PASCALE *****

17/03/2008

MOTS A INSERER

BENEVOLE : bonheur, boucle, expérience, éprise, nudité, nombre, écorce, évidemment, vague, valeur, orange, ordinaire, littérature, lueur, emporter, éclair.
JOKERS : ciel, belle, vie.


Bénévoles et donc sincèrement désintéressés, voici quelques instants de
Bonheur qui reviennent en
Boucle, relater leurs joyeuses
Expériences.
Joueurs, frondeurs, navrants, navrés, mais tous
Epris de liberté,
Dénudant parfois jusqu’à nos désirs les plus secrets,
Nombre de mots ne tiennent plus en place. Et soudain trop à l’étroit sous leur
Ecorce, jaillissent de nulle part.
Evidemment, nous n’avons qu’une
Vague idée de leur
Valeur réelle, de leur signification réelle, de la de la place légitime qu’ils occupent à cet instant fugace… Tenez, le mot :
« Orange » par exemple. Quelle idée ! Qu’en faire ? Que faire d’un mot aussi, disons…
« Ordinaire ». Dans la
Littérature, les couleurs franches se parent souvent de pâles ou plus sombres
Lueurs secrètes, sensées
Emporter le lecteur en un
Eclair dans un autre monde.
Imaginaire, meilleur ou pire mais toujours ailleurs qu’ici-bas.

Et c’est ainsi que l’on se retrouve la tête dans les nuages ou le cœur accroché à la lune, sourires aux pointes et délesté de tous les soucis terrestres ! Ahhh, quel paradis sur terre…

Merci les cieux pour la
Belle
Vie, éphémère mais douce que vous offrez aux mots qui nous sont gracieusement imposés…

Pascale pour le 17 mars 2008.






Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 17/03/2008 à 17:37

M-FRANCE *****

16/03/2008

Ecrire dans les pas de l’autre…
Ecriture à plusieurs mains, temps limité

1/ Lorsque j’étais enfant…
2/ J’étais une grand-mère comblée :

Démarrer puis au signal, passer le texte à la voisine qui continuera…


Lorsque j’étais enfant, je n’aimais pas les épinards. Mon père qui adorait jardiner, se faisait un plaisir d’ensemencer son terrain de ce légume qu’il appelait de son vrai nom, tétragone. Maman avait beau varier la façon de les cuisiner, chaque repas où figurait cette maudite verdure, tournait au drame. Je ne compte pas le nombre de fois où j’ai été privée de dessert pour avoir refusé d’ingurgiter cette maudite nourriture. Mon amour pour les épinards n’a pas grandi avec moi ; au lycée, chaque lendemain de tonte de la pelouse, voyait un plat d’épinards au menu. Etait-ce une coïncidence ? Je ne pouvais pas davantage les avaler que lorsque j’étais enfant et bien souvent je me suis retrouvée de corvée de plonge pour avoir renvoyé mon assiette pleine. Je me souviens, qu’un jour, mon père m’a demandé de l’aider à nettoyer un semis, soit disant de reines-marguerites, je me suis pliée à son désir bien que le jardinage et moi ne soyons pas amis, horreur, c’étaient des épinards !

Je lui en ai voulu bien longtemps, je n’ai pas compris sa plaisanterie, comme il disait…Mais depuis, j’ai appris à les cuisiner, petit à petit, en ajoutant de la crème, beaucoup de crème, si bien que je ne sentais plus ce goût que je détestais. Avec de la sauce béchamel aussi, les épinards étaient mangeables. En y réfléchissant, je devais associer mon père aux épinards, c’est de lui que j’étais allergique. Sa sévérité m’exaspérait, et lorsque je fus adulte, il convint lui-même de sa dureté. L’autorité d’un père, oui, mais l’injustice, non.

Que dire des relations d’un père et de sa fille unique. Adolescente, je voulais choisir ma coiffure, raccourcir mes robes ou oser un pantalon, partir au cinéma ou à la piscine avec les copains de mon âge. Malgré une certaine complicité de ma mère que de difficultés !
Il avait décidé que je ne me ferais pas couper les cheveux, que les pantalons donnaient mauvais genre et exigeait que mes copains, filles et garçons, viennent me chercher à la maison afin de vérifier avec qui sa fille sortait. Quel soulagement quand nous tournions enfin au coin de la rue et que nous pouvions reprendre nos discussions et nos fous-rire. Chacun avait compris qu’il fallait en passer par cette règle et tous m’aimaient assez pour ne rien dire de ces pratiques.


