II faut choisir : ça dure ou ça brûle ; le drame, c'est que ça ne puisse pas à la fois durer et brûler. Albert Camus
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Mercredi 7 Janvier 2015Hommage aux victimes de Charlie Hebdo, qui ont su utiliser l'humour comme une arme intelligente pour faire vivre la liberté d'expression et n'ont pas cédé à la peur. Deux ans plus tôt, Charb, confiait au Monde lors d'une interview « C'est peut-être un peu pompeux ce que je vais dire, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux. ».
Charb
Cette phrase courageuse est un bel écho à l'Homme révolté d'Albert Camus, ce livre qui avait d'ailleurs valu à ce dernier une brouille irrévocable avec Sartre. Les extraits de cet ouvrage n'ont pourtant pas pris une ride : "Dans l'épreuve quotidienne qui est la nôtre, la révolte joue le même rôle que le "cogito" dans l'ordre de la pensée : elle est la première évidence. Mais cette évidence tire l'individu de sa solitude. Elle est un lieu commun qui fonde sur tous les hommes la première valeur. Je me révolte, donc nous sommes."
Par leur esprit satirique de rébellion et leur refus de se soumettre, ces dessinateurs et journalistes nous ont tiré de notre solitude.
Merci pour votre courage.
Par leur esprit satirique de rébellion et leur refus de se soumettre, ces dessinateurs et journalistes nous ont tiré de notre solitude.
Merci pour votre courage.
Rédigé par Marjorie Rafécas le Mercredi 7 Janvier 2015 à 23:50
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Dimanche 4 Mai 2014D'après certains économistes (en particulier Andrew E. Clark), le critère qui influerait le plus dans la capacité à être heureux dans les pays riches serait l'âge, et non pas la situation professionnelle, familiale ou le fait d'être un homme ou une femme.
En effet, le bien être en Occident suivrait une courbe en U, dénommée la courbe du "sourire" : en hausse à l'adolescence, elle chuterait progressivement à son plus bas à 50 ans, pour mieux renaître et atteindre l'extase vers 60 ans. La tranche d'âge des 40 -50 ans serait la période la plus difficile à vivre, un cap à franchir. Pourquoi cette période charnière des 40 ans ? Peut-être un effet "génération sandwich". En Afrique, la courbe serait plate et au Moyen Orient, déclinante. Ce n'est malheureusement pas non plus une courbe universelle !
Bonne nouvelle alors pour les pays occidentaux : le vieillissement permettrait d'être plus heureux. Cette courbe devrait donc contribuer à redonner le sourire à ceux qui connaissent la crise de la quarantaine :-)
Source du graphique :
Le Point, 1er mai 2014, Dossier "25 recettes pour être heureux", p. 61.
Bonne nouvelle alors pour les pays occidentaux : le vieillissement permettrait d'être plus heureux. Cette courbe devrait donc contribuer à redonner le sourire à ceux qui connaissent la crise de la quarantaine :-)
Source du graphique :
Le Point, 1er mai 2014, Dossier "25 recettes pour être heureux", p. 61.
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Dimanche 5 Janvier 2014
Le titre "La femme parfaite est une connasse" (de A.S et M.A Girard) sorti en 2013 est racoleur. Bien entendu, ce livre très léger ne vous apportera aucune réponse. Sinon quelques minutes de rire. Juste un petit "shooter" d'humour très chicklitt pour attaquer la nouvelle année sans culpabilité.
Personnellement, je l'ai lu déjà d'une part parce qu'il est court et pas cher (avouons-le, je ne vais pas faire ma "connasse") et d'autre part, parce qu'il correspond à un phénomène de société (occidentale) où les femmes commencent à être plus performantes que les hommes.
L'image de la femme parfaite rôde ainsi dans tous les magazines et devient limite oppressante pour les femmes qui souhaitent juste être "normales". Mais quelle est aujourd'hui la norme ? Dans le magazine CLES de juillet dernier, un article titré "Il vaut mieux naître fille", on y apprend qu'en 2009, les femmes sont aux Etats-Unis majoritaires sur le marché de l'emploi et le nombre de celles qui gagnent plus de 100 000 dollars par an augmente plus vite que pour les hommes. En 2028, le revenu moyen de l'Américaine dépasserait celui de l'Américain. Autre chiffre révélateur pioché dans un article sur les "panks", aux USA, 42% des femmes entre 14 et 44 ans n'ont pas d'enfant. Aussi, quand on voit à la une d'un magazine, la photo sexy de Marissa Mayer, PDG de Yahoo, brush parfait et bouts pointus, on se dit que les femmes mettent la barre encore plus haut que les hommes... On regrette déjà l'image du bon père de famille. Cette tendance à l'over-contrôle, à la surperformance, est carrément inquiétante.
Ce qui est alors rassurant en lisant "La femme parfaite est une connasse", est de se rendre compte que l'on a toutes en nous une des particularités de la femme parfaite. Certaines achètent du bio, d'autres bricolent, portent des talons de 15 cm, sont organisées, savent faire des cupcakes, n'ont pas de cellulite, ne lisent jamais Voici, ont réussi à se marier, ont des beaux enfants... Ce qui est en revanche impossible c'est de réunir toutes ces qualités dans la même femme. Respirez, la femme parfaite n'existe pas. Et il y a donc très peu de connasses !
Mais ce qui est surtout amusant est de voir sur Amazon les réactions de certaines femmes qui ont pris ce petit opuscule un peu trop au sérieux et qui se sont senties attaquées :
"D'après les dires des auteures vu sur un plateau de télé, ce livre expliquait à la femme lambda (moi!) comment surmonter ses très nombreux complexes face à la femme parfaite (Kate Moss) je me suis donc dit que ce livre allait me remonter le moral. Que nenni! Ce livre attaque des femmes comme moi : je ne bois pas, je ne fume pas, je ne sort pas en boite, je sais cuisiner, j'ai un mari gentil depuis 25 ans, mes enfants sont casés et ont un bon métier et je n'ai pas une "vie de m****". Pour elle, je suis donc une connasse, lol. Pourtant j'ai un physique plutôt commun et je suis un peu boulotte. Alors quid!"
"Plus sérieusement je me suis dit "oh chic un livre qui va démonter un peu toutes ces poufs qui s'y croient à vouloir se la jouer starlette", pour moi c'était ça être une connasse!
En fait non: être une connasse c'est avoir une vie normale (ou, selon les auteures, une vie de m***!) une relation sérieuse, ne pas coucher le premier soir avec le premier mec rencontré lors d'une rencontre en boîte alors qu'on est bourrée (car il faut forcément être bourrée pour ne pas être une connasse), avoir un talent quelconque aussi basique que "savoir cuisiner autre chose que du micro-ondable"... "
"Je pensais rire mais cette femme est haineuse en fait. Pour écrire son bouquin elle a listé tous les défauts qu'il est possible d'avoir (quand on est parisienne et victime de la mode, fumeuse, buveuse, jalouse, avec une bande de vraies fausses copines pourries etc). Et ensuite, elle a décidé que tout le monde ou presque était comme ça. Et que donc toutes celles qui n'avaient pas ces défauts là étaient des connasses. Voilà c'est ça le principe du bouquin."
