Iqbal MASIH
Le travail des enfants
http://www.droitsenfant.com/
IQBAL MASIH n'était encore qu'un tout petit enfant pakistanais lorsque ses parents l'ont vendu pour éponger la dette familiale, contractée lors du mariage de son frère. A quatre ans, Iqbal rejoint une de ces fabriques de tapis qui exploitent déjà huit millions de gosses. A dix ans l'enfant esclave a déjà une tête de vieillard et les mains ravagées d'avoir noué douze heures par jour et pendant 6 ans de précieux tapis revendus à prix d'or en Occident. Un jour de 1993, son calvaire prend fin grâce à Eshan Khan, président de la ligue contre le travail des enfants (BLLF). Son libérateur l'arrache de son métier à tisser pour lui redonner le goût de vivre et la rage de se battre. Iqbal devient alors le symbole de cette jeunesse martyrisée. Il parcourt son pays et le reste du monde afin d'alerter l'opinion internationale. En janvier 1995, il participe à une Convention contre l'esclavage des enfants à Lahore. Il se rend en Suède et aux États Unis, où il reçoit un prix de la firme américaine Reebok (voir photo). Son périple prend fin le 16 avril 1995. Il meurt assassiné sur son vélo, le corps criblé de plomb gisant sur la lande de Chapa Kana Mill, près de Lahore (Pakistan). Il avait reçu des menaces de la "mafia de l'industrie du tapis" comme l'affirmait Eshan Kahn. La police pakistanaise écrira dans son rapport : "l'assassinat résulte d'une dispute entre un paysan et Iqbal". Histoire sordide d'un porte-parole qui devenait gênant. Les pistes de ce meurtre sont brouillées alors que la Commission des droits de l'homme du Pakistan a "adopté" la version de la police. Permettra-t-on que le combat d'Iqbal est été vain ?
Le travail des enfants, une réalité qui ne concerne pas exclusivement les pays en voie de développement. En 2001 le Bureau International du Travail recensait 246 millions de petits travailleurs dans le monde. Âgés de 5 à 17 ans plus de la moitié d'entre eux travaille à plein temps ! La majorité des enfants travaillent dans l'agriculture. L'artisanat et l'industrie sont aussi des secteurs clés : manipulation des fours où coule du verre fondu en Inde, fabrication de tapis au Népal et au Pakistan.....
Voir quelques exemples en bas de cette page.
Qu'appelle-t-on enfants au travail ? :
(voir statistiques et tableaux)
Selon le rapport du BIT (2001), dans le groupe des enfants de 5 à 17 ans, un sur six - soit 246 millions - est astreint au travail. Plus préoccupant encore, un sur huit - soit 179 millions d'enfants - est encore assujetti aux pires formes de travail, celles qui mettent en danger sa santé physique ou mentale ou sa moralité.
Par ailleurs :
- environ 111 millions d'enfants de moins de 15 ans sont astreints à des travaux dangereux et devraient y être immédiatement soustraits;
- 59 millions de jeunes de 15 à 17 ans eux aussi affectés à un travail dangereux devraient bénéficier de toute urgence d'une protection ou être soustraits à ce travail;
- 8,4 millions d'enfants sont assujettis à des travaux relevant des pires formes de travail des enfants, car il s'agit d'activités intrinsèquement condamnables: esclavage, traite, servitude pour dettes et autres formes de travail forcé comme le recrutement forcé en vue de la participation à des conflits armés, la prostitution, la pornographie et autres activités illicites.
Le travail des enfants reste un phénomène mondial, auquel aucun pays ni aucune région n'échappe. Les crises de toutes sortes - catastrophes naturelles, chocs économiques, pandémie du VIH/SIDA, conflits armés - ont notamment pour effet de pousser un nombre croissant de jeunes vers des formes de travail débilitantes, parfois illégales et clandestines comme la prostitution, le trafic de drogue, la pornographie et d'autres activités illicites.
L'ampleur du problème
Le BIT présente des chiffres qui s'écartent sensiblement des estimations les plus fiables dont on disposait en 1996, et qui fixaient à quelque 250 millions le nombre d'enfants de 5 à 14 ans astreints au travail dans les pays en développement. Il indique que les méthodes les plus récentes de collecte de données offrent une représentation plus précise du travail des enfants et, en particulier, de son incidence selon les classes d'âge et les régions, de sorte que les nouvelles estimations ne se prêtent pas à une comparaison directe avec les précédentes. Le travail des enfants à l'aube du XXIe siècle y est décrit comme un phénomène infiniment volatil revêtant les formes les plus variées. Sur la base des données les plus récentes, il est estimé que 352 millions d'enfants de 5 à 14 ans exercent aujourd'hui une activité économique d'un type ou d'un autre.
