Egon Krenz vit avec sa famille près de Rostock. Notre rendez-vous a eu lieu à Berlin dans un endroit discret. Il doit prendre des précautions n’étant pas à l’abri d’une provocation. La presse de droite allemande le salit, l’insulte. Or, il n’a jamais commis le moindre crime et a tout fait pour que les événements de 1989 puissent se dérouler sans la moindre violence. Egon Krenz est un homme chaleureux, courageux, fidèle à ses engagements. L’autre jour à Berlin, il est descendu de sa voiture. En face, dans l’immeuble en construction, trois maçons l’ont reconnu. « Egon, droit toujours », lui ont-ils lancé. Ses yeux ont brillé un instant. Et nous avons parlé…
JF. Vous avez été emprisonné pendant plusieurs années. Comment allez-vous ?
EK. J’ai la chance d’avoir une famille intacte et des amis fidèles. Les vrais, ceux qui gardent la tête haute. J’ai l’espoir que mes petits enfants réussiront ce nous avons tenté de construire. En 1989, ce n’est pas l’idée socialiste qui a été enterrée mais plutôt un certain modèle de socialisme. Je suis optimiste. Je ne crois pas que le capitalisme soit le dernier mot de l’histoire. Vous n’avez pas devant vous un personnage écroulé dans un petit coin d’Allemagne mais un homme debout.
JF. D’autres se sont écroulés ?
EK. Oui, malheureusement. La dureté de notre défaite et le triomphe de l’anticommunisme ont eu des retombées redoutables. Certains se sont retirés. D’autres ont déserté.
JF. Qui par exemple ?
EK…….
(Il me regarde fixement. Son regard lumineux soudain s’assombrit. Il garde le silence)
JF. Des membres du Bureau politique du parti socialiste unifié (SED), par exemple ?
EK. Notamment. Pour revenir à votre première question, ces années de prison ont été surtout dures pour ma famille car les attaques visaient mon honneur personnel. Je savais qu’on ne m’offrirait pas des fleurs. Pour une raison simple : dès son élaboration, la loi fondamentale de la RFA stipulait que les territoires allemands situés hors RFA devaient être récupérés, tous ceux y exerçant une fonction responsable étant considérés comme des criminels, des malfaiteurs. Je savais cela depuis longtemps. J’étais prêt à subir la prison. Mais je refusais et refuse toujours les accusations qui ont été portées contre moi. L’histoire me libérera. Mon sort personnel importe peu. En revanche, le calvaire vécu par de nombreux citoyens de la RDA relève de l’inadmissible. Je pense à tous ceux qui ont perdu leur travail alors qu’il n’y avait pas de chômage en RDA. Je pense aux intellectuels de la RDA décapités. Je pense à tous ceux qui ont été marginalisés. Un exemple parmi tant d’autres, celui de l’hôpital de la Charité à Berlin : la plupart des médecins, des spécialistes reconnus mondialement, ont été licenciés. La division de l’Allemagne n’était pas chose naturelle. Elle était contraire à notre histoire. Mais avez-vous remarqué que les dirigeants de la RFA ont tout mis en œuvre pour éviter la prison aux nazis. Moi, j’ai scrupuleusement respecté les lois de la RDA. Je n’ai commis aucun crime.
JF. Comment avez-vous vécu les derniers jours de la RDA ?
EK. Je ne suis pas de la génération de ceux qui venaient des camps de concentration, de la guerre, de la Résistance, de Moscou. Au bureau politique du SED, j’étais le plus jeune. Je suis un enfant de la RDA. Tous les autres avaient survécu au nazisme. J’ai exercé de nombreuses fonctions : de représentant des élèves dans mon collège jusqu’à la présidence du Conseil d’Etat. Avec la disparition de la RDA, c’est une bonne partie de ma vie que j’ai enterrée.
JF. Aviez-vous passé des accords avec le chancelier Kohl ?
EK. Oui. Nous avions décidé, en accord avec le chancelier, d’ouvrir plusieurs points de passage. La date avait été fixée au 10 novembre 1989. Or, la veille, un membre du bureau politique, Schabowski, a annoncé publiquement non pas l’ouverture de passages mais la destruction du mur. Nous nous étions mis d’accord avec Kohl pour l’ouverture en douceur des frontières. Il ne s’agissait pas à ce moment là de la fin de la RDA, de la fin du pacte de Varsovie et de Berlin comme territoire au statut particulier. Il s’agissait d’ouvrir les frontières.
