Traitement des immigrés Italiens fin du XIXè, dans la belle Provence
http://viabloga.com/etcrisetparoles/news/109.shtml
Publié par Annie le Dimanche 18 Septembre 2005, 17:34 dans la rubrique Moeurs - Lu 1276 fois -
Depuis au moins trente ans je sais que l'immigration Italienne ne fut pas bien reçut. Quand j'ai l'occasion d'en faire mention autour de moi, on me répond "c'était différent ils étaient catholiques" ! Les Français ne retiennent de leur histoire que ce qui les arrangent. Et si on a le malheur de comparer le traitement actuel des Maghrébins avec celui des Italiens, on a l'air de commettre un crime de lèse-majesté !
Dans la bibliothèque de ma ville j'ai trouvé un petit livre de 80 p. qui relate l'émigration d'une nourrice piémontaise (Une nourrice piémontaise à Marseille, Catherine Blanc, Ed. Les Alpes de Lumière)
J'en ai extrait ce qui suit :
Confondue dans l'épopée gigantesque de toutes les émigrations de masse, l'histoire de chacun des émigrés de toute origine et de toute période a, presque toujours, laissé place à des histoires de grandes dimensions dans lesquelles il est difficile de retrouver, dans le témoignage d'une vicissitude collective, les différentes phases d'une histoire personnelle. (...) C'est dans le cas de l'émigration des Piémontais en France qui se situe entre la fin du XIXè et le début du X siècle, un exode que l'histoire officielle a presque entièrement gommé
(...)
Il s'agit pourtant d'un mouvement de population, transfrontalier ou permanent, qui a eu pour protagonistes quelques millions d'individus, presque un "exode biblique" d'hommes et de femmes à la recherche d'un avenir de survie et de travail que leur pays natal, l'Italie, ne leur offrait pas.
(...)
A partir des montagnes, des collines et des plaines de l'Italie entière, du Nord et du Sud des hommes et des femmes se jetaient dans une aventure, seuls ou par famille entière, humiliés et avilis par le sous-développement de leur patrie et par leurs conditions personnelles qui les rendaient, toujours, ou presque toujours, des "parias" dans leur nouvelle situation. L'absence de capacités professionnelles et le fait de ne pas savoir ni lire, ni écrire, en italien comme évidemment en français, étaient autant d'obstacles auxquels ces hommes et ces femmes ont dû faire face. Leurs histoires restent encore à écrire : seules quelques recherches ont donné des éclairages révélateurs sur cette présence de ces "nouveaux venus" qui, chaque année, se présentaient, par dizaines de milliers, aux frontières françaises en quête d'un travail et d'un avenir et que plusieurs parmi les habitants du lieu considéraient des intrus, voire des malvenus.
(...)
Voici, par exemple, la description de l'arrivée des Italiens par bateau :
"(...) Encore tous transis d'une nuit glaciale et d'une matinée presque froide, les gens qui étaient là, parqués comme un bétail dans l'entrepont, avaient l'air de se dégeler au contact de la bonne chaleur automnale. Les hommes gesticulaient et vociféraient en des dialectes divers. (...) Après avoir fauché les foins et les blés, arrachés le maïs, cueilli le raisin, gaulé les châtaignes et les noix dans les champs du pays natal, ils s'en allaient, selon leur coutume, passer l'hiver à Marseille. (...) Les riches plaines qui se déployaient (...) ils y avaient séjourné en qualité de manuvres agricoles, de terrassiers et d'ouvriers d'usine. Brutaux, loquaces et vantards, ils tendaient leurs bras vers la terre vermeille, avec des gestes de possession..."
Le romancier Louis Bertrand décrit :
" Les Piémontais se trouvaient, en majorité, facilement reconnaissables à leurs feutres hyperboliques et à leur foulard d'un rouge cru. De tenue plus discrète et plus citadine, les Toscans et les Romagnols formaient aussi un contingent respectable...la grande foule houleuse et bigarrée de l'invasion italienne, où sonnaient tous les dialectes de la Péninsule. De loin en loin, quelques provençaux de pure race, reconnaissables à la finesse de leurs traits et à la jolie couleur blonde de leurs moustaches, coudoyaient les gars du Piémont, aux pommettes rouges et à l'encolure de taureaux..." (extrait de L'invasion, 1903, Nelson, p. 9)
http://viabloga.com/etcrisetparoles/news/109.shtml
Publié par Annie le Dimanche 18 Septembre 2005, 17:34 dans la rubrique Moeurs - Lu 1276 fois -
Depuis au moins trente ans je sais que l'immigration Italienne ne fut pas bien reçut. Quand j'ai l'occasion d'en faire mention autour de moi, on me répond "c'était différent ils étaient catholiques" ! Les Français ne retiennent de leur histoire que ce qui les arrangent. Et si on a le malheur de comparer le traitement actuel des Maghrébins avec celui des Italiens, on a l'air de commettre un crime de lèse-majesté !
