II faut choisir : ça dure ou ça brûle ; le drame, c'est que ça ne puisse pas à la fois durer et brûler. Albert Camus

PHIL-ANALYSE

Dimanche 12 Mars 2023

Cet article est issu de la conférence « Les Femmes et le Pouvoir » de Valérie Fauchet , écrivain et artiste, qui a eu lieu ce mercredi 8 mars 2023 à la marie du 5ème arrondissement de Paris et organisée par Florence Berthout, maire du 5ème. Valérie Fauchet intervenait aux côtés de l’avocate Martine Moscovici et Pauline Nkongo, directrice du Centre Paris Anim’ Censier. Il s’agit d’un regard philosophique et poétique sur le pouvoir des femmes. Pourquoi la femme pense avoir besoin de pouvoir ?
La femme a bien plus de pouvoirs qu'elle ne l'imagine. Pour cette raison, notre cher Schopenhauer s'en méfiait en la qualifiant de "Sépia". Je me rappelle du sentiment amer que m’avait provoqué cette petite phrase de Kierkegaard "La femme ressemble à une fleur, comme les poètes aiment à le dire et même la spiritualité a en elle un caractère de végétatif." Je l'avais d'ailleurs exprimé dans un essai "Le paradoxe d'être une femme", publié en 2000. La femme ressemble certes à une fleur, mais à une fleur puissante, à un mystère créatif, celui de pouvoir inspirer et de créer. C'est loin d'être végétatif ! C'est pour cette raison que je tiens à publier ce discours de Valérie Fauchet qui célèbre enfin le vrai pouvoir des femmes. La liberté d'être.


Le pouvoir des femmes relève d’un mystère créatif
Plongeons-nous dans la vision optimiste, libre et bienveillante de Valérie Fauchet, auteur d’Une voyante passe aux aveux et La vie est une affaire personnelle, parus tout deux aux Editions Ipanema.

Le pouvoir des femmes relève d’un mystère créatif
Les femmes et le pouvoir, de Valérie Fauchet

« Simone de Beauvoir disait : « On ne naît pas femme, on le devient ». Nous pourrions dire également : « On ne naît pas femme de pouvoir, on le devient . »
Quel est , ou quel a été le chemin d’une femme qui est qualifiée de femme de pouvoir ? Le chemin qui mène au fond implicitement au pouvoir...
Les Femmes et le Pouvoir : Pourquoi La femme, Les femmes peuvent-elles avoir besoin de pouvoir ? … Pourquoi plane toujours une onde particulière sur l’idée que bien souvent « on » se fait d’une femme de pouvoir . « on », vous les hommes, et parfois également, nous, les femmes.

Le ton qui y est associé, mêlé est toujours, je crois, plus ou moins ambigu, pas forcément doux, ou sympathique. L’intonation y est souvent la même.

- Oh oui, c’est une femme de pouvoir !

Un mélange étrange de jugement, d’admiration aussi, mais très souvent, mêlé d’une certaine violence quelque part, plus ou moins dissimulée. Une méfiance, une défiance, flagrante vis à vis des femmes de pouvoir, au singulier, au pluriel. Une onde, une énergie quelque peu ou même très péjorative et même si l’admiration est là, présente, ou le respect.

Comme si les femmes de pouvoir inspiraient à un endroit ou à un autre une forme de crainte. La différence s’impose là, déjà là. Dans ce détail, ce point de détail, tout à fait inscrit dans nos sociétés patriarcales.

Mais qu’est-ce qui fait qu’une femme a du pouvoir, prenne le pouvoir, veuille le pouvoir ? Veuille prendre le pouvoir ? Et surtout le pouvoir sur quoi ? Le pouvoir sur qui ? Pour faire quoi ? Pour en faire quoi ?

C’est ce point -là qui m’a interpellée profondément dans mon élaboration de questionnement. Interpellée aussi émotionnellement forcément. Je suis une femme. Une femme parmi les femmes…


Ce n’est pas forcément un choix. Cela peut être une obligation de survie. Oui, de survie.

Se battre, lutter, réfléchir et penser, développer sa force, ses forces même cachées, ses qualités. De ses défauts en faire des amis, de nouveaux amis, des compères, des alliés. Trouver sa force, son pouvoir personnel.