JF. Avez-vous pensé, un moment, faire utilisation de la force ?
EK. Je peux jurer que nous n’avons jamais envisagé une telle décision. Je savais qu’un seul mort aurait eu des conséquences tragiques. L’utilisation de la force, et nous en avions les moyens, aurait conduit à la catastrophe. Nous avons refusé de tirer sur le peuple.
JF. Dans un de vos ouvrages vous vous élevez contre la réécriture de l’histoire.
EK. Tant de choses ont été écrites… Il faut en revenir à l’essentiel : sans Hitler, le nazisme, la Seconde guerre mondiale et la réforme monétaire de 1948, l’histoire de l’Allemagne aurait pu s’écrire autrement. Le malheur du peuple allemand, c’est le fascisme.
JF. Pensez-vous à vos propres responsabilités ?
(Il observe un instant de silence puis s’approche de la table. Visiblement, il est ému)
EK. J’y pense constamment. Je pense au fossé entre la direction et la base, au déficit de confiance entre le parti et la population. Le manque de démocratie, de débat, la différence entre la réalité et la propagande. Les plus anciens refusaient le débat direct. Une terrible erreur. Il fallait combattre l’adversaire sur le plan des idées. Il fallait accepter la confrontation idéologique. Nous ne l’avons pas fait. Nous rencontrions de gros problèmes économiques et faisions comme si tout allait bien. Pour les citoyens de la RDA, les acquis sociaux étaient chose normale. Il fallait dire la vérité, montrer les difficultés, parler franchement. Nous n’avons pas su ou pas voulu ouvrir la société.
JF. Vous n’évoquez pas l’environnement international, la guerre froide, le rôle de l’Union soviétique et de Gortbachev.
EK. J’y viens. Je l’avoue, j’ai été naïf. J’avais une grande confiance en Gorbatchev, une grande confiance dans la perestroïka comme tentative de renouvellement du socialisme. J’ai rencontré Gorbatchev le 1er novembre 1989 à Moscou. Quatre heures d’entretien. Je lui ai dit : « Que comptez vous faire de votre enfant » ? Il me regarde étonné et me répond : « Votre enfant ? Qu’entendez-vous par là »? J’ai poursuivi : « Que comptez-vous faire de la RDA ? » Il m’a dit : «Egon, l’unification n’est pas à l’ordre du jour ». Et il a ajouté : « Tu dois te méfier de Kohl ». Au même moment, Gorbatchev envoyait plusieurs émissaires à Bonn. Gorbatchev a joué un double jeu. Il nous a poignardés dans le dos.
JF. Egon Krenz, le Gorbatchev allemand, disait-on à l’époque.
EK. En 1989, je l’aurais accepté comme un compliment car l’interprétant comme reconnaissant mon action visant à améliorer, à moderniser, à démocratiser le socialisme. Pas à l’abattre. Aujourd’hui, si certains me collaient cette étiquette j’aurais honte.
JF. Vos relations avec Helmut Kohl ?
EK. Le premier entretien date des obsèques de Konstantin Tchernenko (1) à Moscou. J’accompagnais Erich Honecker et Kohl avait demandé à nous rencontrer. Les Soviétiques étaient opposés à cette rencontre et me l’ont fait savoir avec insistance. Erich Honecker s’est aligné. Mais comme le rendez-vous était déjà pris à notre résidence, Erich m’a dit en consultant sa montre : « Dis à Kohl que nous ne pouvons pas à l’heure indiquée. Tu prétexteras un entretien avec Gorbatchev à la même heure. Or, Erich Honecker n’avait pas mis sa montre à l’heure de Moscou. Nous avons vu arriver Kohl. Il s’est installé et nous a dit : « Enfin, une rencontre en famille ». Nous avons longuement parlé puis nous avons rédigé un court texte mettant l’accent sur le respect des frontières. Mon dernier contact a eu lieu le 11 novembre 1989. Kohl m’a téléphoné, a évoqué l’ouverture pacifique des frontières et m’a remercié.
JF. Vingt après la fin de la RDA, le socialisme selon vous est-il mort ?
