PASCALE *****

Construire un récit et le faire évoluer en fonction des contraintes d’écriture.

Je vous donnerai trois phrases courtes à 10 minutes d’intevalle sachant que vous devrez trouver le moyen de les inclure dans votre récit . Tous les mots doivent y être mais le sens que vos leur donnerez selon le contexte importe peu.

L’homme semblait hagard…

Il l’aurait…

C’était vraiment bizarre…

PS : je rappelle que ce jour-là, Marie nous avait offert un petit goûter chocolaté confectionné d'après une recette de mon enfance hi hi! Beurre chocolaté bien meilleur que le mien (le coup du sucre glace, bravo!)


Jeu du 13 novembre 2006...

Cela faisait un moment que, de l'endroit où je l’observais, je le voyais triturer nerveusement un morceau de papier entre ses mains. L'homme semblait hagard. Le regard flou, vide de toute expression, il pliait et dépliait le bout de parchemin puis l’écrasait de nouveau comme s’il broyait quelque insupportable secret.
Je n’osais plus bouger. Les aiguilles de ma montre semblaient figées dans l'attente. J'étais quasi certaine qu’un drame allait se produire. Mais non. L'homme poursuivait son lent travail de démolition. Toujours le même manège. Plier. Déplier. Broyer. J'imaginais que bientôt, sous la pression, ce secret-là ne serait
plus qu'une infâme boulette de souvenirs désagréables. Il l’aurait ensuite avalé que je n'en aurais pas été plus surprise !
Toutefois je commençais m’impatienter. L'homme n'avait pas l’air bien menaçant mais il me mettait en retard. Jamais je n'arriverai à temps à l'atelier d'écriture...
Impassible, lui semblait cloué au sol, juste capable de broyer sa boulette. C'était vraiment bizarre...
Je me décidais enfin à reprendre mon chemin. Jusqu'à ce moment-là, lui cessa son manège hypnotique. Je le vis, dans un éclair, jeter négligemment le fruit de sa colère par-dessus son épaule, dans le ruisseau que, justement, j'empruntais pour l’éviter. Le papier froissé roula, roula, amassant çà et là au passage quelques débris humains. Eaux de ruissellement mêlée de brindilles. Rien d'autre ? Non. Je dépassais l'homme sans oser le regarder. Il marmonnait : « putain... Plus boire, plus fumer et maintenant plus manger... Ras-le-bol... Ras l’assiette... Marre. Mar... J'en ai marre... » Et scrogneugneu et scrogneugneu….
Une terrible envie de savoir me prit soudain.
Je n'allais quand même pas... Si... Non... Bof... Pourquoi pas...
De plus, je ferai oeuvre utile en ne laissant pas traîner ce détritus.
Je jetai un oeil alentour. Personne... Aussi rapidement que me le permirent mes rhumatismes naissants, je me penchais, m'emparais de la petite boule puis, l’air de rien, la dépliais lentement, lissant de mes deux pouces les rides irréparables du papier.
Il s'agissait d'une ordonnance médicale. Délivrée, semblait-il, le jour même et émanant d'un diététicien reconnu.

Monsieur,

j'ai l'honneur de vous demander de bien vouloir vous présenter à mon cabinet afin de vous faire part de vos résultats d'analyse qui m’inquiète quelque peu. En effet, il semblerait que votre taux de cholestérol remonte de façon anormale.

Pourtant, vous m'aviez assuré vous être débarrassé de cette terrible addiction au beurre-chocolaté dont vous souffriez. Avez-vous de nouveau délaissé votre Prozac au profit de ce que vous appelez : remèdes antistress naturels. Si la nature avait voulu fabriquer de tels miracles, elle aurait permis aux vaches belges de nous offrir du lait déjà sucré et chocolaté. Ce ne sont pas les ingrédients qui vous font tort. Chacun d’eux a un rôle à jouer. Mais les mélanges et les abus. Appelez-moi sans tarder.

Cordialement.

Docteur Van Houten…


Pascale jeu du 13 novembre 2006.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 20/11/2006 à 09:55