou plus précisément le monisme (le corps et l’esprit ne font qu’un, Dieu est Nature, Dieu est la Vie, tout est Dieu) qui s’oppose radicalement au dualisme de Descartes (la transcendance, Dieu a créé le monde, l’âme et le corps sont bien distincts, l’esprit commande le corps), il me semble qu’il faut y être préparé par un vécu personnel.
Ce vécu personnel, je le nomme « Eveil », éveil de conscience ou éveil spirituel. Il s’agit à mon sens d’une spiritualité laïque, universelle, au-dessus de toutes les religions monothéistes.
C’est le constat que je fais à l’instant t.
C’est le moment de ma vie dans lequel je me situe.
C’est la raison pour laquelle cette « vraie » rencontre avec Spinoza est si bouleversante.
Cet homme, ce génie, a vécu au XVIIème siècle ce que je ressens maintenant ici au XXIème siècle.
Et cet homme a réussi à conceptualiser tout ce que je ressens au plus profond de mon être pour pouvoir vivre heureuse et atteindre la sagesse dans un monde devenu fou. Un monde devenu égotique et matérialiste. Un monde qui chemine vers l’avènement de l’intelligence artificielle. Un monde dont l’humanité est menacée. Un monde enchainé par ses passions mauvaises qui le rongent de l’intérieur.
Comme beaucoup, je suis révoltée par l’obscurantisme qui sévit sur la surface du globe.
J’ai moi-même vécu une épreuve pour avoir voulu dire la vérité à des hommes et des femmes englués dans leurs croyances et certitudes. Et j’en ai subi « l’opprobre méchante ». La philosophie de Spinoza m’a aidée à ce moment-là. Elle m’a même fait un bien fou. Elle m’a aidée à maitriser mes passions. Ils n’ont pas eu ma haine. La philosophie pratique de Spinoza est unique. Elle est grandiose. Elle doit être pratiquée par tous. C’est pourquoi je plaide pour une vulgarisation large de sa pensée.
Ne croyant absolument pas au libre arbitre, Spinoza nous donne cependant les clés pour nous libérer de notre servitude aux passions ou « affects » en faisant appel à la raison ou « esprit ». Par affect, il entend émotion et sentiment (j’y reviendrai plus précisément dans un autre article consacré aux neurosciences et à la biologie).
Il balaie le concept de la morale au sens religieux, le bien et le mal, pour le remplacer par celui du bon et du mauvais pour soi.
Il affirme que « le désir est l’essence de l’homme ». L’homme est par nature une puissance d’exister. Le spinozisme est un mouvement pour persévérer dans l’être, c’est-à-dire pour exister encore et encore plus. Cet effort, il le nomme le conatus. Et cette force provient d’un seul affect, la joie. Mais une joie active et non passive, c’est-à-dire dont la cause provient de l’intérieur de l’être et non de l’extérieur.
Il dit que « les affections du corps qui augmentent ou diminuent, aident ou contrarient la puissance d’agir du corps et en même temps les idées de ces affections ». Il s’agit bien là d’une réalité psycho-physique puisqu’on a une modification corporelle qui est jointe à une idée de cette modification.
L’affect implique toujours une corrélation entre ce qu’il se passe dans l’esprit et dans le corps et donc penser les affects, c’est penser l’homme dans son unité (6).
Selon Spinoza, tout le problème vient de la part plus ou moins active que nous prenons à nos affects.
Selon que nous sommes causes totales ou partielles de nos émotions, selon qu’elles reflètent l’impact des causes extérieures qui nous modifient.
Le problème pour Spinoza est l’affect triste (la vengeance, la haine, la jalousie, la détestation de soi…). Par cet affect, il entend l’ensemble des affects qui nous font passer d’une grande à une moins grande perfection ou à une moindre réalité c’est-à-dire des affects qui réduisent notre capacité d’agir.
Ce sont ces affects-là qui sont centraux dans la thérapeutique de Spinoza puisque ceux-ci nous empêchent de développer « le conatus », c’est-à-dire notre effort pour persévérer dans notre être. Ils freinent notre effort, ils nous réduisent de telle sorte que notre pouvoir d’agir se réduise comme une peau de chagrin.