EK. L’idée socialiste, les valeurs socialistes vivent et vivront. Je reste persuadé que l’avenir sera le socialisme ou la barbarie. Le système ancien est définitivement mort. Je considère que j’ai failli. A d’autres de construire le socialisme moderne et démocratique. Un nouveau socialisme.
Entretien réalisé par José Fort
Reportage photographique Philippe Guistinati
(1) Chef d’Etat soviétique décédé le 10 mars 1985
Egon Krenz : « Die Geschichte wird mich Freisprechen »
Der letzte Vorsitzende des Staatsrates der Deutschen Demokratischen Republik (DDR ) spricht über den Fall der Mauer, über die Rolle Gorbatschows, über seine Beziehungen zu Kohl, über eigene Fehler, über den Sozialismus.
„Hut Ab“
Egon Krenz lebt mit seiner Familie in der Nähe von Rostock.
Unser Zusammentreffen erfolgt in Berlin, an einem ruhigen Ort.
Er musste Vorkehrungen treffen, da man eine Provokation nicht ausschließen kann.
Die Presse von rechts in Deutschland beschmutzt und beschimpft ihn.
Tatsache ist, dass er nicht das geringste Verbrechen begangen hat und das er alles unternommen hat damit die Ereignisse von 1989 ohne Anwendung von Gewalt verlaufen konnten.
EK empfindet man als warmherzigen, mutigen Menschen, der getreu zu seinem Worte steht.
Kürzlich entstieg er in Berlin seinem PKW. Aus dem Gebäude geraderüber, in dem zZ gebaut wird, wurde er von drei Bauarbeitern angesprochen die ihn erkannt hatten.
Egon „bleib weiter standhaft, lass Dich nicht „runter kriegen“ haben sie ihm zugerufen.
Seine Augen leuchten für einen kurzen Augenblick hell auf, dann beginnen wir das Gespräch.
WORTLAUT DES INTERVIEW
JF. Sie waren mehrere Jahre eingesperrt. Wie geht es Ihnen heute?
EK. Ich habe das Glück eine intakte Familie und treue Freunde zu besitzen.
Wahre Freunde solche die sich nicht haben verbiegen lassen und ihr Haupt erhoben lassen.
Ich bewahre die Hoffnung, dass es meinen Enkeln gelingen wird mit Erfolg das zu errichten, bei dessen Versuch wir gescheitert sind.
Im Jahr 1989 ist nicht die sozialistische Idee begraben worden, sondern eher ein bestimmtes Modell des Sozialismus.
Ich bleibe optimistisch.
Ich glaube nicht daran, dass der Kapitalismus das letzte Wort der Geschichte bleibt.
Sie sehen vor sich keinen Menschen der sich in die kleinste Ecke Deutschlands verkrochen hat, sondern einen aufrecht stehenden Menschen.
JF. Gibt es denn andere die zusammengebrochen sind?
EK. Ja, leider. Die Härte unserer Niederlage und der Triumpf des Antikommunismus haben bemerkenswerte Spuren hinterlassen. Manche haben sich zurückgezogen.
Andere sind desertiert.
JF. Wer zum Beipiel?
EK ……… (Er schaut mich mit festem Blick an. Sein heller Blick kippt plötzlich.
Er hüllt sich in Schweigen)
JF. Mitglieder des Politbüros der Sozialistischen Einheitspartei (SED), z.B.?
EK. Insbesondere. Um nochmal auf Ihre 1. Frage zurückzukommen. Die Jahre meiner Inhaftierung waren in erster Linie hart für meine Familie, denn die Angriffe hatten meine persönliche Ehre im Visier. Ich war mir bewusst, dass man mir keinen Blumenstrauß reichen würde. Aus einem einfachen Grund: seit seiner Erarbeitung, legte das Grundgesetz der BRD fest, dass alle deutschen Territorien, außerhalb der BRD, wiederzurückerlangt werden müssen.
All jene, die in diesen Territorien eine verantwortliche Stellung ausübten, wurden als Kriminelle und Verbrecher betrachtet.
Das war mir seit langem bewusst. Ich war bereit ins Gefängnis zu gehen.
Ich weise aber die gegen mich erhoben Anschuldigungen zurück.
Die Geschichte wird mich Freisprechen!
Mein persönliches Schicksal ist von geringer Bedeutung.