Le pouvoir des femmes relève d’un mystère créatif
Toutes les femmes, comme tous les hommes, nous avons en nous tellement de territoires inexplorés, de parties cachées de notre cerveau, de notre coeur, de notre âme, de notre esprit. Nous ne soupçonnons pas toujours, jamais entièrement, complètement , nos capacités, nos possibilités, jusqu’au jour où, nous n’avons guère plus le choix que de trouver en nous justement de la force, du pouvoir, d’autres angles, d’autres pistes, d’autres territoires, d’autres pièces de ce puzzle qui est notre propre existence, pour avancer et tenir debout.

Le pouvoir féminin a toujours été cité, et encore une fois, bien souvent de façon négative.

La crainte du pouvoir féminin se situe à différents endroits. Il est suspicion car il est mystère aussi, ce pouvoir féminin, ce pouvoir des femmes.

Les femmes et le pouvoir féminin… Les femmes et leur beauté, leur grâce, leurs charmes au pluriel, différents et multiples, ont toujours fasciné, les hommes, et leur imaginaire, leurs désirs, mais aussi les femmes entre elles. Nous sommes toutes différentes, toutes uniques, toutes singulières, toutes complémentaires. Toutes, nous possédons des pouvoirs qui nous sont propres, encore une fois personnels.
J’ai écrit à ce sujet d’ailleurs un texte que j’avais fait mettre en musique, au piano, par l’un de mes compositeurs. Un texte que j’avais intitulé : « Lettre ouverte aux femmes… », dans lequel j’ai voulu parler des rapports des femmes entre elles, de l’importance d’être unies et non divisées, en jalousie ou en rivalité. De l’importance d’être soudées, complices, comme des soeurs véritables, aimantes et non dans le jugement plus ou moins ou bien souvent systématique, réprobateur, accusateur, facile ou bas, gratuit que les contes de fées ou certaines légendes nous ont parfois inculqué, ou notre éducation familiale ou scolaire.

Le pouvoir des femmes relève d’un mystère créatif
Depuis La Nuit Des Temps, les femmes intriguent par leur beauté, leurs courbes, leur corps, leur chevelure, leur regard leur intelligence, leur esprit, qu’on le veuille ou non, qu’on le réfute ou non, les femmes existent et leurs pouvoirs secrets, cachés ou affichés franchement fascinent et inspirent les artistes entre autres. Les peintres, les sculpteurs, les écrivains, les chanteurs, les dramaturges, les réalisateurs, les poètes. Les femmes, muses d’artistes, exercent, même sans le vouloir, sans en avoir toujours connaissance, un pouvoir. Un pouvoir magique, magnétique, mystérieux dans la création-même.

Le pouvoir féminin relève également d’un tout autre mystère, créatif justement et autrement, celui du mystère de l’enfantement. Que ce soit admis ou non, il reste présent encore aujourd’hui fortement dans l’inconscient collectif : ce mystère premier de la vie, même si étudié scientifiquement, expliqué de façon pragmatique, médicale. Il n’en demeure pas moins que ce mystère demeure mystère : ce pouvoir de donner la vie. De faire, de concevoir un enfant, de le porter, de le mettre au monde.

Ce pouvoir extraordinaire de pouvoir donner la vie …

Le pouvoir des femmes relève d’un mystère créatif
Passionnée de psychologie, de psychanalyse depuis mes dix-sept ans, mon année de Terminale, je trouve cela intriguant de tenter de comprendre et de dénouer le mécanisme psychique qui a fait dans l’existence d’une femme de pouvoir, de devenir cette femme de pouvoir. Le déroulé psychique qui s’est opéré en elle.

Ce pouvoir n’est pas forcément une décision, une volonté d’être ainsi. Ce n’est pas obligatoirement une revanche, une revanche sur quelqu’un ou sur quelque chose, un besoin terrible de jouissance de pouvoir, un peu vulgaire, sournois, ou grave. Nos rencontres et nos expériences de vie nous poussent à nous expérimenter sans cesse et à expérimenter différentes facettes de notre personnalité, de notre tempérament, de notre psyché.

Aussi, le pouvoir peut être dans certains cas, il est vrai malgré tout, une certaine forme de revanche, pour reprendre le terme, directe ou indirecte sur des blessures de l’enfance ou de l’adolescence, ou des deux, ou plus tardives dans le temps suite à des événements ou des traumatismes particuliers, spécifiques. Le besoin de pouvoir peut être là pour réparer des moments vécus, ou observés au sein de la famille par exemple, pour réparer des chocs, pour combler des observations difficiles, douloureuses, des traumatismes lourds d’abus divers et variés, de violence. Que nous ayons été directement concernés ou que nous avons pu observer.

