http://nice-garibaldi.org/news-fr.html
Les éditions Payot-Rivages viennent de publier la traduction de l’excellente biographie d’Alfonso Scirocco, parue à Rome chez Laterza en 2001 sous le titre Garibaldi - Battaglie, amori, ideali di un cittadino del mondo. Dans sa traduction française, cet ouvrage porte malencontreusement le même titre qu’un livre publié en 1948 par Humbert Ricolfi, député et homme politique niçois né à Contes (Comté de Nice). Sans renouveler un sujet maintes fois évoqué (plus de 20 000 ouvrages consacrés à Garibaldi sont recensés), Alfonso Scirocco se pose en biographe objectif, préoccupé par la vérité historique plus que par la légende. L’exercice est difficile, voire périlleux -surtout en Italie- et Alfonso Scirocco s’en tire à merveille. Son Garibaldi se lit comme un roman et les meilleurs spécialistes du sujet pourront encore y découvrir des épisodes peu ou pas connus de la vie du "Héros des Deux Mondes". Pour Scirocco, Garibaldi a été un serviteur de la Liberté, un citoyen du monde mais surtout un "idéaliste sans idéologie". Homme vraiment exceptionnel, dont le courage, l’obstination, l’audace et la chance fascinèrent romanciers et poètes, d’Alexandre Dumas à Giosué Carducci, Garibaldi est porteur d’un rêve qui fascine encore tous ceux qui croient en la force motrice de l’idéal. Un héros universel qui, dès 1850, fut élu "homme de renommée mondiale" par The New York Daily Tribune, dépeint, en 1854 comme un "héros classique, un personnage de l’Eneïde" par Alexandre Herzen (qui, par coïncidence, est inhumé au Cimetière du Château, à Nice, à quelques mètres de la tombe de la mère de Giuseppe) , pendant que Victor Hugo voit en lui "l’homme de la liberté, l’homme de l’humanité". Garibaldi est un citoyen du monde, qui combattit de façon désinteressée pour l’indépendance du Rio Grande do Sul et de l’Uruguay, qui se battit en Italie pour l’Unité nationale et finit sa carrière de soldat en défendant la France en 1870 contre les Prussiens.
Il épousa les grands idéaux de tous les peuples, participa au Congrès de la Paix à Genève en 1867 et envoya des messages de solidarité à tous les pays qui combattaient pour leur liberté. Partout il a engendré enthousiasme et reconnaissance : en Angleterre, en France, en Allemagne, aux États-Unis, en Hongrie... son oeuvre est considérée avec respect et son charme continue à ensorceler.
Son mythe est comparable à celui de Che Guevara qui, à l’instar de Garibaldi, est honoré non comme un patriote qui s’est battu pour son peuple, mais comme un symbole de liberté universel. Bien qu’ayant vécu à des époques différentes, ils furent animés tous les deux de profonds idéaux. Autant Garibaldi que Guevara eurent un idéal rassembleur.
Tout en vivant à une époque où fleurirent beaucoup d’idéologies politiques, le Niçois ne s’identifia jamais à aucune d’elles. Les mazziniens auraient voulu le faire adhérer à leurs doctrines, les socialistes le glorifièrent tout en se rendant compte combien il était étranger aux théories de Proudhon, de Bakounine ou de Marx. Son indépendance était liée à son total désintéressement, ne sollicitant jamais de poste, de rétribution ou de récompense. Il vécut toujours modestement même lorsqu’il était au sommet de la gloire. Garibaldi, dans ses batailles, fut un fin et intelligent stratège bien qu’il n’ait pas étudié les classiques de l’art de la guerre. Il apprit sur le tas sa tactique en réussissant à guider des milliers d’hommes. Fut-il un aventurier ou un héros romantique ? Certainement un héros romantique, parce qu’il n’ambitionnait ni la gloire ni la richesse comme tout aventurier ; pour cette raison, il fut aimé par nombre de femmes et d’hommes. Parce qu’il combattait pour un idéal "sans intérêts personnels".
Ce personnage de roman méritait bien une biographie à la hauteur de son mythe, ce dont s’est chargé Alfonso Scirocco avec maestria, dans un style qui, répétons le, n’a rien à envier aux meilleurs romans d’aventure.
Alfonso Scirocco, sans doute le plus éminent spécialiste de l’histoire du Risorgimento en Italie, enseigne cette matière depuis 1966 à la faculté des Lettres et de Philosophie de l’université Federico II de Naples. Il appartient à l’Institut pour l’Histoire du Risorgimento Italien, à la Commission nationale pour la publication des correspondances de Cavour et aux Commissions pour les éditions nationales des œuvres de Mazzini et de Garibaldi.
Dans ses nombreux ouvrages - citons parmi les plus récents L’Italia del Risorgimento : 1800-1860 (Bologne, 1991) ; In difesa del Risorgimento (Bologne, 1998) - se dégage en particulier un vif intérêt pour l’histoire des démocrates italiens au XIXe siècle.
Son Garibaldi, paru en 2001 et réédité en 2004, a rencontré l’estime tant du public que des universitaires ou de la presse. Il sera traduit en anglais en janvier 2006 auprès de la prestigieuse Princeton University Press.
Alfonso Scirocco : Garibaldi, citoyen du monde. Paris, Biographie Payot, 2005. 552 pages, illustrations hors textes. 27,50 euro.