(source : http://www.amazon.fr/product-reviews/229005948X/ref=dp_top_cm_cr_acr_txt?ie=UTF8&showViewpoints=1)
Les femmes ne sont décidément pas prêtes à se mettre d'accord sur ce que devrait être la perfection... et heureusement ! Restons libres de penser comme on a envie et détendons-nous.
Bonne année 2014 en toute décontraction !
Ce qui est alors rassurant en lisant "La femme parfaite est une connasse", est de se rendre compte que l'on a toutes en nous une des particularités de la femme parfaite. Certaines achètent du bio, d'autres bricolent, portent des talons de 15 cm, sont organisées, savent faire des cupcakes, n'ont pas de cellulite, ne lisent jamais Voici, ont réussi à se marier, ont des beaux enfants... Ce qui est en revanche impossible c'est de réunir toutes ces qualités dans la même femme. Respirez, la femme parfaite n'existe pas. Et il y a donc très peu de connasses !
Mais ce qui est surtout amusant est de voir sur Amazon les réactions de certaines femmes qui ont pris ce petit opuscule un peu trop au sérieux et qui se sont senties attaquées :
"D'après les dires des auteures vu sur un plateau de télé, ce livre expliquait à la femme lambda (moi!) comment surmonter ses très nombreux complexes face à la femme parfaite (Kate Moss) je me suis donc dit que ce livre allait me remonter le moral. Que nenni! Ce livre attaque des femmes comme moi : je ne bois pas, je ne fume pas, je ne sort pas en boite, je sais cuisiner, j'ai un mari gentil depuis 25 ans, mes enfants sont casés et ont un bon métier et je n'ai pas une "vie de m****". Pour elle, je suis donc une connasse, lol. Pourtant j'ai un physique plutôt commun et je suis un peu boulotte. Alors quid!"
"Plus sérieusement je me suis dit "oh chic un livre qui va démonter un peu toutes ces poufs qui s'y croient à vouloir se la jouer starlette", pour moi c'était ça être une connasse!
En fait non: être une connasse c'est avoir une vie normale (ou, selon les auteures, une vie de m***!) une relation sérieuse, ne pas coucher le premier soir avec le premier mec rencontré lors d'une rencontre en boîte alors qu'on est bourrée (car il faut forcément être bourrée pour ne pas être une connasse), avoir un talent quelconque aussi basique que "savoir cuisiner autre chose que du micro-ondable"... "
"Je pensais rire mais cette femme est haineuse en fait. Pour écrire son bouquin elle a listé tous les défauts qu'il est possible d'avoir (quand on est parisienne et victime de la mode, fumeuse, buveuse, jalouse, avec une bande de vraies fausses copines pourries etc). Et ensuite, elle a décidé que tout le monde ou presque était comme ça. Et que donc toutes celles qui n'avaient pas ces défauts là étaient des connasses. Voilà c'est ça le principe du bouquin."
(source : http://www.amazon.fr/product-reviews/229005948X/ref=dp_top_cm_cr_acr_txt?ie=UTF8&showViewpoints=1)
Les femmes ne sont décidément pas prêtes à se mettre d'accord sur ce que devrait être la perfection... et heureusement ! Restons libres de penser comme on a envie et détendons-nous.
Bonne année 2014 en toute décontraction !
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Mercredi 5 Juin 2013Provoquer une relation "amoureuse" dans le but d'écrire un livre en profitant de la notoriété de l'homme piégé, j'ai trouvé au début la méthode de Marcela Iacub malhonnête et pleine de trahison... Je me suis dit, arrêtons avec le voyeurisme et la facilité. Puis après, en prenant du recul, j'ai essayé de me mettre à sa place et je me suis dit que pour une femme, elle n'avait quand même pas manqué de courage, même si son l'intention reste fort critiquable. Puis, je voulais me rendre compte par moi-même de son style littéraire, tant remis en cause par la presse ! Eh bien, c'est quand même mieux que du Christine Angot.
Autre critère qui m'a convaincu : le livre est très court. Je me suis dit que pour un livre qui allait peut-être participer à l'histoire de la politique française, cela ne représentait pas un énorme investissement.
Au début du livre, on découvre un DSK plus imaginatif que l'auteur de 50 shades of grey, presque érotiquement poétique, "Je lèche tes souvenirs" (pour lécher les oreilles). Puis, dès les 20 premières pages lues, les choses se gâtent, DSK devient une métaphore porcine, un schizophrène déchiré entre le cochon et l'homme politique égoïste et salaud. Marcela Iacub arrive à nous dégoûter du personnage de DSK. Elle le dépeint comme un être excessivement grossier "Grâce à toi espèce de truie, espèce de rien, je me mange, je me jouis, je sens mon goût"... Il va même jusqu'à être cannibale ! La scène où il lui mange un bout de l'oreille est totalement abjecte. (d'ailleurs avez-vous observé les oreilles de Marcela Iacub récemment ?)
Il faut saluer le côté "kamikaze de la vérité" de l'auteur, même si elle n'est pas Voltaire. Elle a vraiment cherché à comprendre le cochon et a même trouvé des circonstances atténuantes à DSK, comme celle d'avoir voulu se venger inconsciemment de sa femme...
Même si ce livre n'est pas un "grand" livre, j'y vois au moins trois vertus :
- il met en valeur le cochon, ce pauvre animal qui est tant méprisé dans notre société (les éleveurs de cochon vont être contents). Et après tout dans la ferme des animaux de George Orwell, n'est-ce pas les cochons qui prennent le pouvoir ?
- le mythe de l'homme politique brillant prend un sacré coup de canif. Cela ne va certes pas nous réconcilier avec la politique... Est-on arrivé à la limite du système démocratique de la Vème République ? La justice devrait-elle être un vrai pouvoir en France, et non pas seulement une autorité ? Un homme politique doit-il avoir une éthique, des mœurs convenables, pour pouvoir gouverner ? Autant de questions qui méritent d'être posées... Dans ce livre, il ne faut pas y voir qu'une dénonciation des comportements de DSK, mais aussi d'une classe politique qui se croit tout permis.
- exprime d'une manière violente comment la sexualité peut mal tourner et dévier vers des mœurs étranges comme le cannibalisme...
Et dernier effet : vous aurez envie de goûter le mascara par curiosité !