Dans la cinquième partie de l’Ethique, il va mettre en place une suite de remèdes aux affects, cinq exactement(6) :
Connaitre la cause véritable de ses affects
Opérer une séparation par rapport à la cause extérieure qui nous affecte
Prendre en considération le temps et la temporalité
Diversifier notre vie affective pour contrebalancer l’affect triste
Modifier l’ordre d’enchainement de nos affects
Il nous dit que « nous sommes esclaves de nos images mentales – la connaissance du premier genre – et de faits nous restons dominés par « nos passions illusoires » (affects passifs) et tout particulièrement la peur qui nous maintient dans la servitude et la soumission sur le plan politique autant que spirituel. »
Selon Conraad Van Beuningen, les derniers mots de Spinoza auraient été : « J’ai servi Dieu selon les lumières qu’il m’a données. Je l’aurais servi autrement s’il m’en avait donné d’autres ».
Spinoza est donc d’une actualité brûlante et s’il suscite de l’engouement aujourd’hui, si nous désirons qu’il nous éclaire encore de ses lumières, ce n’est sûrement pas anodin ni un hasard dont il ne croyait pas du tout l’existence !
Ferial Furon
Bibliographie :
« L’Ethique » - Spinoza – Traduction et édition de Robert Misrahi – juillet 2017
« Descartes n’était pas vierge » - Marjorie Poeydomenge – juin 2011
« Être heureux avec Spinoza » - Balthasar Thomass – Editions Eyrolles – juillet 2016
« Le miracle Spinoza » - Frédéric Lenoir – Editions Fayard – novembre 2017
« Le Bonheur avec Spinoza – L’Ethique reformulée pour notre temps » - Bruno Guiliani - Editions Almora – septembre 2017
Conférence de Chantal Jacquet lors du 7ème Congrès Européen de l’AEPEA co-organisé avec la Ligue Bruxelloise Francophone pour la Santé Mentale à Bruxelles les 8 - 9 & 10 mai 2014
LIVRES PHILous
Vendredi 17 Août 2018
Samuel Dock nous avait secoué avec son Nouveau choc des générations, co-écrit avec Marie-France Castarède. Cette fois-ci, il revient nous « punchliner » en utilisant l’humour cinglant des adolescents et nous offre une belle bouffée d’optimisme sur cette période de la vie dénommée trop injustement « l’âge ingrat ».
L’humour est une façon de réinventer la réalité avec créativité. Et les adolescents ont un humour incisif qui bouscule notre vision du quotidien. L’adolescence est une transition de la perception : apprendre à voir sans le prisme parental. Ce « grand écart » entre l’enfance et l’âge adulte, comme le dénomme un des patients de l’auteur, pose un regard critique sur le monde adulte et nous permet de nous remettre en question.
Ces punchlines récoltés par Samuel Dock nous éblouissent par leur clairvoyance.
Entre « Est-ce que ce ne serait pas plutôt ma mère qui a des embrouilles avec moi ? », l’adolescent qui invente des néologismes « psychothéra-pote » et celui qui compare son psy à un lave-vaisselle, qui tournoie et qui vous nettoie vos vielles casseroles pour ne plus les traîner, ces punchlines nous arrachent un sourire instantanément.
Certains jeunes expriment leur rébellion de façon originale : sous l’injonction maternelle, un des patients explique qu’il est d’accord de ne retirer que « 10% de la phrase » prononcée, mais pas plus… Un autre est loin du narcissisme ambiant et avoue trouver ses propres dessins moches. Observant la mine étonnée de son psy, il rétorque « mais on fait tous des trucs moches parfois ! ».
D’autres encore éprouvent du bien-être en se promenant dans les cimetières. « Oh ne me regardez pas comme ça ! Ce n’est pas une pensée dépressive ! C’est beau les cimetières ». Ce romantisme noir est une façon pour eux d’apprivoiser l’intensité de leurs pulsions et la transformation de leur corps.