Et puis un jour, j’en ai eu assez, toutes ces règles, ces contraintes, ces cachotteries pour voir les copains, je ne pouvais plus le supporter. Alors en cachette j’ai préparé un sac, vidé le porte-monnaie familial et je suis partie. J’ai quand même laissé un mot sur la table pour les avertir de ne pas me rechercher, que je me débrouillerai toute seule.
Oui, mais pour aller où ? Et pour quoi faire ? Au début c’est grisant cette nouvelle liberté, mais l’argent file vite, et après …Comme il n’était pas question que je fasse la « manche » j’ai trouvé des petits boulots, et de petits boulots en petits boulots j’ai su ce que voulait dire « galère » mais j’étais trop fière pour revenir en arrière. Je me suis donc accrochée et j’ai fini par trouver un travail qui me plaisait, une chambre chez l’habitant où je me sentais comme à la maison, la patronne me considérait comme sa fille, je goûtais enfin un certain bonheur.
Je pouvais rassurer mes parents, j’étais devenue adulte et je savais me débrouiller seule.
Quand je pense que tout a commencé avec une histoire d’épinards et la sévérité d’un père…



Marie France : normal
Lily : italique
Françoise : stabylo jaune

Christiiane qui arrange tout hi hi : bleu





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 16/03/2008 à 00:07

LILY *

Ecrire dans les pas de l’autre…
Ecriture à plusieurs mains, temps limité

1/Lorsque j’étais enfant…
2/J’étais une grand-mère comblée :

Démarrer puis au signal, passer le texte à la voisine qui continuera…





Lorsque j’étais enfant, j’étais une petite fille « pot de colle » parce que je pense trop gâtée. L’amour de mes parents était immense, leur salaire très moyen, mais je n’avais besoin que de leur tendresse, de leur façon de m’apprendre la vie en douceur, la joie de faire la fête à chaque occasion : communion, anniversaire, cousinades, mariages ou tout simplement les réunions de tous les voisins avec Louis et son piano. Il nous faisait chanter, danser.
A l’école j’étais sérieuse, j’avais envie d’apprendre. Ma plus grande joie : gagner les bons points qui permettraient d’obtenir une image dès qu’on en avait dix. Tous les soirs, maman me faisait réciter les leçons, les tables de multiplication dans l’ordre, en ordre inverse, en désordre. Grand-mère m’assurait qu’on ne les oublie plus jamais ensuite ; je pouvais en effet la questionner même en mélangeant la table de 5 si facile, celles de 8 et 9 plus compliquées et celle de 7 si difficile ; elle savait la réponse sans une hésitation. Pour elle je n’étais jamais « pot de colle ». C’était pourtant le surnom que mes frères m’avaient donné parce que je ne supportais pas de rester seule. Maman et grand- mère m’envoyaient jouer après s’être longuement occupé de moi et je cherchais à attirer dans mes jeux au moins un de mes deux frères ou à jouer avec eux. J’étais devenue experte en passe de football, supportais que le ballon me coupe le souffle s’ils me décrétaient goal et je savais monter aux arbres aussi vite qu’eux.
Pourtant c’est Louis qui avait le plus de patience avec moi.
De pot de colle, j’étais devenue espiègle et on me traitait de garçon manqué ; avec mes frères et leurs jeux c’était presque normal et puis ils m’avaient tellement « charriée » d’être la chouchou de la famille ! Je finissais par faire de la peine à maman qui ne reconnaissait plus sa petite fille si sage. A l ‘école j’étais moins attentive, je récoltais quelques mauvaises notes, ce qu’elle n’appréciait pas du tout. Alors elle grondait mes frères comme si c’était de leur faute. Louis se défendait comme il me défendait quand on me disputait. Il essayait de me raisonner.
Louis…Je repense souvent à lui. Lorsque j’écoute du piano, mes yeux s’embuent parfois de tendresse. De celle dont son cœur débordait pour moi. Il m’aimait gratuitement. Je le savais et lui en étais reconnaissante. Bizarrement, parce que je savais qu’il m’aimait, lui, je ne le « collais » pas. Ce n’était pas nécessaire puisque j’avais déjà son attention…
Il m’en aura fallu du temps pour comprendre que plus je mendierais l’affection d’un être et moins il m’en offrirait, car l’âme humaine est ainsi faite bien souvent. Parce que je manquais de confiance en moi, parce que je ne me croyais pas « AIMABLE », j’ai cru que j’étais ENCOMBRANTE, POT DE COLLE. Mais c’était faux. Je suis sensible, pleine de générosité, amoureuse de la nature et j’ai le cœur si grand qu’en vous y lovant, vous vous y noieriez.




