Les frontières du nouvel Etat
Le gouvernement central indien, dirigé par le parti du Congrès, a décidé de redessiner les frontières des États, tels qu’ils ont été définis au lendemain de l’indépendance. Les limites territoriales de ces États, que nous connaissons aujourd’hui, au nombre de 28, étaient à l’origine les mêmes que celles des régions héritées du colonialisme anglais, sans que la diversité ethnique et linguistique du pays n’ait été prise en compte. Suite à une période d’instabilité sociale et de tensions ethniques, le Parlement indien avait décidé de réorganiser ses territoires, en 1956, sur des bases ethniques et linguistiques. Depuis, les frontières internes n’ont pas fait l’unanimité, et plusieurs redécoupages territoriaux ont eu lieu depuis, notamment avec la création de trois États en 2000 : le Jharkhand,le Chhattisgarh et le l'Uttarakhand, divisant ainsi deux grands Etats, l’Uttar Pradesh et le Madya Pradesh. En effet, face à la mosaïque ethnique du sous-continent, la définition des frontières sur des bases linguistiques semblent bien être une tâche infinie.
En annonçant en décembre dernier, sans négociations préalables, la création de l’Etat du Telangana à l’Ouest de l’Etat de l’Andhra Pradesh, le gouvernement central a ouvert la boîte de Pandore, attisant les tensions communautaires mais également les conflits sous-jacents dus aux fortes inégalités régionales. La population Telugu, troisième groupe linguistique du pays, est majoritairement issue des basses castes, et est, à plus de 70 %, illettrée ; celle-ci devrait bénéficier de la création d’un État Telugu, région qui est restée jusqu’à aujourd’hui enclavée et fortement agricole, l’une des moins développées du pays. Si le territoire nouvellement créé dispose néanmoins de ressources naturelles importantes – charbon, granit, minerai de fer – il jouira surtout de la croissance, notamment technologique, de sa nouvelle capitale, Hyderabad (capitale actuelle de l'Andhra Pradesh), où l’on trouve les sièges des filiales de Google et de Microsoft, ainsi que d’entreprises pharmaceutiques.
En annonçant en décembre dernier, sans négociations préalables, la création de l’Etat du Telangana à l’Ouest de l’Etat de l’Andhra Pradesh, le gouvernement central a ouvert la boîte de Pandore, attisant les tensions communautaires mais également les conflits sous-jacents dus aux fortes inégalités régionales. La population Telugu, troisième groupe linguistique du pays, est majoritairement issue des basses castes, et est, à plus de 70 %, illettrée ; celle-ci devrait bénéficier de la création d’un État Telugu, région qui est restée jusqu’à aujourd’hui enclavée et fortement agricole, l’une des moins développées du pays. Si le territoire nouvellement créé dispose néanmoins de ressources naturelles importantes – charbon, granit, minerai de fer – il jouira surtout de la croissance, notamment technologique, de sa nouvelle capitale, Hyderabad (capitale actuelle de l'Andhra Pradesh), où l’on trouve les sièges des filiales de Google et de Microsoft, ainsi que d’entreprises pharmaceutiques.
Réactions violentes pour et contre
Manifestation pour la création d'un Etat Telangana
Cette annonce a provoqué de fortes tensions politiques et sociales, provenant des opposants comme de ceux qui y sont favorables. Des scènes de liesse ont pu être observées dans la région Telugu, où la population souhaitait la création de leur État depuis l’indépendance. K. Chandrasekhar Rao, le chef du principal parti faisant campagne pour la création d'un nouvel Etat, le Telangana Rashtriya Samiti Party, avait en effet entamé une grève de la faim de onze jours, avant cette annonce. Un collectif pro-Telangana, le JAC, créé à Hyderabad, impose un agenda d’agitations sociales jusqu’au 7 février afin d’obtenir une décision définitive de la part du gouvernement central. D’autre part, en décembre dernier, tous les gouverneurs locaux situés dans le Telangana ont déposé leur démission, en dénonçant le manque de clarté de la proposition et la confusion qui en a suivi au sein de la population.
