II faut choisir : ça dure ou ça brûle ; le drame, c'est que ça ne puisse pas à la fois durer et brûler. Albert Camus
Samedi dernier, j'ai assisté à une conférence débat entre Luc Ferry et André Comte-Sponville, qui portait sur le thème de l'universalité. Deux interventions assurément de qualité, mais qui sont loin d'être rassurantes… Serions-nous en train de vivre dans une société décadente ? Je préfère ne pas le croire. D'autant plus qu'il paraît que l'optimisme permet de vivre plus longtemps ! Je préfère donc rester fidèle à la maxime d'Alain : l'optimisme est de volonté, le pessimisme est d'humeur. Même si, comme l'a fort justement dénoncé Luc Ferry, le pessimisme est vendeur, tous les médias en sont dépendants. Sauf que ce n'est certainement pas le pessimisme qui a créé le sens de l'universalité.
Pour en revenir au débat, il n'existe pas de valeur universelle selon André Comte-Sponville. Seule la vérité l'est. Les valeurs induisent un jugement de valeur et relèvent dès lors de la subjectivité. Le vrai se contente juste d'exister, le fait qu'il soit bon ou mauvais demeure un jugement. Pour donner un exemple, André Comte-Sponville utilise l'image de Monica Bellucci : les hommes sont-ils attirés par cette actrice parce qu'elle est belle ou la trouvent-ils belle parce que leur désir les incline vers elle ? Voilà un petit clin d'œil furtif à la théorie de Spinoza selon laquelle le désir crée la beauté. Les attributs que l'on donne aux objets ou êtres humains sont liés à notre désir. Ceci dit, n'en déplaise à Comte-Sponville, cela rappelle aussi la théorie de Nietzsche sur les notions de bien et de mal.
Pour Luc Ferry, certaines valeurs comme la justice et la liberté sont universelles. Sauf que ce ne sont pas les idées selon lui qui ont créé les droits de l'Homme, mais l'évolution de la vie privée. "Les droits de l’Homme ne sont pas passés par les idées mais par la vie quotidienne des européens, qui a été pour l’essentiel la vie des familles et, progressivement, la vie des familles fondées sur l’amour". Ainsi, l'évolution du mariage forcé vers le mariage d'amour aurait fait prendre conscience aux européens de la valeur de la liberté et de l'intimité. Tout comme la naissance du salariat : travailler pour gagner un salaire et s'émanciper.
Les valeurs ont donc besoin des hommes pour les faire vivre et donc, de sociétés énergiques. Attention à la fatigue, André Comte-Sponville nous met en garde.
Les valeurs ont donc besoin des hommes pour les faire vivre et donc, de sociétés énergiques. Attention à la fatigue, André Comte-Sponville nous met en garde.
Luc Ferry conclut que les cinquante premières années du XXème siècle ont été dominées par la philosophie de Marx, et que la deuxième moitié par celle de Nietzsche. Nietzsche a participé à la déconstruction de nos idoles, nos figures traditionnelles du sacré. Nietzsche dit dans Le crépuscule des idoles, qu’il faut casser avec son fameux marteau toutes les idoles. Il appelle idoles tous les idéaux quels qu’ils soient, les idéaux qui ont animé la morale, la métaphysique et la religion depuis Platon et la religion chrétienne. Nietzsche pense que nous avons inventé les idéaux, les idoles, pour nier la réalité. Nietzsche incite à se réconcilier avec le réel.
Nietzsche favoriserait par cette injonction à célébrer le réel, l'individualisme et le libéralisme. D'où l'ouvrage collectif dans lequel ont participé Luc Ferry et André Comte-Sponville "Pourquoi nous ne sommes pas Nietzschéens".
Peut-on considérer Nietzsche réellement comme un destructeur d'idoles ? Lui, qui finalement n'a eu de cesse d'en avoir, notamment dans le domaine musical. Il fallait juste qu'il écrase les idoles conformistes de son époque : Dieu, la science et le monde Platonicien.
Car, qui peut vraiment se passer d'idoles ? Là se devine les prémices d'un besoin universel. Aimer, Admirer. Nous en revenons finalement toujours aux mêmes désirs et aux mêmes valeurs.
Mais, comme il n'y a que dans l'adversité que l'on progresse, je vais m'empresser de lire "Pourquoi nous ne sommes pas Nietzschéens"…
b[Intervention de Luc Ferry et André Comte-Sponville à la Mutualité du 14 mars 2009 sur le thème de l'universalité. "Donner du sens à sa vie". ]b
Nietzsche favoriserait par cette injonction à célébrer le réel, l'individualisme et le libéralisme. D'où l'ouvrage collectif dans lequel ont participé Luc Ferry et André Comte-Sponville "Pourquoi nous ne sommes pas Nietzschéens".
Peut-on considérer Nietzsche réellement comme un destructeur d'idoles ? Lui, qui finalement n'a eu de cesse d'en avoir, notamment dans le domaine musical. Il fallait juste qu'il écrase les idoles conformistes de son époque : Dieu, la science et le monde Platonicien.
Car, qui peut vraiment se passer d'idoles ? Là se devine les prémices d'un besoin universel. Aimer, Admirer. Nous en revenons finalement toujours aux mêmes désirs et aux mêmes valeurs.
Mais, comme il n'y a que dans l'adversité que l'on progresse, je vais m'empresser de lire "Pourquoi nous ne sommes pas Nietzschéens"…
b[Intervention de Luc Ferry et André Comte-Sponville à la Mutualité du 14 mars 2009 sur le thème de l'universalité. "Donner du sens à sa vie". ]b
Rédigé par Marjorie Rafécas le Mardi 17 Mars 2009 à 00:01
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Marjorie Rafécas
Passionnée de philosophie et des sciences humaines, je publie régulièrement des articles sur mon blog Philing Good, l'anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade), ainsi que sur La Cause Littéraire (https://www.lacauselitteraire.fr). Je suis également l'auteur de La revanche du cerveau droit co-écrit avec Ferial Furon (Editions du Dauphin, 2022), ainsi que d'un ouvrage très décalé Descartes n'était pas Vierge (2011), qui décrit les philosophes par leur signe astrologique.
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