PASCALE *****

29/01/2008

Mots à insérer
MONDE : misère, matin, ordre, oreille, naître, nénuphar, désir, doute, espérer, enjeu.
Jokers : doux, plus, bientôt.


Musique…



La jeune femme tendait l’oreille pour mieux s’imprégner de l’instant qui s’offrait à elle. Quelques notes savamment diffusées dans l’atmosphère confinée de son petit appartement comme autant de gouttes d’huiles essentielles.
La musique était effectivement aussi essentielle à sa vie que l’air qu’elle respirait et lorsque le doute s’emparait d’elle, aussitôt elle se jetait sur la pile de disques qu’elle avait achetée à ce mystérieux brocanteur.
L’homme lui avait cédé le tout pour une misère et elle n’était toujours pas remise de l’aubaine.
Depuis, du matin au soir, elle nettoyait, cajolait, berçait puis écoutait le chant des ronds de vinyles, tout en mettant un peu d’ordre aussi dans le chaos de son deux pièces. La musique lui donnait des ailes…
Elle ignorait comment et pourquoi elle les avait acquis mais son désir naquit dès que ses yeux effleurèrent les étuis orange vif, en parfait état, qui contenaient ses « trésors ». D’aucun de gausserait d’un tel engouement mais peu importait. Espérant l’indulgence des camelots, mesurant les enjeux sans grande peur étant donné le lieu de retraite des objets qu’elle convoitait, elle n’eut bientôt plus aucun doute : ces disques allaient avoir une seconde chance, une seconde vie.
Distraitement elle effleura la surface de l’étang artificiel miniature sur laquelle reposait un nénuphar-nain en pleine floraison. Même lui semblait plus vif et vaillant.
La douceur de l’été avait laissé place à un automne plutôt maussade mais elle savait qu’elle allait vivre quelque temps dans un autre monde, touchant du doigt une autre vie, une autre âme et elle en était étrangement heureuse.

Pascale pour le 28 janvier 2008.






Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 29/01/2008 à 08:02

PASCALE *****

24/01/2008


Mots à insérer
PIERRE : poussière, parfait, ironie, intense, erreur, énervé, rive, rêve, requin, rare, œuf, éclat.
JOKERS : rouge, mais, toujours.







De la moindre pierre au plus insignifiant grain de poussière, tout a un sens dans son rêve et comble de l’ironie, chaque élément est définitivement parfait. Alors que dans sa vraie vie, c’est plutôt le chaos permanent sur le plan ménage et l’inachevé sur le plan des idées et des actions. Cela l’énerve mais elle croit ne rien y pouvoir. Rares sont les jours où elle ne gribouille pas sur son carnet-mémoire quelque « petite chose » à faire, à prévoir. Lorsque la « petite chose » est enfin faite ou organisée, elle en raye soigneusement la trace et se réjouit de tant de volonté. A l’éclat de ses yeux, au rouge de ses joues, pour un peu, on pourrait compter le nombre de durs labeurs accomplis. Certes il ne s’agit que de petits gestes. Des choses sans importance pour tant d’autres. Mais pour elle, s’emparer d’un œuf, c’est comme soulever une tonne. Elle ne se l’explique pas. Elle sait juste que c’est comme ça, point. Et pour lutter contre ses démons, contre les requins intérieurs qui la bouffent, un seul remède : le carnet-mémoire et le stylo rouge pour rayer et comptabiliser au quotidien les petits miracles.
Ça peut paraître idiot, mais pour elle c’est vraiment miraculeux.
Lorsqu’elle va vraiment mal, chaque soir, avant de se coucher, elle relit ses exploits récents, elle s’applique à écrire le b-a, ba de la journée prochaine. Se lever, se laver, se maquiller, se … Tout en maudissant la maladie, en se maudissant un peu aussi, elle qui pétillait de vie autrefois.
D’une rive à l’autre, d’une feuille à l’autre, elle oscille entre espoirs et désespoirs, rires et larmes, joies et peines, doutes et certitudes, foi et crise de foi(e)…
Son intense besoin d’être aimée en fait une proie idéale pour ceux que l’envie de « posséder » dévore. Elle aime par erreur, peur de la solitude. Elle martèle le mot « toujours » puis le mot « jamais » et retourne noter sur son carnet, à côté de « nettoyer les toiles d’araignées aux plafonds»,
« Ne plus jamais pleurer pour un mec ».
Puis elle s’essuie les yeux, regarde la liste des actions à accomplir et choisis celle qui lui coûtera le moins ce matin.
« Finir les livres empruntés pour les rendre »
Oh, oui, ça…
Sourire aux lèvres, elle barre le premier titre de sa liste et se dirige vers la bibliothèque pour une journée de farniente total.