Sur ce total, 106 millions sont affectés à des types de travaux acceptables pour des enfants ayant atteint l'âge minimum d'admission à l'emploi (généralement 15 ans), ou à des travaux légers tels que les tâches ménagères ou des travaux rentrant dans le cadre de leur éducation (voir ci-dessous convention de l'OIT -nº 138- sur l'âge minimum, 1973).
Il en résulte que 246 millions d'enfants sont astreints à des formes de travail qu'il faut abolir.
Le BIT estime que le principal obstacle à l'abolition effective du travail des enfants est sa prépondérance dans un secteur qui échappe au contrôle de la plupart des institutions officielles, indépendamment des moyens économiques du pays. On distingue :
Les enfants producteurs (mines, verres, tapis)
Les enfants en servitudes pour dettes (c'est le cas en Asie par exemple)
Les enfants esclaves (domesticité et prostitution). Dès 5 ans en Afrique
Les enfants travailleurs dans leur famille ou leur communauté ( 1/3 de la main d'œuvre agricole dans certains pays en développement)
Les filles qui participent aux tâches domestiques ne sont pas considérées au travail.
L'Unicef et d'autres organisations font la distinction entre le travail acceptable, qui apporte formation et statut à l'enfant et le travail intolérable, qui entrave son développement intellectuel, physique et psychologique.
A quoi travaillent-ils ? :
D'un bout à l'autre de la Terre, on retrouve des enfants dans les champs, dans les mines, les ateliers ou dans les cuisines. L'agriculture est encore la plus grande utilisatrice d'enfants. Ce travail est souvent organisé de telle manière que les enfants doivent travailler aussi longtemps et durement que leur parents. La mortalité, la malnutrition et l'analphabétisme sont presque partout plus élevés dans les campagnes que dans les villes. Dans les grandes entreprises, la réglementation sur l'âge et la durée du travail est, en général, respectée. Ce n'est pas le cas des petites entreprises ou des petits ateliers non déclarés qui utilisent abusivement cette main-d'œuvre très économique. On trouve des enfants qui fondent des tôles d'acier, tissent des tapis ou fabriquent des allumettes. Les locaux sont souvent sans air et sans lumière : on les appelle les "ateliers à sueur". Les enfants qui travaillent comme domestiques sont en général loués ou même vendus à des familles plus riches. Dans l'immense majorité, il s'agit de fillette, souvent de moins de 13 ans, qui habitent chez l'employeur. Bien des enquêteurs pensent que les cas de mauvais traitement sont fréquents. Ce sont peut-être, de tous les enfants au travail, ceux qui sont le plus exploités et qui peuvent le moins se défendre car ils vivent totalement isolés. Et puis il y a tous les enfants des rues : certains jeunes chassés de chez eux par la misère, ou orphelin, vivent entièrement dans la rue. Ils survivent en vendant des cigarettes ou des chewing-gums, cirent des chaussures, lavent des voitures, chantent sur les trottoirs ou bien mendient. Beaucoup d'entre eux basculent dans la délinquance et la prostitution.
Pourquoi les enfants travaillent-ils ? :
Arrachés à l'enfance pour des raisons économiques et/ou politiques, ils font les frais de la misère, d'une crise, d'une guerre... parce qu'il constitue une main d'œuvre docile, l'enfant est de plus en plus exploité : des champs à la mine rien ne lui est épargné. Recherché pour sa souplesse et son petit gabarit, ou simplement pour son joli minois, il piochera dans les mines de charbon en Colombie, s'intoxiquera les poumons dans les tanneries du Pakistan, ou passera des heures dans la chaleur des sunlights d'une quelconque agence de pub. Depuis 30 ans le phénomène a considérablement évolué, et le travail de l'enfant s'apparente de moins en moins à un apprentissage. La crise économique, l'endettement des pays pauvres, les programmes d'ajustement structurel et d'austérité économique imposés par le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale ont conduit à des coupes claires dans les budgets sociaux et d'éducation. Certaines multinationales n'hésitent pas à recourir à cette main d'œuvre bon marché. (voir système Nike) Les enfants ont été contraints de travailler pour survivre, et des employeurs sans scrupules ou poussés eux aussi par le besoin, se sont précipités sur cette main d'œuvre. Dans bien des cas c'est l'enfant qui subvient aux besoins de la famille.