Lily : normal

Françoise : en italique

Christiane L : stabylo jaune

Pascale : bleu






Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 14/03/2008 à 23:56

PASCALE *****


Jeu du jour : insérer L’enfant avait les yeux si clairs, c’était bizarre, éclats de rire…(au signal)




L'enfant avait les yeux si clairs que de loin, on pouvait imaginer qu'il n’avait ni iris ni pupille. Mais ce qui m’impressionnait le plus, c'était surtout le vide de ses yeux bleus pâles. Pourtant il suivait nos mouvements, déplaçant sa tête et souriant parfois aux anges que nous lui semblions sans doute.
En fait, nous étions des monstres d’innocence et de méchanceté réunie. Lorsque nous en avions la garde, le gamin de 3, 4 ans bien sanglé dans sa poussette, nous nous moquions de lui sans aucun scrupule. Nous avions remarqué qu'il suffisait de s’adresser à lui d’un ton doux et guilleret pour déclencher de merveilleux sourires. Son père venait plusieurs fois par jour « prendre un verre » chez mes parents. Le bar du mobil-home était toujours copieusement garni et mes parents recevaient à bras ouverts pendant toute la durée des vacances scolaires. Et nous, nous jouions à qui aurait le plus beau sourire en déclamant les pires méchancetés.

-- hou, qu'il est vilain ! Il est vilain ! Hou qu’il est vilain…
Et le bambin souriait le regard bleu un peu moins vaseux nous semblait-il peut-être.
-- Hou il est moche. Fait un sourire. Oui. T’es moche. Et le plus moche du monde.
Et il souriait encore plus, nous offrant parfois des éclats de rire irrésistiblement contagieux qui alertaient les adultes. Nous étions pliés.
-- ça va les enfants ?
-- oui oui. Tout va bien. On joue.
Devenu adulte, j'ai souvent regretté cette attitude irresponsable. La force néfaste du groupe d'enfants que nous étions contre cet être innocent. Mais je sais que c'est mon regard adulte qui me condamne. Car si coupable il y avait, ce sont ces adultes qui confiaient l'enfant handicapé à de si jeunes nounous.
Du reste, l'enfant lui-même passait plutôt un bon moment en notre compagnie. Il riait aux éclats, encore et encore. Nous faisions le singe pour l’amuser. Et dans notre famille, dans ce domaine, nous étions doués. Manifestement il s'amusait autant que nous. Je sais depuis que son père le traînait comme on traîne un poids mort. Les « grands » disaient que, « si, je vous jure, il mette du calva dans le biberon des enfants »…
En Belgique, ne dit-on pas qu’on y met des frites ?
Donc, ce n'était pas étonnant...
Je n’analyse pas le passé bien souvent. Quel intérêt puisqu'il a le grand avantage d'être passé. Mais les mots m’y porte à « l'insu de mon plein gré ». Je songe alors qu’à force d'exiger de soi l'excellence en tout, on en arrive parfois à s'appauvrir la vie tout court. Puisqu'en effet, s'il me fallait culpabiliser adulte de mes faute d'enfants, alors ma vie serait trop courte pour tout contenir.
En ce qui concerne cet épisode-là de notre petite enfance même si c'était vraiment bizarre comme comportement, je ne veux garder en souvenir que les yeux si clairs de l'enfant et ses éclats de rire.

Pascale jeudi 18 février 2008






Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 11/03/2008 à 19:41

CHRISTIANE L. *

N'oubliez pas d'aller jeter un oeil sur les textes, aux onglets suivants :
Françoise
Lily
Marie France
Pascale

Débuter un texte puis au signal (10 minutes environ) passer le texte à son voisin qui poursuivra

1/ Lorsque j'étais enfant
2/ J'étais une grand-mère comblée...

Allez hop, on y croit.