Belle et bête, Marcela Iacub, un livre à lire ou pas :-)
Au début du livre, on découvre un DSK plus imaginatif que l'auteur de 50 shades of grey, presque érotiquement poétique, "Je lèche tes souvenirs" (pour lécher les oreilles). Puis, dès les 20 premières pages lues, les choses se gâtent, DSK devient une métaphore porcine, un schizophrène déchiré entre le cochon et l'homme politique égoïste et salaud. Marcela Iacub arrive à nous dégoûter du personnage de DSK. Elle le dépeint comme un être excessivement grossier "Grâce à toi espèce de truie, espèce de rien, je me mange, je me jouis, je sens mon goût"... Il va même jusqu'à être cannibale ! La scène où il lui mange un bout de l'oreille est totalement abjecte. (d'ailleurs avez-vous observé les oreilles de Marcela Iacub récemment ?)
Il faut saluer le côté "kamikaze de la vérité" de l'auteur, même si elle n'est pas Voltaire. Elle a vraiment cherché à comprendre le cochon et a même trouvé des circonstances atténuantes à DSK, comme celle d'avoir voulu se venger inconsciemment de sa femme...
Même si ce livre n'est pas un "grand" livre, j'y vois au moins trois vertus :
- il met en valeur le cochon, ce pauvre animal qui est tant méprisé dans notre société (les éleveurs de cochon vont être contents). Et après tout dans la ferme des animaux de George Orwell, n'est-ce pas les cochons qui prennent le pouvoir ?
- le mythe de l'homme politique brillant prend un sacré coup de canif. Cela ne va certes pas nous réconcilier avec la politique... Est-on arrivé à la limite du système démocratique de la Vème République ? La justice devrait-elle être un vrai pouvoir en France, et non pas seulement une autorité ? Un homme politique doit-il avoir une éthique, des mœurs convenables, pour pouvoir gouverner ? Autant de questions qui méritent d'être posées... Dans ce livre, il ne faut pas y voir qu'une dénonciation des comportements de DSK, mais aussi d'une classe politique qui se croit tout permis.
- exprime d'une manière violente comment la sexualité peut mal tourner et dévier vers des mœurs étranges comme le cannibalisme...
Et dernier effet : vous aurez envie de goûter le mascara par curiosité !
Belle et bête, Marcela Iacub, un livre à lire ou pas :-)
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Merci à Emmanuelle Collas et à tous ceux qui l'ont aidée pour lancer le concept d'une fête de la philo. C'est une excellente initiative ! Cela va nous permettre en ces temps de crise et de grisaille de sortir "notre tête du guidon" et de nous échapper du tyrannique casse-tête de remplir sa feuille d'impôt. Prendre du recul, c'est ce dont on a résolument besoin... Car tout va trop vite, même Facebook !
D'ailleurs, j'ai décidé d'en profiter et de commencer la fête par de la philo rock'n'roll : un concert 50% rock 50% philo à la Bellevilloise à Paris ce samedi 1er juin, intitulé "Philoconcert, Désirs", joué et interprété par Francis Métivier, auteur de Rock'n philo (voir notre article du 12/09/2011 sur le livre Rock'n philo http://www.wmaker.net/philobalade/Rock-n-philo-mieux-comprendre-le-rock-grace-a-la-philo_a50.html .
Un combiné de fête de la musique et de fête de la philo : http://fetedelaphilo.com/event-items/philoconcert-desirs
Toute la France est invitée à célébrer cet hommage à la pensée sous toutes ces formes : lecture, conférence, café philo, musique, émissions etc.
Une fête à consommer sans modération jusqu'au 17 juin !
Information sur : http://fetedelaphilo.com/://
Un combiné de fête de la musique et de fête de la philo : http://fetedelaphilo.com/event-items/philoconcert-desirs
Toute la France est invitée à célébrer cet hommage à la pensée sous toutes ces formes : lecture, conférence, café philo, musique, émissions etc.
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Samedi 6 Avril 2013Remercions L'Express (édition du 20 mars 2013) d'avoir consacré un nouveau dossier sur le triomphe des pervers narcissiques. C'est le type de personnalité que l'on rencontre assez fréquemment (voire même trop souvent) et on n'arrive pas à nommer le mal dont on est victime. Lorsqu'on a la malchance de tomber sur une personnalité névrosée, on a toujours tendance d'abord à remettre en cause sa propre personnalité : suis-je trop émotif, trop paranoïaque, anxieux etc. ? En revanche, le bourreau, lui, ne se remet jamais en question et continue à prospérer dans le harcèlement.
Les pervers narcissiques, les "SOB" Seductive operational bully, représenteraient 3,9% des cadres en entreprise d'après le professeur Manfred Kets de Vries. Ces personnalités sont attirées par le pouvoir, donc point étonnant de les retrouver à des postes hiérarchiques. Ils sont dangereux car ils peuvent provoquer une véritable hémorragie des talents. Les ressources humaines ne sont pas armées pour détecter ce type de personnalité.
D'après le psychiatre Dominique Barbier, notre société, en perte de valeurs morales (en témoigne encore la récente affaire Cahuzac), serait devenue "une fabrique de pervers". Ils représenteraient 10% de la population, ce qui n'est guère rassurant !
Jean-Marc Mialet (Psychiatre enseignant à l'université Paris V) va encore plus loin et estime que La France "pays imbu de lui-même" est un terreau pour les pervers narcissiques. Le pervers aime "tirer les ficelles et jouer sur la peur". Les pervers narcissiques ne prospèrent pas que dans les entreprises, mais aussi dans la politique et dans les fonctions les plus hautes de l'Etat. "En France, où la posture importe davantage que les résultats obtenus ou les échecs répétés. C'est toute l'ambiguïté de notre pays, qui a voulu se priver des rois mais continue à en réclamer. Nulle part ailleurs on ne retrouve un tel mythe de l'homme providentiel". D'après ce psychiatre, le corps social français serait imbu de lui-même. Un peu de pragmatisme nous permettrait de nous protéger de ce type d'individus.
Il faut croire qu'en France, à cause de notre amour pour la théorie et l'abstraction, l'on ne fait pas assez attention aux personnalités difficiles et perverses, et on en sous-estime les effets néfastes. Notons que le terme de "pervers narcissique" n'est pas un terme très employé par les psychiatres et psychanalystes. Cette expression a été popularisée par Marie-France Hirigoyen dans son essai sur le harcèlement moral. Mais il existe toute forme de perversion, nous avons également la famille des pervers paranoïaques. Tiens parlons d'ailleurs des paranoïaques. Il ne faudrait pas non plus les oublier ! D'après le livre "Comment gérer les personnalités difficiles" de François Lelord et Christophe André, ces personnalités paranoïaques ont joué un rôle important dans l'histoire. C'était le cas de Staline et Hitler. On retrouve souvent ce type de personnalité chez les dictateurs. Comme le souligne Paul Lerner dans un article sur les "nazis sur le divan" (article paru dans le Time Literary repris et traduit par D. Veaudor dans la revue Books mars 2013), "la psychanalyse dont l'histoire est elle-même si remarquablement liée à celle du fascisme, a beaucoup à nous apprendre sur le magnétisme de dirigeants charismatiques et ce qui motive leurs disciples. Elle se révèle indispensable pour analyser la façon dont des évènements traumatiques s'inscrivent dans des formes d'expression culturelle".
