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La réservation pour la soirée sur l'internationalisation de la mafia peut être prise sur le site de Carlo GIULIANI ou à l'adresse mail des GARIBALDIENS.
lesgaribaldiens@yahoo.com
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Rosario CROCETTA : Chrétien, communiste et fier d'être gay. L'Euro député anti-mafia.
L’eurodéputé italien Rosario Crocetta vit sous haute protection depuis 2003, lorsque la mafia a tenté de l‘éliminer. A l‘époque, il était maire de Gela, une petite ville de Sicile. Fort de la confiance de la population, il avait créé avec des entrepreneurs une association anti-racket qui entravait les affaires de Cosa Nostra.
Depuis, menacé de mort, il est protégé par quatre policiers de jour comme de nuit et se déplace dans des voitures blindées.
En juin, sa carrière a pris un nouveau tournant. Il a été élu au Parlement européen. Or faire son travail d’eurodéputé pourrait lui coûter la vie car la Belgique lui refuse une escorte.
Les négociations se poursuivent mais Rosario Crocetta n’est pas homme à abandonner et il a bien l’intention d’aller jusqu’au bout de son mandat.
Cecilia Cacciotto, euronews : “Rosario Crocetta, vous vivez sous protection en Italie. En Europe, en tant qu’eurodéputé, cette protection vous est refusée. Avez-vous l’impression que l’Europe se moque de votre sort ou est-ce que votre cas est emblématique des anomalies de cette Europe unie?”
Rosario Crocetta : “Je ne pense pas que l’Europe se moque de moi. Sincèrement, non. Je ne veux pas non plus polémiquer avec les autorités belges. Je suis une personne loyale envers les institutions et je ne me le permettrais jamais. Je peux comprendre qu’elles aient un point de vue différent du mien.
Néanmoins, le problème de fond est que j’ai été condamné à mort par Cosa Nostra, qui est une organisation criminelle internationale existant depuis 1860 et qui n’a jamais été démantelée. Je ne suis pas la cible d’une petite association criminelle locale, mais d’une organisation avec une structure pyramidale qui est très puissante en Sicile et qui a des liens avec les autres mafias en Italie et à l‘étranger. Elle dispose d’un réseau international et peut donc frapper en Belgique ou en Colombie comme elle peut frapper n’importe où ailleurs.”
euronews : “Pourquoi cette condamnation à mort ?”
Rosario Crocetta : “Pourquoi j’ai été condamné à mort par la mafia ? Pour plusieurs raisons. J’ai commencé à m’attaquer aux intérêts de la mafia qui pèse le plus lourd, celle qui fait des affaires illicites dans le cadre d’un système illégal, mais aussi celle qui fait des affaires légales dans un cadre illégal.”
euronews : “Comment avez-vous fait ?”
Rosario Crocetta : “Ça a été dur. A Gela, en 1993, un entrepreneur, Gaetano Giordano – qui a donné son nom à l’association anti-racket de la ville – a été abattu simplement parce qu’il avait été tiré au sort par les boss de la mafia qui voulaient donner une leçon à un groupe d’entrepreneurs ayant dénoncé les pratiques de la mafia. Il a été tué.
Il était évidemment difficile d’amener ces entrepreneurs à parler après un tel choc. J’ai d’abord commencé avec cinq personnes. On s’est réunis au commissariat pendant des mois. Et au bout d’un an, 15 entrepreneurs ont porté plainte. La révolte a démarré comme ça.
Mais tout a été possible parce que les citoyens ont vu que j‘étais quelqu’un de sérieux, que je n‘étais pas un politicien qui fait du blabla.”
euronews : “Vous avez licencié une employée municipale parce qu’elle était la femme d’un boss de la mafia. A ce moment-là, est-ce que vous avez pensé aux conséquences de votre acte ?”
Rosario Crocetta : “Il n‘était pas qu’un boss de la mafia. C‘était un des chefs les plus importants de Cosa Nostra en Sicile, le troisième homme le plus recherché et le plus dangereux d’Italie.
Bien sûr que j’ai eu peur et que j’ai eu une période de réflexion. Je savais que cette décision me vaudrait une condamnation à mort, mais je devais la prendre parce que c‘était la bonne décision.”
euronews : “La mafia n’est pas seulement un phénomène italien. L’Europe a-t-elle conscience du rôle international de la mafia ?”
Rosario Crocetta : “L’Europe sous-estime totalement le problème de la mafia. Un exemple : en décembre 2003, on a intercepté une conversation téléphonique qui a permis de découvrir qu’on préparait un attentat contre moi. Une conversation entre un entrepreneur proche de la mafia locale et un entrepreneur lituanien.
Dans leur conversation, ils parlaient d’une réunion qui allait avoir lieu en décembre 2003. Il s’agissait du sommet européen, et ils disaient que cela leur permettrait de faire des affaires importantes.