Lorsque j’étais enfant, je n’aimais pas aller à l’école, il fallait apprendre des leçons que je ne retenais pas, faire des devoirs à la maison ; souvent je ne comprenais pas le texte et personne ne pouvait m’aider, je n’osais me présenter en classe le lendemain, j’avais peur d’être grondée et punie, alors j’inventais une histoire, je disais que j’avais eu trop mal à la tête et que je m’étais couchée en arrivant à la maison, je n’avais pu travailler. Cet argument, je pouvais le présenter trop souvent, il me fallait faire preuve d’imagination pour excuser mes devoirs non faits ; j’avais du mal quand même à tricher, j’aurais pu copier sur mon copain qui était très fort et qui voulait m’aider.

Mais la dernière fois que je lui demandé de l’aide, je fus très étonnée : imaginez : il me proposa tout simplement de me le permettre mais à condition de payer. Cela me paraissait inconcevable ; d’abord, je ne savais pas où trouver l’argent nécessaire ! Mais non disait-il, tu peux me payer en jouets… En jouets ! Mais ma mère verrait vite qu’il en manque avec cette fâcheuse habitude qu’elle a de tout ranger… Mon copain me’ montra le cahier de comptes qu’il tenait scrupuleusement à jour :
Tony, le 12 mars, calcul : 1 mini-tracteur, Ludovic, le 6 février, calcul : 2 bountiès. Et il remontait ainsi jusqu’à la Saint Glinglin ; Non merci, mais vraiment, je ne peux pas tricher ; même gratuitement, je ne copierai pas sur toi.
J’avais donc toujours aussi peur. Et pas de nouvelle excuse crédible.


Un jour j’eus une idée que je pensais géniale : et si j’étais malade en classe, on me renverrait à la maison, tout le monde aurait peur et peut-être que je ne retournerais plus à l’école. Sitôt pensé, sitôt fait. A la première question posée par la maîtresse, je m’effondrais, feignant le malaise ; je ne m’étais pas suffisamment entraînée et ce fut la catastrophe : la supercherie ne dupa personne et la classe éclata de rire. Honteuse, je me relevai et, n’osant pas avouer le pourquoi de cette comédie, je repartis à la maison avec une punition que mes parents s’empressèrent de doubler. J’étais trop malheureuse, ma vie ne pouvait plus continuer comme ça. Il me fallait trouver une solution pour me sortir de cette situation si inconfortable.

Situation inconfortable oui, ça je le jure, mais alors que faire ? Disparaître peut-être, partir près de mes grands parents, eux me comprendraient j’en suis sûre ! Donc, toute tremblante, je prends quelques vêtements, vite enfouis dans un petit sac, il fait nuit, j’attends qu’il n’y ait plus un bruit dans la maison et, chaussures à la main, je descends tout doucement l’escalier qui me mène vers la liberté : la porte. Mon cœur bat fort, très fort, mais ma joie me donne des ailes ! Hélas la lumière m’éblouit, telle une statue Papa est derrière moi ! Vous imaginez ma stupeur, encore une fois, la honte que je ressentais, et tout ce qui s’ensuivit : explications, punitions promises, mais mes pleurs, mes réponses aux interrogations de Papa l’ont radouci, il a compris ce désarroi de petite fille et, avec Maman, ils m’ont aidé à comprendre « pourquoi il faut aller à l’école ».


Stabylo rose = Lily
Stabylo bleu = Marie France
Stabylo jaune = Pascale
Normal = Christiane qui débuta le texte.

Jeu du 10 mars 2008.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 11/03/2008 à 18:16

FRANCOISE C.*

Insertion de quelques mots à intervalles réguliers soit
1/ l'enfant avait les yeux si clairs
2/
3/ c'était bizarre




