RENE

22/02/2006

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JOKERS : rose bleu nuage


Carcassonne : la cité
Carcassonne : la cité

Article paru dans Le Réveil du Midi du 23 octobre 2005

De notre envoyé spécial Michel Ducassou

Le rassemblement des occitans à Carcassonne

Ils étaient 10000 –moins selon la police- à manifester ce samedi 22 octobre dans les rues de Carcassonne pour faire vivre la culture occitane et sa langue, en favoriser la transmission et permettre le maintien de la diversité culturelle.

Le collectif organisateur composé de cinq associations –voir en fin d’article- appelait à manifester sur les demandes suivantes :
1)Les médias : développement du service public de radio et de télévision en occitan et aide aux opérateurs qui oeuvrent dans le domaine de la langue notamment la presse.
2) La création : soutien à la création par une politique en faveur de l’édition, du spectacle vivant, du cinéma, de la musique, afin de mieux faire connaître une culture trop souvent occultée.
3) L’enseignement : Il faut que chacun, scolaires ou adultes, puisse choisir, s’il le souhaite, un enseignement sous une forme adaptée, grâce à une politique d’offre généralisée.
4) La vie publique : l’occitan doit être présent dans la vie publique et sociale en particulier par la toponymie.

Les orateurs qui se sont succédés ont fustigé l’Etat qui réduit drastiquement les postes d’enseignants et l’offre de formation, ainsi que son refus de ratifier la Charte Européenne des langues régionales et minoritaires. Ils mettent en exergue le fossé incommensurable entre les discours prônant -ailleurs- la diversité culturelle et la réalité intérieure conduisant de fait à l’acculturation et à l’oubli d’un patrimoine unique, niant à l’instar de l’obscurantisme des idées coloniales la considération et la mémoire.

Se voulant apolitique, ouverte à la diversité culturelle, et résolument à l’encontre de toute dérive communautaire et nationaliste, la manifestation, toutes générations associées, s’est déroulée sans incident dans une ambiance colorée, conviviale et même festive favorisée par un soleil complice avec un ciel bleu parsemé de quelques nuages. Le cortège s’est formé en début d’après-midi depuis le square Henri Chenier pour se rendre à la Cité. Occupant toute la chaussée, la tête arrivait à 15h30 au début du boulevard Barbès alors que la queue s’élançait à peine du square. Les banderoles affichaient le slogan « Anem ! Per la lenga occitana ! Òc » tandis qu’ondoyaient des bannières occitanes sang et or composées d’une croix aux branches pommelées, substitut historique à des étoiles fédératives. Une troupe des clowns de Nice, affublée d’improbables mirlitons roses croisait le groupe folklorique cantalou « Lous Bouscats ». Les gascons de Soustons accompagnaient les échassiers landais qui dépassaient du lot, cependant que l’inlassable groupe de musique traditionnelle de Yan Cozian, avec ses accordéons, chalumeau, boha landaise,…, éveillait les envies de ronde, rigodon, branle, congo…Des enfants, non loin de leurs mamans, folâtraient sur des trottinettes avant de s’assembler pour chanter un rap gascon.. Les délégations solidaires des Aranais, italiens, basques, bretons et catalans étaient aussi présentes. Quelques groupes politiques s’affichaient, notamment le parti occitan, le parti de la gauche catalane ERC et «Régions et peuples solidaires ».

Les organisateurs étaient particulièrement satisfaits et heureux de la réussite de ce premier rassemblement de masse, rendu plus difficile par l’étendue d’un territoire qui s’étend des rivages de l’Océan à ceux de la Méditerranée et qui court des Alpes aux Pyrénées jusqu’au Massif central. Notons qu’il comporte environ un million de locuteurs et cinq dialectes principaux. Couvrant trente deux départements, cette importance économique et politique à historiquement toujours préoccupé le pouvoir centralisateur. Rappelons que le Val d’Aran dans les Pyrénées espagnoles et les vallées occitanes des Alpes italiennes sont linguistiquement rattachées à cet ensemble avec chez eux un statut de langue officielle. D’autres langues régionales comme le Basque et le Breton ont déjà réussi des rassemblements de masse -15000personnes à Rennes en 2003- débouchant sur une meilleure prise en compte de ces langues. Le catalan, langue très proche, bénéficie en Catalogne espagnole de la qualité de langue officielle et d’une très active politique de développement.

En fin d’après-midi, au moment où ils arrivaient au pied des remparts de la Cité bannières au vent après avoir franchi le pont médiéval qui enjambe l’Aude, le miroir de l’eau dupliquant ce spectacle quasi irréel, les manifestants saisis un instant par un mirage surgi de l’éternité, ressentaient des sentiments de joie et de foi d’une moderne croisade qui allait investir pacifiquement la Place.

Ils pourraient alors prendre la route souvent longue du retour remplis d’un espoir conforté et encore plus déterminés.

Le collectif organisateur se composait de l’Institut d’études occitanes, de la Fédération des enseignants de langue et de culture d’oc, de la Confédération des calendretas (écoles occitanes), de l’Association Oc Bi pour le bilinguisme français occitan dans l’enseignement public et de la Joventut d’oc. Le collectif était soutenu par un comité signataire de plus de 300 personnalités ou associations.


René pour le 20/02/06



Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 22/02/2006 à 19:05