jeudi 9 avril 2009 (00h52)
26 commentaires
de Bellaciao
- Avertissement -
Comme vous le savez peut-être, nous sommes un collectif Franco-Italien.
Nous avons toujours un œil sur la vie politique italienne et l’autre sur la vie politique française.
Dernièrement, nous sommes souvent troublés par les nombreuses coïncidences, par les échos, que l’on trouve d’une ou de l’autre chez le voisin transalpin, parfois avec plusieurs décennies de retard (ou d’avance?).
Évidemment, "comparaison n’est pas raison", et ce court article n’a pas d’autre prétention que de faire ressortir certains points qui nous ont semblé saillants. Cependant l’étude attentive de faits historiques, l’analyse d’éléments même apparemment anodins, la comparaison de la vie politique et de ses acteurs ici et là bas est particulièrement éclairante de notre point de vue, surtout ces dernières années.
Il nous semble qu’il y a une vraie filiation entre l’Italie et la France. Pour des tas de raisons. C’est que notre histoire est liée, sinon commune depuis toujours. Combien de peintres, combien d’intellectuels, combien de monarques, combien de cardinaux, combien de princes ou de courtisans italiens en France? Et combien de guerres? Le Roi de Rome n’était il pas le fils de Napoléon?
Plus proche de nous, à titre d’exemple, la séquence de la décadence puis de la refondation communiste du PCI, l’unité entre communistes de divers horizons, la récente scission entre Vendola-Bertinotti vs Ferrero nous semble un des prismes pertinents pour faire un peu de prospective politique ici en France concernant le PCF, le "Front de gauche" etc. Peut-être pas plus que la vie politique allemande et Die Linke, mais au moins autant.
L’un des fondateurs et porte-parole de notre collectif, R. Ferrario, militant du Partito della Rifondazione Comunista, a grandi à Milan dans un des faubourgs les plus pauvres de la banlieue ; il a vécu sa jeunesse pendant les "années de plomb" comme militant d’Avanguardia Operaia puis de Democrazia Proletaria. Fils et petit-fils de militants communistes, descendant d’un des "Mille", (compagnons de Giuseppe Garibaldi), viscéralement anti-fasciste, il a été de tous les mouvements de cette époque, et il jette un regard particulier sur la vie politique française actuelle, qui n’est pas sans lui rappeler beaucoup de souvenirs.
Aussi avons nous décidé finalement de jeter ensemble ces quelques réflexions qui traversent toutes nos discussions depuis des années, dans un petit article que nous avons intitulé "Sarkozy l’Italien".
L’explication de ce titre en forme de provocation suit...
Comme vous le savez peut-être, nous sommes un collectif Franco-Italien.
Nous avons toujours un œil sur la vie politique italienne et l’autre sur la vie politique française.
Dernièrement, nous sommes souvent troublés par les nombreuses coïncidences, par les échos, que l’on trouve d’une ou de l’autre chez le voisin transalpin, parfois avec plusieurs décennies de retard (ou d’avance?).
Évidemment, "comparaison n’est pas raison", et ce court article n’a pas d’autre prétention que de faire ressortir certains points qui nous ont semblé saillants. Cependant l’étude attentive de faits historiques, l’analyse d’éléments même apparemment anodins, la comparaison de la vie politique et de ses acteurs ici et là bas est particulièrement éclairante de notre point de vue, surtout ces dernières années.
Il nous semble qu’il y a une vraie filiation entre l’Italie et la France. Pour des tas de raisons. C’est que notre histoire est liée, sinon commune depuis toujours. Combien de peintres, combien d’intellectuels, combien de monarques, combien de cardinaux, combien de princes ou de courtisans italiens en France? Et combien de guerres? Le Roi de Rome n’était il pas le fils de Napoléon?
Plus proche de nous, à titre d’exemple, la séquence de la décadence puis de la refondation communiste du PCI, l’unité entre communistes de divers horizons, la récente scission entre Vendola-Bertinotti vs Ferrero nous semble un des prismes pertinents pour faire un peu de prospective politique ici en France concernant le PCF, le "Front de gauche" etc. Peut-être pas plus que la vie politique allemande et Die Linke, mais au moins autant.
L’un des fondateurs et porte-parole de notre collectif, R. Ferrario, militant du Partito della Rifondazione Comunista, a grandi à Milan dans un des faubourgs les plus pauvres de la banlieue ; il a vécu sa jeunesse pendant les "années de plomb" comme militant d’Avanguardia Operaia puis de Democrazia Proletaria. Fils et petit-fils de militants communistes, descendant d’un des "Mille", (compagnons de Giuseppe Garibaldi), viscéralement anti-fasciste, il a été de tous les mouvements de cette époque, et il jette un regard particulier sur la vie politique française actuelle, qui n’est pas sans lui rappeler beaucoup de souvenirs.
Aussi avons nous décidé finalement de jeter ensemble ces quelques réflexions qui traversent toutes nos discussions depuis des années, dans un petit article que nous avons intitulé "Sarkozy l’Italien".
L’explication de ce titre en forme de provocation suit...
Comme vous le savez peut-être, nous sommes un collectif Franco-Italien.
Nous avons toujours un œil sur la vie politique italienne et l’autre sur la vie politique française.
Dernièrement, nous sommes souvent troublés par les nombreuses coïncidences, par les échos, que l’on trouve d’une ou de l’autre chez le voisin transalpin, parfois avec plusieurs décennies de retard (ou d’avance?).
Évidemment, "comparaison n’est pas raison", et ce court article n’a pas d’autre prétention que de faire ressortir certains points qui nous ont semblé saillants. Cependant l’étude attentive de faits historiques, l’analyse d’éléments même apparemment anodins, la comparaison de la vie politique et de ses acteurs ici et là bas est particulièrement éclairante de notre point de vue, surtout ces dernières années.
Il nous semble qu’il y a une vraie filiation entre l’Italie et la France. Pour des tas de raisons. C’est que notre histoire est liée, sinon commune depuis toujours. Combien de peintres, combien d’intellectuels, combien de monarques, combien de cardinaux, combien de princes ou de courtisans italiens en France? Et combien de guerres? Le Roi de Rome n’était il pas le fils de Napoléon?
Plus proche de nous, à titre d’exemple, la séquence de la décadence puis de la refondation communiste du PCI, l’unité entre communistes de divers horizons, la récente scission entre Vendola-Bertinotti vs Ferrero nous semble un des prismes pertinents pour faire un peu de prospective politique ici en France concernant le PCF, le "Front de gauche" etc. Peut-être pas plus que la vie politique allemande et Die Linke, mais au moins autant.