Pascale pour le 21 janvier 2008.







Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 24/01/2008 à 23:12

PASCALE *****

Avec des « si » on pourrait mettre Paris en bouteille n’est-ce pas ? Et vous si… Vous pouvez utiliser toutes les propositions ou vous « envoler » à partir d’une seule. Dans le cas ou vous seriez très rapides, veillez à expliquer pour quelles raisons vous pensez avoir écrit » ceci » plutôt que « cela ». Et surtout laissez-vous aller, laissez vous prendre au simple jeu.
Si j'étais un objet,
Si j'étais une saison,
Si j'étais un plat,
Si j'étais un animal,
Si j'étais une chanson
Si j'étais une couleur,
Si j'étais un roman,
Si j'étais une légende,
Si j'étais un personnage de fiction,
Si j'étais un film,
Si j'étais un dessin animé,
Si j'étais une arme,
Si j'étais un endroit, Si j'étais une devise,
Si j’étais un oiseau,
Si j'étais un air,
Si j'étais un élément,
Si j'étais un végétal,
Si j'étais un fruit,
Si j'étais un bruit,
Si j'étais un climat,
Si j'étais un loisir,
Si j'étais une planète,
Si j'étais un vêtement,
Si j'étais une pièce,
Si j'étais un véhicule,
Si j'étais un adverbe de temps,




Si j'étais un objet
Je serais simple anneau
Anneau d’or ou d'argent
Un anneau sans tourment.

Si j’étais une saison
Je me vois en été
Tout en blanc et voilée,
Le cœur irrégulier.

Et si j’étais un plat
Je serais un repas,
Sans façon mais pensé,
Qu’aux amis j’offrirais.

Si j’étais animal,
Je serais chatte fatale,
Coquine et sensuelle,
Attachante et fidèle.

Si j'étais une chanson
Je serais un flonflon,
Quelque chose de léger
Facile à réciter.

Si j’étais une couleur,
Je serais blanche neige
Ou écru, un peu beige,
Couverte de petits cœurs.

Si j'étais un roman
Je serais en préface,
En tout début d’idylle,
Au début des possibles.

Si j'étais une légende,
Je ne serais pas vrai,
Et comme, plutôt me pendre,
J'évite ces marais.

Si j'étais personnage
De fiction, au grand âge,
Je serais père Fourasse
Cancre au fond de la classe.

Et si j’étais un film
Je serais animée
De silences et de rires
Mission accompagnée.

Mais si j’étais une arme
Je serais une fronde.
Tirant sur l'élastique
Pour secouer le monde.

Si j'étais un endroit
Je serais une maille,
Maille endroit, maille envers
Tout autour de la terre.

Si j'étais une devise,
J’adresserai au ciel
Comme une tour de Pise
Ma confiance éternelle.

Si j’étais un oiseau,
Je deviendrais Colombe,
Saint Esprit tout là haut
Pour soulager le monde.

Et si j'étais un air,
Un p’tit air d'opéra
Comme ça, cahin caha
Jetant l'Amour en l’air ?

Si j'étais élément
Je serais eau et terre
Et ainsi modelant
J'inventerais mon père.

Si j'étais végétal,
Je serais un vieil arbre
Tout tordu mais vital,
Au pied d’un bout de marbre.

Et si j’étais un fruit
Je serais deux cerises
Queues à queues bien assises
Sur des larmes de pluie.

