II faut choisir : ça dure ou ça brûle ; le drame, c'est que ça ne puisse pas à la fois durer et brûler. Albert Camus
FLASH-INFO pour ne pas perdre le PHIL
Dimanche 17 Octobre 2010
C'est ce qui ressort d'un sondage exclusif CSA-Marianne publié récemment par l'hebdomadaire, dans son dossier consacré aux « intellectuels qui comptent (vraiment) pour les Français ». BHL serait l'intellectuel la plus connu et Elisabeth Badinter, la figure médiatique qui contribuerait le plus à modifier la façon de penser des Français.
De ce constat, il est possible d'en tirer deux enseignements marketing :
- les femmes, par leur pragmatisme, seraient peut-être de meilleures communicantes. Mais postulat à relativiser, car n'oublions pas qu'Elisabeth Badinter est la fille du publicitaire Marcel Bleustein-Blanchet, le créateur de Publicis.
- les titres simples et sans fioriture semblent plus efficaces que les titres ronflants et trop théoriques à la sauce BHL
Il n'en reste pas moins que s'il est rassurant de voire émerger de ce classement Elisabeth Badinter, philosophe féministe et respectée, ce classement des intellectuels les plus influents en France est quelque peu inquiétant… A se demander si les intellectuels peuvent encore influencer l'opinion.
Pour en savoir plus et découvrir une critique acerbe de ce sondage :
- L'insondable profondeur de la bêtise, http://bibliobs.nouvelobs.com/20101014/21818/linsondable-profondeur-de-la-betise
- les femmes, par leur pragmatisme, seraient peut-être de meilleures communicantes. Mais postulat à relativiser, car n'oublions pas qu'Elisabeth Badinter est la fille du publicitaire Marcel Bleustein-Blanchet, le créateur de Publicis.
- les titres simples et sans fioriture semblent plus efficaces que les titres ronflants et trop théoriques à la sauce BHL
Il n'en reste pas moins que s'il est rassurant de voire émerger de ce classement Elisabeth Badinter, philosophe féministe et respectée, ce classement des intellectuels les plus influents en France est quelque peu inquiétant… A se demander si les intellectuels peuvent encore influencer l'opinion.
Pour en savoir plus et découvrir une critique acerbe de ce sondage :
- L'insondable profondeur de la bêtise, http://bibliobs.nouvelobs.com/20101014/21818/linsondable-profondeur-de-la-betise
Rédigé par Marjorie Rafécas le Dimanche 17 Octobre 2010 à 17:02
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LIVRES PHILous
Mercredi 25 Août 2010Bonne nouvelle : la musique n'est pas inutile !
Je viens de terminer l'ouvrage "De la note au cerveau, l'influence de la musique sur le comportement" (2010), de Daniel Levitin, un neuroscientifique reconnu mondialement et ayant travaillé également dans l'industrie musicale ; son profil scientifique très original nous propose un livre érudit et intelligent. Oui, je sais qu'il est rare d'employer le qualificatif d'"intelligent" pour un livre, mais il faut reconnaître que parfois il n'y a pas d'autre mot pour décrire la finesse d'analyse et de sensibilité d'un auteur. Le début est assez technique, notamment sur le plan musical, mais à partir de la p. 213, où sont évoqués le cerveau reptilien et la rencontre avec Francis Crick, les chapitres prennent une cadence plus rythmée et passionnante.
Bonne nouvelle : la musique n'est pas inutile ! Même si pour certains scientifiques, la musique ne serait que pure tarte à la crème, futile et comparable à une charlotte aux fraises éveillant nos oreilles gustatives, la musique est bel et bien "utile" car elle régule nos émotions et fait jaillir dans notre cerveau une véritable "chorégraphie de neurotransmetteurs". La musique permet en effet de produire de la dopamine par le biais du noyau accumbens, neurotransmetteur qui est associé au système du plaisir, et qui intervient également dans les coups de foudre amoureux ! "La satisfaction et le plaisir liés à la musique découlent de l'augmentation de la dopamine dans le noyau accumbens, à laquelle participe le cervelet en régulant les émotions grâce à ses connexions avec le lobe frontal et le système limbique".
Autre scoop non négligeable qui intéressera les célibataires : la musique a joué un rôle dans la sélection sexuelle. Darwin écrit dans la "Descendance de l'homme" : "j'en conclus que les notes et le rythme de la musique furent acquis par les ancêtres mâle et femelle de l'humanité afin de séduire le sexe opposé". Car la musique génère des émotions puissantes, pour cette raison, elle a été utilisée instinctivement pour séduire. La musique a ainsi précédé le langage, comme la queue du Paon. D'ailleurs preuve encore actuelle, que la musique est un excellent moyen de séduction : le nombre de partenaires d'une rock star peut être cent fois supérieur à celui du mâle moyen ! Il faut savoir que la créativité artistique plaît aux femmes car elle promet des "bons"gènes, alors que la richesse permet avant tout d'assurer une bonne éducation aux futurs rejetons. Ainsi, les meilleurs géniteurs ne font pas toujours les meilleurs pères… D'ailleurs à la phrase de Schopenhauer, "l'homme peut sans peine engendrer en une années plus de 100 enfants, s'il a sa disposition un nombre égal de femmes, tandis qu'une femme, même avec un pareil nombre d'hommes ne pourrait toujours mettre au monde qu'un enfant dans l'année", on pourrait rajouter "surtout si l'homme en question est une rock star" !