L’enfant aux yeux clairs


Cinquième étage, deux fenêtres ; l’une donne sur le Sacré Cœur, de l’autre on aperçoit la tour Eiffel. Si on choisit bien sa place, ces deux emblèmes de Paris, là, sous vos yeux.
Cet après-midi, le paysage importe peu. La mère vient de rentrer et s’immobilise devant le porte vêtements mi-incrédule, mi-décontenancée :
-« Je perds les eaux ! »
La petite fille la regarde, complètement interloquée. L’enfant avait les yeux si clairs que tout ce qu’elle éprouvait semblait se refléter dans ses prunelles : un iris d’un bleu si pâle qu’il semblait plus un miroir tendu aux autres qu’un reflet de ses propres sentiments.
Comment avait-elle compris la moindre bribe de cette scène ? Elle savait que son petit frère allait naître ; le berceau tendu de plumetis bleu était préparé derrière le paravent de la chambre de ses parents. Sa grand-mère avait déjà amené ses vêtements de nuit et sa mère préparé les deux valises : la petite noire à roulettes avec le nécessaire pour quelques jours et les trois livres offerts pour l’occasion, la moyenne avec les affaires de bébé : bodies à manches longues, pyjamas de couleurs variées, le burnous bleu marine qui a été le sien quand elle était petite, deux paquets de couches, une petite trousse de toilette dans laquelle elle a rangé la brosse à cheveux de la famille aux poils si doux qu’elle se demande toujours comment elle a pu servir aux cheveux si drus de Yaya puis à la chevelure frisée serrée de sa mère.
Un bébé, ça, elle y était préparée, parfois ravie et impatiente, d’autres fois déjà jalouse de la place qu’il occupait avant même de naître.
Mais de l’eau…des eaux disait maman. On aurait dit qu’elle faisait pipi, habillée, immobilisée au milieu de l’entrée. Ce n’était pas la honte qui lui donnait cet air décontenancé mais un genre de stupéfaction qui ajoutait au désarroi de l’enfant.
Des éclats de rire, une cavalcade bruyante dans l’escalier des étages, tout un monde quotidien qui rappelait qu’elle ne rêvait pas, que maman ne savait que faire, qu’elle ne la voyait pas vraiment à elle, sa petite fille.
Des eaux pour un si petit bébé. Souvent ces dernières semaines, sa mère lui avait fait sentir le bébé à venir bouger dans son ventre ; elle avait pu caresser doucement sa tête sous la peau tendue et rire des coups de pieds annoncés. Etait-il noyé par une telle quantité de liquide ? ce n’était ni le chagrin ni la panique qu’elle sentait chez sa mère mais un sentiment qui l’emplissait de confusion, qui la faisait se sentir exclue.
Une telle immobilité comme si toutes les personnes présentes s’étaient brusquement transformées en automates, c’était vraiment bizarre.
Elle arriva enfin à détourner son regard de la mère en entendant sa grand-mère :
-Mais enfin, tu arrives juste de la visite chez le médecin ; tu as bien dû éprouver quelques symptômes ! pourquoi ne t’es-tu pas fait conduire à la maternité par le chauffeur de taxi, nous aurions amené tes affaires ! maintenant, il faut faire vite…
-maman ! répond seulement Jocelyne avec un spasme dans la voix qui lave encore plus le regard de l’enfant.
-eh bien ! heureusement que je suis là. Clémence, quand tu es née j’étais à Paris et je suis la première à t’avoir vue juste après ta maman et ton papa. Tu sais tous les bébés à naître sont des bébés nageurs. Ils grandissent, mangent, boivent, font pipi et dorment dans une eau qui leur convient parfaitement comme des dauphins. Ils savent faire partir l’eau quand leur heure d’arriver parmi nous est arrivée. Souvent ça ne se passe qu’au dernier moment mais quelques fois, ils ne préviennent pas. Ce Léandre sera un vrai coquin. Maman va partir avec yaya à la maternité, nous on téléphonera à papa puis nous irons promener au square pour voi roù les poussettes roulent le mieux.
Grand-mère est déjà au téléphone, maman change ses bas et ses chaussures, Clémence tourne son regard vers Marie. La vie revient dans ses yeux tandis qu’elle la fixe. Marie soutient son regard et lui insuffle tout ce qu’elle peut de tranquillité.
-Moi aussi, quand j’aurais un bébé dans le ventre, il nagera dans moi ?
-Bien sûr, comme tous les bébés.
-Marie, tu as vu, les lumières de la Tour Eiffel viennent de s’allumer…Si on allait plutôt à la piscine ?
Françoise, février , jeu du 18 février 2008.






Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 11/03/2008 à 07:54

FRANCOISE C.*

11/03/2008

Mots à insérer

Evasion, élégant, escargot, victoire, voyage, amour, anticipation, soie, suave, incorrect, inouï, oser, oriflamme, neige, nul
Jokers
Puisque, ou, gris.



