Les sondages réalisés avant le vote donnaient à Donald Tusk une légère avance sur son adversaire. Ils se sont trompés, c’est Lech Kaczynski qui a été élu président de Pologne. Sa campagne particulièrement active menée dans l’espoir d’obtenir un retournement de dernière minute en sa faveur a fonctionné. Le candidat du Parti Droit et Justice (PiS), déjà vainqueur des élections législatives du 25 septembre, a orienté ses efforts vers la frange des électeurs les plus sensibles à ses arguments en faveur de la défense des valeurs morales. Il a ainsi mis en avant son bilan d’«incorruptible», obtenu dans les différentes fonctions qu’il a occupé : président de la Cour des Comptes, ministre de la Justice et maire de Varsovie. Il a aussi réaffirmé ses convictions en faveur de la peine de mort et contre l’homosexualité. Ce qui lui a permis d’obtenir le soutien de la Ligue des Familles polonaise, une formation d’extrême-droite, et des ultra-catholiques du parti Autodéfense (Samoobrona).
Lech Kaczynski a, d’autre part, tenté de faire jouer la fibre germanophobe des Polonais en manifestant sa volonté de ne pas oublier les drames de la Seconde Guerre mondiale. Il a d’ailleurs rendu public, de manière fort opportune, un rapport qui juge injustifiées les demandes d’indemnisation que les Allemands expulsés, de Silésie notamment, après la guerre, envisagent de déposer.
Des attaques qui vont loin
Dans le registre de la sollicitation de l’antagonisme entre Polonais et Allemands, le candidat du PiS a été assez loin puisqu’il n’a pas, non plus, hésité à affirmer que le grand-père de son adversaire avait collaboré avec les nazis pendant la guerre. Cette accusation a été rapidement démentie puisqu’il a été prouvé que cet homme avait, en fait, été enrôlé de force dans la Wehrmacht, comme beaucoup d’autres Polonais. Mais la manœuvre est révélatrice d’une stratégie politique où la fin justifie tous les moyens.
Donald Tusk a, quant à lui, essayé de maintenir sa ligne d’ardent défenseur de l’économie libérale durant la campagne. Le candidat de la Plateforme civique (PO) a, en effet, proposé de mettre en place des réformes inspirées par l’économie de marché. Il a aussi prôné une adhésion rapide du pays à la zone euro. Il a, d’autre part, manifesté sa volonté d’améliorer les relations de la Pologne avec ses voisins allemand et russe. Plus jeune que son adversaire (48 ans contre 56), Donald Tusk a tenté de jouer sur sa réputation de bon négociateur, modéré, pour convaincre ses concitoyens. Sa candidature a bénéficié de soutiens de poids. Lech Walesa a ainsi affirmé qu’il voterait pour lui, alors que le syndicat Solidarité s’est rangé dans le camp de Kaczynski. Le président sortant, le social-démocrate Aleksander Kwasniewski, n’a pas été aussi clair que Lech Walesa. Mais il a tout de même déclaré que Donald Tusk pouvait compter sur son aide s’il poursuivait dans la voie «de la modération dans l’action» et «de la recherche du compromis». Et surtout, Kwasniewski a manifesté sa préférence en critiquant sans ménagement les idées conservatrices de Kaczynski.
Par ricochet, la compétition pour la présidence a exacerbé par les difficultés rencontrées ces dernières semaines pour mettre en place la nouvelle équipe gouvernementale à la suite des élections législatives de septembre, qui ont vu le PiS et le PO arriver en tête. La formation d’une coalition entre les deux formations a été rendue plus difficile par les rivalités de personnes et les calculs politiques en partie liés au scrutin présidentiel. Le PO a ainsi reproché au jumeau de Lech Kaczynski, Jaroslaw, président du PiS, d’avoir décidé de céder la place de Premier ministre à un second couteau, Kazimierz Marcinkiewicz, pour ménager les chances de son frère dans la course à la présidence. Peu avant le second tour, une autre crise a aussi surgi entre les deux partis à propos du poste de président de la Diète. Un accord entre les deux formations prévoyait de le laisser à la Plateforme civique. Mais le PiS a bloqué la désignation au prétexte que le PO ne l’avait pas consulté sur le choix de l’ancien ministre de la Défense, Bronislaw Komorowski. Reste à savoir si dans ce contexte tendu, l’élection de Lech Kaczynski va modifier les rapports de force. En tout cas, le nouveau président a, dès l’annonce de sa victoire, lancé un appel à la Plateforme civique «pour boucler rapidement les négociations en vue de la formation d’une coalition gouvernementale».