Mais si j'étais un bruit
Je serais simple souffle
Un éclat, un cuicui
Petit signe de vie.

Si j'étais un climat
Je serais tempérée
Ouragans et tornades
Au chômage ou rangés.

Si j’étais un loisir,
Attendez-vous au pire
J’y passerais mes nuits,
Répudiant les ennuis.

Si j’étais une planète,
Le monde aurait l’air bête.
Regardant par un trou
Me moquerais de vous…

Si j’étais un vêtement,
Je serais un tailleur,
Deux trois pièces, quelle horreur
Chat perché t’es perdant…

Si j’étais une pièce,
La grande salle d’attente
D’une maison de la liesse,
Que seul le bonheur hante.

Si j’étais véhicule,
Je serais une mule
De bois et de papier
Qu’il faudrait gribouiller
Pour la faire avancer.

Si j'étais un dessin
Animé ou filmé,
Je serais Cendrillon
Brandissant un torchon
Au bout de son balai,
Montant à l'Élysée.

Si j'étais un adverbe
De temps, le cœur en berne,
Je griffonnerais « toujours »
Collé au mot « amour ».

Pascale jeu du 14 janvier 2008.











Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 14/01/2008 à 22:03

PASCALE *****

14/01/2008

Mots à insérer :

RAYON : roman, racine absolu, attente, yeux, y, oublieux, onde, nubile, nymphe.
JOKERS : un, fidèle, jeune.




On remarque avec étonnement de nos jours des jeunes femmes à peine nubiles mais quasi-nymphomanes depuis plusieurs années.

Enfin si l’on se réfère au code civil de 2005 car autrefois, à peine âgée de 12 ans, les jeunes filles de bonnes familles, capable d’enfanter, était déclarées « nubiles » et souvent rapidement mariées et soumises à de vieux grigous richissimes ou titrés.

Alors peut-être que finalement la législation qui se veut protectrice oublie le corps et ses impératifs, je ne sais pas mais en tous cas je suis moi, souvent surprise de la maturité sexuelle des jeunes de mon époque. Est-ce le résultat des mauvaises ondes des médias, ordinateurs, nounous de substitution ou un simple état naturel oublié, je l’ignore. Mais fidèle à mes envies de savoir, je cherche. La racine absolue du mal est sans doute bien plus profonde et bien plus perverse.

En tous cas, les yeux plissés vers un avenir meilleur bien incertain, je vogue moi, dans un roman décousu et démodé dans lequel des hommes, oublieux des bonnes manières, révolutionnant le monde amoureux, rayonnant de prétention, vous propose toujours la « botte » mais sans autre épée que leur sexe !

Quitte à y perdre mon âme, je préfère la perdre en me plongeant dans de doux rêves « déconcertants de naïveté » me disait-on autrefois !

Aujourd’hui je sais que c’est vrai mais je continue mon voyage initiatique naïf vers le néant amoureux car quand même, la solitude reste la seule façon certaine de ne plus être déçue par l’autre !


Pascale pour le 14 janvier 2007.



Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 14/01/2008 à 19:24

PASCALE *****

09/01/2008



Mots à insérer
PARTAGE : papier pourquoi, ardoise, allumer, rire rose, tressaillir, tempête, agir, accélérer, gage, goûter, être émotion.
JOKERS : quand, et, si.




Pourquoi toi

Du papier, une ardoise et son cœur qui défaille.
Quelques mots en partage, tout son être qui tressaille, la tempête qui entaille les rires sous les chandails. Le froid qui s’insinue quand le sang s’accélère et la peau qui rosit, gage de vie éphémère.
Du papier, une ardoise et le bout d’An déraille.
L’émotion qui l’étreint doucement dans le noir, les larmes qui affluent mémoire suspendue.
Quand les lampes s’allument, sourires entendus, elle goûte le moment, s’empare d’un
bon dernier :

- et si l’on se souhaitait une Vraie et Bonne Année…

Puis elle va se coucher…

Pascale pour le 7 janvier 2008.








Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 09/01/2008 à 19:09

PASCALE *****


En écoutant : Le Viel Icare du groupe landais "BON TEMPS ROULER", laissez-vous aller à vos émotions, souvenirs...
Pour écouter la chanson aller sur "mes vidéos" et chercher "le Vieil Icare"


TEMPS DE QUOI


- Vous plaidez quoi Maître ?
- Coupable votre Honneur…

Coupable… de plagiat… elle qui s’était crue invincible venait d’être découverte. Trahie par les siens.

C’est en écoutant un disque très ancien que le pot aux roses fut découvert. Elle était pourtant de bonne foi. Avait même, disait-elle, « pompé » de bonne foi. Inconsciemment. Involontairement. Mot pour mot sur une seule ligne parmi cent. Texte tellement imprégné en elle qu’il devenait en partie sien.

- pouvez-vous, Maître, procéder à la lecture du texte délictueux.
- Le voici votre Honneur. Je vous prie de noter que ma cliente, tout en plaidant coupable, tient à ce que le jury sache qu’elle…
- Objection votre Honneur.
- Oui. Laquelle ?
- Votre Honneur. Elle est COUPABLE. Elle le reconnaît. Point final.
- Objection rejetée. Si « point » il y a à déposer, permettez-moi de penser que je puis le faire moi-même, Maître !

L’homme un peu déconfit reprend sa place.

- procédons donc à la lecture.


Il est temps
Il est temps d’approcher le soleil
De décro… la lune
De jeter un gra…ile
Dessus mes infortunes

Il est temps
Il est temps de les mettre …

Le pinceau a …in
Je trace mon …
Retouche mes lende…
Pour qu’ils me …ns durs
Ma palette est …

De rage la prévenue se lève d’un bond et s’écrie :

- il manque des mots, il manque des mots.
- Maître, calmez votre cliente !

Rien n’y fait : « il manque des mots, il manque des mots » crie la femme déchaînée.

L’âme et le cœur en rage, le front en nage, la femme hystérique ne contient plus sa colère !

- ce n’est pas ça. Ce n’est pas juste. Les mots appartiennent à tout le monde…

Les deux policiers qui l’entourent la maîtrise avec peine.
Dans la salle monte un sourd grondement.

- « elle a raison. Elle a raison ». l’homme aux cheveux longs qui harangue la foule semble se régaler de ces imprévus. « Les mots ne sont pas qu’aux autres. Ils sont aussi à nous. A vous. A elle ! Mort aux donneurs de leçons. »

Le bruit devient assourdissant. Le juge s’époumone et tape, mais en vain, sur le rebord de son pupitre de bois qui en a vu bien d’autres.

- taisez-vous, taisez vous ou je fais évacuer la salle.

A ce moment-là l’immense porte de bois du tribunal en folie s’ouvre tout grand. Apparaît un homme plutôt petit, tout en rondeur, souriant et respirant la joie de vivre et le don de soi, générosité de cœur accrochée jusque dans ses chansons.

En le voyant la salle médusée devient tellement silencieuse qu’on entend voler les deux mouches qui, depuis quelques minutes, se demandaient dans quel monde de fous elles voletaient…

- Monsieur ?
- Votre Honneur…
- Pouvez-vous nous expliquer cette intrusion ?
- Voilà votre Honneur. J’ai entendu dire qu’aujourd’hui on jugeait l’une de mes fans et je vous prie de bien vouloir me pardonner mon retard. Je tenais à témoigner en sa faveur.
- Mais vous n’êtes pas le plaignant ?
- Non en effet. Pourtant il me semble qu’en tant qu’auteur originel de ces textes livrés à la vindicte législative (car le peuple a bien autre chose à faire que ces batailles de mots ou d’articles de lois) je suis en mesure d’autoriser qui je veux à s’en bien ou mal inspirer car là n’est pas l’objet du délit.
- Cela n’est pas faux…
- Les mots votre Honneur, quel qu’en soit l’agencement premier ou final, ne m’appartiennent pas en effet et sur ce plan l’accusée a raison. Pas plus à moi qu’aux autres. Et la personne que vous vous apprêtez à juger voire à condamner est une fan de première heure dont les vagues balbutiements artistiques ne font d’ombre à personne ! juste un peu de bien à elle-même et aux rares amies à qui elle ose offrir sa prose…
- Votre Honneur…
- Oui Maître !