Peut-être est-ce l'enseignement de l'histoire en France qui n'est pas assez pragmatique et du coup, nous donnerait pas assez d'armes pour comprendre l'enchaînement des faits politiques actuels. Les professeurs de collège et lycée n'insistent en effet pas assez sur les causes psychologiques des évènements historiques. Trop d'idéologie nous éloigne de la réalité et des "vrais" causes de l'histoire. Les grandes causes ne sont souvent que le résultat d'une grande somme de petites causes...
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Samedi 26 Janvier 2013Fifty Shades of Grey ou comment échapper à ce tapage médiatique si grossier. Pas besoin de l'acheter, on est déjà harcelé par des extraits choisis dans n'importe quel magazine féminin. Comment 1 million de lectrices ont pu succombé à ce roman, où au bout de la 3ème ligne, je bâille déjà ! Cela veut dire que le marketing à coup de marteau est terriblement efficace même quand on vend un navet... Je suis réellement impressionnée par le pouvoir de la publicité (même si en tant que marketer, il serait temps que je réalise que la marketing adapté à Mme "Michu" est plus porteur que le positionnement décalé et original).
"J'ai survécu au Troisième Jour Après Christian et à mon premier jour au bureau. Toute distraction a été bienvenue. Le temps a filé dans une brume de nouveaux visages, de nouvelles tâches à accomplir (...). Bien sûr je peux me payer une voiture - une belle voiture neuve. (...) ". (extraits du tome 2 "Cinquante nuances plus sombres). Avouons-le, c'est mal écrit et absolument inintéressant. Les personnages de Christian et Anastasia sont totalement inodores et incolores (bien pires que ceux de la collection Harlequin). Et pourquoi mettre une majuscule à Troisième, à Jour et à Après, l'auteur a tellement peu d'expressivité, qu'elle a besoin de rajouter des majuscules à des mots d'une banalité sans fin. En 2012, on est tombé bien bas... C'est l'inflation du mauvais goût.
Quant au côté soi-disant érotique, il faut le chercher. Je ne sais pas si c'est la vision anglo-saxonne de la sexualité, mais c'est très procédurier et complètement lymphatique. Il serait temps d'y mettre un peu de piment. Je vous en livre des extraits "Mon peignoir s'ouvre et je suis paralysée par son regard brûlant. Puis il le fait glisser sur mes épaules et le laisse choir à mes pieds. Je me tiens à présent nue devant lui. Il caresse mon visage du dos de sa main et son contact se répercute jusqu'au fond de mon sexe." Au secours, on s'ennuie. C'est nunuche à souhait et sans rythme. C'est plat à 180 degrés. Merci au magazine Elle d'en avoir publié quelques extraits, cela m'a évité de faire une grave d'erreur si je l'avais acheté !
En 2013, j'espère que les éditeurs vont arrêter de nous proposer des livres qui nous font perdre du temps et de l'argent. Disons-le, ce livre est insultant.
Je respecte les personnes qui l'ont acheté... Mais je suis sûre qu'à la place, ils auraient pu lire d'autres livres bien plus talentueux et sulfureux.
2013, soyez exigeants !
En publiant mon article, je viens d'ailleurs de me rendre compte que je ne suis pas la seule à penser que ce livre ne mérite pas ce succès et cela me rassure !. Voici quelques autres articles sur le sujet :
- Pourquoi je ne lirai pas Fifty Shades of grey. par Colin Fay cliquer
- Pourquoi je ne lirai pas Fifty Shades of grey. par Michelle Bourque cliquer
- Pourquoi je ne lirai pas cinquante nuances de grey cliquer
- On a lu « Fifty Shades of Grey »… Tout ça pour ça ? cliquer
- «Cinquante nuances de Grey»: Anastasia Steele, pire narratrice au monde, Cécile Dehesdin cliquer
"Cinquante nuances plus sombres", d'E.L James, JC Lattès. Un livre que je n'achèterai pas...
Quant au côté soi-disant érotique, il faut le chercher. Je ne sais pas si c'est la vision anglo-saxonne de la sexualité, mais c'est très procédurier et complètement lymphatique. Il serait temps d'y mettre un peu de piment. Je vous en livre des extraits "Mon peignoir s'ouvre et je suis paralysée par son regard brûlant. Puis il le fait glisser sur mes épaules et le laisse choir à mes pieds. Je me tiens à présent nue devant lui. Il caresse mon visage du dos de sa main et son contact se répercute jusqu'au fond de mon sexe." Au secours, on s'ennuie. C'est nunuche à souhait et sans rythme. C'est plat à 180 degrés. Merci au magazine Elle d'en avoir publié quelques extraits, cela m'a évité de faire une grave d'erreur si je l'avais acheté !
En 2013, j'espère que les éditeurs vont arrêter de nous proposer des livres qui nous font perdre du temps et de l'argent. Disons-le, ce livre est insultant.
Je respecte les personnes qui l'ont acheté... Mais je suis sûre qu'à la place, ils auraient pu lire d'autres livres bien plus talentueux et sulfureux.
2013, soyez exigeants !
En publiant mon article, je viens d'ailleurs de me rendre compte que je ne suis pas la seule à penser que ce livre ne mérite pas ce succès et cela me rassure !. Voici quelques autres articles sur le sujet :
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Dimanche 15 Avril 2012
«- Tu es et tu resteras toujours une petite bourgeoise moraliste. Comme Camus.
Cécile fulminait. Elle a rétorqué d’un ton calme :
- Toi tu es et tu resteras toujours un petit con prétentieux. Comme Sartre. »
Cet extrait du livre "Le club des incorrigibles optimistes" de Jean-Michel Guenassia illustre bien dans quel état d’esprit belliqueux on débattait à l’époque de Sartre et de Camus. Il fallait à tout prix choisir son camp.
Couverture du livre, Sartre and Camus, a historical confrontation, à lire aussi.
Camus ou Sartre ? Cela revenait de façon très caricaturale à devoir choisir entre un communisme révolutionnaire ou la modération d’une morale bourgeoise. L’amitié entre Sartre et Camus s’est brisée du fait de leur différence d’opinion politique et sur leur conception de l’histoire. Le communisme les a divisés et l’indépendance de l’Algérie les a définitivement éloignés. Le décès brutal de Camus en 1960 ne permit pas réellement de poursuivre le débat. Sartre finira mollement vainqueur de leur querelle, du fait que le titre officiel de « philosophe » pour Camus a toujours été contesté par les universitaires français. Mais, en 2012, Michel Onfray a le mérite de reposer le débat. Car finalement, on n’a jamais réellement rendu justice aux idées de Camus, même si ses romans sont les plus lus au monde. Pourtant, sa lucidité était bien plus probante que celle de notre existentialiste qui ne voulait pas reconnaître la réalité des Goulags.
