Il y a 520 ans, un Italien par anticipation, Amerigo Vespucci, atteint le continent américain, ce qui confirme la tradition pluriséculaire d’un peuple de « saints, poètes et navigateurs ». Et si désormais il n’y a qu’une seule sainteté (qui est de nationalité argentine), les poètes et les marins ne manquent pas. 
De cela et d’une conception plutôt « cinématographique » de l’exposition « Ciao Italia ! » par le directeur artistique Dominique Païni a inspiré la mise en place du Forum 2017 intitulé « Nouvelles Vagues », un hommage au cinéma français des années 1950, mais aussi une double référence à la mer (celle desdits navigateurs et aussi des personnes extracommunautaires qui arrivent en masse à Lampedusa) et aux flux migratoires qui portent aujourd’hui des vagues d’Italiens à l’étranger.

La mer et le voyage, en commençant par celui d’Ulysse que Homère situe principalement en Italie du Sud. C’est l’initiation et le retour, le lien entre les différentes rives. Voilà la raison pour laquelle les organisateurs ont voulu représenter l’Italie non comme une péninsule (une « presqu’île » à savoir ni île, ni continent) mais comme un archipel où chaque région serait une île liée aux autres par la mer, l’histoire, la langue et les traditions communes.

L’excursion dans d’archipel Italie du 24 juin comprend Utopia, un monde idéal où les jeunes (et les moins jeunes) trouvent du travail ; l’Île des Trésors (le patrimoine régional et paysager) ; Ithaque, liée au thème du voyage via Ulysse (mais aussi à la lutte contre les monstres comme le peuvent être aujourd’hui le fascisme et la mafia) ; l’Île des Géants où nous trouvons artistes, musiciens, comédiens, écrivains, metteurs en scène … et enfin l’Île de Ventotene, liée à la naissance de l’Europe et perçue comme le lieu de rencontre et d’échange qui s’est substitué aux bars franco-italiens d’autrefois : les blogs, les réseaux sociaux, YouTube et leurs animateurs passionnés … de Carmelo Mondello, Michel Goti e Massimo Iaquaniello qui retransmettront en direct pour RVVS, Aligre FM et la web radio Top Italia. Un parcours qui interprète les thématiques abordés dans l’exposition « Ciao Italia ! » en clef actuelle, du point de vue des "petits-enfants"- nés en France ou arrivés récemment - des personnages exposés à l’intérieur.

Une riche programmation culturelle à travers des concerts, des spectacles, des ateliers, des retransmissions de radio en direct (Top Italia), en passant par la performance littéraire du Cartel de Nazione Indiana (Francesco Forlani, Andrea Inglese, Giacomo Sartori, Giuseppe Schillaci) et le spectacle Mafia Liquida de Cinémovel Fondation (qui partira le lundi suivant pour le Festival « Libero Cinema in Libera Terra » (Cinéma Libre en Terre Libre)). 
Un apéro sera aussi organisé pour le crowdfunding afin de financer un documentaire sur Marco Bellocchio coproduit par Les Jardins Numériques.
Le talent de José Muñoz, un grand dessinateur italo-argentin, accompagne le Forum avec l’image « Verdeblu » et Focus-in : en effet, il sera l’auteur de la couverture du prochain numéro, une occasion de le (re)découvrir.

Le Festival Magari semble être né sur l’Île de Ventotene, une idée lancée sur Facebook par Valentina Pastore, résidente à Paris depuis 2 ans. En peu de temps, elle se constitue une équipe, Francesca Di Croce, puis Federico Di Salvo et Pierluigi Tosi se sont joints à elle pour la programmation musicale. Ils se mettent au travail et créent un espace (fondé par Fabrizio D’Elia) de co-working qui met en contact les artistes et les professionnels du métier pour créer un réseau interactif dédié au travail artistique. Le Festival prend forme et le Jour-J, ce sont plus de 50 organisateurs bénévoles qui contribuent au succès du Festival. « C’est un travail énorme » affirme Valentina « mais qui nous a restitué tant d’amour ».

Le 18 juin 2016, à la fin du premier Festival Magari, les organisateurs ont décidé d’aller de l’avant, à la suite de l’idée initiale qui est celle d’être une loupe sur la création contemporaine de l’immigration italienne, qui montre, derrière les clichés qui accompagnent souvent les Italiens à l’étranger, une dimension culturelle et artistique inconnue pour la plupart. D’où le titre « Magari », un mot intraduisible qui signifie le désir, l’espérance, la possibilité, l’intention (…) qui correspond parfaitement à leurs ambitions. 
Ils rédigent une sorte de manifeste dans lequel ils déclinent leurs ambitions : musique éclectique, de chansons traditionnelles aux références de soul, de jazz, de bossanova et surtout aux musiques « mixtes », théâtre, danse et lectures à la découverte de la création de jeunes auteurs (dans le sens professionnel et non civil) : l’art sous toutes ses formes ; court-métrages réalisés par des metteurs en scène indépendants et courageux ; créations culinaires pour donner de l’espace à la richesse de la gastronomie italienne (celle-ci s’est concrétisée grâce à la collaboration avec l’association Altrimenti qui réalise cette année un repas 100% anti gaspillage.)
L’an dernier le festival s’est tenu à la Petite Maison, cette année le lieu choisi est le Collectif 23 à rue de Château Landon (Paris 10ème), un local occupé, choisi exprès parce que « ce sont souvent dans ces lieux que naissent et se développent la créativité hors des sentiers battus. »

Le point fort du festival est qu’il nait de la passion et de la volonté d’un groupe de personnes qui se retroussent les manches pour en faire un événement de qualité et exposer la vraie Italie, un esprit qui se rapproche énormément du Forum des Associations Italiennes et d’Italia in Rete (ce n’est pas pour rien que Magari a aussi créé son réseau de co-working artistique.)

La fête continue au Collectif 23 avec le Festival Magari !

Email : festivalmagari@gmail.com
Réseaux sociaux : @magari @magaricoworking

Patrizia MOLTENI