Au fil des pages, on prend conscience que les adolescents d’aujourd’hui ont l’impression « d’être nés à la mauvaise époque ». Cette époque des « métros qui puent et des écrans partout ». Non, les adolescents ne sont pas responsables de cette ère du vide, de ce monde du divertissement perpétuel que dénonçait Blaise Pascal. Il n’est pas évident d’être adolescent dans un monde hypermoderne. Ils rêvent de plus d’harmonie, d’un monde plus authentique et souhaiteraient le réenchanter.
L’adolescence a toujours été l’âge où on ne veut pas attendre pour aller mieux, ils veulent vivre. Ils sont une respiration dans ce monde effréné. Alors partageons leur optimisme et surtout leur humour !
Cet humour dans notre « monde épuisé » est un cadeau qu’il nous faut préserver.
Punchlines, Des ados ches le psy, de Samuel Dock. Editions First 2018
Ces punchlines récoltés par Samuel Dock nous éblouissent par leur clairvoyance.
Entre « Est-ce que ce ne serait pas plutôt ma mère qui a des embrouilles avec moi ? », l’adolescent qui invente des néologismes « psychothéra-pote » et celui qui compare son psy à un lave-vaisselle, qui tournoie et qui vous nettoie vos vielles casseroles pour ne plus les traîner, ces punchlines nous arrachent un sourire instantanément.
Certains jeunes expriment leur rébellion de façon originale : sous l’injonction maternelle, un des patients explique qu’il est d’accord de ne retirer que « 10% de la phrase » prononcée, mais pas plus… Un autre est loin du narcissisme ambiant et avoue trouver ses propres dessins moches. Observant la mine étonnée de son psy, il rétorque « mais on fait tous des trucs moches parfois ! ».
D’autres encore éprouvent du bien-être en se promenant dans les cimetières. « Oh ne me regardez pas comme ça ! Ce n’est pas une pensée dépressive ! C’est beau les cimetières ». Ce romantisme noir est une façon pour eux d’apprivoiser l’intensité de leurs pulsions et la transformation de leur corps.
Au fil des pages, on prend conscience que les adolescents d’aujourd’hui ont l’impression « d’être nés à la mauvaise époque ». Cette époque des « métros qui puent et des écrans partout ». Non, les adolescents ne sont pas responsables de cette ère du vide, de ce monde du divertissement perpétuel que dénonçait Blaise Pascal. Il n’est pas évident d’être adolescent dans un monde hypermoderne. Ils rêvent de plus d’harmonie, d’un monde plus authentique et souhaiteraient le réenchanter.
L’adolescence a toujours été l’âge où on ne veut pas attendre pour aller mieux, ils veulent vivre. Ils sont une respiration dans ce monde effréné. Alors partageons leur optimisme et surtout leur humour !
Cet humour dans notre « monde épuisé » est un cadeau qu’il nous faut préserver.
Punchlines, Des ados ches le psy, de Samuel Dock. Editions First 2018
Dans Je selfie donc je suis (2016), Elsa Godart avait déjà posé le décor d’une société dévorée par l’immédiateté, souffrant d’un rapport à l’autre de plus en plus complexe. Ce phénomène qu’elle nomme hypermodernité, une course effrénée aux « likes » qui cache à la fois des blessures narcissiques, mais aussi et surtout, un manque d’amour.
Alors à la question « La psychanalyse va-t-elle disparaître ? », on aurait aimé qu’Elsa Godart nous réponde oui, car cela aurait signifié que les êtres humains n’aient plus mal à leur égo… Mais, dès la première phrase de l’introduction, on sent bien que le monde est entré dans un tel chaos de non sens, que la psychanalyse a de beaux jours devant elle pour réanimer notre moi intérieur qui se désagrège. Et surtout pour nous aider à renouer avec nos « vrais » désirs.
