M-FRANCE *****

05/05/2008


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Jokers : Pluie, au, avec




Si aujourd’hui, je devais choisir entre l’amour et l’amitié, ma préférence, irait à l’amitié. A mon âge, on ne court plus après le prince charmant. Comme beaucoup, j’ai cru le rencontrer au temps de ma jeunesse. A la seule pensée de sa venue, naissait au creux de mes mains cette moiteur propre à l’émotion. L’ardeur de ses baisers embrasait mon corps, et allumait dans ma tête une farandole de petites bougies, dansantes et causantes, qui soufflaient à mon esprit des idées que la moralité de l’époque aurait réprouvées. Quelle chance d’avoir été choisie par le plus beau, le plus gentil, le plus merveilleux des hommes ! Quel bonheur d’être aimée de lui ! Bonheur, hélas, qui ne fut qu’éphémère, et qui, comme la rose, vécut l’espace d’un matin. Quelle désillusion ! Comment faire face aux remarques et sourires ironiques de ceux qui avaient envié ma bonne fortune ? Surtout ne pas montrer ma souffrance, 68 étant passé par-là, je devenais une jeune fille libérée. Je retournais à mes études restées en attente, avec l’intention de me préparer une belle situation, en évitant que le sexe opposé ne vienne entraver mes projets. Mais Cupidon veillait et je ne tardais pas à retomber dans les bras d’un bel Apollon. Les choses se déroulèrent comme il se doit, rencontres sages, fiançailles, mariage, mais comme dans beaucoup de couples, au fil du temps, la routine s’installa. Entre les enfants, le travail et la télévision restait peu de place pour la passion.
Les années ont passé, mais sont restées les blessures, invisibles pour l’entourage. Autour de moi de nombreux couples continuent à se détruire, comment éviter ce gâchis ? J’y pense et repense sans cesse… Alors, il me vient des idées…Toute mort a une cause ; ne pourrait-on proposer à l’institut médico légal de créer un département qui aurait pour mission d’autopsier un amour défunt. Des experts se chargeraient de rechercher les indices pourvoyeurs de la rupture, et, forts de leurs conclusions, éditeraient un guide : « A l’attention d’un amour durable ». Folie, me direz-vous, je le conçois, mais qui n’a pas rêvé d’un monde gouverné par l’amour, l’amour qui meut le soleil et les autres étoiles, comme l’écrivait Dante.
Aujourd’hui, l’amitié a pris le pas sur l’amour, et je goûte de toute mon âme la chaude affection qui m’entoure. Avec deux ou trois amis sincères sur qui je compte et, qui comptent sur moi, nous cheminerons de concert et atteindrons paisiblement le dernier palier du temps qui nous était imparti.


Marie France pour le 5 mai 2008.





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 05/05/2008 à 23:01