L’un des fondateurs et porte-parole de notre collectif, R. Ferrario, militant du Partito della Rifondazione Comunista, a grandi à Milan dans un des faubourgs les plus pauvres de la banlieue ; il a vécu sa jeunesse pendant les "années de plomb" comme militant d’Avanguardia Operaia puis de Democrazia Proletaria. Fils et petit-fils de militants communistes, descendant d’un des "Mille", (compagnons de Giuseppe Garibaldi), viscéralement anti-fasciste, il a été de tous les mouvements de cette époque, et il jette un regard particulier sur la vie politique française actuelle, qui n’est pas sans lui rappeler beaucoup de souvenirs.
Aussi avons nous décidé finalement de jeter ensemble ces quelques réflexions qui traversent toutes nos discussions depuis des années, dans un petit article que nous avons intitulé "Sarkozy l’Italien".
L’explication de ce titre en forme de provocation suit...
"Sarkozy l’Italien"
On surnommait volontiers Mitterrand "Le Florentin", tant la lignée d’experts en intrigues et manipulations issus de cette belle ville italienne est longue..(Machiavel, Laurent de Médicis, Catherine de Médicis,...)
Mais à bien y regarder, Nicolas Sarkozy semble lui aussi très attiré par l’Italie, et ce qu’elle a pu fournir (et fournit encore) de personnages politiques complexes, roués, habiles à brouiller les cartes, culottés à l’extrême, hâbleurs, beaux parleurs, ne redoutant ni de devoir se courber ni de devoir porter le coup de dague dans le dos...
Qui veut la fin voulant les moyens.
Ce "tropisme" italien, ça ne date pas d’hier.
Bon, lui, il voudrait se faire passer pour un Kennedy - mais il ressemble beaucoup plus certainement à ses amis italiens, dont Berlusconi, un vieux copain qu’il serait la première personne à avoir appelée le soir de son élection à la Présidence de la République.
Il faut dire qu’avec le Yacht de V. Bolloré, les Ray Ban, le Fouquet’s, on est plus proche du luxe et de la provocation qu’affectionne "Sua Emittenza" que du chic feutré BC-BG très "Ralph Lauren" de Hyannis Port...
Ce que Berlusconi a en pouvoir réel tiré de ses propriétés privées de chaînes TV, de clubs de foot, de promotion immobilière, Sarkzoy lui le tient directement des institutions de certaines collectivités locales et du régime présidentiel. Mais tous deux sont des hommes qui ne vivent la politique que sur un mode de règne sans partage.
"Mazarin".
C’est sous le nom francisé du cardinal Giulio Mazarini que Sarkozy écrivait dans "Les Echos", en 1995, une série de 24 échanges épistolaires fictifs d’un secrétaire de Jacques Chirac intitulée "Les lettres de mon château".
Sarkozy aime écrire donc, et c’est ni plus ni moins qu’une autre vieille connaissance italienne, Gianfranco Fini (leader du parti néo-fasciste italien "Alleanza Nazionale", qui fit même campagne pour Sarkozy), qui préfaça deux des livres de l’actuel Président, "La République, les religions, l’espérance", puis "Témoignages". Et en assura la promotion en Italie également.
Tellement proches, ces deux-là, que "Il Giornale" qualifiera la relation Fini/Sarkozy "d’axe de fer", axe initié au moment de la guerre en Irak.
Même si Chirac est sans conteste un des hommes politiques français les plus marquants dans l’éducation politique de Sarkozy, et que l’on reconnait chez ce dernier certaines leçons de Chirac (et une partie de ses réseaux aussi), on se demande quand même de qui Sarkozy a-t-il pris, en vieillissant, ces leçons de manipulation magistrales qui consistent à brouiller les cartes entre la droite et la gauche, en tirant partie de toutes les faiblesses congénitales de la sociale-démocratie, et en mettant en avant, pour lui, des buts d’inspiration socialistes avec une démagogie sans frein?
Le socialisme, la révolution, si on l’écoute, mais c’est bien sûr, c’est lui ! Bien sur, en cela, il poursuit l’œuvre du Chirac qui voulait "réduire la fracture sociale" - et l’a agrandie - bien sur qu’il a compris qu’en France, si on voulait le pouvoir, il fallait des promesses de gauche et un programme de droite.
Mais où peut-on retrouver ainsi cette manière de plonger ses racines dans les couches les plus populaires, ouvrières même, d’une France perdue, et sans boussole, en déshérence de gauche radicale, orpheline du marxisme, cette façon de manipuler Jaurès, qui a permis aussi, de ramener à lui les éléments les plus susceptibles d’être "corrompus" du PS?
A qui fait penser ce culte de "l’homo erectus" (à traduire par "l’homme en érection", bien sûr), l’homme qui court, le sportif qui mouille le tee shirt, l’homme viril qui dit "casse toi pov’con", qui dit "descends si t’es un homme"...A qui pourrait faire penser ce goût immodéré des rapports de force, du tonfa, et de la compagnie de CRS?
Comment ne pas penser que Benito Mussolini (qui fut lui-même un certain temps un socialiste, un membre du parti socialiste italien, le directeur de la rédaction de "Avanti !") écrivait en 1919 dans son journal Il Popolo D’Italia, les paroles suivantes :
« Nous nous permettons le luxe d’être aristocrates et démocrates, conservateurs et progressistes, réactionnaires et révolutionnaires, légalistes et illégalistes, selon les circonstances, le lieu et le cadre dans lequel nous sommes contraints de vivre et d’agir. »
En 1919 toujours, le programme de Mussolini, dans un discours qu’il prononce est celui- là : il mêle revendications sociales et nationalistes, se déclare en faveur de la SDN, critique l’impérialisme et exige la dissolution des sociétés anonymes et la suppression de toute spéculation boursière.
Le programme froissera, on s’en doute, un peu les nationalistes et les patrons du Cercle des intérêts industriels et commerciaux, mais Mussolini rassurera ceux-ci en disant qu’il ne s’opposera pas à l’impérialisme et ne soutiendra la SDN que lorsque les revendications sur Fiume seront satisfaites, (ce qui contredit en paroles secrètes le programme lui-même).
Cette caricature populiste-là, même Chirac (surnommé un temps aux guignols "Super-Menteur") n’a jamais osé (ni songé?) à la porter à un tel paroxysme...
Aussi, il fallait bien que Sarkozy la prenne quelque-part.
Mussolini pourrait-il être une sorte de modèle politique pour un Sarkozy? La question doit être posée. On peut voir de nombreuses proximités, idéologiques et de personnalité aussi.
Quelle doctrine d’actualité aussi, magistralement illustrée à chaque discours de Sarkozy, cet opportunisme, et le "double Etat", même ( expression reprise pour les années 70 au sujet d’Andreotti) - l’Etat qui est réservé aux proches, aux initiés, qui savent quand on dit la vérité ou pas, et celui qui est offert à voir au tout-venant !
Et c’est par là, par cet opportunisme, que la social-démocratie pêcha et mourut, par là que Sarkozy, lui qui soutint Balladur contre Chirac après avoir été l’un des protégés de celui-ci, entra définitivement dans la vie politique, au pouvoir.