Nous vivons désormais « par tranches et par intermittence ». La psychanalyse peut déjà nous aider à retrouver de l’unité, du sens à nos existences émiettées par la dictature de l’instant. Car l’immédiateté casse les limites. Or les limites sont indispensables à la construction de l’être. Le désir lui-même a besoin de limites. « Le caractère éphémère de l’instant ne permet plus d’accéder au désir ». Paradoxalement, cette société de l’hyper jouissance tend à détruire le désir. L’excès est un symptôme de l’impossibilité de jouir. « La psychanalyse de facto est une résistance à cet idéal de jouissance généralisée pour la simple raison qu’elle rappelle le primat du désir ».
Elsa Godart s’inspire de certaines dérives comportementales japonaises pour décrire la psychopathologie de la vie quotidienne hypermoderne. Le syndrome japonais Hikikomori traduit l’absence d’envie, la vacuité, la panne du désir vital. Le désir est l’enjeu de notre société hypermoderne. Car céder à son désir revient à renoncer à soi. Le rôle des émotions est d’apporter du relief à nos expériences. Or sans émotions, tout est équivalent, et si tout est équivalent, rien n’a de sens. Nous souffrons de pathologies du lien. Le plus révélateur de ce désamour est cette course aux « likes ». L’autre n’est alors perçu que comme un simple distributeur de « likes », sans authenticité. Dans la culture « otaku », les japonais victimes de ce syndrome monomaniaque s’adressent à une personne sans désir d’approfondissement de la relation. C’est comme l’usage d’une « télécommande ».
Comme dans Je selfie donc je suis, l’auteur s’inquiète de cet Ego trip permanent. L’exhibition sur les réseaux sociaux est devenue un besoin. Or quelques décennies auparavant, une telle attitude aurait été jugée indécente. Comment interpréter ce nouveau phénomène d’exhibition de soi, cet « hyper-faire-valoir » ? L’autopromotion permanente peut être une entrave à l’estime de soi. C’est justement là où intervient la psychanalyse qui a pour but de « déconstruire nos certitudes égotiques ». Elle rend possible une « véritable rencontre avec soi-même ». La psychanalyse peut être un remède à une société narcissique. Par son esprit critique, elle nous permet de lutter plus facilement contre le storytelling, cette machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits. Elle contribue à se détacher du fléau des fake news à visée consumériste ou utilitariste. Le viral tend à remplace le vrai. La psychanalyse nous aide à décrypter les sous-jacents de toutes les injonctions que nous subissons au quotidien. C’est une façon de renouer avec notre liberté. Car la liberté peut-elle survivre à l’immédiateté ?
La psychanalyse est un soin de l’âme pour nous détourner des mauvaises passions qui nous font souffrir.
Seul plaidoyer qui manque pour nous convaincre totalement des bienfaits de la psychanalyse : pourquoi la psychanalyse serait-elle la seule école/méthode thérapeutique en sciences humaines pour nous aider à lutter contre une société hypermoderne ?
En attendant, il est vrai que notre humanité passe par l’inexplicable et le mystère. La vie onirique et poétique de notre inconscient doit être défendue comme une forteresse.
Méfions-nous de la standardisation de nos émotions et de nos désirs. Ils fondent notre singularité et notre liberté. Comme le soulevait W. Benjamin, la pauvreté d’expérience n’est-elle pas une « nouvelle forme de barbarie » ?
La Psychanalyse va-t-elle disparaître ? Elsa Godart, janvier 2018, 207 pages, Albin Michel
FLASH-INFO pour ne pas perdre le PHIL
Lundi 12 Février 2018Régis Debray, à travers son dernier ouvrage Le nouveau pouvoir, nous prouve qu'il existe encore des contre-pouvoirs à l'avènement de la philosophie du milieu... Que cache le phénomène de l'ascension si fulgurante d'Emmanuel Macron ?
La promesse de ce livre était séduisante : comprendre le phénomène Macron à travers le spectre de l’avènement du néo-protestantisme.
Mais, si la verve érudite de Régis Debray est là pour nous arracher quelques sourires, à aucun moment est clairement défini ce qu’est le néo-protestantisme. D’ailleurs, à la fin du livre, on a plutôt l’impression qu’il s’agit davantage d’un règlement de comptes avec Paul Ricœur qu’avec le néo-protestantisme… Une raillerie de la philosophie du milieu qui refuserait les contradictions.
