Yémen, des manifestations contre le Président Ali Abdallah Saleh

Les troubles au Yémen ont fait douze morts depuis jeudi. Un adolescent a été tué par balles à Aden, une ville portuaire du sud du pays. D’autres jeunes ont été blessés car ils lançaient des pierres contre une patrouille. C'est dans cette ville (Aden), ancienne capitale du pays de la défunte République démocratique populaire du Yémen, que bon nombre de manifestants sont issus : ils rejettent en plein le pouvoir du Nord depuis la réunification du pays au début des années 1990. Des manifestations ont lieu régulièrement dans les villes du pays : 3 000 personnes ont fait un sit-in devant l’université de Sanaa, le principal lieu de manifestations anti-Saleh. Des banderoles de manifestations avaient pour inscription "Dégage!", ou encore "Le peuple veut renverser le régime!". Des milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Taïz et d’Ibb ainsi qu’à Aden où des chars ont été déployés la semaine dernière. Les marchés sont restés ouverts tandis que les parents n’envoyaient pas les enfants à l’école et que les magasins restaient fermés. Quelles sont les réactions du pouvoir en place face à ces manifestations ? Le Président Ali Abdallah Saleh sera-t-il renversé ? Examinons ses révélations sur la situation du pays.

Le Président Ali Abdallah Saleh a annoncé qu’il ne se représenterait pas aux élections de 2013 et qu’il n’envisageait pas non plus de céder le pouvoir à son fils. Mais cette déclaration ne suffit pas aux manifestants. Le Président a également dit qu’il ne laisserait pas la place à l’anarchie et aux tueries dans son pays. Il explique que les opposants n’ont qu’à prendre le pouvoir par les urnes aux prochaines élections. M. Ali Abdallah Saleh s'est également déclaré favorable aux réformes lors d’une conférence de presse dans la ville de Sanaa. Du côté de l’opposition, le dirigeant du Mouvement du Sud (sécessionniste), Hassan Baoum est détenu par un groupe armé qu'il l'a arrêté à hôpital d’Aden où il était soigné. Au Nord d’Aden, à Yahr, les manifestants ont pris le contrôle des bâtiments gouvernementaux pour protester contre la mort d’un des leurs à Aden. Mais tout le monde est-il du même bord dans le pays ? Que penser des contre-manifestations en faveur du Président Ali Abdallah Saleh ? Expliquons ces affrontements internes au Yémen. Pourquoi le peuple se révolte-t-il contre le pouvoir en place ? Quel est le rôle de la jeunesse ? Comment va se régler le conflit ? Tentons de répondre à ces questions...

Les opposants au Président manifestent contre la pauvreté dont ils sont victimes, contre le chômage, la corruption et demandent le départ de leur Président, âgé de 68 ans et qui est au pouvoir depuis 32 ans. C’est surtout la jeunesse qui manifeste notamment dans l’université de Sanaa et qui veut un vrai changement dans le pays. Dans les rues de Taïz, des rivaux en faveur du gouvernement ont manifesté : ils étaient 10 000, le gouvernement a déclaré qu’ils étaient 1 million. Les vrais manifestants au pouvoir se sont installés sur la Place Hourria (Place de la Liberté) à l’image de la Place Tahrir. Des échauffourées ont eu lieu entre manifestants et partisans du Président yéménite faisant plusieurs blessés et plusieurs morts. De toute façon, le changement s’annonce bientôt. Si la population ne manifeste pas plus, le régime en place viendra à son terme en 2013 c'est-à-dire dans deux ans sinon les manifestants gagnent comme en Égypte ou en Tunisie, on risque l’anarchie mais on peut supposer qu’un gouvernement provisoire sera mis en place. Quoi qu’il en soit, on peut espérer d'ici peu un changement de régime vers une démocratie au Yémen. C’est un vrai soulèvement pour la liberté qui a lieu actuellement au Moyen-Orient. Nous pouvons nous en réjouir, les dictatures tombent grâce à des citoyens éveillés et conscients qu'ils peuvent parvenir à la liberté et à la démocratie.