Marin par défaut

Rien d’élégant dans la longue silhouette dégingandée. Une allure qui semble nonchalante puis non, plutôt chaloupée, accentuée par un regard d’un toupet inouï qui laisse chaque femme dévisagée plus que dévêtue, nue jusqu’au fond de l’âme.
Il revient d’un de ses voyages à l’autre bout du monde. Il ne travaille que sur des cargos qui partent vers l’extrême orient. Soie, porcelaine mais aussi amours faciles et une collection de cartes postales dignes d’images d’Epinal : pêchers sur les pentes du Kilimandjaro au moment où les neiges couronnent encore le mont sacré, pagodes décorées ou manifestations militaires avec oriflammes claquant au vent. Une évasion bénéfique a-t-il pensé longtemps quand sa vie bascula brusquement au moment où sa compagne osa l’abandonner. Elle ne supportait plus la violence physique et verbale qui alternait avec une tendresse accaparante et exclusive, un comportement incorrect que nul n’arrivait à lui faire modifier. Mais on n’échappe ni aux facettes de sa personnalité ni à son histoire par la fuite fut-elle vers les contrées les plus lointaines.
Regrets, fureur, souffrance sans un mot à quiconque, jamais. Après un stage de six mois, il partit mécanicien sur un cargo commercial. Six mois de navigation, six mois à terre jusqu’à ce qu’il renonce et s’ancre là puisqu’il y est né.
Il revient les bras chargés de cadeaux de pacotille qu’il ne sait à qui offrir, de quelques objets de plus grande valeur qu’il offre à sa sœur. Elle a accepté qu’il aménage une aile de la maison familiale pour avoir un lieu à lui entre deux voyages. Quelques rares amis y sont invités ainsi que sa sœur, son frère et leurs conjoints. Il cuisine pour eux les mets raffinés qu’il a appris à confectionner là-bas. Au delà de la cuisine, les épices les plus violents ou les plus suaves parfument le jardin et la rue. Les gens du village mêlent à son égard une bonne dose d’incompréhension, une forme d’admiration et un reste de ressentiment violent. Il ignore superbement leurs sentiments, distribuant poignées de main, quelques rares accolades et ce sourire à peine esquissé qu s’adresse à chacun, à chacune tout en les maintenant à distance.
Une exception le jour de la fête du pont : c’est lui qui fait griller toute la journée les escargots petits gris ramassés par tout le village les mois précédents. Il prépare la sauce du pays à la tomate poivrée et un accompagnement exotique dont il refuse de donner la recette : un goût pimenté qui emplit le palais, tapisse l’intérieur des joues et diffuse par les fosses nasales jusqu’au bord des narines. Il évoque avec chaque convive les souvenirs d’enfance et semble vraiment de retour au pays. Imperturbable, il cuisine et boit les canettes de bière qu’il a préparée à portée de main dans un petit frigo spécial.
Au moment où le dernier service du souper s’achève, il mélange whisky et reste de bière jusqu’à ce qu’il s’effondre sur son coin de table. Son frère et son beau-frère le ramèneront à la maison et le coucheront sous le regard désapprobateur du village : elle a bien fait de partir, la Marie, le Georges, il changera jamais !
Françoise, mars2008






Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 11/03/2008 à 07:53

PASCALE *****

10/03/2008

Mots à insérer

Evasion, élégant, escargot, victoire, voyage, amour, anticipation, soie, suave, incorrect, inouï, oser, oriflamme, neige, nul
Jokers
Puisque, ou, gris.


Elégant escargot
Qui rêvant d’évasion
De voyages, de victoires
Pour aller à la foire
Promena sur son dos
Sa drôle de maison.

Par amour pour sa belle
L’hermaphrodite espiègle
Anticipant déjà
Les « c’est nul, t’iras pas »
Recouvrit sa coquille
D’un long morceau de soie

Et telle une oriflamme
Voletant sur son toit
Ci indiquant aux dames
Les causes de son émoi.
Elles, blanches comme neige
Le suivaient traces à traces

Et voyant son manège
Lui faisaient des grimaces.
Ou bien d’un ton suave
Chantonnant d’un air grave
Elles osaient le narguer
Sans rien anticiper.