Nicht hinnehmbar ist jedoch der Leidensweg der zahlreiche Bürger der DDR ereilte.
Ich denke an jene, die ihren Arbeitsplatz verloren haben.
Bekanntlich kannte man in der DDR keine Arbeitslosigkeit.
Ich denke an jene Intelektuellen der DDR, die „enthauptet“ wurden.
Ich denke an jene, die ausgegrenzt und an den Rand der Gesellschaft gedrängt wurden.
Ein Beispiel, unter vielen, betrifft die Uniklinik, die Charité zu Berlin:
Eine Vielzahl von Ärzten, darunter Fachärzte von Weltruf, wurden entlassen.
Die Teilung Deutschland war widernatürlich.
Diese Stand im Widerspruch zu unserer eigenen Geschichte.
Es ist Ihnen vielleicht nicht entgangen, dass die Verantwortlichen in der BRD alles in Kraft gesetzt haben, um Nazis eine Gefängnisstrafe zu ersparen.
Ich selbst habe die Gesetze der DDR strikt eingehalten und habe keine Verbrechen begangen.
JF. Wie haben Sie die letzten Tage der DDR erlebt?
EK. Ich gehöre nicht zur Generation derjenigen, die aus den Konzentrationslagern, aus dem Krieg, aus der Resistance, aus Moskau kamen.
Im Politbüro war ich der Jüngste. Ich bin ein Kind der DDR.
Alle anderen gelang es die Nazizeit zu überleben.
Ich habe zahlreiche Funktionen ausgeübt: vom Sprecherrat der Schüler an meiner Schule ,
bis zum Staatsratsvorsitzenden, einen großen Teil meines Lebens musste ich begraben.
JF. Hatten Sie Absprachen mit dem Kanzler Kohl ?
EK. Wir hatten beschlossen mehrere Grenzübergangsstellen zu öffnen. Als Zeitpunkt war durch unsere Regierung der 10. November 1989 festgelegt worden. Nun, am Tag zuvor, hat ein Mitglied des Politbüros, Schabowski, öffentlich nicht die Öffnung von Grenzübergangsstellen, sondern faktisch die „Destruktion“ der Mauer verkündet. Wir hatten uns mit Kohl auf eine sanfte Öffnung der Grenzen verständigt.
Zu diesem Zeitpunkt ging es nicht um das Ende der DDR,
nicht um das Ende des Warschauer Vertrages,
sowie auch nicht um die Beendigung des besonderen Status von Berlin.
Es ging um das Öffnen der Grenzen.
JF. Haben Sie zu einem bestimmten Augenblick an die Anwendung von Gewalt gedacht?
EK. Ich kann schwören, wir haben eine solche Entscheidung niemals in Betracht gezogen.
Ich wusste, dass ein einziger Toter tragische Folgen nach sich ziehen würde.
Die Anwendung von Gewalt, die Mittel dazu waren vorhanden, hätte in eine Katastrophe geführt. Wir lehnten es ab auf das Volk zu schießen.
JF. In einem Ihrer Bücher wenden Sie sich gegen das Umschreiben der Geschichte.
EK. So viele Dinge sind bereits geschrieben worden .....
Man muss zum Wesentlichen zurückkehren:
Ohne Hitler, ohne die Nazizeit, ohne den Zweiten Weltkrieg, ohne die Währungsreform von 1948 wäre die Deutsche Geschichte anders geschrieben worden.
Das wahre Unglück des deutschen Volkes, das ist der Faschismus.
JF. Stellen Sie Überlegungen zu Ihrer eigenen Verantwortung an ?
(Er nutzt einen Augenblick Stille und rückt näher zum Tisch. Er wirkt emotional ergriffen.)
EK. Die Gedanken daran lassen mich nicht los. Ich denke an den Graben der zwischen unserer Führung und der Basis bestand, an das Defizit an Vertrauen zwischen der Partei und Bevölkerung. Der Mangel an Demokratie, an Meinungsstreit, dem Unterschied zwischen der Wirklichkeit und der Propaganda. Die Ältesten lehnten den direkten Meinungsstreit ab.
Ein furchtbarer Fehler.
Man hätte den Gegner auf dem Gebiet der gesellschaftlichen Konzepte bekämpfen müssen.
Man hätte die ideologische Auseinandersetzung annehmen müssen. Wir haben dies nicht getan. Wir trafen auf große wirtschaftliche Probleme und taten so, als würde alles gut gehen.