Nietzsche avait donc raison : sans la musique, la vie serait une erreur… D'ailleurs, Nietzsche, dans son livre La Naissance de la tragédie, a eu une intuition de génie d'opposer Dionysos, l'être débordant de vie, de mouvement, de puissance créatrice, à Apollon, symbole de la mesure, de la sérénité et la maîtrise rationnelle. Car cet antagonisme se retrouve finalement dans les neurotransmetteurs de nos cerveaux, comme entre la dopamine et la sérotonine ou l'ocytocine.
Bien entendu, il existe plusieurs façons d'écouter la musique ; l'écoute par le cerveau gauche ne produit pas le même effet que par le cerveau droit. Les parties du cerveau qui participent aux circuits de l'écoute musicale sont nombreuses et très différentes. Il a été découvert de nombreux sentiers pour parvenir au plaisir musical.
La musique est avant tout une affaire de connexions et créatrice de lien social. Dommage qu'elle ne soit pas prise plus au sérieux pour limiter les frustrations et les comportements violents…
De la note au cerveau, Daniel Levitin, Editions Héloïse d'Ormession, 2010.
Bonne nouvelle : la musique n'est pas inutile ! Même si pour certains scientifiques, la musique ne serait que pure tarte à la crème, futile et comparable à une charlotte aux fraises éveillant nos oreilles gustatives, la musique est bel et bien "utile" car elle régule nos émotions et fait jaillir dans notre cerveau une véritable "chorégraphie de neurotransmetteurs". La musique permet en effet de produire de la dopamine par le biais du noyau accumbens, neurotransmetteur qui est associé au système du plaisir, et qui intervient également dans les coups de foudre amoureux ! "La satisfaction et le plaisir liés à la musique découlent de l'augmentation de la dopamine dans le noyau accumbens, à laquelle participe le cervelet en régulant les émotions grâce à ses connexions avec le lobe frontal et le système limbique".
Autre scoop non négligeable qui intéressera les célibataires : la musique a joué un rôle dans la sélection sexuelle. Darwin écrit dans la "Descendance de l'homme" : "j'en conclus que les notes et le rythme de la musique furent acquis par les ancêtres mâle et femelle de l'humanité afin de séduire le sexe opposé". Car la musique génère des émotions puissantes, pour cette raison, elle a été utilisée instinctivement pour séduire. La musique a ainsi précédé le langage, comme la queue du Paon. D'ailleurs preuve encore actuelle, que la musique est un excellent moyen de séduction : le nombre de partenaires d'une rock star peut être cent fois supérieur à celui du mâle moyen ! Il faut savoir que la créativité artistique plaît aux femmes car elle promet des "bons"gènes, alors que la richesse permet avant tout d'assurer une bonne éducation aux futurs rejetons. Ainsi, les meilleurs géniteurs ne font pas toujours les meilleurs pères… D'ailleurs à la phrase de Schopenhauer, "l'homme peut sans peine engendrer en une années plus de 100 enfants, s'il a sa disposition un nombre égal de femmes, tandis qu'une femme, même avec un pareil nombre d'hommes ne pourrait toujours mettre au monde qu'un enfant dans l'année", on pourrait rajouter "surtout si l'homme en question est une rock star" !
Nietzsche avait donc raison : sans la musique, la vie serait une erreur… D'ailleurs, Nietzsche, dans son livre La Naissance de la tragédie, a eu une intuition de génie d'opposer Dionysos, l'être débordant de vie, de mouvement, de puissance créatrice, à Apollon, symbole de la mesure, de la sérénité et la maîtrise rationnelle. Car cet antagonisme se retrouve finalement dans les neurotransmetteurs de nos cerveaux, comme entre la dopamine et la sérotonine ou l'ocytocine.
Bien entendu, il existe plusieurs façons d'écouter la musique ; l'écoute par le cerveau gauche ne produit pas le même effet que par le cerveau droit. Les parties du cerveau qui participent aux circuits de l'écoute musicale sont nombreuses et très différentes. Il a été découvert de nombreux sentiers pour parvenir au plaisir musical.
La musique est avant tout une affaire de connexions et créatrice de lien social. Dommage qu'elle ne soit pas prise plus au sérieux pour limiter les frustrations et les comportements violents…
De la note au cerveau, Daniel Levitin, Editions Héloïse d'Ormession, 2010.
LIVRES PHILous
Lundi 9 Août 2010C'est ce que vous suggère le livre de Balthasar Thomass, paru récemment dans la collection "Vivre en philosophie" des éditions Eyrolles.
J'avais déjà évoqué dans un article précédent son essai très instructif, Etre heureux avec Spinoza (cliquer sur Etes-vous-joyeux-comme-Nietzsche-Spinoza-ou-Bergson). Cette fois-ci, Balthasar s'est intéressé à la philosophie volcanique et impétueuse de Nietzsche, ayant tué le plus grand des idoles : Dieu.
Contrairement à la philosophie de Spinoza, il va falloir souffrir pour être heureux ! On entre dans la cadence très paradoxale de Nietzsche, où souffrir rime avec plaisir. Nietzsche ose affirmer "il y a même des cas où une espèce de plaisir dépend d'une séquence rythmique de petites excitations douloureuses". "C'est par exemple le cas du chatouillement". Nietzsche, pourtant très prude, va même jusqu'à dire "c'est le cas du chatouillement sexuel du coït". Ainsi, le paradoxe de la souffrance semble trouver son reflet dans la métaphore de la sexualité… Une mise en pratique de la philosophie de notre cher Nietzsche semble à première vue finalement assez simple :-). Mais, attention, cela n'est que la partie I du mode d'emploi, le plus prenant restant la partie II du livre "se désintoxiquer de la morale". Comme le fait remarquer Balthasar Thomass "il ne faut pas choisir ses valeurs par dépit". Ainsi, s'affirmer, cela consiste avant tout à assumer ses goûts.