Les principaux facteurs du travail des enfants :
Pauvreté
Analphabétisme
Différence de salaire négligeable entre adultes et enfants
Décès ou absence permanente du père
Le niveau de sous-développement rural
Conditions de vie dans les quartiers pauvres de la ville
Impossibilité du système scolaire de garantir un emploi futur
Exigences physiques spécifiques pour effectuer certaines tâches ( mines, tissage des tapis, etc.) Enfants abandonnés ou errants
Ecole buissonnière
Familles nombreuses
Emploi des parents.
Des conséquences graves sur leur santé et leur avenir :
Dans la plupart des activités effectuées par les enfants, les risques d'une détérioration rapide de leur santé sont important. L'utilisation de produits chimiques dans le cas des industries de la chaussure, de l'orfèvrerie et du textile mais aussi dans l'agriculture intoxiquent l'organisme fragile des enfants. Dans l'industrie du tapis ou du tissage, les enfants sont entassés dans des lieux sombres et pollués de poussières de laine. Ils abîment leurs yeux et leurs poumons. Les enfants chiffonniers sont souvent atteint de maladie de peau. Ils risquent de se couper et de contracter le tétanos. les enfants qui travaillent dans la construction ont des troubles de croissance et des déformations en raison du port de charges trop lourdes. Les enfants qui travaillent dans les carrières et les mines sont exposés à la silicose. les enfants qui se prostituent sont de plus en plus fréquemment atteints par le SIDA. Pour la plupart d'entre eux ils sont condamnés à l'analphabétisme à vie car ils ne vont pas à l'école. Isolés, souvent privés de leur famille, ils souffrent de carences affectives dont ils risquent de garder des séquelles à vie.
Alors que faire ? :
Dix ans après la Déclaration des Droits de l'Homme, l'ONU a adopté en 1959, à l'unanimité, la Déclaration des droits de l'enfant. Concernant les enfants travailleurs elle précisait que l'enfant ne doit pas être admis à l'emploi avant d'avoir atteint l'âge approprié. 40 ans sont passés et rares sont les pays qui respectent ces simples droits. Et pourtant la presque totalité des pays de la planète ont ratifié la Convention Internationale des Droits de l'Enfant de 1989. En 1990, de grandes promesses ont été faites aux enfants. Cette année là, soixante et onze chefs d'États ont pris part au premier Sommet Mondial pour l'Enfance, le plus vaste rassemblement de ce type jamais organisé dans l'histoire. Des objectifs ambitieux ont été fixés pour l'an 2000. Nous y arrivons et ces promesses sont restées lettre morte. Les dépenses pour tenir les engagements du Sommet ont été évaluées à 100 milliards de francs par an, l'équivalent de ce qui est consacré tous les dix jours aux dépenses militaires de l'ensemble des pays du monde. Les solutions existent donc, mais c'est souvent la volonté politique qui manque.
En 1999 enfin un projet a été adopté à Genève par les représentants de 174 pays.
Le texte demande aux gouvernements de prendre des mesures immédiates et efficaces pour assurer l'interdiction et l'élimination des pires formes de travail des enfants de toute urgence. Voir le texte
Faut-il boycotter le produit du travail des enfants ? :
Le boycott des produits fabriqués par les enfants est un indéniable outil de pression : le témoignage du petit Iqbal MASIH avait dévoilé le vrai visage de la fabrication des tapis au Pakistan. C'est sans doute pour cela qu'il a été assassiné, et son assassinat en 1995 n'a fait que renforcer la réaction du public : le chiffre d'affaires de l'exportation de tapis a plongé. Sans cette baisse les fabricants et exportateurs de tapis n'aurait jamais signer en 1998 un accord avec le BIT concernant le retrait de 8 000 petits tisserands à domicile.
Mais un boycott peut avoir des effets pervers. En 1992-1993, quand les États Unis débattaient d'une éventuelle interdiction de biens produits par les enfants, plusieurs usines textiles du Bangladesh, craignant une chute des commandes, ont procédé au débauchage de quelque 50 000 enfants, surtout des filles. Pour continuer de subvenir aux besoins de la famille beaucoup ont dû se tourner vers des métiers informels ou plus dangereux (casseurs de pierres par exemple).Certains ont échoué dans la prostitution.
Le boycott constitue donc une arme à double tranchant. Cet effet de semonce sur les employeurs ne doit être utilisé que pour organiser un retour à la scolarisation des enfants, il faut donc pour cela en donner les moyens à ces pays.