Lors de son discours du 10 décembre 1957, Camus surprend aujourd’hui par son côté extra-visionnaire : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse ». Un propos d’une extrême actualité au regard de la situation du monde en 2012. Michel Onfray a raison, le style de Camus est vrai et sonne juste. « Camus reproduit cette ascèse dans sa langue, son écriture, son style : efficace, simple, clair, direct, ignorant l’inutile, allant au nécessaire. Une prose utile pour dire les choses justes et vraies. »
Pourquoi avoir privé Albert Camus de l’estampille « philosophe » pendant tant d’années ? Il semblerait que lorsque l’on écrit trop clairement, cela reste douteux pour certains professeurs de philosophie… Même si Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, paraît-il… Même punition pour Voltaire d’ailleurs !
Avouons que ce manque de reconnaissance est réellement mystérieux. Comment l’auteur de « La nausée » a-t-il pu être pris plus au sérieux que l’homme révolté ? Cela ferait-il plus crédible de se sentir mal dans sa peau ?!
Peut-être que Michel Onfray a raison quand il oppose les philosophies convenues « apolliniennes » à celles dionysiennes. Camus avait mal choisi son camp.
Ce qui est néanmoins étonnant est qu’en 2012, nous nous passionnons encore pour des combats du XXème siècle qui n’ont jamais été réglés. Nous nous cognons toujours aux mêmes débats idéologiques et ne réussissons pas à les transgresser. Le clivage Camus/Sartre est le reflet de l’histoire politique française. Est-ce par nostalgie que nous re-débattons toujours des mêmes idées ? Ou par manque d’idées nouvelles ? En tout cas, les idées de Camus n’ont jamais paru aussi jeunes ! Reconnaissons que Michel Onfray a eu raison de ressortir de l’inconscient collectif cette vieille querelle au goût du jour, et surtout de rendre honneur à Albert Camus, sobre et sincère.
D’ailleurs, avons-nous réellement tranché entre Rousseau et Voltaire ? Pas vraiment. Mais cette faculté de ne jamais trancher, n’est-ce pas aussi le charme français et le reflet de son esprit paradoxal ?
Michel Onfray, L’ordre libertaire, la vie philosophique d’Albert Camus.
Lors de son discours du 10 décembre 1957, Camus surprend aujourd’hui par son côté extra-visionnaire : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse ». Un propos d’une extrême actualité au regard de la situation du monde en 2012. Michel Onfray a raison, le style de Camus est vrai et sonne juste. « Camus reproduit cette ascèse dans sa langue, son écriture, son style : efficace, simple, clair, direct, ignorant l’inutile, allant au nécessaire. Une prose utile pour dire les choses justes et vraies. »
Pourquoi avoir privé Albert Camus de l’estampille « philosophe » pendant tant d’années ? Il semblerait que lorsque l’on écrit trop clairement, cela reste douteux pour certains professeurs de philosophie… Même si Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, paraît-il… Même punition pour Voltaire d’ailleurs !
Avouons que ce manque de reconnaissance est réellement mystérieux. Comment l’auteur de « La nausée » a-t-il pu être pris plus au sérieux que l’homme révolté ? Cela ferait-il plus crédible de se sentir mal dans sa peau ?!
Peut-être que Michel Onfray a raison quand il oppose les philosophies convenues « apolliniennes » à celles dionysiennes. Camus avait mal choisi son camp.
Ce qui est néanmoins étonnant est qu’en 2012, nous nous passionnons encore pour des combats du XXème siècle qui n’ont jamais été réglés. Nous nous cognons toujours aux mêmes débats idéologiques et ne réussissons pas à les transgresser. Le clivage Camus/Sartre est le reflet de l’histoire politique française. Est-ce par nostalgie que nous re-débattons toujours des mêmes idées ? Ou par manque d’idées nouvelles ? En tout cas, les idées de Camus n’ont jamais paru aussi jeunes ! Reconnaissons que Michel Onfray a eu raison de ressortir de l’inconscient collectif cette vieille querelle au goût du jour, et surtout de rendre honneur à Albert Camus, sobre et sincère.
D’ailleurs, avons-nous réellement tranché entre Rousseau et Voltaire ? Pas vraiment. Mais cette faculté de ne jamais trancher, n’est-ce pas aussi le charme français et le reflet de son esprit paradoxal ?
Michel Onfray, L’ordre libertaire, la vie philosophique d’Albert Camus.
FLASH-INFO pour ne pas perdre le PHIL
Mardi 5 Avril 2011C'est ce que l'on peut découvrir dans une interview de Marjorie Poeydomenge, auteure de Descartes n'était pas Vierge, à propos du lien entre l'astrologie et la philosophie, réalisée par L'action littéraire (Jean-Christophe Grellety). La philosophie grecque a été bien plus puissante que l'on le soupçonne...
Action Littéraire (AL) : Vous avez suivi des études de philosophie. Vous savez que dans cet espace de sens, il y a, depuis les Grecs, une division entre ce qui relève de la «Raison» et de ce qui est hors de, l'opposition, rationnel/irrationnel, et que depuis longtemps l'astrologie est réputée appartenir à l'irrationnel. Comment expliquez-vous ce cheminement intellectuel qui vous a conduit à valider à priori les principes de sens de l'astrologie, puisque vous avez publié cet ouvrage qui fait le portrait des principales figures de l'histoire de la philosophie à l'aune des principes de l'astrologie ?