Dans la bibliothèque de ma ville j'ai trouvé un petit livre de 80 p. qui relate l'émigration d'une nourrice piémontaise (Une nourrice piémontaise à Marseille, Catherine Blanc, Ed. Les Alpes de Lumière)
J'en ai extrait ce qui suit :
Confondue dans l'épopée gigantesque de toutes les émigrations de masse, l'histoire de chacun des émigrés de toute origine et de toute période a, presque toujours, laissé place à des histoires de grandes dimensions dans lesquelles il est difficile de retrouver, dans le témoignage d'une vicissitude collective, les différentes phases d'une histoire personnelle. (...) C'est dans le cas de l'émigration des Piémontais en France qui se situe entre la fin du XIXè et le début du X siècle, un exode que l'histoire officielle a presque entièrement gommé
(...)
Il s'agit pourtant d'un mouvement de population, transfrontalier ou permanent, qui a eu pour protagonistes quelques millions d'individus, presque un "exode biblique" d'hommes et de femmes à la recherche d'un avenir de survie et de travail que leur pays natal, l'Italie, ne leur offrait pas.
(...)
A partir des montagnes, des collines et des plaines de l'Italie entière, du Nord et du Sud des hommes et des femmes se jetaient dans une aventure, seuls ou par famille entière, humiliés et avilis par le sous-développement de leur patrie et par leurs conditions personnelles qui les rendaient, toujours, ou presque toujours, des "parias" dans leur nouvelle situation. L'absence de capacités professionnelles et le fait de ne pas savoir ni lire, ni écrire, en italien comme évidemment en français, étaient autant d'obstacles auxquels ces hommes et ces femmes ont dû faire face. Leurs histoires restent encore à écrire : seules quelques recherches ont donné des éclairages révélateurs sur cette présence de ces "nouveaux venus" qui, chaque année, se présentaient, par dizaines de milliers, aux frontières françaises en quête d'un travail et d'un avenir et que plusieurs parmi les habitants du lieu considéraient des intrus, voire des malvenus.
(...)
Voici, par exemple, la description de l'arrivée des Italiens par bateau :
"(...) Encore tous transis d'une nuit glaciale et d'une matinée presque froide, les gens qui étaient là, parqués comme un bétail dans l'entrepont, avaient l'air de se dégeler au contact de la bonne chaleur automnale. Les hommes gesticulaient et vociféraient en des dialectes divers. (...) Après avoir fauché les foins et les blés, arrachés le maïs, cueilli le raisin, gaulé les châtaignes et les noix dans les champs du pays natal, ils s'en allaient, selon leur coutume, passer l'hiver à Marseille. (...) Les riches plaines qui se déployaient (...) ils y avaient séjourné en qualité de manuvres agricoles, de terrassiers et d'ouvriers d'usine. Brutaux, loquaces et vantards, ils tendaient leurs bras vers la terre vermeille, avec des gestes de possession..."
Le romancier Louis Bertrand décrit :
" Les Piémontais se trouvaient, en majorité, facilement reconnaissables à leurs feutres hyperboliques et à leur foulard d'un rouge cru. De tenue plus discrète et plus citadine, les Toscans et les Romagnols formaient aussi un contingent respectable...la grande foule houleuse et bigarrée de l'invasion italienne, où sonnaient tous les dialectes de la Péninsule. De loin en loin, quelques provençaux de pure race, reconnaissables à la finesse de leurs traits et à la jolie couleur blonde de leurs moustaches, coudoyaient les gars du Piémont, aux pommettes rouges et à l'encolure de taureaux..." (extrait de L'invasion, 1903, Nelson, p. 9)