Attention aussi aux revanchards et aux pleurnicheurs : on ne peut pas prétendre être Nietzschéen si l'on passe son temps à ruminer et à se plaindre. Le ressentiment freine la puissance et le bonheur. Nietzsche est sans concession avec les décadents, les dégénérés et les "ratés". Sa philosophie est allergique à la faiblesse : l'échec doit rendre plus fort. Plus étonnant, les théories de Nietzsche permettent même de s'inventer des filiations imaginaires pour se sentir mieux et devenir ce que l'on est : il s'inventait lui-même des origines polonaises pour s'éloigner de la lourdeur allemande de l'époque. Une théorie intéressante au vu de la crise identitaire que certains de nos contemporains traversent.
Mais attention, B. Thomass vous prévient : "Etre libre", c'est aussi "être plus fragile". Il faut apprendre à "jardiner" ses passions, ce qui met forcément votre patience à rude épreuve. Cela revient en fin de compte à trouver l'ordre ou le désordre dans lequel vous souhaitez faire valser vos passions. Dionysos ou Apollon, c'est une question de dosage. Harmonie ou dissonance ? A vous de tester votre équilibre.
Contrairement à la philosophie de Spinoza, il va falloir souffrir pour être heureux ! On entre dans la cadence très paradoxale de Nietzsche, où souffrir rime avec plaisir. Nietzsche ose affirmer "il y a même des cas où une espèce de plaisir dépend d'une séquence rythmique de petites excitations douloureuses". "C'est par exemple le cas du chatouillement". Nietzsche, pourtant très prude, va même jusqu'à dire "c'est le cas du chatouillement sexuel du coït". Ainsi, le paradoxe de la souffrance semble trouver son reflet dans la métaphore de la sexualité… Une mise en pratique de la philosophie de notre cher Nietzsche semble à première vue finalement assez simple :-). Mais, attention, cela n'est que la partie I du mode d'emploi, le plus prenant restant la partie II du livre "se désintoxiquer de la morale". Comme le fait remarquer Balthasar Thomass "il ne faut pas choisir ses valeurs par dépit". Ainsi, s'affirmer, cela consiste avant tout à assumer ses goûts.
Attention aussi aux revanchards et aux pleurnicheurs : on ne peut pas prétendre être Nietzschéen si l'on passe son temps à ruminer et à se plaindre. Le ressentiment freine la puissance et le bonheur. Nietzsche est sans concession avec les décadents, les dégénérés et les "ratés". Sa philosophie est allergique à la faiblesse : l'échec doit rendre plus fort. Plus étonnant, les théories de Nietzsche permettent même de s'inventer des filiations imaginaires pour se sentir mieux et devenir ce que l'on est : il s'inventait lui-même des origines polonaises pour s'éloigner de la lourdeur allemande de l'époque. Une théorie intéressante au vu de la crise identitaire que certains de nos contemporains traversent.
Mais attention, B. Thomass vous prévient : "Etre libre", c'est aussi "être plus fragile". Il faut apprendre à "jardiner" ses passions, ce qui met forcément votre patience à rude épreuve. Cela revient en fin de compte à trouver l'ordre ou le désordre dans lequel vous souhaitez faire valser vos passions. Dionysos ou Apollon, c'est une question de dosage. Harmonie ou dissonance ? A vous de tester votre équilibre.
C'est pour cela qu'il est plus difficile d'être heureux avec Nietzsche qu'avec Spinoza. Pour Spinoza, la tristesse est signe que vos passions ne vous dirigent pas vers la bonne voie. Alors que pour Nietzsche, rien n'est sûr, puisqu'il faut souffrir pour être heureux !
En revanche, pour grandir et s'affirmer, Nietzsche reste la référence des adolescents et de tous ceux qui veulent vraiment se connaître et se réaliser. Car pour s'affirmer, il faut accepter ses désirs profonds, tuer ses idoles et créer sa propre éthique – et surtout refuser les valeurs qui mettent en avant la souffrance, la faiblesse et le nihilisme.
Bref, un long programme en perspective digne d'un surhomme !
S'affirmer avec Nietzsche, Balthasar Thomass, 2O1O, Editions Eyrolles.
En revanche, pour grandir et s'affirmer, Nietzsche reste la référence des adolescents et de tous ceux qui veulent vraiment se connaître et se réaliser. Car pour s'affirmer, il faut accepter ses désirs profonds, tuer ses idoles et créer sa propre éthique – et surtout refuser les valeurs qui mettent en avant la souffrance, la faiblesse et le nihilisme.
Bref, un long programme en perspective digne d'un surhomme !
S'affirmer avec Nietzsche, Balthasar Thomass, 2O1O, Editions Eyrolles.
PHIL-ANALYSE
Dimanche 18 Juillet 2010
Le dossier « Qu’est-ce qu’être beau » de Philosophie Magazine ne pouvait passer inaperçu aux prémices de l’été. C’est une vraie question, tant nous sommes canardés d’injonctions de minceur, de jeunesse, de seins pulpeux… Nous nageons en plein conformisme esthétique, alors que notre société regorge d’individualisme, n’est-ce pas en définitive complètement paradoxal ?