L’avocat de la défense, le sourire jusqu’au oreilles s’avance vers le prêtoir….

- en vertu de l’article 174375 du code 354RZ40 et selon la jurisprudence du…
- Maître…
- Oui votre Honneur…
- Cessons-là ces déballages de chiffres. Votre cliente est largement absoute. Il se tourne vers l’auteur du texte d’origine.
- La maison de disque que représente l’avocat de la partie civile n’est-elle pas vôtre ?
- Non votre honneur : je l’ai quittée bien avant que le succès n’advienne et c’est pourquoi elle tente par tous les moyens de discréditer mon œuvre. En s’attaquant à mes fans, elle espère ainsi s’attaquer à moi…
- Je le pressentais et je suis bien heureux que vous ayez pu intervenir à temps. Bon, mais voilà : « il est temps » de nous quitter et voyez, messieurs et mesdames du jury, comme je pourrais moi-même être accuser à cette heure du même plagiat. La vie n’attend pas, allons, bonne soirée à tous et toutes.

Digne et souriant, l’homme rejoint la petite salle attenante au tribunal dans laquelle il rédigera son non-lieu. « Non lieu » car il n’y a pas lieu en effet d’user d’un autre mot.

Pascale en écoutant « le vieil Icare » de Bon Temps Rouler le 10 décembre 2007.






Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 16/12/2007 à 12:44

PASCALE *****

Faire part

« Pendant 9 mois, ma mère m'a aimée dans son ventre, mon père m'a aimé dans sa tête....Vous allez m'adorer... »




Ce fut d’abord une course effrénée à qui arriverait le premier. Et ce fut moi ! En pénétrant la membrane de l'ovule, renonçant à tout jamais à ma liberté, je savais déjà que mon propre père serait, quelque temps en tout cas, mis un peu à l’écart dans notre histoire à trois. Même si, de temps en temps, au début tout au moins, il nous rendrait encore visite… Mais je m’égare!

Une seule cellule, puis deux, puis quatre avant de ressembler à une petite crevette. Merci le miracle de la vie ! T’as vu ma trombine ! Jour après jour, semaine après semaine me nourrissant déjà de ma mère, qui elle se nourrissait de la tendresse et de l’attention de ceux pour qui elle comptait, je grandissais, je me formais, je fignolais ma venue au monde. J'aimais déjà les caresses que ma mère me prodiguait à travers son ventre et les frissons de son propre épiderme faisaient se dresser le duvet, qui bientôt, recouvrait le mien.
Je n’étais pas non plus insensible au son de sa voix. Elle me parvenait étouffée par le liquide qui remplissait mes oreilles. Mais je savais au ton qu’elle employait si elle s’adressait à moi ou pas. Elle adoptait toujours un ton chaleureux, doux comme une berceuse.

Je n'étais pas non plus insensible à celui de mon père. Très vite je sus qu’il y aurait dehors deux personnes qui compteraient beaucoup pour moi. Essentiellement même.

Parfois d'autres voix rejoignaient ces deux-là et je ne m’y retrouvais guère. Mais quel que soit le brouhaha, j'étais toujours entre deux eaux, nageant en plein bonheur.
Parfois une main plus rugueuse, plus hardie aussi, s’emparait de ma maman. C'était effrayant et doux à la fois. Puis remuée en tous sens, je me jurais de ne jamais m’obliger à rester dans un manège à grande vitesse. Enfin les vagues se calmaient et le silence revenait.
Papa, maman et moi dormions alors comme 3 bébés repus.

La notion du temps m’échappait un peu mais je savais qu'il me faudrait un jour sortir de ce cocon. Toutefois je n’avais pas peur. Pourquoi ne serait-ce pas aussi bien dehors que dedans ? Et cette grosse voix qui maladroitement elle aussi venait me bercer : je rêve de savoir à quoi ressemble son propriétaire !
Et les autres, tous les autres. Ceux qui s’extasient sur maman, ceux qui rêvent, m’apostrophent, se pâment, supputent…

A l’heure de la sortie je percerai pas mal de mystère. Mais j’ai une excellente mémoire auditive : ce n’est pas le tout de jaser en buvant de l’eau de rose. Maintenant il va falloir assumer !

