CHRISTIANE J.*****

sous une paillasse ou un vieux matelas, vous retrouvez une coupure de presse : quand ou qui . Tout est permis (secret etc..)







Germain Maillard, « le gars Germain » ainsi appelé dans le village, a été enterré ce matin.

Garçon de ferme puis ouvrier agricole, c’était une figure familière de cette petite commune de Normandie, une figure discrète, presqu’une ombre, taciturne, célibataire endurci, il n’embêtait personne.

Il habitait dans une maisonnette qui autrefois avait été le logement du gardien d’une maison de maître, gros propriétaire terrien pas très aimé, un « cumulard » comme on disait dans le coin.

Germain était né à la ville, à Rouen.

Il était établi une fois pour toute qu’il était orphelin, sans famille et chacun s’en était accommodé. Il n’avait pas d’histoire et a priori il n’avait pas donné de consignes à observer après sa mort.

Des agents communaux du village furent chargés de vider le petit logement : buffet, table, chaises, un lit, une armoire.

Sous le matelas usagé ils trouvèrent une très vielle coupure de presse, datée de 1945, soigneusement pliée, ils la parcoururent des yeux. Une photo montrait plusieurs jeunes femmes tondues, le regard triste, le nom de l’une d’elle, Sidonie M., était souligné.

Ainsi Germain pouvait être le fruit d’amours jugées scandaleuses. Il connaissait ses origines et il les avait tues.

Les deux agents communaux restèrent songeurs puis leurs yeux se croisèrent.

Germain avait été un gars bien, honnête.

Ils décidèrent de brûler cette coupure. Germain resterait pour toujours un gars sans histoire.

Christiane J. jeu du 15 janvier 2007.




Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 17/01/2007 à 01:24