Mots à insérer :

Taquin : torrent, tentation, autre, aspirer, quatre, qualité, union, urgence, inique, irriter, nausée, naturel.
Jokers : facile, bien, ciel.



La mare


C’était la mare de la fermette. Pour l’implanter au meilleur endroit, la creuser de leurs bras, aménager son abord, les hommes et femmes de quatre générations avaient uni leur sagesse et leur force. Des saules l’ombrageaient et des touffes de joncs et de roseaux l’agrémentaient.

La mare était la bienvenue pour abreuver le troupeau au retour du pâturage et les attelages. La basse-cour s’ébattait tout autour. Les canards et les oies en faisaient leur base de séjour. C’était le fief et l’opéra nocturne des batraciens. Les tourterelles, les hirondelles, les petits oiseaux et d’autres bêtes du Bon Dieu, fréquentaient le lieu. Les gamins, cédant à la tentation, allaient parfois y patauger. C’est là qu’ils s’apprenaient à l’art du ricochet et qu’ils taquinaient, munis d’une canne à pêche rustique, d’hypothétiques cyprinidés.

La mare n’avait certes pas une abondance ni une qualité d’eau comparables à celles d’un torrent. Mais elle tenait sa place, bravant -vaille que vaille- la pénurie des étés.

Puis, la canalisation d’eau est passée par là, le troupeau et les volailles ont été supprimés. Ouf, la mare pouvait aspirer à un peu de repos, libérée par le progrès. Las, ce trou était tellement accueillant pour déverser les gravats, les fonds de cuves et de bidons, les ordures déchets et résidus, que, bientôt, il ressembla à une chimère de décharge sauvage croisée à une zone humide naturelle aux flaques nauséabondes. Et, au lieu de penser à la réhabilitation urgente de la mare, le passant s’irritait du spectacle.

Le dernier propriétaire de la mare l’a faite combler ensevelissant tout sous la terre. Maintenant, une pelouse bien verte et bien lisse s’étend jusqu’à la maison. Plus rien ne rappelle la mémoire de la mare, ni son sort inique, ni l’inconscience humaine.

Signé : Le petit génie de la mare.

René pour le 13 novembre 2006.





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 19/11/2006 à 01:02