-- Ouin. OUIN. OUIN ...

-- Heu, elle pleure souvent comme ça ?

-- Oh ben sais, c’est son heure... Je suis contente que tu la voies ainsi. Personne ne nous croit lorsqu’on le dit. Bon je vais la chercher...

Je me sens bêtement impuissante. La petite serre ses petits poings, secoue ses jambes, hurle à fendre l’âme ou … les murs des voisins.

Bébé elle, ouvre un oeil… Voit sa mère, pousse un dernier cri puis soupire sourire au coin des lèvres :

« Je l’ai eu. Je l’ai eu. Je l'aurai toujours ! »...

Pascale jeu du 1 décembre 2007.





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 10/12/2007 à 21:00

PASCALE *****

10/12/2007


Mot à insérer.
CONTES : courage, caprice, ombre, origine, nature, nourrice, tendresse, température, errance, être, soudain, souvenir.
JOKER : noir, déjà, bon.





Ti fleur fanée.


Il y avait longtemps qu'elle ne croyait plus aux contes de fées. En fait, le courage l'avait abandonnée un soir où les caprices du destin l’avaient obligée une dernière fois à regarder son ombre en face.
À l'origine la nature l’avait pourtant convenablement nantie, corps et biens. Elle n'avait pas eu à s'en plaindre ne quittant le sein de sa nourrice, que pour s’abreuver à une autre source : la tendresse d'un mari, imposé par son père et exigeant mais attentionné. Il n’avait jamais aucun mal à faire monter la température et il aurait suffi de surprendre leurs états, douce errance de deux êtres en pleine communion, pour soudain soi-même se retrouver le coeur où le corps gorgé de souvenirs.
Mais voilà. Cela ne dura que le temps que durent les roses.
Et le prince de ses rêves eut tôt fait de se détourner d’elle, stérile ou mal-aimée, pour s'en aller butiner d’autres fleurs au noir destin déjà tout tracé. Dès que sa main effleurait la leur, c’en était fait de leur innocence et leur pureté. Bon gré, mal gré, elle s'accommodait depuis si longtemps de ce contre quoi elle savait ne pas pouvoir lutter. Trop longtemps en fait. Une dernière fois elle leva les yeux vers ce ciel qui l’avait abandonné lui aussi. Le soleil vint caresser sa peau laiteuse.

Lorsque les soldats retrouvèrent son corps, elle flottait entre deux eaux, leur sembla-t-il, le sourire aux lèvres. Père et mari regrettèrent mais un peu tard leur inconstance et leur légèreté mais époque oblige, et ce d’un commun accord, décidèrent aussitôt de fiancer la soeur cadette avec le même homme espérant enfin un mariage fécond.

Un nuage de poudre sembla soudain s’élever vers le ciel, prenant la forme d’un ange ou d’un oiseau, les soldats ne surent pas comment décrire la scène et le corps disparut de la berge. On fouilla les fossés, on dragua le fond de l’eau mais ce fut peine perdue. Elle s’était volatilisée.

Lorsque le premier enfant naquit, personne n’y prit garde mais une poudre l’or, de la forme d’un ange ou d’un oiseau, seul le poupon aurait pu le dire, se déposa sur le berceau. Et dès lors, elle protégea le bébé qui vécut longtemps, heureux et tellement incapable d’infidélité que dans tout le pays, les femmes citent encore de nos jours, à leurs bambins, sa conduite en exemple.

Ben quoi, on peut rêver un peu.

Pascale Martin-Debève pour le 9 décembre 2007.
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Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 10/12/2007 à 20:55

PASCALE *****

28/11/2007

Mots à insérer

PIEGE : poudre, pince, ivresse, ignorant, ému, écarlate, génie, grave, enlèvement, escarmouche, sensible, souverain.
JOKERS : souvent, menu, belle.