Le débat entre Pascal Bruckner et Elsa Zylberstein tend vers le même constat : la beauté plastique n’est pas forcément synonyme de beauté, car la beauté ne se résume pas à l’harmonie, « laquelle risque de paraître fade ». Comme le fait remarquer également l’actrice, « la chirurgie esthétique produit une norme, des physique en série qu’on reconnaît tout de suite et qui finissent par paraître « monstrueux » ». Il ne faut pas non plus confondre le « sexy » avec la « beauté », qui est plus froide et moins accessible. Ainsi, n’en déplaise à Alexandre Lacroix qui explique dans son édito que la beauté pour lui, serait plutôt synonyme de perfection et d’absence totale de défauts (d’ailleurs, une conception un peu sage pour un ancien Nietzschéen…), mais les anomalies, les défauts peuvent être parfois des atouts pour révéler la beauté. Comme le souligne Pascal Bruckner « la ligne de partage entre le beau et le laid est devenue incroyablement incertaine, brouillée… Les cernes, la mauvaise mine, les rides, surtout pour les hommes, peuvent être des atouts (…). La beauté nous demande désormais d’être actifs ».
Autre question que soulève l’article de Gwenaëlle Aubry (p. 49 du même numéro), la laideur active peut être plus belle que la beauté figée… L’auteur donne l’exemple de Socrate et Gainsbourg, qui séduisent par leur vitalité et leur mouvement. Comme disait Plotin, « Un homme laid, s’il est vivant, sera toujours plus beau que la plus belle des statues ». Certes, la vie sera toujours plus belle que la mort… Car poussée à l’extrême, la beauté parfaite n’est ni plus ni moins que la négation de la vie. Refuser de vieillir, c’est tout simplement refuser le temps et ses effets. Or la vie sans le temps, est-ce toujours la vie ? Vouloir figer ses traits, n’est-ce pas une façon de nier une partie de soi ?
Bref, vous me direz que tout cela est bien beau comme discours, mais pas très pragmatique et surtout peu réaliste, car les « beaux » réussissent mieux que les « laids » dans la vie. Et qu’il faut être plus talentueux quand on est laid… Alors faut-il rejeter vraiment la beauté plastique ? Ainsi que la chirurgie esthétique pour corriger les inégalités naturelles ? Ok, ok… Mais les canons de beauté n’ont pas toujours été les mêmes selon les époques. Ainsi, il serait temps d’accepter une part de polythéisme dans nos critères esthétiques ! D’ailleurs même les magazines de mode font le même constat. Pardonnez-moi par exemple d’avoir lu Grazia :-) et d’avoir déniché un article intéressant sur la mode : « l’éthique au secours du chic » d’Adrienne Ribes-Tiphaine, qui s’indigne contre le porno chic et la mode facile « Overdose de seins dévoilés et de fesses affichées », « trop de platform shoes d’épaules agressives, de lolitas lascives ». « Tant de ressources, de résonances, d’idées cachées sous les poncifs imposés par le fric et le conformisme. Adieu les idéologues, voici le temps des archéologues du présent, connaisseurs du passé, passionnés d’avenir. Il y a de l’être au-delà du paraître, cela aurait pu faire un sujet au bac » ! Comme quoi, la mode et la philosophie peuvent parfois se rejoindre.
Retenons donc le message : Vivent les archéologues du passé et du futur ! Vivent le temps et le rythme !
Il y a donc de l’être au-delà du paraître, une phrase à méditer sur le sable chaud où s’étirent des corps dénudés désireux de rejoindre le conformisme du ton hâlé…
Pour en savoir plus :
- Philosophie Magazine n°40, juin 2010
- Grazia du 16-22 juillet 2010 (p. 62)
Autre question que soulève l’article de Gwenaëlle Aubry (p. 49 du même numéro), la laideur active peut être plus belle que la beauté figée… L’auteur donne l’exemple de Socrate et Gainsbourg, qui séduisent par leur vitalité et leur mouvement. Comme disait Plotin, « Un homme laid, s’il est vivant, sera toujours plus beau que la plus belle des statues ». Certes, la vie sera toujours plus belle que la mort… Car poussée à l’extrême, la beauté parfaite n’est ni plus ni moins que la négation de la vie. Refuser de vieillir, c’est tout simplement refuser le temps et ses effets. Or la vie sans le temps, est-ce toujours la vie ? Vouloir figer ses traits, n’est-ce pas une façon de nier une partie de soi ?
Bref, vous me direz que tout cela est bien beau comme discours, mais pas très pragmatique et surtout peu réaliste, car les « beaux » réussissent mieux que les « laids » dans la vie. Et qu’il faut être plus talentueux quand on est laid… Alors faut-il rejeter vraiment la beauté plastique ? Ainsi que la chirurgie esthétique pour corriger les inégalités naturelles ? Ok, ok… Mais les canons de beauté n’ont pas toujours été les mêmes selon les époques. Ainsi, il serait temps d’accepter une part de polythéisme dans nos critères esthétiques ! D’ailleurs même les magazines de mode font le même constat. Pardonnez-moi par exemple d’avoir lu Grazia :-) et d’avoir déniché un article intéressant sur la mode : « l’éthique au secours du chic » d’Adrienne Ribes-Tiphaine, qui s’indigne contre le porno chic et la mode facile « Overdose de seins dévoilés et de fesses affichées », « trop de platform shoes d’épaules agressives, de lolitas lascives ». « Tant de ressources, de résonances, d’idées cachées sous les poncifs imposés par le fric et le conformisme. Adieu les idéologues, voici le temps des archéologues du présent, connaisseurs du passé, passionnés d’avenir. Il y a de l’être au-delà du paraître, cela aurait pu faire un sujet au bac » ! Comme quoi, la mode et la philosophie peuvent parfois se rejoindre.
Retenons donc le message : Vivent les archéologues du passé et du futur ! Vivent le temps et le rythme !