Giorgio Almirante aussi, oui, un des leaders du fascisme italien, "père spirituel" de son ami Gianfranco Fini, le leader d’un parti qui s’appelait "Mouvement social italien" est susceptible de l’avoir inspiré indirectement.
Mais là où le successeur, G. Fini, se "vend" à Berlusconi, c’est Sarkozy qui finira sans doute par "acheter" ce qui restera du FN qu’il aura décapité. On comprend que Fini l’admire (paraît-il).
Où, sinon en Italie, Sarkozy a-t-il appris à ce point comment emmêler les pistes idéologiques, sémantiques qui innervent la politique et nous semblaient intangibles en France? D’où a -t-il pris ces accointances, ce goût, ces proximités avec ce qu’il y a de plus fasciste dans l’extrême droite française? Est-ce un hasard si une partie de sa garde rapprochée est ancienne d’Occident et d’Ordre nouveau (qui avait son pendant, notamment, italien, "Ordine Nuovo").
On en vient même à se demander si c’est vraiment "par hasard" que Sarkozy a choisi d’épouser Carla Bruni, l’héritière d’une dynastie turinoise du pneu, et dont la famille a toujours revendiqué s’être exilée pour échapper aux Brigades Rouges? Monica Belluci était déjà prise ?- humour bien sûr, car ce n’est pas du tout certain que "la bellissima" eut succombé d’ailleurs...
Et comment, aussi, ne pas évoquer l’ombre d’un autre homme de petite taille quand on pense à Sarkozy avec une mémoire italienne?
Bien sûr, on parle de Giulio Andreotti.
Andreotti. "Il Divo". "L’inoxydable". Ministre de l’Intérieur - des Finances- du Trésor - de la Défense, (le seul poste qui a manqué à Sarkozy dans son parcours initiatique), avant de devenir président du Conseil des Ministres. L’un des hommes politiques les plus manipulateurs, les plus directement lié à la Mafia que l’Italie ait jamais connu.
Comme le définit très bien Sorrentino, qui a récemment réalisé un film sur Andreotti :
"Il [ Andreotti] est l’incarnation d’une politique italienne qui a toujours cherché à cacher la vérité. En ce sens, il est un symbole très fort d’une époque sans scrupule. Je le vois comme un homme affecté d’un très grand complexe de supériorité, qui considère les citoyens comme des imbéciles auxquels il n’est pas nécessaire de dire la vérité." Ici
On l’évoque d’autant plus quand on lit une interview récente de Francisco Cossiga sur la "strategia della tenzione" (la stratégie de la tension") - Cossiga, ancien Président du Conseil, ministre de l’Intérieur de janvier 1976 à mai 1978 qui a re-structuré la police italienne, la protection civile et les services secrets. Il était ministre de l’Intérieur au moment du kidnapping et du meurtre d’Aldo Moro par les Brigades rouges. Il démissionna quand Moro fut retrouvé mort.
Cette "stratégie de la tension", qu’Andreotti lui même avoua en octobre 1990, (en parlant de "l’Opération Gladio" et des cellules "stay-behind", ces réseaux clandestins de l’OTAN installés dans plusieurs pays d’Europe de l’Ouest), consistait évidemment à créer un climat de terreur propre à emporter l’adhésion des masses à un régime autoritaire et sécuritaire, permettant toutes les violations de libertés publiques.
Comment? Par divers moyens. Soit en infiltrant des groupuscules autonomes, soit en provoquant ou faisant provoquer des attentats dits "d’extrême gauche", soit en laissant se dérouler de véritables opérations de barbouzeries, qui donnèrent lieu à des répliques sanglantes, réelles ou manipulées...
L’essentiel était que le peuple vive dans l’angoisse et la terreur pour pouvoir justifier ensuite toutes les répliques fascisantes d’un pouvoir qui menait d’autres "combats" (économiques et financiers) par ailleurs.
Ainsi, entre 1969 et 1980, l’Italie sera frappée par plusieurs centaines d’attentats qui font des centaines de victimes (gare de Bologne, le train Italicus, Brescia, Milan Piazza Fontana etc.) Pour la seule année 1969, 145 attentats sont perpétrés - un attentat tous les 3 jours. On accuse les formations d’extrême gauche. On arrête des militants, on les emprisonne...Mais les attentats se poursuivent et les tensions sociales s’exacerbent. La gauche, mal en point face à la Démocratie Chrétienne, se divise, les corps constitués se méfient les uns des autres, tandis que l’opinion réclame le retour à l’ordre, et une plus grande répression à l’encontre de ceux qui se rendent coupables de ces assassinats.
Dans les coulisses du pouvoir, on organise justement la reprise en main. Face à la menace révolutionnaire, il faut faire intervenir l’armée, et mettre fin aux activités légales et illégales de la gauche. À plusieurs années d’intervalle, mais sensiblement avec les mêmes hommes, le pays est confronté à plusieurs tentatives de coups d’État (Prince Borghese, Complot de la Rose des vents etc).
Nous citons ici (Il Giorno /Resto del Carlino/La Nazione), 23 ottobre 2008 l’un des protagonistes principaux de cette stratégie, Cossiga qui juge la manière de faire de Berlusconi un peu trop "molle" :
(...) "Quels faits devraient suivre?
«Maroni devrait faire ce que j’ai fait quand j’étais ministre de l’Intérieur.»
C’est-à-dire?
«En premier lieu, faire sembler de céder devant les lycéens, parce que pensez à ce qui arriverait si un jeune était tué ou restait gravement blessé …»
Les universitaires, au contraire ?
«Laisser faire. Retirer les forces de police des rues et des universités, infiltrer le mouvement avec des agents provocateurs prêts à tout et laisser pendant une dizaine de jours les manifestants dévaster les commerces, mettre le feu aux autos et mettre les villes à feu et à sang. »
Et après?
«Après, fort du consensus populaire, le son des sirènes des ambulances devra surpasser celui des voitures de police et des carabiniers. »
Dans quel sens ...
Dans le sens que les forces de l’ordre ne devraient avoir aucune pitié et les envoyer tous à l’hôpital. Ne pas les arrêter, il y a tant de magistrats qui les remettraient tout de suite en liberté ! mais les frapper et frapper aussi les enseignants qui fomentent les troubles. » (...)"
C’est cette même stratégie de la tension qui semble se dessiner en France depuis quelques mois.
C’est aussi quand nous avons entendu certains discours, notamment électoraux, de Sarkozy, que certains d’entre nous ont commencé à penser à Mussolini (toutes proportions gardées), et quelles que soient nos différences politiques, nous étions toutes et tous alors convaincus d’une chose : la France allait avoir avec Sarkozy un personnage politique d’une nature et d’une facture comme elle n’en avait encore jamais connu, au contraire de l’Allemagne, de l’Italie, ou de l’Espagne.