Für die Bürger der DDR waren die sozialen Errungenschaften eine normale Sache.
Man hätte die Wahrheit sagen müssen, die Schwierigkeiten aufzeigen müssen, und das offene Gespräch führen müssen. Entweder waren wir nicht fähig oder willens genug die Gesellschaft zu öffnen.
JF. Sie erwähnen nicht das Internationale Umfeld, den Kalten Krieg, die Rolle der Sowjet Union und die von Gorbatschow.
EK. Ich komme darauf zu sprechen. Ich gebe zu, ich war naiv. Ich hatte großes Vertrauen zu Gorbatschow, ein großes Vertrauen in die Perestroika, als Versuch der Erneuerung des Sozialismus. Ich bin Gorbatschow am 1. November 1989 in Moskau begegnet. Wir hatten ein vierstündiges Gespräch. Ich fragte ihm:" Was gedenken Sie mit Ihrem Kind zu machen"?
Er schaute mich erstaunt an und antwortet: "Ihr Kind?
Wie meinen Sie das? Ich wurde deutlicher:" Was beabsichtigen Sie, aus der DDR zu machen?"
Er antwortet mir: "Egon, die Wiedervereinigung steht nicht auf der Tagesordnung".
Er fügt dem hinzu: "Du solltest Kohl misstrauen".
Zum gleichen Zeitpunkt schickte Gorbatschow mehrere Emissäre nach Bonn.
Gorbatschow hat ein doppeltes Spiel betrieben. Er hat uns den Dolch in den Rücken gerammt.
JF. Damals sagte man, Egon Krenz, der Deutsche Gorbatschow.
EK. 1989 hätte ich dies als ein Kompliment betrachtet.
Ich hätte es als Anerkennung für meine Bemühungen verstanden den Sozialismus zu verbessern, zu modernisieren und zu demokratisieren. Nicht dafür diesen beseitigen zu wollen.
Heute würde ich mich schämen versuchte man mich mit diesem "Markenzeichen" zu versehen.
JF. Wie waren Ihre Beziehungen zu Kohl?
EK. Das Erste Zusammentreffen mit Kohl erfolgte anlässlich der Trauerfeierlichkeiten von Konstantin Tschernenko (1) in Moskau.
Ich begleitete Erich Honecker.
Kohl hatte um eine Begegnung mit uns gebeten.
Die Sowjets waren gegen ein solches Treffen.
Man ließ mir dies mit Beharrlichkeit wissen.
Erich Honecker lenkte ein. Das Treffen war jedoch bereits in unserer Residenz fest verabredet.
Erich schaute auf seine Uhr und sprach:
"Sage Kohl, dass wir zur besagten Zeit nicht können. Als Vorwand schiebe ein Gespräch mit Gorbatschow, zur gleichen Stunde, vor.“
Nun hatte Erich Honecker seine Uhr noch nicht auf Moskauer Zeit umgestellt.
Wir haben Kohl bereits kommen sehen.
Er hat platzgenommen und gesagt:
"Endlich eine Begegnung im Familienkreis".
Wir haben lange miteinander gesprochen.
Schließlich haben wir ein kurzes gemeinsames Schriftstück verfasst, in dem der Respekt der Grenzen in besonderer Weise hervorgehoben wurde.
Mein letzter Kontakt zu ihm hat am 11. November 1989 stattgefunden.
Kohl hat mich angerufen, hat die friedliche Öffnung der Grenzen angesprochen und sich dafür bei mir bedankt.
JF. Zwanzig Jahre nach dem Ende der DDR, ist der Sozialismus Ihrer Auffassung nach tot?
EK. Die sozialistische Idee, die sozialistischen Werte leben und werden weiterleben.
Ich bleibe davon überzeugt, dass unsere Zukunft entweder dem Sozialismus oder der Barbarei gehören wird.
Das alte System ist endgültig tot.
Ich räume meine Niederlage ein.
Jetzt sind andere an der Reihe einen modernen und demokratischen Sozialismus zu schaffen. Einen erneuerten Sozialismus.
Das Gespräch führte: José Fort
Bildreportage: Philippe Guistinati
(1) Staatsoberhaupt der Sowjetunion, am 10 März 1985 verstorben