Lech Kaczynski a, d’autre part, tenté de faire jouer la fibre germanophobe des Polonais en manifestant sa volonté de ne pas oublier les drames de la Seconde Guerre mondiale. Il a d’ailleurs rendu public, de manière fort opportune, un rapport qui juge injustifiées les demandes d’indemnisation que les Allemands expulsés, de Silésie notamment, après la guerre, envisagent de déposer.
Des attaques qui vont loin
Dans le registre de la sollicitation de l’antagonisme entre Polonais et Allemands, le candidat du PiS a été assez loin puisqu’il n’a pas, non plus, hésité à affirmer que le grand-père de son adversaire avait collaboré avec les nazis pendant la guerre. Cette accusation a été rapidement démentie puisqu’il a été prouvé que cet homme avait, en fait, été enrôlé de force dans la Wehrmacht, comme beaucoup d’autres Polonais. Mais la manœuvre est révélatrice d’une stratégie politique où la fin justifie tous les moyens.
Donald Tusk a, quant à lui, essayé de maintenir sa ligne d’ardent défenseur de l’économie libérale durant la campagne. Le candidat de la Plateforme civique (PO) a, en effet, proposé de mettre en place des réformes inspirées par l’économie de marché. Il a aussi prôné une adhésion rapide du pays à la zone euro. Il a, d’autre part, manifesté sa volonté d’améliorer les relations de la Pologne avec ses voisins allemand et russe. Plus jeune que son adversaire (48 ans contre 56), Donald Tusk a tenté de jouer sur sa réputation de bon négociateur, modéré, pour convaincre ses concitoyens. Sa candidature a bénéficié de soutiens de poids. Lech Walesa a ainsi affirmé qu’il voterait pour lui, alors que le syndicat Solidarité s’est rangé dans le camp de Kaczynski. Le président sortant, le social-démocrate Aleksander Kwasniewski, n’a pas été aussi clair que Lech Walesa. Mais il a tout de même déclaré que Donald Tusk pouvait compter sur son aide s’il poursuivait dans la voie «de la modération dans l’action» et «de la recherche du compromis». Et surtout, Kwasniewski a manifesté sa préférence en critiquant sans ménagement les idées conservatrices de Kaczynski.
Par ricochet, la compétition pour la présidence a exacerbé par les difficultés rencontrées ces dernières semaines pour mettre en place la nouvelle équipe gouvernementale à la suite des élections législatives de septembre, qui ont vu le PiS et le PO arriver en tête. La formation d’une coalition entre les deux formations a été rendue plus difficile par les rivalités de personnes et les calculs politiques en partie liés au scrutin présidentiel. Le PO a ainsi reproché au jumeau de Lech Kaczynski, Jaroslaw, président du PiS, d’avoir décidé de céder la place de Premier ministre à un second couteau, Kazimierz Marcinkiewicz, pour ménager les chances de son frère dans la course à la présidence. Peu avant le second tour, une autre crise a aussi surgi entre les deux partis à propos du poste de président de la Diète. Un accord entre les deux formations prévoyait de le laisser à la Plateforme civique. Mais le PiS a bloqué la désignation au prétexte que le PO ne l’avait pas consulté sur le choix de l’ancien ministre de la Défense, Bronislaw Komorowski. Reste à savoir si dans ce contexte tendu, l’élection de Lech Kaczynski va modifier les rapports de force. En tout cas, le nouveau président a, dès l’annonce de sa victoire, lancé un appel à la Plateforme civique «pour boucler rapidement les négociations en vue de la formation d’une coalition gouvernementale».
par Valérie Gas
Article publié le 23/10/2005 Dernière mise à jour le 23/10/2005 à 21:35 TU