Revue systématique. Les revues systématiques ne sont pas notées.
CONTEXTE
La prévention de l'obésité des enfants est une priorité de santé publique internationale étant donné l'impact significatif de l'obésité sur les maladies aigües et chroniques, l'état de santé général, le développement et le bien-être. Les preuves cliniques internationales utilisables pour que les gouvernements, les communautés et les familles mettent en oeuvre des stratégies pour prévenir l'obésité et promouvoir la santé ne cessent de grandir mais restent à clarifier.
OBJECTIFS
Cette revue a pour objectif principal de mettre à jour la revue Cochrane précédente sur la recherche concernant la prévention de l'obésité des enfants, et de déterminer l'efficacité des interventions qui ont été évaluées et qui avaient pour but de prévenir l'obésité infantile, mesurée par un changement de l'Indice de Masse Corporelle (IMC). Un objectif secondaire était d'examiner les caractéristiques des programmes et des stratégies pour répondre à la question : "Quelle mesure est efficace pour qui, pourquoi et à quel coût ?".
MÉTHODE
Sources : Les recherches bibliographiques ont été effectuées à nouveau en mars 2010 dans les bases de données CENTRAL, MEDLINE, EMBASE, PsychINFO, CINAL et les autres sites web pertinents. Des articles rédigés dans une autre langue que l'anglais ont été inclus et des experts ont été contactés.
Critères de sélection : Cette revue inclut les données des études portant sur la prévention de l'obésité infantile dont le plan d'expérience incluait un témoin (avec ou sans randomisation). Les études étaient incluses si elles évaluaient les interventions, politiques ou programmes en place pendant douze semaines ou plus. Si les études étaient randomisées au niveau du groupe, un minimum de six groupes était nécessaire.
Collecte et analyse des données : Deux des auteurs de la revue ont indépendamment extrait les données et estimé le risque de biais des études utilisées. Les données qui ont été extraites concernient la mise en oeuvre de l'intervention, le coût, l'équité et les résultats. Les mesures de résultats ont été groupées selon qu'elles mesuraient l'adiposité, les comportements liés à l'activité physique, ou ceux concernant le régime alimentaire. Les effets indésirables ont été relevés. Une méta-analyse a été réalisée en utilisant les scores d'IMC ou d'IMC standardisé (zIMC), avec une analyse de sous-groupes en fonction de l'âge (0-5, 6-12, 13-18 ans) correspondant aux étapes de développement des enfants.
PRINCIPAUX RÉSULTATS
Cette revue inclut 55 études, dont 36 ajoutées lors de cette mise à jour.
La majorité des études concernaient des enfants âgés de 6 à 12 ans. La méta-analyse inclut 27 946 enfants répartis dans 37 études, et démontre que les programmes réduisent effectivement l'adiposité, bien que ce ne soit pas le cas pour toutes les études et que l'on observe une forte hétérogeneité (I2 = 82%).
Au total, les enfants du groupe intervention avaient une différence d'adiposité (moyenne standardisée, mesurée en IMC ou zIMC) de -0,15kg/m2 (intervalle de confiance à 95% [IC95%] -0,21 à -0,09).
Les effets de l'intervention par sous-groupes d'âge étaient : -0,26kg/m2 (IC95% : -0,53 à 0,00)(0 à 5 ans), -0,15kg/m2 (IC95% : -0,23 à -0,08)(6 à 12 ans), et -0,09kg/m2 (IC95% : -0,20 à 0,03) (13 à 18 ans). L'hétérogénéité était apparente dans les trois sous-groupes d'âge et ne pouvait s'expliquer par la randomisation ou le type, la durée ou le contexte des interventions.
Huit études seulement signalent des effets indésirables et aucune ne mentionne d'effets négatifs tels que des pratiques alimentaires malsaines, une augmentation de la prévalence de l'insuffisance pondérale ou de l'altération de l'image de soi. Les interventions ne semblent pas avoir augmenté les inégalités en matière de santé, bien que cela ait été examiné dans moins d'études.
CONCLUSIONS
Nous avons trouvé des éléments de preuve solides en faveur des effets bénéfiques des programmes de prévention de l'obésité infantile sur l'indice de masse corporelle (IMC), en particulier pour les programmes visant les enfants de 6 à 12 ans. Cependant, étant donné l'hétégogeneité inexpliquée et la probable présence d'un léger biais des études, ces résultats doivent être interprétés avec prudence.
Les programmes examinés dans ces études comportent une large gamme de composantes, et bien qu'il ne soit pas possible de distinguer lesquelles contribuent le plus aux effets bénéfiques observés, notre synthèse indique que les suivantes constituent des politiques et stratégies prometteuses :
(1) des programmes scolaires incluant une alimentation saine, une activité physique et une bonne image corporelle
(2) d'avantage de séances dédiées à l'activité physique et le développement de capacités motrices fondamentales tout au long de la semaine scolaire
(3) une amélioration de la qualité nutritionnelle de la nourriture scolaire
(4) un environnement et une pratique culturelle qui encourage les enfants à manger une nourriture plus saine et être actifs tout au long de la journée.
(5) un soutien aux enseignants et autres personnels scolaires pour mettre en oeuvre des stratégies et activités de promotion de la santé (exemple : développement professionnel, activités renforçant les capacités)
(6) le soutien parental et des activités à la maison qui encouragent les enfants à être plus actifs, à manger des aliments plus nutritifs et à passer moins de temps devant un écran.
Cependant, la conception des études et des évaluations doit être renforcée et les comptes-rendus doivent être étendus aux procédés et à la mise en oeuvre, à la relation entre les effets et les mesures d'équité, aux effets à long terme, aux dommages potentiels et aux coûts.
La recherche sur la prévention de l'obésité infantile doit maintenant chercher à identifier comment des composants d'interventions efficaces peuvent être intégrés au sein des systèmes de santé d'éducation et de soin de manière économiquement viable à long terme.
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