Inception, un film de rêve

Dom Cobb est, plus qu’un as de la cambriole, un maître absolu dans l’art périlleux de l’« extraction », qui consiste à s’approprier les secrets les plus précieux d’une personne en les tirant de son subconscient pendant qu’elle rêve et que son esprit est le plus vulnérable. Ce talent rare a fait de lui un allié très prisé du milieu de l’espionnage industriel, mais aussi un fugitif contraint de parcourir la planète après avoir perdu tout ce qu’il avait de plus cher. C’est alors qu’on lui offre une chance de se racheter. Une ultime mission qui pourrait lui rendre sa vie d’avant, mais à une seule condition : réussir l’impossible, l’« inception ». Il ne s’agit plus cette fois de voler une idée, mais au contraire de l’implanter dans le cerveau de la victime. Si Cobb et son équipe de spécialistes y parviennent, ce sera alors le crime parfait.

Ces 2h28 minutes de projection nous plongent dans un fantastique voyage au cœur du cerveau humain. De splendides effets spéciaux qui font parfois regretter la non-utilisation de la 3D, une musique signée Hans Zimmer, un Leonardo Dicaprio bien plus convaincant que chez Scorsese il y a quelques mois dans un rôle à sa mesure, une Marion Cotillard qui continue son chemin dans le cinéma américain : « Inception » est un film magnifique, qui captivera les adultes et les jeunes d’aujourd’hui déjà dans l’interactivité et le virtuel, et qui, bientôt, se scanneront à l’aide des caméras de leurs ordinateurs, pour devenir les héros d’histoires choisies en s’immergeant en elles. Cette œuvre d’un grand artiste nous dit notre proche avenir : alors profitons des salles obscures pour le découvrir.

Qui n’a jamais voulu s’immiscer dans les rêves de sa femme ou de son patron ? Dom Cobb, lui, en a fait son métier. Dans Inception, Leonardo DiCaprio incarne un extracteur capable de puiser des informations dans votre subconscient pendant votre sommeil. Recherché par les autorités américaines et hanté par le souvenir de sa défunte épouse, il se voit offrir une chance de rentrer chez lui. Sa mission ? Ancrer une idée dans la tête d’un riche industriel en réalisant une « inception ». Retour sur ce fantasme imaginé par Christopher Nolan.

Marion Cotillard envoûte Leonardo DiCaprio. Mieux : elle hante ses rêves en incarnant sa femme mystérieusement disparue. L’acteur ne tarit d’ailleurs pas d’éloges sur sa partenaire, qu’il qualifie de « trésor national français » : « Marion est une actrice extraordinaire. Elle est très engagée dans son travail, elle s’y consume entièrement », a-t-il déclaré lors de son passage à Paris.

Inception, avec son casting de rêve, ses scènes spectaculaires et son gros budget en a tous les apparats, il se révèle pourtant un grand film d’auteur. Christopher Nolan, l’homme qui donna de la profondeur à Batman dans The Dark Knight, signe une autre superproduction intelligente, noire et romanesque dont l’intrigue tortueuse plonge dans les méandres du subconscient à grand renfort de distorsion temporelle et de va-et-vient entre rêve et réalité. Dix ans auront été nécessaires au réalisateur du non moins complexe Memento pour accoucher de ce scénario freudien influencé par Hitchcock, Matrix et James Bond.

Dans les rêves, rien n’est impossible. Un quartier de Paris peut se replier sur lui-même et un train de marchandises peut dérailler au milieu des voitures à Los Angeles. Dans Inception, Christopher Nolan s’est tout autorisé. Le réalisateur a pourtant privilégié les effets réels au numérique. Tourné dans les avenues de Paris, sur un gratte-ciel de Tokyo ou sur une montagne à Calgary, son long-métrage atteint des sommets visuels rarement égalés sur grand écran. Pour les besoins de scènes d’action cruciales, le réalisateur n’a pas hésité à faire construire un immeuble entier au Canada… en bois d’épicéa pour ne pas endommager l’environnement. Des couloirs de 30 mètres de long pivotant à 360 degrés furent également recréés dans un hangar londonien pour les séquences en apesanteur. Le résultat est à la hauteur des ambitions : énorme !

Dom Cobb est un genre de voleur de rêve dont le talent consiste à dérober d’importants secrets dans le subconscient des gens. Cet as et spécialiste de l’espionnage industriel, va devoir accepter une mission des plus périlleuses, afin de retrouver sa vie d’avant… Le dernier de film de Christopher Nolan, réalisateur virtuose du désormais culte « The Dark Knight » , nous rappelle, fort judicieusement, que le vrai cinéma n’est pas mort, et qu’il existe encore aujourd’hui de véritables auteurs dignes de ce nom. Le talentueux metteur en scène orchestre avec une maestria rare, une histoire relativement compliquée et subtile, où rien n’est laissé au hasard, chaque détail ayant son importance dans ce gigantesque puzzle mental. Chaque plan est une leçon de mise en scène, à l’image de l’incroyable scène d’ouverture.

Le scénario, absolument brillant et parfaitement construit, a été écrit par Nolan lui-même, qui a réussi à placer un récit ainsi qu’une ligne narrative des plus complexes dans un scénario étrangement fluide, qui arrive à tenir le spectateur en alerte, de la première à la dernière minute du film.
Les acteurs, quant à eux, s’en sortent avec les honneurs, portés par un Leonardo Dicaprio tout à fait remarquable, dans l’un de ses rôles les plus marquants.

Concernant les hallucinants effets spéciaux, il est à noter que les images de synthèse, généralement utilisées dans ce genre de grosses productions, se font ici très rares, le réalisateur ayant privilégié une approche un peu plus classique, utilisant la plupart du temps des effets mécaniques épatants. Le film est appuyé par la musique hypnotique de Hans Zimmer, dont les compostions collent parfaitement bien à l’univers du scénario, ce qui y instaure d’ailleurs un climat particulièrement troublant, qui colle remarquablement bien à l’ambiance générale de cette œuvre si singulière.

En conclusion, Inception est un pur moment de cinéma, mené de main de maitre par un auteur résolument inspiré, dont le génie se confirme à chaque nouveau film.