L'UNICEF demande 6 mesures pour éliminer le travail des enfants :
l'élimination immédiate de l'emploi des enfants à des tâches dangereuses
l'organisation d'un enseignement gratuit et obligatoire
l'élargissement de la protection légale des enfants
l'enregistrement de tous les enfants à leur naissance (de manière à pouvoir déterminer leur âge sans fraude possible)
une collecte et un contrôle adéquats des données (de manière à connaître avec exactitude l'ampleur du travail des enfants)
l'établissement de codes de conduite
Les conventions internationales en vigueur concernant l’hygiène, la sécurité, la discrimination , les horaires, la durée d’activité, la protection….
C’est seulement depuis 1919 que l’OIT (Organisation Internationale du travail) a fait adopter par tous les pays signataires des conventions particulières qui font état de normes relatives au travail des enfants.
Les principales :
1919 : convention n° 5 : âge minimum des enfants dans l’industrie Voir
1919 : convention n° 6 : travail de nuit des enfants dans l’industrie Voir
1920 : convention n° 7 : âge minimum des enfants dans le travail maritime Voir
1921 : convention n° 10 : âge minimum des enfants dans l’agriculture Voir
1921 : convention n° 15 : âge minimum des enfants soutiers et chauffeurs Voir
1930 : convention n° 29 : travail forcé des enfants Voir
1932 : convention n° 33 : âge minimum des enfants (travaux non industriels) Voir
1937 : convention n° 59 : âge minimum des enfants ( travail industriel) Voir
1937 : convention n° 60 révisée : âge minimum des enfants ( travail non industriel) Voir
1946 : convention n° 77 : examen médical obligatoire des enfants (industrie) Voir
1946 : convention n° 78 : examen médical obligatoire des enfants (hors industrie) Voir
1948 : convention n° 90 : travail de nuit des enfants dans l’industrie Voir
1959 : convention n° 112 : âge minimum des enfants dans la pêche Voir
1965 : convention n° 123 : âge minimum des enfants (travaux souterrains) Voir
1965 : convention n° 124 : examen médical des enfants (travaux souterrains) Voir
1973 : convention n° 138 : âge minimum des enfants (tous secteurs économiques) Voir
1999 : convention de Genève sur les pires formes du travail des enfants Voir
1999 : recommandation sur les pires formes du travail des enfants Voir
1999 : loi concernant l'achat des fournitures scolaires Voir
Il faut noter que la question des enfants au travail est suivie de près par l’OIT et par le BIT. Une fois ratifiées par les États, les conventions doivent guider l’action au niveau national pour modifier leur législation. Ainsi par exemple la convention n°138 a incité de nombreux pays à établir des législations nationales (des lois) spéciales sur le travail des enfants et les âges d’admission aux différents emplois.
Who Was Iqbal Masih?
http://www.amnesty133.org/iqbal/who/who.html
Iqbal Masih was four years old when his father sold him into slavery. He was forced to work more than twelve hours a day. He was constantly beaten, verbally abused, and chained to his loom by the carpet factory owner. On December 2, 1994, when Iqbal visited the Broad Meadows Middle School, he looked much younger than his twelve years: his growth had been stunted by severe malnutrition and years of cramped immobility in front of a loom.
There are an estimated 20 million bonded laborers in Pakistan today; at least 7.5 million of these bonded laborers are children. More than 500,000 children, like Iqbal, work in the carpet industry. Because carpet factory owners, usually rich and influential men in their communities, are often under the protection of the local police, laws against enslaving children are seldom enforced.
In 1992 Iqbal's life changed dramatically. He and some other children stole away from their carpet factory to attend a freedom day celebration held by the Bonded Labour Liberation Front (BLLF). At the gathering they learned about their rights. Iqbal was moved to give an impromptu and eloquent speech about his sufferings which was printed in the local papers. Afterwards he refused to return to his owner. On his own initiative, he contacted a BLLF lawyer and obtained a letter of freedom which he presented to his former master.
Iqbal was an articulate, confident, and powerful speaker and an uncompromising critic of child servitude. Iqbal's words of encouragement to other children and his willingness to speak out against child slavery had helped free many other illegally bonded children. At the time of his death, he was enrolled in a school for freed bonded children, where he was a bright and energetic student. His dream for the future was to become a lawyer. That way, he reasoned, he could continue to fight for freedom on behalf of Pakistan's seven and a half million illegally enslaved children.
