PASCALE *****

20/11/2006

Mots à insérer :
Eponge : éponge, écouter, paradis, pompiers, orgie, orange, nuit, norme, gorge, gâteau, élément, étoile.
Jokers : et, rose, air.



En épongeant les gouttelettes de sang que la couronne d’épines avait laissé sur son front, j’écoutais les lamentations secrètes de l’homme. Le paradis artificiel auquel il semblait accroché avait alerté les pompiers qui l’avait retouvé, à demi-nu, errant dans les rues de la ville endormie. Dans une orgie de mots incomprenhensibles, vêtu d’une sorte de pagne orangé pendant lamentablement le long de ses hanches décharnées, l’homme avait effrayé plus d’un noctambule cette nuit-là avant d’être interpellé.
Il n’était pas hors-norme. C’était bien pire ! De sa gorge sortaient des sons gutturaux, inhumains et c’est comme une bête affamée qu’il se jeta sur le gâteau sec que le capitaine lui offrit comme pour l’amadouer.
Aucun élement concret ne permettait de savoir d’où il venait. S’était-il échappé d’un hôpital ? Venait-il d’une autre planète ? Bravait-il les forces de l’ordre ? Et les petites étoiles tatouées sur sa poitrine qui semblaient représenter la voie lactée, étaient-elles l’œuvre d’une âme malade ou un signe du ciel ?
Les pompiers étaient dubitatifs. Et, franchement, à part passer la main à un médecin, ils ne voyaient pas ce qu’ils pouvaient faire de cet étrange personnage. A moitiè Christ illuminé, à moitiè homme des cavernes et pourtant, aucunement agressif ou agité.
Semblant simplement flotter sur un petit nuage rose, dans un autre monde. Comme surgissant d’un songe. Etrange en tous cas…
Il respirait avec difficulté cet air pour nous vital mais qui paraisssait, à lui, inssuportable.
Lorsque l’un des pompiers voulut lui appliquer un masque à oxygène sur le visage, et sans que nul ne s’attendre à un tel geste, l’homme, que tous croyaient affaibli à l’extrème, échappa à ses sauveurs, courut vers le pont tout proche. Et sans que nul n’aie le temps d’intervenir, s’élança dans les airs.
Ce fut un grand branle-bas de combat. Tout le monde courut vers le pont, se pencha, scruta le fleuve qui coulait tranquillement 20 mètres plus bas. Mais rien. Aucune trace de l’homme étrange. Pas de plouf. Pas d’onde à la surface de l’eau. Rien !

- c’est dingue ça, s’écria le plus jeune d’entre eux. Il n’a pas pu s’évaporer quand même ! Alors,on fait quoi ?
- je sais pas. On attend les ordres du capitaine…

Personne ne prit garde à un changement imperceptible, il est vrai, à l’œil humain. Dans le ciel, loin, tout en haut, au moment précis où l’homme s’était évanoui dans la nature, une étoile s’était allumée. Une de plus. Qui en rejoignait mille autres, 100.000 autres, des milliards d’autres. Grains de folie, graines de génie…

- tiens ! Le voilà . là, regarde…

En effet, le long pagne de l’homme s’était pris dans l’un des piliers de fer qui soutenait le pont. Mais dans sa chute, déporté, l’homme avait glissé sur le pont et disparut aux yeux des pompiers ébahis. L’homme se balançait maintenant dangereusement.

- harnais. Mousqueton. On y va…

En quelques minutes, tout fut réglé. L’homme se laissa faire sans broncher. Et à l’hôpital, en le voyant arriver, je me dis que, quand même, les voies de Dieu sont impénétrables certes, mais il y a des jours où l’on se demande…

Heureusement que vous existez, dis-je au jeune pompier encore tout retourné !

Et réconciliée avec les anges, je me remis au travail, épongeant le sang que la couronne d’épines avait …

Pascale pour le 20 novembre 2006.



Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 20/11/2006 à 21:37