RENE

05/02/2007


Mots à insérer

Jamais : jeune, jonquille, amour, astre, misère, marchand, arnaque, arpège, illusion, illustre, sincère, source.
Jokers : neige, tout, trois.




Au marché

Je n’abuserai point de votre indulgence, chers lecteurs, en limitant mon développement à ce qui parait nécessaire et suffisant pour une bonne compréhension de ce récit. Celui-ci ne concerne en effet qu’un bref épisode de ma vie, qui est une vie bien ordinaire pour prétendre retenir beaucoup votre attention. Je ne m’attarderai pas plus sur la description des lieux que des plumes talentueuses sauraient bien mieux illustrer que celle de votre serviteur.

Venons en à ce samedi trois février 2007, jour du marché de Mont de Marsan. Comme chaque semaine -c’est en quelque sorte inscrit dans les astres- je prends la 203 Peugeot modèle 1957, ma fidèle et vaillante voiture de collection, dont la peinture noire lustrée et les chromes étincelants rehaussent l’élégance indémodable. Je ne dérogerais jamais à cette habitude, car je crois assez que rien de mauvais n’adviendra tant que nous ferons chemin commun.

Sur la route encore bordée de plaques de neige, j’évite cependant d’enclencher la surmultipliée qui nous propulserait aisément hors d’un virage. Chemin faisant, nous parvenons à destination sans encombre.

Le marché est toujours aussi bien achalandé de produits loyaux et marchands parmi lesquels j’effectue mes emplettes. Sur la place, je remarque un vendeur de fromage dont l’authenticité est attestée par le port d’un béret et quelque bagout. Las, ses prix sont notoirement excessifs. Si ce n’est de l’arnaque, je pense qu’il se fait des illusions sur la naïveté du consommateur local qui est bien au fait de ses bonnes sources d’approvisionnement. Un peu plus loin, je m’approche de l’attroupement qui se forme auprès d’une jeune femme munie d’une guitare. Installée sur un escabeau, elle égrène quelques arpèges avant de donner un show émouvant par sa qualité et sa sincérité. Mais le temps s’écoule trop vite. Je glisse une pièce de monnaie anonyme à ses pieds pour l’encourager, tout en m’interrogeant vainement sur ce destin de saltimbanque vraisemblablement parsemé de quelques misères.

Sa dernière chanson d’amour encore présente à mes oreilles, je m’éloigne pour aller acheter un bouquet de fleurs. Je dois vous en informer, j’ai rendez-vous dans un instant avec F. qui appréciera j’espère ce petit geste. Sans davantage vous faire attendre, voici comment j’ai rencontré cette personne. Adeptes du même cours de langue étrangère, nous venions de découvrir en bavardant que nous fréquentions aussi le même marché du samedi -ce qui n’a rien d’extraordinaire- ; c’est alors que je lui dis d’un ton badin : « tiens, comme ça, on pourra aller boire l’apéritif ? ». F., qui est une personne enjouée et pimpante, me prit au mot.

C’est ici le terme de mon propos, car il serait mal venu d’anticiper… Je vous confie néanmoins -sans doute me trouverez vous bien puéril- mon regret de ne pouvoir lui offrir des jonquilles printanières qui lui correspondraient si bien.


René pour le 5 février 2007.





Pascale Madame Martin-Debève
Rédigé par Pascale Madame Martin-Debève le 05/02/2007 à 20:13