Les Garibaldiens
http://www.droitsenfant.com/
IQBAL MASIH n'était encore qu'un tout petit enfant pakistanais lorsque ses parents l'ont vendu pour éponger la dette familiale, contractée lors du mariage de son frère. A quatre ans, Iqbal rejoint une de ces fabriques de tapis qui exploitent déjà huit millions de gosses. A dix ans l'enfant esclave a déjà une tête de vieillard et les mains ravagées d'avoir noué douze heures par jour et pendant 6 ans de précieux tapis revendus à prix d'or en Occident. Un jour de 1993, son calvaire prend fin grâce à Eshan Khan, président de la ligue contre le travail des enfants (BLLF). Son libérateur l'arrache de son métier à tisser pour lui redonner le goût de vivre et la rage de se battre. Iqbal devient alors le symbole de cette jeunesse martyrisée. Il parcourt son pays et le reste du monde afin d'alerter l'opinion internationale. En janvier 1995, il participe à une Convention contre l'esclavage des enfants à Lahore. Il se rend en Suède et aux États Unis, où il reçoit un prix de la firme américaine Reebok (voir photo). Son périple prend fin le 16 avril 1995. Il meurt assassiné sur son vélo, le corps criblé de plomb gisant sur la lande de Chapa Kana Mill, près de Lahore (Pakistan). Il avait reçu des menaces de la "mafia de l'industrie du tapis" comme l'affirmait Eshan Kahn. La police pakistanaise écrira dans son rapport : "l'assassinat résulte d'une dispute entre un paysan et Iqbal". Histoire sordide d'un porte-parole qui devenait gênant. Les pistes de ce meurtre sont brouillées alors que la Commission des droits de l'homme du Pakistan a "adopté" la version de la police. Permettra-t-on que le combat d'Iqbal est été vain ?
Le travail des enfants, une réalité qui ne concerne pas exclusivement les pays en voie de développement. En 2001 le Bureau International du Travail recensait 246 millions de petits travailleurs dans le monde. Âgés de 5 à 17 ans plus de la moitié d'entre eux travaille à plein temps ! La majorité des enfants travaillent dans l'agriculture. L'artisanat et l'industrie sont aussi des secteurs clés : manipulation des fours où coule du verre fondu en Inde, fabrication de tapis au Népal et au Pakistan.....
Voir quelques exemples en bas de cette page.
Qu'appelle-t-on enfants au travail ? :
(voir statistiques et tableaux)
Selon le rapport du BIT (2001), dans le groupe des enfants de 5 à 17 ans, un sur six - soit 246 millions - est astreint au travail. Plus préoccupant encore, un sur huit - soit 179 millions d'enfants - est encore assujetti aux pires formes de travail, celles qui mettent en danger sa santé physique ou mentale ou sa moralité.
Par ailleurs :
- environ 111 millions d'enfants de moins de 15 ans sont astreints à des travaux dangereux et devraient y être immédiatement soustraits;
- 59 millions de jeunes de 15 à 17 ans eux aussi affectés à un travail dangereux devraient bénéficier de toute urgence d'une protection ou être soustraits à ce travail;
- 8,4 millions d'enfants sont assujettis à des travaux relevant des pires formes de travail des enfants, car il s'agit d'activités intrinsèquement condamnables: esclavage, traite, servitude pour dettes et autres formes de travail forcé comme le recrutement forcé en vue de la participation à des conflits armés, la prostitution, la pornographie et autres activités illicites.
Le travail des enfants reste un phénomène mondial, auquel aucun pays ni aucune région n'échappe. Les crises de toutes sortes - catastrophes naturelles, chocs économiques, pandémie du VIH/SIDA, conflits armés - ont notamment pour effet de pousser un nombre croissant de jeunes vers des formes de travail débilitantes, parfois illégales et clandestines comme la prostitution, le trafic de drogue, la pornographie et d'autres activités illicites.
L'ampleur du problème
Le BIT présente des chiffres qui s'écartent sensiblement des estimations les plus fiables dont on disposait en 1996, et qui fixaient à quelque 250 millions le nombre d'enfants de 5 à 14 ans astreints au travail dans les pays en développement. Il indique que les méthodes les plus récentes de collecte de données offrent une représentation plus précise du travail des enfants et, en particulier, de son incidence selon les classes d'âge et les régions, de sorte que les nouvelles estimations ne se prêtent pas à une comparaison directe avec les précédentes. Le travail des enfants à l'aube du XXIe siècle y est décrit comme un phénomène infiniment volatil revêtant les formes les plus variées. Sur la base des données les plus récentes, il est estimé que 352 millions d'enfants de 5 à 14 ans exercent aujourd'hui une activité économique d'un type ou d'un autre.