Alors peut survenir l’idée de décider de faire différemment, d’être autre. De développer son pouvoir en soi-même pour être et rester digne pour soi -même ou pour venir en aide à d’autres êtres autour de nous, féminins ou masculin, ou à un peuple tout entier, à d’autres femmes.

Le pouvoir des femmes relève d’un mystère créatif
Le pouvoir des femmes, les femmes et le pouvoir n’est pas aussi simple à définir que cela. Des heures et des heures de dissertation et d’observations s’imposent …

Certaines femmes n’ont ou n’auront jamais en elles cette soif, cette possibilité d’affronter autant que d’autres les choses mais toutes nous avons cela en nous à des niveaux plus ou moins importants. Je parle de cette force, de ce pouvoir possible, existant à l’état latent quelquefois.

Certaines existent aussi et s’arrangent de cela, s’évertuent de toutes leurs forces pour ne surtout pas afficher leur pouvoir, leur désir de pouvoir en public, en société, mais l’exercent à loisir, en privé, mieux que personne de mille et une façons, lorsque la porte sur le monde extérieur est fermée à clé.


Le pouvoir des femmes est lié également à la liberté, essentiellement à la liberté, à l’indépendance financière essentielle, mais surtout selon moi, avant tout, à la liberté d’expression, à la liberté d’expression et d’action.

Le pouvoir de la femme est quelque chose de crucial à cet endroit-là précisément. Ce n’est pas une anecdote, ce n’est point un caprice, un style, un genre, une boutade, une blague, une anecdote. Etre libres d’être qui nous sommes, sans que personne ne nous dicte qui nous devons être ou ce que nous devons faire, ou penser.

Vive la liberté ! A tout jamais.

Une pensée à ce sujet toute particulière pour les femmes iraniennes… kurdes, afghanes, …pour toutes les femmes privées de cette liberté de penser et d’agir comme elles le souhaitent, avec respect et dignité.

Le pouvoir des femmes relève d’un mystère créatif
Mon héroïne Adèle dans mon roman La cheville , premier opus de ma trilogie intitulée : La vie est une affaire personnelle … (Editions Ipanema , octobre 2022) est une femme de pouvoir dans le sens où c’est une femme libre justement, indépendante.

Le pouvoir des femmes, les femmes et le pouvoir, ce n’est pas forcément cette image parfois un peu caricaturale, entre guillemets, d’une femme qui déploie sans féminité aucune mais seulement avec férocité son besoin , ou sa rage de pouvoir.

Le pouvoir des femmes est là et magique. Réel. Authentique. De l’intuition féminine en général voire de la médiumnité, de la voyance, depuis des siècles, de celles appelées, qualifiées par trouille, par méconnaissance et non maîtrise, de manière basique et assez méprisante encore une fois de sorcières.

Le pouvoir des femmes relève d’un mystère créatif
Le pouvoir des femmes est aussi à cet endroit-là, le mystère du pouvoir de l’intuition. L’intuition féminine...

Les sorciers, les hommes sorciers, étaient au Moyen Age et plus tard, davantage respectés et sans commune mesure, on leur octroyait le don de guérir, de soigner. Les femmes, non. Elles, elles étaient brûlées, vives sur le bûcher. Comme une légère différence dans l’air…

Certaines peuvent avoir le désir de jouer plus que de raison de ce don, de ce pouvoir, et cela, bien évidemment, est très dangereux. Peut être dramatique de conséquences directes et indirectes. C’est d’ailleurs ce dont je parle, entre autres, dans mon livre paru en octobre 2019, toujours aux Éditions Ipanema, Une voyante passe aux aveux , un livre d’Entretiens avec Marie-Noëlle Dompé, ancienne avocate et magistrate, qui dans cet ouvrage me pose un certain nombre de questions sur le sujet.

La femme, qui a des dons de voyance, exerce, il semblerait, une certaine fascination mais est crainte dans ce pouvoir -là et encore aujourd’hui et peut être plus ou moins rejetée, en tous cas, cataloguée de manière simpliste.

S’ajoute à cela le pouvoir de la pensée, de la force, de la puissance de la pensée.

Le pouvoir n’est pas toujours celui que l’on croit.

Le pouvoir des mots, le pouvoir du silence. Du silence…

Aussi mystérieux que le pouvoir des femmes de pouvoir.