J’ai vérifié, et en effet, lors de ce sommet, les dirigeants européens ont décidé de faire adhérer la Lituanie à l’Union.”
euronews : “En tant qu’eurodéputé, que proposez-vous ?”
Rosario Crocetta : “Dès le premier jour, j’ai proposé que l’on crée une commission anti-mafia. Je crois aussi qu’il faut lancer une enquête sur le blanchiment d’argent et soutenir toutes les associations qui se battent dans chaque pays pour les droits civils, pour la liberté, et contre les mafias.”
euronews : “Aujourd’hui, on sait que l’Etat italien a négocié avec la mafia dans les années 90 pour obtenir une trêve. Qu’en pensez-vous ? Est-il légitime d’en arriver à négocier avec Cosa Nostra ?”
Rosario Crocetta : “Absolument pas. Cette phase pendant laquelle l’Etat, une partie de l’Etat a négocié, a été dramatique dans l’histoire de notre pays. Il y a eu aussi des phases, tout aussi graves, pendant lesquelles l’Etat a cohabité avec Cosa Nostra. Pourquoi est-ce que Cosa Nostra est l’unique organisation d’ampleur mondiale qui n’a pas été éliminée jusqu’ici ? La réponse est simple : c’est bien parce qu’il y a une partie des institutions qui l’a reconnue et même défendue.
L’Europe est en train d’avoir le même type d’attitude. Je ne dis pas qu’elle négocie avec Cosa Nostra, mais qu’elle l’ignore et donc qu’elle cohabite avec elle. Et ça, c’est une erreur très grave, la même qu’a commise l’Italie. Par exemple, l’Europe n’a pas introduit de lois spécifiques contre les phénomènes mafieux.”
euronews : “En 2003, quand la police vous a annoncé qu’elle venait d’empêcher un attentat contre vous, votre première pensée est allée à votre mère…”
Rosario Crocetta : “Ma mère m’a toujours dit : il vaut mieux être pauvre mais honnête. Ma mère partage mon choix. Elle est âgée mais elle n’habite pas avec moi, sinon je mettrais sa vie en danger.”
euronews : “A la fin, qui va l’emporter, Rosario Crocetta – la Sicile honnête – ou la mafia ?”
Rosario Crocetta : “J’espère que la Sicile honnête va l’emporter. Mais ce n’est plus seulement un combat sicilien parce que l’argent de la mafia se trouve au Luxembourg, il se trouve en Belgique, et si nous n’arrivons pas à intercepter ces capitaux, nous n‘éliminerons pas la mafia.”
L’eurodéputé italien Rosario Crocetta vit sous haute protection depuis 2003, lorsque la mafia a tenté de l‘éliminer. A l‘époque, il était maire de Gela, une petite ville de Sicile. Fort de la confiance de la population, il avait créé avec des entrepreneurs une association anti-racket qui entravait les affaires de Cosa Nostra.
Depuis, menacé de mort, il est protégé par quatre policiers de jour comme de nuit et se déplace dans des voitures blindées.
En juin, sa carrière a pris un nouveau tournant. Il a été élu au Parlement européen. Or faire son travail d’eurodéputé pourrait lui coûter la vie car la Belgique lui refuse une escorte.
Les négociations se poursuivent mais Rosario Crocetta n’est pas homme à abandonner et il a bien l’intention d’aller jusqu’au bout de son mandat.
Cecilia Cacciotto, euronews : “Rosario Crocetta, vous vivez sous protection en Italie. En Europe, en tant qu’eurodéputé, cette protection vous est refusée. Avez-vous l’impression que l’Europe se moque de votre sort ou est-ce que votre cas est emblématique des anomalies de cette Europe unie?”
Rosario Crocetta : “Je ne pense pas que l’Europe se moque de moi. Sincèrement, non. Je ne veux pas non plus polémiquer avec les autorités belges. Je suis une personne loyale envers les institutions et je ne me le permettrais jamais. Je peux comprendre qu’elles aient un point de vue différent du mien.
Néanmoins, le problème de fond est que j’ai été condamné à mort par Cosa Nostra, qui est une organisation criminelle internationale existant depuis 1860 et qui n’a jamais été démantelée. Je ne suis pas la cible d’une petite association criminelle locale, mais d’une organisation avec une structure pyramidale qui est très puissante en Sicile et qui a des liens avec les autres mafias en Italie et à l‘étranger. Elle dispose d’un réseau international et peut donc frapper en Belgique ou en Colombie comme elle peut frapper n’importe où ailleurs.”
euronews : “Pourquoi cette condamnation à mort ?”
Rosario Crocetta : “Pourquoi j’ai été condamné à mort par la mafia ? Pour plusieurs raisons. J’ai commencé à m’attaquer aux intérêts de la mafia qui pèse le plus lourd, celle qui fait des affaires illicites dans le cadre d’un système illégal, mais aussi celle qui fait des affaires légales dans un cadre illégal.”
euronews : “Comment avez-vous fait ?”
