Jeremy Scott, Printemps -été 2019, New York

"Dévoré d'une faim terrible et de douleurs.....

l'écho résonne au loin de ses cris affreux et répétés" (Sophocle, Philoctète)



Ce fidèle compagnon d'Hercule fait partie de ces héros sur lesquels s'abat le courroux

des dieux avec la plus grande injustice :

"Je voudrais louer les actions des dieux, et je trouve les dieux eux-mêmes ingrats."

(Sophocle, Philoctète)

Hygin et Valérius Flaccus le comptent au nombre des Argonautes, et, avec

les Achéens, il s'embarqua pour Troie. C'est d'ailleurs à cause de ce conflit que surgirent

ses malheurs.


L'oracle de Delphes avait prédit aux Grecs qu'ils ne pourraient vaincre Ilion sans le

secours des flèches empoisonnées d'Hercule. Or ces armes redoutables étaient entre

les mains de Philoctète.


"L'arc, c'est pour un service rendu que je l'ai acquis." (Sophocle, Philoctète)


Il avait en effet accepté de mettre un terme aux souffrances de son ami en allumant le

bûcher sur lequel Hercule attendait la mort (Ovide, Métamorphoses, Livre IX).

En signe de reconnaissance, le fils de Zeus lui avait offert ses flèches, et Philoctète s'était

engagé à ne jamais révéler l'endroit où il déposerait les cendres du héros.


Pouvait-il ignorer l'oracle ?

Enfermé dans un dilemme tragique, trahir son ami ou être responsable de la défaite

des Achéens, Philoctète sans dire où Hercule reposait en indiqua de son pied gauche

le lieu, et finit par avouer qu'il était en possession de l'arc et des flèches d'Hercule.

Mais cet aveu fut cause de sa perte : sur la route de Troie, l'une de ses flèches tomba

sur ce même pied gauche. Une plaie purulente répandant une odeur infecte si

répugnante qu'Ulysse convainquit les Achéens d'abandonner Philoctète pendant

son sommeil sur l'île de Lemnos, où pendant 10 ans il souffrit de sa blessure

inguérissable et d'une intolérable solitude.

La Guerre de Troie s'enlise, il faut repartir auprès de Philoctète récupérer les flèches d'Hercule.

C'est la mission dont se charge Ulysse avec le fils d'Achille Néoptolème. Le roi d'Ithaque

persuade non sans mal la noble âme de Néoptolème d'utiliser la ruse et le mensonge

pour entrer en possession des flèches. Convaincu par les propos de Néoptolème

qui lui soutient qu'il déteste tout autant que lui les Grecs et particulièrement Ulysse,

Philoctète accepte de les lui donner à une condition :


"Brûle-moi avec le feu célèbre de Lemnos. En retour des armes que tu tiens maintenant,

j'ai autrefois rendu le même service au fils de Zeus."

Néoptolème avoue sa perfidie à Philoctète, mais Ulysse promet au pauvre malheureux

pour le convaincre, la gloire pour avoir sauvé les Grecs et la guérison de son mal.

Philoctète accepte de partir rejoindre les Achéens mais sans illusion sur les humains :

"La guerre ne tue volontiers aucun homme mauvais, mais elle tue toujours les meilleurs."

(Sophocle, Philoctète)

C'est dans ce défilé inhospitalier de Lemnos que Donatella Versace

(automne-hiver 2019-2020, Milan) habille Philoctète.

Cette Aphrodite d'Arles orna le mur de scène du théâtre antique d'Arles à partir du Ier siècle

avant d'être détruite par les invasions barbares.

C'est dans les ruines de ce théâtre qu'elle fut découverte au milieu du XVIIème, mais brisée !

Quelques années plus tard elle fut offerte par la ville d'Arles à Louis XIV.

Elle décorera la Galerie des Claces, mais l'esthétique du XVIIème entraîna la restauration

effectuée par le sculpteur Girardon : bras, miroir, pomme furent rajoutés.

L'esthétique du XIXème au contraire critiqua violemment cette reconstruction.

Autre sujet de discussion : quelle est la déesse représentée, Diane ou Aphrodite ?

Les archéologues s'accordent à reconnaître qu'il s'agit de la déesse de la beauté :

pas de flèches, ni de carquois, d'arc ou d'habit court, attributs de Diane.

Le lieu où la statue fut découverte (le théâtre), la semi nudité sont

les caractéristiques d'Aphrodite.


Autre point sur lesquels les archéologues eurent du mal à s'entendre,

les arguments qui prouvent que cette sculpture se place au début de

la carrière de Praxitèle, vers 360 av J. C.

Certains en effet trouvent que cette Aphrodite demi nue annonce la

nudité totale de la Cnidienne. Schéma simpliste qui ne résiste pas à

l'abondance des figures à demi vêtues de l'époque hellénistique.

L'archéologue et historien de l'art, l'allemand A. Furtwängler (1853-1907)

trouve cette Aphrodite dans la lignée du Satyre verseur, qui porte les marques

du style de Polyclète. (Alain Pasquier, Jean-Luc Martinez, Praxitèle)

Dernier point, l'état premier de cette statue.

Cette Aphrodite était d'une couleur légèrement brun-doré

-peinture à l'encaustique- pour rendre la couleur de la peau.

On a retrouvé des traces de couleur rouge dans les cheveux,

ce qui pourrait indiquer qu'elle était dorée.

Enfin, pour Jules Formigié (1879-1960), archéologue arlésien,

le drapé était possiblement peint en bleu.

Cette statue de Canova représente Pauline Bonaparte,

épouse Borghèse, qui tient dans sa main la pomme qu'elle

vient de recevoir du berger Pâris sur le Mont Ida.

Le jeune artiste indien (né en 1974), Jitish Kallat,

exposait à Paris, Galerie Templon en 2015 ses dernières oeuvres

à travers l'exposition intitulée : The Infinite Episode.

"Un voyage étrange où les galaxies et les nébuleuses sont remplacés

par des aliments échographiés au rayon X." (Blog de Thierry Hay)

Sur fond noir une lune accomplit en un cercle quasi parfait sa rotation...

Quand on regarde plus attentivement la toile, on discerne qu'en

fait de lune, ce sont des chapati, ces pains traditionnels indiens,

fines galettes de blé. Ces petits pains grignotés deviennent lune.

"En Inde, il éclaire le quotidien en permettant la survie des pauvres,

tout comme la lune éclaire le chemin la nuit et permet d'avancer.

Je constate que si le pain devient lune, il finit en toutes petites

poussières d'étoiles à peine visible... " (Thierry Hay)

Ici c'est Jupiter qui participe avec les chapati à cette lumière

qui éclaire la nuit.


Ce buste colossal fut découvert vers 1525 près de la Porta

del Popolo, à Rome, puis offert en 1683 à Louis XIV.

Destiné à l'origine pour la galerie de Versailles, attribué à tort

au sculpteur grec Myron, le buste est parmi les premières œuvres

à quitter Versailles pour le Louvre en 1798.