Le pouvoir des femmes relève d’un mystère créatif
Les femmes et le pouvoir …

Il s’agit aussi d’un désir puissant et non dissimulé de vivre d’exister, avec passion avec fougue, d’êtres vivantes, debout, intègres et non soumises. De porter sur les êtres, sur les choses, les événements, des tentatives de réflexions personnelles, propres, un besoin, une quête, sa propre quête. Les femmes et le pouvoir c’est une certaine poésie, une rage poétique et sensible de vivre. C’est quelque chose qui pousse, qui nous oblige, nous pousse de l’intérieur à trouver le courage et à ne pas faiblir, à ne pas fléchir. Donc révélateur certainement d’un certain type de caractère, de tempérament. De foi .

Mais là encore, et pour conclure, insister encore, les femmes et le pouvoir, ce n’est pas toujours un désir, une obsession mais davantage une nécessité de survie.
On décide d’avoir du pouvoir, ou de prendre le pouvoir sans le savoir parfois et cela se construit par la suite au fil d’une vie toute entière. Je pense bien évidemment , entre autres, à Madame Simone Weil .

Les femmes et le pouvoir est un vaste sujet, qui comme bien d’autres sujets, a de l’intérêt aussi et peut-être surtout, dans les questions qu’il nous inspire et non obligatoirement dans les réponses qu’on croit donner ou que nous croyons pouvoir donner. La vérité, en pensée unique, n’existe pas, il me semble, car il y a toujours comme en tout d’ailleurs, plusieurs formes de vérité, plusieurs possibilités de vérités et d’interprétations. Plusieurs formes de pouvoirs autant qu’il y a des milliards de femmes sur Terre.

Et si les femmes et le pouvoir c’était tout simplement une certaine volonté, une détermination particulière, une énergie de vie ?…

Vive les Femmes ! Et vive les Hommes aussi qui portent un intérêt pour la place de la femme, des femmes dans nos sociétés et dans les différents pays et territoires du monde, de ce monde d’aujourd’hui.

Le pouvoir des femmes relève d’un mystère créatif
Pour terminer, voici quelques citations inspirantes.

Simone Weil
« Ma revendication en tant que femme c’est que ma différence soit prise en compte, que je ne sois pas contrainte de m’adapter au modèle masculin. »

Sacha Guitry
« Une femme, une vraie femme, c’est avant tout une femme qui n’est pas féministe. » ( dans Elles et Toi, 1958)

Dans Ruses et plaisirs de la séduction de Marie-Francine Mansour, publié chez Albin Michel,

« L’art de la séduction est un art de la guerre. »

« La femme corrompt l’homme, le met face à la tentation et fait naître son désir. Désarmé, il abdique sa raison, sacrifie son pouvoir. »

« Désormais, toutes les femmes seront les filles d’Eve. La fin de l’Ancien Testament fait écho à ses débuts : « C’est par la femme qu’a commencé le péché. C’est à cause d’elle que nous mourrons fous. », déclare l’Ecclésiaste.( XXV, 24).

Vive les Femmes et leur dignité , notre dignité , notre respect les unes envers les autres en premier lieu, notre force notre entraide. Humaine et généreuse.

Le pouvoir des femmes relève d’un mystère créatif
(Sur la photo, 4 femmes solidaires, Marjorie Poeydomenge, Manuele Peras, Swan Feitelson, Valérie Fauchet, le 8 mars 2023)

Solidaires entre nous nous devons vraiment l’être profondément indéfectiblement.
Le pouvoir des femmes ne doit jamais exister contre qui ce soit, cela serait trop simpliste, et pas vraiment constructif. Ne jamais diviser pour régner.


Valérie Fauchet "

Le pouvoir des femmes relève d’un mystère créatif

Rédigé par Marjorie Rafécas le Dimanche 12 Mars 2023 à 16:56 | Commentaires (0)

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Marjorie Rafécas
Marjorie Rafécas
Passionnée de philosophie et des sciences humaines, je publie régulièrement des articles sur mon blog Philing Good, l'anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade), ainsi que sur La Cause Littéraire (https://www.lacauselitteraire.fr). Je suis également l'auteur de La revanche du cerveau droit co-écrit avec Ferial Furon (Editions du Dauphin, 2022), ainsi que d'un ouvrage très décalé Descartes n'était pas Vierge (2011), qui décrit les philosophes par leur signe astrologique.




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