Régis Debray s’amuse plutôt à nous décrire le néo-protestantisme à coups de clichés. Il se moque de la nouvelle évangélisation de l’esprit faussement cool des start-up et de la bienveillance. Il voit derrière le néo-protestantisme l’esprit de la mondialisation, de la culture dominante anglo-saxonne protestante, une uniformisation du monde. Cette culture anglo-saxonne engendrerait l’individualisme, la baisse de l’importance du politique avec une approche managériale du traitement des sujets politiques, ainsi que l’obsession de la transparence. Selon lui, la transparence est un phénomène protestant ! « Les pays issus de la Réforme ont un avantage sur leurs voisins, plus arriérés : ils ne mettent pas de volets aux fenêtres. La vertu cultive les maisons de verre, le vice, les maisons closes (les prostituées à Amsterdam sont en vitrine) ».
« Nous étions en France catho-laïques. Pouvons-nous troquer sans regret la virtù contre la vertu ? That is the question ». La nuance entre virtù et vertu est importante. Le mot latin virtus signifie force, courage, il dérive de vir, homme. La vertu impose au contraire une vision du bien plus totalitaire. La virtù au sens de la Rome antique reflète plutôt la volonté de puissance de Nietzsche, la contradiction entre Apollon et Dionysos, l’ordre contre le chaos. Or la vertu au sens protestant embrasse l’ordre harmonieux d’Apollon, en niant les forces souterraines de Dionysos. Dans la vertu, nous n’avons plus de dialectique, une dynamique de la positivité de la négativité. C’est une autre vision du désir, qui n’a plus le droit de manquer sa cible. « Quand le wishful thinking en vient à gommer l’irréductible des rapports de force en ce bas monde, n’est-ce pas courir le risque de survoler une jungle en ignorant la loi de la pesanteur ? ». Vaste débat…
Il est vrai que la désintermédiation numérique a en apparence allégé la loi de la pesanteur… Mais, peut-on pour autant affirmer que le néo-protestantisme est à l’origine de la désintermédiation numérique et qu’il « abolit les hiérarchies ». « Le client est roi, et non plus Dieu ».
Cette victoire de l’homo economicus sur l’homme politique qui l’avait auparavant remporté sur l’homme religieux, irrite Régis Debray. L’histoire collective a disparu et est remplacée par des visions court-termistes comme le monde des start-up et de la disruption. Selon lui, Emmanuel Macron est un « homme qui veut rechercher une profondeur de temps, mais son milieu ne peut que l’en empêcher ». Parce que son maître à penser est Paul Ricœur, un philosophe du milieu. On se doute que le « juste milieu » ne s’ajuste pas du tout avec la personnalité de Régis Debray.
Mais, faut-il une mythologie, des symboles pour échapper à l’individualisme comme le pense Régis Debray ? Paul Ricœur verrait-il ce besoin de mythologie comme un abus de mémoire, une mémoire manipulée ? C’est une vision narrative et sélective d’un récit, plus proche de la virtù romaine que la vertu du juste milieu.
« Un vivre ensemble sans rien qui dépasse ». Régis Debray a des intuitions fulgurantes, probablement visionnaires, mais qui méritent d’être davantage explicitées pour gagner en crédibilité. Sa dénonciation de la transparence a cependant du sens concernant la protection des données personnelles. Les personnes désireuses de protéger leurs données personnelles n’ont pas forcément des choses à cacher… Pour vivre heureux, ne dit-on pas qu’il faut vivre caché et cultiver son jardin secret ?
Alors conservons encore quelque peu des rideaux à nos fenêtres…
Mais, si la verve érudite de Régis Debray est là pour nous arracher quelques sourires, à aucun moment est clairement défini ce qu’est le néo-protestantisme. D’ailleurs, à la fin du livre, on a plutôt l’impression qu’il s’agit davantage d’un règlement de comptes avec Paul Ricœur qu’avec le néo-protestantisme… Une raillerie de la philosophie du milieu qui refuserait les contradictions.