Les éditions Payot-Rivages viennent de publier la traduction de l’excellente biographie d’Alfonso Scirocco, parue à Rome chez Laterza en 2001 sous le titre Garibaldi - Battaglie, amori, ideali di un cittadino del mondo. Dans sa traduction française, cet ouvrage porte malencontreusement le même titre qu’un livre publié en 1948 par Humbert Ricolfi, député et homme politique niçois né à Contes (Comté de Nice). Sans renouveler un sujet maintes fois évoqué (plus de 20 000 ouvrages consacrés à Garibaldi sont recensés), Alfonso Scirocco se pose en biographe objectif, préoccupé par la vérité historique plus que par la légende. L’exercice est difficile, voire périlleux -surtout en Italie- et Alfonso Scirocco s’en tire à merveille. Son Garibaldi se lit comme un roman et les meilleurs spécialistes du sujet pourront encore y découvrir des épisodes peu ou pas connus de la vie du "Héros des Deux Mondes". Pour Scirocco, Garibaldi a été un serviteur de la Liberté, un citoyen du monde mais surtout un "idéaliste sans idéologie". Homme vraiment exceptionnel, dont le courage, l’obstination, l’audace et la chance fascinèrent romanciers et poètes, d’Alexandre Dumas à Giosué Carducci, Garibaldi est porteur d’un rêve qui fascine encore tous ceux qui croient en la force motrice de l’idéal. Un héros universel qui, dès 1850, fut élu "homme de renommée mondiale" par The New York Daily Tribune, dépeint, en 1854 comme un "héros classique, un personnage de l’Eneïde" par Alexandre Herzen (qui, par coïncidence, est inhumé au Cimetière du Château, à Nice, à quelques mètres de la tombe de la mère de Giuseppe) , pendant que Victor Hugo voit en lui "l’homme de la liberté, l’homme de l’humanité". Garibaldi est un citoyen du monde, qui combattit de façon désinteressée pour l’indépendance du Rio Grande do Sul et de l’Uruguay, qui se battit en Italie pour l’Unité nationale et finit sa carrière de soldat en défendant la France en 1870 contre les Prussiens.
Il épousa les grands idéaux de tous les peuples, participa au Congrès de la Paix à Genève en 1867 et envoya des messages de solidarité à tous les pays qui combattaient pour leur liberté. Partout il a engendré enthousiasme et reconnaissance : en Angleterre, en France, en Allemagne, aux États-Unis, en Hongrie... son oeuvre est considérée avec respect et son charme continue à ensorceler.
Son mythe est comparable à celui de Che Guevara qui, à l’instar de Garibaldi, est honoré non comme un patriote qui s’est battu pour son peuple, mais comme un symbole de liberté universel. Bien qu’ayant vécu à des époques différentes, ils furent animés tous les deux de profonds idéaux. Autant Garibaldi que Guevara eurent un idéal rassembleur.
Tout en vivant à une époque où fleurirent beaucoup d’idéologies politiques, le Niçois ne s’identifia jamais à aucune d’elles. Les mazziniens auraient voulu le faire adhérer à leurs doctrines, les socialistes le glorifièrent tout en se rendant compte combien il était étranger aux théories de Proudhon, de Bakounine ou de Marx. Son indépendance était liée à son total désintéressement, ne sollicitant jamais de poste, de rétribution ou de récompense. Il vécut toujours modestement même lorsqu’il était au sommet de la gloire. Garibaldi, dans ses batailles, fut un fin et intelligent stratège bien qu’il n’ait pas étudié les classiques de l’art de la guerre. Il apprit sur le tas sa tactique en réussissant à guider des milliers d’hommes. Fut-il un aventurier ou un héros romantique ? Certainement un héros romantique, parce qu’il n’ambitionnait ni la gloire ni la richesse comme tout aventurier ; pour cette raison, il fut aimé par nombre de femmes et d’hommes. Parce qu’il combattait pour un idéal "sans intérêts personnels".
Ce personnage de roman méritait bien une biographie à la hauteur de son mythe, ce dont s’est chargé Alfonso Scirocco avec maestria, dans un style qui, répétons le, n’a rien à envier aux meilleurs romans d’aventure.
Alfonso Scirocco, sans doute le plus éminent spécialiste de l’histoire du Risorgimento en Italie, enseigne cette matière depuis 1966 à la faculté des Lettres et de Philosophie de l’université Federico II de Naples. Il appartient à l’Institut pour l’Histoire du Risorgimento Italien, à la Commission nationale pour la publication des correspondances de Cavour et aux Commissions pour les éditions nationales des œuvres de Mazzini et de Garibaldi.
Dans ses nombreux ouvrages - citons parmi les plus récents L’Italia del Risorgimento : 1800-1860 (Bologne, 1991) ; In difesa del Risorgimento (Bologne, 1998) - se dégage en particulier un vif intérêt pour l’histoire des démocrates italiens au XIXe siècle.
Son Garibaldi, paru en 2001 et réédité en 2004, a rencontré l’estime tant du public que des universitaires ou de la presse. Il sera traduit en anglais en janvier 2006 auprès de la prestigieuse Princeton University Press.
Alfonso Scirocco : Garibaldi, citoyen du monde. Paris, Biographie Payot, 2005. 552 pages, illustrations hors textes. 27,50 euro.