Dans le même sens, peut-on toujours voir comme un hasard que ce soit Sarkozy qui ait poursuivi d’une vindicte quasi personnelle Cesare Battisti et Marina Petrella? Qui d’autre avant lui avait redonné ainsi vie aux dossiers des ex-Brigadistes? Personne. Personne depuis 20 ans environ. Pourquoi faire finalement?
Un dernier point commun avec toutes ces personnalités politiques italiennes (Mussolini mis à part, pour des raisons notamment historiques) c’est l’atlantisme, la volonté de soumettre les pays qu’ils gouvernent aux vues américaines. Y-aura-t-il un scandale de la loge P2 ("Propaganda Due") à la française? Beaucoup de personnages influents dans l’entourage proche du chef de l’Etat ne cachent plus leurs "sympathies fraternelles" sinon leur appartenance directe à la franc-maçonnerie, comme, notamment, Xavier Bertrand, ancien ministre du travail et actuel secrétaire général de l’UMP (GOF)...
Alors, finalement, italien, Sarkozy?
Probablement, oui...
En tout cas, à nous , il nous semble bien qu’il exerce le pouvoir "à l’italienne", en ce sens qu’il y a un style qui consiste à cacher, à faire le contraire de ce qu’on dit, à manipuler ; oui, un style dans lequel, hélas, nombreux hommes politiques Italiens excellent. Et puis, ses relations transalpines commencent à être un peu trop récurrentes ces dernières années pour que cela reste un pur hasard...
De : Collectif Bellaciao
jeudi 9 avril 2009
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Commentaires de l'article |
"Sarkozy l’Italien" 9 avril 2009 - 11h19 - Posté par 212.***.160.** |
’Tain qu’esse j’ai fait de mon pavé moi ? :) |
"Sarkozy l’Italien" 9 avril 2009 - 11h15 - Posté par 83.***.161.*** |
Cessons de marcher sur la tete,tous les pouvoirs en place ne sont que la consequence de la faillite passée et presentes d’alternatives credibles ; ...L’abandon du projet politique émancipateur initial et le transfert de sa part de l’utopie rationnelle vers l’activité économique ne sont pas sans conséquences..... Pour une approche apocalyptique de la crise, par Christophe Perrin Publié par Paul Jorion dans Economie, Philosophie, Philosophie des sciences, Questions essentielle http://www.pauljorion.com/blog/?p=2739 Ces luttes... à bout de souffle ! par Patrick Mignard Mondialisation.ca, Le 7 avril 2009 |
"Sarkozy l’Italien" 9 avril 2009 - 11h17 - Posté par 212.***.160.** |
"(...) La prise du pouvoir et la mise en place de la dictature de Mussolini De 1919 à 1922, l’Italie est secouée par une grave crise sociale, économique voire politique. Mussolini l’exploite en brisant les grèves et les syndicats par la violence : il se fait ainsi connaître et bien voir par les milieux d’affaires et le patronat (Confindustria et Confagricoltura). Il utilise pour cela des squadre (escouades), sortes de milices, issues en grande partie des rangs des arditi (venant des troupes d’élite démobilisées en 1918) nationalistes, dont l’uniforme est la chemise noire — qui deviendra un des symboles du fascisme. Le roi d’Italie Victor-Emmanuel III lui confie le gouvernement à la suite d’un ultimatum demandant le pouvoir, appuyé par la mobilisation des Fasci. La "marche sur Rome" du 30 octobre n’aura donc pas été, formellement, un coup d’État mais bien un défilé de victoire pour Mussolini et le Parti national Fasciste. Jouant habilement de mansuétude et de menaces, Mussolini installe progressivement l’appareil fasciste dans le pays et ce malgré l’assassinat du député socialiste Giacomo Matteotti, qui l’accusait, preuves à l’appui, de violences et de malversations, et qui eut un profond retentissement. En effet, d’abord dictateur « légal », allié dans un premier temps aux forces politiques traditionnelles (des libéraux de Giolitti et de Nitti aux nationalistes en passant par les « populaires » catholiques de Don Sturzo), Mussolini élimine toute opposition en étant à l’origine et en laissant se développer une violence généralisée qu’il se fait fort ensuite de contenir : ses adversaires sont dûment battus à coups de gourdins (quand on ne les force pas à boire de l’huile de ricin). Par une loi électorale anti-démocratique, il obtient aux élections de 1924 la majorité absolue au Parlement. Il en profitera, une fois passés les remous de l’affaire Matteotti, pour faire voter les « lois fascistissimes » élaborées par son ministre de la Justice Rocco (1925-1926), fondant un régime totalitaire.(...)" "(...) La politique de Mussolini dénote une « volonté de fascisation des esprits, de transformation globale de la société et de création d’un homme nouveau. » (P. Milza, S. Berstein). Il s’agit donc d’une politique totalitaire. Son instrument essentiel est le Parti National Fasciste (PNF) fondé en 1921, devenu parti unique. Son instance suprême, le Grand conseil du fascisme, s’est substitué à la direction de l’État, le Parlement devenant une simple chambre d’enregistrement et le gouvernement un exécutant des décisions prises par le Grand conseil et Mussolini. Cette prépondérance du parti fasciste se double du culte voué à la personnalité de Mussolini dont témoignent les slogans du régime (« Mussolini ha sempre ragione », « Mussolini a toujours raison »). Le Duce (chef) utilise les medias (radio, cinéma d’actualités, journaux...) pour se mettre en scène : discours spectaculaires, films le montrant en train de moissonner, etc. Dans le même temps, la société toute entière est fascisée : les programmes scolaires sont révisés, les loisirs sont encadrés (les vacances et les voyages des ouvriers sont pris en charge par des organisations parallèles du parti fasciste), la jeunesse est enrégimentée dans l’ONB (Opera Nazionale Balilla) : "Fils de la louve" dès 4 ans, "Balilla" à 8 ans, "Avanguardisti" à 14 ans. On y apprend la vie en collectivité mais aussi le maniement des armes et la discipline militaire, à côté de cours théoriques sur le fascisme. Afin de pouvoir s’appuyer sur les masses catholiques et, surtout, la hiérarchie ecclésiastique du pays, Benito Mussolini signe les accords du Latran en 1929, mettant fin à la question romaine, accordant au pape un État, le Vatican, et un statut de chef d’État. (...)" Pas le temps de traduire de suite désolés mais on le fera promis. " Discorso de Fiume - 1919 - E’ il movimento fascista – movimento squisitamente rivoluzionario – fatto di realtà e di verità, di impeto e di fede che farà valere il diritto del popolo italiano e condurrà la nazione ai più alti destini. Non le classi, non i partiti, non i dogmi idioti, ma il lavoro sarà