L'inédit de Rimbaud
Par circeto
Résumé du texte qui suit, à l'attention des gens pressés (il en est): dans ce commentaire, tout de concision, d'érudition et de charme contenus, l'on verra, littéralement et dans tous les sens, Garibaldi carbonariser les naseaux du prussien chancelier B., ivre de victoires.
Pour bien me faire comprendre, je dois tout d'abord signaler qu'au cours de ce dernier mois, une grande partie du texte «manquant» du «Rêve de Bismarck» a pu être déchiffrée, grâce notamment aux derniers progrès réalisés dans le domaine de la reconnaissance numérique, technique de pointe alliant informatique, pattemouille et fer à repasser position ***.
Ainsi est apparue cette dernière phrase du texte, si lourde de sens, véritable acmé du récit d'Arthur Rimbaud: «Vous porterez éternellement un nez carbonisé entre vos yeux stupides!...»
Cette phrase pousse de cent coudées toute notre quiète compréhension de l'univers rimbaldien, ce «nez carbonisé» précise notre compréhension du Rimbaud de fin 1870 et de son attitude face à la guerre du même nom.
CARBONISÉ: l'allusion est patente! La référence aux carbonaristes italiens évidente, et bien entendu au plus célèbre d'entre eux: Giuseppe Garibaldi, le père de l'unité italienne! C'est en effet le plus illustre des carbonari, tout empanaché de gloire républicaine, qui est ici mis en scène, face au chancelier B., simplement empanaché de houblon fermenté. Ce qui n'était, à la découverte du texte, que simple hypothèse - le journal l'Union, le premier d'ailleurs, s'en était fait l'écho («hi povero, va povero»: une allusion à Garibaldi?) - paraît aujourd'hui démontré. Rimbaud nous conte une fable décrivant un Bismarck ivre de combats, repu de victoires, qui s'endort, bercé d'illusions, pour se réveiller soudain, atteint dans sa chair, le nez «carbonisé». La morale de la fable est simple: Bismarck - même vainqueur - (mais qui le savait en novembre 1870 ?) sera de toute façon vaincu. Eternellement, ce valet d'Empire portera face au monde, comme le nez au milieu du visage, cette marque d'infamie, que lui aura infligée l'idéal de la République, représenté pour Rimbaud par Garibaldi.
Clin d'œil de l'histoire, ce même 25 novembre - jour de parution de l'article dans «le Progrès des Ardennes», Garibaldi tentait d'enlever Dijon (dont la moutarde risquait alors fort de monter vers ce même nez prussien, déjà bien agressé)!
Comme il y a eu un avant et un après J.-C., comme il y aura un avant et un après PPDA, on peut désormais affirmer qu'il y a dans notre compréhension exégétique de Rimbaud, un avant et un après «Garibaldi vs Bismarck». Ce nez CARBONISÉ sera dorénavant la madeleine (un peu cuite) de la critique rimbaldienne.
Notre compréhension du Rimbaud de fin 1870 peut en effet maintenant progresser à la vitesse d'un cheval de carbonaro au galop (par vent de dos). Certes, déjà depuis quelques années, la critique avait signalé combien le point de vue de Rimbaud sur la guerre franco-prussienne avait évolué, de juillet à septembre 1870; changement courant chez nombre de républicains engagés. Le Rimbaud de juillet 1870, riant du patrouillotisme des habitants de Charleville laissait ainsi place, dès la chute de Napoléon III, à un adolescent semblant s'engager, en faveur d'initiatives, plus ou moins structurées, de défense style «garde nationale» (à Douai notamment), s'inspirant de la phraséologie de la «Patrie en danger».
Mais ce nouveau texte précise plus que sensiblement la donne: ce n'est bien évidemment pas le gouvernement de Défense nationale, formé par la bourgeoisie républicaine, qui symbolise pour Rimbaud la résistance face aux Prussiens et à leur chancelier, mais un être hors norme, totalement libre d'arrière-pensées, une icône de l'idéal républicain: Garibaldi et sa troupe disparate de francs-tireurs et de partisans de toutes nationalités.
Ce même Garibaldi, dont Hugo (le père putatif et à barbe de Rimbaud, rappelons-le) seul prendra la défense, en mars 1871, face à une assemblée bordelleuse et hostile, composée de Trochus et autres badernes fleurant bon le fumet de tabac froid et de gloire défunte. Garibaldi, que Hugo présentera comme le seul général invaincu de cette guerre, côté français et affidés. L'image de Garibaldi était, chez Rimbaud comme chez les républicains les plus «avancés», celle de la République même, intacte dans sa pureté d'icône, fraîche et immaculée comme une boule à neige. Loin des Favre, Gambetta, Thiers et autres politicards.
Ce texte apparaît bien comme le chaînon qui nous manquait entre les poèmes de juillet 70 et ceux de 71, entre le Rimbaud décrivant la guerre au service d'un roi/d'un empereur comme «le Mal» absolu (poème du même nom) et les poèmes violemment engagés tournant autour de la Commune («Chant parisien», «Les mains de Jeanne Marie», et plus tard «Qu'est-ce pour nous mon cœur?») . Ce n'est évidemment pas un hasard si c'est à Garibaldi que les fédérés de mars 1871 songèrent quand ils quêtèrent un soutien armé contre Thiers et les Versaillais? Celui-ci, naturellement, déclina l'«offre»; on connaît la suite!