Marjorie Poeydomenge (MP) : Il est vrai qu’avoir pris la décision de décrire les philosophes par leur signe astrologique est un cheminement intellectuel assez étrange pour une personne attachée à la discipline philosophique et je comprends que cela puisse surprendre ! D’autant plus que je ne suis pas du tout astrologue. En fait, cette idée est née d’un pari que j’avais hasardeusement pris avec un collègue. Il m’avait mis au défi que puisque j’accordais un peu de crédit aux portraits zodiacaux de l’astrologie et que je m’intéressais énormément à la philosophie, de deviner le signe astrologique (solaire) de Kant, Rousseau, Nietzsche etc. D’un point de vue purement statistique, j’avais donc 1 chance sur 12 de « tomber juste ». Et ce fut le cas pour Rousseau (Cancer) et Kant (Taureau). Comment expliquer ce hasard ? Je ne saurais vraiment l’élucider. Mais du coup, cela m’a donné envie d’écrire un livre sur les philosophes et leur signe astrologique. Je me suis dit : pourquoi pas tenter ce pari insolent ?! Certes, complètement en contre-pied du rationalisme pur et dur, mais pouvant également susciter des nouvelles interrogations et proposer des portraits innovants en adéquation avec les portraits zodiacaux connus du grand public. Le projet était stimulant, mais il a fallu énormément d’énergie et de travail pour arriver au bout ! Car il y a très peu de littérature sérieuse sur l’astrologie (mais j’en ai tout de même trouvé, notamment les écrits de Suzel Fuzeau-Braesch) et surtout, il a fallu que j’analyse les théories les plus connues des philosophes pour vérifier si ces dernières coïncidaient avec leur signe astrologique et que je parcoure leur biographie pour tenter de déceler dans leur personnalité des « signes » de leur portrait zodiacal… Au cours de ce travail, même si dans mon livre je n’évoque pas les philosophes grecs (pour la raison toute simple qu’il m’était difficile de m’assurer de leur date de naissance), j’ai été très étonnée de l’influence de la philosophie grecque sur l’astrologie que nous utilisons aujourd’hui. Ainsi pour en revenir à votre question de départ, sur l’opposition entre rationnel et irrationnel, si l’on respecte vraiment l’histoire des idées philosophiques, on devrait connaître (et admettre) le rôle de la philosophie grecque dans la rationalisation de l’astrologie et sa propagation. La philosophie grecque et l’astrologie n’étaient pas à l’époque en opposition. C’est la philosophie grecque qui a contribué à l’idée que l’astrologie pouvait être une « science ». Même les maîtres des mathématiques et de la géométrie comme Pythagore lui ont accordé du crédit et ont favorisé son essor. C’est également Empédocle avec sa théorie des 4 éléments (eau, terre, feu et air) qui a influencé les 4 éléments utilisés en astrologie, et notamment ceux utilisés dans la médecine d’Hippocrate. Mieux encore, c’est Philippe d’Oponte, un disciple de Platon, qui a associé les planètes avec les noms des dieux de la mythologie. Enfin, autre point que j’ai découvert et qui m’a surprise : c’est sous l’influence des stoïciens que les planètes sont devenues des divinités, car l’astrologie allait dans le sens de leur conception de la rigidité du destin. Par conséquent on devrait être sensible à la conclusion de S. Fuzeau-Braesch dans le Que sais-je sur L’astrologie de 1989 : « c’est tout le génie grec scientifique et rationnel qui va induire une nouvelle naissance à la tradition séculaire de l’astrologie chaldéo-babylonienne ». Comment alors prétendre que l’astrologie est à l’origine irrationnelle ? Elle n’est peut-être pas scientifique, mais elle peut être tout à fait rationnelle.
AL : Qu'est-ce que pour vous l'astrologie ?
MP : C’est avant tout une grille de portraits psychologiques, représentée par les 12 signes du Zodiaque. Je ne suis pas du tout intéressée par son côté prédictif et n’apprécie pas le concept de « voyance » qui ne fait qu’aliéner notre liberté et nous donner des mauvaises excuses pour ne pas agir ou ne pas se remettre en question. Ce sont les prédictions qui ont le plus desservi l’astrologie. Prédire le futur dérange car il remet en cause l’idée d’un libre-arbitre. Maintenant, nous pouvons admettre qu’il y ait des influences, mais ces influences ne déterminent pas, là est la nuance, pour couper avec le côté sectaire de l’ésotérisme fataliste. L’astrologie est plus proche d’une météorologie que d’une boule de cristal. D’ailleurs, c’est ainsi que la majorité des gens la conçoivent, à travers l’horoscope du journal, qui est né au départ dans la presse américaine et qui a été popularisé en France dans les années 30. L’horoscope est alors entré dans les mythologies de Roland Barthes. L’horoscope n’est pas du tout perçu comme une science, mais les portraits zodiacaux intriguent et suscitent des interrogations. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’au cours d’un dîner ou d’une conversation professionnelle, votre interlocuteur puisse vous demander votre signe astrologique. En dehors de cette vulgarisation des horoscopes qui est certes amusante et légère mais qui n’a au fond aucune crédibilité, j’ai pu découvrir dans mes recherches un univers de l’astrologie bien plus subtil que les caricatures populaires que nous en avons. Rappelons que l’astrologie est née de l’émerveillement des Hommes face au ciel nocturne. Et l’émerveillement, n’est-il pas le point de départ de toute démarche philosophique ? Si l’on réfléchit bien à l’apport de l’astrologie, celle-ci a créé un ordre du temps. Notre calendrier est lié à cette conception du temps. D’ailleurs, il est important pour tout être humain de domestiquer le temps. Notre calendrier est divisé en 12 mois (chiffre 12 qui rappelle le nombre des signes du Zodiaque), qui sont eux-mêmes découpés en semaine de 7 jours, correspondant à une phase de lune. Ainsi, la notion de semaine est liée aux phases lunaires. Les noms des jours de nos semaines tirent leur origine d’un dieu planétaire (Lundi-Lune, Mardi-Mars, Mercredi-Mercure etc.). L’astrologie occidentale (qui dérive en fait de l’astrologie grecque) se fonde uniquement sur le système solaire, appelée « le zodiaque tropical ». Du reste, j’en profite pour faire un petit clin d’œil à l’actualité de ces derniers mois qui a bien « buzzé » dans la presse, depuis l’article de Robert Roy Britt dans Live Science, que tous les signes du Zodiaque seraient faux à cause de la précession des équinoxes. Sans entrer dans le débat de savoir si l’astrologie sidérale (qui définit les signes du zodiaque par rapport à la position des vraies constellations) est plus authentique que l’astrologie tropicale (celle que nous utilisons en Occident, 12 signes égaux de 30°), cette soi-disant découverte est loin d’être une nouveauté ! La précession des équinoxes qui fait bouger la position des constellations avait déjà été découverte II siècles avant J-C par Hipparque, astronome grec ! Il est vrai que l’astrologie a dû mal à gagner en crédibilité, mais si en plus la presse scientifique fait passer pour des découvertes des phénomènes qui ont été découverts des siècles avant J-C, on ne peut pas dire que nous soyons complètement objectifs et neutres vis à vis de cette discipline qui date de 5000 ans ! Un peu de sérieux ne ferait pas de mal, même chez les plus rationnels d’entre nous. Et comme dirait Claude Levi-Strauss, « L’astrologie a été un grand système, car elle a aidé l’homme à penser pendant des millénaires ». Ainsi, un peu de respect pour nos ancêtres n’est pas complètement à proscrire.