Il y a donc de l’être au-delà du paraître, une phrase à méditer sur le sable chaud où s’étirent des corps dénudés désireux de rejoindre le conformisme du ton hâlé…
Pour en savoir plus :
- Philosophie Magazine n°40, juin 2010
- Grazia du 16-22 juillet 2010 (p. 62)
FLASH-INFO pour ne pas perdre le PHIL
Dimanche 14 Mars 2010
La dernière fois en lisant l'édito de Philosophie Magazine consacré au socialisme, j'ai été étonnée d'apprendre que le socialisme pouvait être rangé dans le "dionysiaque", "les beuveries", "les concerts en plein air", "les randos collectives en rollers" etc. A l'opposé, le style libéral serait plus "hygiénique" : "boire ou faire du roller en solitaire, écouter de la musique en casque, travailler sa musculature sur des machines, faire de la gym sur une console Wii, conduire au-là des limites de vitesse, danser sans partenaire des heures sans partenaire au son de la techno"… Autrement dit, le socialiste ne supporterait pas d'être seul et serait alcoolique, et le libéral s'assimilerait à un associable qui adore son corps et qui s'abrutit avec de la techno. Très stupéfiant de voir de telles caricatures dans un magazine à prétention philosophique !
Quelques semaines plus tard, dans un magazine féminin, la saga des caricatures gauche-droite continue : les profils de gauche "plébiscitent Ferré, Brel, Brassens ou Cali" et ils "postent des vidéos de mai 68, du lip dub de génération Ecologie". Ceux de droite "affichent des goûts pop-rock et postent des vidéos de Placebo ou d'Oasis".
Qu'en penserait Nietzsche ou Nirvana ?!
De nos jours, il semblerait que l'opposition gauche-droite soit plus un concept marketing qu'une véritable querelle idéologique…
Mais, je vais quand même aller voter. Reste à savoir pour qui ? Puisque j'aime à la fois la bière, être entourée et le Rock ! Styles complètement incompatibles apparemment…
Quelques semaines plus tard, dans un magazine féminin, la saga des caricatures gauche-droite continue : les profils de gauche "plébiscitent Ferré, Brel, Brassens ou Cali" et ils "postent des vidéos de mai 68, du lip dub de génération Ecologie". Ceux de droite "affichent des goûts pop-rock et postent des vidéos de Placebo ou d'Oasis".
Qu'en penserait Nietzsche ou Nirvana ?!
De nos jours, il semblerait que l'opposition gauche-droite soit plus un concept marketing qu'une véritable querelle idéologique…
Mais, je vais quand même aller voter. Reste à savoir pour qui ? Puisque j'aime à la fois la bière, être entourée et le Rock ! Styles complètement incompatibles apparemment…
FLASH-INFO pour ne pas perdre le PHIL
Mercredi 10 Février 2010Lors de précédents articles, j'avais évoqué le fabuleux personnage philosophique "Jean-Baptiste Botul", créé par Frédéric Pagès, notamment dans "la vie sexuelle d'Emmanuel Kant", dans lequel BHL vient de se prendre le pied...
Une internaute m'a suggéré de mettre un lien sur l'article du nouvel obs, rédigé par Aude Lancelin, elle-même journaliste philosophe, ayant co-écrit l'ouvrage les philosophes et l'amour, qui a dû apprécier à sa juste valeur l'énorme Boulette High Level de BHL ! Voici le lien : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/culture/20100208.OBS6232/bernardhenri_levy_en_flagrant://
BHL a donc cru que Jean-Baptiste Botul existait vraiment ! Jean-Baptiste Botul est un personnage philosophique créé de toute pièce par Frédéric Pagès. Dans le livre "La sexualité d'E. Kant", Jean-Baptiste Botul, un philosophe inconnu du bataillon, évoque la sexualité d'Emmanuel Kant lors d'une conférence d'après-guerre au Paraguay. Ce qui n'a pas intrigué le moins du monde BHL. Discuter de la sexualité de Kant au Paraguay, quoi de plus naturel et de vraisemblable ? Dans le livre sur Kant, on apprend que Kant était hypocondriaque, constipé et qu'il n'aimait pas faire "la chose" de peur d'y perdre son énergie et de trouver la chose en soi... A sa décharge, avouons-le, Botul est tout à fait crédible, et probablement que Frédéric Pagès s'est excellemment documenté sur le philosophe de l'impératif catégorique, car la sexualité de Kant a l'air bien "déflorée".
Maintenant, nous attendons qu'une chose : que Botul nous fasse une conférence sur les boulettes de BHL !
PS : entre nous, ce n'est pas si gentil de se moquer de BHL, car moi aussi, par le talent de F. Pagès, j'ai cru pendant un moment que Botul était peut-être réel. Mais quand j'ai lu Nietzsche et le démon de midi, j'ai compris que ce n'était pas possible. Comme quoi dans toute cette histoire, plutôt que de railler la maladresse de BHL, saluons plutôt la finesse de F. Pagès.
BHL a donc cru que Jean-Baptiste Botul existait vraiment ! Jean-Baptiste Botul est un personnage philosophique créé de toute pièce par Frédéric Pagès. Dans le livre "La sexualité d'E. Kant", Jean-Baptiste Botul, un philosophe inconnu du bataillon, évoque la sexualité d'Emmanuel Kant lors d'une conférence d'après-guerre au Paraguay. Ce qui n'a pas intrigué le moins du monde BHL. Discuter de la sexualité de Kant au Paraguay, quoi de plus naturel et de vraisemblable ? Dans le livre sur Kant, on apprend que Kant était hypocondriaque, constipé et qu'il n'aimait pas faire "la chose" de peur d'y perdre son énergie et de trouver la chose en soi... A sa décharge, avouons-le, Botul est tout à fait crédible, et probablement que Frédéric Pagès s'est excellemment documenté sur le philosophe de l'impératif catégorique, car la sexualité de Kant a l'air bien "déflorée".