Régis Debray s’amuse plutôt à nous décrire le néo-protestantisme à coups de clichés. Il se moque de la nouvelle évangélisation de l’esprit faussement cool des start-up et de la bienveillance. Il voit derrière le néo-protestantisme l’esprit de la mondialisation, de la culture dominante anglo-saxonne protestante, une uniformisation du monde. Cette culture anglo-saxonne engendrerait l’individualisme, la baisse de l’importance du politique avec une approche managériale du traitement des sujets politiques, ainsi que l’obsession de la transparence. Selon lui, la transparence est un phénomène protestant ! « Les pays issus de la Réforme ont un avantage sur leurs voisins, plus arriérés : ils ne mettent pas de volets aux fenêtres. La vertu cultive les maisons de verre, le vice, les maisons closes (les prostituées à Amsterdam sont en vitrine) ».
« Nous étions en France catho-laïques. Pouvons-nous troquer sans regret la virtù contre la vertu ? That is the question ». La nuance entre virtù et vertu est importante. Le mot latin virtus signifie force, courage, il dérive de vir, homme. La vertu impose au contraire une vision du bien plus totalitaire. La virtù au sens de la Rome antique reflète plutôt la volonté de puissance de Nietzsche, la contradiction entre Apollon et Dionysos, l’ordre contre le chaos. Or la vertu au sens protestant embrasse l’ordre harmonieux d’Apollon, en niant les forces souterraines de Dionysos. Dans la vertu, nous n’avons plus de dialectique, une dynamique de la positivité de la négativité. C’est une autre vision du désir, qui n’a plus le droit de manquer sa cible. « Quand le wishful thinking en vient à gommer l’irréductible des rapports de force en ce bas monde, n’est-ce pas courir le risque de survoler une jungle en ignorant la loi de la pesanteur ? ». Vaste débat…
Il est vrai que la désintermédiation numérique a en apparence allégé la loi de la pesanteur… Mais, peut-on pour autant affirmer que le néo-protestantisme est à l’origine de la désintermédiation numérique et qu’il « abolit les hiérarchies ». « Le client est roi, et non plus Dieu ».
Cette victoire de l’homo economicus sur l’homme politique qui l’avait auparavant remporté sur l’homme religieux, irrite Régis Debray. L’histoire collective a disparu et est remplacée par des visions court-termistes comme le monde des start-up et de la disruption. Selon lui, Emmanuel Macron est un « homme qui veut rechercher une profondeur de temps, mais son milieu ne peut que l’en empêcher ». Parce que son maître à penser est Paul Ricœur, un philosophe du milieu. On se doute que le « juste milieu » ne s’ajuste pas du tout avec la personnalité de Régis Debray.
Mais, faut-il une mythologie, des symboles pour échapper à l’individualisme comme le pense Régis Debray ? Paul Ricœur verrait-il ce besoin de mythologie comme un abus de mémoire, une mémoire manipulée ? C’est une vision narrative et sélective d’un récit, plus proche de la virtù romaine que la vertu du juste milieu.
« Un vivre ensemble sans rien qui dépasse ». Régis Debray a des intuitions fulgurantes, probablement visionnaires, mais qui méritent d’être davantage explicitées pour gagner en crédibilité. Sa dénonciation de la transparence a cependant du sens concernant la protection des données personnelles. Les personnes désireuses de protéger leurs données personnelles n’ont pas forcément des choses à cacher… Pour vivre heureux, ne dit-on pas qu’il faut vivre caché et cultiver son jardin secret ?
Alors conservons encore quelque peu des rideaux à nos fenêtres…
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Marjorie Rafécas
Passionnée de philosophie et des sciences humaines, je publie régulièrement des articles sur mon blog Philing Good, l'anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade), ainsi que sur La Cause Littéraire (https://www.lacauselitteraire.fr). Je suis également l'auteur de La revanche du cerveau droit co-écrit avec Ferial Furon (Editions du Dauphin, 2022), ainsi que d'un ouvrage très décalé Descartes n'était pas Vierge (2011), qui décrit les philosophes par leur signe astrologique.
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