Les réalisateurs israéliens ne sont plus les bienvenus dans les salles Utopia. Ils financent leurs films en shekels et forcent leurs acteurs à s'exprimer en hébreu, respectivement devise et langue du régime sioniste.
paging_filter Utopia, un réseau de salles de cinéma intelligent - au sens où il ne programme que des films susceptibles de faire réfléchir un public qui ne l'est pas moins -, a décidé qu'il n'était plus question de programmer de films israéliens jusqu'à ce que le blocus sur Gaza soit levé.
Anne-Marie Faucon, responsable de l'association gérant ces salles implantées dans une quinzaine de villes en France (dont la Filmothèque de la rue Champollion à Paris), justifie cette initiative de la manière suivante: «Notre démarche est un appel à la réflexion et à la liberté. C'est aussi un message aux réalisateurs israéliens, pour les inciter à réfléchir à ce qui se passe dans leur pays. Les cinéastes qui travaillent avec des fonds israéliens cautionnent, dans un sens, la politique de leur pays. »
Non contente d'intégrer, sans prendre cinq minutes pour leur demander leur avis, quelques uns des metteurs en scène les plus intéressants du moment aux services de communication de Tsahal, l'intransigeante distributrice pourrait d'ailleurs, emportée dans son élan, interdire l'accès de ses salles aux spectateurs munis d'un passeport israélien: «Il faut arrêter d'imaginer que les peuples sont impuissants face aux politiques. Les Israéliens votent, ce sont eux qui ont élu un gouvernement d'extrême-droite. Ils sont donc partie prenante de ce qui se passe. Les individus peuvent réagir, c'est d'ailleurs ce que nous faisons en déprogrammant le film. Si tout le monde tire le signal d'alarme, ça peut avoir une incidence. Les peuples ne sont pas impuissants face aux gouvernements ».
Bah, pourquoi pas... L'idée n'est pas si mauvaise et peut-être l'heure est-elle venue d'interdire la publication d'auteurs israéliens, la préparation de plats israéliens, la diffusion de disques israéliens, l'exposition de peintres israéliens, bref, la circulation de tout ce qui peut, de près ou de loin, être relié au régime politique le plus cruel de la planète...
Car Israël est bien, n'est ce pas, le régime le plus cruel de la planète. Enfin, il faut bien qu'il le soit si l'on en est désormais à interdire à ses artistes de s'exprimer au pays de la liberté de conscience. Enfin, en tout cas plus cruel que celui des Américains (ils ont juste envahi l'Irak illégalement, pas de quoi fouetter un chat), des Iraniens (ils n'ont que légèrement massacré et emprisonné les manifestants qui protestaient contre une élection truquée), des Cubains, des Algériens, des Chinois... (insérez ici le régime crapuleux qui vous sied le mieux au teint compte tenu de vos détestations de prédilection).
Toute cinéphile qu'elle soit (vraisemblablement), Anne-Marie Faucon semble avoir oublié de jeter un coup d'œil aux films qu'elle souhaite désormais déprogrammer. Elle aurait pu constater à quel point le cinéma israélien, avec ses Amos Gitai, ses Uri Barbash, ses Ari Folman, ses Avi Mograbi, ses Assi Dayan est cent fois, mille fois plus critique de son contexte politique que ne l'a jamais été le cinéma français.
Si punir les artistes israéliens, avant de punir les simples citoyens israéliens, pour l'absence de vision, de compassion et d'intelligence de leur gouvernants est désormais un moyen de pression légitime («Gare à toi, Netanyahou, l'Utopia de Toulouse ne programmera plus «Valse avec Bachir»! Tu vas voir ce que tu vas voir!»), on se demande s'il ne sera pas bientôt imaginable d'interdire l'accès des cinémas aux juifs tout court - dont l'attachement à Israël est vraisemblablement aussi criminel que le fusil-mitrailleur des commandos arraisonneurs.
Hum, j'arrête-là: on va m'accuser de faire de l'amalgame...
Hugues Serraf
Anne-Marie Faucon, responsable de l'association gérant ces salles implantées dans une quinzaine de villes en France (dont la Filmothèque de la rue Champollion à Paris), justifie cette initiative de la manière suivante: «Notre démarche est un appel à la réflexion et à la liberté. C'est aussi un message aux réalisateurs israéliens, pour les inciter à réfléchir à ce qui se passe dans leur pays. Les cinéastes qui travaillent avec des fonds israéliens cautionnent, dans un sens, la politique de leur pays. »
Non contente d'intégrer, sans prendre cinq minutes pour leur demander leur avis, quelques uns des metteurs en scène les plus intéressants du moment aux services de communication de Tsahal, l'intransigeante distributrice pourrait d'ailleurs, emportée dans son élan, interdire l'accès de ses salles aux spectateurs munis d'un passeport israélien: «Il faut arrêter d'imaginer que les peuples sont impuissants face aux politiques. Les Israéliens votent, ce sont eux qui ont élu un gouvernement d'extrême-droite. Ils sont donc partie prenante de ce qui se passe. Les individus peuvent réagir, c'est d'ailleurs ce que nous faisons en déprogrammant le film. Si tout le monde tire le signal d'alarme, ça peut avoir une incidence. Les peuples ne sont pas impuissants face aux gouvernements ».
Bah, pourquoi pas... L'idée n'est pas si mauvaise et peut-être l'heure est-elle venue d'interdire la publication d'auteurs israéliens, la préparation de plats israéliens, la diffusion de disques israéliens, l'exposition de peintres israéliens, bref, la circulation de tout ce qui peut, de près ou de loin, être relié au régime politique le plus cruel de la planète...
Car Israël est bien, n'est ce pas, le régime le plus cruel de la planète. Enfin, il faut bien qu'il le soit si l'on en est désormais à interdire à ses artistes de s'exprimer au pays de la liberté de conscience. Enfin, en tout cas plus cruel que celui des Américains (ils ont juste envahi l'Irak illégalement, pas de quoi fouetter un chat), des Iraniens (ils n'ont que légèrement massacré et emprisonné les manifestants qui protestaient contre une élection truquée), des Cubains, des Algériens, des Chinois... (insérez ici le régime crapuleux qui vous sied le mieux au teint compte tenu de vos détestations de prédilection).
Toute cinéphile qu'elle soit (vraisemblablement), Anne-Marie Faucon semble avoir oublié de jeter un coup d'œil aux films qu'elle souhaite désormais déprogrammer. Elle aurait pu constater à quel point le cinéma israélien, avec ses Amos Gitai, ses Uri Barbash, ses Ari Folman, ses Avi Mograbi, ses Assi Dayan est cent fois, mille fois plus critique de son contexte politique que ne l'a jamais été le cinéma français.
Si punir les artistes israéliens, avant de punir les simples citoyens israéliens, pour l'absence de vision, de compassion et d'intelligence de leur gouvernants est désormais un moyen de pression légitime («Gare à toi, Netanyahou, l'Utopia de Toulouse ne programmera plus «Valse avec Bachir»! Tu vas voir ce que tu vas voir!»), on se demande s'il ne sera pas bientôt imaginable d'interdire l'accès des cinémas aux juifs tout court - dont l'attachement à Israël est vraisemblablement aussi criminel que le fusil-mitrailleur des commandos arraisonneurs.
Hum, j'arrête-là: on va m'accuser de faire de l'amalgame...
Hugues Serraf