En effet, la population de l’Andhra Pradesh est témoin depuis décembre jusqu’à aujourd’hui de grèves, de manifestations violentes de la part d’étudiants, de blocages de train et de saccages de commissariats. Les commerçants d’Hyderabad sont restés fermés une journée en signe de contestation contre la création de ce nouvel État. La situation tendue se maintient en ce début d’année, alors que de violentes manifestations ont éclaté la semaine dernière à la suite du suicide d’un étudiant pour soutenir la partition, et que les partis politiques restent divisés sur la question.
En effet, la population de l’Andhra Pradesh est témoin depuis décembre jusqu’à aujourd’hui de grèves, de manifestations violentes de la part d’étudiants, de blocages de train et de saccages de commissariats. Les commerçants d’Hyderabad sont restés fermés une journée en signe de contestation contre la création de ce nouvel État. La situation tendue se maintient en ce début d’année, alors que de violentes manifestations ont éclaté la semaine dernière à la suite du suicide d’un étudiant pour soutenir la partition, et que les partis politiques restent divisés sur la question.
D’autres partitions sont réclamées
Femmes manifestant pour la création d'un Etat indépendant du Bundelkhand
La volonté du gouvernement de créer un nouvel État en fonction de la majorité ethnique du territoire a réveillé de nombreuses revendications de séparatismes dans divers États. Au Bengale occidental, les autonomistes gorkhas, majoritairement de culture népalaise, ont imposé, par exemple, un couvre-feu de quatre jours à Darjeeling, réitérant leur soutien à la séparation d’avec cette région, pour laquelle lutte le Front de Libération du Peuple Gorkha depuis la fin des années 1980. Un jour après l'annonce du ministre des Finances Pranab Mukherjee, qu'aucun autre Etat ne pourrait être créé, la chef du gouvernement de l'Etat d'Uttar pradesh Mayawati Kumari, a écrit au Premier ministre indien demandant un statut d'Etat pour le Poorvanchal, mais également pour le Bundelkhand, dont le territoire est à cheval entre l'Uttar Pradesh et le Madhya Pradesh et dont la lutte pacifique pour l’autonomie est vieille de plus de 50 ans. Le Bundelkhand, comme le Telangana, est une région reculée, peu développée et peuplée en majorité de basses castes.
D’autres demandes d’autonomies sont également directement issues de cette annonce : la création de l'Harit Pradesh, un nouvel Etat qui serait constitué de la partie ouest, c’est-à-dire la plus développée de l'Uttar Pradesh ; l'autonomie du Maharashtra oriental, également connu sous le nom de Vidarbha ; la séparation de la région du Seemanchal, à l’Est du BIhar ; le Saurashtra au Gujarat, ou encore la région de Coorg au sud du Karnataka.
Apparemment basée sur des facteurs linguistiques et ethniques, la question de la partition des grands Etats indien remet sur le devant de la scène les inégalités sociales et économiques au sein même de l’Inde, car il s’agit d’une question profondément économique. La possibilité de disposer d’un gouvernement local propre génère l’espoir d’un développement plus égalitaire des différentes régions, car, comme le remarque Jaibeer Godara, «si l’Inde veut croître et s’imposer comme une puissance globale, nous devons créer de plus petits Etats».
D’autres demandes d’autonomies sont également directement issues de cette annonce : la création de l'Harit Pradesh, un nouvel Etat qui serait constitué de la partie ouest, c’est-à-dire la plus développée de l'Uttar Pradesh ; l'autonomie du Maharashtra oriental, également connu sous le nom de Vidarbha ; la séparation de la région du Seemanchal, à l’Est du BIhar ; le Saurashtra au Gujarat, ou encore la région de Coorg au sud du Karnataka.
Apparemment basée sur des facteurs linguistiques et ethniques, la question de la partition des grands Etats indien remet sur le devant de la scène les inégalités sociales et économiques au sein même de l’Inde, car il s’agit d’une question profondément économique. La possibilité de disposer d’un gouvernement local propre génère l’espoir d’un développement plus égalitaire des différentes régions, car, comme le remarque Jaibeer Godara, «si l’Inde veut croître et s’imposer comme une puissance globale, nous devons créer de plus petits Etats».
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