Maintenant, nous attendons qu'une chose : que Botul nous fasse une conférence sur les boulettes de BHL !
PS : entre nous, ce n'est pas si gentil de se moquer de BHL, car moi aussi, par le talent de F. Pagès, j'ai cru pendant un moment que Botul était peut-être réel. Mais quand j'ai lu Nietzsche et le démon de midi, j'ai compris que ce n'était pas possible. Comme quoi dans toute cette histoire, plutôt que de railler la maladresse de BHL, saluons plutôt la finesse de F. Pagès.
50 après sa mort, Camus est partout. Un succès mondial inattendu pour ce grand écrivain Français et "philosophe" à la pensée "modeste". Une leçon de morale pour notre "petite" intellitgencia intellectuelle, qui a toujours ricané et remis en cause l'étiquette de "philosophe" à notre "Homme révolté" ?
Dans un article consacré à Camus du Nouvel Obs de novembre 2009, Michel Onfray dit de Camus : "Nous sommes sortis de l'ère idéologique. Aujourd'hui, l'Histoire a donné raison à Camus. Il devient ce qu'il était : un grand lucide.". On ne peut qu'approuver cette assertion rendant hommage à la lucidité de Camus. En revanche, Michel Onfray utilise peut-être un peu trop de subjectivité dans l'interprétation qui suit "Camus a critiqué très puissamment le capitalisme, la déshumanisation de toute politiqe à droite comme à gauche. La justice, sans la liberté, c'est la dictature ; la liberté sans la justice, c'est la loi du plus fort ; la liberté sans la justice, c'est la loi du plus fort : il voulait la justice et la liberté, ce qui faisait de lui un libertaire...". Un Camus libertaire ? Peut-on être véritablement lucide et libertaire à la fois ? Du reste, réaliste et éthique, il l'était certainement.
Malgré son authenticité rayonnante, Il existe encore des réfractaires snobs pour dénigrer le style camusien, comme un certain Charles Dantzig, qui décrit le succès de Camus comme "le triomphe de la pensée moyenne", "si scolaire qu'on dirait un écrivain pour éduidants de français langue étrangère". Si le talent de savoir exprimer des théories philosophiques avec clarté s'appelle la pensée moyenne, alors la lourdeur de ne savoir rien exprimer doit s'appeler comment ?
Dans tous les cas, Camus avait ostensiblement de l'humour : il refusait les avances de Simone de Beauvoir de peur qu'elle ne soit trop bavarde au lit... Au fond, c'est ce que l'on pourrait retenir de Camus : aucun bavardage inutile, dans son oeuvre qui frappe encore aujourd'hui avec justesse.
Article intéressant de Roger-Pol Droit sur Le point : http://ow.ly/NqYm
Malgré son authenticité rayonnante, Il existe encore des réfractaires snobs pour dénigrer le style camusien, comme un certain Charles Dantzig, qui décrit le succès de Camus comme "le triomphe de la pensée moyenne", "si scolaire qu'on dirait un écrivain pour éduidants de français langue étrangère". Si le talent de savoir exprimer des théories philosophiques avec clarté s'appelle la pensée moyenne, alors la lourdeur de ne savoir rien exprimer doit s'appeler comment ?
Dans tous les cas, Camus avait ostensiblement de l'humour : il refusait les avances de Simone de Beauvoir de peur qu'elle ne soit trop bavarde au lit... Au fond, c'est ce que l'on pourrait retenir de Camus : aucun bavardage inutile, dans son oeuvre qui frappe encore aujourd'hui avec justesse.
Article intéressant de Roger-Pol Droit sur Le point : http://ow.ly/NqYm
LIVRES PHILous
Dimanche 15 Novembre 2009
Tout comme Schopenhauer, Michel Houellebecq n'a pas mérité sa mère. Est-ce par le ricochet de ce point commun que l'auteur des Particules élémentaires est manifestement touché par le philosophe Allemand le plus pessimiste de l'histoire ? Nul ne peut l'affirmer sans risquer de faire de la psychologie de comptoir. Mais, pourquoi préférer Schopenhauer à Nietzsche ? Probablement parce que Houellebecq, bien que romancier, n'aime pas se raconter des histoires. Il est finalement trop "pur" et un inconditionnel de la vérité.
De Nietzsche, voici ce qu'il en dit : "il a inauguré en philosophie ce qu'on pourrait appeler l'ère de la déloyauté. Car qu'est-ce une philosophie qui laisse glisser au second plan la question de la vérité ? On en revient, il me semble, à peu près aux sophistes". Ce qui n'est pas faux, car à force de jouer avec des aphorismes contradictoires, Nietzsche n'est pour certains philosophes ni plus ni moins qu'un sophiste, certes talentueux, posant les bonnes questions et les bons soupçons, sans toutefois proposer d'issue sérieuse… Schopenhauer, avec ses théories sombres et fatalistes, apparaît alors plus "honnête" selon Houellebecq. Le réalisme défaitiste est-il plus honnête que le réalisme optimiste ? Vaste débat incessant et passionnant duquel la philosophie n'est jamais sortie.