Sur ce total, 106 millions sont affectés à des types de travaux acceptables pour des enfants ayant atteint l'âge minimum d'admission à l'emploi (généralement 15 ans), ou à des travaux légers tels que les tâches ménagères ou des travaux rentrant dans le cadre de leur éducation (voir ci-dessous convention de l'OIT -nº 138- sur l'âge minimum, 1973).
Il en résulte que 246 millions d'enfants sont astreints à des formes de travail qu'il faut abolir.
Le BIT estime que le principal obstacle à l'abolition effective du travail des enfants est sa prépondérance dans un secteur qui échappe au contrôle de la plupart des institutions officielles, indépendamment des moyens économiques du pays. On distingue :
Les enfants producteurs (mines, verres, tapis)
Les enfants en servitudes pour dettes (c'est le cas en Asie par exemple)
Les enfants esclaves (domesticité et prostitution). Dès 5 ans en Afrique
Les enfants travailleurs dans leur famille ou leur communauté ( 1/3 de la main d'œuvre agricole dans certains pays en développement)
Les filles qui participent aux tâches domestiques ne sont pas considérées au travail.
L'Unicef et d'autres organisations font la distinction entre le travail acceptable, qui apporte formation et statut à l'enfant et le travail intolérable, qui entrave son développement intellectuel, physique et psychologique.
A quoi travaillent-ils ? :
D'un bout à l'autre de la Terre, on retrouve des enfants dans les champs, dans les mines, les ateliers ou dans les cuisines. L'agriculture est encore la plus grande utilisatrice d'enfants. Ce travail est souvent organisé de telle manière que les enfants doivent travailler aussi longtemps et durement que leur parents. La mortalité, la malnutrition et l'analphabétisme sont presque partout plus élevés dans les campagnes que dans les villes. Dans les grandes entreprises, la réglementation sur l'âge et la durée du travail est, en général, respectée. Ce n'est pas le cas des petites entreprises ou des petits ateliers non déclarés qui utilisent abusivement cette main-d'œuvre très économique. On trouve des enfants qui fondent des tôles d'acier, tissent des tapis ou fabriquent des allumettes. Les locaux sont souvent sans air et sans lumière : on les appelle les "ateliers à sueur". Les enfants qui travaillent comme domestiques sont en général loués ou même vendus à des familles plus riches. Dans l'immense majorité, il s'agit de fillette, souvent de moins de 13 ans, qui habitent chez l'employeur. Bien des enquêteurs pensent que les cas de mauvais traitement sont fréquents. Ce sont peut-être, de tous les enfants au travail, ceux qui sont le plus exploités et qui peuvent le moins se défendre car ils vivent totalement isolés. Et puis il y a tous les enfants des rues : certains jeunes chassés de chez eux par la misère, ou orphelin, vivent entièrement dans la rue. Ils survivent en vendant des cigarettes ou des chewing-gums, cirent des chaussures, lavent des voitures, chantent sur les trottoirs ou bien mendient. Beaucoup d'entre eux basculent dans la délinquance et la prostitution.
Pourquoi les enfants travaillent-ils ? :
Arrachés à l'enfance pour des raisons économiques et/ou politiques, ils font les frais de la misère, d'une crise, d'une guerre... parce qu'il constitue une main d'œuvre docile, l'enfant est de plus en plus exploité : des champs à la mine rien ne lui est épargné. Recherché pour sa souplesse et son petit gabarit, ou simplement pour son joli minois, il piochera dans les mines de charbon en Colombie, s'intoxiquera les poumons dans les tanneries du Pakistan, ou passera des heures dans la chaleur des sunlights d'une quelconque agence de pub. Depuis 30 ans le phénomène a considérablement évolué, et le travail de l'enfant s'apparente de moins en moins à un apprentissage. La crise économique, l'endettement des pays pauvres, les programmes d'ajustement structurel et d'austérité économique imposés par le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale ont conduit à des coupes claires dans les budgets sociaux et d'éducation. Certaines multinationales n'hésitent pas à recourir à cette main d'œuvre bon marché. (voir système Nike) Les enfants ont été contraints de travailler pour survivre, et des employeurs sans scrupules ou poussés eux aussi par le besoin, se sont précipités sur cette main d'œuvre. Dans bien des cas c'est l'enfant qui subvient aux besoins de la famille.