Et quand il les surprit,
Le p’tit escargot gris,
Personne n’y comprit rien
Mais tous sentirent ses poings…
D’un effort inouï
D’où lui venait l’envie ?

L’escargot rebondit
Vers la femme de sa vie.
Tendu de toute son âme
Antennes déployées
Il refit à sa dame
Vœux de fidélité.

Bavant bras d’ssous bras d’ssus,
Les deux compères émus
Et le cœur plein d’espoir
Quittèrent leur auditoire.



Pascale pour le 10 mars 2008.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 10/03/2008 à 19:46

M-FRANCE *****

10/03/2008

Mots à insérer
Evasion, élégant, escargot, victoire, voyage, amour, anticipation, soie, suave, incorrect, inouï, oser, oriflamme, neige, nul
Jokers
Puisque, ou, gris.




Lorsque j’entends Désirelles chanter « Voyage, voyage » des envies d’évasion me chatouillent, non que je me sente prisonnière de mon environnement, mais mon besoin d’aller voir ailleurs si « l’herbe est plus verte » reste tenace. Faire un tour du monde me tenterait assez, mais ce n’est pas du domaine du possible, pourtant des idées d’expéditions se bousculent dans ma tête. Pour l’instant je dois penser au travail qui m’attend, mais le désir de partir ne me lâche pas. Soudain je perçois comme une voix « au lieu de rêver à des contrées lointaines, regarde autour de toi, tu aimes marcher, prends ton sac à dos, chausse-toi correctement et allonge le pas sur les chemins de Compostelle, ce n’est pas ce qui manque dans la région » Bien sûr ! pourquoi ne pas y avoir pensé avant ? Mais je ne veux pas partir seule. A qui demander de m’accompagner ? Vais-je oser en parler à Annie ? L’idée pourrait lui plaire. Comme moi, elle a l’amour de la nature et de l’aventure. Une question délicate à régler : pour Annie le confort est primordial et dans mon projet, nous ne dormirons pas dans des draps de soie, cela pourrait être un obstacle, mais comme elle est soucieuse de se maintenir en forme elle acceptera peut-être de cheminer en ma compagnie. Je saisis le téléphone et compose son numéro. A la troisième sonnerie, elle décroche. De ma voix la plus suave, je lui présente mon projet bien décidée à argumenter pour la convaincre. C’est inouï, d’emblée elle se montre intéressée. Nous décidons d’un rendez-vous pour préparer notre escapade. L’anticipation de cette odyssée nous excite, et c’est sur un fou-rire quasiment hystérique que nous raccrochons. Moi qui croyais devoir livrer bataille pour obtenir un « oui », je suis presque déçue de cette victoire facile.
Deux jours plus tard nous nous retrouvons pour parler logistique. Nous ne fixons pas définitivement la date du départ, il y a encore de la neige dans les Pyrénées. En nous chipotant, nous préparons virtuellement nos sacs à dos ; nous ne sommes pas toujours d’accord sur l’essentiel à emporter. Annie tient absolument à prendre son élégant jogging gris anthracite, elle ne veut pas admettre qu’il serait déplacé sur les chemins de randonnées. Je lui fais remarquer que même si les risques de chute sont nuls, elle n’est pas à l’abri d’une racine traîtresse qui l’enverra au sol et bonjour le trou au genou. Elle se range à mes raisons et promet de ne se charger que de l’indispensable.
Nous devons prévoir la durée de notre voyage en fonction de la distance que nous couvrirons. Si nous ne nous déplaçons pas à la vitesse des escargots, une dizaine de jours devrait suffire, d’autant que je ne veux pas abuser de la gentillesse de la voisine qui soignera mon chat pendant mon absence ; partir plus longtemps serait incorrect.
Il nous reste à aborder les derniers sujets tels que assurance, gîte et nourriture ; l’accord est parfait, pas de discussion oiseuse. A quelques détails près plus rien ne s’oppose à notre départ. Cependant Annie paraît perturbée, je ne vais pas tarder à savoir ce qui la préoccupe : « nous ne serons pas seules sur le parcours, nous rencontrerons des pèlerins reconnaissables grâce à leur coquille, comment faire pour que nous ne restions pas des anonymes ? » Je m’empresse de rassurer mon amie : « trouvons-nous chacune un drapeau à notre image, ou à la gloire de notre région, accrochons cette oriflamme à notre sac et nous serons reconnues comme des randonneuses ». Ma proposition semble la rasséréner. Après un dernier café nous nous séparons en promettant de nous revoir vite pour régler les derniers points et enfin nous mettre en route.