En dehors de ces digressions sur Schopenhauer, j'ai trouvé très intéressant l'échange de Houellebecq et de BHL sur les effets de la célébrité, qui attise la "meute" et sa vengeance terrible. Houellebecq évoque ses ennemis dans la métaphore de la meute. "Dans nos sociétés occidentales, un individu peut parfaitement se mettre à l'écart du groupe. Mais tôt ou tard, la meute se réveille, se met en chasse, et finit par le rattraper." La meute est "composée d'individus médiocres, conscients et honteux de l'être". BHL se montre moins pessimiste, il rappelle que la meute est avant tout peureuse et faible. Pour mieux illustrer ses propos, il utilise Spinoza à bon escient. Pourquoi la meute est-elle faible ? Parce qu'elle se nourrit de passions négatives. "Elle est animée par l'envie, la raillerie, le ressentiment, la haine, la rancune, la méchanceté, la colère, la dérision, le mépris, tout ce que Spinoza appelle les passions tristes et dont il a établi, de manière définitive, qu'elles ne donnent pas de la force mais de la faiblesse". BHL en profite pour faire un clin d'œil à la campagne électorale de Nicolas Sarkozy "il a fait une campagne typiquement "passions tristes" et qu'avec des passions tristes, dit Spinoza, vous réussissez sur le court terme, mais vous échouez forcément sur le long terme". Rappelons au passage que Nietzsche s'est également toujours méfié de la foule, qu'il appelait "canaille", et a constamment mis en garde contre les effets du ressentiment.
Enfin, Michel, il faut que vous vous ressaisissiez ! Même si les passions vraies et tristes sont plus honnêtes que les passions fausses et gaies, il est temps de troquer Schopenhauer pour Spinoza !
Pour terminer plus précisément sur ce livre épistolaire entre BHL et Houellebecq, "Ennemis publics", j'avoue avoir été agréablement surprise par ces échanges plutôt profonds et sincères. Je n'avais pas du tout aimé la promotion et le marketing utilisés pour le lancement de ce livre, principalement fondés sur la "peopolisation". Que les éditeurs jouent le rôle de la meute est certes regrettable, que l'économie de marché leur sert souvent d'excuse pour masquer leur manque de créativité… Tout ceci est vrai, mais ne doit pas faire oublier l'essentiel : le contenu d'un livre. J'ai appris à mieux connaître Houellebecq, et ai fait connaissance avec BHL, car j'avoue n'avoir jamais eu la force de lire un de ces livres, à cause de son style trop alambiqué. D'ailleurs, en matière de style, on peut même être surpris dans ce livre par BHL, lorsqu'il décrit sa rencontre avec Aragon, il oublie ses hésitations philosophiques et décrit avec verve et humour cette rencontre très surréaliste.
Autre et dernier point positif du livre : il ne donne pas envie d'être célèbre ! Finalement, on se sent mieux, loin de la meute de foin…
En dehors de ces digressions sur Schopenhauer, j'ai trouvé très intéressant l'échange de Houellebecq et de BHL sur les effets de la célébrité, qui attise la "meute" et sa vengeance terrible. Houellebecq évoque ses ennemis dans la métaphore de la meute. "Dans nos sociétés occidentales, un individu peut parfaitement se mettre à l'écart du groupe. Mais tôt ou tard, la meute se réveille, se met en chasse, et finit par le rattraper." La meute est "composée d'individus médiocres, conscients et honteux de l'être". BHL se montre moins pessimiste, il rappelle que la meute est avant tout peureuse et faible. Pour mieux illustrer ses propos, il utilise Spinoza à bon escient. Pourquoi la meute est-elle faible ? Parce qu'elle se nourrit de passions négatives. "Elle est animée par l'envie, la raillerie, le ressentiment, la haine, la rancune, la méchanceté, la colère, la dérision, le mépris, tout ce que Spinoza appelle les passions tristes et dont il a établi, de manière définitive, qu'elles ne donnent pas de la force mais de la faiblesse". BHL en profite pour faire un clin d'œil à la campagne électorale de Nicolas Sarkozy "il a fait une campagne typiquement "passions tristes" et qu'avec des passions tristes, dit Spinoza, vous réussissez sur le court terme, mais vous échouez forcément sur le long terme". Rappelons au passage que Nietzsche s'est également toujours méfié de la foule, qu'il appelait "canaille", et a constamment mis en garde contre les effets du ressentiment.
Enfin, Michel, il faut que vous vous ressaisissiez ! Même si les passions vraies et tristes sont plus honnêtes que les passions fausses et gaies, il est temps de troquer Schopenhauer pour Spinoza !
Pour terminer plus précisément sur ce livre épistolaire entre BHL et Houellebecq, "Ennemis publics", j'avoue avoir été agréablement surprise par ces échanges plutôt profonds et sincères. Je n'avais pas du tout aimé la promotion et le marketing utilisés pour le lancement de ce livre, principalement fondés sur la "peopolisation". Que les éditeurs jouent le rôle de la meute est certes regrettable, que l'économie de marché leur sert souvent d'excuse pour masquer leur manque de créativité… Tout ceci est vrai, mais ne doit pas faire oublier l'essentiel : le contenu d'un livre. J'ai appris à mieux connaître Houellebecq, et ai fait connaissance avec BHL, car j'avoue n'avoir jamais eu la force de lire un de ces livres, à cause de son style trop alambiqué. D'ailleurs, en matière de style, on peut même être surpris dans ce livre par BHL, lorsqu'il décrit sa rencontre avec Aragon, il oublie ses hésitations philosophiques et décrit avec verve et humour cette rencontre très surréaliste.
Autre et dernier point positif du livre : il ne donne pas envie d'être célèbre ! Finalement, on se sent mieux, loin de la meute de foin…
Je viens de terminer un petit livre sympathique, idéal pour les trajets d'une demi-heure, 50 pages, petit format, un concentré d'humour, dénommé "Descartes et le cannabis", de Frédéric Pagès, l'auteur révélé par Botul…. Pourquoi Descartes est-il parti s'installer en Hollande ? Pour fumer le cannabis ? Après l'investigation de cette idée très fumeuse, Frédéric Pagès ne trouve aucun signe d'incandescence dans la biographie de Descartes, mis à part une certaine tendance aux grasses matinées… Notre philosophe de la méthode cartésienne aimait dormir et travailler dans son lit. Soit. Mais n'aurait-il pas pu le faire en France ? Frédéric Pagès nous rappelle qu'en 1628, l'air en France était irrespirable : "tout n'est que tyrannie et moinerie".