(Pour information et les astrophiles, c’est bel et bien l’astrologie tropicale que j’ai utilisée dans mon livre comme grille de référence ainsi que le signe solaire, n’en déplaise à Françoise Hardy… Car ce que me reproche F. Hardy, le fait de n’avoir utilisé que le signe solaire comme grille de classification des philosophes, notre chanteuse-astrologue ne se l’est pas appliqué à elle-même, notamment dans son livre Les rythmes du Zodiaque où elle utilise surtout le signe solaire de personnes célèbres. Ainsi, nul n’est parfait…)
AL : Depuis la Renaissance, les intellectuels européens ont construit l'idée de l'identité d'un sujet humain qui est, en son cœur même, «libre». Depuis, des études dans des disciplines diverses ont révélé des couches de conditionnement et de détermination, à des degrés divers. Bref, le sujet humain, «libre», est sous influence, multiple. C'est bien ce que vous nous expliquez à propos de ces «philosophes» que vous dépossédez d'une part de leur volonté et intelligence, puisqu'ils veulent s'attribuer tout. Placer la pensée sous la domination d'influences cosmiques comme physiques, est-ce que vous pensez que les professeurs de philosophie peuvent vous entendre et vous comprendre ?
Pour lire la suite et télécharger le PDF de l'entretien :
cliquer ici
Marjorie Poeydomenge (MP) : Il est vrai qu’avoir pris la décision de décrire les philosophes par leur signe astrologique est un cheminement intellectuel assez étrange pour une personne attachée à la discipline philosophique et je comprends que cela puisse surprendre ! D’autant plus que je ne suis pas du tout astrologue. En fait, cette idée est née d’un pari que j’avais hasardeusement pris avec un collègue. Il m’avait mis au défi que puisque j’accordais un peu de crédit aux portraits zodiacaux de l’astrologie et que je m’intéressais énormément à la philosophie, de deviner le signe astrologique (solaire) de Kant, Rousseau, Nietzsche etc. D’un point de vue purement statistique, j’avais donc 1 chance sur 12 de « tomber juste ». Et ce fut le cas pour Rousseau (Cancer) et Kant (Taureau). Comment expliquer ce hasard ? Je ne saurais vraiment l’élucider. Mais du coup, cela m’a donné envie d’écrire un livre sur les philosophes et leur signe astrologique. Je me suis dit : pourquoi pas tenter ce pari insolent ?! Certes, complètement en contre-pied du rationalisme pur et dur, mais pouvant également susciter des nouvelles interrogations et proposer des portraits innovants en adéquation avec les portraits zodiacaux connus du grand public. Le projet était stimulant, mais il a fallu énormément d’énergie et de travail pour arriver au bout ! Car il y a très peu de littérature sérieuse sur l’astrologie (mais j’en ai tout de même trouvé, notamment les écrits de Suzel Fuzeau-Braesch) et surtout, il a fallu que j’analyse les théories les plus connues des philosophes pour vérifier si ces dernières coïncidaient avec leur signe astrologique et que je parcoure leur biographie pour tenter de déceler dans leur personnalité des « signes » de leur portrait zodiacal… Au cours de ce travail, même si dans mon livre je n’évoque pas les philosophes grecs (pour la raison toute simple qu’il m’était difficile de m’assurer de leur date de naissance), j’ai été très étonnée de l’influence de la philosophie grecque sur l’astrologie que nous utilisons aujourd’hui. Ainsi pour en revenir à votre question de départ, sur l’opposition entre rationnel et irrationnel, si l’on respecte vraiment l’histoire des idées philosophiques, on devrait connaître (et admettre) le rôle de la philosophie grecque dans la rationalisation de l’astrologie et sa propagation. La philosophie grecque et l’astrologie n’étaient pas à l’époque en opposition. C’est la philosophie grecque qui a contribué à l’idée que l’astrologie pouvait être une « science ». Même les maîtres des mathématiques et de la géométrie comme Pythagore lui ont accordé du crédit et ont favorisé son essor. C’est également Empédocle avec sa théorie des 4 éléments (eau, terre, feu et air) qui a influencé les 4 éléments utilisés en astrologie, et notamment ceux utilisés dans la médecine d’Hippocrate. Mieux encore, c’est Philippe d’Oponte, un disciple de Platon, qui a associé les planètes avec les noms des dieux de la mythologie. Enfin, autre point que j’ai découvert et qui m’a surprise : c’est sous l’influence des stoïciens que les planètes sont devenues des divinités, car l’astrologie allait dans le sens de leur conception de la rigidité du destin. Par conséquent on devrait être sensible à la conclusion de S. Fuzeau-Braesch dans le Que sais-je sur L’astrologie de 1989 : « c’est tout le génie grec scientifique et rationnel qui va induire une nouvelle naissance à la tradition séculaire de l’astrologie chaldéo-babylonienne ». Comment alors prétendre que l’astrologie est à l’origine irrationnelle ? Elle n’est peut-être pas scientifique, mais elle peut être tout à fait rationnelle.
AL : Qu'est-ce que pour vous l'astrologie ?
MP : C’est avant tout une grille de portraits psychologiques, représentée par les 12 signes du Zodiaque. Je ne suis pas du tout intéressée par son côté prédictif et n’apprécie pas le concept de « voyance » qui ne fait qu’aliéner notre liberté et nous donner des mauvaises excuses pour ne pas agir ou ne pas se remettre en question. Ce sont les prédictions qui ont le plus desservi l’astrologie. Prédire le futur dérange car il remet en cause l’idée d’un libre-arbitre. Maintenant, nous pouvons admettre qu’il y ait des influences, mais ces influences ne déterminent pas, là est la nuance, pour couper avec le côté sectaire de l’ésotérisme fataliste. L’astrologie est plus proche d’une météorologie que d’une boule de cristal. D’ailleurs, c’est ainsi que la majorité des gens la conçoivent, à travers l’horoscope du journal, qui est né au départ dans la presse américaine et qui a été popularisé en France dans les années 30. L’horoscope est alors entré dans les mythologies de Roland Barthes. L’horoscope n’est pas du tout perçu comme une science, mais les portraits zodiacaux intriguent et suscitent des interrogations. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’au cours d’un dîner ou d’une conversation professionnelle, votre interlocuteur puisse vous demander votre signe astrologique. En dehors de cette vulgarisation des horoscopes qui est certes amusante et légère mais qui n’a au fond aucune crédibilité, j’ai pu découvrir dans mes recherches un univers de l’astrologie bien plus subtil que les caricatures populaires que nous en avons. Rappelons que l’astrologie est née de l’émerveillement des Hommes face au ciel nocturne. Et l’émerveillement, n’est-il pas le point de départ de toute démarche philosophique ? Si l’on réfléchit bien à l’apport de l’astrologie, celle-ci a créé un ordre du temps. Notre calendrier est lié à cette conception du temps. D’ailleurs, il est important pour tout être humain de domestiquer le temps. Notre calendrier est divisé en 12 mois (chiffre 12 qui rappelle le nombre des signes du Zodiaque), qui sont eux-mêmes découpés en semaine de 7 jours, correspondant à une phase de lune. Ainsi, la notion de semaine est liée aux phases lunaires. Les noms des jours de nos semaines tirent leur origine d’un dieu planétaire (Lundi-Lune, Mardi-Mars, Mercredi-Mercure etc.). L’astrologie occidentale (qui dérive en fait de l’astrologie grecque) se fonde uniquement sur le système solaire, appelée « le zodiaque tropical ». Du reste, j’en profite pour faire un petit clin d’œil à l’actualité de ces derniers mois qui a bien « buzzé » dans la presse, depuis l’article de Robert Roy Britt dans Live Science, que tous les signes du Zodiaque seraient faux à cause de la précession des équinoxes. Sans entrer dans le débat de savoir si l’astrologie sidérale (qui définit les signes du zodiaque par rapport à la position des vraies constellations) est plus authentique que l’astrologie tropicale (celle que nous utilisons en Occident, 12 signes égaux de 30°), cette soi-disant découverte est loin d’être une nouveauté ! La précession des équinoxes qui fait bouger la position des constellations avait déjà été découverte II siècles avant J-C par Hipparque, astronome grec ! Il est vrai que l’astrologie a dû mal à gagner en crédibilité, mais si en plus la presse scientifique fait passer pour des découvertes des phénomènes qui ont été découverts des siècles avant J-C, on ne peut pas dire que nous soyons complètement objectifs et neutres vis à vis de cette discipline qui date de 5000 ans ! Un peu de sérieux ne ferait pas de mal, même chez les plus rationnels d’entre nous. Et comme dirait Claude Levi-Strauss, « L’astrologie a été un grand système, car elle a aidé l’homme à penser pendant des millénaires ». Ainsi, un peu de respect pour nos ancêtres n’est pas complètement à proscrire.
