CHRISTIANE L. *

20/12/2006

SOUHAIT, soupir, sûr, oubli, obliger, unisson, univers, herbe, hôte, abandon, aide, innocent, idylle, tenace, tentation.
Jokers : lumière, joie, or.
(dans l’ordre)




« Madame, je vous souhaite un prompt rétablissement ».
Le chirurgien me serre la main et ferme la porte de ma chambre. Je laisse échapper un long soupir, ses paroles réconfortantes n’arrivent pas à m’apaiser. Ne pouvant bouger dans mon lit d’hôpital après mon opération, je n’ai qu’une hâte, récupérer des forces pour me lever.
C’est sûr, il me faut attendre au moins deux jours pour pouvoir esquisser quelques mouvements, je voudrais oublier ma plaie mais le plus petit mouvement me fait grimacer, je suis obligée de demander de l’aide pour changer de position.
Les infirmières m’avaient avertie que les premiers jours seraient difficiles, pour cela elles s’étaient mises à l’unisson dans la préparation, elles avaient toutes le même langage, j’avais peine à imaginer, c’était la première fois que je me trouvais dans cette situation. Dans cet univers hospitalier, on apprend à accepter, à patienter, à subir, mais combien c’est difficile !
Quand je pense qu’une semaine avant, je coupais l’herbe dans mon jardin, profitant d’une journée ensoleillée ; j’ai même tendu un pièce au mulot, cet hôte indésirable qui ronge les choux et les carottes.
J’ai dû abandonner ce travail qui est davantage une distraction pour moi et par la suite il me faudra de l’aide pour entretenir cet espace de vie. Je ne suis pas innocente, je sais que ne pourrai plus faire certains travaux, bêcher par exemple, cela me coûtera de faire appel à un service extérieur, j’aime tant ce coin de terre, on pourrait dire qu’un idylle est né entre lui et moi.
Alors je ne le laisserai pas tomber, je suis tenace. Ce n’est pas un coup de bistouri qui me fera renoncer à ce plaisir. De toute façon, la tentation sera trop forte, je ne pourrai m’empêcher d’y passer mes journées.
Alors, patience, en attendant, j’ai tout le temps de faire l’inspection de cette chambre un peu tristounette et de passer en revue tout ce qui serait à améliorer, tout en sachant que rien ne sera fait pour la réhabilitation avant longtemps, les fonds manquant dans les projets. Pourvu que je sois bien soignée et que l’on s’occupe de moi, c’est tout ce qui compte actuellement !

Christiane L. pour le 18 décembre 2006.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 20/12/2006 à 19:58