Qu'en est-il aujourd'hui ? Frédéric Pagès fait dire à son personnage fictif hollandais "Aujourd'hui, ce grand pays cartésien sent le fagot à nouveau attiré par la tyrannie et la moinerie. Vous rêvez toujours de monarchie solaire." "Le bon sens est la chose la moins bien partagée entre la France et la Hollande". A propos de Descartes : "Je comprends son départ, son bras d'honneur à la France, son adieu à cette mondanité parisienne qui happe l'intellectuel et le transforme en saltimbanque. La liberté de penser n'est pas que celle que vous octroie l'Etat, mais celle que vous prenez vous-même par rapport à vous-même, à vos maîtres et à vos semblables".
Les Français pas assez libres intérieurement pour penser ?
Question de bon sens ?,
Saluons la conclusion de F. Pagès : "Finalement, quand on fait le bilan, il serait moins grave pour la grandeur française d'admettre que Descartes est venu en Hollande pour tâter du cannabis" !
LIVRES PHILous
Lundi 27 Juillet 2009Il y a un an, je lisais avec un sincère amusement "la vie sexuelle d'Emmanuel Kant" d'un certain Jean-Baptiste Botul, philosophe de tradition orale et chauffeur de taxi. Il y décrit un Emmanuel Kant constipé, hypocondriaque, dédaignant la sexualité de peur d'y perdre son énergie vitale… Un essai pétulant d'humour qui peut expliquer les œuvres monstrueuses de notre philosophe ruminant l'impératif catégorique. Je me suis alors interrogée, mais qui est donc ce Jean-Baptiste Botul ?
Dans le livre, on apprend qu'il s'agit de la retranscription d'une conférence en mai 1946, au Paraguay… et que l'auteur est décédé.
Intriguée par cet auteur, en mars 2009 je récidive : j'achète un livre de Botul sur Nietzsche, intitulé "Nietzsche et le démon de midi". Là encore, il s'agirait de la retranscription d'une plaidoirie de Botul face à un syndicat de taxis qui lui reproche d'avoir kidnappé une jeune fille mineure dans son taxi pendant 6 heures. Pour appuyer sa défense, il compare la jeune fille, dénommée Héloïse à Lou Andréas-Salomé, celle qui séduisit le grand Nietzsche. Lou y est semblable à la Lolita de Nabokov, et Nietzsche a l'air aussi misérable qu'un personnage de Houellebecq… Toute la défense de Botul est axée sur le démon de midi de Nietzsche. Un démon de midi qui en dit long sur la lente descente en enfer du philosophe allemand. Nietzsche n'aurait-il pas créé le surhomme par désespoir ? A cause d'un chagrin d'amour non digéré ? Zarathoustra n'est décidément pas aussi crédible que le botulisme…
Car, Botul, notre cher chauffeur de taxi n'a jamais existé ! C'est un personnage créé par Frédéric Pagès.
Dommage car je commençais vraiment à m'attacher à ce cher Botul ! Un philosophe drôle, insolent et pertinent !
Maintenant, à vous de découvrir, mais qui est vraiment Frédéric Pagès ???
Et méfiez-vous du démon de midi…
Nietzsche et le démon de midi, Jean-Baptiste Botul, Mille et une nuits.
La vie sexuelle d'Emmanuel Kant, Jean-Baptiste Botul, Mille et une nuits.
Pour en savoir plus sur le botulisme : http://botul.free.fr/
Intriguée par cet auteur, en mars 2009 je récidive : j'achète un livre de Botul sur Nietzsche, intitulé "Nietzsche et le démon de midi". Là encore, il s'agirait de la retranscription d'une plaidoirie de Botul face à un syndicat de taxis qui lui reproche d'avoir kidnappé une jeune fille mineure dans son taxi pendant 6 heures. Pour appuyer sa défense, il compare la jeune fille, dénommée Héloïse à Lou Andréas-Salomé, celle qui séduisit le grand Nietzsche. Lou y est semblable à la Lolita de Nabokov, et Nietzsche a l'air aussi misérable qu'un personnage de Houellebecq… Toute la défense de Botul est axée sur le démon de midi de Nietzsche. Un démon de midi qui en dit long sur la lente descente en enfer du philosophe allemand. Nietzsche n'aurait-il pas créé le surhomme par désespoir ? A cause d'un chagrin d'amour non digéré ? Zarathoustra n'est décidément pas aussi crédible que le botulisme…
Car, Botul, notre cher chauffeur de taxi n'a jamais existé ! C'est un personnage créé par Frédéric Pagès.
Dommage car je commençais vraiment à m'attacher à ce cher Botul ! Un philosophe drôle, insolent et pertinent !
Maintenant, à vous de découvrir, mais qui est vraiment Frédéric Pagès ???
Et méfiez-vous du démon de midi…
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Marjorie Rafécas
Passionnée de philosophie et des sciences humaines, je publie régulièrement des articles sur mon blog Philing Good, l'anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade), ainsi que sur La Cause Littéraire (https://www.lacauselitteraire.fr). Je suis également l'auteur de La revanche du cerveau droit co-écrit avec Ferial Furon (Editions du Dauphin, 2022), ainsi que d'un ouvrage très décalé Descartes n'était pas Vierge (2011), qui décrit les philosophes par leur signe astrologique.
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