(Pour information et les astrophiles, c’est bel et bien l’astrologie tropicale que j’ai utilisée dans mon livre comme grille de référence ainsi que le signe solaire, n’en déplaise à Françoise Hardy… Car ce que me reproche F. Hardy, le fait de n’avoir utilisé que le signe solaire comme grille de classification des philosophes, notre chanteuse-astrologue ne se l’est pas appliqué à elle-même, notamment dans son livre Les rythmes du Zodiaque où elle utilise surtout le signe solaire de personnes célèbres. Ainsi, nul n’est parfait…)
AL : Depuis la Renaissance, les intellectuels européens ont construit l'idée de l'identité d'un sujet humain qui est, en son cœur même, «libre». Depuis, des études dans des disciplines diverses ont révélé des couches de conditionnement et de détermination, à des degrés divers. Bref, le sujet humain, «libre», est sous influence, multiple. C'est bien ce que vous nous expliquez à propos de ces «philosophes» que vous dépossédez d'une part de leur volonté et intelligence, puisqu'ils veulent s'attribuer tout. Placer la pensée sous la domination d'influences cosmiques comme physiques, est-ce que vous pensez que les professeurs de philosophie peuvent vous entendre et vous comprendre ?
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Dimanche 27 Février 2011C'est ce que l'on pourrait se demander à la lecture d'un article paru cette semaine dans le TéléObs, "les spectateurs se sentent pris pour des imbéciles". Les jeunes Français délaisseraient les fictions françaises télévisées au profit des séries américaines, car d'après Cécile Mingalon, directrice associée de "Séquence Marketing", les soaps françaises seraient trop "cerveau gauche". Du coup, elles sont jugées ringardes et prévisibles. Elles ne font pas vibrer.
Dans les séries américaines, "la bande-son capture les sens, stimule le cerveau droit. La musique ne se contente pas de souligner ce qui se passe à l'image. C'est un personnage à part entière". La mauvaise qualité des fictions françaises proviendrait-elle d'une mauvaise oreille musicale ? Pourtant, pour stimuler le cerveau droit, rien de tel que la musique. Aussi, l'excès de rationalité nuit à l'authenticité des personnages. "Dans les fictions américaines, on sent la crasse". Dans les films français, c'est un "pastiche de clochard". Or, ce sont les détails discrets qui ficèlent le personnage.
Autre phénomène qui expliquerait le désamour des jeunes Français pour la production française, ils ont une vision négative de leurs institutions, l'école, la police, l'hôpital etc. La police et l'hôpital made in USA sont plus exotiques. Mais peut-être est-ce aussi explicable par le fait que la représentation américaine de ces institutions fait davantage appel au cerveau droit qu'au cerveau gauche… D'ailleurs n'est-ce pas aussi vrai pour les avocats ? Ally McBeal est un personnage bien plus attachant que ceux d'Avocats et Associés. Comme par hasard, il s'agit d'une série qui manie très bien le registre musical, en particulier celui de Barry White… Quant aux magistrats, n'en parlons pas ! Rien de plus triste que la représentation des procès à la française.
Même dans l'éducation, la France recourt trop au cerveau gauche, ce qui peut nuire incontestablement à l'apprentissage des langues. Même erreur dans les entreprises françaises, trop imprégnées d'une hiérarchie lourde à l'ancienne avec un style de management qui ne tient pas suffisamment compte de l'intelligence émotionnelle… Bref, il y a donc beaucoup à dire sur ce déficit de cerveau droit. A quand les coachs pour se perfectionner en langage cerveau droit ?!
Article "Les spectateurs se sentent pris pour des imbéciles", TéléObs du 26/02 – 4/03/2011, p 7.
Autre phénomène qui expliquerait le désamour des jeunes Français pour la production française, ils ont une vision négative de leurs institutions, l'école, la police, l'hôpital etc. La police et l'hôpital made in USA sont plus exotiques. Mais peut-être est-ce aussi explicable par le fait que la représentation américaine de ces institutions fait davantage appel au cerveau droit qu'au cerveau gauche… D'ailleurs n'est-ce pas aussi vrai pour les avocats ? Ally McBeal est un personnage bien plus attachant que ceux d'Avocats et Associés. Comme par hasard, il s'agit d'une série qui manie très bien le registre musical, en particulier celui de Barry White… Quant aux magistrats, n'en parlons pas ! Rien de plus triste que la représentation des procès à la française.
Même dans l'éducation, la France recourt trop au cerveau gauche, ce qui peut nuire incontestablement à l'apprentissage des langues. Même erreur dans les entreprises françaises, trop imprégnées d'une hiérarchie lourde à l'ancienne avec un style de management qui ne tient pas suffisamment compte de l'intelligence émotionnelle… Bref, il y a donc beaucoup à dire sur ce déficit de cerveau droit. A quand les coachs pour se perfectionner en langage cerveau droit ?!
Article "Les spectateurs se sentent pris pour des imbéciles", TéléObs du 26/02 – 4/03/2011, p 7.
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Marjorie Rafécas
Passionnée de philosophie et des sciences humaines, je publie régulièrement des articles sur mon blog Philing Good, l'anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade), ainsi que sur La Cause Littéraire (https://www.lacauselitteraire.fr). Je suis également l'auteur de La revanche du cerveau droit co-écrit avec Ferial Furon (Editions du Dauphin, 2022), ainsi que d'un ouvrage très décalé Descartes n'était pas Vierge (2011), qui décrit les philosophes par leur signe astrologique.
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