Rosario Crocetta : “Ça a été dur. A Gela, en 1993, un entrepreneur, Gaetano Giordano – qui a donné son nom à l’association anti-racket de la ville – a été abattu simplement parce qu’il avait été tiré au sort par les boss de la mafia qui voulaient donner une leçon à un groupe d’entrepreneurs ayant dénoncé les pratiques de la mafia. Il a été tué.
Il était évidemment difficile d’amener ces entrepreneurs à parler après un tel choc. J’ai d’abord commencé avec cinq personnes. On s’est réunis au commissariat pendant des mois. Et au bout d’un an, 15 entrepreneurs ont porté plainte. La révolte a démarré comme ça.
Mais tout a été possible parce que les citoyens ont vu que j‘étais quelqu’un de sérieux, que je n‘étais pas un politicien qui fait du blabla.”
euronews : “Vous avez licencié une employée municipale parce qu’elle était la femme d’un boss de la mafia. A ce moment-là, est-ce que vous avez pensé aux conséquences de votre acte ?”
Rosario Crocetta : “Il n‘était pas qu’un boss de la mafia. C‘était un des chefs les plus importants de Cosa Nostra en Sicile, le troisième homme le plus recherché et le plus dangereux d’Italie.
Bien sûr que j’ai eu peur et que j’ai eu une période de réflexion. Je savais que cette décision me vaudrait une condamnation à mort, mais je devais la prendre parce que c‘était la bonne décision.”
euronews : “La mafia n’est pas seulement un phénomène italien. L’Europe a-t-elle conscience du rôle international de la mafia ?”
Rosario Crocetta : “L’Europe sous-estime totalement le problème de la mafia. Un exemple : en décembre 2003, on a intercepté une conversation téléphonique qui a permis de découvrir qu’on préparait un attentat contre moi. Une conversation entre un entrepreneur proche de la mafia locale et un entrepreneur lituanien.
Dans leur conversation, ils parlaient d’une réunion qui allait avoir lieu en décembre 2003. Il s’agissait du sommet européen, et ils disaient que cela leur permettrait de faire des affaires importantes.
J’ai vérifié, et en effet, lors de ce sommet, les dirigeants européens ont décidé de faire adhérer la Lituanie à l’Union.”
euronews : “En tant qu’eurodéputé, que proposez-vous ?”
Rosario Crocetta : “Dès le premier jour, j’ai proposé que l’on crée une commission anti-mafia. Je crois aussi qu’il faut lancer une enquête sur le blanchiment d’argent et soutenir toutes les associations qui se battent dans chaque pays pour les droits civils, pour la liberté, et contre les mafias.”
euronews : “Aujourd’hui, on sait que l’Etat italien a négocié avec la mafia dans les années 90 pour obtenir une trêve. Qu’en pensez-vous ? Est-il légitime d’en arriver à négocier avec Cosa Nostra ?”
Rosario Crocetta : “Absolument pas. Cette phase pendant laquelle l’Etat, une partie de l’Etat a négocié, a été dramatique dans l’histoire de notre pays. Il y a eu aussi des phases, tout aussi graves, pendant lesquelles l’Etat a cohabité avec Cosa Nostra. Pourquoi est-ce que Cosa Nostra est l’unique organisation d’ampleur mondiale qui n’a pas été éliminée jusqu’ici ? La réponse est simple : c’est bien parce qu’il y a une partie des institutions qui l’a reconnue et même défendue.
L’Europe est en train d’avoir le même type d’attitude. Je ne dis pas qu’elle négocie avec Cosa Nostra, mais qu’elle l’ignore et donc qu’elle cohabite avec elle. Et ça, c’est une erreur très grave, la même qu’a commise l’Italie. Par exemple, l’Europe n’a pas introduit de lois spécifiques contre les phénomènes mafieux.”
euronews : “En 2003, quand la police vous a annoncé qu’elle venait d’empêcher un attentat contre vous, votre première pensée est allée à votre mère…”
Rosario Crocetta : “Ma mère m’a toujours dit : il vaut mieux être pauvre mais honnête. Ma mère partage mon choix. Elle est âgée mais elle n’habite pas avec moi, sinon je mettrais sa vie en danger.”
euronews : “A la fin, qui va l’emporter, Rosario Crocetta – la Sicile honnête – ou la mafia ?”
Rosario Crocetta : “J’espère que la Sicile honnête va l’emporter. Mais ce n’est plus seulement un combat sicilien parce que l’argent de la mafia se trouve au Luxembourg, il se trouve en Belgique, et si nous n’arrivons pas à intercepter ces capitaux, nous n‘éliminerons pas la mafia.”
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Tags: Italie, Mafia, Parlement européen