Paris, Garibaldi: telle est donc, en ce début d'automne 1870, la martingale gagnante qui d'après «Jean Baudry» mettra à bas la Prusse, son chancelier et les idées d'«Ancien Régime».
Paris et la «vraie» République (celle des origines, d'un mythique 93)- contre les républicains «bourgeois», ce serait presque la Sociale dont au même moment d'autres aussi commençaient à rêver - en rouge (ce qui les fit saigner du nez!). Vallès et Rimbaud, en cette fin 1870-début 1871, mêmes combats? Moui, pourquoi pas... nous dirions plutôt: même élan! Et puis l'un portait la barbe, l'autre ne la portait pas!
PS. A l'attention de la critique qui a opinion sur rue et fenêtre sur cour: ce scoop est bien entendu couvert jusqu'aux haut des oreilles par le copyright! (pour les droits d'auteur contacter le site «mag4» et demander ma grande sœur Catherine - tarifs préférentiels pour familles nombreuses et enchifrenées!)
Ainsi est apparue cette dernière phrase du texte, si lourde de sens, véritable acmé du récit d'Arthur Rimbaud: «Vous porterez éternellement un nez carbonisé entre vos yeux stupides!...»
Cette phrase pousse de cent coudées toute notre quiète compréhension de l'univers rimbaldien, ce «nez carbonisé» précise notre compréhension du Rimbaud de fin 1870 et de son attitude face à la guerre du même nom.
Clin d'œil de l'histoire, ce même 25 novembre - jour de parution de l'article dans «le Progrès des Ardennes», Garibaldi tentait d'enlever Dijon (dont la moutarde risquait alors fort de monter vers ce même nez prussien, déjà bien agressé)!
Comme il y a eu un avant et un après J.-C., comme il y aura un avant et un après PPDA, on peut désormais affirmer qu'il y a dans notre compréhension exégétique de Rimbaud, un avant et un après «Garibaldi vs Bismarck». Ce nez CARBONISÉ sera dorénavant la madeleine (un peu cuite) de la critique rimbaldienne.
Notre compréhension du Rimbaud de fin 1870 peut en effet maintenant progresser à la vitesse d'un cheval de carbonaro au galop (par vent de dos). Certes, déjà depuis quelques années, la critique avait signalé combien le point de vue de Rimbaud sur la guerre franco-prussienne avait évolué, de juillet à septembre 1870; changement courant chez nombre de républicains engagés. Le Rimbaud de juillet 1870, riant du patrouillotisme des habitants de Charleville laissait ainsi place, dès la chute de Napoléon III, à un adolescent semblant s'engager, en faveur d'initiatives, plus ou moins structurées, de défense style «garde nationale» (à Douai notamment), s'inspirant de la phraséologie de la «Patrie en danger».
Mais ce nouveau texte précise plus que sensiblement la donne: ce n'est bien évidemment pas le gouvernement de Défense nationale, formé par la bourgeoisie républicaine, qui symbolise pour Rimbaud la résistance face aux Prussiens et à leur chancelier, mais un être hors norme, totalement libre d'arrière-pensées, une icône de l'idéal républicain: Garibaldi et sa troupe disparate de francs-tireurs et de partisans de toutes nationalités.
Ce même Garibaldi, dont Hugo (le père putatif et à barbe de Rimbaud, rappelons-le) seul prendra la défense, en mars 1871, face à une assemblée bordelleuse et hostile, composée de Trochus et autres badernes fleurant bon le fumet de tabac froid et de gloire défunte. Garibaldi, que Hugo présentera comme le seul général invaincu de cette guerre, côté français et affidés. L'image de Garibaldi était, chez Rimbaud comme chez les républicains les plus «avancés», celle de la République même, intacte dans sa pureté d'icône, fraîche et immaculée comme une boule à neige. Loin des Favre, Gambetta, Thiers et autres politicards.
Ce texte apparaît bien comme le chaînon qui nous manquait entre les poèmes de juillet 70 et ceux de 71, entre le Rimbaud décrivant la guerre au service d'un roi/d'un empereur comme «le Mal» absolu (poème du même nom) et les poèmes violemment engagés tournant autour de la Commune («Chant parisien», «Les mains de Jeanne Marie», et plus tard «Qu'est-ce pour nous mon cœur?») . Ce n'est évidemment pas un hasard si c'est à Garibaldi que les fédérés de mars 1871 songèrent quand ils quêtèrent un soutien armé contre Thiers et les Versaillais? Celui-ci, naturellement, déclina l'«offre»; on connaît la suite!
Paris, Garibaldi: telle est donc, en ce début d'automne 1870, la martingale gagnante qui d'après «Jean Baudry» mettra à bas la Prusse, son chancelier et les idées d'«Ancien Régime».
Paris et la «vraie» République (celle des origines, d'un mythique 93)- contre les républicains «bourgeois», ce serait presque la Sociale dont au même moment d'autres aussi commençaient à rêver - en rouge (ce qui les fit saigner du nez!). Vallès et Rimbaud, en cette fin 1870-début 1871, mêmes combats? Moui, pourquoi pas... nous dirions plutôt: même élan! Et puis l'un portait la barbe, l'autre ne la portait pas!
PS. A l'attention de la critique qui a opinion sur rue et fenêtre sur cour: ce scoop est bien entendu couvert jusqu'aux haut des oreilles par le copyright! (pour les droits d'auteur contacter le site «mag4» et demander ma grande sœur Catherine - tarifs préférentiels pour familles nombreuses et enchifrenées!)