l’animatore e il propulsore della nuova vita italiana. L’ora dell’Italia non è ancora suonata, ma deve fatalmente venire. L’Italia di Vittorio Veneto sente l’irresistibile attrazione verso il Mediterraneo che apre la via all’Africa. Una tradizione due volte millenaria chiama l’Italia sui lidi del continente nero che nelle reliquie venerande ostenta l’Impero di Roma. E’ la democrazia che ha snaturato la missione e ha falsato la storia d’Italia, alla quale il genio del suo popolo aveva dato il valore di attrice e direttrice della storia europea. L’Italia, avanzando contro gli uomini del passato e contro le false teorie di marca straniera in piena decadenza, di fronte alle nuove formazioni che vogliono il loro posto al sole, ha obbedito a un comando del destino." Et un autre discours de Mussolini : DISCORSO DEL 9 OTTOBRE 1919 Firenze "(...)Bisogna reagire contro tutti questi cortigiani e questi nuovi semi-idoli per elevare questa gente dalla schiavitù morale e materiale in cui è caduta. Non bisogna andare verso di essa con l’atteggiamento dei partigiani. Noi siamo dei sindacalisti, perché crediamo che attraverso la massa sia possibile di determinare un trapasso dell’economia, ma questo trapasso ha un corso molto lungo e complesso. —>Nous sommes des syndicalistes, car nous croyons que, grâce à la masse, il est possible de déterminer la mort de l’économie, mais cette transition a une très longue et complexe. Una rivoluzione politica si fa in 24 ore, ma in 24 ore non si rovescia l’economia di una Nazione che è parte di un’economia mondiale. Noi non intendiamo con questo di essere considerati una specie di "guardia del corpo" di una borghesia che specialmente nel ceto dei nuovi ricchi è semplicemente indegna e vile. Se questa gente non sa difendersi da se stessa, non speri di essere difesa da noi. Noi difendiamo la Nazione, il popolo nel suo complesso. Vogliamo la fortuna morale e materiale del popolo e questo perché sia ben inteso. Io credo che con il nostro atteggiamento sia possibile di avvicinarci alla massa. Intanto la Federazione dei Lavoratori del Mare si è staccata dalla Confederazione Generale del Lavoro ; i ferrovieri hanno dimostrato nello scioperismo di essere italiani e di voler essere italiani, e mentre l’alta burocrazia delle amministrazioni pubbliche è piuttosto nittiana e giolittiana, il proletariato delle stesse amministrazioni tende a simpatizzare con noi. Da cinquant’anni si prendono i generali, i diplomati, i burocratici dalle classi dirigenti, da un nucleo chiuso di ceti e di persone. E’ tempo di spezzare tutto ciò se si vogliono mettere nuove energie e nuovo sangue nel corpo della nazione. E veniamo alle elezioni. Dobbiamo occuparci delle elezioni perché qualunque cosa si faccia è sempre buona regola di stringersi insieme, di non bruciare i vascelli dietro di se. Può essere che in questo mese di Ottobre le cose precipitino in un ritmo così frenetico, da rendere quasi superato il fatto elettorale. Può essere, invece, che le elezioni si svolgano. Dobbiamo essere pronti anche a questa seconda eventualità. Ed allora noi Fascisti dobbiamo affermarci da soli, dobbiamo uscire distinti, contati, e, se saremo pochi, bisognerà pensare che siamo al mondo da sei mesi soltanto.Dove una probabilità di affermazione isolata non esista, si potrà costituire il blocco interventista di sinistra che deve avere da un lato la rivendicazione dell’utilità dell’intervento italiano ai fini universali, umani e nazionali, contro tutti coloro, giolittiani, pussisti e clericali, che l’hanno osteggiato. D’altra parte questo programma non può esaurire la nostra azione, e allora bisognerà presentare alla massa i dati fondamentali su cui vogliamo erigere la nuova Italia. Dove la situazione sarà più complicata, si potrà aderire anche ad un blocco interventista in senso più completo e più vasto. Ma noi vogliamo, soprattutto, consacrare in questa nostra adunata - rivendicandola contro coloro che la negano e che vorrebbero dimenticarla - la immensa vittoria italiana. Noi abbiamo debellato un impero nemico che era giunto fino al Piave ed i cui dirigenti avevano tentato di assassinare l’Italia. Noi abbiamo ora il Brennero, abbiamo le Alpi Giulie e Fiume e tutti gli italiani della Dalmazia. Noi possiamo dire che tra Piave e Isonzo abbiamo distrutto un impero e determinato il crollo di quattro autocrazie." "Fascisme Mouvement politique italien, fondé à Milan en 1919 par l’ex-socialiste et journaliste Benito Mussolini, qui, comme le national-socialisme allemand plus tard, aura une influence certaine en Suisse, surtout avant la guerre. Les organisations d’extrême-droite de la seconde moitié du XXe s. qu’il a plus ou moins inspirées ne sont pas abordées ici. D’abord "antiparti" prônant la "doctrine de l’action", le fascisme se manifeste dès 1920 par la violence de son engagement contre les organisations du mouvement ouvrier, alors très influentes en Italie. Il gagne l’appui de milieux agrariens ou industriels et une complicité partielle des organes de l’Etat, qui favorisent ainsi son développement. Le Parti national fasciste (PNF) est fondé en 1921. Le soutien des élites politiques conservatrices et du roi Victor-Emmanuel permettent l’accès au pouvoir des fascistes en octobre 1922, après la "Marche sur Rome". En 1925, Mussolini profite de la crise qui suit l’assassinat du député socialiste Matteotti pour effectuer un second coup d’Etat et abolir progressivement les libertés existantes. Un régime original, à tendance totalitaire, est mis en place. Centré sur la figure de son chef (il duce, le guide), il se caractérise par l’existence d’un parti unique de masse et par la force de sa propagande. En 1929, Mussolini publie La dottrina del Fascismo (traduction allemande 1934, française 1935), qui érige l’Etat en valeur absolue. En Suisse, le fascisme se diffuse d’abord au sein de la colonie italienne, à partir du premier faisceau (fascio, groupe ou cellule) fondé à Lugano en mai 1921. Peu après, Mussolini s’adresse au Parlement italien en se disant préoccupé par le danger de germanisation du Tessin. Il qualifie le Gothard de "frontière naturelle et sûre de l’Italie", ce qui suscite de vives craintes en Suisse. Désormais, le fascisme y devient synonyme d’irrédentisme. Le développement des faisceaux italiens permet aux autorités fascistes d’encadrer et de contrôler les immigrés dans la Confédération. Il peut s’appuyer sur l’hebdomadaire Squilla italica (la cloche italienne), fondé en 1923 à Lugano. Le