Les principaux facteurs du travail des enfants :
Pauvreté
Analphabétisme
Différence de salaire négligeable entre adultes et enfants
Décès ou absence permanente du père
Le niveau de sous-développement rural
Conditions de vie dans les quartiers pauvres de la ville
Impossibilité du système scolaire de garantir un emploi futur
Exigences physiques spécifiques pour effectuer certaines tâches ( mines, tissage des tapis, etc.) Enfants abandonnés ou errants
Ecole buissonnière
Familles nombreuses
Emploi des parents.
Des conséquences graves sur leur santé et leur avenir :
Dans la plupart des activités effectuées par les enfants, les risques d'une détérioration rapide de leur santé sont important. L'utilisation de produits chimiques dans le cas des industries de la chaussure, de l'orfèvrerie et du textile mais aussi dans l'agriculture intoxiquent l'organisme fragile des enfants. Dans l'industrie du tapis ou du tissage, les enfants sont entassés dans des lieux sombres et pollués de poussières de laine. Ils abîment leurs yeux et leurs poumons. Les enfants chiffonniers sont souvent atteint de maladie de peau. Ils risquent de se couper et de contracter le tétanos. les enfants qui travaillent dans la construction ont des troubles de croissance et des déformations en raison du port de charges trop lourdes. Les enfants qui travaillent dans les carrières et les mines sont exposés à la silicose. les enfants qui se prostituent sont de plus en plus fréquemment atteints par le SIDA. Pour la plupart d'entre eux ils sont condamnés à l'analphabétisme à vie car ils ne vont pas à l'école. Isolés, souvent privés de leur famille, ils souffrent de carences affectives dont ils risquent de garder des séquelles à vie.
Alors que faire ? :
Dix ans après la Déclaration des Droits de l'Homme, l'ONU a adopté en 1959, à l'unanimité, la Déclaration des droits de l'enfant. Concernant les enfants travailleurs elle précisait que l'enfant ne doit pas être admis à l'emploi avant d'avoir atteint l'âge approprié. 40 ans sont passés et rares sont les pays qui respectent ces simples droits. Et pourtant la presque totalité des pays de la planète ont ratifié la Convention Internationale des Droits de l'Enfant de 1989. En 1990, de grandes promesses ont été faites aux enfants. Cette année là, soixante et onze chefs d'États ont pris part au premier Sommet Mondial pour l'Enfance, le plus vaste rassemblement de ce type jamais organisé dans l'histoire. Des objectifs ambitieux ont été fixés pour l'an 2000. Nous y arrivons et ces promesses sont restées lettre morte. Les dépenses pour tenir les engagements du Sommet ont été évaluées à 100 milliards de francs par an, l'équivalent de ce qui est consacré tous les dix jours aux dépenses militaires de l'ensemble des pays du monde. Les solutions existent donc, mais c'est souvent la volonté politique qui manque.
En 1999 enfin un projet a été adopté à Genève par les représentants de 174 pays.
Le texte demande aux gouvernements de prendre des mesures immédiates et efficaces pour assurer l'interdiction et l'élimination des pires formes de travail des enfants de toute urgence. Voir le texte
Faut-il boycotter le produit du travail des enfants ? :
Le boycott des produits fabriqués par les enfants est un indéniable outil de pression : le témoignage du petit Iqbal MASIH avait dévoilé le vrai visage de la fabrication des tapis au Pakistan. C'est sans doute pour cela qu'il a été assassiné, et son assassinat en 1995 n'a fait que renforcer la réaction du public : le chiffre d'affaires de l'exportation de tapis a plongé. Sans cette baisse les fabricants et exportateurs de tapis n'aurait jamais signer en 1998 un accord avec le BIT concernant le retrait de 8 000 petits tisserands à domicile.
Mais un boycott peut avoir des effets pervers. En 1992-1993, quand les États Unis débattaient d'une éventuelle interdiction de biens produits par les enfants, plusieurs usines textiles du Bangladesh, craignant une chute des commandes, ont procédé au débauchage de quelque 50 000 enfants, surtout des filles. Pour continuer de subvenir aux besoins de la famille beaucoup ont dû se tourner vers des métiers informels ou plus dangereux (casseurs de pierres par exemple).Certains ont échoué dans la prostitution.
Le boycott constitue donc une arme à double tranchant. Cet effet de semonce sur les employeurs ne doit être utilisé que pour organiser un retour à la scolarisation des enfants, il faut donc pour cela en donner les moyens à ces pays.
