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La Course à Pied – Prise d’appui et considérations biomécaniques. Vers le body-mechanic ....



Prise d’appui – aspects biomécaniques
 
Pour comprendre cette différence de gestion et d’amorti de la force de réaction au sol en fonction du type de prise d’appui, il faut considérer les différences qui interviennent en terme de biomécanique.
 
Attaque du sol et mouvement de la cheville
 

Prise d’appui talon : le coureur va prendre appui au sol du milieu vers l’extérieur du talon, juste en dessous de l’articulation de la cheville. La cheville est alors en position de flexion dorsale, il se réalisera donc une flexion plantaire passive tout au long de l’appui jusqu’à l’impulsion.
 
Prise d’appui avant-pied : le coureur va prendre appui au sol avec la plante du pied, juste en dessous de la tête du 4ème et 5ème métatarsien. Dans ce cas, la cheville est en position de flexion plantaire, il se réalisera donc une flexion dorsale passive tout au long de l’appui jusqu’à l’impulsion. Le pied est généralement en légère inversion.
Dans les deux cas, la hanche et le genou sont en légère flexion.

Cette première différence est déjà très importante. En effet, le mouvement de la flexion plantaire (appui au niveau de la tête des métatarsiens) à la flexion dorsale (descente du talon) lors de la prise d’appui avant-pied, va se faire sous le contrôle des muscles du mollet et du tendon d’Achille.
Cette biomécanique, de l’avant pied en direction du talon, est fondamentale, dans le sens où elle permet au complexe triceps sural/tendon d’Achille d’emmagasiner et de restituer l’énergie élastique pour l’impulsion.
D’un point de vue physique, le moment de force vertical de la jambe à l’impact, va être converti en moment de force de rotation, dans le cas d’une prise d’appui avant-pied. Ce qui n’est pas le cas lors d’une prise d’appui talon, où le moment de force vertical de la jambe à l’impact, se trouve absorbé par la composante verticale de la force de collision. On rappelle que le moment d’une force est égal à la masse de l’objet multiplié par sa vélocité.
La conversion en moment de rotation du moment de force vertical de la jambe, permettra dans le cadre d’une prise d’appui avant-pied, d’amortir la force de réaction au sol.
 
La voûte plantaire

 
Durant la course à pied, la voûte plantaire se comporte comme un ressort, pouvant restituer jusqu’à 17% de l’énergie emmagasiner durant la phase d’appui. Cette condition n’est valable que si la cinétique de la course le permet. Ici encore, la technique de prise d’appui aura une influence significative.
Lors de la prise d’appui talon, la voûte plantaire sera mise en tension seulement lorsque les orteils toucheront le sol, c’est à dire en fin de phase d’appui, juste avant l’impulsion.
Cependant, lors d’une prise d’appui avant-pied, la voûte plantaire subit un étirement tout au long du mouvement. L’énergie emmagasinée tout au long de la phase d’appui sera restituée lors de l’impulsion.
 
Ces deux notions permettent déjà de nous rendre compte de l’intérêt d’une technique de prise d’appui avant-pied.
En effet, l’amorti de la force de réaction au sol permet d’éviter l’onde de choc réactionnelle, ce qui d’un point de vue de la diminution de l’incidence des blessures du membre inférieur peut être intéressant.
La prise en compte du type de prise d’appui semble également importante du point de vue de la performance. En effet, une des particularités de l’être humain comparativement à ses ancêtres, est de posséder au niveau des membres inférieurs de longs tendons connectés à des muscles à courts fascicules (triceps sural, tractus ilio-tibial). Ces longs tendons se comportent tels des ressorts, en emmagasinant de l’énergie lorsqu’ils sont étirés et en la restituant. Cela permet dans le cadre de la course à pied d’économiser de l’énergie, mais aussi d’être beaucoup plus efficace. Comme nous venons de le voir, l’utilisation de cette particularité est annihilée lors d’une prise d’appui talon.
 
Il est donc nécessaire de considérer le type de prise d’appui, dans une optique de santé, mais aussi dans une optique par la suite de performance.