LE PIEGE


Peu à peu le piège se refermait. Dans l’ivresse de l’instant, ignorant superbement l’autre jusqu’à devenir insensible à sa tristesse, il n’avait rien vu venir. Ni la poudre aux yeux qu’elle lui lançait, émue jusqu’à l’écarlate, feignant l’indifférence, ni la détresse de chacun de ses regards. Lui, le génie de l’informatique, qui maîtrisait jusqu’à l’invisible, il avait raté le plus important. Ses appels au secours… Au moment de l’enlèvement des derniers cartons il réalisa mais un peu tard, l’énormité de sa faute.
Il avait beau se pincer : non, il ne rêvait pas et elle était belle et bien partie.
Les escarmouches de ses dernières semaines auraient du l’alerter ? mais non.
- « Ce n’est pas grave » répondait-il sans même écouter les reproches timides qu’elle lui adressait. « Calme-toi chérie »
Même son « chérie » était un « copier coller » qui sonnait faux.
Elle l’avait souvent menacé. Il n’y avait pas jamais cru.
Et voilà : c’était fait. A petits pas menus, elle avait essayé de le prévenir, de le réveiller mais ce fut peine perdue…
Une larme glissa le long de sa joue.
Il l’essuya furtivement d’un revers de manche.
Puis, le regard vide, il s’empara à nouveau de sa souris… A cette heure, remède souverain mais pourtant, sournoise cause de son malheur…

Pascale pour le 26 novembre 2007.








Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 28/11/2007 à 19:52

PASCALE *****

19/11/2007

Mots à insérer

JOURNEE : journal, jalousie, or, ouverture, unique, uniforme, rêve, raillerie, nuit, naturel, ébahie, élégant, étoile, euh.

JOKER : rire, facile, pur.


Journal...



Une journée. Vingt quatre heures si l’on compte la nuit. Jour. Nuit. Elle ne voit plus clair. N’a plus la notion du temps. Elle lutte. Contre les heures qui l’amènent plus près d’un désespoir pire encore. Contre l’étau qui enserre son cœur, son âme, son énergie, ficelés jusqu’à ne plus être. Le journal qui repose sur la table la nargue et la jalousie s’empare d’elle au point qu’elle ne sait plus si on est hier, aujourd’hui, demain ou tout à l’heure… depuis combien de temps est-elle là, figée comme une statue ? Elle l’ignore…
Or, si l’on considère les reliefs de son dernier repas, cela fait un sacré bout de temps !
Dès l’ouverture de la page centrale, l’unique idée qu’elle eut et qu’elle continue d’explorer fut (et cela demeure) d’aller « lui faire la peau ». Ce monstre en uniforme, elle ne pouvait l’avoir aimé un jour ! Elle rêvait. C’est cela. Elle cauchemardait même. Le sourire railleur, il semblait la narguer au-delà de l’objectif et du papier froissé. La nuit rendait naturellement les événements plus oppressants encore mais l’air ébahie et devant l’élégance innée de l’homme sur la photo, elle s’empara d’un gros marqueur et dessina un marteau qui vint vite s’écraser sur la tête du malotru. Au dessus elle dessina autant d’étoiles que de coups qu’elle aurait aimé lui porter. Puis elle partit d’un grand éclat de rire en voyant le résultat final. Euh, c’était facile finalement. Au moyen du feutre, elle gribouilla toute la surface de l’article et comme si cela ne suffisait pas, elle le termina aux ciseaux…
Elle exorcisa sa peine en découpant la page en mille morceaux puis en la brûlant précautionneusement dans l’évier, morceau par morceau regardant s’évanouir ses regrets, sa colère, ses idées de pureté aussi mais tant pis, dans de souveraines volutes de fumée grises.
Oui. C’était facile finalement. Les cendres disparurent en un clin d’œil dans le tourbillon d’une bonde d’évier elle-même survoltée. Fin de l’histoire. En route pour de nouvelles aventures…


Pascale Martin-Debève pour le 19 novembre 2007.






Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 19/11/2007 à 18:24