Conseil fédéral, rassuré par les déclarations des autorités romaines, n’interdit pas l’organisation des faisceaux. Il se borne à prohiber en 1923 le port de la chemise noire. De même, pour ne pas nuire aux relations avec l’Italie, il surveille attentivement les manifestations d’antifascisme qui apparaissent au sein de l’importante colonie d’immigrés ou de réfugiés italiens, parfois avec le soutien de personnalités politiques suisses de gauche. Dans l’opinion suisse, encore marquée par le traumatisme de la grève générale de 1918, le fascisme éveille de l’intérêt, voire de l’admiration. On lui attribue la défaite du communisme en Italie. C’est le cas notamment de la libérale Gazette de Lausanne, que dirige Georges Rigassi. La droite vaudoise semble particulièrement attirée par la personnalité du duce, ancien immigrant. En 1937, l’université de Lausanne, avec l’accord du Conseil d’Etat, confère même à son ex-étudiant Mussolini un doctorat honoris causa pour avoir réalisé "une organisation sociale qui a enrichi la science sociologique". L’admiration pour le régime mussolinien est plus marquée encore dans les milieux catholiques. Elle se manifeste surtout après la conclusion des accords du Latran (1929), qui mettent fin au long conflit entre l’Etat italien et le Vatican. La doctrine corporatiste, développée dans la Charte du travail de 1927 et concrétisée en 1934 dans la loi sur les corporations, fournit des arguments supplémentaires aux partisans du corporatisme en Suisse, notamment à Fribourg et à Genève. (...) Bibliographie R. Joseph, L’Union nationale 1932-1939, 1975 K. Spindler, Die Schweiz und der italienische Faschismus 1922-1930, 1976 C. Cantini, Le colonel fasciste suisse, Arthur Fonjallaz, 1983 M. Rigonalli, Le Tessin dans les relations entre la Suisse et l’Italie 1922-1940, 1983 M. Cerutti, Fra Roma e Berna, 1986 O. Robert, éd., Matériaux pour servir à l’histoire du doctorat H. C. décerné à Benito Mussolini en 1937, 1987 M. Cerutti, Le Tessin, la Suisse et l’Italie de Mussolini, 1988 M. Cerutti, «Georges Oltramare et l’Italie fasciste dans les années trente», in ES, 15, 1989, 151-211 A. Mattioli, éd., Intellektuelle von rechts, 1995 F. Mornati, «Gli intellettuali, il partito e il fascismo italiano a Losanna», in Storia contemporanea, 26, 1995, 1003-1059 R. Butikofer, Le refus de la modernité. La Ligue vaudoise, 1996 A. Mattioli, Gonzague de Reynold D. Dosi, Il cattolicesimo ticinese e i fascismi, 1999 S. Aerschmann, Katholische Schweizer Intellektuelle und der italienische Faschismus (1922-1943), 2002 Auteur : Mauro Cerutti Source : Lexique historique Suisse" |
"Sarkozy l’Italien" 9 avril 2009 - 14h58 - Posté par 212.***.160.** |
"Dans l’Italie de Berlusconi, les dévots du culte mussolinien redressent la tête. Il y a quelques jours, près de Rimini, ils inauguraient une Maison du souvenir. Le révisionnisme menace. Les repas de famille, c’est toujours un peu gênant quand on n’en fait pas partie : on se sent facilement de trop. Mais bon, ce dimanche 29 juillet, le sangiovese est bien frais, la pasta al dente et l’humeur plutôt rigolarde autour des tables, à l’ombre des pins. Dans le parc de la villa Carpena, située sur la commune de Meldola, à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Rimini, au cœur d’une Europe oublieuse tant elle croit la démocratie indestructible, ils sont moins de 200 à célébrer, ce jour-là, l’ouverture d’une Maison du souvenir. Pour les convives, l’occasion est historique. Ici, dans cette demeure de paysan romagnol enrichi, désormais transformée en musée, a vécu «le plus grand des Italiens, celui qui a aimé la patrie plus que tout», Benito Mussolini. Sa veuve, Rachele, y a habité jusqu’à sa mort, en 1979, entourée du clan familial et des sympathisants soudés dans la même ferveur. «Je ne suis pas fasciste, je suis mussolinien», explique Domenico Morosini, l’un des trois associés à l’initiative de cette réhabilitation. Les deux autres sont Romano Mussolini, le dernier fils encore vivant, et un mystérieux partenaire resté anonyme. «Mussolini est un grand homme, au moins du niveau de César, Garibaldi, Napoléon», ajoute-t-il. On se pince. Aurait-on abusé du sangiovese? Quoi? Ce dictateur fasciste, complice des horreurs du nazisme, ce pantin ridicule, avec ses coups de menton et ses gesticulations, piètre stratège dont les soldats eurent tant de mal à défaire les malheureux guerriers du négus, lors de la conquête de l’Ethiopie, et qui attendit, prudemment, l’effondrement de l’armée française, vaincue par l’Allemagne, pour, à son tour déclarer la guerre à un pays écrasé, l’égal de l’Empereur? «C’est comme au football : quand on perd la partie, on vous accable de tous les maux. Son histoire a été écrite par les vainqueurs et l’Histoire doit être revue», rétorque Morosini, pas peu fier de poursuivre le tour du propriétaire. En bas, passé la salle à manger, on entre dans le bureau du Duce, dans lequel est suspendu un portrait géant de son fils Bruno en uniforme d’aviateur, mort dans un vol de routine près de Pise. Puis on pénètre dans sa bibliothèque, où ce violoniste rangeait ses partitions. A l’étage, les chambres : celle qui abrite le lit conjugal croule sous les bondieuseries. Et partout, des portraits de l’ancien «nouveau César», casqué et botté ou en civil, mais toujours le menton en érection. Petit patron de Lodi, Morosini est, à 61 ans, représentatif de ce milieu d’entrepreneurs lombards et vénètes qui, à la sueur de leur front, ont fait du nord de l’Italie la région la plus riche d’Europe. A l’égal de beaucoup d’entre eux, il «n’est pas longtemps allé à l’école» et se reconnaît dans le combat de la Ligue du Nord, conduite par Umberto Bossi, naguère partisan de l’indépendance de la «Padanie» (la plaine du Pô) et aujourd’hui ministre du gouvernement de Silvio Berlusconi. Violent pourfendeur de «Rome, la voleuse» et d’un Etat italien à juste titre critiqué pour son inefficacité, Bossi, «un ami», dit Morosini, suscite l’admiration de ce dernier : «C’est le premier à avoir organisé de grandes manifestations populaires dans le pré.» Encadrées par ses... camicie verdi (chemises vertes). A Meldola, ce sont les chemises ou polos noirs qui prédominent, bien évidemment. Par fidélité aux uniformes des milices fascistes. Avant le déjeuner, une foule plus importante s’était retrouvée, toujours autour de la famille, à la chapelle du cimetière de Predappio, à quelques kilomètres, dans le village où, le 29 juillet 1883, naquit leur idole, d’un