Marie France pour le 10 mars 2008.





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 10/03/2008 à 19:44

FRANCOISE C.*

08/03/2008

Mots à insérer :

LISTE : libellule, livre; intranquillité, intransigeant; susceptible, silence; téméraire, tardif; escadrille, espoir; sortie, souffle;
JOKERS : vers, déjà, jouer





Premier amour

Il est revenu des Hauts d'Hydra sans encombre malgré le marasme effrayant des derniers mois de la guerre d' Algérie. L'intranquillité du moment n'affecte pas réellement leur bonheur. Se blottir dans ses bras, s'accorder à son souffle, plonger dans le vert de ses yeux en un silence plus chargé de messages que n'importe quel mot; cet espoir téméraire, d'aucun penserait insensé va se concrétiser.
Ils sont jeunes, ils sont fous. Elle, est interne à l'Ecole Normale de Mont de Marsan; établissement au règlement très strict; tout écart à ce qui est autorisé est susceptible d'attirer bien des ennuis. Pire, l'équipe directoriale est intransigeante sur tout ce qui concerne les relations amoureuses, considérées hors cadre ou hors sujet pour la centaine d'adolescentes de l'école. Sans doute leur jeunesse est-elle trop loin ou leurs émotions de jeunes filles très refoulées.
Le jeudi, les sorties sont autorisées de quatorze à dix-sept heures. Tant pis, il arrivera d'Auvillar vers treize heures. D'Auvillar, à deux cent quarante kilomètres, en scooter, a-t-il précisé dans une de ses lettres: l'adresse à l'encre bleu pâle insolite s'est jouée des barrières si difficiles à contourner et chaque missive lui a été distribuée. il la demandera au parloir. Elle ne peut se résoudre à dire non même si elle sait ce qu'elle risque, même si toutes les convenances qui régissent les rencontres du parloir lui semblent intenables: se contenter d'un salut, d'un baiser esquissé, échanger des banalités sans se toucher sous le regard de quelques parents venus eux aussi en visite. A cette heure, elle sera à la bibliothèque dont elle est responsable, reclassant livres et revues. Elle le verra donc arriver et, peut-être, réussira-t-elle à le faire entrer sans encombre. Les amoureux ont de la chance; il arrive à l'heure dite, elle le voit pousser la grille du portail, avancer de cette allure nonchalante qui cache si bien sa détermination. Elle ouvre la porte, les larmes l'enveloppent d'un halo de lumière douce.
« Bonjour, cousine », murmure-t-il pour les spectateurs de la scène.
« Bonjour... entre ».
Les voilà assis sur deux des chaises de paille, jouant le jeu d'une rencontre familiale.
Enfin quatorze heures. Il sort le premier, il l'attendra au coin de la ruelle. Inspection de tenue, de coiffure, rien ne semble clocher, elle peut sortir avec ses amies habituelles. Qu'il est difficile de ne pas se précipiter!
Un sourire semi narquois vers les copines qui ne peuvent s'empêcher de le dévisager, pas plus de casque obligatoire que de téléphone portable ces années-là.
Elle le guide vers un coin de forêt délicieux. Depuis, les militaires ont annexé cette zone pour un camp d'entraînement. mais ce jour là, au bord du ruisseau si clair que le sable blond n'est troublé d'aucune brindille, ils peuvent s'allonger sur un tapis de mousse. Les rais de lumière, égayées de roses de Noël tardives et de violettes précoces, jouent avec les branches de pin et semble éclairer la scène comme au théâtre. Ils peuvent enfin échanger petits mots rituels, discussions plus sérieuses, caresses. Elle peut se noyer à sa guise dans le vert de ses prunelles. Ce qu'ils suivent des yeux, ce n'est pas la trace si bruyante qu'elle en est menaçante de l'escadrille de la base mais un couple de libellules aux ailes bleues en route pour leurs noces printanières.
« Et nous, quand nous marierons-nous? » demande-t-il le nez si bien collé au sien qu'ils en loucheraient s'ils ne fermaient souverainement les yeux.
Françoise, Capbreton, 11 février 2008





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 08/03/2008 à 14:06