L'UNICEF demande 6 mesures pour éliminer le travail des enfants :
l'élimination immédiate de l'emploi des enfants à des tâches dangereuses
l'organisation d'un enseignement gratuit et obligatoire
l'élargissement de la protection légale des enfants
l'enregistrement de tous les enfants à leur naissance (de manière à pouvoir déterminer leur âge sans fraude possible)
une collecte et un contrôle adéquats des données (de manière à connaître avec exactitude l'ampleur du travail des enfants)
l'établissement de codes de conduite
Les conventions internationales en vigueur concernant l’hygiène, la sécurité, la discrimination , les horaires, la durée d’activité, la protection….
C’est seulement depuis 1919 que l’OIT (Organisation Internationale du travail) a fait adopter par tous les pays signataires des conventions particulières qui font état de normes relatives au travail des enfants.
Les principales :
1919 : convention n° 5 : âge minimum des enfants dans l’industrie Voir
1919 : convention n° 6 : travail de nuit des enfants dans l’industrie Voir
1920 : convention n° 7 : âge minimum des enfants dans le travail maritime Voir
1921 : convention n° 10 : âge minimum des enfants dans l’agriculture Voir
1921 : convention n° 15 : âge minimum des enfants soutiers et chauffeurs Voir
1930 : convention n° 29 : travail forcé des enfants Voir
1932 : convention n° 33 : âge minimum des enfants (travaux non industriels) Voir
1937 : convention n° 59 : âge minimum des enfants ( travail industriel) Voir
1937 : convention n° 60 révisée : âge minimum des enfants ( travail non industriel) Voir
1946 : convention n° 77 : examen médical obligatoire des enfants (industrie) Voir
1946 : convention n° 78 : examen médical obligatoire des enfants (hors industrie) Voir
1948 : convention n° 90 : travail de nuit des enfants dans l’industrie Voir
1959 : convention n° 112 : âge minimum des enfants dans la pêche Voir
1965 : convention n° 123 : âge minimum des enfants (travaux souterrains) Voir
1965 : convention n° 124 : examen médical des enfants (travaux souterrains) Voir
1973 : convention n° 138 : âge minimum des enfants (tous secteurs économiques) Voir
1999 : convention de Genève sur les pires formes du travail des enfants Voir
1999 : recommandation sur les pires formes du travail des enfants Voir
1999 : loi concernant l'achat des fournitures scolaires Voir
Il faut noter que la question des enfants au travail est suivie de près par l’OIT et par le BIT. Une fois ratifiées par les États, les conventions doivent guider l’action au niveau national pour modifier leur législation. Ainsi par exemple la convention n°138 a incité de nombreux pays à établir des législations nationales (des lois) spéciales sur le travail des enfants et les âges d’admission aux différents emplois.
Who Was Iqbal Masih?
http://www.amnesty133.org/iqbal/who/who.html
Iqbal Masih was four years old when his father sold him into slavery. He was forced to work more than twelve hours a day. He was constantly beaten, verbally abused, and chained to his loom by the carpet factory owner. On December 2, 1994, when Iqbal visited the Broad Meadows Middle School, he looked much younger than his twelve years: his growth had been stunted by severe malnutrition and years of cramped immobility in front of a loom.
There are an estimated 20 million bonded laborers in Pakistan today; at least 7.5 million of these bonded laborers are children. More than 500,000 children, like Iqbal, work in the carpet industry. Because carpet factory owners, usually rich and influential men in their communities, are often under the protection of the local police, laws against enslaving children are seldom enforced.
In 1992 Iqbal's life changed dramatically. He and some other children stole away from their carpet factory to attend a freedom day celebration held by the Bonded Labour Liberation Front (BLLF). At the gathering they learned about their rights. Iqbal was moved to give an impromptu and eloquent speech about his sufferings which was printed in the local papers. Afterwards he refused to return to his owner. On his own initiative, he contacted a BLLF lawyer and obtained a letter of freedom which he presented to his former master.
Iqbal was an articulate, confident, and powerful speaker and an uncompromising critic of child servitude. Iqbal's words of encouragement to other children and his willingness to speak out against child slavery had helped free many other illegally bonded children. At the time of his death, he was enrolled in a school for freed bonded children, where he was a bright and energetic student. His dream for the future was to become a lawyer. That way, he reasoned, he could continue to fight for freedom on behalf of Pakistan's seven and a half million illegally enslaved children.
Les Garibaldiens