père maréchal-ferrant et cafetier et d’une mère institutrice. C’est dans ce même cimetière que reposent, depuis 1957, ses restes. Auparavant, les autorités, pour empêcher tout désordre, avaient tenu secret le lieu de la sépulture provisoire, un couvent de capucins, près de Milan. Dans la crypte de la famille Mussolini, les pèlerins, en short, armés de leur appareil photo, se mitraillent devant le tombeau et signent le livre d’or. Deux solides gaillards au crâne rasé, enveloppés dans leur cape noire, entretiennent la flamme. C’est la «Garde d’honneur». Une association privée sur le modèle de celle qui, à Rome, au Panthéon, veille sur les tombeaux des rois d’Italie. Pour en être membre, encore faut-il souscrire à son catéchisme. Extraits : «La Garde d’honneur accompagne avec discrétion l’hommage et le recueillement d’un peuple envers Celui que l’on n’a pas oublié. [...] Le respect et l’amour vont vers un homme qui fut et reste encore un symbole : celui d’une Italie qui n’a pas à rougir de soi, par sa générosité, son refus du calcul ou du gain, par sa loyauté, par son courage, par son sens des responsabilités», etc. A la sortie de la crypte, trois adolescents arborent des tee-shirts où l’on peut lire de fières et profondes paroles du Duce, gravées pour l’éternité : Boia chi molla (Mort aux lâches) ; Me ne frego (Je m’en fous) ; O con noi o contro di noi (Avec nous ou contre nous). «On ne peut pas parler de Mussolini à l’école et on ne nous en dit rien, raconte un petit blond. Mais je sais qu’il a beaucoup aimé l’Italie.» Il a les cheveux mi-longs et un piercing sur l’arcade sourcilière, comme d’autres garçons de son âge. Réglementaire, vraiment? «Je suis un fasciste moderne», crâne-t-il. Plus loin, un fasciste à l’ancienne vante «ce temps où l’Italie était la deuxième puissance au monde [sic]. A l’époque, nos valeurs, c’étaient ?Dieu, patrie, famille?. A présent, c’est ?drogue, argent, terrorisme?.» Comme si les horreurs du passé étaient effacées par cinquante ans d’Histoire, les dévots du culte mussolinien ne rechignent plus à s’afficher. «En 1983, témoigne Monica Mussolini, veuve de Vittorio, l’un des fils du Duce, pour fêter le centenaire de sa naissance, nous avions organisé un banquet semblable, ici, villa Carpena. Mais entre nous. Les journalistes n’avaient pas été conviés.» Dix-huit ans après, les portes sont grandes ouvertes. Vestale du feu sacré, adorée par les siens, Monica a confiance : «L’Histoire est en train d’être revue. La guerre qu’on reproche tant à Mussolini n’est pas sa faute : il y a été entraîné malgré lui. Car il était bien supérieur à Hitler.» Parmi la classe politique italienne, Monica ne cache pas ses préférences : «Fini [le dirigeant de l’Alliance nationale, issue du mouvement postfasciste désormais reconverti en parti conservateur et où siège, comme députée, la petite-fille du Duce, Alessandra] est intelligent, mais Silvio Berlusconi me plaît beaucoup : c’est un gros travailleur.» Et tant pis si l’actuel Premier ministre a toujours affirmé venir d’une «famille antifasciste». Derrière la veuve, un homme, en jean et tee-shirt noirs, résume le credo : «L’idéologie fasciste est la synthèse de toutes les idéologies. Nous voulons que les gens compétents gouvernent et que les hommes politiques se contentent de gérer les partis.» L’ère du refoulé s’achève. «Le siècle est terminé, les nouvelles générations sont curieuses, confirme l’historien Sergio Romano, éditorialiste au quotidien Il Corriere della Sera. Il y a aujourd’hui, en Italie, un débat sur la nature du communisme et du fascisme. Faut-il tout rejeter dans le fascisme? Et, d’ailleurs, n’y a-t-il pas eu plusieurs fascismes?» Les premières fissures dans la condamnation brute du Ventennio - les deux décennies où, entre 1922 et 1943, Mussolini exerce le pouvoir - ont été provoquées, il y a près de trente ans, par les travaux de l’historien Renzo De Felice, maintenant disparu. Cet intellectuel de gauche a, le premier, rompu avec l’orthodoxie imposée par les communistes, qui avaient sacralisé la résistance italienne antifasciste, étendue à la vaste majorité du peuple. A rebours, De Felice a souligné l’extraordinaire consensus dont a bénéficié le régime fasciste, probablement jusqu’aux premières défaites, où il apparaît alors que l’Axe ne gagnera pas la guerre. Il met en pièces le mythe d’une opposition de masse, rappelle qu’au moment de la guerre d’Ethiopie, en 1936, même la gauche applaudit le régime. Des exilés reviennent. Contre ceux qui dépeignent le fascisme comme le sommet de l’inculture, De Felice rétorque que le père du futurisme, le poète Filippo Tommaso Marinetti, a été fidèle au Duce jusqu’après sa chute. Dans les milieux universitaires, l’historien est alors violemment attaqué : on l’accuse de légitimer l’ancien régime. Deux décennies plus tard, cette relecture de l’Histoire est pour une bonne part passée dans le grand public et admise, en partie au moins, par la plupart des historiens. Emerge désormais, derrière la dictature, l’image d’un grand bâtisseur qui assécha les marais Pontins, construisit la gare centrale de Milan, mit en valeur les forums impériaux à Rome, couvrit la péninsule d’un tapis d’autoroutes et créa les studios de cinéma de Cinecitta, que Walt Disney est venu copier. Un homme d’Etat admiré, dans le Londres d’avant-guerre, par le conservateur Winston Churchill comme par le travailliste James Ramsay MacDonald et par des intellectuels tels que Kipling ou Shaw. Un visionnaire que visitèrent, en 1931, le Mahatma Gandhi et, en 1934, le dirigeant sioniste Chaïm Weizmann. Un modèle, enfin, qui inspira à Franklin Delano Roosevelt sa politique économique du New Deal. Des lois raciales adoptées en 1938 et des mesures antijuives qui s’ensuivirent, comme du désastre d’une guerre où l’Italie, le 8 septembre 1943, change brutalement de camp pour rejoindre les Alliés, provoquant une crise morale sans précédent - «La plus grande trahison de l’Histoire», juge le général américain Eisenhower, abasourdi par le machiavélisme italien - le Duce reste souvent exempté avec une étonnante complaisance. Le responsable est montré du doigt : c’est la faute de l’Allemagne nazie. «En France, Chirac a condamné en bloc Vichy parce qu’il est l’héritier du gaullisme, estime Sergio Romano. Toutefois, en Italie, nous arriverons à un moment où Mussolini sera jugé comme partie prenante de l’histoire italienne, d’une Italie qui se cherche en commettant des erreurs, bien sûr, mais qu’il faut replacer dans un