Le néo-romantisme de Pablo Neruda dans Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée

Neftalí Ricardo Reyes Basoalto, de son pseudonyme Pablo Neruda, est né à Parral (au Chili) le 12 juillet 1904. Il écrit et il est publié dès son adolescence. Il étudie la littérature française et souhaite devenir professeur de français. Son premier livre est Crépusculaire suivi de Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée. Pablo Neruda exerce comme diplomate dans différents pays étrangers notamment à Batavia et à Calcutta. Puis il écrit Résidence sur la Terre. En 1935, il est consul en Espagne et se lie d’amitié avec Federico García Lorca. Cela lui inspire l’écriture de l’Espagne au cœur. Pablo Neruda est républicain et il s'oppose au franquisme.

En 1945, il devient membre du parti communiste chilien et est élu au Sénat dans son pays. En 1950, il publie le Chant Général, œuvre indianiste en hommage à l’Amérique qui était interdite au Chili. Il reçoit le prix Staline pour la Paix en 1953 ainsi que le Prix International de la Paix en 1955. Inspiré par son amour pour Mathilde Urrutia, il écrit la Centaine d’amour ; puis les Ôdes élémentaires et le Mémorial d’Isla Negra. Suite au coup d’État de 1973 pour renverser le président Salvador Allende, la maison de Pablo Neruda, qui l'a soutenu, est pillée. Il meurt le 23 septembre 1973 à Santiago du Chili. Son autobiographie, J’avoue que j’ai vécu, paraît à titre posthume en 1974.

Le romantisme date du XIXe siècle et l’on cite à ce propos le célèbre Victor Hugo. Pablo Neruda écrit Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée à l’époque post-moderniste. On parle de néo-romantisme car ces poèmes sont parus plusieurs décennies après la période romantique et parce qu'ils font apparaître plusieurs courants minoritaires tels que le surréalisme, l’avant-garde et le modernisme. Le cœur des poèmes est romantique : Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée est un recueil lyrique. Le poète est seul et apostrophe la femme aimée. Souvent, la mer est présente, elle symbolise une étendue sans limite, et de manière plus abstraite, la liberté. La côte est un endroit privilégié de même que le crépuscule.

Celui-ci est fugace et propice à l'intimité. Le poète romantique a un moi subjectif qui est confronté au monde extérieur objectif : il projette le meilleur de son esprit sur l'extérieur ce qui définit l’idéalisme romantique. Le choc entre le monde rêvé et le monde réel implique la solitude du poète. Le romantisme c’est également le triomphe du sentiment et du paysage qui est une projection de la spiritualité du poète. La femme aimée du romantique est idéale et belle physiquement et moralement. Le poète est un être civilisé ; son travail est en rapport avec la nature : il est laboureur et en contact avec la mer, le ciel, la terre. Il se dit également pêcheur et frondeur. Un autre élément est également présent : le feu qui apparaît associé au crépuscule. Mais les thèmes principaux de ce recueil sont l’amour et la poésie.

Le poète recherche désespérément l'autre, il aspire à trouver un équilibre et une entière réalisation. La femme est à la fois sensuelle et elle représente un refuge contre l'angoisse. Elle est identifiée à la nature, elle est terre et l'homme est laboureur. Il la contemple, livrée à lui-même. Elle a le pouvoir d’éveiller ses forces vitales. Leur relation est caractérisée par la fugacité mais aussi par la plénitude. La poésie, quant à elle, est le moyen d’être authentique, la femme aimée est la possibilité du chant. Les mots sont une compagnie consubstantielle. Le poème est l’espace de l'amour absolu qui est un amour adolescent. Le poète ressent une douleur et s’en libère par son chant. L'âme de la femme et celle de l’homme sont complémentaires.

Le recueil se termine par la séparation des amants, drame romantique. Ces poèmes évoquent des femmes réelles : il parle de Marisol y Marisombra, l’une rencontrée à Temuco (Terusa) et l’autre à Santiago (Rosaura). En fait, il s’agit d'Albertina Rosa Azócar et de Teresa Vázquez. La troisième femme du poème juste évoquée dans le neuvième poème est María Parodi. Neruda la décrit comme une femme enfant, lumineuse et souriante. Son corps est personnifié : il est joyeux. La femme est douce et le poète aime sa voix. La femme est aussi une totalité qui réunit les quatre éléments : l’air avec le papillon, l’eau avec la vague, la terre avec l’épi et le feu avec le soleil. En conclusion, de très beaux poèmes néo-romantiques à caractère autobiographique.

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