contexte où compte l’influence d’éléments extérieurs. Hitler est un personnage inclassable. Pas Mussolini. Néanmoins, il faut du temps. Croyez-vous que les Français auraient pu juger sereinement Napoléon III cinquante ans après sa mort?» Dans le recueil de contributions A quoi sert l’Italie? (1), l’essayiste Giovanni Orfei, sous un chapitre intitulé «Comment on apprend l’Italie à l’école», note : «Dans nos manuels souffle encore le vent de l’antifascisme militant, qui, même remis à jour, relève plus de la condamnation morale que de la critique historique.» Cela devrait changer. Durant la dernière campagne électorale, celui qui préside actuellement la région du Latium, Giorgio Storace (Alliance nationale), réclamait une révision des manuels scolaires d’histoire. Il devrait bientôt en avoir l’occasion si la réforme portant sur l’autonomie des régions (notamment en matière d’enseignement) est adoptée, comme attendu, cet automne. «Il ne s’agit pas de censure, précise le député Gustavo Selva (Alliance nationale). Mais il faut sortir du manichéisme actuel où, dans ces mêmes manuels, le communisme est blanc et le fascisme est noir. A mes yeux, le bilan des années Mussolini est globalement négatif ; cependant, faut-il, pour autant, que les jeunes Italiens ne puissent connaître les réalisations sociales et culturelles positives de cette période?» Un peu partout, en Italie, le tabou est levé. A Salo, tranquille cité balnéaire posée sur le lac de Garde, la municipalité, avec l’aide de la région lombarde, prévoit l’ouverture prochaine d’un mémorial destiné à expliquer ce que fut l’ultime avatar du fascisme agonisant qui trouva refuge ici, entre la libération de Mussolini par les Allemands, à l’automne 1943, et son exécution, le 28 avril 1945, par des partisans. A la sortie de Rome, sur la via Appia antica, à l’ombre des pins parasols, derrière la grille du parc, un aigle en bronze monumental fiché sur le gazon accueille le visiteur. La somptueuse propriété de l’éditeur de livres d’art Dino Salvatore abrite plusieurs salles aux murs couverts de tableaux et de photos à la gloire du Duce et ouvertes, sur rendez-vous, au public. Mais c’est encore à Predappio, le village natal, que ce culte de la personnalité est le plus délirant. Dans la rue principale se succèdent d’étranges magasins de souvenirs. Dans ces bazars de toutes les extrêmes droites, rien ne manque à la panoplie du petit facho. Le manganello, le gourdin cher aux miliciens fascistes, ici décrit comme «le meilleur avocat» ; la boucle de ceinture frappée d’un «M» ; la chemise noire réglementaire ; la bouteille de gros rouge avec l’effigie du Duce sur l’étiquette ; assez d’aigles pour remplir une volière ; un Duce casqué en porte-clefs, etc. Grand succès, indémodable : le calendrier de l’année nouvelle, enrichi de puissants axiomes qui feront le bonheur des petits chefs de bureau, tiré à 200 000 exemplaires et vendu, pour la première fois, en kiosques. Mais à côté on trouve aussi la miniature de la limousine de Hitler. Des insignes SS. Des croix gammées. Tout est en vente libre. Où finit le carnaval? Où commence l’épouvante? A quel point la relecture de l’Histoire doit-elle s’arrêter pour ne pas aller trop loin et tomber dans un inquiétant révisionnisme? C’est le débat qui devrait s’ouvrir désormais en Italie. Oui, les Italiens ont su gré, jusqu’à la guerre, à Mussolini d’avoir apporté la paix civile. Non, les mesures antijuives n’étaient pas de façade, ainsi que l’ont confirmé des travaux récents, et contrairement à l’illusion générale dont se bercent les Italiens, sauf dans quelques endroits comme le sud de la France occupée. Faut-il souscrire à la thèse du «bouclier», énoncée, avant sa mort, par De Felice? Celle qui voudrait que, à Salo, le Duce, malgré son épuisement, se soit sacrifié, pour une cause qu’il savait perdue d’avance, afin d’empêcher Hitler de raser les grandes villes du Nord, en représailles à la trahison italienne. Auteur d’une récente biographie de Mussolini, l’historien Pierre Milza juge «exagéré» ce rôle de «bouclier», même s’il note qu’ «il semble bien que l’essentiel se soit joué sur l’idée qu’il n’y avait pas d’autre moyen d’éviter le pire que celui qui lui était dicté par Hitler» (2). Et que penser de la volonté du Duce, sur la fin, de transmettre son héritage à ses premiers compagnons, les socialistes : «Là où j’ai échoué, je souhaite que ce soient les socialistes, après la guerre, qui réussissent. Ce sont eux qui doivent faire le plus vite possible ce que je n’ai pu faire»? Dans le parc de la villa Carpena, ce dimanche, comme l’après-midi touche à sa fin, les carabinieri en faction depuis la matinée rentrent pour se rafraîchir. On leur offre des pin’s frappés du drapeau de la République de Salo : ils les acceptent, chacun, en remerciant. A l’écart, un jeune homme joue avec un garçonnet. Il a 33 ans, se nomme Caio Giulio Cesare Mussolini. C’est l’arrière-petit-fils du dictateur. «Bien sûr, aujourd’hui, je suis heureux de vivre dans une Europe démocratique. Bien sûr, la responsabilité politique de Mussolini, sur la guerre et les lois antijuives, est entière puisqu’il était le chef. Mais, si toute son œuvre devait être condamnée, on n’en parlerait pas aujourd’hui.» En écho d’outre-tombe, l’avertissement du Duce, lu dans la crypte, revient alors en mémoire : «Rien de ce qui a été fait ne pourra être annulé.» (1) Sous la direction de Michel Korinman et Lucio Caracciolo. La Découverte/Limes. (2) Mussolini, par Pierre Milza. Fayard. http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/l-inquietant-fan-club-de-mussolini_492804.html?p=4 |
"Sarkozy l’Italien" 9 avril 2009 - 18h18 - Posté par Roberto Ferrario - 82.***.180.** |
"Les Lettres de mon château", ou quand Nicolas Sarkozy prenait la plumeNOUVELOBS.COM | 03.12.2007 | 12:23 A l’été 1995, un certain Mazarin publiait dans Les Echos la correspondance fictive de Jacques Chirac, alors nouvellement élu président de la République. L’auteur n’était autre que Nicolas Sarkozy. Eté 1995. Jacques Chirac vient d’être élu président. Nicolas Sarkozy, qui a soutenu Edouard Balladur durant la campagne, entame une traversée du désert politique. L’occasion de toucher à une nouvelle activité : l’écriture. S’imaginant secrétaire de Jacques Chirac, il va signer 24 échanges épistolaires fictifs publiés dans le quotidien Les Echos (alors dirigé par Nicolas Beytout) et signés sous le pseudonyme de "Mazarin". 8 - à l’attention de Philippe Seguin 15 - signé Brice Lalonde |